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A ) STADES PREGENITAUX
I - LE STADE ORAL
Classiquement, on donne ce nom à la phase d'organisation libidinale qui va de la naissance au
sevrage.
1 - la zone érogène est représentée essentiellement par la région bucco-faciale et par extension
le carrefour aéro-digestif jusqu'à l'estomac, les organes de phonation ( importance des cris), les
organes sensoriels (importance de la vue, du contact de la peau).
2 - l'objet pulsionnel est le sein ou son substitut. Le bébé découvre précocement que la
succion du sein procure du plaisir en soi en dehors de toute considération nutritive. La première
expression de la libido est donc l'action de téter.
3 - le but pulsionnel est double:
- c'est un plaisir auto-érotique par stimulation de la zone érogène.
- C'est également le plaisir d'incorporer des aliments et donc des objets.
Au terme d'objet n'est pas conféré le véritable statut d'objet extérieur. A ce stade,
l'objet n'est qu'une partie du sujet, l'enfant porte à sa bouche tout ce qui l'intéresse et le plaisir
"d'avoir" se confond avec le plaisir "d'être". A ces buts d'incorporation correspondent des peurs et des
angoisses orales spécifiques, telles que la peur d'être mangé que l'on voit revivre dans les rêves et
fantasmes de maints patients.
K.Abraham divise cette périodes en 2 sous-stades:
- le stade oral primitif ( de 0 à 6 mois) d'absorption massive
- le stade oral tardif ( de 6 à 12 mois) ou stade sadique-oral où émergent des
pulsions sadiques et donc l'ambivalence primaire vis à vis du premier objet :
faut-il le sucer (amour) ou le mordre ( haine)?
4 - la relation d'objet :
Le premier objet de chaque individu est sa mère ou la personne qui accomplit la plus
grande partie des soins à donner à l'enfant. Tout au début, le nouveau-né n'a pas conscience du
monde extérieur mais uniquement de ses propres perceptions internes de tension et de détente : il ne
distingue pas lui-même des autres. Il s'ensuit que le nourrisson est aux prises avec des "morceaux
d'objets" dont font partie à la fois des morceaux de mère ( sein nourricier ou biberon substitutif ) et
des morceaux du corps propre du sujet.
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La relation du nourrisson s'établit alors avec ces morceaux d'objets dans deux
directions:
- auto-érotisme par stimulation de la zone érogène
- relation anaclitique d'autre part. Freud désignait par cette expression l'état de
dépendance absolu qui lie physiquement l'enfant aux personnes dont les interventions le maintiennent
en vie.
La découverte réelle des objets se fait par le biais d'un processus graduel :
- une relation objectale dite primitive se constitue lors des moments d'absence de
l'objet anaclitique( cad la mère). Autrement dit, la première prise de conscience d'un objet doit
provenir chez l'enfant de l'état d'attente nostalgique de quelque chose qui lui est familier, qui peut
satisfaire ses besoins… mais qui sur le moment lui fait défaut.( Fénichel)
- par la suite, l'enfant apprend à différencier ses impressions et à différencier
notamment les objets "de confiance ou familiers" qui sont aimés, des objets "inhabituels, étranges"
qui sont alors ressentis comme dangereux.
- Au fur et à mesure que l'enfant apprend à se distinguer de sa mère, il commence
à communiquer avec elle. Un rôle important est sans doute joué là par les réactions au contact, à la
pression physique et donc à la manipulation corporelle réelle de l'enfant par sa mère.
- La relation ambivalente est contemporaine de la seconde partie du stade oral,
lors de l'apparition des pulsions sadiques. Au cours de cette période, le désir de détruire la mère
s'associe à l'aspiration à l'union libidinale avec elle. On assiste alors à la naissance du premier conflit
qui menace l'unité primitive rassurante à la mère et où la composante hostile prend une place
prépondérante. En tout cas, c'est spécifiquement la projection à l'extérieur du "mauvais" - à quoi se
joint évidemment la colère qu'induit l'absence de l'objet anaclitique- qui fait que l'objet (extérieur) est
affecté de haine. D'où l'expression de Freud : " l'objet nait dans la haine". Par ailleurs, la façon dont la
pulsion agressive à mordre sera reçue par l'objet d'amour ( permise, interdite, tolérée sous condition,
etc) est primordiale.
le sevrage est le conflit relationnel spécifique qui s'attache à la résolution du stade
oral. Le sevrage de la lactation est vécu comme un traumatisme car il met fin à une relation
primordiale, laissant ainsi dans notre psychisme un arrière goût de paradis perdu.
Un sevrage trop précoce, avant le stade oral tardif, risquerait d'empêcher
l'investissement libidinal sur d'autres objets.
Un sevrage trop tardif risquerait d'être vécu par lui comme une punition sur le mode
de la frustration de ses pulsions sadiques. Chez ces individus, on a pu observer une difficulté à jouir
complètement de leur faculté d'agressivité sans provoquer un besoin d'autopunition.
Que ce soit de façon pathologique ou non, l'image du sein maternel domine peu ou
prou toute la vie du sujet.
II - LE STADE ANAL
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2 - l'objet pulsionnel est le boudin fécal mais aussi la mère qui bien qu'elle soit devenue
personne entière, reste un objet partiel qu'il sera surtout question pour l'enfant de "manipuler" comme
il manipule le boudin fécal.
3 - le but pulsionnel est double :
- un plaisir auo-érotique par stimulation par le boudin fécal de la zone érogène au
moment de l'expulsion ou de la rétention.
- Un plaisir d'emprise ( pression ou manipulation de l'entourage) sur le monde
extérieur qu'il commence nettement à différencier. Le boudin fécal est ainsi considéré par l'enfant
comme une partie de son propre corps qu'il peut soit conserver à l'intérieur, soit expulser au dehors en
s'en séparant, ce qui permet à l'enfant de faire la distinction fort importante entre objet interne et objet
externe. Le boudin fécal représente ainsi pour l'enfant une monnaie d'échange entre lui-même et les
adultes.
I - LE "STADE" PHALLIQUE
Ce stade a été classiquement répertorié depuis S Freud comme un intermédiaire évolutif entre
le stade anal auquel il succède et la phase œdipienne qu'il introduit.
Certains analystes ont introduit un stade urétral comme intermédiaire entre stade oral et stade
phallique (Fénichel). La zone érogène est la zone de l'urètre avec, également un double plaisir lié à la
miction ou à la rétention. Là encore, il existe une dimension passive ou active de l'action. La
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dimension narcissique est très nette à ce stade. Le contrôle du sphincter vésical entraîne une fierté
narcissique qui serait due au fait que les parents font honte à l'enfant lors des échecs dans ce contrôle.
Vu la disposition anatomique des OGE, les soins du corps, certaines excitations dues au
hasard, il devient inévitable que la sensation de plaisir que cette partie du corps est capable de
donner, se fasse sentir déjà chez le tout petit enfant et éveille un besoin de répétition. La masturbation
infantile témoigne que l'appareil génital a atteint le statut de zone érogène. Celle-ci dure jusqu'à la
phase de latence. Elle s'effacera alors pour ne réapparaître qu'à la puberté.
* La curiosité sexuelle infantile
Au cours de cette phase, s'éveillent des curiosités concernant la sexualité : la différence des
sexes, la procréation, l'accouchement et les relations sexuelles des parents.
Que ce soit par la masturbation, que ce soit au cours de ses investigations, l'enfant va petit à
petit prendre conscience de la réalité anatomique du pénis; et commencer à se poser des questions sur
l'existence ou la non-existence de cet attribut corporel chez lui ou chez les autres.
L'angoisse de castration est l'expression consacrée pour désigner la réaction affective qui fait
suite au constat de l'absence de pénis chez la fille, lequel constat entraîne chez le garçon la peur
fantasmatique de le perdre, et chez la fille le désir de l'acquérir. Il en résulte une angoisse
d'incomplétude ou du manque qui part d'une interprétation fausse de la réalité, interprétation à
laquelle n'échappe aucun enfant.
L'enfant va donc refuser cette angoisse ( qui est non seulement normale mais aussi maturante )
et s'en défendre. Dans cette lutte, les attitudes du garçon et de la fille vont être différentes.
- chez le garçon:
Du fait de se savoir possesseur d'un pénis qui manque aux filles, le garçon
surinvestit ce pénis libidinalement en tant qu'instrument de la satisfaction sexuelle
( masturbation ) mais aussi et surtout en tant que symbole de la valorisation
narcissique de soi, marquée notamment par les tendances exhibitionnistes,
prédominantes à ce stade. Au début, le garçon ne peut concevoir qu'une personne
semblable à lui-même en soit dépourvue et c'est grâce à un souhait de réparation
magique qu'il cherche à se rassurer : cela leur poussera, pense-t-il des filles. Ce qui
ne l'empêche pas de garder son angoisse, car même lorsqu'il perçoit et accepte la
différence, il attribue le manque féminin, non à une condition fondamentale, mais à
une mutilation subie, comme sanction imaginaire, infligée par les parents pour
punir certains désirs et plaisirs analogues à ceux qu'il ressent lui-même comme
interdits (masturbation).
- chez la fille :
Découvrant son manque de pénis, la fille après une période de dénégation et
d'espoir, se voit forcée d'accepter assez vit cette absence. Il s'agit pour la fillette
d'une véritable et profonde blessure narcissique entraînant un sentiment d'infériorité
sur le plan corporel et génital. Elle va alors, elle aussi se défendre contre ce
malaise :
Le premier élément à apparaître est un thème de revendication. C'est la fameuse
envie de pénis. La fille va jusqu'à penser que sans doute elle possédait un pénis et
qu'elle l'a perdu, ce qui renforce en elle l'idée de le reconquérir.
Forcée tout de même d'accepter son manque, la fille va en faire grief à sa mère
qu'elle rend responsable de ce manque ce qui va entrainer un relachement du lien
tendre à la mère et un rapprochement du père.
Autre défense, de nature plus œdipienne : le désir d'avoir un enfant qui va
remplacer le désir d'avoir un pénis. C'est dans ce but que la fille élit le père pour
objet d'amour en abandonnant son premier objet libidinal, la mère, qui devient ainsi
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l'objet de sa jalousie, cette rupture avec la mère reste marquée d'une extrême
ambivalence du fait qu'elle est la première.
II - LE COMPLEXE D'Œdipe
C'est au cours de propre auto-analyse que Freud dit avoir découvert les manifestations du
complexe d'œdipe et mesuré leur importance dans la vie de l'enfant comme dans l'inconscient de
l'adulte.
Le passage par l'œdipe aboutit à la position hétérosexuelle et à la formation du Surmoi, dans
lequel Freud voit la source de la morale et de la religion.
Le conflit en cause est désormais sexuellement spécifié inscrit dans une problématique à trois
entre les trois personnages familiaux que sont l'enfant, son père et sa mère.
La représentation triangulaire qui est souvent proposée attribue au père et à la mère des
positions symétriques qui ne sont pas les leurs. Freud en effet parle d'un seul point concret: l'attitude
envers le père, qui détermine l'évolution du complexe chez le garçon comme chez la fille.
Le complexe d'œdipe est un procès qui doit aboutir à la position sexuelle et à l'attitude sociale
adulte. Non surmonté, il continue à exercer depuis l'inconscient une action importante et durable et à
constituer avec ses dérivés le "complexe central de chaque névrose".
- Chez le garçon :
Au cours du conflit œdipien, le garçon va être amené à remanier ses positions
affectives tant à l'égard de son père que de sa mère. Pour conquérir l'objet maternel, l'enfant va
déployer toutes les ressources captatives et agressives qui affirment sa position phallique. Toutes ses
activités sont destinées à s'assurer de la possession de la mère qui reste le personnage central non
seulement en tant qu'objet d'amour, mais aussi comme instance d'interdiction et de permission.
Au cours de cette tentative de conquérir l'objet maternel, le garçon rencontre en la
personne du père un rival qu'il jalouse du fait de sa supériorité réelle et qu'il surestime du fait de sa
signification symbolique. Les fantasmes œdipiens ( qui tendent tous vers la possession exclusive de
la mère et la suppression du rival redouté ) ne font que renforcer les thèmes fantasmatiques de la
castration. L'enfant éprouve une menace fantasmatique de castration par le père. Sa culpabilité
devient croissante, car la présence réelle ou symbolique de l'image paternelle suffit à affirmer le droit
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contre lequel s'insurge l'enfant. Le désir du fils ne se réduit pas à supplanter son père, mais aussi à
l'imiter en tant que modèle. Cela suppose que le garçon a besoin d'investir le père et de lui plaire
( attitude ambivalente ).
C'est par simplification que l'on réduit le complexe d'œdipe du garçon à l'attitude ambivalente
à l'égard du père et à la tendance uniquement tendre envers la mère : il ne s'agit là que de la partie
positive du complexe. Une investigation plus poussée le découvre la plupart du temps sous sa forme
complète, positive et négative, le garçon adoptant en même temps la position féminine tendre envers
le père et la position correspondante d'hostilité jalouse à l'égard de la mère. Cette double polarité est
due à la bisexualité originaire de tout être humain.
Cependant la compétition œdipienne n'est pas réelle mais seulement fantasmatique, du fait
que la mère a déjà choisi le père et qu'elle ne peut donner au garçon que des consolations maternelles
déliées de libido érotique.
Dès lors, l'assurance de l'inutilité de ses efforts permettra à l'enfant:
de surmonter son angoisse de castration, elle-même déterminante dans l'abandon de l'objet
incestueux;
de renoncer à la fois à la tentative de séduction érotique de la mère et à la compétition avec le
père;
enfin de viser à la conquête d'objets de remplacement. La liquidation complète du conflit
œdipien s'accompagnera d'un détachement qui, sans détruire les objets antérieurement investis,
permettre au garçon de "faire le deuil" de ces objets.
De même qu'il est indispensable que le garçon puisse abandonner toute attitude de séduction à
l'égard du rival paternel. L'attitude féminine tendre du garçon à l'égard du père n'est structurante que
dans la mesure où elle est dépassée. Faute de quoi cette fixation contribuera à déterminer des
attitudes homoérotiques passives inconscientes.
En résumé, nous trouverons chez le garçon la séquence suivante:
désir œdipien;
menace fantasmatique de castration par le père et angoisse de castration surmontée à la fois
par l'identification au père et la renonciation à la mère.
Fin brutale de l'œdipe et entrée en latence
- Chez la fille:
Le développement objectal est ici plus compliqué puisqu'il faut que la fille
accomplisse un pas supplémentaire, le transfert de la mère au père ( changement
d'objet).
Plusieurs déceptions détournent la fillette de sa mère ( sevrage, éducation à la
propreté, naissance de frères et sœurs) mais surtout la découverte de son manque de
pénis. L'enfant rend sa mère responsable de son manque phallique.
Elle abandonne souvent à ce stade toute masturbation clitoridienne (car se sent
incapable d'entrer en compétition avec le garçon ) . La libido de la fillette glisse le
long de l'équation : pénis = enfant, et elle abandonne alors le désir de posséder un
pénis au profit du désir d'avoir un enfant du père. C'est dans ce but que la fille élit le
père pour objet d'amour, en abandonnant son premier objet libidinal, la mère qui
devient ainsi l'objet de sa jalousie, jalousie chargée de culpabilité. Et la fille va alors
vers le père - et secondairement les hommes - non plus ici dans une attitude de
revendication virile mais pour capter l'admiration de celui que sa mère avait choisi
comme objet d'amour.
Le danger du complexe de castration de la fillette se joue à deux moments :
soit l'infériorité phallique n'est pas acceptée et elle ne peut donc faire le deuil de son envie de
pénis : elle restera névrotiquement fixée aux positions viriles, incapable d'entrer dans le conflit
œdipien et sans investir libidinalement la zone érogène vaginale;
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soit que l'image d'identification maternelle est à la base des obstacles ultérieurs empêchant un
investissement secondaire de la zone érogène vaginale. Si la mère fait entrevoir la vie maternelle
comme une suite de douleurs, la vie conjugale comme une suite d'obligations sans joies
compensatrices, la fille ne pourra pas investir libidinalement la zone érogène vaginale car elle ne
saura pas s'identifier à l'image d'une mère dévalorisée.
Pour Freud, le complexe d'œdipe est une situation structurante, fondamentale et universelle de la
dimension sociale. Il peut être considéré comme le moment fondateur de la vie psychique, mais aussi
le point nodal autour duquel s'ordonnent les relations qui structurent la famille humaine. C'est le
moment où l'être humain est confronté pour la première fois au phénomène social. J. Lacan (1938) a
montré que " si les pulsions sexuelles donnent au complexe sa base, c'est par contre leur frustration
qui en forme le nœud".
Le conflit œdipien participe aussi à la constitution de la réalité de l'objet, qui s'authentifie comme un
objet global, entier et sexué. Cet objet sexuel n'aura pourtant qu'une vie éphémère, puisqu'il est
destiné à être abandonné, sa reviviscence se faisant normalement par le déplacement de l'image
parentale sur d'autres objets entiers. D'où le rôle de l'œdipe dans la détermination du choix de l'objet
d'amour définitif.
Succédant à l'Œdipe, cette phase est classiquement considérée comme une phase de repos et
de consolidation des positions acquises. Elle s'étend de la 5e-6e année environ à la puberté.
Il s'agit d'une étape d'arrêt dans le développement sexuel ; non qu'on n'y observe pas de
manifestations sexuelles, mais l'on ne peut cependant décrire d'organisation nouvelle de la sexualité.
Les instincts sexuels turbulents sommeillent, le comportement tend à être dominé par des
sublimations partielles et par des formations réactionnelles. L'enfant se tourne maintenant vers
d'autres domaines que sexuels : école, camarades de jeux,livres…
Au cours de cette période, on constate essentiellement une modification structurale des
pulsions sexuelles; modification qui permet non seulement l'investissement dans d'autres objets mais
surtout de poursuivre d'autres buts. Ainsi observe-t-on d'abord une désexualisation à la fois des
relations d'objet et des sentiments avec notamment une prévalence de la tendresse sur les désirs
sexuels.
De même cette période est particulièrement favorable aux acquisitions éducatives, scolaires et
culturelles. L'enfant manifeste une curiosité particulière, fatiguant souvent les adultes par leurs
questions incessantes ( ceci est particulièrement vrai chez l'enfant de 7 ans).
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Pourtant l'enfant cherche encore à être à proximité de l'objet d'amour, du mois au début de la
période de latence, où l'ambivalence est accrue, qui s'exprime dans le comportement par une
alternance d'obéissance et de rébellion, suivie de remords. Puis les réactions hostiles ayant tendance à
s'éliminer, l'enfant commence à s'approcher des autres personnes de son entourage pour établir avec
elles des relations amicales. Il est alors prêt à être influencé par les autres enfants et les adultes autres
que ses parents. Comme il est devenu capable de comparer ces derniers, sa croyance en la toute-
puissance parentale s'affaiblit.
IV - LA PUBERTE
a) Le développement psychosexuel
Il est avant tout caractérisé par une reviviscence pulsionnelle massive. C'est aussi une crise
narcissique et identificatoire avec notammant des doutes angoissants sur l'authenticité de soi, du
corps et du sexe.
On observe souvent, meme en dehors de tout facteur ou contexte psychotique, des sentiments
de bizarrerie et d'étrangeté. Des inquiétudes parfois vives se manifestent à propos du nez, des yeux,
des cernes oculaires….sans oublier le développement des OGE et de ses conséquences ( 1ères
pollutions et 1ères menstruations) ainsi que de l'apparition des caractères sexuels secondaires.
Enfin à cette époque, les structures psychiques peuvent se rejouer
( psychotique, névrotique, état limite…) et en tout cas la puberté sera la dernière chance offerte à
l'adolescent de résoudre spontanément le conflit oedipien, si ce n'est déjà fait.
La puberté proprement dite est marquée par l'accession à la maturité sexuelle physique à
savoir quand le sujet est capable d'avoir un orgasme complet. La réactivité de la sexualité amène avec
elle une manifestation constante : la masturbation. Le besoin de cette activité masturbatoire est
ressenti comme un besoin à la fois très impérieux et très réprouvé, aussi bien par soi-même que par
autrui. Ce qui donne logiquement naissance à des sentiments de très intense culpabilité, bien qu'il
s'agisse, dans notre contexte socioculturel, d'un phénomène bien banal, en tant que seule issue
possible sur le moment à la satisfaction des besoins sexuels.
La masturbation reste souvent vécue comme culpabilisée et angoissante :
- soit du fait que des récits plus ou moins effrayants sur sa nocivité et ses
conséquences imaginaires ( tel la folie, l'impuissance, la stérilité, la perte des
OGE ) n'entretiennent chez l'adolescent une crainte constante et des pieuses
résolutions toujours déçues;
- soit que la culpabilité en dehors de toute menace, se rapporte à la reviviscence
des conflits œdipiens non résolus.
Mais ce sont les conséquences psychologiques de cette culpabilité qui sont redoutables et non
les effets de la masturbation en tant que telle.
Normalement, l'adolescent continue à se masturber jusqu'au moment où il pourra avoir des
relations sexuelles, mais de toute façon sa culpabilité doit décroitre et les conflits perdre de leur
acuité.
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En revanche, la masturbation compulsionnelle, ou la prohibition totale de toute masturbation,
témoigne de la non-résolution des conflits oedipiens sous-jacents, et leurs conséquences se feront
sentir tant sur le plan des conduites sexuelles que dans les rapports sociaux.
En conclusion, nous pouvons dire dans l'ensemble que les conflits affectifs de la puberté
seront d'autant moins intenses et dureront moins longtemps que les conflits sexuels infantiles auront
reçu une solution plus satisfaisante.