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LES TECHNIQUES SOCIOMÉTRIQUES


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DU MÊME AUTEUR

L'hécatombe scolaire, Bruxelles, Ed. Ch. Dessart, 1966.


Dictionnaire de psychologie sexuelle, Bruxelles, Ed. Ch. Dessart, 1970.
Le gaucher dans un monde de droitiers, Bruxelles, Ed. Sand, 1970.
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« LE PSYCHOLOGUE »
Section dirigée par Paul FRAISSE
10

LES TECHNIQUES
SOCIOMÉTRIQUES
par

GEORGES BASTIN
Ancien assistant à l'Université de Liège
Conseiller-directeur
du Centre Psycho-Médico-Social de l'État, à Liège

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


108, Boulevard Saint-Germain, Paris
1970
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A NELLY, A ANNETTE, A CHRISTINE

Dépôt légal. — ire édition : xer trimestre 1961


3e édition mise à jour : 4e trimestre 1970
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays
@ 1961, Presses Universitaires de France
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INTRODUCTION
Ce livre s'adresse aux psychologues, aux psychosocio-
logues, aux éducateurs spécialisés, à tous ceux qui, dans les
écoles, dans les homes devacances, dans les communautés, à
l'usine, àl'armée, ontla responsabilité de groupes d'enfants,
d'adolescents ou d'adultes. Il est surtout centré sur la vie
scolaire, mais le psychologue militaire et le psychologue
industriel trouveront souvent le moyen d'adapter à leur
milieu les techniques et interprétations développées ici.
Le savant déjà familiarisé avecles grands problèmes de la
psychologie des groupes ne doit chercher ici ni nouvelle
théorie, ni innovationtechniqueessentielle. Nousavonsdonc,
autant que possible, évité le ton de l'exposé scientifique.
Les références bibliographiques sont assez réduites et ne
sont là que pour permettre aux lecteurs intéressés de
poursuivre leurs recherches. Bien que la littérature socio-
métrique soit surtout américaine, nous avons cherché à
citer, le plus souvent possible, des articles et ouvrages
français, afin de faciliter les premiers pas des nouveaux
sociométriciens francophones. Nous avons voulu employer
unvocabulaire aussi simple quepossible et éviter hypothèses
hasardeuses et concepts sans base expérimentale. Onvoudra
bien excuser l'emploi de certains néologismes, facilement
compréhensibles d'ailleurs : une science jeune, et qui s'est
surtout développée outre-Atlantique, doit bien forger son
propre vocabulaire. Les théories de Moreno, père de la
sociométrie, de ses disciples et d'autres psychologues
sociaux n'ont été exposées que dans la mesure où elles
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pouvaient être utiles aux praticiens. Car c'est avant tout


un but pratique que nous visons en écrivant cet ouvrage.
Ces derniers temps, nous sont parvenues de nombreuses
demandes de renseignements émanant d'étudiants, de
chercheurs, de psychologues scolaires qui avaient cependant
lu attentivement quelques livres ou articles sociométriques
de base. Malheureusement, dans aucun, ils n'avaient trouvé
dedétails assezcomplets sur lalongueprocédure dedépouil-
lement et d'interprétation du test, de ses matrices et de ses
sociogrammes. Quelques articles abordent bien partielle-
ment la question, le livre de Northway et Weld qui a paru
au Canada comble très bien cette lacune (i), mais la plus
grande partie de cette littérature est en anglais et fort peu
connue en Europe.
Le but pratique que nous nous sommes fixé transparaît
dans le titre mêmede cet ouvrage. Nouspensons néanmoins
qu'il est nécessaire de dépasser aussi tôt que possible le
plan trop étroit des techniques sociométriques pour les
replacer dans le contexte plus vaste que J. L. Moreno a
voulu leur donner, contexte philosophique, sociologique et
thérapeutique, et dans l'abondante littérature qui a pris
pour objet l'étude du groupe restreint. C'est surtout le but
du chapitre V.
Ainsi conçu, nous espérons que cet ouvrage mettra à la
disposition des praticiens un nouvel outil d'investigation
qui leur apportera non seulement des renseignements
utiles pour la bonne compréhension des enfants ou adultes
dont ils sont responsables, mais encore une base assez solide
pour donner à leur établissement une vie plus harmonieuse,
grâce à l'amélioration des relations interindividuelles et
intergroupales.
(1) M. L. NORTHWAY and L. WELD, Sociometrie testing, A guide for
teachers. Trad. Sociométrie scolaire, Ed. Universitaires, 1964.
En 1964 est paru, en français, Initiation à la sociométrie, de M. L. NORTH-
WAY, avec une préface de R. MUCCHIELLI et une introduction de J. MAI-
SONNBUVE.
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CHAPITRE PREMIER

POURQUOI UTILISER
LE TEST SOCIOMÉTRIQUE
ET LE TEST DE PERCEPTION
SOCIOMÉTRIQUE
I. MÉCONNAISSANCE DE LA VIE DES GROUPES
ET DU STATUT DE LEURS MEMBRES
Lorsqu'on parle de vie de groupe, tous les éducateurs
(comme tous les conducteurs d'hommes d'ailleurs) savent
très bien de quoi il s'agit. Ils savent qu'il existe des classes
vivantes, enthousiastes, travailleuses, mais bavardes, des
classes dissipées, des classes aux conflits incessants, des
classes où l'on ne peut lancer une plaisanterie sans que les
passions se déchaînent, des classes turbulentes, des classes
où l'on peut plus facilement donner à ses leçons un tour
amical,desclassesamorphesqu'ilestbiendifficiled'éveiller...
Les professeurs de l'enseignement secondaire, qui changent
sans cesse de classe, le sentent mieux que quiconque et
souvent ils en souffrent. Parfois, les éducateurs pressentent
aussi que vont surgir, dans leurs classes, certaines modifi-
cations interpersonnelles, ils devinent vaguement d'autres
orientations, des cristallisations de «petites sociétés », de
«gangs »centrés sur un chef qui n'est pas toujours celui
qui paraît l'être, ils assistent à des ostracismes auxquels,
parfois, ils ne comprennent pas grand-chose. En un mot,
ils sont amenés, chaque jour, à se trouver en contacts fré-
quents avec des groupes qu'ils devraient bien connaître
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pour exercer sur euxune action efficace, maisqu'ils connais-


sent si mal, parce que ces groupes se défendent contre toute
intrusion adulte.
Nous avons fait, à ce sujet, une enquête bien instructive.
Nous avons voulu savoir si les professeurs pouvaient, après
trois mois de cours, trouver, par l'observation et par l' «in-
tuition », les enfants populaires, les isolés, les exclus, les
amitiés et les sous-groupes principaux des classes où ils
enseignent. Nous avons étudié dans ce but 12 classes de
Ire et de 2e année d'école technique, comptant au total
405 élèves âgés de 12 à 15 ans. Pour chaque classe, nous
avons interrogé 4 professeurs qui y enseignaient journel-
lement. Au même moment, nous avons soumis les élèves
de ces classes au questionnaire sociométrique et avons
retenu dans chaque classe : les 3 élèves les plus choisis, les
3 élèves les moins choisis, les 3 sujets les plus rejetés, les
réciprocités positives et les réciprocités négatives les plus
fortes et les sous-groupes les plus cohérents.
Faisons grâce des chiffres (1). L'expérience a montré
les difficultés que les professeurs éprouvent à démêler les
réseaux d'interrelations qui unissent les élèves d'une classe
et à déceler les caractéristiques sociales des enfants qu'ils
voient chaque jour. Non seulement les éducateurs s'en
sentent incapables dans certains cas, mais encore leurs
jugements ne s'accordent pas entre eux et infirment parfois
les résultats du test sociométrique. Onpeut justifier partiel-
lement ce dernier désaccord en opposant aux relations
formelles déterminées par les observations des professeurs,
les relations affectives plus profondes et de caractère optatif
dévoilées par le test sociométrique (2). Toujours est-il que
nous avonstrouvé bien peu decas oùces dernières relations,
les plus importantes, étaient signalées avec une précision
(1) G. BASTIN, Statut social des adolescents. Les observations des
professeurs et le test sociométrique, Cahiers depédagogie et d'O.P.
(2) Ce problème est discuté avec plus de détails au chapitre V.
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satisfaisante. Les résultats de notre enquête rejoignent ceux


trouvés par Gronlund (i) et par Coste (2) qui a montré que
la supériorité de la clairvoyance des maîtres, par rapport à
celle des élèves, n'est significative qu'aux niveaux les plus
bas de la hiérarchie scolaire (cours élémentaire).
Tryon (3) a montré que cet écart entre les jugements
des professeurs et les résultats du test sociométrique croît
parallèlement à l'âge moyen des groupes d'enfants ou
d'adolescents.
Cet auteur a également recherché les causes des difficultés
rencontrées par l'adulte dans son observation des caracté-
ristiques sociales enfantines. Selon lui, les enfants, à mesure
qu'ils grandissent, développent leur propre système de
valeurs sociales, système très fluide qui subit de nombreux
remaniements au cours de la vie du groupe. Ces systèmes
de valeurs sont très différents de ceux que l'on retrouve
dans les sociétés d'adultes ; d'où la difficulté pour ceux-ci
d'apprécier les normes sociales qui soutiennent les groupes
d'enfants et d'adolescents. C'est surtout le caractère instable
de ces normes qui frappe l'adulte et qui l'engage à conclure
que ces systèmes de valeurs sont de peu d'importance.
Tryon s'oppose à cette façon de voir et insiste sur la néces-
sité qu'il y a pour l'enfant à être impliqué dans de tels
systèmes, et sur les efforts — intéressants au point de vue
éducatif — qu'il doit fournir pour réajuster sans cesse son
comportement selon les fluctuations du groupe.
Cet hiatus entre les jugements des adultes et le statut social
des enfants apparaît, selon Moreno (4), comme un des
grands handicaps dans le développement harmonieux des
relations entre le professeur et l'enfant.
Les éducateurs aussi ont compris, depuis quelques
(1) N. E. GRONLUND, The accuracy of teachers' judgments concerning
the sociometric status of sixth-grade pupils.
(2) M. M. COSTE, Clairvoyance de la perception des choix sociométriques
dans les groupes scolarisés.
(3) TRYON, Adolescent peer culture.
(4) J. L. MORENO, Fondements de la sociométrie.
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lustres, l'intérêt d'établir, au sein des groupes, des contacts


plus humains, plus profonds.Petit àpetit, ils ontabandonné
l'observation exclusive de la croissance physique et mentale
pour s'intéresser également au développement émotionnel
et à la maturation sociale de leurs élèves. Self-government
(peu à l'honneur en Europe, d'ailleurs), travail par équipes,
études de l'influence du travail par groupes sur l'apprentis-
sage et le rendement, succès croissant des discussions en
petits séminaires, applications pédagogiques de la dyna-
mique de groupe, en font foi.
Le psychologue sent nonmoinsla nécessité de sepencher
davantage sur les relations interpersonnelles. «L'étude de
la personnalité et de son développement serait condamnée
à des procédures plutôt limitées, s'il était impossible d'étu-
dier, dans des conditions contrôlées, l'effet d'une position
de commandement ou d'isolement social, par exemple, sur
la conduite etle caractère d'une personne (i). »«C'est donc
une obligation scientifique pourle psychologue de connaître
la situation, le rôle —les situations, les rôles —de l'indi-
vidu dans les Nous, dans les groupes sociaux auxquels il
appartient de gré ou de force, pour un temps ou pour
toujours (2). »
2. CE QU'EST LE TEST SOCIOMÉTRIQUE
On comprend dès lors combien il est intéressant, pour
l'éducateur et pour le psychologue, d'avoir à sa disposition
un outil susceptible de lui fournir des indications sur la vie
intime des groupes qu'il éduque ou examine, comme sur
la position sociale et le rôle de chaque individu dans ces
groupes.
C'est auDrJ. L. Morenoquel'on doitd'avoirmisaupoint
une technique qui est un peu comme «l'œuf de Colomb »,
(1) K. LEWIN, The research center for group dynamics at Massachusetts
Institute of technology, p. 126.
(2) R. ZAZZO, Premières recherches de sociométrie dans une maison
d'enfants, Introduction, p. 455.
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tant elle est simple. Elle fait partie, à côté du psychodrame,


dusociodrame,destests derôleset autres, desoutils d'explo-
ration et de transformation sociale que Moreno a mis au
point dans le but de permettre à l'homme de retrouver une
spontanéité créatrice enfouie sous le fatras des stéréotypes
sociaux et des « conserves culturelles ». Elle consiste à
demander à tous les membres d'un groupe de désigner,
parmi leurs compagnons, ceux avec lesquelsils désireraient
se trouver pour une activité bien déterminée. On peut
également leur demander de désigner ceux avec lesquels ils
préféreraient ne passe trouver. Cequestionnaire, comme on
le voit, ne nécessite aucun matériel : une feuille de papier et
un crayon suffisent. Il peut être administré collectivement,
si la mentalité des sujets s'y prête, et ne dure qu'un quart
d'heure au plus. Rares sont les tests ou questionnaires qui
peuvent se flatter de fournir aux psychologues autant de
renseignements en si peu de temps. Seulement, la passation
dutest mêmen'est que bien peu de chose à côté du travail
préparatoire et surtout du dépouillement des réponses.
Le travail préparatoire, qui en aucun cas ne peut être
omis, consiste à mettre le groupe dans les meilleures dispo-
sitions pour répondre sincèrement aux questions ; on en
reparlera au chapitre II.
Le test passé, il faut dépouiller les réponses et extraire,
du fouillis des renseignements obtenus, des indications pré-
cises, susceptibles d'être interprétées psychologiquement et
sociologiquement : c'est la méthode exposée au chapitre III.
Notons immédiatement une différence essentielle entre
ce test —qui n'en est d'ailleurs pas un —et les nombreux
tests psychométriques. Ceux-ci, le plus souvent, ne sont pas
motivés ou le sont peu. Même quand on demande à un
enfant derépondrele mieuxpossible à untest d'intelligence
afin de nous permettre de mieux le connaître et de mieux
l'aider, on n'est pas toujours certain que la motivation soit
suffisante pour susciter unrendement maximum. Et, malgré
toutes les précautions que l'on peut prendre, on ren-
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contre parfois des cas de simulation, des attitudes de sus-


picion ou des tensions irréductibles. Le test sociométrique,
s'il a été bien introduit, fait au contraire appel à toute la
personnalité du sujet. Celui-ci n'est plus un être passif,
placé dans une situation strictement standardisée et qui
répond pour faire preuve de bonne volonté. Il est actif,
engagé et, des réponses qu'il va donner, dépend le plaisir
oule déplaisir qu'il aura àse retrouver aveccertains compa-
gnons. Il sait qu'effectivement l'on doit former des groupes
detravail, des équipes de jeuxoudes chambrées et il n'a pas
le moins du monde l'intention de bâcler ce questionnaire.
Il faut cependant ajouter que de nombreuses expériences
ont été faites partout, pour lesquelles toutes ces conditions
n'étaient pas réalisées et où la restructuration du groupe
après le test n'était même pas présentée comme une éven-
tualité. Ces épreuves, où les conditions d'application du
test sociométrique ne sont réalisées qu'imparfaitement, ont
été appelées «tests quasi sociométriques ».
Moreno a commencépar en être adversaire, mais, devant
les résultats des statisticiens qui n'ont pas trouvé de diffé-
rencesimportantes entreles résultats d'untest sociométrique
et ceux d'un test quasi sociométrique, devant aussi les plus
larges possibilités d'application que permettent ces derniers
tests, il a fini par accepter cette façon de procéder. Il la
dénomme cold sociometry et espère que l'intérêt qu'on lui
porte actuellement conduira peu à peu un plus large public
à s'orienter vers la hot sociometry. Il croit, en effet, que
malgré les résultats statistiques comparables, la hot socio-
metry doit être préférée à l'autre pour les conséquences
thérapeutiques de la restructuration du groupe. On peut
penser, comme Moreno, qu'il est toujours préférable
de pratiquer la hot sociometry. Mais là où les circonstances
ne le permettent pas, la cold sociometry pourra convenir,
à condition de toujours respecter les exigences de réalité,
devérité outout aumoinsdevéracité quedemandeMoreno.
Il faut encore noter que le but de cetest n'est pas de faire
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l'inventaire objectif des relations qui existent effectivement


dansungroupe,maisderecueillir desrenseignements surles
désirs subjectifs de chacun des sujets afin de mettre en
évidence les principaux canaux par lesquels passent les
interrelations affectives.
3. OÙ L'UTILISER ?
Uneautre qualité dutest sociométrique est son étonnante
plasticité. Le psychologue scolaire dans les classes dont il a
la responsabilité, le psychologue militaire dans les unités,
le psychologue industriel dans les équipes, trouveront sans
peine des occasions propices à l'emploi du test. Ils
auront même la possibilité d'utiliser plusieurs critères
de choix. Ainsi, dans un internat, le psychologue peut
proposer la formation de chambrées, ou d'équipes spor-
tives, ou de groupes de travaux d'intérieur ; le psycho-
logue militaire peut constituer des groupes en prenant
pour critère de choix la formation de sections de combat,
ou de teams sportifs, ou de cercles d'études. Ainsi, le
test se moulera sur les activités spécifiques du groupe,
mais aussi sur des activités dites secondaires qui jouent
souvent un rôle efficace dans le développement de l'es-
prit d'équipe.
Toutsepassedoncinsitu, dans dessituations concrètesoù
on prend le groupe sur le vif, où l'on cherche à saisir les
relations affectives ou fonctionnelles in statu nascendi. Si
l'onperdainsi la rigueurscientifique propre aux expériences
de laboratoire, ony gagne beaucoup en véracité et en spon-
tanéité.
4. CE QU'IL PEUT FOURNIR
Quels renseignements peut fournir ce test ?
D'abord la position sociale de chacun dans le groupe.
Leschoixémis serépartissent très inégalement entre tous :
la plupart en reçoivent quelques-uns, deux ou trois privi-
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légiés monopolisent le restant et quelques autres sont isolés,


sans choix. De même pour les rejets. Dans la majorité des
cas, untrès fort pourcentagederejets sefocalisesur quelques
individus, le restant se répartit sur un nombre plus grand
de sujets, et les autres membres, plus ou moins nombreux
suivant le groupe, n'en reçoivent aucun (voir sociogramme,
fig. 18, p. 68).
Si, en plus des indices de choix et de rejets reçus, on fait
intervenir d'autres indices, présentés plus loin, on peut
obtenir pour chaque membre un ensemble de traits carac-
téristiques : son «statut sociométrique ». Il suffira alors de
faire varier les critères de choix en mettant l'accent tantôt
sur les rapports affectifs (camarades de chambrées, par
exemple), tantôt sur les rapports d'ascendance-dépendance
(désignation de chefs d'équipes), tantôt sur des rapports
plus contractuels (comme dans certains groupes de travail,
par exemple)(i), pourpouvoir émettre undiagnostic sérieux
sur la position sociale de chacun dans le groupe étudié.
Mais le test sociométrique n'est pas seulement un
instrument de diagnostic individuel ; l'étude des relations
interpersonnelles peut être tout aussi fructueuse. Lorsque
le critère des choix et rejets a une tonalité plus ou moins
affective, il n'est pas difficile de déterminer les choix réci-
proques (relations d'affmité : sympathie, amitié), les rejets
réciproques (relations conflictuelles : rivalité, haine...),
et les «relations d'indifférence », si l'on veut bien nous
permettre cette expression. L'ensemble des choix réci-
proques constitue le canevas de la structure sociométrique
du groupe et, lorsqu'ils sont tous représentés en un socio-
grammecollectif(fig. 15,p. 65), apparaissent cequeMoreno
appelle les réseaux de communication, c'est-à-dire les voies
par lesquelles passent tous les phénomènes psycho-sociaux
qui ont le groupe pour cadre. Ce sociogramme des choix
(1) Distinction développée par J. MAISONNEUVE, Réflexions sur le
collectif et l'interpersonnel, p. 107.
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réciproquesmetégalementenévidenceles sous-groupeset le
oulessujets sur lesquelsilssontcentrés. L'éducateurs'enser-
vira pour organiser ses équipes (de travail, de jeux...). Quant
à l'ensemble des rejets réciproques, il permet de déceler les
points de tension, les membres qu'il faudra surveiller pour
éviter généralisation des conflits et éclatement du groupe.
De plus, là ou des clivages, des barrières ethniques,
raciales, religieuses, linguistiques existent, le sociométricien
un peu exercé les déterminera rapidement avec précision
etpourrafairel'inventaire despossibilités derapprochement.
Il reste encore un point essentiel de la psychologie des
groupes à dégager dans cet aperçu général. Une des gloires
de la psychologie contemporaine est d'avoir insisté sur le
fait qu'un individu est en perpétuel devenir et que son
comportement actuel ne peut être saisi que par l'examen
attentifdes événements essentiels de son passé et par l'étude
des facteurs physiques et humains qui déterminent et qui
pourront déterminer sa conduite. Ainsi, l'aspect dynamique
dupsychisme s'est-il peu àpeu imposé. Si ceprincipe dyna-
mique atransformé toutes les perspectives de la psychologie
contemporaine, afortiori peut-on dire qu'il a trouvé dans la
psychologie des groupes un champ d'application idéal.
En effet, le groupe, par le jeu incessant des interactions
individuelles etgroupales,parle jeuaussidesforcesexternes,
est, par excellence, le siège de transformations continuelles.
Transformations sur le plan des individus, commedes sous-
groupes, transformations sur le plan structurel du groupe
tout entier. C'est ce que Kurt Lewin a appelé la dynamique
du groupe (i).
On comprend aisément que, vu dans cette perspective,
le groupe est difficilement saisissable et que l'emploi du
test sociométrique, qui ne permet de saisir qu'un moment
bien précis de la vie du groupe, exige une interprétation
(1) K. LEWIN, Frontiers in group dynamics ; K. LEWIN, Psychologie
dynamique, les relations humaines.
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prudente. Ceci est particulièrement vrai pour ceux qui


subissent des modifications fréquentes, tels que, par
exemple, des équipes de terrassiers d'une grande entreprise
de travaux publics, pour ceux aussi qui sont peu organisés,
peu hiérarchisés, commeles bandes d'enfants sur une plage.
Mais, dans beaucoup d'usines, dans les écoles, à l'armée, la
majorité des groupes formés sont stables pendant des
périodes relativement longues. Les transformations qu'ils
subissent ne bouleversent guère leur structure de base ni la
plupart des statuts sociaux de leurs membres. C'est ainsi
que la méthode statistique a relevé des corrélations satis-
faisantes entre des épreuves faites à plusieurs semaines et
même à plusieurs mois d'intervalle (chap. IV). Quant aux
modifications, elles sont facilement décelables par la répé-
tition du test. Le retest est donc recommandé, surtout là
oùle groupe est très mobile.

5. LE TEST DE PERCEPTION SOCIOMÉTRIQUE


Ce test —ce questionnaire plutôt —est un rejeton du
test sociométrique (1). Il est né de la nécessité d'examiner
le statut sociométrique des sujets selon une autre perspec-
tive. On s'est bientôt aperçu qu' « aucun comportement
interpersonnel ne saurait être compris sans une connais-
sance de la manière dont la relation est perçue par les per-
sonnes qui y sont impliquées »(2) et qu'un homme placé
dans un groupe y agit et réagit non pas selon son statut
sociométrique réel, mais selon la position sociale qu'il
croit être la sienne, selon la perception qu'il a des liens qui
l'unissent aux autres.
Le test de perception sociométrique qui est, en somme,
(1) Voir R. TAGIUR1, Relational analysis : an extension of sociometric
method with emphasis upon social perception ; A. HUSQUINBT, L'adap-
tation scolaire et familiale des jeunes garçons de 12 à 14 ans.
(2) T. M. NBWCOMB, Autistic hostility and social reality, p. 72.
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une sorte d'introversion du test sociométrique, consiste à


demander à chaque sujet de deviner ceux qui l'ont choisi
et ceux qui l'ont rejeté. Commeonleverra, certainesréponses
sont très révélatrices. Atous les niveaux du statut sociomé-
trique, on trouve des individus dont l'acuité perceptive est
excellente et qui arrivent à nettement préciser les principaux
choix et rejets qu'ils reçoivent. D'autres, par contre, sont
incapables d'aucune discrimination : ils ignorent la plupart
de ceux qui les choisissent ou rejettent et s'attribuent erro-
nément des choix et rejets. Ces différences de perception
sont des éléments fondamentaux du diagnostic individuel.
6. MÉTHODES CONNEXES
Le test sociométrique et le test de perception socio-
métriquen'ont pas, évidemment,l'exclusivité desrecherches
de psychologie interpersonnelle, groupale et intergroupale.
Diverses autres méthodes permettent également une appro-
che satisfaisante de ces phénomènes (i).
Il y a d'abord des méthodes préférentielles assez proches
du test sociométrique, telles que :
—laméthodedecomparaisonspairéesquiconsisteàprésenter,
par paires, chaque sujet avec tous les autres membres
du groupe, et à faire choisir dans chaque paire celui
que l'on préfère. Sur le plan théorique, cette méthode
offre de grands avantages et fournit d'excellents résultats
mais elle n'est guère applicable dans des circonstances
ordinaires parce qu'elle exige trop de temps ;
—la méthode ordinale. Chaque sujet reçoit une liste de ses
compagnons de groupe et doit les placer par ordre de
préférence en les numérotant. Cette méthode a l'avan-
tage de permettre l'étude des rejets en soulevant peu
de résistances ;
(1) C. FAUCHEUX, La dynamique de groupe.
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—la méthode des échelles d'estimation. La présentation de


ces échelles varie selon le but que l'on poursuit.
On peut, par exemple, présenter à chaque membre
du groupe une liste de tous ses compagnons et lui
demander de répondre à la question : «Qui voudriez-
vous avoir comme compagnon de travail ? » Pour
répondre, il lui suffira de tracer une croix dans une des
cinq colonnes qui figurent àla droite delaliste des noms.
Les choixles plusintenses seront inscrits dansla colonne
de gauche, les choix les moins intenses dans la colonne
de droite, les autres seront répartis dans les colonnes
intermédiaires selon le désir du sujet testé... En tête des
colonnes, on peut indiquer par exemple les adverbes :
toujours, souvent, parfois, rarement, jamais.
Bjerstedt (i) a comparé les résultats obtenus par ces
diverses méthodes et par le test sociométrique. Il y a, bien
entendu, delégères différences de classement d'une méthode
à l'autre, mais dans l'ensemble les résultats restent très
constants. Unpopulaire reste populaire, un isolé reste isolé,
quelle que soit la méthode de choix.
On pourrait même se demander si, en donnant au mot
sociométrie son sens large, on ne devrait pas considérer
simplement ces méthodes comme des variantes du test
sociométrique.
Il y a ensuite plusieurs méthodes scientifiques d'obser-
vation des groupes restreints (small groups) qui ont pour
but l'examen des interactions à l'intérieur de ces groupes.
Celle de Baies est une des plus connues (2). L'observation
méthodique et expérimentale développée par ces recherches
a apporté à l'étude des groupes des faits très intéressants.
Mais, commela plupart decestravauxsefont enlaboratoire,
il est parfois difficile d'en tirer des conclusions immédia-
(1) A. BJERSTEDT, Interpretations of sociometrie choice status, pp. 196
et sq.
(2) R. F. BALES, Interaction process analysis.
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tement applicables à l'étude et à la conduite des groupes


pris dans des situations réelles.
Le Research Center for Group Dynamics de l'Université
de Michigan —fondé en 1945 par K. Lewin —a entrepris
de son côté des recherches, à la fois par des expériences de
laboratoires etpardes études«surleterrain ». Sous la direc-
tion des prs Cartwright, Lippitt, French Jr. et Zander, il
cherche à établir «des principes de base de la dynamique
des groupes aidant à comprendre les processus deformation
des groupes, de leurs changements et de leurs dissolution,
et conduisant à la compréhension des déterminants des
relations intergroupes et des relations interindividus à
l'intérieur des groupes »(1). L'exposé de l'état actuel de
ces vastes recherches nous éloignerait trop du but, plus
modeste, decet ouvrage. Leslecteurs intéressés consulteront
l'excellent symposium de Cartwright et Zander (2).
Une autre méthode connexe, la plus ancienne de toutes
probablement, est celle qui consiste à observer, le plus
scientifiquement possible, des groupes en action. Si nous
disons «le plus scientifiquement possible », c'est justement
parce qu'il est bien difficile d'observer avec précision les
interrelations qui se produisent simultanément à l'intérieur
d'un groupe d'une trentaine de sujets, comme c'est souvent
le cas dans une classe. On a parfois essayé de valider le test
sociométrique par ces observations prises sur le vif, c'est
pourquoi cette question sera traitée au chapitre IV.
Toutes ces méthodes peuvent soutenir efficacement les
données du test sociométrique et même déterminer des
aspects du groupe qu'il ne décèle que difficilement. Il est
toujours bon de ne jamais oublier que la réponse socio-
métriqueest uncomportementverbalet qu'elle peut dèslors
subir des distorsions. Il ne faut donc pas vouloir faire de la
(1) R. LIKERT et S. E. SEASHORE, L' «Institute for social research » de
l'Université de Michigan.
(2) D. CARTWRIGHT and A. ZANDER, Group dynamics.
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sociométrie une panacée et croire qu'elle va résoudre toutes


les questions de la vie des groupes. Son emploi place le
testeur dansl'obligationdeprendredemultiplesprécautions.
Quelques-unes ont déjà été signalées, d'autres le seront
encore.
Si nous avons néanmoins considéré que ce test valait la
peine d'être mis à la portée d'un large cercle de psycho-
logues, c'est parce qu'il joint d'étonnantes facilités d'appli-
cation à une valeur scientifique éprouvée par des méthodes
rigoureuses.
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Les précis de l'enseignement supérieur


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de Psychologie et de Psychopathologie delE ' nfant
dirigéeparGeorgesHEUYER
Les précis des classes supérieures
A INITIATION PHILOSOPHIQUE
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LES GRANDS TEXTES
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