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1) Présentation du sujet

La population agricole a pendant longtemps constitué une majorité au sein de la


société française. Mais au cours du XXème siècle, son poids démographique s’est vu
drastiquement réduit. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. D’une part,
l’urbanisation grandissante a inévitablement entrainé une baisse des surfaces agricoles.
D’autre part, la mécanisation qui s’est imposée après le Seconde Guerre mondiale a été à
l’origine d’un déclin des emplois dans ce domaine. En outre, le passage brutal d’une
économie communautaire fermée à l’économie de marché ouverte sur la société, a entrainé
bon nombre de bouleversements structurels. On assiste simultanément à une baisse de la
population active agricole, la main d’œuvre étant remplacée par des machines plus efficientes,
et à un exode plus ou moins forcé des campagnes vers les villes.

« Moins de 3% de la population active aujourd’hui en France occupe un emploi dans


l’agriculture alors que 90% environ des agriculteurs en activité sont fils d’agriculteurs. »

L’exode rural se caractérise principalement par le fait que les enfants d’agriculteurs ne
reprennent pas les affaires de leurs pères. Avec notamment la généralisation de l’accès à
l’enseignement, la population agricole est marquée par une forte mobilité sociale lorsqu’on
regarde la destination des individus qui la composent. Il en résulte, à partir des années 1980,
un vieillissement de la population rurale. En effet, les générations agricoles ne se renouvellent
plus systématiquement, et le nombre d’exploitations diminue avec le temps. Celles qui se
maintiennent gagnent en superficie, absorbant les terres laissées sans relève. Les impératifs de
productivité et de compétitivité ont finalement drainé la population. L’activité agricole est
désormais minoritaire dans la société française.

Si la reproduction sociale est bien moindre compte tenu de ces transformations structurelles,
elle semble cependant demeurer la norme dans le monde agricole. En effet, l’exploitation est
perçue comme un patrimoine qui fait l’objet d’une transmission père-fils. L’activité conserve
la dimension familiale héritée du passé, donc on observe une sorte d’autorecrutement des
agriculteurs. On peut finalement postuler une certaine immobilité de ce groupe social au
regard de l’origine des individus qui le composent.

1
2) Mise en problématique

Qu’est-ce qui peut amener un jeune diplômé à envisager d’entreprendre une activité agricole,
donc à s’éloigner de la ville pour vivre de manière isolée ?

En premier lieu, on peut supposer que l’existence d’un lien familial avec une personne qui
exerce ce métier est un facteur primordial. On l’a vu, neuf agriculteurs sur dix sont fils
d’agriculteurs. La reprise d’un flambeau familial peut être lourde de sens dans l’histoire
personnelle d’un individu. Puis, le fait d’être familier avec le monde agricole rend la
perspective d’y vivre beaucoup plus envisageable. Notamment, l’héritage d’une structure
effective permet de lever quelques verrous financiers. Aussi, un jeune adulte qui s’est éloigné
du milieu rural pour faire ses études et commencer sa vie professionnelle peut être amené à y
revenir. Le départ à la retraite des ascendants peut être un élément déclencheur.

En deuxième lieu, l’idée de liberté peut être au centre du raisonnement. En effet, « l’accès au
statut d’agriculteur peut s’apparenter à une mobilité ascendante pour des enfants de salariés
soucieux de s’extraire des liens de subordination du salariat »1. Une telle conversion
signifierait ainsi un abandon du salariat au profil d’une indépendance professionnelle. En ce
sens, Paranthoën souligne que le fait d’avoir d’être fils d’indépendants peut également
favoriser ce type de choix, offrant des clés pour la gestion d’une exploitation agricole. Il note
à ce propos une surreprésentation des fils d’indépendants parmi les néo-agriculteurs.

Il précise par ailleurs que pour l’un d’eux, « cet horizon agricole [a semblé] d’autant plus
réalisable qu’il rentre en résonance avec la trajectoire de son grand-père [qui avait quitté]
l’univers familial de la bourgeoisie parisienne pour créer un élevage de volailles dans le sud-
ouest de la France et se consacrer à l’écriture de poèmes »2. On retrouve le premier facteur
que nous avons évoqué.

En troisième lieu, l’intention de devenir agriculteur peut provenir d’un souci global pour le
monde agricole voire la société. Ce fut le cas de Guy et Brigitte Laurent 3, un couple
d’ingénieurs agronomes, qui avaient décidé d’acheter une exploitation viticole dans les années
1970. En réaction à la réduction de la population agricole, ainsi qu’à la montée des problèmes
écologiques – l’érosion des sols, la pollution des eaux, l’appauvrissement de la biodiversité…
– ils voulaient voir s’il était possible de réinventer la culture de la vigne.

1
Paranthoën Jean-Baptiste, « Déplacement social et entrées en agriculture. Carrières croisées de deux jeunes
urbains devenus maraîchers », Sociétés contemporaines, vol.96, no.4, 2014, pp. 51-76.
2
Ibid.
3
Pouzenc Michaël, « Gaillac : Faire du bio ! Faire du terroir ? », SCPAM / DTICE – Université de Toulouse II-Le
Mirail, 2014 - https://www.canal-u.tv/video/canal_uved/gaillac_faire_du_bio_faire_du_terroir.14112

2
De manière générale, le modèle productiviste qui s’est imposé dans la deuxième moitié du
XXème siècle comporte des limites et des risques. Les crises sanitaires, comme celle de la
vache folle ; les scandales liés à l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques ; les
controverses portant sur les OGM… La question de la responsabilité des agriculteurs dans ces
problématiques implique des remises en cause et, simultanément, la nécessité d’expérimenter
de nouveaux modèles. Le souhait d’entreprendre une activité agricole peut finalement
provenir d’une « curiosité intellectuelle » portée par des idéaux sociétaux.

3) Méthode de recherche

L’objectif ici est d’expliquer le choix de devenir agriculteur. Il s’agit donc d’essayer d’établir
des facteurs, extérieurs ou intérieurs à l’individu, ayant un impact sur cette décision. Plus
précisément, on peut se demander dans quelle mesure un tel choix est influencé par une
quelconque sensibilité écologique. Pour cela, il nous paraît plus intéressant d’étudier les néo-
ruraux, soit des personnes qui ne disposaient préalablement pas d’une entrée directe dans le
monde rural, des « outsiders ». Nous tâcherons de délimiter l’enquête à une zone
géographique particulière, pour voir la pluralité des situations indépendamment des
spécificités liées au contexte spatial et à la culture locale.

Nous pourrions utiliser un questionnaire pour vérifier s’il y a de grandes régularités. Cela
nous permettrait éventuellement d’établir un lien de causalité entre nos deux variables. Mais
le qualitatif nous semble préférable, en ce qu’il nous ouvre une démarche quelque peu
inductive susceptible de faire apparaître des éléments que nous n’envisageons pas à l’heure
actuelle. Il serait donc plus pertinent de faire une enquête par observation, complétée par des
entretiens. Cela nous permettra de mieux saisir le sens donné et les représentations des
enquêté.es, donc de mieux comprendre les raisons conscientes ou inconscientes de ce choix
professionnel. En outre, l’idée est d’avoir un panorama biographique des individus étudiés,
afin d’essayer de comprendre leur trajectoire, ainsi que les conditions et les ressources qui
l’ont influencée. Mais également, d’observer les pratiques et les relations qui sont entretenues,
dans une perspective plus interactionniste.

Concernant la prise de contact, on pourrait tenter de repérer des événements locaux – comme
des foires par exemple – pour rencontrer les potentiel.les enquêté.es ou des informateur.ices
qui nous introduiront dans le milieu. Nous pourrions également par les circuits économiques
locaux comme les AMAP. En effet, ces initiatives reposant sur un désir de transparence, nous
pouvons supposer que le dialogue et la confiance peuvent s’établir plus naturellement.

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