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CROYANCE RELIGIEUSE ET SPIRITUALITÉ CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE

Nathalie Bailly

Martin Média | « Le Journal des psychologues »

2012/10 n° 303 | pages 18 à 22


ISSN 0752-501X
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2012-10-page-18.htm
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DOSSIER
La spiritualité, quels bénéfices pour le sujet ?

Croyance religieuse et s
Maître de conférences
en psychologie
Nathalie Bailly
chez la personne âgée
Laboratoire
Psychologie des âges
de la vie
Équipe de recherche
Adaptation
psychosociale
de l’adulte âgé, Peut-on mesurer les effets de la spiritualité de poser la question de l’appartenance religieuse dans les
université de Tours
et des croyances religieuses sur le bien-être recensements légaux, l’I et l’I ont pu réaliser des
études sur l’état de la pratique religieuse en France. La
des personnes âgées ? Les croyances et les
religion catholique reste la première religion, mais concerne
pratiques religieuses se renforcent-elles différemment les groupes d’âge : 95 % des 65-79 ans
avec l’âge et la modification du rapport se déclarent catholiques contre 88 % des 18-24 ans. Pour
à sa propre mortalité ? Existe-t-il des ceux qui déclarent avoir une religion, la pratique religieuse
(assister à des services religieux) subit également un effet
corrélations entre l’engagement dans un
de l’âge, puisque 37 % des plus de 60 ans déclarent avoir
cheminement spirituel et un moindre déclin
une pratique religieuse régulière, contre 17,4 % chez les
de la santé morale et mentale ? Autant 25-39 ans. Sans problèmes majeurs de santé, les personnes
de questions sur lesquelles cette étude âgées continuent à se rendre régulièrement aux offices
tente d’apporter un éclairage singulier. religieux. L’âge renforcerait les opinions tranchées à l’égard
de la religion : les pratiques tendraient à se radicaliser
ou à se confirmer avec le temps. Selon certains, le fait que

L
es questions liées au sens de la vie sont des les jeunes générations pratiquent moins vient du fait que
questions qui, certes, interrogent tous les âges l’adhésion à la religion est de plus en plus individuelle et
de la vie, mais qui interpellent plus précisément relève moins d’un conformisme social, elle nécessite donc
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l’être humain au fur et à mesure que le temps moins de manifestation extérieure. Une enquête T Sofres
qui lui reste à vivre se raccourcit. Car lorsque l’on est (2001) confirme cette individualisation de la pratique
confronté à la finitude de la vie, son sens prend une et l’existence de pratiques hors des lieux de culte. La prière
orientation plus singulière. Si la dimension spirituelle ou la méditation sont des pratiques qui concernent 75 %
constitue une dimension universelle de l’humain, cette des plus de 65 ans (38 % des 18-24 ans), mais, surtout,
dimension est-elle exacerbée avec l’avancée en âge ? on constate que 24 % des personnes sans religion
Quels sont les effets de la spiritualité, mais aussi des déclarent, elles aussi, méditer ou prier, confirmant ainsi
croyances religieuses sur le bien-être des personnes l’existence d’une vie spirituelle indépendante de l’adhésion
âgées ? De quelles manières la spiritualité et-ou à une religion.
la religion aident-elles les individus à faire face aux aléas L’ensemble de ces données, purement descriptives sur
de l’avancée en âge ? Autant de questions qui intéressent le phénomène religieux, nous indique que le groupe des
vivement les professionnels de la santé et les chercheurs personnes avancées en âge entretient un rapport particulier
préoccupés par le bien-être des personnes avancées à la religion comparativement aux plus jeunes. Quant
en âge, mais aussi des personnes en fin de vie. aux données relatives à la place de la spiritualité dans
la vie des personnes âgées, elles sont quasi inexistantes
LES PRATIQUES RELIGIEUSES EN FRANCE en France ou associées dans les études au concept
Même si la République française s’interdit, dans le cadre religieux. Or, la spiritualité n’inclut pas nécessairement
de la loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, une dimension religieuse. Il est donc nécessaire,

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t spiritualité
e
à ce stade, de mieux définir ces deux concepts que sont
la spiritualité, d’une part, et la religion, d’autre part.

LES CONCEPTS DE SPIRITUALITÉ ET DE RELIGION


La spiritualité est un concept hautement polysémique, et
sa définition reste complexe. On peut toutefois s’entendre
pour la définir comme une démarche visant à donner
du sens à la vie, une construction active du sens de
l’existence. Cette recherche de sens peut être fondée
sur des croyances religieuses, mais pas uniquement.
Pour sa part, la religion fait référence à une dimension
sociale et culturelle dans la relation des individus
au divin en tant qu’acceptation des formes traditionnelles
de religion, la spiritualité ne recouvrant pas cette notion
institutionnelle. Si la religion se pratique dans un cadre social
donné (son opérationnalisation passe par la participation à
des services et des rituels religieux), la spiritualité, quant à elle, LE VIEILLISSEMENT ET LE SENS DE LA VIE
recouvre un aspect plus individuel dans la quête de réponses En psychologie, la question de la dimension spirituelle,
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au sens de la vie, dans la quête de soi, et offre la possibilité en tant que recherche du sens de la vie, a tout d’abord été
de créer son propre espace en dehors de toute religion. appréhendée au sein des théories dites « humanistes ».
Être croyant, c’est être actif dans une forme de foi reconnue ; Le désir de mieux se connaître, de donner du sens
être spiritualiste est une recherche plus personnelle à sa vie, s’inscrit, pour exemple, dans le dernier stade
de sens (Dalby, 2006). Ainsi, certains auteurs notent que de la célèbre pyramide des besoins d’Abraham Maslow
la spiritualité s’appréhende comme un concept dépourvu (1943), « le besoin de réalisation de soi ». Auteur de
de religiosité, plus vaste que la religion (Koenig et al., 2001). la théorie du développement psychosocial, Erik Erikson
On parle même aujourd’hui de « spiritualité laïque », ce qui (1982) définissait la huitième et dernière étape de la vie
peut apparaître comme un contresens. Sans entrer dans la – la vieillesse – comme la résolution d’une crise opposant
polémique sur le bien-fondé de cette notion, il s’agit bien ici « le désespoir » à « l’intégrité personnelle ». L’intégrité
de distinguer la notion de spiritualité, d’une part, de celle de personnelle passerait par l’acceptation de sa propre vie,
religiosité, d’autre part. D’ailleurs, des études longitudinales de ses propres trajectoires et expériences en tentant
indiquent que, si la religion semble être relativement stable de leur donner un sens. Elle nécessiterait également
à travers le temps, la spiritualité, en revanche, serait une l’acceptation de la mort comme la fin inévitable d’une
préoccupation qui apparaît vers le milieu de vie, car elle vie réussie, faute de quoi l’individu se laisserait aller
nécessite une autonomie personnelle, une conscience du au désespoir devant l’incapacité de refaire sa vie. La
relativisme de nos vies qui ne peuvent être expérimentées sagesse définie comme « une préoccupation éclairée
qu’avec le temps qui passe (Wink et Dillon, 2003). et détachée face à la vie, face à la perspective de la

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La spiritualité, quels bénéfices pour le sujet ?

mort elle-même » (Erikson, 1982) serait la marque plus faible que chez les non-pratiquants. Pourquoi ces
de l’intégrité de soi lors la dernière étape de la vie. liens a priori surprenants entre religion et longévité ? Vivre
C’est à partir des années cinquante, soixante, que vont longtemps nécessite que soit maintenue le plus longtemps
se développer, aux États-Unis, les premières théories possible une bonne santé physique et psychique. Or, pour
psychosociales du vieillissement. Ces théories ne se des raisons diverses que nous allons voir, les pratiques
contentent pas de décrire le vieillissement, mais cherchent religieuses et spirituelles favorisent ce maintien.
à comprendre et à expliquer la voie pour « bien vieillir »,
s’interrogeant principalement sur les déterminants du La santé physique
bien-être chez les personnes âgées. John W. Rowe et Robert Appartenir à une communauté religieuse implique
L. Kahn (1987) vont ainsi définir la notion de vieillissement de bonnes pratiques de santé et des comportements
réussi par une faible probabilité de maladie, une bonne préventifs efficaces. En effet, quel que soit le groupe
capacité intellectuelle et physique et un engagement actif religieux auquel on appartient, il prônera l’image d’un
dans des activités sociales. Cette vision idéalisée corps sain incitant à avoir de « bons » comportements de
du vieillissement (« vieillir sans vieillir ») a fait l’objet de santé (alimentation équilibrée, activité physique régulière,
critiques, dont celle de Martha R. Crowther etc.). Toutes les religions préconisent
et al. (2002) qui considèrent que la une consommation de tabac et d’alcool
La dimension spirituelle
dimension spirituelle est un facteur oublié moindre, voire nulle, ce qui participe
est un élément clé
et pourtant déterminant du vieillissement bien évidemment au maintien d’une
du « bien vieillir ».
réussi. Dans ce cadre, la dimension bonne santé. Une étude effectuée
spirituelle est définie comme une relation sur plus de six mille personnes âgées
personnelle intériorisée, un aspect transcendant qui promeut suivies pendant deux ans montre que les hommes et
le bien-être de soi et des autres. Elle permet aux personnes les femmes ayant la plus forte croyance religieuse sont
de mieux gérer les aléas de la vie en réduisant le sentiment plus enclins à avoir des comportements préventifs : les
d’impuissance lié à la perte de contrôle dans le très grand plus religieux consultent environ deux fois plus que
âge. En ce sens, c’est un élément clé du « bien vieillir ». les autres, et ce, surtout chez les femmes religieuses
(Benjamin et Brown, 2004). Parce que le nombre de
DES EFFETS BÉNÉFIQUES SUR LA SANTÉ ? maladies va augmenter inexorablement avec l’avancée en
Un certain nombre de chercheurs, essentiellement âge, la prévention reste la meilleure des stratégies pour
anglo-saxons, soutiennent l’idée selon laquelle le facteur maintenir le plus longtemps possible une bonne santé,
religieux et-ou spirituel aurait un effet bénéfique sur et la religion, par les valeurs qu’elle prône, y participe.
la santé, et même sur la longévité de la vie. Cette idée
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n’est pas nouvelle. Déjà, en 1891, John Billings, puis, La santé mentale
en 1912, Émile Durkheim affirmaient que la présence Véritable problème de santé publique, la dépression et les
aux offices était un facteur différenciateur de mortalité. symptômes dépressifs préoccupent tout particulièrement
Cet effet salutaire de la religion sur la santé et la mortalité les professionnels de la santé en gérontologie. Ses
est un fait établi en gérontologie sociale. Dans une étude conséquences sont lourdes : repli sur soi, perte de la
suisse, Dario Spini et al. (2001) ont suivi trois cent quarante pratique des actes de la vie quotidienne, dépendance…
personnes de plus de quatre-vingts ans. Les résultats autant de symptômes qui acculent certaines personnes
indiquent que trois variables ont un lien avec la survie âgées au suicide. Car le vieillissement modifie profondément
des personnes : le degré d’incapacité fonctionnelle, les les modes de vie. Une santé défaillante, des limitations
symptômes dépressifs et la pratique religieuse. Celles et ceux physiques, la perte des proches, entraînent une diminution
qui prient régulièrement, qui participent très régulièrement du réseau social et un risque d’isolement qui fragilise
aux services religieux, ont une probabilité plus forte de l’identité et l’estime de soi des personnes pouvant, par là
survie dans les mois qui suivent, et ce, quelle que soit leur même, engendrer des symptômes dépressifs. La religion,
appartenance religieuse. Sur un échantillon américain plus mais essentiellement les pratiques religieuses qui y
important, Harold G. Koenig et al. (1999) retrouvent cet effet sont rattachées permettent de maintenir un lien social
salutaire de la religion. Sur près de quatre mille personnes qui peut faire défaut dans le très grand âge. Ainsi, il a
âgées, suivies pendant six ans, 29,7 % décèdent. Le risque été montré que l’engagement religieux est inversement
de décès chez les plus pratiquants est quarante-six fois proportionnel aux symptômes dépressifs chez les personnes

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âgées (Braam et al., 2001). Parallèlement, les personnes de façon particulière ? Des auteurs indiquent que la religion
engagées dans un cheminement spirituel donnent du est davantage qu’un substitut de support social, car les
sens à leur vie et ont un meilleur moral, souffrent moins valeurs véhiculées dans les différentes religions seraient
de la solitude et adoptent une attitude positive face au plus protectrices à l’égard de la santé des personnes âgées
vieillissement. Ils sont également plus satisfaits de leur que d’autres formes de soutien social, comme la famille
santé et moins déprimés lorsque celle-ci se dégrade. ou les amis, mais, sur ce point, il reste encore beaucoup
de travaux à effectuer pour clarifier cette problématique.
Le fonctionnement cognitif
Des études montrent que la religion aurait également FIN DE VIE ET BESOINS SPIRITUELS
des effets bénéfiques sur le fonctionnement cognitif de La mort est aujourd’hui une affaire de haute technicité.
la personne âgée. Peter H. Van Ness et Stanislav V. Kasl Le perfectionnement des techniques médicales tend à
(2003) ont suivi, pendant six ans, plus de deux mille privilégier le modèle du corps purement organique. Pour
personnes (âgées de soixante-cinq ans ou plus). Il apparaît autant, au sein d’un espace laïc, la question du sens de
que celles qui se rendent à l’office au moins une fois par la vie se pose chez les patients en fin de vie et, depuis une
semaine présentent une réduction de 36 % de leur déficit vingtaine d’années, à la faveur du développement des soins
cognitif comparativement à celles qui vont à l’office moins palliatifs, les questions spirituelles trouvent aujourd’hui
souvent. De la même façon, on note un déclin de la maladie une place renouvelée dans l’univers de la santé.
d’Alzheimer moins rapide chez les personnes ayant un « L’être humain qui pressent l’approche de sa mort est
haut niveau de religiosité et de pratique (Kaufman et al., arrimé d’un désir d’aller au bout de lui-même, un désir
2007). Les pistes retenues pour expliquer ces résultats sont d’accomplissement. Il cherche à se rapprocher de sa vérité
les activités stimulantes liées aux pratiques religieuses. la plus profonde, il désire son être. Il s’agit bien là d’un désir
En effet, s’investir dans la religion suppose des activités spirituel. » (De Hennezel, Leloup, 2000.)
cognitives comme la prière, le chant, les discussions En fin de vie, beaucoup éprouvent le désir de parler de
philosophiques et, plus généralement, la socialisation. leurs croyances avec les médecins, et il semble qu’au fur
Ces activités repoussent la détérioration cognitive avec et à mesure que la mort approche, les besoins spirituels
l’avancée en âge. soient de plus en plus importants. La fin de vie interroge
de façon aiguë l’individu sur le sens de la vie, certes, mais
LA RELIGION, UNE BONNE STRATÉGIE aussi sur le sens de la souffrance, de la maladie, du temps
POUR FAIRE FACE ? qui reste à vivre et de la relation aux autres. L’annonce
Les effets bénéfiques de la religion sur la santé des d’une maladie grave peut permettre un
personnes âgées trouvent leur explication dans le fait approfondissement de cette démarche,
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Il semble qu’au fur
que la religion serait une bonne stratégie pour faire face poussant la personne à continuer son
et à mesure que la mort
aux difficultés de la vie. Parmi ces difficultés, on trouve développement, à s’ouvrir et « grandir »,
approche, les besoins
des événements majeurs comme le veuvage, les problèmes mais elle peut aussi entraîner un arrêt,
spirituels soient de plus
de santé ou encore l’entrée en institution. Croire en Dieu une annihilation d’une telle démarche en plus importants.
ou en une autre forme de transcendance, c’est donner conduisant le patient à une indifférence
du sens aux événements de la vie, il en résulte donc à son identité spirituelle. Soignants et
un sentiment de contrôle qui permet de gérer au mieux familles se trouvent bien souvent confrontés à la souffrance
ces périodes de crise. Qui plus est, si la religion apparaît spirituelle et à la démoralisation des individus. Cette
comme essentielle dans la « gestion » des événements souffrance peut conduire à une demande d’euthanasie ou
de vie, c’est aussi parce qu’elle favorise le soutien social à des risques de passage à l’acte suicidaire. Dans la plupart
qui, on le sait, a un effet protecteur sur le bien-être des cas, les besoins spirituels sont cachés, peu saisissables,
des personnes avancées en âge. Être religieux, c’est avant car non formalisés clairement, ils sont dans les non-dits
tout rencontrer une communauté qui partage les mêmes et donc moins facilement repérables par les soignants
valeurs, qui soutient et aide dans toutes les circonstances que les besoins physiques, par exemple (Juguet, 2010).
de la vie et qui est, à ce titre, une source durable de soutien Les récentes données obtenues sur des patients en fin
et de réconfort. Peut-on dès lors dire que la religion est une de vie tendent à mettre en évidence que le travail
forme de support social comme les autres avec un bénéfice autour de la spiritualité, principalement centré sur le soi
équivalant à d’autres formes de support social, ou agit-elle du patient, permet d’améliorer la qualité de vie des

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La spiritualité, quels bénéfices pour le sujet ?

patients. Le bien-être spirituel, dans ses aspects du sens et un but à la vie avait trait aux responsabilités en
existentiels, redonne du sens à la vie, aux événements tant que parents, aux rôles dans la famille, à la profession…
de la vie, engendre une paix intérieure et offre du mais ces facteurs peuvent apparaître moins déterminants
réconfort et de l’espoir. La spiritualité permettrait de en vieillissant. Et, tandis que des changements importants
mieux contrôler ces aspirations et les périodes de crise s’opèrent dans les ressources sociales, physiques ou
inéluctables à l’avancée de la maladie. En revanche, les même financières, la religion et la spiritualité semblent
aspects religieux offrent des résultats plus contrastés. être des sources de soutien et de bonnes stratégies pour
Une crise de la foi est parfois observée, car la fin de « faire face ». Les raisons sous-tendant les liens entre
vie peut exacerber l’idée d’un Dieu spiritualité / religion et bien vieillir
impuissant et injuste par rapport à ce sont diverses : valeurs prônées au sein
qui nous arrive et qui ne peut atténuer
Le bien-être spirituel des religions, réponses aux questions É
redonne du sens à la vie
la douleur pour soi et pour les autres. ultimes, recherche de sens, mais
et offre réconfort et espoir.
Un sentiment d’impuissance, de perte aussi support social. Mais les travaux u
de contrôle, explique des liens positifs évoqués ici sont majoritairement
observés entre dépression et religiosité dans certains d’origines nord-américaines. Or, ces sociétés n’ont pas
travaux. Des questions restent encore sans réponse les mêmes pratiques religieuses (multiples congrégations,
et de futures études devront être menées pour mieux fort taux de protestants, lien étroit entre la religion et le
u
appréhender les mécanismes sous-jacents aux liens entre gouvernement…) que la société française. Au sein de notre
religion / spiritualité et problématique de fin de vie. société laïque, la question du religieux et du spirituel
et de leur étude scientifique reste aujourd’hui encore
CONCLUSION compliquée (Richard, 1992 ; Saroglou, 2003), et la difficulté
Les théories psychosociales actuelles mettent en avant à différencier ce qui participe, d’une part, du facteur
la place des facteurs religieux et spirituel sur le « bien religieux et, d’autre part, du facteur spirituel complexifie
vieillir ». Pendant toute une partie de la vie, ce qui donnait les mécanismes sous-jacents au « bien vieillir ». ◗
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