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Hépatite à cytomégalovirus
chez un nourrisson immunocompétent
Mesbahi Zineba, Seffar Myriama, Assani Karimb, Dahraoui Souhaila, Kabbaj Hakimaa
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immunodéprimé comme des pneumopathies, des méningo- et le taux de prothrombine à 63 %.
encéphalites, des rétinites, des colites et des hépatites [2]. La numération formule sanguine a montré une anémie
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L’infection à CMV chez l’immunocompétent est habituel- à 9,9 g/dL, normochrome normocytaire avec une leu-
lement asymptomatique et l’atteinte sévère d’organe est cocytose à prédominance lymphocytaire et une mono-
rarement rapportée [3,4]. Le diagnostic virologique de cytose à 1,73 x 103/μL. Le taux des plaquettes était à
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l’infection à CMV est basé essentiellement sur la quantifi- 628 x 103/μL.
cation de l’ADN plasmatique du CMV, à défaut sur la mise Dans le cadre du bilan étiologique d’une hépatite virale
avec cytolyse et cholestase, les sérologies des hépatites
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en évidence et la quantification de l’Ag pp65 leucocytaire.
Les IgM anti-CMV sont le plus souvent positives [5]. virales A, B et C ont été réalisées en première intention.
Nous rapportons le cas d’un nourrisson immunocompétent Elles étaient négatives pour les Ac anti-hépatite virale A
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présentant une hépatite à CMV avec cholestase et cytolyse. de type IgM et IgG, pour les Ac anti-hépatite virale C ainsi
que pour l’Ag HBs, l’Ac anti-HBs et l’Ac anti-HBc.
La recherche de l’ARN de l’hépatite virale E dans le sérum
2. Observations du patient par PCR en temps réel (RealStar HEV RT-PCR,
Z
au service de pédiatrie pour un ictère évoluant depuis La charge virale de l’ADN du CMV par PCR en temps réel
2 semaines. Le patient avait des antécédents de malfor- (Abbott Real Time CMV) sur le plasma du patient était
mations cardiaques (communication inter-ventriculaire) positive à 4 456 UI/mL correspondant à 3.65 log UI/mL.
oc
et cérébrale (myéloméningocèle). Le myéloméningocèle Les Ac anti-Epstein Barr virus de type VCA IgM, VCA IgG
a causé une hydrocéphalie qui a conduit à faire une déri- et EBNA IgG étaient négatifs.
vation péritonéale. Par ailleurs, la sérologie du virus de l’immunodéficience
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Le nourrisson ne présentait pas de symptomatologie humaine VIH 1 et 2 était négative. L’ensemble des séro-
respiratoire et sa radiologie pulmonaire était normale. logies virales a été effectué par dosage immunologique
microparticulaire par chimiluminescence sur l’automate
Architect/Abbott.
a Laboratoire Central de Virologie,
Sur l’ensemble de ces données clinico-biologiques, le
Université Mohamed V,
diagnostic d’hépatite à CMV a été retenu.
Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat,
L’évolution de l’hépatite était favorable sans traitement
antiviral avec une baisse des transaminases à 68 UI/L pour
La Source : www.doc-dz.forumactif.com
Après la primo-infection, le virus persiste à l’état latent sur une lecture subjective. L’antigène pp65 était large-
dans les cellules de l’endothélium des vaisseaux, dans ment utilisé pour le diagnostic et le suivi thérapeutique.
les cellules souches de la moelle osseuse et dans les Il repose sur la quantification du nombre de leucocytes
monocytes du sang périphérique. Des infections secon- positifs par immunofluorescence dans le sang périphé-
daires et son implication dans de nombreux mécanismes rique. Actuellement, la détection avec quantification de
cellulaires en font cependant un redoutable pathogène l’ADN du CMV plasmatique est largement utilisée pour le
opportuniste chez les patients immunodéficients. diagnostic et le suivi des infections à CMV. Elle reste une
Chez l’immunocompétent, les manifestations cliniques technique rapide, sensible, de plus en plus accessible
telles que le syndrome mononucléosique, associé à une et qui permet de quantifier la charge virale. Les tests
fièvre prolongée, des céphalées, des myalgies, appa- sérologiques sont utiles pour déterminer si le patient
raissant après une incubation longue (30 jours), sont a eu un contact antérieur avec le CMV, en recherchant
observées essentiellement au cours des primo-infections. les Ac anti-CMV de type IgG par des techniques ELISA.
Les formes graves nécessitant un traitement sont excep- La détection des IgM est un indicateur d’une infection aiguë
tionnelles [8]. ou récente. Cependant, les tests de détection des IgM
Une méta-analyse menée en 2008 a regroupé 89 articles manquent de spécificité dans le cas de primo-infections.
rapportant 290 cas d’infections à CMV chez des patients Leur détection peut être due à une réactivation du CMV
immunocompétents. Parmi ces patients, l’atteinte la plus ou à des faux positifs [10].
Depuis la commercialisation du ganciclovir, du foscarnet
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fréquente concernait le tractus gastro-intestinal (colites) et
le système nerveux central. Les manifestations cliniques et du cidofovir, le développement de nouvelles molécules
d’autres organes concernaient les atteintes hématolo- a été freiné par la chute de l’incidence de la maladie à
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giques (anémie hémolytique, thrombocytopénie), oculaires CMV chez les patients infectés par le VIH, et l’arsenal
(uvéite) et pulmonaires (pneumonie). thérapeutique anti-CMV reste limité aux inhibiteurs de
Seulement 5.17 % des patients ont présenté une atteinte l’ADN polymérase virale, sans effet sur les virus latents [8].
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hépatique due à l’infection par le CMV [1]. À la lumière de ces résultats, certaines limites apparaissent,
Notre patient présentait une forte charge virale du CMV notamment le manque de spécificité des IgM lors d’une
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et une sérologie positive en IgM anti-CMV. primo-infection. Un test d’avidité aurait pu différencier
L’hépatite à CMV a été considérée comme la cause la plus une primo-infection récente d’un contact ancien avec le
CMV. De plus, les tests sérologiques et/ou virologiques
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rapide de cette infection. Les techniques du diagnostic que cette étiologie soit rare, elle devrait figurer dans la
direct reposent sur la recherche du virus par culture, de liste des explorations dans le cadre du diagnostic étio-
l’antigène pp65 et de l’ADN CMV par des techniques logique d’une hépatite, et cela même chez les sujets
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La Source : www.doc-dz.forumactif.com
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