Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
N°
THERAPIE EMDR :
MECANISMES D’ACTION ET THEORIES
THESE
Présentée
N°
THERAPIE EMDR :
MECANISMES D’ACTION ET THEORIES
THESE
Présentée
PROFESSEURS EN SURNOMBRE
Discipline Universitaire
PROFESSEURS EMERITES
PROFESSEURS CERTIFIES
COMPOSITION DU JURY
"Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux
lois de l'honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses
éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune
discrimination selon leur état ou leurs convictions.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur
intégrité ou leur dignité.
Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de
l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances
pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera.
Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à
l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à
corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies.
Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je
n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai
pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité.
Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque."
REMERCIEMENTS
A Madame le Docteur Marie-Claude VINCENT, pour nous avoir fait l’honneur d’accepter de
diriger notre travail. Nous vous remercions pour votre investissement, votre présence et votre
soutien. Vos connaissances encyclopédiques sur le sujet ont grandement facilité la rédaction
de cette thèse.
Veuillez accepter l’expression de tout notre respect et de notre infinie gratitude.
Au Professeur Bernard BONIN, nous vous remercions de nous avoir fait l’honneur de présider
ce jury et de juger notre travail. Nous vous remercions par ailleurs pour votre bienveillance
durant notre semestre d’internat.
A mes co-internes qui sont devenus, au fil des années, plus que de simples collègues de
travail : Thibault « Sensei » et Valérie, Aubry « Super coloc », Sophie et Inès, Lisou, Jean-
François, Thomas, Florine, Stéphanie, Baptiste (merci pour ton aide dans la préparation de ce
travail), Jérémy, Victor, Marie-Sophie, Justine, Laure, Nathalie, Mounir et Laurène.
Aux patients qui demeurent, encore aujourd’hui, la principale raison de mon choix pour cette
spécialité, et de mon amour pour ce travail.
A ma famille, pour son soutien sans failles : à mes grands-parents, Emmanuelle et Jean-Luc
(j’attends encore le voyage à Venise !), Pierre et Marie, Laurent et Véronique, Alain et
Michelle, ainsi qu’à mes cousins et cousines.
A mes amis de toujours, qui m’ont accompagné durant ces longues années d’études, et qui,
je l’espère, m’accompagneront encore longtemps : Victor « King’s hand », nos week-end à
Mons, Paris, Lyon, Saint-Etienne ou Chalon-sur-Saône restent source d’une immense joie ;
Camille, tu me manques ma patate ; Maxime et Mickael, merci pour ce fabuleux voyage ; Loic,
on y est arrivés copain ! ; Pioupiou, qui fut l’un des premiers à m’orienter vers la psychiatrie ;
mes amis Stéphanois, Fred et Lénaïc, pour tous ces bons moments.
A mon père : j’aurais aimé que tu sois présent et j’espère que, là-haut, tu es fier de moi. Tu
me manques.
A ma mère, mon premier soutien : si j’en suis là aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à toi
et je manque de mots pour t’exprimer mon amour et ma gratitude.
V. RECOMMANDATIONS ............................................................................. 30
A. RECOMMANDATION FRANCAISES................................................................... 30
B. QUELQUES RECOMMANDATIONS INTERNATIONALES ................................... 30
11
II. LE SOMMEIL PARADOXAL (REM Sleep) .................................................. 35
A. POLYSOMNOGRAPHIE DU SOMMEIL PARADOXAL ......................................... 36
B. QUELQUES GRANDES FONCTIONS PHYSIOLOGIQUES AU COURS DU SP ....... 36
1. Fonction cardiovasculaire .......................................................................................... 36
2. Fonction respiratoire ................................................................................................. 37
3. Fonction endocrinienne ............................................................................................. 37
C. NEURO-IMAGERIE DU SOMMEIL PARADOXAL ................................................ 38
D. ACTIVITE ONIRIQUE ET SOMMEIL PARADOXAL .............................................. 38
E. MEMOIRE ET SOMMEIL PARADOXAL .............................................................. 41
12
E. TRAUMATISME PSYCHIQUE ET NEUROSCIENCES ........................................... 67
1. Les rôles de la mémoire ............................................................................................. 67
a) Organisation et physiologie de la mémoire ............................................................... 67
b) Mémoire et émotions ................................................................................................. 69
c) La mémoire traumatique ........................................................................................... 70
2. Neurobiologie du stress adapté ................................................................................ 71
a) Voie courte thalamo-amygdalienne, rapide et inconsciente..................................... 71
b) Voie longue thalamo-cortico-amygdalienne, lente et consciente ............................. 72
3. Neurobiologie du stress dépassé et post-traumatique ............................................ 73
4. Apports de la neuro-imagerie.................................................................................... 75
13
PARTIE V : DIMENSIONS ECLECTIQUES OU INTEGRATIVES ............... 93
I. EMDR ET THERAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES ............... 94
A. GENERALITES CONCERNANT LES TCC ............................................................. 94
1. Définition .................................................................................................................... 94
2. Fondements théoriques............................................................................................. 95
B. TCC ET PRISE EN CHARGE DES TRAUMATISMES PSYCHIQUES ....................... 97
1. Description de la TFT ................................................................................................. 98
2. Exemple de protocole de TFT .................................................................................... 99
C. COMPARAISON ENTRE LES DEUX THERAPIES ................................................. 100
1. L’exposition ................................................................................................................ 101
2. La restructuration cognitive....................................................................................... 102
3. Les protocoles ............................................................................................................ 104
4. Recommandations et validation scientifique ............................................................ 104
14
TABLE DES FIGURES
(175)
15
SIGLES ET ABREVIATIONS
ALD : Affection de Longue Durée
APA : American Psychiatric Association
CIM : Classification Internationale des Maladies
CN : Cognition Négative
CP : Cognition Positive
DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
EEG : Électroencéphalogramme
EMD : Eye Movement Desensitization
EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing
EMG : Électromyogramme
EOG : Électro-Oculogramme
ESPT : État de Stress Post-Traumatique
HAS : Haute Autorité de Santé
INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
IRMf : Imagerie par Résonance Magnétique Fonctionnelle
NMDA : N-méthyl-D-aspartate
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PNL : Programmation Neuro-Linguistique
PTSD : Post-Traumatic Stress Disorder
SBA : Stimulation Bilatérales Alternées
SL : Sommeil Lent
SNA : Système Nerveux Autonome
SP : Sommeil Paradoxal
SPECT : Single Photon Emission Computed Tomography
SUD : Subjective Units of Distress
TAI : Traitement Adaptatif de l’Information
TCC : Thérapie Comportementale et Cognitive
TEP : Tomographie par Émission de Positrons
TFT : Trauma-Focused Therapy
TSPT : Trouble Stress Post-Traumatique
VAS : Voies Aériennes Supérieures
VOC : Validity Of Cognition
16
INTRODUCTION
Découverte à la fin des années 1980 par l’américaine Francine Shapiro, la thérapie EMDR (Eye
ont été publiées à son sujet, principalement concernant son intérêt pour la prise en charge
Aujourd’hui, l’EMDR est officiellement reconnue comme efficace pour la prise en charge du
Trouble Stress Post Traumatique (TSPT) et est recommandée par de nombreuses autorités
trouble.
Néanmoins, si son efficacité est admise, les mécanismes d’action de l’EMDR restent méconnus
En tant que thérapeute EMDR en cours de formation, l’étude de l’évolution de ces théories
constitue un moyen de mieux comprendre cette thérapie. En effet, dès sa découverte fortuite
(basée sur la manifestation inattendue de son efficacité, non sur une recherche scientifique)
et durant les trente dernières années, les hypothèses ont su évoluer avec les connaissances
niveau cérébral.
Au-delà de leur caractère fécond pour l’étude et la pratique de cette thérapie, les recherches
17
PARTIE I : EYE MOVEMENT
DESENSITIZATION AND REPROCESSING
A. LA DECOUVERTE
La thérapie EMDR, initialement dénommée EMD (Eye Movement Desensitization) (149) (114)
fut découverte fortuitement en 1987 par l’américaine Francine Shapiro, alors doctorante en
littérature à New York. A cette époque, F. Shapiro est en rémission d’un cancer, donc exposée
stress sur le système immunitaire). Elle remarque que, si les théories existent et semblent
crédibles, les techniques permettant de gérer la relation corps/esprit sont inexistantes. Elle
Lors d’une promenade, F. Shapiro remarque que, lors de la survenue de pensées stressantes,
diminuer la charge émotionnelle négative. De plus, elle remarque que cet effet est
reproductible lorsque les mouvements oculaires sont volontaires, et qu’en cas de résurgence
de ces pensées stressantes, leur charge négative est alors spontanément diminuée. (149)
18
B. PREMIERES ETUDES ET DEVELOPPEMENT
F. Shapiro expérimente par la suite sa théorie dans son cercle de connaissances, avec des
résultats mitigés. Elle élabore une procédure et publie les premières études concluant à un
effet bénéfique de l’EMD dans les troubles psycho-traumatiques en 1989. (209) (207)
En 1990, la thérapie EMD devient EMDR afin de souligner l’aspect de restructuration cognitive
stimulations bilatérales alternées (SBA) sont par la suite décrites (tapotements- « tapping » et
Dès lors, Francine SHAPIRO commence à former des praticiens parmi des professionnels de
scientifique américaine, intéressée par les résultats quasi constants, rapides, efficaces et
pérennes.
Depuis le début des années 1990, de nombreuses études ont été publiées afin de valider ou
d’invalider l’intérêt de cette thérapie dans la prise en charge des troubles psychotraumatiques
mais aussi d’autres troubles psychiques voir somatiques (comme nous l’aborderons plus loin
dans ce travail) à tel point que l’EMDR est actuellement la méthode de traitement la plus
contrôlée au monde pour ce qui concerne le Trouble Stress Post Traumatique (TSPT) ou Etat
Dans son ouvrage référence « Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicament ni
thérapie en France, rappelle que « En 2000, la base de données la plus utilisée sur le PTSD – la
Pilots Data Base du Darmouth Veteran Administration Hospital – avait enregistré plus d’études
cliniques contrôlées sur l’EMDR que sur n’importe que sur n’importe quel autre traitement du
19
PTSD, y compris les médicaments. Les résultats de ces études étaient tellement
impressionnants que trois méta-analyses ont conclu que l’EMDR était au moins aussi efficace
que les meilleurs traitements existants, mais qu’elle semblait aussi être la méthode la mieux
F. Shapiro a obtenu en 1994 the Award for Distinguished Scientific Achievement in Psychology
aux USA et, en juin 2002, le prix Sigmund Freud décerné par l’Association mondiale de
Elle est actuellement membre du Mental Research Institute de Palo Alto (Californie). (191)
l’information (TAI), développé par F. Shapiro comme hypothèse de travail (114) (210) (229).
Ce modèle a été développé à partir d’observations cliniques dans le but d’expliquer la rapidité
des résultats obtenus. A l’image du processus de cicatrisation de notre corps physique, le TAI
spontanément les informations issues d’expériences de vie jugées comme négatives, pour
schéma cognitif et émotionnel positif pour l’individu. Ainsi, le psychisme aurait la faculté de
A la suite d’un traumatisme psychologique grave, le TAI serait bloqué et les informations liées,
20
dysfonctionnels. Ces informations non métabolisées peuvent alors être réactivées et faire
irruption dans le présent en réaction à des stimuli (situations, perceptions actuelles diverses)
entrant en résonnance avec le souvenir non traité. Ainsi, les réseaux mnésiques
dysfonctionnels inscrits dès le début de nos vies avec leur vécu traumatique seraient à la base
aurait pour origine un traitement non abouti des traumatismes du passé qui, mal
S’il existe aujourd’hui de nombreux protocoles adaptés à des situations cliniques particulières
thérapie EMDR se base sur un protocole de référence créé par F. Shapiro appelé « protocole
d’éventuelles contre-indications et de définir si oui ou non la thérapie EMDR est adaptée dans
ce cas. Le thérapeute se doit durant cette phase de prendre en compte la stabilité personnelle
du patient et ses capacités à gérer les abréactions, c’est à dire les perturbations et décharges
émotionnelles liées aux souvenirs traumatiques qui seront réactivés durant le traitement.
21
Sont aussi évaluées les éventuelles comorbidités psychiques (trouble dissociatif par exemple)
présentation clinique (idées suicidaires par exemple) nécessitant des précautions particulières
plan de ciblage est élaboré selon le modèle du TAI à partir de la problématique identifiée par
le patient. Les cibles comprennent les évènements passés à l’origine du trouble, les
déclencheurs du présent qui stimulent le matériel dysfonctionnel et les scénarios futurs dans
Les souvenirs sont reliés entre eux à travers un réseau mnésique dysfonctionnel : ils partagent
dans le présent du patient le concernant, associées à l’évènement négatif non traité comme
Les distorsions cognitives sont classées en trois thèmes : la responsabilité (estime de soi,
culpabilité) dont résultent des croyances négatives telles que « je ne suis pas assez bien », la
sécurité (vulnérabilité) dont résultent des croyances négatives telles que « je ne peux faire
négatives telles que « je suis impuissant, je ne peux pas me faire confiance, je n’ai pas le
contrôle ».
Le souvenir source est le souvenir le plus ancien à la base des troubles du patient. Les cibles
« float-back ». Cette technique, guidée par le thérapeute, est basée sur le principe du « pont
22
d’affect » issu de l’hypnothérapie et correspond à une forme d’association libre à partir des
expériences émotionnelles actuelles du patient. Elle est recommandée pour identifier des
cibles pertinentes pour le traitement EMDR et peut être utilisée quand le patient est incapable
souvenir source, puis les déclencheurs du présent et enfin les scénarios du futur.
B. PHASE 2 : PREPARATION
Les objectifs de cette seconde phase sont de préparer le patient pour le retraitement des
souvenirs perturbants, d’évaluer si le patient est prêt à retraiter le souvenir, d’établir une
relation thérapeutique saine et de définir les attentes du traitement. Une part de cette phase
est donc consacrée à la psychoéducation, à l’information du patient sur la thérapie EMDR, ses
thérapie afin que le consentement libre et éclairé du patient puisse être recueilli.
Des techniques de relaxation et de gestion du stress comme le « lieu sûr » sont enseignées au
patient afin d’accéder à une stabilisation émotionnelle, psychique et physique, ce qui peut
être nécessaire lors de la survenue d’abréactions, ou afin de clôturer une séance incomplète.
bilatérales alternées (SBA) sans aborder d’affects perturbants, et peut lui être utile dans sa vie
quotidienne.
23
C. PHASE 3 : EVALUATION
Le but de cette étape est d’accéder à la cible à retraiter en stimulant des composantes
patient en état « de sécurité », et d’accéder au souvenir stocké afin qu’il puisse être retraité.
Un souvenir à traiter a été déterminé en accord avec le patient durant la phase I et les
quelle en est l’image la plus perturbante. Celui-ci est invité à s’y focaliser et une recherche de
la cognition négative (CN) est effectuée. Cette cognition négative doit correspondre à une
opinion de soi liée à l’évènement et persistante dans le présent. Elle représente une
cognition positive (CP) opposée est repérée. Cette cognition positive, plus adaptée,
correspond à l’idée que le patient souhaiterait avoir de lui lorsque le souvenir refait surface.
cognition négative. L’adhésion au ressenti actuel de cette cognition positive est évaluée par
de la cognition positive est normalement faible. Par la suite, le thérapeute évalue l’émotion
ressentie par le patient lorsqu’il pense à l’évènement associé à la cognition négative. Le niveau
de détresse dans le présent (non celui ressenti au moment des faits) est alors évalué.
thérapie sont évalués par l’échelle numérique SUD (Subjective Units of Distress) allant de 0 :
voire maximal.
24
Le ressenti physique ainsi que le siège de la sensation corporelle lors de la remémoration de
Cette phase permet d’établir une base de comparaison avant le début de la désensibilisation,
stockées dans le réseau mnésique dysfonctionnel, qui seront donc disponibles pour les phases
suivantes.
D. PHASE 4 : DESENSIBILISATION
Le patient est invité à laisser revenir le souvenir et à se concentrer sur l’image, la cognition
négative (CN) et sur les sensations associées. La désensibilisation peut débuter avec des séries
(sets) de stimulations bilatérales alternées (SBA) du thérapeute. Durant ces sets, le patient,
alors dans un état d’attention double, est invité à suivre du regard les doigts du praticien
opérant un mouvement latéral rapide et horizontal de va et vient avec son avant-bras pendant
15 à 30 secondes (certains praticiens utilisent des règles lumineuses). Selon la réponse ou les
etc.) les modalités et la nature des stimuli peuvent varier (mouvements moins rapides,
Durant les sets de SBA s’opère une réorganisation accélérée de l’information dysfonctionnelle
sous la forme de liaisons avec les réseaux de mémoire adaptatifs permettant une diminution
des symptômes. Ainsi le TAI est relancé. Le patient peut être imaginé progressant à travers les
canaux associatifs du réseau mnésique stimulé. A la fin de chaque set de SBA, le patient est
interrogé sur la nature du matériel ayant pu émerger. A ce moment, le thérapeute ne doit pas
25
intervenir ou réagir, il se contente de demander au patient de rester concentré sur les
Lorsque le matériel émergé est considéré comme neutre ou positif (ce qui peut être interprété
comme la fin d’un canal), le patient est invité à revenir à la cible initiale afin de déterminer s’il
se reconfigurer et perdre leur charge négative. Une évaluation du niveau de détresse par
l’échelle SUD est réalisée afin de s’assurer qu’il ne persiste aucune perturbation. Si le score
E. PHASE 5 : INSTALLATION
L’objectif de cette phase est de renforcer le lien entre la cognition positive (CP) et le souvenir
Le patient est invité à se concentrer sur la cible et sur la CP identifiée en phase III (ou
éventuellement sur une nouvelle CP, émergée en phase IV, plus adaptée). Une évaluation du
associatif avec un/des nouveau(x) set(s) de SBA est effectué jusqu’à complète installation de
de soi.
26
F. PHASE 6 : SCANNER CORPOREL
Cette phase a pour but de compléter le traitement, en vérifiant les sensations corporelles
associées au souvenir cible qui doivent encore être retraitées, et en s’assurant que les
réactions physiques sont congruentes avec le souvenir traité et la cognition positive associée.
Le patient est invité à garder à l’esprit le souvenir cible et la cognition positive associée, et à
passer en revue mentalement son corps. Si une perturbation, une sensation négative
résiduelle persiste, un nouveau set de SBA sera utilisé pour la (ou les) dissiper.
Le retraitement d’une cible est considéré comme étant complet lorsque le scanner corporel
G. PHASE 7 : CLOTURE
L’objectif est de clôturer le travail sur le souvenir en interrompant le retraitement par les SBA,
Une cible est considérée complètement traitée lorsque le niveau de détresse évalué par
l’échelle SUD est nul, que la validité de la cognition positive évaluée par l’échelle VOC est
maximale (7) et que le scanner corporel ne retrouve aucune perturbation. Cette phase est
Le praticien se doit de s’assurer que le patient se trouve dans un état émotionnel stable et
pour cela il lui est possible d’utiliser différentes techniques comme le « lieu sûr » expliqué
changements pouvant survenir en dehors des séances, qui pourrait se révéler utile lors des
27
relaxation si du matériel perturbant venait à surgir, voire de contacter le thérapeute si
nécessaire.
H. PHASE 8 : REEVALUATION
Cette phase survient au début de chaque nouvelle séance et a pour objectif d’évaluer le
Le thérapeute peut y évaluer le journal du patient et évaluer les changements notés depuis la
dernière séance. Une réévaluation du traitement de la cible est réalisée afin de s’assurer du
Comme nous l’avons expliqué, ce protocole constitue une base de travail et peut, si
En 2017 nous comptions plus de 650 articles publiés concernant l’efficacité clinique et les
la thérapie EMDR dans la prise en charge du TSPT (29) (35) (54) (152) (202) (244) (197) (218),
au moins comparable aux thérapies par exposition ou aux TCC. (229) (98)
28
Selon une méta-analyse datant de 1998 et un essai clinique randomisé datant de 2007, l’EMDR
Enfin, d’après une étude de suivi contrôlée après trente-cinq mois, publiée en 2007, les effets
B. AUTRES TROUBLES
Durant ces dernières années, son efficacité a été étudiée vis-à-vis de plusieurs troubles
psychopathologiques, voire même somatiques, dont voici une liste non exhaustive :
traitement des phobies spécifiques. (21) (129) (147) (158) (200) (61) (62) (60) (58)
- Troubles paniques avec ou sans agoraphobie : deux études ont étudiés l’efficacité de
l’EMDR sur le trouble panique sans agoraphobie avec succès (92) (77), néanmoins dans
une étude publiée en 2000 il semblerait que les patients souffrant d’agoraphobie
- Anxiété généralisée : efficacité de la thérapie EMDR selon une étude publiée en 2008.
(87)
- Dépression : efficacité de la thérapie EMDR selon trois études récentes de 2014, 2015
29
V. RECOMMANDATIONS
La thérapie EMDR est actuellement recommandée pour la prise en charge du TSPT par
A. RECOMMANDATIONS FRANCAISES
En 2007, dans son « Guide – Affection de longue durée » concernant les « Troubles anxieux
graves », la Haute Autorité de Santé (HAS) considère l’EMDR comme une psychothérapie de
En 2001, le United Kingdom Department of Health publie une étude rapportant que les
meilleurs résultats pour la prise en charge du TSPT ont été obtenus par l’EMDR et les TCC.
(235)
Depuis 2004 l’American Psychiatric Association (APA) classe la thérapie EMDR au même rang
for Traumatic Stress Studies – ISTSS) rapporte que l’EMDR et les TCC semblent rapides et
En 2013, l’EMDR est officiellement reconnue comme efficace dans le traitement du TSPT par
30
Bien que l’efficacité de l’EMDR ait été grandement étudiée depuis sa création, à tel point que
cette thérapie est aujourd’hui recommandée par de nombreuses autorités sanitaires, ses
mécanismes d’action sont encore sujets à discussion, et les hypothèses le concernant n’ont
Nous allons tenter de décrire et de synthétiser dans la suite de ce travail les principales
31
PARTIE II : MOUVEMENTS OCULAIRES ET
SOMMEIL PARADOXAL
L’une des toutes premières théories de Francine SHAPIRO, concernant les mécanismes
d’action de l’EMDR, fut le lien supposé entre les mouvements oculaires observés durant le
sommeil paradoxal (Rapid Eye Movement – REM- Sleep) et les mouvements oculaires induits
Dans cette partie, nous aborderons quelques généralités concernant le sommeil normal de
l’adulte, puis le cas particulier du sommeil paradoxal et enfin nous développerons l’hypothèse
de Francine SHAPIRO.
(175) (25)
caractérisé par une inactivité motrice et généralement une posture spécifique, une
La durée d’une nuit de sommeil normale évolue en fonction de l’âge. Elle est d’environ 7 à 8
32
A. DIFFERENTS STADES DE VEILLE ET DE SOMMEIL
sommeil (184) :
- La veille (divisée en deux stades : veille calme et active) que nous ne développerons
- Le sommeil lent (SL – Non REM Sleep en anglais) lui-même divisé en deux stades :
La distinction fine entre les différents stades du sommeil est aujourd’hui possible grâce à la
33
Les différents états de vigilance dans le temps ne sont pas répartis aléatoirement. Ils
la nuit.
De plus, la succession des états de vigilance durant la nuit est soumise à une régulation
Le cycle normal du sommeil de l’adulte correspond à une succession précise de ces états de
vigilance.
Un cycle de sommeil débute par une phase de sommeil lent durant laquelle le sujet est
détendu, inconscient et le plus souvent allongé. Son niveau de perception et ses capacités de
réaction aux stimulations extérieures sont altérés, mais un certain degré de traitement des
Durant le sommeil lent, les mouvements oculaires sont rares et lents ; le tonus musculaire se
parasympathique).
l’endormissement se produisant durant la phase N1) et du sommeil lent profond (stade N3).
Plus le sommeil sera profond, plus le niveau de perception du sujet sera faible.
En fin de cycle survient une phase de sommeil paradoxal (qui sera traitée dans une deuxième
partie).
34
Une nuit de sommeil comporte en moyenne quatre à six cycles, les cycles de début de nuit
étant plus riches en sommeil lent profond, tandis que le sommeil paradoxal et le sommeil lent
(175) (25)
Aserinsky et Kleitman décrivirent pour la première fois en 1953 un type de sommeil particulier
Cette découverte fut à l’origine, quatre ans plus tard, de la classification de Dement et
Kleitman, différenciant les stades de sommeil : sans mouvements oculaires rapides (Non REM
La dénomination française de sommeil « paradoxal » (SP), a été instaurée quant à elle par
Jouvet et al. en 1959, pour souligner l’association d’une activité corticale proche de celle de
35
A. POLYSOMNOGRAPHIE DU SOMMEIL PARADOXAL (figure 1)
Durant le sommeil paradoxal, le sujet est totalement détendu, inconscient ; son niveau de
perception, ses capacités de réaction aux stimulations sont altérées mais, comme en sommeil
- On observe une activité cérébrale rapide, peu ample, et l’EEG est désynchronisé (à
l’image du stade N1), mais cette activité est associée à des trains d’ondes thêta et à
- Le tonus musculaire est aboli (hormis celui du diaphragme et, évidemment, des
1. Fonction cardiovasculaire
cardiovasculaires.
En sommeil paradoxal, la fréquence cardiaque est particulièrement instable (du fait des
twitches), mais plus élevée que durant le sommeil lent grâce à un tonus sympathique proche
36
de celui de la veille calme. Cette forte activité sympathique peut en outre expliquer la
La pression artérielle, bien qu’instable, ne semble pas différer de celle observée au cours de
la veille calme.
2. Fonction respiratoire
La ventilation diminue par rapport à l’état de veille, mais diffère peu de celle du sommeil lent.
Elle est particulièrement instable, tant en termes de fréquence que d’amplitude durant le
sommeil paradoxal (ce qui peut entrainer des apnées plus fréquemment que lors des autres
phases du sommeil).
En outre, l’activité des muscles intercostaux et des muscles dilatateurs des voies aériennes
supérieures (VAS) diminue (du fait de l’atonie musculaire), conférant au diaphragme un rôle
3. Fonction endocrinienne
sommeil lent), le sommeil paradoxal ne semble pas jouer de rôle particulier dans cette
37
C. NEURO-IMAGERIE DU SOMMEIL PARADOXAL
On observe une activation préférentielle du système limbique, des aires sensorielles et des
Le rêve est une activité́ mentale dont on suppose qu’elle a lieu pendant le sommeil. Il est
On distingue trois formes successives du rêve, entre les deux premiers se produisant un
d’une action originale à laquelle le rêveur prend part « à la première personne », avec
« réalité virtuelle ». Son contenu est souvent considéré à posteriori par le rêveur
réel de sommeil.
vigile, et n’en est donc pas une évocation homologue. Le rêve-souvenir est ainsi soumis
38
à des oublis, des déformations et, plus généralement, à un processus de
reconstruction.
l’énonciation.
Dans leur article référence de 1953, Aserinski et Kleitman indiquaient que cette phase de
sommeil paradoxal, récemment découverte, était celle du rêve-vécu (10). Pour eux, les
Cette hypothèse fut alors testée sur 27 sujets, réveillés en phase de sommeil lent et de
sommeil paradoxal pour savoir s’ils étaient en train de rêver : après un réveil en sommeil
paradoxal, 20 d’entre eux ont relaté un rêve alors que durant la phase de sommeil lent, 19 des
En 1957, Dement et Kleitman étudièrent 351 réveils pratiqués sur 9 volontaires sains : 80%
des réveils en phase de sommeil paradoxal permettaient le recueil d’un rêve-récit contre
39
Dès lors, la plupart des spécialistes ont considéré que le sommeil paradoxal était l’état
- Récits des rêves presque toujours constatés lors des éveils en sommeil paradoxal,
- Longueur des récits semblant être corrélée au temps de sommeil paradoxal précédant
le réveil.
- EEG rapide et désynchronisé durant le SP, laissant penser qu’une activité mentale
importante l’accompagne.
permettant d’éviter les comportements moteurs qui seraient autrement suscités par
le rêve-vécu.
Il existait alors un consensus selon lequel les rêves-récits obtenus après un réveil en sommeil
Par la suite, de nombreux chercheurs ont tenté de démontrer que l’activité onirique n’était
Goodenough et al. ont été les premiers en 1959 à publier une étude dans laquelle avait été
obtenu un nombre non négligeable de récits de rêves après réveil en sommeil lent (34% des
En 1962, Kamiya étudia 404 récits collectés après éveils en sommeil lent, et rapporta des
données inédites : 21% de récits de rêves au cours du premier cycle de sommeil (donc avant
Cette même année, Foulkes publia des résultats similaires à partir de 134 récits. (81)
40
Le travail le plus complet sur l’activité́ mentale pendant le SL profond a été́ réalisé́ par
Cavallero et al. en 1992. 70% des réveils en sommeil lent, réalisés dans des conditions
expérimentales optimales sur 60 jeunes sujets des deux sexes, ont donné́ lieu au récit d’une
expérience mentale (contre 89 % en SP). Bien que de très courte durée, la majorité́ d’entre
eux pouvait être considérée comme des récits de rêves : 84% faisaient état d’une
Il est communément admis aujourd’hui que les rêves peuvent survenir durant le sommeil lent.
Néanmoins, il est possible que le contenu de ces rêves diffère qualitativement de ceux issus
du SP.
Selon Foulkes, si des récits de rêves peuvent être obtenus durant le SL, on peut les distinguer
- Récits moins illogiques, plus en continuité thématique avec la pensée vigile durant le
SL.
Le sommeil est impliqué dans la consolidation mnésique, qui permet aux traces mnésiques
41
obtenues après un épisode de sommeil et celles obtenues en condition de contrôle sans
sommeil. Les mécanismes qui sous-tendent cet effet pro-mnésique font intervenir des
processus de replay, ou réactivation des réseaux neuronaux qui ont été activés à l’état de
veille, et le transfert d’informations stockées à court terme dans certaines structures comme
l’hippocampe, vers des régions corticales où, intégrées à d’autres représentations, elles sont
Le sommeil lent jouerait un rôle crucial dans ces phénomènes, mais le sommeil paradoxal
De nombreux travaux indiquent que la consolidation des traces mnésiques dans la mémoire à
long terme est associée à une période d’intense activité neurologique de certaines parties du
cerveau, dont la plus étudiée est l’hippocampe, et qu’elle s’accompagne à la fois de processus
Bloch et al. ont conclu en 1979 que le sommeil paradoxal augmentait chez les souris et les rats
après différentes procédures d’apprentissage. Selon eux, « Il apparaissait que l’un des
D’autres études ont montré que la privation de sommeil paradoxal après l’apprentissage
l’apprentissage. (122)
Enfin, selon plusieurs auteurs, il semblerait que le sommeil paradoxal joue un rôle essentiel
dans l’intégration corticale de souvenirs dans des réseaux sémantiques généraux. (224) (179)
42
III. ANALOGIE THEORIQUE SOMMEIL PARADOXAL / EMDR
Comme nous l’avons exposé précédemment, l’une des premières hypothèses de F. SHAPIRO
portait sur l’analogie entre les stimulations bilatérales alternées (SBA) oculaires, pierres
angulaires (à l’époque) de la thérapie EMDR, et les mouvements oculaires donnant son nom
Les SBA sont encore aujourd’hui la composante de la thérapie EMDR la plus étudiée et, si les
mouvements oculaires peuvent être remplacés par le tapping ou plus rarement pas des
s’intéressant à l’EMDR.
A la lumière de plusieurs études, il semblerait que les SBA oculaires entrainent des
Toutes réalisées en suivant le protocole standard mis au point par F. Shapiro, ces études ont
abouti sensiblement aux mêmes résultats, à savoir une diminution du rythme cardiaque et de
parasympathique.
Les effets physiologiques des SBA auraient donc pour conséquence d’induire un effet de
43
B. REVE ET DESENSIBILISATION
F. Shapiro a étayé son hypothèse de base en proposant que les mouvements oculaires, durant
Selon Carskadon, le rôle des rêves est d’élaborer et de digérer psychiquement les vécus de la
vie réelle. Selon lui, il semblerait que lorsque des souvenirs pénibles apparaissent dans les
rêves, les mouvements oculaires rapides induisent un effet de détente qui permet le
Un parallèle peut être fait avec la théorie de « l’inhibition réciproque » de Wolpe pour qui
l’état de non-anxiété est comparable à un état de relaxation. Il serait donc possible, pour
Si l’on suit ces différentes théories, on pourrait penser que les stimulations bilatérales
Cette première hypothèse est apparue encore plus plausible à F. Shapiro au regard du travail
publié en 1989 par Ross et al. dans lequel était démontré que les interruptions du sommeil
paradoxal pouvaient être considérées comme des marqueurs du syndrome de stress post-
traumatique (actuel Trouble Stress Post Traumatique – TSPT) (208) (194), postulat aujourd’hui
44
Selon Lavie, une victime est caractérisée par une hypervigilance à l’état de veille mais aussi
Les patients se réveillent souvent au milieu d’un cauchemar, sont en sueur ou hurlent face
aux reviviscences traumatiques. Si l’on ne sait pas encore si le rêveur est réveillé de son
par une surcharge du mécanisme du sommeil qui devrait normalement lui permettre de
contrôler ses expériences perturbantes, nous pouvons considérer que le rêveur est
« bloqué ».
Selon F. Shapiro il peut donc être imaginé que le fait de reproduire les mouvements oculaires
à l’état conscient (SBA) pourrait permettre aux patients de progresser plus loin dans la
Nous avons vu précédemment que, durant le SP, étaient préférentiellement activés la région
cérébrale limbique, les aires sensorielles et les noyaux cholinergiques de la jonction ponto-
A la lumière des travaux ayant démontré un taux élevé de noradrénaline chez les patients
souffrant de TSPT, nous pouvons considérer que l’apparition de ce trouble peut être la
l’intégration des souvenirs (notamment traumatiques) dans les réseaux mnésiques. (225)
45
Ainsi, sous dominance acétylcholinergique, la suprématie noradrénergique et la perte de
sommeil seraient des éléments suffisants pour bloquer le passage des souvenirs traumatiques
vers le cortex et les réseaux mnésiques. Ces souvenirs resteraient « en suspens », en attente
d’intégration, ce qui expliquerait leur irruption dans le présent sous forme de reviviscences.
nécessaire à la guérison, on pourrait déduire que les interventions simulant cet état (en
l’occurrence les SBA oculaires de la thérapie EMDR) pourraient avoir une vertu correctrice et
Stickgold avance donc l’hypothèse que les SBA oculaires pourraient enclencher les
mécanismes du tronc cérébral identifiés durant le SP, ce qui expliquerait les effets de la
D. CONTRE-ARGUMENTS
Bien que cette hypothèse sur la relation entre les mouvements oculaires en EMDR et ceux du
SP soit intéressante, notamment au regard de l’importance que semble avoir cette phase du
En effet, plusieurs éléments d’importance, liés en grande partie à l’évolution des recherches
D’un part, nous avons pu voir précédemment qu’il existait des alternatives aux SBA oculaires,
identifié 18 études, dont l’objectif était de de mesurer l’efficacité de l’EMDR avec ou sans
deux de ces études, le tapping se révélait tout aussi efficace que les SBA oculaires. (22) (177)
46
Servan-Schreiber et al. ont publié en 2006 une étude destinée à évaluer l’efficacité des
Les résultats ont confirmé une supériorité des SBA concernant la diminution des symptômes,
et une efficacité des stimulations auditives. Néanmoins, ces dernières ayant été
systématiquement couplées à des stimulations tactiles, leur unique effet ne pouvait pas être
confirmé.
Une autre recherche a été publiée en 2013 par Nieuwenhuis et al., afin de comparer
Selon les auteurs, la récupération des informations se ferait à partir du système visuo-moteur
(en lien avec les mouvements oculaires), mais aussi à partir du système somato-sensoriel (en
lien avec les stimulations tactiles). Il n’y aurait par ailleurs aucun effet bénéfique des
Selon d’autres travaux, un traitement par EMDR pourrait être réalisé sans le moindre set de
SBA, sans perte d’efficacité clinique, ce qui contredit fortement l’analogie avec les
mouvements oculaires observés durant le SP (1) (33). Néanmoins, selon une méta-analyse
publiée par Lee et al., ces études contenaient un certain nombre d’erreurs méthodologiques.
(137)
Ensuite, il semblerait que les mouvements des yeux induits par le thérapeute durant la phase
de désensibilisation soient en général plus lents que les mouvements saccadés des yeux du
SP, et il n’y a à ce jour aucune preuve scientifique que des mouvements plus lents durant le
les vécus de la vie réelle ; et si les mouvements oculaires, durant le rêve, permettent d’inhiber
47
la détresse et jouent un rôle de désensibilisation, nous avons pu voir précédemment que,
48
PARTIE III : EMDR, TRAUMATISME
PSYCHIQUE ET NEUROSCIENCES
I. INTRODUCTION
Lorsque Francine Shapiro a découvert l’EMDR, elle était en rémission d’un cancer et à la
recherche d’approches thérapeutiques afin d’améliorer son bien-être (208). Dès la fin de
l’année 1987, alors qu’elle est dans une démarche d’approfondissement et d’étayage de sa
EMDR fut rapidement couronné de succès, ce qui la conduisit à pousser ses investigations.
(193)
Un premier essai clinique randomisé, portant sur une population de victimes de viols et de
violences, et sur des vétérans de la guerre du Vietnam, sujets à l’ESPT, est publié en avril 1989
(209). Durant cette étude, le groupe de traitement bénéficia d’une prise en charge EMDR par
le biais d’un protocole, à l’époque expérimental, qui aboutira par la suite au protocole
standard, utilisé aujourd’hui. Les résultats furent très encourageants, avec une diminution du
SUD dans le groupe traitement, passant de 7,45 à 0,13, contrairement au groupe contrôle
dans lequel le SUD avait augmenté (passant de 6,77 à 8,31). Selon Jacques Roques, cette
étude, associée à d’autres recherches comme celle de Boudewyns et Shipley publiée en 1983
et portant sur les procédures d’immersion, permet de prouver que « la verbalisation seule
49
Par la suite, comme nous l’avons abordé dans la première partie, la thérapie EMDR fut l’objet
efficacité dans la prise en charge de l’ESPT, jusqu’à en devenir le traitement le plus étudié à
ce jour.
Enfin, l’EMDR est aujourd’hui recommandée par de nombreuses autorités sanitaires, comme
Dans cette partie, nous aborderons les notions de traumatisme psychique, de Trouble Stress
Post Traumatique et de mémoire traumatique pour finalement confronter les résultats des
Si nous pouvons légitimement considérer que l’Homme a été exposé à la mort, à la violence
et donc au traumatisme psychique dès l’aube de son histoire, la classification de ces troubles
Les premiers récits évoquant les réactions psychotraumatiques datent de 2000 AV-JC et
50
En 450 AV-JC, l’historien grec Hérodote évoque, dans le quatrième tome de son ouvrage
Histoire, le cas d’Epizelos, un guerrier athénien qui, saisi d’effroi durant la bataille de
Marathon ayant opposé Grecs et Mèdes en 490 AV-JC, fut frappé de cécité de psychogène.
Les rêves traumatiques furent par la suite l’objet de plusieurs écrits. Nous pouvons citer
Hippocrate et son Traité des songes en 400 AV-JC et le De natura rerum de Lucrèce (40 AV-JC)
où l’on retrouve ce passage : « De quels mouvements les hommes ne sont-ils pas agités dans
leur sommeil ! Que de vastes projets formés et exécutés dans les rêves ! Ils s’emparent des rois
ou deviennent leurs prisonniers, ils se jettent dans la mêlée et crient comme des gens qu’on
égorge. Beaucoup se débattent, gémissent de douleur et, comme sous les dents cruelles d’une
panthère ou d’un lion, ils emplissent l’air de leurs cris. Il en est qui marchent à la mort ; certains
croient, épouvantés, chuter du haut des montagnes et s’écraser à terre de tout leur poids ; tirés
du sommeil, ils reprennent leurs esprits à grand peine, tant l’émotion les a bouleversés. »
On retrouvera aussi mention des rêves traumatiques dans la Chanson de Roland (vers 1100)
où Charlemagne voit en songes son armée assaillie par des monstres et griffons dans un
Charles IX se plaint à son médecin, Ambroise Paré, d’être assailli par des hallucinations et des
1597 et Henry IV en 1598) mentionnent les rêves de bataille, et une troisième (MacBeth en
1623) décrit les symptômes psychotraumatiques ressentis par le couple Macbeth torturé par
présenter les symptômes de ce qui sera dénommé au XIXe siècle par Oppenheim la « névrose
traumatique ».
51
2. Les premières observations scientifiques
Les XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles furent le théâtre de nombreux conflits armés qui offrirent un
vaste champ d’observation aux spécialistes des armées. Les médecins militaires de l’Ancien
Régime nomment « nostalgie » les troubles traumatiques présentés par les soldats en
campagne effrayés par la fureur des combats ou désespérés par la mort d’un camarade tombé
manie ou de la mélancolie consécutive aux « émotions morales » et, surtout, au rang des
le « syndrome du vent du boulet », évoquant l’état de stupeur présenté par les soldats ayant
échappé de justesse aux tirs de canons. Ainsi, Larrey cite le cas d’un grenadier qui, à Wagram,
effleuré par un boulet, se vit privé de la parole et demeura par la suite complètement muet.
C’est en 1884 qu’un psychiatre allemand, Herman Oppenheim (1857-1919), utilisa pour la
première fois le terme de « névrose traumatique » afin de décrire les troubles particuliers
présentés par les victimes d’accidents de chemin de fer. La description qu’il en fait
52
3. Étiologie psychogénique et premiers traitements psychothérapeutiques
Dès la fin du XIXe siècle, Pierre Janet, Josef Breuer, Sigmund Freud ou encore Sandor Ferenczi
enrichissent les connaissances par leurs réflexions sur les processus psychiques entrant en jeu
En 1889, Pierre Janet présente dans sa thèse L’automatisme psychologique (118) vingt cas
mettre en évidence l’origine traumatique des troubles et d’induire une disparition des
suscitant des actes « automatiques » inadaptés, sans liaison avec le reste de la conscience.
A la même époque, Freud, après avoir assisté à une présentation de Janet au Congrès de Paris
sur l’hypnotisme de 1889, découvre que ce dernier professe des idées semblables aux siennes.
Il publie quelques années plus tard, en collaboration avec Breuer, ses conceptions sur la
cathartique de ces hystéries traumatiques » ayant pour but de faire revivre aux patients
Tout au long du XXe siècle, l’intérêt pour les troubles traumatiques connaitra un essor
progressif et continu. Les différents conflits, notamment les deux guerres mondiales et la
53
guerre du Vietnam, se révèleront un terrain particulièrement fertile d’études théoriques et
d’expérimentations pratiques.
Le terme de « névrose de guerre » est créé en 1908 par le psychiatre allemand Honigman, qui
Rouge.
cause davantage de victimes que tout autre conflit antérieur et le nombre considérable de
blessés psychiques évacués sur les hôpitaux et persévérant dans leurs symptômes finit par
A cette époque, les aliénistes s’affrontent concernant les étiologies des syndromes post-
traumatiques : affection simulée ou exagérée pour les uns, véritable pathologie pour les
Sur le plan clinique, l’ « hypnose des batailles » identifiée par Milian pour désigner les états
confuso-stuporeux observés chez les soldats durant les combats fit place, dès la stabilisation
du conflit et alors que les combattants se retrouvaient terrés dans leurs tranchées sous le feu
français).
Dans les suites du conflit, un psychanalyste autrichien, Otto Fenichel, reprenant les
conceptions de Freud dans son essai Au-delà du principe du plaisir (82) décrit le tableau
54
- Les « complications psycho-névrotiques » anxio-phobiques, hystériques ou
obsessionnelles.
La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), qui demeure encore aujourd’hui le conflit armé le
plus vaste et le plus meurtrier de tous les temps, est le théâtre de nombreux crimes de guerre
Quinze ans après la fin de la guerre, l’américain Lifton définit un profil psychopathologique
dévalorisation. (146)
symptômes, ils proposèrent, dans leur nouveau système DSM I le diagnostic de « Gross Stress
De 1964 à 1975, les USA sont impliqués aux côtés du Vietnam du Sud dans le conflit l’opposant
au Vietnam du Nord. Mais contrairement aux conflits précédents, notamment les deux
55
Guerres Mondiales durant lesquelles le nombre de blessés psychiques culmine au plus fort
des combat, l’acmé est ici atteinte après la cessation des hostilités.
En 1968, en pleine période de conflit, les auteurs américains du DSM suppriment le diagnostic
de « Gross Stress Reaction » dans la deuxième révision de leur système nosographique (DSM
II). (3)
Néanmoins, à partir de 1975, les séquelles tardives présentées par un nombre croissant de
vétérans attirent l’attention tant des professionnels que des pouvoirs publics. Outre les
La psychiatre américain Chaim Shatan, qui avait quelques années auparavant attiré l’attention
du public sur ce « Post Vietnam Syndrome », propose avec l’aide d’un groupe de chercheurs
d’instaurer le diagnostic de « Post Traumatic Stress Disorder » (PTSD) ou « Etat de stress post
traumatique » (ESPT) en français dans la troisième version du DSM, ce qui adviendra en 1980.
(4) (Annexe 2)
56
De plus, étaient différenciées deux formes de PTSD : une forme « aigüe » (« PTSD, acute ») et
une forme « chronique ou différée » (« PTSD, Chronic or Delayed »), différenciées par leur
Cette reconnaissance d’un diagnostic spécifique constitue à l’époque une véritable victoire
- Les troubles traumatiques ne sont plus imputés à une vulnérabilité personnelle mais à
un agent extérieur.
vétérans n’étaient pas, auparavant, indemnisés car la guerre n’était pas reconnue
- Le diagnostic de PTSD admet que les auteurs d’exaction puissent être victimes (les
soldats coupables de crimes de guerre peuvent être considérés comme des hommes
- Le diagnostic est applicable aux troubles consécutifs à la guerre mais aussi à tout autre
évènement délétère.
L’American Psychiatric Association a été amenée, par la suite, à modifier les critères
diagnostiques du PTSD : en 1987 avec le DSM III-R (revised), en 1994 avec le DSM IV et enfin
10) emboite le pas des auteurs américains et propose les diagnostics de Réaction aigue à un
facteur de stress (réaction immédiate), d’Etat de stress post traumatique (ESPT, calqué sur le
catastrophe. (170)
57
B. NOTIONS THEORIQUES
L’instauration du terme « stress » dans la pathologie traumatique du DSM en 1952 n’est pas
V) ou d’ESPT (CIM-10) désigne une perturbation mentale, supposée être de nature biologique
plusieurs termes.
Le terme « traumatisme » vient des mots grecs anciens « traumatismos », signifiant action de
exercé par un agent physique extérieur sur une partie du corps et y provoquant une blessure
psychologique » ou « trauma », soit « la transmission d’un choc psychique exercé par un agent
Le traumatisme psychique (ou trauma) peut donc être définit comme « un phénomène
58
afférentes à la survenue d’un évènement agressant ou menaçant pour la vie ou l’intégrité
(psychique ou physique) d’un individu, qui y est exposé comme victime, témoin ou acteur ».
(52)
2. Le stress
Ce terme anglais fut initialement emprunté au vocabulaire des métallurgistes pour qui il
torsion.
biologique.
Le « stress », selon Barrois, peut être défini comme « la réaction biologique, physiologique et
est variable selon les victimes. Elle est « adaptée » lorsque la victime détient des capacités
les défenses du sujet sont débordées et « pathologique » quand apparaissent les symptômes
post-traumatiques. (75)
59
La réponse inadaptée est représentée par la dissociation péritraumatique de l’état de stress
l’évènement, dénommée « idée fixe » par Janet, reste logée dans le préconscient « à la
manière d’un parasite » et ignorée du conscient. Tandis que le reste de la conscience continue
de fonctionner de façon adaptée, l’idée fixe, autonome, est capable de provoquer des
Pour appréhender la distinction entre stress et trauma, Lebigot (134) reprend la métaphore
Cette vésicule est délimitée par une membrane chargée positivement qui empêche les
énergies externes d’entrer à l’intérieur et maintient ainsi son homéostasie interne. Elle joue
le rôle de « pare-excitation ».
En présence d’une situation stressante, la réponse (le stress représenté par le choc
émotionnel) agit sur la membrane qui résiste en se déformant sans rupture, et reprend sa
Lors d’un traumatisme psychique, la réaction émotionnelle est différente, c’est l’effroi
engendré par la situation qui entraîne une effraction traumatique de la membrane, alors
60
image s’installe sans qu’elle puisse être représentée et est vouée à la répétition lors des
reviviscences traumatiques.
3. L’évènement traumatogène
Selon le DSM V, l’évènement traumatique constitue une menace pour la vie (mort réelle ou
Cet évènement produit une peur intense et/ou un sentiment d’impuissance et /ou d’horreur
et/ou de honte et remet en cause les valeurs essentielles de l’existence que sont la sécurité,
le respect de la vie, la morale, la paix, etc. Il est néanmoins important de noter que, parfois,
les victimes n’ont rien ressenti de tel mais qu’elles pourront souffrir, à court ou long terme,
peuvent s’avérer traumatisant pour une personne mais pas pour une autre. C’est pour cela
que les auteurs francophones favorisent l’emploi du terme d’« évènement potentiellement
En effet, confrontés à un même évènement, les sujets ne le vivront pas forcement de la même
manière. Vermeiren souligne que c’est aussi le vécu subjectif de l’individu qui rendra compte
Toutefois, distinguer dans la réaction du sujet ce qui relève du stress ou du trauma n’est pas
61
Ainsi, pour Vermeiren, « pour peu qu’il renvoie à la rencontre avec le réel de la mort, tout
etc.).
susceptible de se produire à tout moment durant une longue période (abus sexuels,
Selon le professeur Herman, les traumatismes peuvent être classés en deux catégories : les
Enfin, nous pouvons distinguer les traumatismes directs (la victime ayant subi directement
62
D. ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE / TROUBLE STRESS POST TRAUMATIQUE
1. Classification actuelle
l’Organisation mondiale de la santé en 1992, l’ESPT (F 43-1) est classé dans les « troubles
ou catastrophique qui provoquerait des symptômes évidents de détresse chez la plupart des
Dans la cinquième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM V)
de l’American Psychiatric Association publiée en 2013, la dénomination d’« état de stress post-
traumatique » est remplacée par celle de « Trouble stress post traumatique » (309.81). (6)
(Annexe 4)
Les critères diagnostiques principaux en sont : une exposition à la mort effective ou à une
altération marquée de l’éveil et de la réactivité. Les symptômes doivent être présents depuis
plus d’un mois, entrainer une souffrance cliniquement significative ou une altération du
être imputables aux effets physiologiques d’une substance ou d’un autre trouble médical.
63
2. Signes cliniques
fondamentales (6):
diurne où le sujet est envahi de pensées ou d’images lui rappelant les faits, ou nocturne
par le biais de cauchemars pouvant être sources de véritables terreurs nocturnes), soit
(75)
activités quotidiennes.
stimuli extérieurs comme amplifiés, pouvant être sources d’un comportement irritable
64
- Le TSPT peut ainsi contenir une dimension dépressive avec une diminution des intérêts
épisode dépressif majeur, constituant une des complications principales du TSPT. (75)
3. Évolution
Selon le DSM IV (309.81), un ESPT est considéré comme aigu pour une durée inférieure à trois
mois, et chronique pour une durée supérieure ou égale à trois mois. (5)
Il est à noter que dans la dernière version du DSM, il n’est plus question de trouble aigu ou
critères diagnostiques n’est présent que six mois après l’évènement (alors que le début et
Selon la CIM 10 (F 43-1), un ESPT est considéré comme chronique au bout d’une durée d’au
Dans la majorité des cas, le TSPT a une durée de quelques mois et une évolution
symptômes dépressifs.
Les symptômes anxieux peuvent évoluer vers un état anxieux permanent comparable à un
état d’anxiété généralisée. Cette complication peut être la source d’anxiété anticipatoire et
Les symptômes dépressifs peuvent quant à eux évoluer vers un tableau dysthymique, voire
en une succession d’épisodes dépressifs majeurs constituant une dépression chronique. (75)
65
4. Données épidémiologiques
Une étude américaine en population générale (enquête National Comorbidity Survey), publiée
en 2003, mettait en évidence une prévalence vie entière pour le TSPT de 5% pour les hommes
Une étude épidémiologique réalisée en France et dans plusieurs pays Européens, publiée dans
la revue l’Encéphale en avril 2005, révélait une prévalence du TSPT de 2,2% sur un an et de
La prévalence de ce trouble peut devenir très importante au sein des populations impliquées
dans des évènements catastrophiques, et peut concerner 25 à 75% des victimes directes au
cours de l’année qui suit l’évènement, et 5 à 40% des membres des équipes de secours
intervenues. (84)
Cette forte prévalence peut persister longtemps après l’évènement. Par exemple, elle atteint
12,4% des membres des équipes de secours intervenues sur le site du World Trade Center,
deux à trois ans après l’attentat du 11 septembre 2001, et 15% des survivants ayant pu
Soulignons que les résultats varient, selon les études, en fonction des populations étudiées,
On estime que le sex-ratio concernant le TSPT est de 1/2, les conséquences des événements
traumatiques étant plus graves chez les femmes avec, par exemple, une prévalence de 60 à
66
E. TRAUMATISME PSYCHIQUE ET NEUROSCIENCES
restent, encore aujourd’hui, assez méconnus, l’état des connaissances grandit depuis
quelques années, notamment grâce à l’apport des travaux d’imagerie cérébrale. (231)
des impacts négatifs sur la qualité de vie des victimes, à l’image des reviviscences
(125)
Nous nous appuierons, pour décrire l’organisation de la mémoire, sur le modèle publié en
1983, et développé par la suite, par le neuroscientifique Endel Tulving, faisant encore
pouvant avoir accès aux informations stockées de manière volontaire. Cette mémoire se
67
- La mémoire épisodique regroupant les évènements biographiques du sujet. Cette
mémoire peut être verbale ou visuelle et semble être surdéveloppée dans le cadre du
traumatisme psychique.
- La mémoire procédurale impliquant les habiletés acquises (marcher, nager, etc.). Elle
mnésique.
- Le stockage : lors d’un nouvel apprentissage, les informations vont être stockées au
ce qui permet leur stockage à long terme. En cas de nouveaux épisodes similaires,
auront lieu une réorganisation et une consolidation des anciens et des nouveaux
souvenirs.
68
- La récupération, possible grâce aux informations contextuelles associées aux
b) Mémoire et émotions
Le rôle de la mémoire émotionnelle est de donner une valeur émotionnelle à une situation
soumise aux processus mnésiques, et a été défini par Delacour comme « la faculté d’acquérir,
de mettre en lien les différents systèmes de mémoire avec les différentes structures
cérébrales. Selon lui, les émotions auraient une double composante mnésique :
impossibilité à prendre une décision chez des patients atteints de lésion amygdalienne ou du
cortex préfrontal ventro-médian. Sa conclusion était alors que l’état émotionnel était en
Il est assez évident qu’un évènement à composante émotionnelle marquée est plus facilement
retenu qu’un évènement à composante émotionnelle neutre (41). Les patients atteints de
69
émotionnel apparait donc comme un facteur de consolidation mnésique d’un évènement.
(231)
c) La mémoire traumatique
La mémoire traumatique est définie par Salmona comme un trouble de la mémoire implicite
reviviscences intrusives. Elle peut être déclenchée par des sensations, des situations ou des
stimuli divers, parfois longtemps après la survenue de l’évènement traumatogène. (125) (231)
- D’être immuable, fixée en l’état acquis du traumatisme, les affects restant inchangés
La mémoire traumatique entraine une grande souffrance psychique et peut être à l’origine
d’un nouveau traumatisme. Pour échapper à cette souffrance, des conduites d’évitement des
70
stimuli déclenchants et des symptômes dissociatifs importants vont se mettre en place et
avoir de graves répercussions sur la santé psychique, physique et sur la qualité de vie de la
victime. (125)
limbique. Il est lui-même divisé en deux sous-parties : le système limbique médial (ou circuit
de Papez) centré sur l’hippocampe, et le système limbique basolatéral centré sur l’amygdale.
Lors d’une confrontation à un stress, selon Ledoux, les informations sensorielles sont prises
Le thalamus envoie des informations directement à l’amygdale qui, une fois stimulée, entraine
une réponse émotionnelle, une mobilisation des défenses de l’organisme et une réponse
Dans cette voie, rien ne se passe au niveau cortical, le sujet n’ayant pas eu le temps de réfléchir
à la situation.
71
b) Voie longue thalamo-cortico-amygdalienne, lente et consciente
Dans un second temps, cette deuxième voie a pour particularité de faire intervenir des
l’impact des stimuli sur l’amygdale, en fonction de l’analyse détaillée qui en a été faite, et
Grâce à cette voie longue, la réponse émotionnelle pourra être ajustée et permettre au sujet
72
Document non libre de droits
Non reproduit par respect du droit d’auteur
Par l’intermédiaire de ces deux voies, le sujet pourra répondre à la situation stressante de
Dans le cas d’un traumatisme, la stimulation amygdalienne ne peut être interrompue par le
dans les expériences et apprentissages antérieurs tandis que le cortex est en état de
sidération, et le danger ne peut être ni maitrisé ni évité. Il en découle donc une hyperactivation
de l’amygdale, due à la déficience des fonctions d’extinction par les structures corticales et
73
(angoisse, tachycardie, etc.). Si cet état d’alerte et de tension extrême est nécessaire à la
dangereux pour l’organisme en raison de leur toxicité. Le risque est principalement cardiaque
et lié à l’hyperglycémie pour le cortisol (avec un risque de lésions neuronales). (70) (231)
des stimuli sensoriels mais ils n’ont plus de coloration émotionnelle. Il en découle une
dépersonnalisation ou la déréalisation.
mnésiques pouvant aller du simple oubli des évènements fortement chargés sur le plan
Le souvenir traumatique est donc condamné à rester en l'état, piégé́ dans l'amygdale, sous la
forme d'une mémoire traumatique, et un circuit de peur conditionné et rémanent est généré,
74
La mémoire traumatique piégée dans l’amygdale est alors susceptible de provoquer à court
et long terme des reviviscences par le biais de stimuli associés au souvenir traumatique. Pour
éviter ces réactions, le sujet peut mettre en place plusieurs moyens de défense comme des
Cette « dissociation secondaire » peut avoir lieu spontanément ou être provoquée par des
Nous pouvons enfin ajouter que, selon Yehuda, le stress post-traumatique pourrait également
(261)
4. Apports de la neuro-imagerie
Depuis plusieurs années, l’évolution des techniques d’imagerie médicale ont permis de
Sur le plan fonctionnel, les études réalisées grâce à l’imagerie cérébrale (TEP-Scan, IRMf) chez
75
- Des altérations hippocampiques. (123) (90)
- Une réduction du gyrus cingulaire antérieur (258) (256), du corps calleux (247) et du
cervelet. (56)
Nous remarquons que ces observations sont compatibles avec les mécanismes
A. MODIFICATION PHYSIOLOGIQUES
Nous avons pu voir dans la deuxième partie de notre travail que les SBA oculaires utilisées par
nous pouvons imaginer que les SBA pourraient agir contre les effets de la surproduction
76
B. EMDR ET MEMOIRE TRAUMATIQUE
l’EMDR. Le souvenir traumatique étant resté bloqué au niveau amygdalien, le mouvement des
yeux provoquerait le « déblocage » de l’information traumatique afin d’en amoindrir les effets
négatifs.
amenant une concentration optimale de l’activité cérébrale sur le moment présent, avec le
thérapeute. Ce serait grâce à cette « fixation » sur le moment présent que le traumatisme
Une étude d’imagerie publiée en 2007 par Bossini et al. a permis de mettre en évidence une
Si cette étude ne présente qu’un seul cas clinique, ses résultats montrent bien une
modification notable par rapport aux altérations de l’hippocampe observées chez les patients
souffrant d’ESPT.
monophotonique ou TEMP) destinée à la recherche EMDR et publiée en 1999 par Levin et al.
77
a permis de mettre en évidence une hausse du débit sanguin cérébral dans le cortex cingulaire
Une autre étude SPECT publiée en 2005 par Lansing et al. a permis d’étudier l’activation
évidence une diminution significative du flux sanguin dans le lobe occipital, le lobe
- Après traitement par EMDR, l’étude retrouvait une diminution parallèle de perfusion
Ces résultats préliminaires ont été confirmés par Pagani et al. en 2007. (172)
Parallèlement, une étude publiée en 2007 par Oh et Choi, utilisant toujours la technique
L’étude italienne publiée par Pagani et al. en 2012, évaluant les tracés EEG de patients
souffrant d’ESPT avant, pendant et après une séance d’EMDR, a permis de confirmer les
investigations précédentes. En effet, les résultats obtenus avant la prise en charge par EMDR
révélaient une hyperactivation au niveau limbique, tandis que durant les séances cette
78
Ces études indiquent que la thérapie EMDR contribuerait à l’activation du cortex pré-frontal,
l’amygdale. (229)
79
PARTIE IV : RECONSOLIDATION ET
MEMOIRE DE TRAVAIL
Si les théories de la reconsolidation de la mémoire et de la mémoire de travail ne sont pas
récentes, leurs applications dans le domaine de l’EMDR sont, quant à elles, relativement
nouvelles. Plusieurs études ont ainsi été réalisées ces dernières années et il semblerait que
les pistes les plus solides concernant les mécanismes d’action de la thérapie. (98) (229)
I. LA RECONSOLIDATION DE LA MEMOIRE
A. DEFINITION
McGaugh à la fin des années 1990, propose qu’un souvenir réactivé (rappelé en mémoire)
redevienne labile et doive par la suite être consolidé de nouveau (reconsolidé) pour exister
Un souvenir permanent, déjà ancré dans la mémoire à long terme pourrait donc être ravivé,
puis dégradé, modifié, notamment par le recours à des agents amnésiants ou des activités
interférentes, et enfin restauré dans la mémoire à long terme sous une forme dépouillée de
80
B. CONSOLIDATION DE LA MEMOIRE
Le terme de consolidation mnésique a été proposé en 1900 par Müller et Pilzecker pour
illustrer l’idée selon laquelle une trace mnésique nouvellement formée serait initialement
fragile, labile, et qu’elle s’ancrerait progressivement sous une forme plus stable au fil du
Les deux scientifiques avaient démontré que la présentation de stimuli distractifs nuisait au
rétroactive »).
De nos jours, le terme de consolidation est utilisé pour décrire deux phénomènes mnésiques
interne avant d’être redirigés vers les multiples régions du cortex cérébral (220). Ce
processus de consolidation serait complété en deux à trois ans (94), voire jusqu’à dix
terme à la mémoire à long terme (55) (153). Après transfert au sein de la mémoire à
long terme, la trace mnésique est dite « consolidée » et est réputée plus résistante aux
synaptique est quant à elle rapide, se produisant durant une fenêtre temporelle de
81
S’il est possible de faciliter la consolidation mnésique en augmentant le taux d’adrénaline au
sein de l’amygdale (76) (116), l’administration d’un agent amnésique avant la consolidation
d’un souvenir empêcherait le stockage de l’information dans la mémoire à long terme. (153)
sein de l’amygdale entraine une altération de la consolidation mnésique. (116) (85) (154)
L’administration de propranolol ne serait efficace que si elle est réalisée immédiatement après
Enfin, signalons que plusieurs études réalisées auprès de personnes exposées à un évènement
traumatique ont démontré que le traitement prophylaxique par propranolol dans les heures
C. VALIDITE SCIENTIFIQUE
1. Expérimentations animales
S’il a longtemps été considéré que les souvenirs, une fois consolidés, restaient stables et
permanents au sein de la mémoire à long terme, plusieurs études réalisées chez le rat dès la
fin des années 1990 ont démontré l’existence d’un processus de reconsolidation mnésique.
82
Ces études portaient sur la mémoire non déclarative et faisaient intervenir le concept de
Dans l’étude de Nader et al. publiée en 2000, le conditionnement classique était réalisé par
de façon à ce que le son produise par la suite une réponse de peur (réponse conditionnelle).
Après consolidation du souvenir de peur, les rats furent séparés en trois groupes d’étude :
Les rats du groupe 2 ont montré une réponse de peur conditionnée plus forte que ceux du
Les rats du groupe 3 ont aussi montré une réponse de peur intacte, ce qui indique l’importance
de peur.
Dans l’étude de Przybyslawski et al. publiée en 1999, l’administration d’un agent amnésiant
fut remplacée par une activité interférente, à savoir la progression dans un labyrinthe, pour
2. Expérimentations humaines
De nombreuses études ont par la suite été réalisées chez l’homme dès 2003 (249) afin de
confirmer cette théorie de la reconsolidation. (128) (68) (201) (214) (223) (130) (40)
83
Par exemple, dans l’étude publiée par Kindt et al en 2009 (semblable dans son protocole à
réalisée sur une population humaine en appariant des chocs électriques (stimulus
Après trois jours, les sujets du groupe propranolol réagissaient significativement moins que
propranolol avait bloqué la reconsolidation du souvenir de peur sans pour autant en affecter
le souvenir conscient.
D. PROCESSUS DE RECONSOLIDATION
seulement lorsqu’un souvenir déjà consolidé a été réactivé (161), ce qui permet de
cas de réactivation.
- Pour être conservé, il doit être reconsolidé à l’aide d’une synthèse de protéines.
84
- Le blocage de la reconsolidation empêche les souvenirs de passer de la mémoire à
E. RECONSOLIDATION ET EMDR
Si dans les différentes études présentées précédemment, la majorité utilisait l’injection d’un
sa restauration sous une forme dépouillée de sa charge émotionnelle négative réalisée grâce
à ces produits peuvent aussi être obtenues par l’intermédiaire d’activités interférentes (181).
Nous pouvons donc nous demander si l’EMDR pourrait jouer un rôle similaire d’interférence,
son but étant précisément d’intégrer le souvenir traumatique, assorti d’une charge
Solomon et Shapiro proposent que, contrairement aux thérapies d’expositions basées sur le
concept d’extinction, les souvenirs traumatiques ciblés par la thérapie EMDR seraient destinés
reconsolidation. (216)
En effet, les mécanismes d’action proposés par Solomon et Shapiro incluent l’assimilation de
l’information adaptative trouvée dans d’autres réseaux mnésiques qui se relient au réseau
traitement complet par EMDR, le souvenir ne serait plus isolé mais intégré de manière
adaptée dans un réseau mnésique plus important. Ce postulat semble cohérent avec la
redevenir labile et être restaurée sous une forme adaptée. (216) (229)
85
II. LA MEMOIRE DE TRAVAIL
A. DEFINITIONS
Le terme de « mémoire de travail » a été instauré et théorisé pour la première fois par
de l’information, nécessaire pour réaliser des activités cognitives complexes telles que la
Pour Van Der Linden, la mémoire de travail serait « un système de capacité limitée, destiné au
Selon Roques, la mémoire de travail constitue « l’outil que la psyché emploie pour répondre
aussi bien aux sollicitations du monde extérieur que pour inventorier, stocker ses contenus
mnésiques et bien entendu aussi penser, élaborer ». Elle serait située dans le cortex préfrontal
mémoire sémantique).
86
B. LE MODELE DE BADDELEY ET HITCH
Une troisième composante à la mémoire de travail fut décrite par les mêmes auteurs en 2000,
1. La boucle phonologique
passif dans lequel les informations s’estompent en 1.5 secondes en moyenne si elles
87
permet le transfert des informations verbales présentées visuellement vers l’unité de
stockage phonologique.
Ainsi, lors de la présentation d’un mot sur un support visuel, l’information va être traitée par
2. Le calepin visuospatial
formation des images mentales ainsi que de leurs manipulations. Son rôle est également de
gérer les informations verbales et de les traiter sous la forme d’images visuelles. (229)
Le calepin visuospatial constitue un registre passif agissant lors du rappel des informations
non verbalisables.
3. L’administrateur central
88
Il contribuerait également à l’initiation et au maintien de processus cognitifs tels que le calcul
4. Le buffer épisodique
C. EXPLORATIONS SCIENTIFIQUES
Si on considère que la mémoire de travail, comme l’a proposé Van der Linden, a une capacité
limitée, nous pouvons imaginer que les performances de stockage seraient altérées si deux
Donc, si les capacités de la mémoire de travail se retrouvaient saturées face à la survenue d’un
reconsolidation), nous pouvons imaginer que le traitement cognitif mis en place serait
différent de celui qui s’opèrerait en cas de non saturation de la mémoire de travail. (229)
L’étude publiée par Holmes et al. en 2009 a démontré que des sujets qui jouaient au jeu vidéo
Tetris durant dix minutes après avoir regardé un film contenant des images traumatiques
89
souvenir délibéré de l’évènement au cours de la semaine suivante, comparés aux sujets
Si la neurobiologie de la mémoire suggère que les souvenirs visuels restent labiles, et donc
sujets à la perturbation durant une fenêtre de quelques heures, et que les ressources
mnésiques nécessaires à l’intégration des souvenirs dans la mémoire à long terme sont
limitées, nous pouvons en conclure que les capacités cognitives nécessaires à une partie de
Tetris vont entrer en conflit avec celles requises pour le stockage des images traumatiques du
film.
Ainsi, Holmes et al. concluent que les souvenirs intrusifs/traumatiques survenant à la suite
d’un évènement traumatogène peuvent être modifiés par le biais d’interventions cognitives
Selon Baddeley, si une concentration mentale sur une image traumatique entraine une
travail dont les capacités sont, comme nous l’avons vu, limitées. Ainsi, si une tâche secondaire
émotionnellement.
Selon ce postulat, les mouvements oculaires induits en EMDR pourraient tenir ce rôle de tâche
concurrente et ainsi purger la mémoire de travail. (7) (20) (97) (238) (124) (126) (151) (230)
90
Deux études cliniques récentes ont cherché à démontrer les effets bénéfiques de purge de la
L’étude publiée par Van den Hout et al. en 2011 a comparé les effets de SBA oculaires et
auditives sur des souvenirs négatifs, à un rappel simple des souvenirs sans tâche d’attention
double (239). Les auteurs ont évalué la vivacité du souvenir négatif ainsi que sa charge
résultats ont mis en évidence une diminution de la vivacité des souvenirs négatifs suite à la
réalisation des SBA auditives, mais un bénéfice trois fois moindre comparé aux SBA oculaires.
Dans le groupe « rappel simple », non seulement aucun bénéfice n’a été constaté, mais
Il est à noter que cette étude n’incluait que des volontaires sains, ne souffrant pas d’ESPT.
Une deuxième étude publiée par de Jongh et al. en 2013, incluant deux groupes de patients
(patients sains et souffrant d’ESPT), a comparé les différences entre les SBA oculaires,
auditives et le rappel simple d’un souvenir douloureux (59). Les résultats ont confirmé
l’efficacité supérieure des SBA oculaires sur la diminution de la perturbation émotionnelle par
Selon Tarquinio, « si la piste de la mémoire de travail est selon nous la plus solide à ce jour,
elle ne peut et ne doit pas être envisagée qu’en lien avec la théorie de la reconsolidation. C’est
91
bien l’articulation des ces deux approches qui pourrait à l’avenir donner une assise explicative
à l’intuition que les cliniciens essayent d’expliciter depuis des années sans vraiment y
parvenir. » (229)
92
PARTIE V : DIMENSIONS ECLECTIQUES OU
INTEGRATIVES
Dans les multiples articles consacrés à ce jour à la thérapie EMDR, il est courant que sa
dimension intégrative soit mise en avant comme la preuve de sa grande modernité. En effet,
principalement les théories et les modèles, l’intégration théorique souhaitant parvenir à une
En cela, la thérapie EMDR (dont le seul fondement théorique à ce jour est le TAI), relèverait
d’entre elle », le thérapeute étant amené à utiliser de multiples techniques sur le plan clinique,
sans nécessairement adopter les orientations théoriques qui les sous-tendent. (229) (210)
Dans cette partie, nous allons développer les liens qu’entretiendrait l’EMDR avec d’autres
(TCC) et l’hypnothérapie.
93
I. EMDR ET THERAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES
Les thérapies ayant le plus de similitudes avec l’EMDR sont probablement les thérapies
Leurs points communs sont si nombreux que Jean COTTRAUX écrit dans son ouvrage « Les
1. Définition
pratique clinique.
Elles reposent sur deux grands courants théoriques, le premier représenté par la théorie de
Les TCC ont largement démontré leur efficacité par de nombreuses études scientifiques dans
un éventail très large de pathologies comprenant les troubles anxieux, les troubles dépressifs,
la santé.
Enfin, leurs indications spécifiques, leur déroulement sur une période limitée de quelques
mois et les preuves de leur efficacité ont contribué à leur large développement.
94
2. Fondements théoriques
expérimentale. Les comportements humains peuvent être acquis et maintenus par certaines
lois psychologiques, dont les lois du conditionnement classique, opérant et social. Ces
dysfonctionnelles.
ont été définies à partir de la réponse conditionnelle décrite par Pavlov en 1926 (ou
- Le conditionnement opérant décrit par Skinner dès la fin des années 1930 (213): il
positif), à l’inverse, devant les conséquences négatives d’une action, l’organisme aura
95
action entrainera progressivement la disparition de cette action du fait de l’absence
sensibilisation.
- L’apprentissage social décrit par Bandura au début des années 1980 (18): il repose sur
le principe « d’imitation d’un modèle » et fonctionne dès notre petite enfance. Nous
cognitives sont fondées sur la notion de schémas cognitifs. Selon Beck (23), on peut
définir un schéma cognitif comme une structure imprimée par l’expérience sur
96
schémas cognitifs sélectionnent et traitent l’information de manière inconsciente
(automatique).
requérant que peu ou pas d’attention, difficiles à modifier) et les processus cognitifs
cognitifs perturbés, des processus cognitifs sur- ou sous-utilisés et, en bout de chaîne,
La thérapie cognitive est une approche intégrative, qui intervient au niveau cognitif, mais aussi
niveaux de fonctionnement.
Les TCC du traumatisme psychique peuvent soit viser directement le traumatisme (Trauma
97
sans abord direct de l’évènement traumatique. Dans ce cas, il s’agira de traiter une
Nous nous focaliserons dans cette partie sur la méthode la plus étudiée, à savoir la TCC
1. Description de la TFT
(49) (52)
général à des schémas cognitifs de danger dont le but est une restructuration cognitive.
L’exposition à la situation traumatique consiste à faire revivre les émotions, les pensées et les
souvenirs reliés à l’épisode traumatique, dont une partie peut avoir été oubliée.
98
Les émotions sont cependant revécues involontairement à l’état de veille et se présentent en
flashback qui peuvent envahir aussi bien la vie diurne que nocturne (cauchemars répétitifs). Il
s’agit d’aider progressivement le sujet à affronter les situations et les images qui provoquent
ces flashbacks et à modifier les émotions qui l’ont submergé par un récit aussi circonstancié
Il existe plusieurs protocoles de TFT, pouvant être adaptés par le thérapeute en fonction du
pratique clinique, et testé dans plusieurs essais contrôlés incluant des patients souffrant de
thérapie.
- 2 : Relaxation du patient.
de construire une courbe de réduction d’anxiété sur une échelle graduée (0 : pas
99
d’anxiété ; 8 : anxiété maximale). Cette immersion se poursuit souvent conjointement
la consolation et la protection qui n’a pas eu lieu dans la réalité) pouvant être
traumatisme.
présentant pas de danger objectif) permettant au patient de les maitriser par des
L’exposition et la restructuration cognitive, qui sont au cœur des TCC, ont très largement
100
1. L’exposition
du conditionnement classique.
La théorie des mécanismes de changement qui domine dans la thérapie par exposition est la
théorie du traitement de l’information émotionnelle liée à la peur (80). Cette théorie tient
compte du conditionnement à la peur dans un cadre cognitif plus vaste et considère les
la peur est considérée comme une structure mnésique qui comporte de l’information sur les
stimuli redoutés.
La thérapie par exposition exerce son effet par le biais d’une activation de cette « structure
incompatible. (229)
La thérapie EMDR, se centrant dans un premier temps sur le vécu traumatique, avec ses
affects et ses cognitions, qui doit être activé pour être traité, peut donc être comparée à la
thérapie par exposition. Ainsi on observe que le niveau de détresse / de perturbation dans le
101
Néanmoins, Lee et al. précisent en 2002 que la thérapie EMDR est différente des techniques
classiques d’exposition, puisque l’exposition n’en constitue pas l’élément central et que le
patient ne subit pas une exposition prolongée comme dans les TCC. (136)
L’exposition prolongée et sans interruption exigée pour obtenir une réduction de la peur
durant les séances de TCC (78) contraste avec la nature très brève et interrompue (par les
SBA) de l’exposition mentale aux images traumatiques des séances de thérapie EMDR.
La nature propre de l’exposition diverge aussi de celle des TCC. En effet le thérapeute EMDR
demande au patient de se concentrer sur une partie pénible du souvenir (non sur son
intégralité) et de laisser son esprit aller à la rencontre de « tout ce qui viendra » pendant les
nouveau matériel alors que, dans l’exposition traditionnelle, les participants centrent
opposition aux expositions de longue durée ininterrompues des TCC. (208) (230)
Par ailleurs, plusieurs études comparant la thérapie EMDR et l’exposition montrent que
l’EMDR donne les mêmes résultats que l’exposition, mais plus rapidement. (245) (252)
2. La restructuration cognitive
Suivant un modèle strictement cognitif, on considère que le traumatisme ayant créé une
situation de perte de contrôle, amène des perturbations des croyances générales sur le
102
Un changement important intervient donc dans les schémas cognitifs du sujet avec pour
- Le sentiment de culpabilité.
Ces différentes cognitions provoquées par le traumatisme sont habituellement mises au jour
En écoutant le récit des victimes, on constate que les patients amplifient ou minimisent
certains détails. Les effets du traumatisme sur le sujet résultent de la gravité de l’évènement
Le but de la restructuration cognitive est de resituer le traumatisme dans une réalité plus
rapport avec l’angoisse générée par le traumatisme. Le thérapeute va aider son patient à
modifier ses pensées négatives et à les reformuler de façon plus neutre (voire positive). (125)
(49)
Nous remarquons que les modifications dans les schémas cognitifs évoqués précédemment
que, dans ce cas, elles sont recherchées dès la phase d’anamnèse (donc avant la phase
d’« exposition »), puis développées durant la phase d’évaluation avec recherche d’une
103
C’est cette CP, déterminée par le patient (avec l’aide du thérapeute si besoin), qui remplacera
au fur et à mesure la CN originelle (à moins qu’une CP plus adaptée n’ait émergé durant le
3. Les protocoles
L’EMDR et la TFT ont en commun de se baser sur des protocoles standardisés laissant peu de
TSPT, les recommandations concernant les TCC couvrent un éventail plus large de pathologies,
allant des troubles anxieux à la schizophrénie, en passant par les troubles dépressifs et les
principal ou en association avec d’autres thérapies, pharmacologiques ou non). (44) (49) (101)
Plusieurs pathologies entrant dans les indications des TCC ont fait l’objet d’études afin
- TSPT : l’EMDR et les TCC sont toutes deux considérées comme des « traitements de
choix » pour la prise en charge du TSPT par l’HAS depuis 2007 (101) ; les deux formes
de thérapies sont reconnues efficaces dans la prise en charge de ce trouble par l’OMS
depuis 2013 (171) ; selon le rapport de l’INSERM de 2004, les deux thérapies sont les
104
terme de réduction de symptômes, les traitements psychologiques sont considérés
L’efficacité des TCC et de l’EMDR dans la prise en charge du TSPT a été démontrée dans
Enfin, la comparaison entre les TCC et l’EMDR, pour la prise en charge de l’ESPT, a fait
avec l’EMDR, qui ne nécessite pas la réalisation d’exercices entre les séances, à la
- Troubles anxieux : dans le Guide ALD relatif aux troubles anxieux graves publié par
l’HAS en 2007, les TCC sont présentées comme les thérapies de référence pour
Panique avec ou sans agoraphobie, l’Anxiété sociale, les Phobies simples et les
Nous avons pu voir dans notre première partie que l’intérêt de l’EMDR pour la prise
concernant l’épisode dépressif caractérisé de l’adulte publié par la HAS en 2017, les
TCC sont considérées comme thérapies « ayant fait la preuve de leur efficacité », au
105
même titre que la psychothérapie de soutien, les psychothérapies psychodynamiques
L’EMDR a fait l’objet de plusieurs études concernant son efficacité dans les troubles
dépressifs.
l’adulte conclut à une amélioration significative dans les groupes EMDR et TCC, mais
Si ces différentes études méritent d’être développées et n’ont pas encore donné lieu à des
pourrait confirmer le lien que cette thérapie entretient avec les TCC.
Il est assez évident de nos jours que la médecine, depuis ses origines, a utilisé les états de
plus habituelle. On retrouve d’ailleurs ces pratiques, tant dans la médecine égyptienne,
romaine, arabe, que dans les pratiques toujours actuelles de la médecine chinoise ou
ayurvédique. Finalement, ce que l’on nomme hypnose va apparaître pour désigner une
Nombre de nouvelles thérapies actuelles sont considérées comme des « déclinaisons » plus
106
Francine Shapiro écrit elle-même dans son Manuel EMDR qu’« il est raisonnable de suspecter
De nombreux hypnothérapeutes pratiquant l’EMDR ont pu être frappés par les similitudes
Ainsi, plusieurs auteurs se sont attelés à décrire les points communs entre l’EMDR et l’hypnose
(principalement l’hypnose Ericksonienne), mais aussi leurs divergences. (69) (206) (150) (229)
(95)
1. Bref historique
L’hypnose est une méthode ancienne qui, au fil de l’histoire et sous l’influence de nombreux
Fils de la nuit et frère jumeau de la mort, Hypnos personnifie le Sommeil dans la mythologie
induisant le sommeil.
L’histoire moderne de l’hypnose débute en Europe au XVIIIe siècle avec un médecin allemand,
Franz Anton Mesmer (1734-1815), qui posa l’hypothèse de l’existence d’un fluide universel
dont la mauvaise conductance dans le corps du patient serait à l’origine des « maladies
nerveuses ».
l’apposition des mains ou l’utilisation d’aimants. Cette possibilité d’influence d’un être humain
107
sur le corps d’un autre était nommé « magnétisme animal » par Mesmer. Si le magnétisme
n’est pas l’hypnose, cette période met au jour ses premiers principes, comme les suggestions
en tant que support au principe d’influence et la présence d’un état de conscience particulier
Le terme d’hypnose, forgé par le baron Etienne Félix d’Hénin de Cuvilliers en 1819, sera
popularisé par le chirurgien écossais James Braid (1795-1860) qui lui redonnera une
Selon Braid, une simple fixation de l’attention sur un objet brillant suffit à modifier l’état de
conscience du sujet (il sera à l’origine de l’utilisation du pendule, pratique abandonnée depuis
car jugée trop caricaturale). Le mécanisme de ce qu’il nomme « hypnotisme » est, selon lui,
assez simple : la stimulation de la rétine agit sur le système nerveux et provoque un « sommeil
nerveux ». L’état hypnotique ainsi obtenu est de nature « aussi bien psychologique que
physiologique ».
Induire un état de transe à visée thérapeutique deviendra par la suite une pratique
standardisée et l’on soupçonne dès cette époque une action et des modifications au niveau
du système nerveux.
première forme structurée de psychothérapie, utilisant « l’influence provoquée par une idée
Il résumera sa pensée en ces termes : « C’est la suggestion qui domine la plupart des
manifestations de l’hypnose ; les prétendus phénomènes physiques ne sont, suivant moi, que
108
des phénomènes psychiques. C’est l’idée conçue par l’opérateur qui, saisie par l’hypnotisé et
acceptée par le cerveau, réalise le phénomène à la faveur d’une suggestibilité exaltée, produite
Pierre Janet (1859-1947) définira en 1889 les phénomènes hypnotiques comme une forme de
traumatisme, mais aussi plus largement dans tout le champ de la psychopathologie et des
psychothérapies.
Sigmund Freud (1856-1939) tentera une approche théorique et clinique des dynamiques
essor dans le champ des psychothérapies, mais aussi dans le spectre somatique. Il remettra
Erickson ne considérait pas que l’état hypnotique était thérapeutique en soi, mais que l’état
suggestions thérapeutiques.
2. Quelques définitions
- L’état hypnotique (ou état de transe) correspond à un état modifié de conscience qui n’est
Selon Bernheim, il s’agit d’un état psychique particulier susceptible d’être provoqué et qui
109
Selon Erickson, l’état d’hypnose « est un état de conscience particulier qui privilégie le
conscience dans lequel vous présentez à votre sujet une communication, avec une
compréhension et des idées, pour lui permettre d’utiliser cette compréhension et ces idées à
an enhanced capacity for response to suggestion » (26) (71), ce qui peut être traduit par « un
Cette définition a été reprise notamment par l’International Society for Hypnosis. (26)
(95). Cette pratique prend alors la forme suivante, selon le psychologue Michael Yapko :
surgir et guide les associations intérieures de son client afin d’établir ou de renforcer des
Il existe plusieurs formes d’hypnothérapie dont les principales sont l’hypnose classique (ou
110
plus pratiquée actuellement), et l’hypnoanalyse (processus dynamique faisant le lien entre
Quelle que soit sa forme, l’hypnothérapie place au centre de son approche l’état hypnotique,
positive, reformulations, etc.), les techniques relationnelles (respecter une distance avec le
patient, mirroring, permissivité, etc.), les techniques de focalisation (sur un écran, un objet,
par concentration sur la respiration, etc.) ou les techniques « dissociantes » qui ont pour but
Il est à noter que l’induction n’est pas toujours formelle ; en effet l’hypnose conversationnelle
procède par suggestions durant l’état hypnotique mais sans induction claire au préalable. (12)
Milton Erickson est, nous l’avons vu, le praticien qui, au XXe siècle, a renouvelé le champ de
l’hypnose « plus permissive », c’est-à-dire qu’il s’attacha à débarrasser cette pratique de ses
111
Erickson considérait que le processus hypnotique repose sur une modalité normale de la
conscience (la « transe commune »), expérimentée par chacun d’entre nous lorsque les
stimuli extérieurs n’accaparent pas suffisamment notre vigilance (voyage en train monotone
par exemple), ou encore lorsqu’ils sont trop intenses et que se met en place une dissociation
traditionnelle qui repose sur l’injonction, l’hypnose Ericksonienne « induit » un état modifié
Cette forme d’hypnose repose sur le postulat que l’inconscient est capable de mobiliser des
Comme nous l’avons exposé précédemment, les liens entre les deux formes de thérapies
intéressent les spécialistes des deux techniques depuis plusieurs années, et ont même fait
l’objet d’une annexe dans le rapport de 2015 publié par l’INSERM concernant l’évaluation de
112
1. Techniques utilisées
Plusieurs techniques issues de l’hypnose sont utilisées durant les séances d’EMDR (95) (69)
(114):
- Utilisation de stimuli monotones répétitifs (il est aisé de voir une similitude entre les
conscience.
- Une induction hypnotique est dite « fractionnée » lorsque le thérapeute alterne des
durant lesquelles il ramène le patient à l’état de départ (ce qui approfondit facilement
l’état hypnotique). Les pauses que font les thérapeute EMDR durant la
fractionnement.
faciliter l’accès à des souvenirs anciens et donc à des cibles pertinentes à traiter.
mentale d’un espace de détente et de sécurité pouvant être convoqué durant la phase
113
du contenant (afin de mettre des limites et des contours au matériel psychique non
2. Les protocoles
où des questions spécifiques sont posées à des moments calibrés, avec la relation
thérapeutique qui, même dans une apparente neutralité, recèle tous les ingrédients d’une
Les avis concernant l’état de conscience induit chez les patients durant les séances d’EMDR
divergent.
Selon Doutrelugne, Cottencin et Betbèze, dans leur ouvrage Thérapies brèves : principes et
propre évolution du scénario et ses propres métaphores évolutives ». Ils appuient leur
argumentation en rapportant que les patients décrivent leur expérience en utilisant « les mots
Selon Francine Shapiro, « les patients semblent plus vigilants et conscients, moins sensibles à
114
Selon Tarquinio dans le livre L’EMDR : préserver la santé et prendre en charge la maladie,
souvient de tous les détails de la séance ». Les SBA permettent selon lui « de mobiliser
l’attention sur patient sur la cible traumatique stockée dans la mémoire sans que le patient
ne reçoive d’instructions spécifiques pour diriger son attention vers un aspect ou un autre de
Différentes études se sont intéressées à la suggestibilité des patients et aux ondes cérébrales
placés dans un état hypnotique indique que les patients ne sont pas dans un état
- Les EEG des patients durant une séance d’EMDR montrent des ondes cérébrales
correspondant aux paramètres d’éveils normaux (ondes beta) alors que chez les sujets
hypnotisés, on observe des ondes prononcées theta, beta ou alpha. (163) (164) (196)
Dans son Manuel d’EMDR, afin de souligner la différence entre les deux pratiques, Francine
Shapiro rapporte que les effets bénéfiques de l’hypnothérapie dans la prise en charge du TSPT
sont « limités » (en se référant à une étude publiée par Brom et al. en 1989) alors qu’ils sont
Des résultats encourageants ont cependant été obtenus dans une étude publiée en 2009 dans
l’American Journal of Clinical Hypnosis incluant 226 enfants (entre six et douze ans),
présentant un TSPT suite aux attentats à la bombe survenus à Bali en 2002. 77,1% des enfants
115
du groupe hypnose avaient présenté une amélioration de leurs symptômes à deux ans, versus
Si, selon la Haute Autorité de Santé, l’hypnothérapie ne fait pas partie des « traitements de
choix » pour la prise en charge du TSPT, il est spécifié que cette dernière peut être bénéfique
sur certains symptômes comme les douleurs, l’anxiété ou les cauchemars. (101)
Si les liens entre l’EMDR, les TCC et l’hypnothérapie ont été les plus étudiés et les plus
A. EMDR ET PSYCHANALYSE
rapporte que la thérapie EMDR « fait aussi largement référence à la psychanalyse, d’abord
parce que le symptôme est perçu comme la conséquence actuelle du trauma ou d’un conflit du
passé, parfois refoulé. Elle reprend également les concepts de dissociation et de fragmentation
Allant dans le sens d’une cause passée à nos problèmes actuels, Francine Shapiro écrit dans
son ouvrage Dépasser le passé : Se libérer des souvenirs traumatisants avec l’EMDR qu’ « il y
a habituellement, dans la vie des gens, entre dix et vingt souvenirs non traités qui sont
A l’image du psychanalyste, le praticien EMDR considère que le passé du patient existe encore
dans son présent. La thérapie EMDR fait aussi appel aux techniques d’association libre. En
116
effet, entre chaque set de SBA le patient est invité à dire tout ce qui lui « passe par la tête »,
La thérapie EMDR faciliterait les associations libres et permettrait d’explorer les mécanismes
interprétation du matériel ayant émergé durant les séances et présente une attitude active et
constructive durant le processus de résolution des problèmes. Jacques Roques écrit à ce sujet
que c’est sans doute cette attitude constructive qui évite l’émergence d’un transfert négatif
Il est intéressant de noter que plusieurs psychiatres psychanalystes se sont très tôt intéressés
France), devant les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer face à des patients souffrant de
l’université de Bourgogne par le Dr Olivier Tabutiaux. Dans son travail, il souligne que si ces
117
B. EMDR ET GESTALT-THERAPIE
du courant humaniste et contribuerait à aider le patient à avoir une vision globale de lui-
Cette thérapie insiste sur la valeur de l’« ici et maintenant », sur la relation à l’autre et à soi-
A l’image du praticien EMDR, le thérapeute se veut actif mais jamais directif, son rôle étant
plutôt celui d’un accompagnateur dans l’exploration du passé du patient, lequel prend son
Dans l’article Compléter la Gestalt par l’EMDR, il est exposé que, dans des situations de
traumatismes simples, les deux thérapies peuvent être utilisées conjointement afin d’apaiser
une situation difficilement soutenable pour le patient ou de diriger le travail vers une partie
La PNL a été créée conjointement en 1972 par Richard Bandler et le linguiste John Grinder et
se propose d’« agir sur les comportements au moyen du langage ». Elle consiste en un
Cette thérapie repose sur plusieurs fondements communs avec l’EMDR, à savoir :
118
- L’importance donnée à la définition d’un objectif (détermination d’une cognition
La PNL intègre aussi les mouvements spontanés des yeux mais pour s’approcher du diagnostic
Pour conclure nous pouvons citer Jacques Roques qui, en 2004, écrivait : « On pourrait penser
que, si on ne s’en tenait qu’au niveau phénoménologique, que l’EMDR n’est que l’association
considérait que cette association pluri-modale, je pense qu’on passerait à côté de la principale
originalité de la thérapie EMDR, qui est d’associer une stimulation sensorielle à une
119
DISCUSSION
Il va de soi que l’exposé des théories et hypothèses présenté dans notre travail n’est pas
exhaustif, tant celles-ci sont nombreuses concernant les mécanismes d’action de la thérapie
EMDR. Nous aurions pu citer, par exemple, la théorie d’Armstrong et Vaughan, publiée en
1996, pour qui les SBA activeraient une réaction d’orientation, et contrecarreraient ainsi le
Les différentes théories présentées précédemment ont été sélectionnées dans une
thérapie.
L’hypothèse du lien avec les mouvements oculaires observés durant le sommeil paradoxal
(proposée très tôt par Francine Shapiro (208) (149)) reflète bien les interrogations des
cliniciens de l’époque face à cette nouvelle thérapie. En effet, à la fin des années 80, les seules
SBA disponibles pour le traitement EMDR étaient les SBA oculaires. Ce sont donc ces dernières
qui ont été rapidement étudiées. Les premières études faisant état d’une efficacité
comparable d’autres formes de SBA (auditives, tapping) ont entrainé une diminution de
l’intérêt des chercheurs pour cette théorie, même si elle fait toujours l’objet de recherches.
(225) (226)
Les dimensions électives (ou intégratives) de la thérapie EMDR pourraient, quant à elle,
refléter une volonté de compréhension de cette dernière, et de l’intégrer dans des cadres
120
L’apport et l’évolution de l’imagerie médicale (notamment l’IRM et la technique SPECT) ont
permis d’objectiver l’action de l’EMDR au niveau cérébral, qui n’était alors que spéculative.
Nous pouvons imaginer que les différentes études publiées ont ainsi permis une hausse de la
du travail au fonctionnement de l’EMDR a permis de poser un autre regard sur ses possibles
mécanismes d’action.
univoque.
Si nous avons abordé les liens qu’entretiendrait l’EMDR avec d’autres formes de
S’il n’existe, à ce jour, aucun consensus autour du terme « psychothérapie » (230), elle est
décrite par Laplanche et Pontalis comme : « Au sens large, toute méthode de traitement des
désordres psychiques ou corporels utilisant des moyens psychologiques et, d’une manière plus
interpersonnelle entre un thérapeute et son patient, mobilise des moyens mis en œuvre par
un thérapeute formé et supposé détenir un savoir hors du commun sur le trouble dont est
121
Nous pouvons donc affirmer sans craintes que l’EMDR peut être considérée comme une
psychothérapie, cette dernière étant pratiquée par des thérapeutes formés aux différentes
techniques, reposant sur la relation entre le thérapeute et son / sa patient(e) et visant à une
dialogique du sens. » (64). Ainsi, la réalisation et le succès d’une psychothérapie repose, à des
degrés variables selon les auteurs, sur la création d’une alliance thérapeutique patient-
thérapeute.
mutuelle entre le patient et le thérapeute dans le but de rejoindre des objectifs fixés (111)
(230). Selon plusieurs études, portant sur l’évaluation de l’efficacité des psychothérapies,
l’alliance thérapeutique est présentée comme l’un des meilleurs facteurs prédictifs de l’issue
(195)
Ceci est confirmé par une méta-analyse, publiée par Lee et Cuijpers en 2013, dont l’une des
conclusions était que l’effet des mouvements oculaires induit par le thérapeute durant les
séances d’EMDR est d’autant plus important que l’alliance thérapeutique est forte. (137)
De plus, le confort du patient est pris en compte tout au long des protocoles EMDR
La dimension de cette alliance thérapeutique est particulière dans la thérapie EMDR. En effet,
durant les séances préparatoires, l’installation d’un lieu sûr et le développement des
122
ressources favorisent la recherche active d’un lien de confiance et de sécurité. L’étude des
souvenirs favorables ou défavorables, avec un éventuel travail au domicile du patient sur les
images liées à ces souvenirs, permet de connaître très tôt la plupart des évènements ayant
corporelle, voire des interactions physiques, assez peu fréquentes en psychothérapie. Les
traversée des souvenirs traumatiques. Le patient doit se sentir très activement accompagné,
entouré et sécurisé par le thérapeute tout au long du processus, afin qu’il acquière la
Le concept d’empathie clinique semble aussi être une composante cruciale dans la relation
Pour Winnicott, « il s’agit pour le soignant de se mettre dans la peau du patient pour s’adapter
L’empathie clinique est définie, par Mercer et Reynolds, comme « la compétence socio-
émotionnelle d’un clinicien capable de comprendre la situation d’un patient, son point de vue
Ainsi, l’empathie correspond à une capacité cognitive d’adopter le point de vue de l’autre,
mais aussi à une réponse affective en lien avec un partage émotionnel. Elle pourrait être sous-
tendue par des bases neurobiologiques qui étayent notre aptitude à partager les états
mentaux d’autrui, et pourrait être considérée comme la pierre angulaire sur laquelle se fonde
l’intersubjectivité. (63)
123
L’intersubjectivité, enfin, « résulte d’une interaction ou co-action psychique entre soi et
autrui » (88), et peut être considérée comme une activité psychique qui résulte de la
Ainsi, le bon déroulement et le résultat final d’une prise en charge psychothérapeutique (et
donc EMDR), au-delà des techniques / outils propres aux différentes thérapies, pourrait
Notre travail a aussi été réalisé dans une dynamique d’enrichissement personnel, vis-à-vis de
cette thérapie.
En tant que praticiens (ou futurs praticiens) EMDR, la connaissance des mécanismes d’action
rapporte qu’à l’époque, l’EMDR restait controversée (204). Selon lui, cela découlait du
de grandes pensées ont été accomplies avant qu’une théorie ne puisse les expliquer, elles ont
Il propose un parallèle avec l’histoire du lithium, dont l’efficacité avait été démontrée en 1949
par l’australien John F. J. Cade. Étant donné que le traitement ne reposait que sur un « sel
124
minéral naturel », sans bénéfices connus sur le système nerveux central, et que ses
mécanismes d’action étaient inconnus, ce traitement se heurta à une résistance des milieux
psychiatriques conventionnels. Il fallut attendre plus de vingt ans pour que le gouvernement
Le fait de pouvoir exposer clairement au patient les mécanismes / processus entrant en jeu
dans une psychothérapie, ou encore, dans le cas de l’EMDR, la neurobiologie des états
traumatiques, pourrait permettre d’apaiser les craintes de ce dernier vis-à-vis d’une technique
125
126
127
BIBLIOGRAPHIE
1 Acierno, R. « Review of the validation and dissemination of eye-movement desensitization
and reprocessing: A scientific and ethical dilemma ». Clinical Psychology. 1994 ; 14(4)
: 287-299
3 American Psychiatric Association. DSM II: Diagnostic and Statistical Manual Mental
4 American Psychiatric Association. DSM III: Diagnostic and Statistical Manual Mental
5 American Psychiatric Association. DSM IV: Diagnostic and Statistical Manual Mental
7 Andrade, J., Kavanagh, D., Baddeley, A. « Eye-Movements and Visual Imagery: A Working
27(1): 21-32.
Phenomena, during Sleep ». Science (New York, N.Y.). 1953 118(3062) : 273-274.
128
11 Aubert-Khalfa, S., Roques, J. et Blin, O. « Evidence of a Decrease in Heart Rate and Skin
15 Baddeley, A. Human memory : theory and practice. Boston : Allyn and Bacon ; 1990.
and the Baddeley and Hitch Models Be Merged? » Journal of Experimental Child
19 Barrois, C. Les névroses traumatiques: le psychothérapeute face aux détresses des chocs
555-569.
129
22 Bauman, W. et Melnyk, W. T. « A Controlled Comparison of Eye Movements and Finger
23 Beck, A. T. Cognitive Therapy and the Emotional Disorders. London: Penguin, 1991.
Masson, 1998.
Systematic Review and Meta-Analysis ». The British Journal of Psychiatry: The Journal
memory process ». Brain Mechanisms in Memory and Learning. Raven Press, 1979.
130
33 Boudewyns, P. A. et Hyer, L. A. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR)
39 Browning, C. « Floatback and float forward: Techniques for linking past, present and future
41 Cahill, L et al. « Amygdala activity at encoding correlated with long-term, free recall of
131
42 Cahill, L., et McGaugh, J. L. « Mechanisms of Emotional Arousal and Lasting Declarative
45 Carskadon, Mary A., éd. Encyclopedia of sleep and dreaming. New York : Toronto : New
International, 1993.
46 Cavallero, C. et al. « Slow Wave Sleep Dreaming ». Sleep, 12/1992 ; 15(6): 562-566.
Elsevier-Masson, 2017.
52 Crocq, L. et al. Traumatismes psychiques: prise en charge psychologique des victimes. Issy-
132
54 Davidson, P. R. et Parker, K. C. H. « Eye movement desensitization and reprocessing
305-316.
58 De Jongh, A. « EMDR Therapy for Specific Fears and Phobias: The Phobia Protocol ». Eye
Summary Sheets. Éd. par Marilyn Luber. New York, NY: Springer Publishing Company,
08/2015.
59 De Jongh, A. et al. « The Impact of Eye Movements and Tones on Disturbing Memories
Involving PTSD and Other Mental Disorders ». Journal of Behavior Therapy and
with EMDR: A Case Study ». Clinical Psychology & Psychotherapy, 1998 ; 5(4): 264-269.
1489-1503.
133
63 Decety, J. « Naturaliser l’empathie ». L’Encéphale, 02/2002 ; 28(1): 9-20.
65 Dement, W. Some Must Watch While Some Must Sleep. San Francisco: Freeman, 1972.
66 Dement, W.et Kleitman, N. « The relation of eye movements during sleep to dream activity:
67 DePascalis, V. et Penna, P. M. « 40-Hz EEG Activity during Hypnotic Induction and Hypnotic
38(2): 125-138.
68 Dolcos, F. et al. « Remembering One Year Later: Role of the Amygdala and the Medial
31(2): 212-226.
71 Elkins, G. R. et al. « Advancing Research and Practice: The Revised APA Division 30
134
73 Epstein, S. « The self-concept, the traumatic neurosis, and the structure of personality ».
1991 : 63-98.
1953.
75 Ferreri, F. et al. « Psychotraumatismes majeurs : état de stress aigu et états de stress post-
for Panic Disorder: A Controlled Outcome and Partial Dismantling Study ». Journal of
79 Foa, E. B., éd. Effective Treatments for PTSD: Practice Guidelines from the International
Society for Traumatic Stress Studies. 2nd ed. New York: Guilford Press, 2009.
controversies in the anxiety disorders. Guilford. New York: R.M. Rapee, 1996. 329-343.
81 Foulkes, W. D. « Dream reports from different stages of sleep ». The Journal of Abnormal
1967.
135
83 Freud, S. et Breuer, J. Etudes sur l’hystérie (1895), précédées de Communication
12(3): 419-426.
generalized anxiety disorder ». Journal of EMDR Practice and Research, 2008 ; 2(1):
26-40.
Masson, 2013.
91 Goldstein, A. J. et al. « EMDR for Panic Disorder with Agoraphobia: Comparison with
136
93 Goodenough, D. R. et al. « A Comparison of “Dreamers” and “Nondreamers”: Eye
the Neocortex in Long-Term Memory Storage: Evidence from the Study of Semantic
06/2015
96 Guénolé, F. « À quel moment le rêve se produit-il au cours d’une nuit de sommeil ? Une
56-64
913-931.
99 Hase, M. et al. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) Therapy in the
100 Hase, M. et al. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing Versus Treatment as
Psychology, 2018 ; 9
101 Haute Autorité de Santé. « Guide ALD - Affections psychiatriques de longue durée -
137
102 Haute Autorité de Santé. « Recommandation de bonne pratique - Episode dépressif de
103 Hekmat, H., Groth, S. et Rogers, D. « Pain ameliorating effect of eye movement
25(2): 121-129.
104 Hendler, T. et al. « Sensing the Invisible: Differential Sensitivity of Visual Cortex and
105 Ho, M.S.K. et Lee, C. W. « Cognitive Behaviour Therapy versus Eye Movement
253-260.
107 Högberg, G. et al. « On Treatment with Eye Movement Desensitization and Reprocessing
108 Hoge, E. A. et al. « Effect of Acute Posttrauma Propranolol on PTSD Outcome and
109 Holmes, E. A. et al. « Can Playing the Computer Game “Tetris” Reduce the Build-up of
Flashbacks for Trauma? A Proposal from Cognitive Science ». PloS One, 2009 ; 4(1)
9-16.
138
111 Horvath A. O. « The Alliance ». Psychotherapy: Theory, Research, Practice, Training, 2001 ;
38(4): 365-372.
Review ». The British Journal of Psychiatry: The Journal of Mental Science, 08/2002 ;
181: 102-110.
113 IFHE. « Inductions Hypnotiques ». Institut Français d’Hypnose Humaniste & Hypnose
http://hypnose-ericksonienne.com/fr/sinformer/inductions-hypnotiques/
115 Institut français d’EMDR. « Mecanisme d’action EMDR - IFEMDR ». Institut Francais
https://www.ifemdr.fr/therapie-emdr/ressources-emdr/mechanisme-daction-emdr/
120 Josse, E., Crocq, L. et De Soir, E. Le traumatisme psychique chez l’adulte. Louvain-la-
121 Jouvet, Michel. « Sur un stade d’activité électrique cérébrale rapide au cours du sommeil
153(6)
139
122 Karni, A. et al. « Dependence on REM sleep of overnight improvement of a perceptual
123 Kasai, K. et al. « Evidence for Acquired Pregenual Anterior Cingulate Gray Matter Loss
Memories ». The British Journal of Clinical Psychology, 2001 ; 40(Pt 3): 267-280. Print.
126 Kemps, E. et Tiggemann, M. « Reducing the Vividness and Emotional Impact of Distressing
127 Kessler, R. C. et al. « The Epidemiology of Major Depressive Disorder: Results from the
3095-3105.
128 Kindt, M., Soeter, M. et Vervliet, B. « Beyond Extinction: Erasing Human Fear Responses
and Preventing the Return of Fear ». Nature Neuroscience, 03/2009 ; 12(3) (2009):
256-258.
129 Kleinknecht, R. A. « Rapid treatment of blood and injection phobias with eye movement
24(3): 211-217.
Enhancement ». The Journal of Neuroscience: The Official Journal of the Society for
140
131 Lansing, K. et al. « High-Resolution Brain SPECT Imaging and Eye Movement
132 Laplanche, J. et Pontalis J.-B. Vocabulaire de la psychanalyse. 5. ed. Paris: Pr. Univ. de
France, 2009.
135 LeDoux, J. E. « Emotion, Memory and the Brain ». Scientific American, 06/1994 ; 270(6):
50-57.
136 Lee, C. et al. « Treatment of PTSD: Stress Inoculation Training with Prolonged Exposure
08/2017
140 Lépine, J.-P. et al. « Prévalence et comorbidité des troubles psychiatriques dans la
141
141 « Les deux routes de la peur ». Le cerveau à tous les niveaux! (page consultée le 23 mars
http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_04/a_04_cr/a_04_cr_peu/a_04_cr_peu.html
after the 2002 Bali Terrorist Attack ». The American Journal of Clinical Hypnosis,
143 Levin, P., Lazrove, S. et Van der Kolk, B. « What Psychological Testing and Neuroimaging
159-172.
144 Levy, R. « Organisation fonctionnelle des lobes frontaux ». Annals of Physical and
phobias: Two case studies ». Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry,
148 Luborsky, L. et al. « Therapist Success and Its Determinants ». Archives of General
149 Marmion, J.-F. « “Comment j’ai découvert l’EMDR” - Entretien avec Francine Shapiro ». Le
142
151 Maxfield, L. « Considering Mechanisms of Action in EMDR ». Journal of EMDR Practice and
152 Maxfield, L. et Hyer, L. « The Relationship between Efficacy and Methodology in Studies
58.1: 23-41.
155 Mercer, S. W. et Reynolds, W. J. « Empathy and Quality of Care ». The British Journal of
General Practice: The Journal of the Royal College of General Practitioners, 10/2002 ;
52 Suppl : S9-12
398-402.
157 Müller, G. E. et Pilzecker, A. Experimentelle beiträge zur lehre vom gedächtniss. Leipzig:
158 Muris, P. et Merckelbach, H. « Treating spider phobics with eye movement desensitization
159 Murray, K. « Clinical Q&A: Container ». Journal of EMDR Practice and Research, 2011 ;
5(1): 29-32.
160 Nader, K., Schafe, G. E. et Le Doux, J. E. « Fear Memories Require Protein Synthesis in the
143
161 Nader, K. « Memory Traces Unbound ». Trends in Neurosciences, 02/2003 ; 26(2): 65-72.
165 Nieuwenhuis, S. et al. « Bilateral Saccadic Eye Movements and Tactile Stimulation, but
Not Auditory Stimulation, Enhance Memory Retrieval ». Brain and Cognition, 02/2013 ;
81(1): 52-56.
Changing the self: Philosophies, techniques, and experiences. Albany, NY, US: State
167 Norcross, John C., et Marvin R. Goldfried, éd. Handbook of psychotherapy integration.
168 Oh, D.- H. et Choi, J. « Changes in the Regional Cerebral Perfusion After Eye Movement
171 Organisation mondiale de la santé et Van Ommeren, M. Guidelines for the Management
144
172 Pagani, M. et al. « Effects of EMDR Psychotherapy on 99mTc-HMPAO Distribution in
173 Pagani, M. et al. « Neurobiological Correlates of EMDR Monitoring – An EEG Study ». PLoS
174 Perlman, S. E. et al. « Short-Term and Medium-Term Health Effects of 9/11 ». Lancet
therapies/Psychotherapies/Articles-et-Dossiers/La-Gestalt-therapie
177 Pitman, R. K. et al. « Emotional Processing during Eye Movement Desensitization and
178 Pitman, R. K. et al. « Pilot Study of Secondary Prevention of Posttraumatic Stress Disorder
179 Plihal, W. et Born, J. « Effects of Early and Late Nocturnal Sleep on Declarative and
180 Protopopescu, X. et al. « Differential Time Courses and Specificity of Amygdala Activity in
145
181 Przybyslawski, J., Roullet, P. et Sara, S. J. « Attenuation of Emotional and Nonemotional
Memories after Their Reactivation: Role of Beta Adrenergic Receptors ». The Journal
of Neuroscience: The Official Journal of the Society for Neuroscience, 08/1999 ; 19(15):
6623-6628. Print.
Scoring System for Sleep Stages of Human Subjects. United States: Bethesda, Md., U.
Network, 1968.
185 Reed, J. M., et Squire, L. R. « Retrograde Amnesia for Facts and Events: Findings from Four
New Cases ». The Journal of Neuroscience: The Official Journal of the Society for
363-370.
187 Richardson, J. T. E. « Developing the Theory of Working Memory ». Memory & Cognition,
146
189 Roozendaal, B., Barsegyan, A. et Lee, S. « Adrenal Stress Hormones, Amygdala Activation,
and Memory for Emotionally Arousing Experiences ». Progress in Brain Research, 2008
; 167: 79-97.
191 Roques, J. EMDR: Une révolution thérapeutique. Paris: Méridienne : Desclée de Brouwer,
2004.
192 Roques, J. Guérir avec l’EMDR: traitement, théorie, témoignages. Paris: Seuil, 2007.
194 Ross, R. J. et al. « Sleep Disturbance as the Hallmark of Posttraumatic Stress Disorder ».
195 Roth, A. et Fonagy, P. What Works for Whom? A Critical Review of Psychotherapy
196 Sabourin, M. E. et al. « EEG Correlates of Hypnotic Susceptibility and Hypnotic Trance:
125-142.
197 Sack, M., Lempa, W. et Lamprecht, F. « Study quality and effect-sizes - a metaanalysis of
198 Sack, M. et al. « Psychophysiological Changes During EMDR and Treatment Outcome ».
199 Salem, G. et Bonvin, E. Soigner par l’hypnose: approches théoriques et cliniques. Issy-les-
147
200 Sanderson, A. et Carpenter, R. « Eye movement desensitization versus image
therapies/Therapies-breves/Articles-et-Dossiers/La-PNL-ou-programmation-neuro-
linguistique
206 Servant, D. Les psychothérapies approche plurielle. Paris: Elsevier Masson, 2009.
207 Shapiro, F. « Eye Movement Desensitization: A New Treatment for Post-Traumatic Stress
211-217.
208 Shapiro, F. et al. Des yeux pour guérir: EMDR, la thérapie pour surmonter l’angoisse, le
148
209 Shapiro, F. « Efficacy of the Eye Movement Desensitization Procedure in the Treatment
210 Shapiro, F. Manuel d’EMDR: principes, protocoles, procédures. Paris: InterEditions, 2010.
212 Shin, L. M. et al. « A Functional Magnetic Resonance Imaging Study of Amygdala and
273-281.
213 Skinner, B. F. Science and human behavior. First Free Press Paperback edition. New York,
217 Sonnenberg, S. M. , Blank, A. S. et Talbott, J. A. The Trauma of War: Stress and Recovery
218 Spector, J. et Read, J. « The current status of eye movement desensitization and
149
220 Squire, L. R. et Alvarez, P. « Retrograde Amnesia and Memory Consolidation: A
169-177.
221 Squire, L. R. « Memory Systems of the Brain: A Brief History and Current Perspective ».
223 Sterpenich, V. et al. « The Locus Ceruleus Is Involved in the Successful Retrieval of
226 Stickgold, R. « Sleep-dependent memory processing and EMDR action ». Journal of EMDR
229 Tarquinio, C. et al. L’EMDR: préserver la santé et prendre en charge la maladie. Issy-les-
150
232 Tesarz, J. et al. « Effects of Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR)
Montréal, 2014.
234 Tulving, E. Elements of episodic memory. Oxford [Oxfordshire] : New York: Clarendon
236 Ursano, R. J. et al. « Practice Guideline for the Treatment of Patients with Acute Stress
237 Vaiva, G. et al. « Immediate Treatment with Propranolol Decreases Posttraumatic Stress
Disorder Two Months after Trauma ». Biological Psychiatry, 11/2003 ; 54(9): 947-949.
238 Van den Hout, M. A. et al. « Autobiographical Memories Become Less Vivid and Emotional
121-130.
239 Van den Hout, M. A. et al. « EMDR: Eye Movements Superior to Beeps in Taxing Working
240 Van der Hart, O. et Steele, K. « Time Distortions in Dissociative Identity Disorder: Janetian
151
241 Van der Kolk, B. A. et Van der Hart, O. « The intrusive past: The flexibility of memory and
242 Van der Kolk, B. A. et al. « A Randomized Clinical Trial of Eye Movement Desensitization
243 Van der Linden, M. « The Relationships between Working Memory and Long-Term
Memory ». Comptes rendus de l’Academie des sciences. Serie III, Sciences de la vie,
5(3): 126-144.
283-291.
246 Vermeiren, E. « Les évènements traumatogènes ». Stress et Trauma, 2009 ; 9(4): 214-217.
247 Villarreal, G. et al. « Reduced Area of the Corpus Callosum in Posttraumatic Stress
152
250 Walker, M. P. et Stickgold, R. « Sleep-Dependent Learning and Memory Consolidation ».
251 Wilson, D. L. et al. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing: Effectiveness and
253 Winnicott, D. W et al. Home Is Where We Start from: Essays by a Psychoanalyst. London:
Penguin, 1990.
255 Wolpe, J. The practice of behavior therapy. 4th ed. New York: Pergamon Press, 1990.
257 Woodward, S. H. et al. « Smaller Global and Regional Cortical Volume in Combat-Related
258 Yamasue, H. et al. « Voxel-Based Analysis of MRI Reveals Anterior Cingulate Gray-Matter
100(15): 9039-9043.
153
260 Yapko, M. D. Hypnosis and the Treatment of Depressions: Strategies for Change. New
154
ANNEXES
Annexe 1: DSM – GROSS STRESS REACTION – 326.3
Under conditions of great or unusual stress, a normal personality may utilize established
patterns of reaction to deal with overwhelming fear. The patterns of such reactions differ from
those of neurosis or psychosis chiefly with respect to clinical history, reversibility of reaction,
and its transient character. When promptly and adequately treated, the condition may clear
rapidly. It is also possible that the condition may progress to one of the neurotic reactions. If
the reaction persists, this term is to be regarded as a temporary diagnosis to be used only until
This diagnosis is justified only in situations in which the individual has been exposed to severe
(fire, earthquake, explosion, etc.). In many instances this diagnosis applies to previously more
The particular stress involved will be specified as (1) combat or (2) civilian catastrophe.
155
Annexe 2: DSM III – Diagnostic Criteria for Post-Traumatic Stress
Disorder, Acute (308.30), Chronic or Delayed (309.81)
almost everyone.
(1) recurrent and intrusive recollections of the event (2) recurrent dreams of the event (3)
sudden acting or feeling as if the traumatic event were reoccurring, because of an association
some time after the trauma, as shown by at least one of the following:
(1) markedly diminished interest in one or more significant activities (2) feeling of detachment
D. At least two of the following symptoms that were not present before the trauma:
(3) guilt about surviving when others have not, or about behavior
traumatic event
156
Post-traumatic Stress Disorder, Acute
A. Onset of symptoms within six months of the trauma. B. Duration of symptoms less than
six months.
(2) onset of symptoms at least six months after the trauma (delayed)
157
Annexe 3 : CIM 10 – État de Stress Post Traumatique – F 43.1
et qui provoquerait des symptômes évidents de détresse chez la plupart des individus. Des
facteurs prédisposant, tels que certains traits de personnalité (par exemple compulsive,
syndrome ou aggraver son évolution ; ces facteurs ne sont pas toutefois nécessaires ou
("flashbacks"), des rêves ou des cauchemars ; ils surviennent dans un contexte durable
varier de quelques semaines à quelques mois. L'évolution est fluctuante, mais se fait vers la
guérison dans la plupart des cas. Dans certains cas, le trouble peut présenter une évolution
personnalité (F62.0).
158
Annexe 4 : DSM V – TROUBLE STRESS POST TRAUMATIQUE – 309.81
d'un membre de la famille ou d'un ami, l'événement doit avoir été violent ou
accidentel.
B. Présence d'un (ou plusieurs) des symptômes intrusifs suivants associés à l'événement
traumatique. Note : Chez les enfants âgés de plus de 6 ans, il peut s'agir d'un
2. Rêves répétitifs pénibles dans lesquels le contenu et/ou l'affect sont liés à
159
3. Réactions dissociatives (flash-backs, par exemple) dans lesquelles l'individu se
jeu.
traumatique.
1. Évitement ou efforts pour éviter les souvenirs, les pensées ou les sentiments
l'événement traumatique.
160
1. Incapacité de se rappeler un aspect important de l'événement traumatique
autrui.
culpabilité ou honte).
significatives.
affectueux).
161
2. Comportement imprudent ou autodestructeur.
3. Hypervigilance.
5. Problèmes de concentration.
ou sommeil agité).
importants.
H. La perturbation n'est pas imputable aux effets physiologiques d'une substance (par
162
TITRE DE LA THESE : THERAPIE EMDR : MECANISMES D’ACTION ET THEORIES
charge du TSPT. Elle est aujourd’hui recommandée pour la prise en charge de ce trouble par
Santé. Si son efficacité est communément admise, ses mécanismes d’action restent méconnus
Après avoir abordé le cas de l’EMDR, son histoire, sa description et sa validité scientifique,
nous avons détaillé plusieurs de ces hypothèses, à savoir les similitudes avec les mouvements
Alliance thérapeutique