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Chapitre IV : La justice et le droit...........................................................................................................1
Préambule..............................................................................................................................................3
Introduction...........................................................................................................................................3
I.La recherche de la nature complexe de la justice : la question de ses fondements.............................3
1
A. La nature peut-elle être le critère de la justice ?............................................................................3
B. Aimons-nous la justice pour elle-même ?......................................................................................3
C. La justice comme valeur en soi :.....................................................................................................3
II. Le droit comme tentative problématique de traduction objective de la justice.................................3
A. La force et le droit..........................................................................................................................3
1.La force fait-elle le droit? Peut-on fonder la force sur le droit ?..................................................3
2. Le droit : expression de la force ?...............................................................................................3
B. Le droit dans son rapport science : la justice peut-elle devenir un objet scientifique ?.................3
1. Le droit constitutionnel objet de la science politique, éclairé par la philosophie politique :
Montesquieu et la séparation des pouvoirs...................................................................................3
2. Le droit comme auto-production de lui-même : Kelsen et le modèle néokantien de la
pyramide des normes.....................................................................................................................3
C. Peut-on juger le droit ?...................................................................................................................3
1.La querelle du droit naturel et du droit positif...........................................................................3
2.Ce qui est légal est-il nécessairement juste ?..............................................................................3
3.L’équité : un mécanisme correcteur de la justice légale..............................................................3
III. La justice comme finalité politique et sociale : l’injonction pratique d’une réconciliation du juste et
du légal...................................................................................................................................................3
A. Justice et égalité.............................................................................................................................3
1. Egalité, identité, différence : travail de distinction.....................................................................3
2. Inégalités naturelles et inégalités sociales :................................................................................3
3. Egalité arithmétique et égalité géométrique :............................................................................3
B. Les droits de l’homme et du citoyen :............................................................................................3
1. Quel est « l’homme » des « droits de l’homme » ?....................................................................3
2.Quels sont ces droits ?.................................................................................................................3
3. Critique des Droits de l’homme :................................................................................................3
Exemple de sujets-Bac :
« Le droit n’est-il que l’expression d’un rapport de force ? ». « Toutes les inégalités sont-elles
injustes ? ». « La loi est-elle toujours juste ? ».
« Nul ne doit se faire justice soi-même » # loi du Talion (lat. talis = pareil) (in Code
1
d’Hammourabi -1730, Babylone)
« Sed lex, dura lex » (la loi est dure, mais c’est la loi): sévérité de la loi en raison de sa visée
téléologique : l’ordre politico-social. Aspect objectif de la justice.
« C’est injuste » « ce n’est que justice » : expression d’un sentiment donc d’une subjectivité,
d’un affect qu poussé jusqu’au bout peut se traduire par un sentiment de vengeance.
« La raison du plus fort est toujours la meilleure» (Fable de La Fontaine Le loup et l 'agneau) :
tentative de rationalisation de la force
Définition vulgaire du Larousse : « principe moral qui exige le respect du droit et de l’équité
». Cette définition confond droit, justice, morale et éthique. Risque d’affaissement et
d’écroulement de la notion. Rend nécessaire une zététique et une exploration critique,
philosophique.
« La loi est faite par les faibles et le plus grand nombre.[…] Mais la nature elle-même nous
prouve qu’en bonne justice celui qui vaut plus doit l’emporter sur celui qui vaut moins, le
capable sur l’incapable. »
Points de vues et perspectives multiples sur la justice : risque de régression à l’infini dans la
recherche du fondement.
Le droit : désigne l’ensemble des lois qui régissent une société donnée. ( s.objectif)
L’ensemble des lois en vigueur, codifiées, constituent le droit positif mais le droit positif n’est
pas tout le droit.
Au droit positif s’ajoute le droit naturel, qui désigne l’ensemble des droits inhérents à la
personne, indépendamment de toute législation.
Ex. DDHC 1789 , le droit naturel renvoie au citoyen avec la propriété, la liberté, la sécurité
etc
Un droit : c’est ce qui est reconnu par la loi et que l’on peut exiger ( s.subjectif)
≠° entre :
_ les « droits de » ou « droits-liberté » ( DDH 1789) : il en résulte pour l’Etat une abstention,
savoir ne pas faire obstacle à l’exercice de ces droits, d’où un rapport d’indépendance du
citoyen.
D’où notre rapport ambigu, voire paradoxal à l’Etat : d’un côté on le rejette (droits-liberté)
alors que de l’autre on le demande (droits-créance conduisant à l’Etat-providence). Cet
aspect est déterminant car la justice sous son versant objectif (le droit) est une prérogative
régalienne de l’Etat.
Etymologie : lat. jus (droit) , dicere (dire) → judiciaire ( / langage- justice : performatif avec
la figure du juge) _ La justice : s1. désigne à la fois un ensemble de
La justice est comme Janus qui répond au concept de « passage » et il est généralement
honoré comme un dieu introducteur. Les deux épithètes cultuelles du dieu Patuleius (« celui
qui ouvre ») et Clusius (« celui qui ferme ») font de lui la « porte ouvrante » et la « porte
fermante » de la religion romaine. Par analogie l’injustice ouvre sur l’exigence d’un jugement
( cf. la forme judicaire du procès). D’où l’enjeu spéculatif : comment passer d’une exigence
de justice à la réalisation de la justice ? Pourquoi ce passage ? Et comment s’effectue-t-il ?
1
La justice a une seule tête mais deux visages : elle est à la fois et une valeur, une intuition (un
sentiment subjectif), et un fait objectif, une institution (incarnée et médiée, par le droit).
La nécessité de la loi :
Par contraste la justice comme institution pose une clarté qui permet d’asseoir sur une loi la
décision d’un juge.
Cependant ramener la justice au droit est-il suffisant pour rendre raison de ce sentiment
subjectif universel malgré sa diversité d’expression ?
L’enjeu : éviter que la réflexion de la justice ne devienne un lit de Procuste.
Procuste possède un autre surnom Damastès (« le dompteur »). Fils de Poséidon, il sévit le
long de la route qui va d'Athènes à Éleusis, où il offre l'hospitalité aux voyageurs qu'il capture
pour les torturer ainsi : il les attache sur un lit, où ils doivent tenir exactement ; s'ils sont trop
grands, il coupe les membres qui dépassent ; s'ils sont trop petits, il les étire jusqu'à ce qu'ils
atteignent la taille requise (d'où son surnom). Procuste est tué par Thésée, qui lui fait subir le
même sort.
Une convention : ce sur quoi l’on s’accorde ( produit de la volonté et de la raison) , ce qui est
par convention s ≠ à ce qui est par nature.
Pour les sophistes grecs ( Protagoras, Gorgias, Calliclès), la justice réelle, normative est celle
qui se vérifie dans la nature. Ils opposent en effet ce qui par nature ( physis) à ce que qui est
par convention ( nomos ).
Ce qui est par nature est invariant ( toujours le même) et universel (partout et pour tous le
même). Au contraire, ce qui est par convention se signale par sa variabilité dans le temps et
dans l’espace.
Thèse du texte : Calliclès montre que la loi est injuste en ce qu’elle met sur un pied d’égalité
(qui n’est pas identité) les forts et les faibles. Elle est donc injuste parce que contraire à la
nature. En effet, la nature inégalise les individus et admet pour loi, que le plus doit
l’emporter sur le moins.
Argumentation de Calliclès : la justice établie pour les hommes, est une ruse des faibles dont
le raisonnement serait :« n’ayant pas la force, utilisons la loi pour contraindre les forts ».
D’après Calliclès, c’est la force qui fait droit, de sorte que ce qui est, décide de ce qui doit
être. Si le fait décide du droit, alors c’est le droit de la force. L’expression « droit du plus fort
est alors, en apparence fondée. ( cf. infra, critique et démontage analytique rousseauiste).
En quoi ici la justice ne serait-elle dissemblable de la vengeance ?
Cela fait écho en économie à la doctrine ultra-libérale et à son slogan : « survivance du plus
apte » qui revendiquent la liberté de laisser opérer les lois du marché. (Selon Marie Cuillerai,
in La Communauté monétaire. Prolégomènes à une philosophie de l'argent, l'ultra-
libéralisme économique se fonde sur « l'absence de régulation économique de l'État ».
Critique : peut-on passer de l’analogie (au sens aristotélicien ie mathématique du terme) des
modèles du monde humain et du monde animal à une identification des deux règnes ? Ce
réductionnisme est-il effectivement justifié ?
Réponse : non car le modèle du règne animal et l’approche éthologique sont intransférables
à l’homme. 1
Orientation de la réflexion : la justice est aussi une valeur avec une signification purement
humaine. Quid de la valeur de la justice comme valeur, ie de la justice en soi?
Il faut donc convenir de ne plus commettre l’injustice pour ne pas avoir à la subir. C’est ainsi
que l’on pourrait expliquer la genèse de la justice comme institution.
La République de Platon s’interroge en son livre II sur l’essence (la nature) de la justice.
« Elle tient le milieu entre le plus grand bien: commettre impunément l’injustice et le plus
grand mal : la subir sans pouvoir se venger ».
Conclusion : la justice n’est pas aimée pour elle-même, mais par crainte de subir l’injustice et
par impuissance de commettre impunément l’injustice.
Si c’est l’intérêt parle, alors la justice n’est-elle pas que la crainte de subir l’injustice ? La
conscience n’est plus cette conseillère car non lucide. ( cf. la psychanalyse)
Même si sincérité, la conscience peut être victime d’où une analogie entre ce sentiment et
l’imagination comme maitresse d’erreur et de fausseté. (PASCAL, Pensée 82 B) qui serait
règle infaillible de la vérité si elle ne l’était du mensonge. D’où l’incertitude de ce sentiment
subjectif quant à un critère certain et clair de la justice.
La figure de Socrate tout en étant une figure limite ( celle du sage légaliste) peut servir de
viatique à cette interrogation.
Dans le dialogue du Criton (50 a-c) de Platon on voit comment Socrate, alors même qu’il a
la possibilité de s’exiler pour échapper à la sentence de mort qui le frappe, refuse de se
soustraire à sa peine. Il se soumet donc à sa sentence, en restant en Grèce, par pur respect
pour la loi (à comparer ultérieurement avec Antigone)
1
Extrait de texte :
SOCRATE.
« Et les lois que diront-elles? « Socrate, est-ce de cela que nous sommes convenus ensemble,
ou de te soumettre aux jugements rendus par la république? » Et si nous paraissions surpris
de ce langage, elles nous diraient peut-être : « Ne t'étonne pas, Socrate; mais répond-nous
puisque tu as coutume de procéder par questions et par réponses. Dis; quel sujet de plaintes
as-tu donc contre nous et la République, pour entreprendre de nous détruire? N'est-ce pas
nous à qui d'abord tu dois la vie? N'est-ce pas sous nos auspices que ton père prit pour
compagne celle qui t'a donné le jour? Parle; sont-ce les lois relatives aux mariages qui te
paraissent mauvaises? - Non pas, dirais-je. - Ou celles qui président à l'éducation, et suivant
lesquelles tu as été élevé toi-même? Ont-elles mal fait de prescrire à ton père de t'instruire
dans les exercices de l'esprit et dans ceux du corps? - Elles ont très bien fait. – Eh bien ! si tu
nous doit la naissance et l’éducation, peux-tu nier que tu sois notre enfant et notre serviteur,
toi et ceux dont tu descends? Et s’il en est ainsi, crois-tu avoir des droits égaux aux nôtres, et
qu'il te soit permis de nous rendre tout ce que nous pourrions te faire souffrir? Eh quoi! à
l'égard d'un père; où d'un maître si tu en avais un, tu n’aurais pas le droit de lui faire ce qu'il
te ferait; de lui tenir des discours offensants, s'il t'injuriait; de le frapper, s'il te frappait, ni
rien de semblable; et tu aurais ce droit envers les lois et la patrie ! et si nous avions prononcé
ta mort, croyant qu'elle est juste, tu entreprendrais de nous détruire! et, en agissant ainsi, tu
croiras bien faire, toi qui as réellement consacré ta vie à l'étude de la vertu! Ou ta sagesse
va-t-elle jusqu'à ne pas savoir que la patrie a plus droit à nos respects et à nos hommages,
qu'elle est et plus auguste et plus sainte devant les dieux et les hommes sages, qu'un père,
qu'une mère et tous les aïeux; qu'il faut respecter la patrie dans sa colère, avoir pour elle plus
de soumission et d'égards que pour un père, la ramener par la persuasion: Ou obéir à ses
ordres, souffrir, sans murmurer, tout ce qu'elle commande de souffrir! fût-ce ; d'être battu,
ou chargé, de chaînes; que, si elle nous envoie à la guerre pour y être blessés ou tués, il faut y
aller; que le devoir est là; et qu'il n'est permis ni de reculer, ni de lâcher pied, ni de quitter son
poste; que, sur le champ de bataille, et devant le tribunal : et partout, il faut faire ce que veut
la république, ou employer auprès d'elle les moyens de persuasion que la loi accorde ;
qu'enfin si c'est une impiété de faire violence à un père et à une mère c’en est une bien plus
Commentaire :
Problématique: la loi doit-elle être obéit seulement lorsqu’elle est juste, ou toujours parce
que c’est la loi ?
Réponse : Socrate use d’une prosopopée pour faire parler les lois Il est légaliste, ie il se
conforme à la loi parce que c’est la loi, et alors même que sa conscience réprouve cette
obéissance, il n’a pas de clause de conscience. 1
Son argumentation : il estime en effet que qu’il vaut mieux subir l’injustice, plutôt que de la
commettre. On pourrait dire de Socrate qu’il agit par amour de la justice, ie par passion du
bien. Cependant il consulte en fait sa conscience (en faisant parler les lois), on voit donc se
recouper le jugement de la conscience et l’exigence de la loi. On pourrait parler
d’autonomie. En effet il n’agit ni par intérêt, ni par crainte, ni sous l’effet de la contrainte (la
justice grecque prévoyant l’exil comme alternative à la condamnation à mort pour tout
citoyen de la cité).
Socrate s’estime débiteur, ie redevable de la cité puisque s’est établie par son simple séjour
dans la cité un contrat tacite (de nature synallagmatique).
Se pose alors la question de la justice comme émanation de la volonté dans son acte
législateur. Ceci repose la question de la justice sous un angle nouveau : celui de son
identification au droit.
A. La force et le droit
1. La force fait-elle le droit? Peut-on fonder la force sur le droit ?
Qu’est-ce le droit ? Sens juridique ( civil, pénal, constitutionnel,) cf. supra chapitre sur la
liberté)
Qu’est-ce que la force ? Sens physique (thermodynamique par exemple), moral, politique.
Quid des rapports entre la force et la loi ? Quid de la validité de l’expression « loi du plus fort
» ou encore « droit du plus fort » ?
« Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force
en droit, et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en
apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La
force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets.
Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c'est tout au plus un acte de
prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ? Supposons un moment ce prétendu droit. 1
Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable ; car, sitôt que c'est la force qui fait le
droit, l'effet change avec la cause : toute force qui surmonte la première succède à son droit.
Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement ; et, puisque le plus fort a
toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'on soit le plus fort. Or, qu'est-ce qu'un
droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par
devoir ; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de
droit n'ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout ».
Explication du texte à faire pour le 9 janvier 2014. (Analyse comparée avec la fable « Le loup
et de l’agneau » de La Fontaine)
Éléments d’analyse.
Il va monter dans ce texte une idée-force et c’est sa thèse : que parce que la force contraint
sans obliger (cette distinction forte, cf. supra chapitre sur la liberté) on ne peut fonder le
droit sur la force.
Mais alors pourquoi parler du droit du plus fort ? Genèse de cette conception, véritable
génération spontanée ?
D’après ce texte l’essence (au sens gr. d’ousia) de la force est définie.
La force désigne la capacité de contraindre au sens de faire céder l’autre ( sens physique).
Par prolongement de la force une contrainte désigne ce qui s’impose à moi contre ma
volonté.
La force ( l.1-2) est relative car elle peut toujours être comparée («assez ») dans le sens où la
force s’use à force de s’exercer. En conséquence, le plus fort n’a pas toujours tous les droits,
puisqu’il trouve toujours plus fort que soi.
Ainsi Rousseau met en évidence les faiblesses de la force ( l.15). La faiblesse de la force
réside dans le fait qu’elle contraint sans obliger. ( l.9, 22, 23). Ce n’est pas par devoir que l’on
En effet le devoir est une obligation morale à laquelle je me soumets volontairement, par
respect pour une valeur ( la justice, la vérité, le bien, la liberté etc). Or face à la force, il n’y a
pas de devoir d’obéissance mais bien un droit de désobéissance. Rousseau met en évidence
un droit de résistance à l’oppression : c’est le concept de désobéissance légitime face à la
force.
Pour Calliclès, les lois sont faites pour les faibles, mais on pourrait affirmer aussi bien que les
lois sont faites par les forts pour conserver le pouvoir et pérenniser ( ie installer dans la
durée) leur domination.
Ex. ainsi les lois de l’Apartheid en Afrique du sud ont permis à une minorité
économiquement et politiquement dominante, d’asseoir sa domination. En conséquence, la
loi apparaît comme une ruse de la force dont le raisonnement serait :
En effet, tout pouvoir s’efforce de faire oublier son origine violente, et le moyen est de faire
des lois ( c’est l’habillage juridique de la force). Ainsi Thrasymaque déclare dans La
République I , 338,C-D de Platon:
« Ce que la classe dominante présente comme légitime n’est le plus souvent que l’expression
de son intérêt, travestie en intérêt général ».
Ainsi la domination d’une classe s’appuie sur l’illusion qu’elle représente pour la société
toute entière.
D’où le prolongement avec Marx dans saContribution critique à l’économie politique (cf. infra
chapitre sur l’Etat) et le concept de lutte des classes comme moteur de l’histoire.
Une classe : ce qui résulte de la division du travail .D’un côté ceux qui conçoivent, de l’autre
ceux qui exécutent.
Pour Marx , la classe dominante est celle qui détient les moyens de production.
Pour autant que peut le droit sans la force ? Le droit est exigible par la force d’où la nécessité
d’une force publique (article 12 de la DDHC).
1
« La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force
est donc instituée (soumise au droit) pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière
de ceux auquel elle est confiée ».
Sans la force le droit est sans effet. A partir du moment où la loi se fait contraignante, ne
pourrait-on dire du droit qu’il ne fait que reproduire la violence qu’il réprime ?
« En effet, chaque individu peut, comme homme, avoir une volonté particulière contraire ou
dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen ; son intérêt particulier peut lui
parler tout autrement que l'intérêt commun ; son existence absolue, et naturellement
indépendante, peut lui faire envisager ce qu'il doit à la cause commune comme une
contribution gratuite, dont la perte sera moins nuisible aux autres que le payement ne sera
onéreux pour lui ; et regardant la personne morale qui constitue l'État comme un être de
raison, parce que ce n'est pas un homme, il jouirait des droits du citoyen sans vouloir remplir
les devoirs du sujet ; injustice dont le progrès causerait la ruine du corps politique. Afin donc
que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement,
qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté
générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le
forcera à être libre, car telle est la condition qui, donnant chaque citoyen à la patrie, le
garantit de toute dépendance personnelle, condition qui fait l'artifice et le Jeu de la machine
politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels, sans cela, seraient
absurdes, tyranniques, et sujets aux plus énormes abus . »
Par son argumentation ce texte fonde le droit politique de punir parie constitutive de la
1
justice politique et individuelle. Mais qu’en est-il alors de de connaissance du droit. Est-il un
objet de science politique ou possède-t-il une autonomie juridique ?. Autrement dit, une
science du droit est-elle concevable ?
« Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou
du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire la loi, celui d’exécuter les résolutions
publiques et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers. » Montesquieu, De
l'esprit des lois » - Livre XI, chapitre 6 , (1748)
La hiérarchie des normes : le modèle de la pyramide des normes par KELSEN in Théorie pure
du droit ( 1934)
Sur le plan interne : la souveraineté dans l'État n'est limitée que par l'État de droit (ensemble
des règles que se fixe au préalable l'État pour fonctionner). Cela signifie que l'État est libre
d'édicter toutes les normes juridiques qu'il souhaite à condition de respecter la « règle du
jeu » qu'est l'État de droit. Cela signifie que l'État va se soumettre au droit : il va donc
respecter les principes posés à l'avance par le droit.
Hans Kelsen a théorisé cette notion d'État de droit. Il existe pour lui une norme suprême
accessible par ce qu'il appelle la raison pure, c'est-à-dire raison débarrassée de toute
influence extérieure (norme X, inaccessible au commun des mortels). De cette norme X va
découler la constitution. Celle-ci fixe le cadre des institutions et elle contient les droits et les
devoirs préétablis. En-dessous de la constitution, on va trouver la loi ; en dessous de la loi le
règlement ; en dessous du règlement la mesure individuelle. C'est la pyramide ou hiérarchie
des normes. L'idée de Kelsen est que toute norme doit être conforme à la norme qui lui est
immédiatement supérieure. Cela signifie que la loi devra être conforme à la constitution, que
le règlement doit être conforme à la constitution, etc. exemple : dans l'article 14 de la
Constitution de la IV° république, l'assemblée nationale vote seule la loi et ne peut déléguer
ce droit, mais dès 1946, ces lois sont non conformes donc interdites. Kelsen a donc imaginé
qu'il serait nécessaire qu'un tribunal (le Conseil constitutionnel) intervienne pour vérifier la
conformité des normes inférieures par rapport aux normes supérieures (contrôle de
supériorité).
Pour autant peut-on opérer comme le fait le positivisme juridique une réduction de la justice
au droit et du droit positif conduisant une justice constitutionnelle ? C. Rapport entre justice
et égalité :
Le droit naturel invoque le droit selon la conscience supposée commune à tous les hommes.
Il affirme la validité de normes immuables et universelles, autrement dit : le droit naturel est
indépendant de l’espace et du temps. Droit naturel : droit à la vie, résistance à l’oppression,
droit de propriété (inviolable au même titre que le corps), donc de l’expérience.
Droit positif : désigne l’ensemble des lois en vigueur dans une société donnée, c’est lui qui
définit la justice légale.
1
La tragédie comme support de la rationalité : l’Antigone de Sophocle ( Ve siècle avt-J-C) :
Antigone, la soeur d’Etéocle et de Polynice, mort en s’affrontant, va enterrer Polynice
( traître ayant combattu contre sa propre cité) malgré l’interdit du roi Créon, son oncle qui
interdit toute sépulture.
Antigone représente alors le refus légitime de la légalité politique. En effet on voit s’opposer:
_ la justice selon la loi ( figure de Créon) :droit de la cité, droits des hommes
Le droit naturel va permettre de juger le droit positif en ce qu’il est placé au-dessus de lui.
Justice
La tradition : ce qui est hérité du passé, ce qui se transmet et qui se reprend. Ce qui dure, qui
est permanent, acquière de la légitimité par sa seule permanence dans le temps. La durée
est le facteur de légitimité.
La loi peut-être injuste par son implication, son contenu, lorsqu’elle est restrictive des
libertés. (ex. lois oppressives)
Ce qui est prescrit par la loi est légal, mais tout ce qui légal, n’est pas nécessairement juste
ou légitime.(intégrer le cours de logique propositionnelle : implication et contraposition.)
Sur le plan de la légalité c’est la forme du syllogistique qui l’emporte (raisonnement juridique
par excellence . Cependant la nature de la loi ( abstraite , générale et impersonnelle) n’est-
elle pas potentiellement à l’origine de l’injustice en ce qu’elle biffe les situation particulière
et par suite l’individu ? Paradoxe : l’égalité comme fondement de la légalité peut être à
l’origine d’injustice. (la biffure du particulier). Peut-on échapper à cet écueil qui affecte la
loi ?
A travers un correctif ? C’est l’enjeu d’une justice légale légitime (et non seulement
mécanique). Le concept de légitimité ¬ les notions de : justice, droit, conscience, pouvoir et
d’Etat.
« Ce qui est équitable, sans être juste conformément à la loi , c’est une amélioration de ce
qui est juste selon la loi ». L’équité vise à améliorer le droit, à suppléer les silences de la loi et
humaniser la loi.
Propriétés de loi :
_ impersonnalité : la même pour tous
_ généralité : englobe tous les cas possibles
_ permanence: d’où un décalage par rapport aux faits
Or chaque individu est unique de par son patrimoine génétique : concept biologique de
diversité qui rend unique chacun de nous.
Ex. 1 Kg de plume et 1 Kg de plomb sont égaux dans leur poids mais sont différentes
matières
Donc a contrario être égal, ce n’est pas être nécessairement être identique.
Thèse du sens commun : on pourrait justifier des inégalités de droits à partir de différences
naturelles. ( position de Calliclès) . Ainsi le droit au travail pour les femmes affirme le
passage de l’ordre domestique à l’ordre économique des échanges.
L’égalité de droit peut s’imposer entre des individus différents ( ex. les hommes, les
femmes), de sorte que le contraire de l’égalité n’est pas la différence mais l’inégalité.
C’est parce qu’il y a des individus non identiques que l’on a inventé le mot égalité.
L’égalité concerne des grandeurs indénombrables, des quantités. C’est le rapport entre des
grandeurs telles qu’elles peuvent être substituées l’une à l’autre. Ex. en géométrie : 2
segments égaux
M.BOUKLILA, Lycée J.J.Rousseau, PHILOSOPHIE, « La justice et le droit », TES, 2013
Objection : mais si l’égalité concerne des grandeurs indénombrables, comment mesurer la
valeur des personnes afin d’établir une juste répartition des biens et des honneurs ?
Tension car l’égalité affirme une grandeur, quantité de même valeur, une ≡
« Ce qui est égal, est un intermédiaire entre le plus et le moins, une juste moyenne »
« Egal » comme adjectif ne s’emploie pas seul, il doit être complété Ex. Egal devant la mort,
1
ou en égalité en droit etc
Oui pour Aristote qui va établir sa thèse dans La politique , I, 5 dans un texte qu’il intitule :
« L’esclave est apte à être la chose d’un autre ».
Dans ce texte Aristote montre comment les différences de nature entre individus, justifient
des inégalités de conditions, puisque la nature désigne les uns comme esclaves, les autres
comme hommes libres (liberté du travail).
Pour Aristote la nature est une norme ( cf. les Sophistes, Calliclès), ie que les inégalités justes
sont celles qui sont fondées en nature.
Objection : au contraire Rousseau affirme qu’on ne peut fonder aucune inégalité de droit,
sur des différences en nature.
Entre deux individus : celui qui n’a pas trop et celui qui a moins mais pas assez, entre les
deux se situe un intermédiaire qu’on nomme l’égalité.
« Si les personnes ne sont pas égales, elles n’obtiendront pas dans la façon dont elles seront
traitées, l’égalité ».
1
A cette égalité proportionnelle correspond la justice distributive : ce qui répartis les
honneurs et les charges (les fonctions, les honneurs, les richesses), en fonction de la valeur
et des mérites de chacun. C’est une justice qui tient compte de la valeur des individus.
Conclusion : ce qui est égal n’est pas nécessairement juste. En effet, il est injuste d’attribuer
des parts égales à ceux qui sont inégaux selon le mérite et par leur besoin ( un enfant de
5ans et un adolescent de 15 ans). Ce qui est inégal peut être juste lorsqu’on retient la
proportion. Ainsi il est juste d’attribuer des parts inégales à ceux qui sont inégaux par leur
mérite, leur besoin, leur travail. Néanmoins comment mesurer la valeur d’un individu ?
Mais la question porte ici moins sur le droit que sont destinataire : quel est l’homme des
droits de l’homme ?
C’est tout homme du seul fait qu’il appartienne à l’espèce humaine et quelles que soient sa
religion, son ethnie ou encore son origine géographique. Référence à l’article 2 DDHC : le
concept d’homme est ici pris dans sa plus grande extension : en effet « Déclaration
universelle » signifie valable pour tout homme quelle que soit sa condition. Ce concept
d’homme est une mise à distance de la nature en ce qu’elle différencie les hommes. Ce
Objection : comment des droits datés, ie inscrit dans l’expérience ie dans le temps
(historiquement, une époque : le XVIIIe) et situés spatialement (géographiquement :
l’Occident), pourraient-ils s’imposer à tous ?
Le citoyen se définit par sa participation directe ou indirecte aux affaires de la cité ; ses droits
sont des pouvoirs (de participation). A contraire les droits de l’homme sont des libertés qui
visent essentiellement à se soustraire à l’emprise de l’Etat.
Les DH sont des droits de résistance ( à l’oppression), alors que les droits du citoyen sont des
droits de participation à la formation de la loi (art. 6 DDHC).
Dans la cité grecque l’homme est absorbé par le citoyen. Au contraire pour nous l’homme
n’est qu’occasionnellement citoyen.
On peut dire que si le citoyen lèse l’homme (en ce qu’il l’absorbe), l’homme lèse le citoyen.
L’individualisme : l’homme sans le citoyen (il y a seulement une sphère privée), cf. infra
chapitre VI : L’Etat et l’analyse de Tocqueville)
On observe une opposition entre les articles 2 et 3 de la DDHC car on reconnait à l’homme le
droit de résistance à l’oppression que l’on dénie au citoyen.
« droits naturels » : qui appartiennent à la nature même de l’homme et qui définissent son
humanité
« droits inaliénables » : que l’on ne peut céder, en échange d’autre chose ; dont on ne peut
être dépossédé.
« droits sacrés » :
1. les droits-résistance ou droit de ( s’exprimer, aller et venir, manifester) issus de 1789; ils
visent à limiter l’emprise de l’Etat sur l’individu
Paradoxe : comment l’Etat peut-il reconnaitre des droits sensés limiter son action?
2. les droits- exigence ou droits à ( travail, santé, éducation) issus de 1948; ils sont exigible
1
de l’Etat car ce sont des droits-créance
Paradoxe : ces droits ne font qu’accroître le pouvoir de l’Etat qui s’enrichie de ce qu’il
prodigue.
1. Des droits formels : des droits reconnus sans être garanties ( ex. qu’est-ce que le droit de
propriété pour le SDF ? le droit au travail pour le chômeur en fin de droits ?). Donc on peut
avoir le droit sans avoir la possibilité de. ( ex. art. 23 de la DUDH : le droit au travail pour
tous).
2. Des droits incompatibles : il peut y avoir ce que les juristes appellent un conflit de normes.
Ex. de l’article 2 où la sureté peut restreindre la liberté en ce qu’elle exige des surveillances
accrues.
3. Des droits égoïstes : pour Marx , les D.H sont ceux de la société bourgeoise qui font de
l’homme un individu isolé des autres hommes. Ces droits sont ceux de « l’individu séparé de
la communauté » ( La question juive) replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son
intérêt personnel (objection smithienne hégélienne et in Principes de la Philosophie du droit
« système des besoins »).
4. Des droits universels ? Ces D.H sont d’inspiration chrétienne par la valeur qui est attribuée
à la personne.
Objection : puisque des droits ne relèvent pas d’une histoire commune de l’humanité, de
quel droit les imposer ?
En effet, imposer ces droits relève de l’ethnocentrisme qui consiste à juger et à évaluer les
autres cultures en fonction de la culture à laquelle j’appartiens.
M.BOUKLILA, Lycée J.J.Rousseau, PHILOSOPHIE, « La justice et le droit », TES, 2013
Réponse : réhabilitation des D.H comme idéal régulateur au sens kantien.
Bentham mais aussi J-S Mill considèrent que l'humanité a pour finalité le bonheur,
que chacun cherche à se procurer ce qui lui est utile et à éviter ce qui lui est nuisible. De la
même manière, le but de l'État est de chercher le bien-être collectif, considéré comme la
somme de l'utilité des individus. Il s'agit d'obtenir le maximum de satisfaction pour le plus
grand nombre. Or cette thèse pose problème. Considérons pour le comprendre la situation
suivante : il faut organiser une lutte collective contre une maladie mortelle très contagieuse.
Or, pour fabriquer le sérum nécessaire à la protection générale il faut sacrifier deux victimes
choisies au hasard. Selon le critère utilitariste nous sommes confrontés au choix suivant : soit
tous meurent, soit deux seulement meurent et les autres survivent. Il faut donc préférer la
seconde solution. L'utilitarisme va même plus loin : ceux qu'on sacrifiera seront les deux
personnes les moins utiles à la société. Or, ici, c'est la conscience morale qui est choquée
et ,en particulier, les principes kantiens. Chez Kant, en effet, deux raisons au moins doivent
nous interdire un tel choix. Il convient de qualifier cette position inverse à l’utilitarisme, de
déontologique, (cf. supra, doctrines et tension que nous avons analysées dans le chapitre
consacré au devoir).
Faut-il alors néanmoins sacrifier toute la population parce que la morale interdit le sacrifice
de deux d'entre nous ?
Sous le voile d'ignorance on ne sait, ni si on fait partie de ceux qui sont immunisés, ni si on
fait partie de ceux qui mourront dans les travaux. Tout ce que l'on sait c'est que si on
n'assèche pas on a trois chances sur cinquante de survivre (parce qu'on fera partie des
immunisés) alors que si on assèche la probabilité monte à quarante-huit sur cinquante. Nul
doute que, sous le voile d'ignorance, on votera unanimement l'assèchement.
La notion d'optimum de Pareto permet de diviser en deux l'ensemble des états possibles de
la société. On peut ainsi distinguer :
Avant Nash, la détermination de situation stable n'avait pas de méthode formelle, même si
l'existence d'équilibres pour les jeux à somme nulle et à deux joueurs était connue depuis
1926 via le Théorème du minimax de Von Neuman.
Maintenant, si vous persistez à nier, vous serez tous les deux condamnés à 1 an de prison
(bénéficiant ainsi de la clémence du jury en raison d’insuffisance de preuves).Ce « jeu » peut
être représenté par le tableau suivant.
(Précision: bien entendu, l’objectif de chaque prisonnier est de minimiser le nombre
d’années.)
Clyde
Avoue (A) Nie (N)
3 ans de prisonBonnie : 0 an (libre)
Avoue (A)
chacun Clyde : 5 ans
Bonnie
Bonnie : 5 ans1 an de prison
Nie (N)
Clyde : 0 an (libre) chacun
Explication :
Bonnie est condamnée à 5 ans de prison si elle nie, mais réduit sa peine à 3 ans si elle avoue
également. Le jeu étant parfaitement symétrique, le même raisonnement vaut pour l’autre
prisonnier. Au total, quel que soit le choix de son complice, chaque prisonnier a toujours
intérêt à avouer. Ainsi, la solution logique du jeu (le seul « équilibre de Nash », dans le jargon
1
de la théorie des jeux) est que chaque prisonnier avoue, chacun étant alors condamné à 3
ans de prison, alors qu’en « coopérant », c’est-à-dire en niant tous les deux, ils auraient
écopé chacun d’une seule année d’emprisonnement. La justice sociale se caractérise par une
structuration coopérative. Le dilemme du prisonnier illustre le conflit entre les incitations
sociales à coopérer et les incitations privées à ne pas le faire : chaque prisonnier fait face à
un dilemme entre sa rationalité individuelle qui lui dicte d’avouer et de dénoncer son
complice et sa rationalité collective qui lui dicte de se taire.
_Anecdote
Dans « Un homme d'exception » (A Beautiful Mind), film réalisé en 2001 par Ron Howard
adapté de la biographie de John Forbes Nash, la découverte de cet équilibre est mise en
scène par une stratégie de séduction. Quatre camarades de Nash souhaitent séduire une fille
parmi les 5 présentes.
Nash leur explique que s'ils suivent individuellement leur intérêt, ils tenteront tous les 4 de
séduire la plus belle. Ils vont alors se court-circuiter et essaieront, par la suite, de se reporter
sur l'une des quatre restantes. Mais « personne n'aime être un second choix », leur stratégie
est donc vouée à l'échec.
La meilleure stratégie serait donc de s'entendre pour séduire chacun l'une des quatre autres
filles évitant, de ce fait, tout court-circuit. Ils augmenteront ainsi considérablement leurs
chances de succès. Nash en déduit que la théorie de la main invisible de Smith est lacunaire.
Ce à quoi ses camarades rétorquent qu'il ne s'agit là que d'une stratégie destinée à lui
permettre de séduire la plus belle.
Via le détour du formalisme rawlsien (principes issus de l’économie et de la théorie des jeux)
nous pouvons mieux comprendre la thèse de Rawls.
Selon Rawls tous les citoyens dans cette situation vont s'accorder sur deux principes :
1. Selon le premier principe (principe d'égale liberté), "chaque personne doit avoir un droit
égal au système total le plus étendu de liberté de base égale pour tous, compatible avec un
même système pour tous". Cela signifie que chacun aura les mêmes droits et devoirs de
base. Chacun souhaite les mêmes droits fondamentaux : liberté de circulation, d'expression,
de réunion, de propriété etc. "Les libertés de base ne peuvent être limitées qu'au nom de la 1
liberté". La liberté est inaliénable et, ici, Rawls se révèle libéral et proche de la philosophie
des Lumières.
1. attachées à des fonctions, des emplois accessibles à tous, dans des conditions impartiales
d'égalité des chances (principe d'égalité des chances). Cela suppose que la société doit
atténuer au maximum les éventuelles différences naturelles.
2. pour le plus grand profit des plus désavantagés (principe de différence) car la société doit
être une entreprise de coopération et non de compétition (modèle du principe de Pareto).
Ces principes sont hiérarchisés : le principe d'égale liberté est prioritaire sur les deux autres
et le principe d'égalité des chances est prioritaire sur le principe de différence. Une société
juste n'est donc pas égalitaire mais c'est une société équitable où les positions donnant le
plus d'avantages sont accessibles à tous et où les avantages obtenus par certains profitent
aussi aux laissés pour compte. Par exemple si certains sont assez riches pour acquérir des
œuvres d'art ils les placeront néanmoins dans des musées où les plus pauvres pourront les
admirer.
Les inégalités ne profitant pas à tous sont injustes. L'idéal rawlsien est un idéal
démocratique. Rawls pense qu'il est possible d'étendre à la société des nations les
hypothèses élaborées. Il réalise et donne sens à ce qui vous paraissez être un oxymore au
départ, à savoir : l’égalitarisme libéral.
Précision : La théorie de la justice de Rawls arrive à un tel résultat, en vertu de son emprunt
philosophique à Aristote (sur l’égalité), à Rousseau (l’hypothèse du voile d’ignorance) et à
Kant (la structure universel du devoir et le concept de personne que nous verrons dans le
chapitre sur le devoir). Sans oublier l’économie avec Pareto.
CONCLUSION
M.B