Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Summary
Information and regulation in the Senegalese vegetable commodity chain
The ho rticultu ra l secto r faces stro ng market instability, vegetables be ing highl y seasonal
and perishable. In Senega l, market ga rde ning has been g rowing fast o ver the past decade.
This growth has been stimu lated by a grow ing urban po pulatio n, the deva luation of the
CFA Franc and the crisis of the rice secto r in the Senegal river valley - which pr mpted
rice producers to diversify their cro ps. However, farm e rs face high marketing risks :
during the ha rvesting season, prices colla pse due to the massive e ntrance of prod ucts o n
the market. In such a context, it is ve ry difficult to anricipate the level of prices and sho rt
term flu ctuatio ns. This places fa rme rs in a position of wea kne s rega rding inte rmed ia ries.
Aimed at public and private sector actors, several devices (e.g . radio broadcasting) were
set up so as to improve the dissemination of informatio n and to increase market
transpare ncy. Tn 2002, a priva te company (M a nobi) imple me nted a system based o n new
info rmatio n techno logies that provides vegetable growers and fi she ries with fa st access to
market information . Various economic theories justify the broa clcasting of market informa-
tion . However, market informatio n syste ms (MIS) raise several pro blems. Severa! studies
show a gap betwee n the craze for these devices and the results effectively o btained . While
some autho rs a rg ue chat such fa ilures are re lated to technica l wea kness of l\lIISs, others
unde rline the limits of an action limited to info rmation broadcasting. To overcome d1is
problem, o ne suggestio n is to support existing dissemination related to traditio nal market
institutio ns, rathe r than crea te exogeno us systems. ln this pape r, we uy to de termine the
impact of M!Ss on the o rga ni zatio n of the vegetable commodi ty chain. Va rio us fo rms of
coordinatio n a re used by d1e acto rs to manage uncerta in ty. Coxers are specialized in
gathering info rmatio n re lated to rura l a nd urban wholesa le marke ts a nd for transpo rt
lîrés à part : 1. W ade negotiation . Paid by the unit, they li mit d1e ir own risk and the ir parmers' uncertainty. In
L
e secte ur horticole au Sénégal a acteurs des filiè res à adopter des formes En outre, la périssabilité des produits
connu un développement rapide d'organisation spécifiques. De leur côté, maraîchers rend leur qualité instable clans
durant ces dernières années. La les politiques publiques ont proposé des le temps. De ce fait, les transactions doi-
production des principales spéculations structures d'appui à la circulation de l'in- vent être étroitement coordonnées sous
maraîchères e t passée de 150 000 tonnes formation avec la mi e en place de systè- peine de dévalorisation des produits ou
en 1992 à 257 000 tonnes en 2001 [1], soit mes d'information sur les marchés (SIM). de désorganisation des activités. Cette
un taux de croissance de plu de 5,5 % Quel impact ces dispositifs extérieurs au coordination nécessite une bonne infor-
par an. Cette évolution s'est déroulée marché, peuvent-ils avoir sur l'organisa- mation à chaqu e nivea u de la filière avec,
clans un environnement marqué notam- tion de la filière ? La qu estion est d'autant en bout de chaîne, une information sur
ment par l'augmentation de la demande plus intéressante au Sénégal, qu 'à côté l'évolu tion du niveau d'approvisionne-
due à l'urbanisation et par Ja dévaluation des SIM publics du type de ceux que l'on ment des marchés de gros et de la de-
du franc CFA qui a rendu la production retrouve clans de nombreux pays et filiè- mande des consonunateurs. Cette infor-
locale plu amactive. res, un di positif privé innovant (Manobi) mation fait défaut le plus souvent aux
La production horticole provient essen- a récerrrn1ent vu le jour. producteurs au moment de la commercia-
tiellement de deux zones : les Niayes et la lisation, à la différence des intermédiai-
vallée du fleuve Sénégal. La zone dite des res.
iayes concerne une bande littorale qui En effet, ces derniers font certes face à des
s'étend de la banlieue de Dakar ju qu 'à Une forte incertitude risques liés aux aléas de l'offre (fonction
celle de Sa int-Louis au nord. Elle consti- d'une production dispersée et irrégu-
tue un espace privilégié pour le maraî- dans la commercialisation lière) , au manque d'information sur la
chage qui s'y développe clans des cuvet- disponibilité des produits, aux insuffisan-
tes interclunaires. Dans la vallée du fl euve des produits maraîchers ces de l'offre de u·ansport, à son irrégula-
Sénégal, les culture horticoles se sont
rité, à la conjoncn1re du marché (concur-
développées plus récemment, suite à la
rence permanente de nouveaux arrivants,
faible rentabilité du riz et à ses difficultés Les producteurs font face à une fo rte flu cn1ations des prix et de la demande
d'écoulement. Elles occupent 20 à 34 % incertitude sur la quantité qui sera pré-
des surfaces irriguées cultivées pour la sous l'effet des différents facteurs non
sente sur le marché du fait d'une absence prévisibles), mais ils disposent d'une
période 1997-1998 à 2000-2001 et jouent d'information sur la production clans les
un rôle central clans les revenus monétai- meilleure information que le producteur
auu·es zones. On constate d'une campa-
res des exploitations de la moyenne val- sur l'évolution des situations de marché
gne à l'auu·e que la capacité à redéployer
lée [2] . du fait de leur mobilité le long de la
les terres agricoles tend à provoquer un
Les villes constituent les plus gros centres déséquilibre, les agriculteurs ayant ten- filiè re ; d'où une asyméu·ie de répartition
de consonunation de légumes. Quarante- dance à s'orienter vers les productions de l'information. Comme le souligne
cinq pour cent de la production i sue de qui se ont révélées rentable la saison Bredeloup [4] : " Il ne suffit pas d'être
ces zones vient, en priorité, alimenter la précédente. C'est ainsi que l'on assiste présent clans la chaîne de distribution
région de Dakar [3]. Cette particularité pendant la saison maraîchère à une fo11e pour avoir une connaissance précise et
s'ajoute aux caractéristiques propres aux chute des prix suite à l'arrivée massive de acn1alisée de la sin1ation. Chaque maillon
cultures horticoles en général et légumiè- production sur Je marché (figure 1). Le détient une information partielle. De fa-
res en particulier, qui sont la forte saison- déficit d'information entraîne don c une çon à maîtriser l'information, il convient
nalité, la péris abilité des produits et les incertitude sur J'offre. de se dé placer physiquement tout au long
risques qui en découlent. Dans un tel Cette dernière se couple à une instabilité du circuit ou bien d'avoir intégré dans
contexte, l'accès à l'information sur le de la de mande (notamment au moment son organisation des agents spécialisés. ,
niveau d'ap provisionnement et les prix des grandes fêtes religieuses qui indui- Cette asymétrie informationnelle incite
prévalant clans les zones de collecte et le sent u·è ponctuellement une forte de- fortement les intermédiaires à en profiter
marchés d'écouleme nt est déterminant mande) d'où une grande variabilité au pour améliorer leur pouvoir de négocia-
pour réduire les risques. Cela pous e les niveau des prix du marché. tion.
Figure 1. Flu ctu ation s quotidiennes et interannuelles des prix des légumes à Dakar.
comportement des acteurs clu marché. correspondant pas aux besoins de ac- de fid élisa tion et de transactions liées, la
Une importante étude de la FAO , en 1996, teurs. Mais en dépit de ce constat, ces diffusio n d'informati o n par les SIM sem-
portant sur 120 SIM dans les pays en aute urs restent favo rables à la mise en ble inadaptée. C'est pour cela qu 'ils pré-
dévelo ppement (PED) a mo ntré que seuls place des SIM. conisent un " système à géométrie va ria-
53 d'entre eux remplissaient les critères En rupture avec cene position , d'autres ble " défini en fo nction des besoins
minima de fonctio nnement3. Et elo n les auteurs se sont interrogé sur le principe spécifiques du marché en question . Pour
renseignements recueillis, l'efficacité de même de l'utilité des SIM en soulignant le Ra bbins, la fo rme la plu appro priée po ur
ces SIM est contestée [5]. En appliquant peu d'impact qu 'ils peuvent avoir. Dans un SIM dé pend des besoins et des cir-
comme critère de performance, la perti- constances incluant la ca pacité d'organi-
une étude portant sur les SIM publics
nence de l'information, sa fi abilité et sa satio n des acte urs [11]. Ga ltier et Egg
horticoles, Bowbrick a conclu qu 'aucun
disponibilité au moment oppo,tun, Schu- proposent d'appréhender les SIM comme
de ces derniers ne peut êu·e efficace vu
bert avait déjà trouvé que peu de SIM des systèmes de communication qu 'il fa ut
que l'info rmation qu 'ils difh1sent ne peut
remplissaient ces conditions [8]. Il attri- rendre auss i complémentaires qu e possi-
êu·e utilisée par les groupes cibles car elle
buait ces faiblesses à la conception même ble des systèmes de conununica tion issu
est biaisée (erre urs clans la collecte et/ ou
de ces SIM qui re lèvent des services du des institutions de marché existantes [1 2].
mini tère de ]'Agriculture ou d'offi ces pu- la présentation des données) et n'est pas
disponible au mo ment opportun [9]. La De ce fa it, la conceptio n d'un SIM devrait
blics qui les considèrent plutôt comme reposer sur un diagnostic préa lable des
des organes administratifs et de contrôle solution pour lui est la mise en place de
SIM privés compatibles avec les systèmes faiblesses de la diffüsion spontanée de
que conune des institutions deva nt fo ur- l'information au sein du ma rché par le jeu
nir des services de marché. Po ur She- m.is en place par les producteurs, les
distribu te urs et les coopératives . Galtier des échanges.
phercl [5], les causes de l'échec des SIM
sont à chercher clans les faiblesses techni- et Egg [6] soulignent aussi les lim.ites C'est la raison pour laque lle une descrip-
qu es des dispositifs qui aboutissent à d'une action reposant sur la diffusion tio n et une explication des modes de
produire une information peu fi able, trop d'information. Ils notent que la notion coordinatio n mis en place par les acteurs
tardi ve, insuffisamment diffusée o u ne cl 'arbiu·age n'est po ible q ue lorsque le pour réduire l'incertitude à laquelle ils
acte urs sont libres d'opérer des choix doivent fa ire face s'avèrent nécessa ires
entre différentes alternatives. Mais lors- avant d'étudier l'impact des SIM sur l'orga-
3
Un minim um de co llect e des prix pratiqués que les trnnsactions sont fid élisées, la nisation des filières maraîchères au Séné-
une fois pa r semaine, diffusion hebdomadaire diffusion de l'info rmation ne peut modi- gal.
de ces prix pour les produits maraîchers et fi er leur comportement, même en révé-
diffusion bimensue lle pour les produits de L'étude a été menée clans les iayes et
base . lant des opportunités. Dans un contexte clans la va llée du fle uve Sénéga l. Mais