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Etude originale

Information et régulation des filières maraÎchères


au Sénégal

ldrissa Wade 1 Résumé


Hélène David-Benz2
Johny Egg 1 Malgré une rapide croissance de la produ ctio n ces derniè res a nnées, les filières maraîchè-
1 res sont confrontées à des difficulté liées notamme nt à une ma uvaise circulatio n de
Unité mixte de recherche
M arché, orga nisation, in stituti on et stratégies
l'info rmatio n. Po ur faire fa ce à l'incertitude engendrée, les acte urs des filières ado pte nt
des acteurs (UMR MOI SA). des fo rmes de coordination spécifi q ues. Des systè mes d 'info rmation sur les marchés (SIM)
2, place Pierre Via la, ta nt p ublics q ue pri vés (Ma no bi), o nt été mis e n place. Nous étudio ns le ur impact sur
34060 M ont pellier Cedex 1, l'orga nisatio n des filières maraîchères clans la zone des Niayes. L'é wde montre le fa ible
France) impact des SIM lorsqu 'ils se limi tent à la d iffusio n par radio d 'une info rmatio n peu adaptée
<wade@ensam.inra.fr>. aux besoins des acte urs. En revanche , l'expérience du no uvea u systè me Manobi q ui met
< id rissa_w ade@ya hoo. fr>
<egg@ensam.i nra. fr>
l'utilisateur e n situation de gé rer lui-même ses besoins en information , montre une
2
Centre de coopération inte rnati onale a mé lio ratio n de la capacité de négociatio n des producte urs, sa ns cependant remettre en
en recherche agronomiqu e cause les modes de coordinatio n existants. Pa r arneurs, à l'a ide du cadre d'a nalyse de la
pour le dével oppement (Cirad), no uve lle écononùe institutionnelle, l'étude me t en évide nce le rô le impo rtant des coxers
CIR AD, BP 2572, (co urtie rs) dans la fo urniture d'information . Le fa it que Ma n obi se soit surto ut développé
Yao undé, da ns les zo nes ot:1 ces de rniers sont peu re présentés cond uit à proposer que les IM
Cameroun
<benz@ci rad.fr>
cherche nt à pallier les déficie nces informationne lles e n prio rité dans les zo nes où il y a
abse nce o u défa illan ce de dispositifs d'information pro pres au marché.
Mols clés : Économie et développeme nt rura l ; Systè mes agraires.

Summary
Information and regulation in the Senegalese vegetable commodity chain
The ho rticultu ra l secto r faces stro ng market instability, vegetables be ing highl y seasonal
and perishable. In Senega l, market ga rde ning has been g rowing fast o ver the past decade.
This growth has been stimu lated by a grow ing urban po pulatio n, the deva luation of the
CFA Franc and the crisis of the rice secto r in the Senegal river valley - which pr mpted
rice producers to diversify their cro ps. However, farm e rs face high marketing risks :
during the ha rvesting season, prices colla pse due to the massive e ntrance of prod ucts o n
the market. In such a context, it is ve ry difficult to anricipate the level of prices and sho rt
term flu ctuatio ns. This places fa rme rs in a position of wea kne s rega rding inte rmed ia ries.
Aimed at public and private sector actors, several devices (e.g . radio broadcasting) were
set up so as to improve the dissemination of informatio n and to increase market
transpare ncy. Tn 2002, a priva te company (M a nobi) imple me nted a system based o n new
info rmatio n techno logies that provides vegetable growers and fi she ries with fa st access to
market information . Various economic theories justify the broa clcasting of market informa-
tion . However, market informatio n syste ms (MIS) raise several pro blems. Severa! studies
show a gap betwee n the craze for these devices and the results effectively o btained . While
some autho rs a rg ue chat such fa ilures are re lated to technica l wea kness of l\lIISs, others
unde rline the limits of an action limited to info rmation broadcasting. To overcome d1is
problem, o ne suggestio n is to support existing dissemination related to traditio nal market
institutio ns, rathe r than crea te exogeno us systems. ln this pape r, we uy to de termine the
impact of M!Ss on the o rga ni zatio n of the vegetable commodi ty chain. Va rio us fo rms of
coordinatio n a re used by d1e acto rs to manage uncerta in ty. Coxers are specialized in
gathering info rmatio n re lated to rura l a nd urban wholesa le marke ts a nd for transpo rt
lîrés à part : 1. W ade negotiation . Paid by the unit, they li mit d1e ir own risk and the ir parmers' uncertainty. In

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other cases, imerlinked tra n actions involving fertilizers and eed provide inputs to
producers clespite the cleficienr credit market, and secures the merchants' access to
proclucts - bod1 in terms of quantity and quality. As in many od1er countries, d1e
information transmitted by MI s i of litde use fo r Senega lese market garcleners. The more
targeted information communicated by Manobi allows producers to improve d1eir
negotiation capacity. But it cloes not change the existing features of coordination , as d1ey
are not on ly determinecl by info rmation needs, but also by socia l links, access to cred it,
term of payment, transport faci lities, etc. We argue that Manobi is more clevelopecl where
co.xers are Jess represenred, because MISs uy to mitigate information cleficiencies where
market information devices are weak or lacking.
K ey words: Economy and Ru ra l Development; Farming Systems.

L
e secte ur horticole au Sénégal a acteurs des filiè res à adopter des formes En outre, la périssabilité des produits
connu un développement rapide d'organisation spécifiques. De leur côté, maraîchers rend leur qualité instable clans
durant ces dernières années. La les politiques publiques ont proposé des le temps. De ce fait, les transactions doi-
production des principales spéculations structures d'appui à la circulation de l'in- vent être étroitement coordonnées sous
maraîchères e t passée de 150 000 tonnes formation avec la mi e en place de systè- peine de dévalorisation des produits ou
en 1992 à 257 000 tonnes en 2001 [1], soit mes d'information sur les marchés (SIM). de désorganisation des activités. Cette
un taux de croissance de plu de 5,5 % Quel impact ces dispositifs extérieurs au coordination nécessite une bonne infor-
par an. Cette évolution s'est déroulée marché, peuvent-ils avoir sur l'organisa- mation à chaqu e nivea u de la filière avec,
clans un environnement marqué notam- tion de la filière ? La qu estion est d'autant en bout de chaîne, une information sur
ment par l'augmentation de la demande plus intéressante au Sénégal, qu 'à côté l'évolu tion du niveau d'approvisionne-
due à l'urbanisation et par Ja dévaluation des SIM publics du type de ceux que l'on ment des marchés de gros et de la de-
du franc CFA qui a rendu la production retrouve clans de nombreux pays et filiè- mande des consonunateurs. Cette infor-
locale plu amactive. res, un di positif privé innovant (Manobi) mation fait défaut le plus souvent aux
La production horticole provient essen- a récerrrn1ent vu le jour. producteurs au moment de la commercia-
tiellement de deux zones : les Niayes et la lisation, à la différence des intermédiai-
vallée du fleuve Sénégal. La zone dite des res.
iayes concerne une bande littorale qui En effet, ces derniers font certes face à des
s'étend de la banlieue de Dakar ju qu 'à Une forte incertitude risques liés aux aléas de l'offre (fonction
celle de Sa int-Louis au nord. Elle consti- d'une production dispersée et irrégu-
tue un espace privilégié pour le maraî- dans la commercialisation lière) , au manque d'information sur la
chage qui s'y développe clans des cuvet- disponibilité des produits, aux insuffisan-
tes interclunaires. Dans la vallée du fl euve des produits maraîchers ces de l'offre de u·ansport, à son irrégula-
Sénégal, les culture horticoles se sont
rité, à la conjoncn1re du marché (concur-
développées plus récemment, suite à la
rence permanente de nouveaux arrivants,
faible rentabilité du riz et à ses difficultés Les producteurs font face à une fo rte flu cn1ations des prix et de la demande
d'écoulement. Elles occupent 20 à 34 % incertitude sur la quantité qui sera pré-
des surfaces irriguées cultivées pour la sous l'effet des différents facteurs non
sente sur le marché du fait d'une absence prévisibles), mais ils disposent d'une
période 1997-1998 à 2000-2001 et jouent d'information sur la production clans les
un rôle central clans les revenus monétai- meilleure information que le producteur
auu·es zones. On constate d'une campa-
res des exploitations de la moyenne val- sur l'évolution des situations de marché
gne à l'auu·e que la capacité à redéployer
lée [2] . du fait de leur mobilité le long de la
les terres agricoles tend à provoquer un
Les villes constituent les plus gros centres déséquilibre, les agriculteurs ayant ten- filiè re ; d'où une asyméu·ie de répartition
de consonunation de légumes. Quarante- dance à s'orienter vers les productions de l'information. Comme le souligne
cinq pour cent de la production i sue de qui se ont révélées rentable la saison Bredeloup [4] : " Il ne suffit pas d'être
ces zones vient, en priorité, alimenter la précédente. C'est ainsi que l'on assiste présent clans la chaîne de distribution
région de Dakar [3]. Cette particularité pendant la saison maraîchère à une fo11e pour avoir une connaissance précise et
s'ajoute aux caractéristiques propres aux chute des prix suite à l'arrivée massive de acn1alisée de la sin1ation. Chaque maillon
cultures horticoles en général et légumiè- production sur Je marché (figure 1). Le détient une information partielle. De fa-
res en particulier, qui sont la forte saison- déficit d'information entraîne don c une çon à maîtriser l'information, il convient
nalité, la péris abilité des produits et les incertitude sur J'offre. de se dé placer physiquement tout au long
risques qui en découlent. Dans un tel Cette dernière se couple à une instabilité du circuit ou bien d'avoir intégré dans
contexte, l'accès à l'information sur le de la de mande (notamment au moment son organisation des agents spécialisés. ,
niveau d'ap provisionnement et les prix des grandes fêtes religieuses qui indui- Cette asymétrie informationnelle incite
prévalant clans les zones de collecte et le sent u·è ponctuellement une forte de- fortement les intermédiaires à en profiter
marchés d'écouleme nt est déterminant mande) d'où une grande variabilité au pour améliorer leur pouvoir de négocia-
pour réduire les risques. Cela pous e les niveau des prix du marché. tion.

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FCFA/kg FCFA/kg
450 350~-------------------~
400 300+-----------------------;
350 -<>- 96
300 250+---------+-'-.A-r''-'-'-''+--,~---------i
~ 97
250 200 ---- - - - - - - --+------+-----------j
• -~- 98
200 150 +.--J..-------.-l'-=---'-L---- -----H'-"'1,--'""-'---=--'-vl
150 -o---99
-,.......00 100 +-::i:é:è.~~~~~~~~~~~'..___~~~-----l
100
50 ~ 02 50 +----------- - -----------<
0 0
<o~ v:1~ r,:~•/'r./''
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o.r' ro<,:,<oro r,:~ci;ro v:1\o"-r,:"-,;aç:l'<o<oro<o<>;;°-' ci;°-'r:Y°-'ro°-' "C) "C)
~
0
"-'1, "~ ""~ "~~v:f~
Source : CDH et dir. de l'Horticu lture Source : Manobi Jour et mois
Oignon (prix de détail à Dakar/ Thiaroye) Oignon (prix de gros à Dakar/ Thiaroye) · 2002
1 200 FCFA/kg FCFA/kg
900.--------- - -- - - -- - - - - -~
1000+---,<-~+------- - - - - - - - - - - l 800 + - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
700 + - - - - - - - - - - - - - --+--- - - - - - I
800 +-,,__--l--+-- - -->s-------=------i~ - - ~ J
600+-- + - - - - - - - - - - - -........~ -- ----I
600 -f-~-f--"-'-s:---+~..,,.-!~~---"-,s--z$,---==;.~.._-~~"--r'~ 500+--H--- - - ~ - - - - - -Hl-"111-,--------l
400 +--..+--i1,~a+,1-- ...,._______,,___--,-t~...+4--t<,--~---1
400 +"7"'c._--- ~é-,.-.~---...C....,."-'-C.._ _ _.c.....c,,,,__,,_--I
300 +.+-~ .«-+-flt'.+ll'L'..h~,...n.Jlllht-R--Jl,f-lt'-V\1+~ ~14tJ!!i--,-+lli-\-r..-.Ml
200+-_·_·_·_-_-_-_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _- - - l
200 +!-----''IJl----'1!------1/f---'--i--------''-'-'""'---'HWl-+1
100+----+-- - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
':,'1>-~ «.'e,. -,. ~,/" "?-J::::;. ~,s- ':,~<è- ':,~ "?-o<s- c~l~' 0 èl- ~o.:,. çJo0 O 2 14 25 6 17 2 14 25 6 18 29 11 23 4 16 27 10 21 1 13 244 16 27 8 203113 25 8 20
1 1 1 2 2 3 3 3 4 4 4 5 5 6 6 6 7 7 8 8 8 9 9 91010101 1 111212
Source : CDH et dir. de !'Horticulture Source : Manobi Jour et mois
Gombo (prix de détail à Dakar I Thiaroye) Gombo (prix de gros à Dakar/ Thiaroye) - 2002
FCFA/kg FCFA/kg
600,--~~~-;:===:;:;::;--~~~~~~~~~--, 500 ~ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ~
4 5 0 > - - - - - - - - - - - - - - - ~.,.._-------I
500 -t-----1
4 0 0 1 - - - - - - - - - - - - - - --+-tr.--------1
400 +-----< 3501-----------------i~Ml<tlt,t-tlt:--t----l
~ - -~ 3001--- - - - - - - - -- - ~--l-'-''-'-+.-,H-H- ---I
300~~-=-=.._:--=~~~~~~~+-----'"v'--~",d 2501 - - - - - - - - - - - - - -......- ----+-+- +....-+I
200tr.----+...-- .-----,----- -:-t-'l!"-t-- -ft-- -t11'tlffttl
200 ±,,<-->.c-----,-,--:=-:-;;-- - - - '"5'""-*--==é-- - - - - - ~ 150 l'ft--Jl.ff--.'\<"-1111---*-lh-Hro~l-tr~ ~-f++-~~~~~---'--f'-'-l
100 +------=,,._,=.:::.._ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ~ 100 ,..........,....._ ....,..._ _ _- - - + - R - + - , - - + - + 1 + - - - - - - - - - - - - 1

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Source : CDH et dir. de l'Horticulture Source : Manobi Jour et mois
Choux (prix de détail à Dakar/ Thiaroye) Choux (prix de gros à Dakar/ Thiaroye) · 2002

Figure 1. Flu ctu ation s quotidiennes et interannuelles des prix des légumes à Dakar.

Figure 1. Dail y and inter-annual evo lution of prices of vegetables in Da kar.


CDH : Centre de développement ho rtico le ; 655,96 FCFA = 1 euro.

Des systèmes raisons pour lesquelles depuis plusieurs


années la FAO, comme d'auu·es organis-
tique économique). Plusieurs arguments
sont avancés pour justifier la mise en
d'information sur les mes concernés par le développement de place des SIM. Les tableaux 1 et 2 résu-
la commercialisation agricole, soutient la ment les effets attendus d'une telle diffu-
marchés pour une création de Systèmes d'information sur sion de l'information aux acteurs du mar-
les marchés (SIM) [5]. Ces derniers sont ché.
meilleure coordination des dispositifs, en général publics, qui Au Sénégal, quatre dispositifs visant à
collectent et diffusent de l'information améliorer la circulation de l'information
des filières auprès des acteurs du marché. L'objectif et la transparence des marchés de pro-
visé est d'améliorer l'efficacité des systè- duits maraîchers ont été mis en place.
L'information est donc cenu·ale pour la mes de commercialisation et d'assurer Le Cenu·e de développement ho1ticole
réduction de l'incertitude à laq uelle fo nt une plus grande stabilité des cours (et (CDH) avait, dès les années 1970, établi
face les différents acteurs. C'est l'une des également d'éclairer les décisions de poli- un système de suivi des marchés de

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Tableau 1. Effets attendus de l'amélioration des décisions individuelles données (prix et volumes) a été mis en
induites par l'augmentation du niveau d'information place en 1998, allant de différents mar-
des acteurs (source [61). chés de collecte des produits maraîchers
Table 1. Effects expected from the improvement of individual decisions as a result aux marchés de gros . Le PAEP diffuse
of the increase of the level of information of the actors. chaque semaine, par le biais des radios
loca les, les prix de gros sur le marchés
de Touba, Kaolack et Dalifort (Dakar) qui
Effets microéconomiques attendus Effets macroéconomique attendus lui sont transmis par des correspondants
Amélioration des arbitrages des acteurs Marché plus intégré et plus commerçants.
(dans le temps, dans l'espace, entre concurrentiel, allocation plus efficace Du côté de la vallée du fleuve Sénégal,
produits, etc.) des ressources l'Institut sénégalais de recherches agri-
Baisse des coûts de transaction Baisse des prix à la consommation coles/ Pôle Systèmes irrigués (Isra/ PSI) a
Hausse des prix à la production mis en place un dispositif de suivi des
Sécurisation de l'environnement Augmentation des investissements dans grands marchés de la région du fl euve et
des acteurs le secteur (à long terme, baisse des de sa périphérie depuis mars 1998. L'in-
coûts de production et de formation recueillie porte sur les prix de
commercialisation) gros, les prix de détail et les volumes. Elle
Accès au marché plus facile pour les Augmentation du pourcentage est diffusée sous forme de bulletins heb-
producteurs commercialisé de la production domadaires (diffusés par radio en 2001 et
Amélioration des « règles du jeu » du Amé lioration de la transition d'une transmis par ailleurs au PAEP q ui diffuse
marché par les acteurs économie administrée à une économie ce qui concerne l'oignon et la pomme de
marchande terre), de tableaux de synthèse mensuels
Meilleure connaissance des nouvelles Innovation, adaptation toujours plus diffusés par e-mail et de bulletins semes-
opportunités du marché grande de l'offre aux besoins des t:.riels sur support papier plus largement
consommateurs distribués. La prise en charge totale de ce
suivi a été u-ansférée à la Société natio-
nale d'aménagement et d'exploitation des
terres d u delta et des vallées du fleuve du
Tableau 2. Effets attendus du rééquilibrage des rapports de force entre Sénégal (SAED) depuis janvier 2002.
les acteurs (induit par la réduction des asymétries d'information) C'est dans ce conte}..'1:e qu 'est née, en
(source : [71). 2002, la société Manobi-Sénéga l, filiale de
Table 2. Effects expected from the restoration of the balance of power among the l'opérateur virtuel de services par té lé-
actors. phone mobile et Internet Manobi-France.
C'est une société privée qui fournit des
Effets microéconomiques Effets macroéconomiques informations sur les fruits et légumes dans
les marchés de Dakar, Touba et Kaolack,
Augmentation du pouvoir de négociation Baisse des marges des intermédiaires, et sur les produits de la pêche à Daka r.
des producteurs (et consommateurs) augmentation des revenus des
vis-à-vis des commerçants producteurs et du pouvoir d'achat des
Une première phase test a été réalisée, en
consommateu rs 2002 sur 12 mois avec une centaine d'agri-
culteurs. L'idée de Manobi a été de déve-
Baisse de l'opportunisme des petits Sécurisation et accroissement du
commerçants vis-à-vis de leur patron- commerce à grande distance lopper un système de collecte des don-
grossiste nées qui exploite les technologies
Diminution des barrières à l'entrée Baisse des rentes des acteurs de la filière Internet et de téléphone mobile pour
permettant aux entrants pot entiels de suivre chaque jour l'évolution des prix et
faire peser une menace crédible sur les des arrivages des produits sur les mar-
acteurs de la filière chés. Ces données sont transmises par
WAP 2 , stockées sur une base centralisée,
pu is mises à la disposition des utilisateurs
Dakar, avec des relevés de prix à la pour de nombreux fruits et légumes. Cette à partir de le ur téléphone mobile ou
consommation au niveau des marchés de information, diffusée par la presse écrite, depu is un cyber-café. Ce informations
Thiaroye, Castor, Tilène et Sandignié1y. est destinée avant tout à un usage admi- sont réorganisées par Manobi pour être
Ce système a été transféré à la direction nistratif. L'objectif de ce dispositif n'est adaptées aux différents acteu rs (tableau 3).
de l'Ho1ticulture (DH) en 1996. Avec l'ap- clone pas d'atteindre un nombre élevé de Les résultats de nombreux travaux anté-
pui du projet Radhort 1, les prix à la col- producteurs, au contraire des trois autres rieurs sur les SIM [8-10) montrent un
lecte sont relevés sur les marchés de SIM. décalage entre l'engoueme nt pour la mise
Mboro (région de Thiès) et de Potou Le premier est celui du Projet d'appui à en œ uvre de ces dispositifs et les résultats
(région de Louga) depuis 2000, au travers l'entreprenariat paysan (PAEP). Il inter- obtenus. En effet, les évalu ations s'accor-
de ce même dispositif. La DH effectue vient dans la zone des Niayes avec l'objec- dent sur le faible impact des SIM sur le
une synthèse men uelle des prix de détail
tif de promouvoir la compétitivité des
filières oignons et pommes de terre sur 2
les marchés nationaux et sous-régiona ux. Wireless Application Protocol : système per-
1
Réseau africain de développement de l'horti- mettant de se connecter à internet via un
culture, Projet FAO GCP/RAF/224/BEL-ACS. C'est ainsi qu 'un réseau de collecte de téléphone mobile.

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Tableau 3. Quelques services offerts par Manobi.
Tabl e 3. Sorne of the services offered by Manobi.

Service Utilisateurs Description Objectif


Xam-marsé Producteurs Information sur les prix (gros, Renforcer :
(connaissance du demi-gros et détail) des fruits - les capacités de négociations
marché)* et légumes face au x bana-banas* *
- la prise de décision sur la
destination
Bana-banas Information sur les prix (gros , - Renforcer la prise de décision
demi-gros et détail) sur la destination des produits
Suivi de la disponibilité des - Maîtriser les flux pour
produits sur le marché approvisionner le marché
Tew-mi-tew Producteurs Commerce en ligne (mise en - Proposition de vente de la
(en temps réel) " relation producteur- récolte
consommateur) - Visibilité sur les stocks de
Dépôt des offres de produits produits et les ventes
et consultations des ventes
réalisées
Bana-banas Consultation et localisation des - Choix de produits et des lieux
offres en cours, des ventes d'approvisionnement
réalisées - Planification des activités
Mise en relation producteur- d'approvisionnement
consommateur
Taan-bu-wer Bana-banas Description instantanée du Identifier, mesurer et satisfaire
(le bon choi x)· niveau de l'offre sur le marché la demande du marché en fruits
et légumes
* Traduction des auteurs.
** Terme utilisé au Sénégal pour désigner les commerçants itinérants et les collecteurs.

comportement des acteurs clu marché. correspondant pas aux besoins de ac- de fid élisa tion et de transactions liées, la
Une importante étude de la FAO , en 1996, teurs. Mais en dépit de ce constat, ces diffusio n d'informati o n par les SIM sem-
portant sur 120 SIM dans les pays en aute urs restent favo rables à la mise en ble inadaptée. C'est pour cela qu 'ils pré-
dévelo ppement (PED) a mo ntré que seuls place des SIM. conisent un " système à géométrie va ria-
53 d'entre eux remplissaient les critères En rupture avec cene position , d'autres ble " défini en fo nction des besoins
minima de fonctio nnement3. Et elo n les auteurs se sont interrogé sur le principe spécifiques du marché en question . Pour
renseignements recueillis, l'efficacité de même de l'utilité des SIM en soulignant le Ra bbins, la fo rme la plu appro priée po ur
ces SIM est contestée [5]. En appliquant peu d'impact qu 'ils peuvent avoir. Dans un SIM dé pend des besoins et des cir-
comme critère de performance, la perti- constances incluant la ca pacité d'organi-
une étude portant sur les SIM publics
nence de l'information, sa fi abilité et sa satio n des acte urs [11]. Ga ltier et Egg
horticoles, Bowbrick a conclu qu 'aucun
disponibilité au moment oppo,tun, Schu- proposent d'appréhender les SIM comme
de ces derniers ne peut êu·e efficace vu
bert avait déjà trouvé que peu de SIM des systèmes de communication qu 'il fa ut
que l'info rmation qu 'ils difh1sent ne peut
remplissaient ces conditions [8]. Il attri- rendre auss i complémentaires qu e possi-
êu·e utilisée par les groupes cibles car elle
buait ces faiblesses à la conception même ble des systèmes de conununica tion issu
est biaisée (erre urs clans la collecte et/ ou
de ces SIM qui re lèvent des services du des institutions de marché existantes [1 2].
mini tère de ]'Agriculture ou d'offi ces pu- la présentation des données) et n'est pas
disponible au mo ment opportun [9]. La De ce fa it, la conceptio n d'un SIM devrait
blics qui les considèrent plutôt comme reposer sur un diagnostic préa lable des
des organes administratifs et de contrôle solution pour lui est la mise en place de
SIM privés compatibles avec les systèmes faiblesses de la diffüsion spontanée de
que conune des institutions deva nt fo ur- l'information au sein du ma rché par le jeu
nir des services de marché. Po ur She- m.is en place par les producteurs, les
distribu te urs et les coopératives . Galtier des échanges.
phercl [5], les causes de l'échec des SIM
sont à chercher clans les faiblesses techni- et Egg [6] soulignent aussi les lim.ites C'est la raison pour laque lle une descrip-
qu es des dispositifs qui aboutissent à d'une action reposant sur la diffusion tio n et une explication des modes de
produire une information peu fi able, trop d'information. Ils notent que la notion coordinatio n mis en place par les acteurs
tardi ve, insuffisamment diffusée o u ne cl 'arbiu·age n'est po ible q ue lorsque le pour réduire l'incertitude à laquelle ils
acte urs sont libres d'opérer des choix doivent fa ire face s'avèrent nécessa ires
entre différentes alternatives. Mais lors- avant d'étudier l'impact des SIM sur l'orga-
3
Un minim um de co llect e des prix pratiqués que les trnnsactions sont fid élisées, la nisation des filières maraîchères au Séné-
une fois pa r semaine, diffusion hebdomadaire diffusion de l'info rmation ne peut modi- gal.
de ces prix pour les produits maraîchers et fi er leur comportement, même en révé-
diffusion bimensue lle pour les produits de L'étude a été menée clans les iayes et
base . lant des opportunités. Dans un contexte clans la va llée du fle uve Sénéga l. Mais

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no us nous limiterons ici aux résultats tion (ECT) cherche à minimiser ces coûts des actifs humains (le savoir-faire) , des
obtenus dans la zone des Niayes, où en choisis ant la me illeure fo rme de coor- actifs dédiés, spécificité de marque, et
coexistent un SlM de type classiq ue (dis- dinatio n (marché, contra t ou hiéra rchie) spécificité temporelle.
positif public avec diffusion par radio) et pour un ty pe de transaction donné : L'incertitude peut être objective (cond i-
l'expérience innovante de Manobi (SlM - le marché est un mode de coordination tions climatiq ues, par exemple) mais aussi
privé reposant sur l'utilisation d 'Internet qui se caractérise par l'absence d'engage- compo1tementale (liée aux décisions et
et d u téléphone mobile). ment à lo ng terme et par une coordina- aux actions du/ des partenaire(s)) . Elle
tion qui se réalise à travers le système de concerne aussi bien l'environnement de
prix qui centralise toutes les informations la transaction (évolution des prix, etc.)
dont les acteurs ont besoin. Les transac- que directe ment celle-ci (comportement
Cadre d'analyse tions se réalisent dans un marché spot 4 du vende ur, ca ractéristiqu e du bien .. .).
où elles sont dénouées spontanément ; En prenant en compte différents niveaux
et zone d'étude - l'intégration verticale implique l'incor- de spécificité des actifs et d'incertitude , la
poration de la produ ction à l'ensemble du théorie des coûts de transaction permet
process us de commercialisation. L'une de prédire les arrangements institution-
Les études menées sur la zone des Niayes des parties contrôle tout le processus
ont montré une relative différenciation nels correspondants (tableau 4). En prati-
production-conunercialisation ainsi que que, ces va riables sont difficiles à mesu rer
clans le choix des cultures maraîchères les flu x d 'info rmations ;
pratiqu ées . C'est po ur tenir comp te de ces et le recours à des proxies> est nécessaire
- les fo rmes de coordination hybrides
différences q ue no us avons retenu les (tableau 5). Concernant les produits ma-
sont des relations de marché mais dans
cieux sites de Potou et de Mboro po ur nos raîchers au Sénégal, la spécificité d 'actifs
lesquelles les parties ne sont plus indé-
e nq uêtes. Potou, situ é à trente kilo mètres peut être considérée conm1e fa ible (lon-
penda ntes à cause de la spécificité des
de Lo uga, est le site de production et de gueur de cycle courte à moyenne, pas de
actifs impliqués dans la transaction. La
conunercialisation de l'o ignon le plus im- spécialisatio n clans la production, pas
coordination est gérée par des contrats de
porta nt des Niayes . Il doit sa su prématie à d 'instants spécifiques à la p roduction) et
long terme.
la généralisation de la culture successive Selo n Williamson [1 4), ces différents mo- l'incertitude fo rte (instabilité de l'offre, de
de plusieurs va riétés d 'oigno ns clans le des de coordinatio n (arrangements insti- la demande, périssabilité forte à
calendrier cultural ; les récoltes s'y éche- tutionnels) peuvent être expliqués en moye1m e, hétérogénéité de la qualité). La
lo nnent sur près de 10 mois [1 3). Mboro considérant trois principales dimensions : théorie prédit dans ce cas la prédomi-
est la première zone de production de la spécificité des actifs, l'incertitude et la nance de contrats de long terme
po nu11es de ten e des Niayes , mais la fréquence des transactions. (tableau 4).
d iversification des cultures est plus forte La spécificité des actifs fait référence à la Du fait d'un no mbre élevé d 'arrange-
q ue dans la zone de Potou [1 3). Les possibilité de « redéployer " un actif vers ments contractuels observés clans les fili è-
productions de ces deux sites étant essen- des usages ou des usagers alternatifs sa ns res maraîchères o ù l'information sur les
tiellement destinées aux marchés de pe1te de sa valeur produ ctive. Sept types produits et les délais de livraison sont
Daka r, nous avo ns centré nos observa- de spécificités des actifs sont distingués : cruciaux [1 6, 18), nous utiliserons la grille
tio ns sur les marchés de Thiaroye, Dali- spécificité de site, des actifs physiqu es, d'analyse développée par Jaffee [19) qui
fort et Castors qui sont les trois plus
grands marchés de gros de Dakar. Sur ces
4
marchés de collecte et de gros, no us M arché où l'échange physique de produits 5
Va riables t iers (mesurables) que l'on utilise
avons mené (de mai à juin 2003) des su it immédiatement la t ransaction (par opposi- pour expliquer un phénomène à la place des
t ion à un ma rché à terme). variables directes (difficilement mesu rables)
entretiens semi-directifs auprès des diffé-
dont ce phénomène dépend .
rents acteurs afin de caractériser leur rôle
dans les circuits de conunercialisa tion.
L'ap proche filière est généralement rete- Tableau 4. Arrangement institutionnel selon la
nue pour ce type d 'étude . En intégrant spécificité des actifs et le degré d'incertitude
to us les stades de la production à la (source : d'après [151).
consonunation po ur un produit donné,
Table 4. Contractual forms according to assets specifi city
elle permet d'avoir une vision sur l'acti-
and unce rtainty level.
vité conrn1erciale clans sa globalité et de
préciser les interdépendances entre les
d ifférentes composantes de la filière. Pour Spécifi cité des actifs
cerner plus précisément la coordination Él evée Moyenne Basse
entre les acteurs, en fo nction notamment
Forte Inté grat ion Inté gra tion Contrat de
du degré d 'incertitude qu'ils rencontrent, w verti ca le verticale long terme
nous avons mob il isé le cadre d 'analyse de 0
la Nouvelle écono mie institutio1melle
:::, Moyenne Intégration Contrat de Co ntrat de
1- long terme
~
vertica le long terme
(NEI). Celui-ci se focalise sur la tra nsac- a: ou ma rc hé
tio n et les coûts q ui lui sont liés : coûts de w
u spot
recherche du pa rtenaire et de l'info rma- z Faible Intégrat ion Contrat de Ma rc hé spot
tion nécessaire à Ja négociation, coûts liés ve rtica le long te rm e
à la mise en œ uvre et au respect du
contrat. L'économie des coûts de transac-

Cahie,s Agricultures 2004 ; 13 : 148-57 1 1


Tableau 5. Caractéristiques de la transaction et formes de coordination clans les décisions de produ ction, etc.).
(source : d'après [16-17)) . En effet, il ne nous a pas été po sibl de
recueillir des données sur l'évolution des
Table 5. Contractua l forms and proprieties of the transactions.
perfo rmances de producteurs qui
auraient pu êu·e n'lises en relation avec
Déterminants Proxies M arché Fo rmes Intégration l 'utilisation des servi ces des IM, ca r l'en-
transaction hyb ri des verti ca le qu ête s'est déroulée en fin de campagne
Spécificité Longueur de cycle de production + ++ +++ de commercialisa tion et n'a pa permis
des actifs Spéc ialisation de la culture + ++ +++ d'avoir des données rétrospecti ves de
Intran t spécifiqu e à la production + ++ ++ + qualité sur les transactions.
Incertitude Instabil ité de l'offre + ++ +++ L'enquête a été menée sur les sites de
Mboro et Potou, oü un échantillon de
Instabilité de la demande + ++ + ++
92 producteurs par site ava it été inter-
Périssabilit é + ++ +++ viewé. Le questio1mai.re a été élaboré
Hétérog énéité de la qualité + ++ +++ pour identifier les modes de coordination
adoptés par les acteurs, préciser le rôle de
l'information Jans la commercialisation et
connaître l'utilisation de l'information clif-
fu ée par les , IM.
Achat ponctuel ... Accord de Contrat à Intégration
..... Contrat lié entre .... Les abonnés au se1v ice de Manob i étam
(Spot Market réciprocité de terme facteur de production verticale
et commercialisation peu prés nts à Mboro et Potou, nous
Purchase) marché (Market (Forward (Vertical
des produits avons soumi Je même questionnaire à
Reciprocity Market lntegration)
(lnter/inked Factor 10 abonnés situés sur la route de Bucl
Agreement) Contracts) and Market Sénéga l et à 6 produ cteurs sur Rao, de
Contract)
manière à pouvoir comparer les résultats
Marché
... ... ...
Contrat
...
Hiérarchie
. obtenu . Ce cieux sites se trouvent res-
pecti vement à proximité de Daka r et de
(Marke t) Con tract (Hierarchy)
Sa int-Louis (carie 1).

Figure 2. Grille de lecture de Jaffee.

Fi gure 2. Jaffee 's spectrum .


Résultats et analyse
présente l'ava ntage de mieux spécin er les sur la qualité des produits. Il permet à
contrats de long terme. l'acheteur de réd uire l'incertitu de sur l 'of-
Différentes formes
Jaffee propose un continuum d'arrange- fre et din'linu e, pour le vendeur, l'incerti- d'organisation
ments institutionnels qui sont souvent tude concernant l'accès au marché ; pour gérer l'incertitude
renco1m-és cla ns les transactions en agri- - contrat lié entre facteur de production
culture (fig 11 re 2). Aux e.Ktrémités du et commercialisa tion du prod uit (Jnterlin - Dans les circuits de commercialisa tion
spectre, nou retrouvon le marché (Spot ked Factor and Market Conlracl): ici, Je de légume entre les iayes et D akar,
Market Purcbase) et l 'intégration ve1ticale contrat intègre le processus de produc- quatre grands types d'acteurs peuvent
( Vertical Jntegration) . Entre ces cieux tion. L'acheteur du produit inte1v ient clans être identifié [20] :
pôles s'intercalent différents types d'ar- la produ ction en fo urnissant des intrants - les hana-hanas, conu11erçants itiné-
rangements contractu els : et de conseils technique , le vendeur se rants chargés de la collecte et de l'achemi-
- accord de réciprocité marchande (Ma r- pliant aux exigences de celui-ci. nement des produits maraîchers
ket Reciproci(y Agreement) : J'échange e Pour éva luer l'impact de SIM, nou avons jusqu 'aux marchés de gros, qui dévelop-
réa lise au prL"< coura nt du marché. Ce été contraints de nous lin'liter à un indica- pent parfo is des liens privil égiés avec
sont de accords info rm els mais qui ont teur d'utilisation de l'information de IM certains producteurs en leur fournissant
une force contractueile qui repose sur la par les producteurs (clans la négociation, semences et engra is à crédit ;
répétition des échanges et ·ur la
confiance réciproque qui se construit
Tableau 6. Formes de coordination rencontrées dans les différents sites.
dans le temps, ce qui permet aux acteurs
de minimiser leurs coût de recherche (en Tab le 6. Contractual fo rm s found in the various sites.
inform ation, en partenaires ... ) ;
- contrat à terme (Forward Ma rket Site Acteurs Modes de coord ination
Contracl) : ce rype de tra nsaction néces-
Mboro Maraîcher/bana-bana Marché
site un engagement à terme des vendeurs
et des acheteurs pour un prod uit donné à Potou Maraîcher/bana-bana M arch é ou contrat lié
entre les fa ct eurs de produ ction
une date fixée . Les prL"< peuve nt être Axés et la commercialisation des produits
ex ante ou au moment de l'échange. Ce
mode de coordination impliqu clone des
March é Bana-bana Marché
de gros ou maraîcher/grossiste
engagement. fo rmels sur la qu antité et/ ou

Cahiers Agric ultures 2004 ; 13 : 148-57


enquêtés affirment obtenir les ren eigne-
ments sur les prix grâce à ces coxers ou à
une combinaison entre coxers et produc-
teurs. En outre, le coxer rural, qui est
souvent éga lement un producteur, peut
apprécier les ca racté ristiques (périssabi-
lité et hétérogénéité de la qualité .. .) du
produit en question. Avec une faib le spé-
cificité d'actifs, la relation maraîcher/
bana-bana est clone de type spot market
grâce au recours au coxer (tableau 4).
Potou : présence de producteurs-
collecteurs
Deux types de circuit ont été observés
sur le site de Potou :
- le premier est identique à celu i rencon-
tré à Mboro où les producteurs contrac-
Sites d'enquêtes tent les services des coxers pour écouler
leur récolte (47 % des enquêtés), ce qui
leur permet de réd uire l'incertitude sur les
transactions et de maintenir des relations
de type spot market avec les bana-
banas ;
- clans le second , les producteurs sont en
relation directe avec les produ cteurs-
collecteurs installés sur place (31 % des
enquêté ). Ce fait s'explique par la vo-
lonté de ces derniers de faire face à la
concurrence intense dans cette zone.
Pour maintenir leur activité, les commer-
O 10 km
ça nts in. ta llés su r place profitent de la
1------l défaillance du marché du crédit pour
accorder des prêts de campagne aux pro-
Carte 1. Localisation de la zone d'étude (source du fond de carte (13]).
ducteurs, qui sont par la suite obligés de
leur réserver la production. Il est à signa-
M ap 1. Study area . ler que ces prêts sont accordés sous forme
d'intrants, ce qui permet aux commer-
çants de s'assurer qu 'ils seront alloués
- les coxers 6 des marchés urbains, inter- prédominent. La question qui se pose est directement à la production du prod uit
médiaires commissionnaires chargés de de savoir comment les maraîchers par- désiré. Il y a clone quasi-i11tégration entre
réceptionner la marchandise, trouver des viennent à maintenir cette forme de coor- produ cteur et commerçant avec des tran-
acheteurs et négocier les prix pour les dination clans un environnement marqué sactions de type lnterlinked Factor and
bctna-banas ; par une forte incertitude. Market Con! ract (contrat lié entre facteur
- les grossistes, qui assurent une fonction de production et commercialisation du
Mboro : recours aux intermédiaires
classique de regroupement au niveau des produit), selon la grille de lecture de
marchés urbains ; En plus des maraîchers et des bana- Jaffee.
- les détaillants , qui vendent au tas ou banas, un troisième acteur occupe une L'analyse de la commercialisation sur ces
parfois au kilo, à la demande de la clien- place centrale à Mboro : le coxer rural. Il deux marchés de collecte a montré que
tèle sur les marchés. resson de notre enquête que 80 % des différents modes de coordination ont été
Les coxers occupant une fonction de transactions entre producteurs et bana- adoptés pour fai1·e face à un environne-
courtiers, les transactions sont réalisées bcmas passe par lui. Le recours à ce coxer ment ca ractérisé par un niveau élevé de
entre le producteur, le bana-bana et le peut être ana lysé comme un moyen pour risque et d'incertitude. Qu 'en est-i l sur les
grossiste. Le !ab/eau 6 présente les for- le producteur de réduire l'incertitude qui marchés de gros ?
mes de coordination rencontrées au pèse sur l'écoulement de sa prod uction. Il
permet aux maraîche r de diminue r l'asy- Marchés de gros :
niveau des sites retenus. Alors que la un système de dépôt vente
théorie prédisait une relation de type métrie informationnelle par rapport au
contrats de lo ng terme, nous constatons bcma-bana. Le coxer pré ente l'avantage Au niveau des marchés de gros, les tran-
que les relations de type spo! markel d'être toujours présent sur le marché ; de sactions sont tout a utres. Après l'achat
ce fait, il maîtrise mieux les paramètres de des prod uits maraîchers sur les marchés
l'offre et de la demande qu 'un producteur de collecte, les bana-bcmas les achemi-
6
Terme utilisé au Sénégal pour désigner tous qui ne vient sur le marché que pour nent vers les marchés de gros. Pour cela,
types de courtiers dans le secteur informel . écouler a production. À Mboro , 67 % de ils contactent les coxers qui se chargent

Cahiers Agricultures 2004: 13: 148-57 1 1


de leur trouver les moyens de transport.
Ces coxers sont payés à la commission
- l'inadéquation entre l'information diffu-
sée et les spéculations pratiqu ées (seuls
Conclusion : vers une
par les transporteurs qui leur donnent les prix de la ponu11e de terre et de complémentarité
10 % des sommes qu 'ils perçoivent. Les l'oignon sont diffusés).
transporteurs ne sont pas réglés au comp- L'inadaptation aux besoins des produc- entre dispositifs
tant par les bana-banas, mais reçoivent teurs de la diffusion de l'information sur
une avance destinée à payer le coxer de les prix corrobore les résultats obte nus d'information 7
transpo1t et le ca rburant, le reste étant dans les études antérieures [8-10].
perçu à la livraison du produit. La mar- À Mboro comme à Potou, le faible impact
chandise est réceptionnée par le coxer L'étude confirme le constat souve nt fa it
de la diffusion de l'information par les par ailleurs du faible impact des SIM
urbain qui solde le paiement du transpor- dispositifs publics est aussi dû à la concur-
teur et la garde en dépôt-vente. Pour lorsqu 'ils se limitent à la diffusion par
rence de réseaux loca ux qui permettent radio d'une information peu ada ptée aux
qu 'un tel système puisse fonctionner, il aux maraîchers d'obtenir de nombreuses
faut une forte coordination entre les besoins des acteurs. A contrario, l'expé-
informations par l'intermédiaire des rience novatrice du système privé de Ma-
bana-banas et ces coxers de marchés de coxers et/ou prod ucteurs conune nous
gros . Les bana-banas se trouvent ici dans nobi , qui met l'utilisateur en situ ation de
l'avons montré précédemment. À Potou , gérer lui-même son ap provisionnement
la même situation que les producteurs sur le manque de pertinence de l'information
les marchés de collecte, avec une incerti- en information, se révèle intéressante.
des SIM s'explique en outre par l'exis- Bien qu e le système soit récent (moins de
tude sur l'offre et la clemancle, donc sur tence de transactions liées.
les prix en vigueur sur les marchés de cieux années d'existence), il montre que
gros, sur la qualité du produit (qui peut se l'accès à une information ciblée, disponi-
dégrader au cours du transport) et sur le ble clans un délai court, permet d'amélio-
Efficacité relative rer la capacité de négociation des produc-
délai d'écoulement de la marchand ise. Le
recours aux coxers urbains permet de du système d'information te ur . Cependant, cela ne remet pas en
réduire ces fa cteurs d'incertitude . La tran- Manobi ca use les modes de coordination exis-
saction bana-banas/ grossistes-distribu- tants, ceux-ci n'étant pas déterminé uni-
teurs peut, de ce fait, être régie par une quement pas les besoins en information
En revanche, les producteurs utilisant les (également flu x financiers , transport ... ).
relation de type Spot Market Purcbase
se1v ices de Manobi semblent être satis- Reste à voir conm1ent Manobi pourra
(achat ponctuel).
faits de ce sy tème. Ils utilisent l'informa- s'implanter plus largement dans les an-
Par ailleurs, les coxers peuvent également tion notanunent lors de la négociation
jouer le rôle de pou1voyeurs de fonds, en nées à venir et quel sera alors son impact
avec les bana-banas. Leurs relations avec ur l'organisation des filières agricoles.
octroyant une ava nce aux bana-banas ces derniers ont d'a illeurs changé vu
pour qu 'ils puissent acqu érir d'autres mar- Par aille urs, l'étude met en évidence l'une
qu 'elles portent maintenant indirecte- des limites de la théorie des coûts de
chandises. Les coxers urbains jouent clone ment sur les marges . L'efficacité du sys-
un rôle incontournable. Les expériences transaction qui prend la clivi ion du tra-
tème Manobi s'explique par le fait que le vail (Dî) comme une donnée exogène.
de conunercialisation qui les ont ignorés concept de diffusion par téléphone mo-
se sont soldées par des échecs [21]. En effet, selon cette théorie, les produc-
bile ou Internet est différent de la diffu- teurs devraient développer un contrat de
Certains intermédiaires assurent donc des sion par radio. Il ne s'agit pas de collecter
fonctions spécifiques Uées à la recherche long terme avec les bana-banas eu égard
des informations et de les diffuser aux au degré cl 'ince1titude de cette transac-
d 'information . Quel est dans ce cas l'im- acteurs, mais de recueillir des informa-
pact de SIM externes sur l'organisation tion. En fa it, ils ont recours aux se1vices
tions que l'on met à la disposition des de coxers (modification de la Dî), ce qui
des ftlières ? acteurs. Ce sont donc ces derniers qui permet de réduire l'incertitude clans la
décident du type d'information dont ils transaction avec les bana-banas et ain i
Faible impact de la diffusion ont besoin et à quel moment. de maintenir une relation de type spot
par radio Cependant, le fa it de disposer d'une infor- market avec eux. L'étude montre égale-
mation (notanunent sur les prix) corres- ment le rôle central qu e joue le coxer
La diffusion par radio est le système per- pondant aux besoins n'a pas modifié conm1e source d'information pour les
mettant d'atteindre un plus grand nombre jusqu 'ici l'organisation de la commerciali- producteurs et les bana-banas. On peut
de maraîchers. Cependant, il ressort de sation : le producteur utilisant les services se demander de ce fait si le coxer ne peut
l'enquête que peu de producteurs utili- de Manobi se conte nte toujours de ven- êu·e considéré conm1e un .. système d'in-
sent l'information diffusée par les SIM dre aux mêmes acteurs sa ns prendre le formation • propre au marché. Le fa it que
publics (19 % des enquêtés à Mboro et risque d'amener lui même sa production le système Manobi se soit plus développé
seulement 2 % à Potou). Les motifs avan- sur le marché de gros . Cela est dû à une principalement clans les zones où les
cés sont : meilleure maîtrise des circuits de com- coxers sont peu représentés, renforce
- les heures de diffusion non conformes mercialisation par les bana-banas qui cette idée et nous conduit à proposer une
avec les activités du prod ucteur ; sont liés par des accords de réciprocité de hypothèse de complémentarité entre les
- la périodicité non adaptée de la diffu- long terme avec les coxers. L'autre facteur dispositifs. Les SIM, dispositifs extérieurs
sion de l'information vu la forte va riabilité est lié au délai de pa iement pour le au marché, devraient alors chercher à
des prix des produits maraîchers ; les producteur, paiement immédiat sur les pallier les déficiences informationnelles
producteurs déclarent avoir besoin d'une marchés de groupage et différé au niveau en priorité dans les zones où il y a ab-
information journalière alors qu e la diffu- des marchés de gros, vu que l'écoulement ence ou défaillance des systèmes pro-
sion est hebdomadaire ; ne se fait pas le jour même. pres a u marché. L'analyse des marchés

Cahiers Agricultures 2004 ; 13 : 148-57


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