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RÉSUMÉ. Cet article concerne l'influence de la non-linéarité du sol, présentée par la liquéfaction de ce dernier, sur les
phénomènes d'interaction de sol-structure. L'objectif est d'indiquer les effets bénéfiques ou défavorables de la prise en
compte de l‘ISS non linéaire sur la dérive structurale et sur le tassement d'une structure donnée. Un modèle 2D en éléments
finis couplé est utilisé. Le comportement du sol est simulé à l’aide d’un modèle élastoplastique multi-mécanisme.
ABSTRACT. The present paper deals with the influence of soil non-linearity, introduced by soil liquefaction, on the soil-
foundation-structure interaction phenomena. The objective is to reveal the beneficial or unfavourable effects of the non-
linear SSI on both structural drift and settlement of a given structure. A 2D coupled finite element modelling is carried out
using an elastoplastic multi-mechanism model to represent the soil behaviour.
1. Introduction
2. Modèle numérique
Le modèle en éléments finis est composé de trois parties : le sol de fondation, une fondation superficielle et
une structure à un degré de liberté (SDOF). Le profil de sol utilisé est constitué principalement de 29m de sable
lâche saturé sur de 16m de sols argileux. La densité relative (Dr) du sol sableux varie entre 40 et 50% et son
module de cisaillement augmente avec la profondeur.
On utilise un modèle bidimensionnel en déformations planes. Le maillage du modèle proposé est montré sur
la Figure 1a. Ce maillage est basé sur les mesures in-situ de la vitesse de propagation d’ondes de cisaillement
(Vs) et de l’essai SPT (Lopez-Caballero et Modaressi Farahmand-Razavi, 2006). Un modèle de comportement
élastoplastique est utilisé pour simuler le comportement des sols se trouvant aux premiers 29m. A partir de 29m,
le profil est composé principalement des argiles surconsolidées. Ainsi, Pour les couches de sol placées entre 29m
et 40m, on utilise un modèle de comportement élastique linéaire isotrope. Le rocher « déformable » est placé à
40m et la surface libre de la nappe phréatique se trouve au niveau de la surface du sol.
Dans le but d’étudier l’influence de l’apparition de la liquéfaction sur la réponse d’une structure, trois
profiles de sol ont été utilisés (Figure 1b). Dans ces profiles de sol, seulement les propriétés des couches se
trouvant entre 2 et 9m ont été modifiées. Les couches de sol du profil C présentent un comportement plus
dilatant que celles des profils A et B.
Afin de simuler la structure à un degré de liberté, on utilise un portique composé des éléments poutre avec un
comportement élastique isotrope. Le portique présente une hauteur effective de 4m et une masse de 21T. La
fréquence fondamentale de la structure (fstr) est de 3.71Hz sur base fixe.
Dans les calculs, comme seulement les ondes de cisaillement SV incidentes sont introduites dans le modèle
et l’on considère que les frontières latérales sont assez éloignées (hypothèse qui est vérifiée a posteriori), leur
réponse est assumée comme celle du champ libre. Ainsi, des conditions imposant les mêmes déplacements dans
toutes les directions pour les nœuds des deux extrémités du maillage se trouvant à la même profondeur ont été
appliquées (notion des nœuds équivalents).
Dans le cas du rocher, des éléments paraxiaux sont utilisés afin de simuler un rocher déformable et infini
(Modaressi, 1987, Aubry et Modaressi, 1992). Les ondes incidentes, définies au rocher affleurant sont
introduites à la base du modèle après déconvolution. De cette manière, le mouvement obtenu à la base du modèle
est composé des ondes incidentes et du signal réfléchi.
Afin d’étudier la réponse du modèle aux mouvements sismiques, les accélérogrammes des séismes de Friuli -
San-Rocco (Italie-1976), et du séisme de Kozani (Grèce - 1995) ont été utilisés. Ces signaux sont en accord avec
le spectre de réponse pour le sol de type A de l’Eurocode8.
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b)
a)
Dans ce travail, afin de modéliser le comportement des sols nous utilisons le modèle de comportement
élastoplastique de l’ECP, connu comme « modèle de Hujeux » (Aubry et al., 1982; Hujeux, 1985), implanté dans
le logiciel GEFDYN (Aubry et Modaressi, 1996). Les caractéristiques principales de ce modèle de
comportement élastoplastique sont brièvement données ci-dessous.
Le modèle est écrit en termes de contraintes effectives de Terzaghi dans le cas des sols saturés. Il utilise un
critère de rupture de type Coulomb et intègre le concept d’état critique. L’évolution de l’écrouissage dépend des
déformations plastiques (déviatoire et volumique).
Pour prendre en compte le comportement cyclique des sols, un écrouissage cinématique, fonction des
variables d’état au dernier changement de sens de charge, est utilisé. L’influence de la déformation volumique
est prise en considération par l’intermédiaire de la pression critique p’c, comme dans le modèle Cam-Clay. On se
place dans le cadre de transformations infinitésimales.
2.2. Matériaux considérés
Comme on l’a dit précédemment, les premiers 29m du modèle des trois profils de sol sont constitués des
couches de sable, avec une Dr entre 40 et 50%. Les paramètres du modèle élastoplastique sont obtenus en
utilisant la méthodologie exposée dans (Lopez-Caballero et al. 2003). Afin de vérifier que le choix des
paramètres est cohérent et de comparer les réponses des trois sols différents, des essais de cisaillement cycliques
sont modélisés avec les mêmes conditions initiales. Ces essais correspondent à des essais de cisaillement
cyclique drainé pour estimer les courbes de dégradation du module de rigidité et des essais cycliques non drainés
pour évaluer la susceptibilité à la liquéfaction. Les réponses obtenues pour une contrainte p’o = 50kPa sont
montrées sur la Figure 2. Les courbes sont comparées avec les courbes de référence données par (Seed et al.
1986) et (Seed et Idriss, 1982). On constate que les courbes G/G max-γ s’ajustent bien aux courbes de référence.
En ce qui concerne la réponse aux essais de liquéfaction, on constate que le sol du profil C présente une
résistance plus importante à l’apparition de la liquéfaction que les deux autres sols.
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Figure 2. Comparaison des courbes a ) G/G max-γ et b) du nombre de cycles à la liquéfaction obtenues par le
modèle pour les sables utilisés avec celles données par Seed et al. (1986) et Seed et Idriss (1982).
a) b)
Dans ce qui suit, on s’intéresse aux effets du comportement non linéaire du sol sur la réponse de la structure.
Dans une première partie, on s’intéressera à la réponse du point de vue de la liquéfaction sous la fondation de la
structure, et dans une seconde partie, on étudiera la réponse de la structure en prenant compte des effets
d’interaction sol structure ainsi que de l’apparition de la liquéfaction.
3.1. Liquéfaction sous la fondation superficielle
D’après les résultats obtenus avec les trois profils de sol (Figure 3a), on constate que par exemple, pour le
signal de Kozani avec une accélération maximale en rocher affleurant (amax outc) égale à 0.2g, la liquéfaction
apparaît dans les couches placées entre 2m et 4m de profondeur pour les trois cas (i.e. l’incrément de pression
interstitielle Δpw est égale à la contrainte verticale initiale σ‘vo). Par contre, on observe des différences dans
l’évolution de Δpw avec la profondeur.
Afin de pouvoir comparer le niveau de liquéfaction d’un profil de sol donné, plusieurs auteurs proposent
d’utiliser l’indice de liquéfaction (Q), qui est défini comme suit (Shinozuka et Ohtomo, 1989) :
H
"pw(t, z)
Q= 1 ! dz [1]
H 0 #'vo (z)
où H est la profondeur totale du sol à étudier (dans notre cas, H=10m), Δpw(t,z) est l’incrément de pression
interstitielle au temps t et à la profondeur z et σ’vo(z) est la contrainte verticale initiale à la profondeur z. La
variation de la valeur de l’indice de liquéfaction Q à la fin du séisme, pour les trois profiles de sol étudiés, en
fonction de l’intensité d’Arias (Arias, 1970) du séisme de Kozani à différents niveaux d’accélération maximale
est montrée sur la figure 3b. L’intensité d’Arias (I A) au contraire de l’accélération maximale (amax) permet de
mieux caractériser le séisme du point de vue de l’énergie. D’après cette dernière figure, on peut observer que :
(i) plus la valeur de l’intensité du séisme augmente, plus les niveaux de liquéfaction dans le profil augmentent et
(ii) pour des niveaux d’intensité du séisme comparables, c’est le profil C qui présente toujours les valeurs plus
faibles de Q. Ceci est dû au fait que le sol du profil C a une plus forte résistance à la liquéfaction (Figure 2b).
Un comportement similaire est trouvé pour le séisme de Friuli.
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Figure 3. Comparaison des réponses obtenues pour les trois profiles, a ) Evolution de l’incrément de pression
interstitielle avec la profondeur et b) variation de l’index de liquéfaction en fonction de l’intensité d’Arias,
séisme de Kozani à différentes amplitudes.
a) b)
une augmentation de la dissipation de l’énergie dans le sol dû à la dégradation de sa rigidité. Si l’on compare la
variation de l’intensité entre le rocher et la base de la structure (Figure 6), on note que pour les profils A et B les
valeurs d’IA à la base sont plus faibles que celles obtenues pour le profil C.
Figure 4. Comparaison des a) fonctions de transfert obtenues en champ libre pour les trois profils de sol étudiés
et b) fonctions de transfert d’ISS obtenues pour la structure dans les trois cas.
a) b)
Figure 5. Variation de la dérive structurelle du SDOF obtenue en fonction de l’intensité d’Arias au rocher, a)
séisme de Friuli et b) séisme de Kozani.
a) b)
Même si, du point de vue de la dérive structurelle, le comportement de la structure semble s’améliorer
lorsque la liquéfaction apparaît, par contre, en ce qui concerne les tassements de la fondation ce n’est pas le cas.
Des tassements co-sismiques plus importants sont produits lorsque la structure est fondée sur les profils A et B
(Figure 7). D’après cette figure on observe également que comme on l’attendait, des séismes avec des valeurs
d’intensité plus élevées produisent des tassements plus importants.
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Finalement, du point de vue de la vulnérabilité de la structure, il est nécessaire de prendre en compte ces
deux aspects (i.e. comportement de la structure et de la fondation) en parallèle afin d’estimer le niveau des
dégâts que peut subir une structure lors de l’apparition de la liquéfaction dans le sol de fondation. Cela peut
permettre d’expliquer les niveaux des dégâts que certaines structures ont subi lors de séismes récents (Tokimatsu
et al. 1996, Juang et al. 2005).
Figure 6. Variation de l’intensité d’Arias obtenue à la base de la fondation en fonction de l’intensité d’Arias au
rocher, a) séisme de Friuli et b) séisme de Kozani.
a) b)
Figure 7. Variation du tassement co-sismique du SDOF obtenue en fonction de l’intensité d’Arias à la base de la
fondation, a) séisme de Friuli et b) séisme de Kozani.
a) b)
4. Conclusions
On constate que les valeurs obtenues de dérive structurelle sont en général plus importantes lorsque la
structure est fondée sur le profile de sol qui présente un niveau de liquéfaction plus faible. Lorsque le sol de
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fondation se liquéfie, il apparaît une augmentation de la dissipation de l’énergie dans le sol dû à la dégradation
de sa rigidité.
D’autre part, des tassements co-sismiques plus importants sont produits lorsque la structure est fondée sur les
profils qui présentent un niveau de liquéfaction plus important. On observe également que comme on l’attendait,
des séismes avec des valeurs d’intensité plus élevées produisent des tassements plus importants.
Finalement, du point de vue de la vulnérabilité de la structure, il est nécessaire de prendre en compte ces
deux aspects (i.e. comportement de la structure et de la fondation) en parallèle afin d’estimer le niveau des
dégâts que peut subir une structure lors de l’apparition de la liquéfaction dans le sol de fondation.
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