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Jacques Hamon
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Le rôle et l’évolution
des institutions
de surveillance 1
Si la nécessité d’une
L
a surveillance des marchés et des transactions
régulation et d’une
financières implique une réglementation en
surveillance des marchés
boursiers est peu contestée
amont et une sanction en aval. La définition des
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discrimination que ces pratiques peuvent maximale à chacun. Une imperfection dans
entraîner entre les actionnaires ; les conflits les mécanismes de concurrence, des bar-
d’intérêts et les façons de les éviter ou les rières à l’entrée, un pouvoir de marché, des
régler. La protection des investisseurs mino- asymétries d’information ou des externali-
ritaires. Les modalités d’organisation des tés peuvent altérer cette situation idyllique
professions et les règles à suivre de manière et justifier la mise en place d’une réglemen-
à ce que les professionnels ne tirent pas tation et d’une surveillance des marchés.
avantage de leurs clients ou du marché, en
sus des commissions librement négociées. – Exemple de défaillance
Les nombreux exemples pris outre-atlan- de la concurrence
tique le sont pour deux raisons : la première En 1994 une étude a montré qu’une collu-
tient à la disponibilité des données, les sion entre les intermédiaires financiers, pas-
autorités et les marchés américains commu- sage obligé pour acquérir une action cotée
niquant facilement sur le sujet ; la deuxième au National Association Securities Dealers
est liée au rôle de pionnier sur la plupart des Automated Quotation (Nasdaq) deuxième
sujets abordés tant des autorités de régula- marché d’actions américain, augmentait
tion considérées comme des modalités artificiellement les tarifs d’intermédiation,
d’autorégulation des marchés que des insti- alors même que 35 teneurs de marché
tutions financières anglo-saxonnes. étaient apparemment en concurrence par
La première section s’interroge sur la légi- exemple pour l’action Microsoft. Les
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2. La fourchette (spread) est l’écart entre le prix auquel le teneur de marché vend (ask) et celui auquel il achète (bid
ou offer). La fourchette est par définition un multiple de l’échelon de cotation (tick), ce dernier représentant le pas
minimal en cas de variation de cours. Le mécanisme d’entente consistait à afficher des fourchettes en nombre pair
d’échelon de cotation. Pour des résultats récents sur l’impact des réformes, ainsi que la genèse de l’histoire depuis
1994, le lecteur se reportera à Schultz (2000).
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 399
et surtout s’ouvrir la concurrence d’un car- plus bas encaissant un profit d’environ
net d’ordres depuis 1997. 240 000 dollars. Mais ce gain est très faible
en regard de la perte de la moitié de la capi-
– Exemple d’externalité négative talisation de la société Emulex soit environ
Un cas typique de manipulation est la deux milliards de dollars !
« bouilloire » (pump and dump scam ou
boiler room) qui consiste à prendre le – Quelles sont les menaces qui pèsent sur
contrôle d’un organe de presse réputé, puis les investisseurs ?
à insérer des « conseils ». La cible est le De nombreux délits observés en bourse ne
plus souvent une action peu liquide, donc sont pas spécifiques au fait que l’entre-
plus facilement manipulable telle une prise soit cotée en bourse : ainsi l’escro-
action dont le niveau de cours est très faible querie, le démarchage irrégulier, l’abus de
(penny stock). Le fraudeur procède en plu- confiance, l’établissement de faux bilans,
sieurs étapes : les dividendes fictifs, la banqueroute, la
1. conseil d’achat, présentation de comptes inexacts, le faux
2. achat du titre (pour faire monter le en écriture 3.
cours), Les régulateurs américains mettent en
3. nouvel article dans le média contrôlé : garde les investisseurs contre les menaces
« vous avez vu comme nos conseils sont les plus pressantes. Une compilation des
pertinents, et bien la hausse ne fait que listes de l’État de Californie, du National
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3. Liste dressée à partir des affaires jugées en France, suivant le dossier publié par Les Échos du 7 et 8 mai 1999,
p. 27-28.
400 Revue française de gestion
4. Le règlement n° 90-04 précise qu’il « est interdit de transmettre des ordres en vue d’entraver le bon fonctionne-
ment du marché ou d’induire autrui en erreur. Les opérations réalisées doivent être en conformité avec les objectifs
visés par l’opérateur ».
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 401
APPLICATION ET INTERNALISATION
Un courtier reçoit des ordres d’achat et de vente sur le même titre. S’il présente les deux
sur le marché (par exemple Euronext) en les appariant en quantités identiques c’est une
application (agency cross). Le courtier membre bénéficie d’un tarif d’exécution préfé-
rentiel et il peut fixer un prix à sa convenance entre les deux limites de la fourchette.
L’application ne participe pas à la détermination du cours et le courtier n’est pas obligé
(sur Euronext) d’informer son client de l’exécution sous cette forme. Mieux, s’il se porte
contrepartie du client (principal cross) il peut exécuter la transaction sur le marché
comme une application (sur Euronext). On voit ici une incitation à maintenir l’échelon
de cotation qui est la valeur minimale de la fourchette !
Si le courtier réalise la même opération sans transmettre les ordres à un marché régle-
menté, c’est une internalisation. Le courtier gagne les frais de transaction sinon facturés
par le marché. On remarque que l’application comme l’internalisation provoquent une
fragmentation et que dans les deux cas l’avantage en coût d’exécution n’est probable-
ment pas répercuté sur le client.
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5. Ont votés contre l’ensemble des députés allemands, les hollandais mais aussi chez les députés français :
les communistes, les écologistes et une partie de l’UDF. Voir l’article de Quatremer J., dans Libération du
5 juillet.
6. Stiglitz J.E. : « Inadequacies in the legal infrastructure underlying corporate governance, leading managers to
have incentives directed more at stripping assets and « tunneling » than in creating wealth », 2000, p. 1468.
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 405
une décote des actions sans droit remarque la possibilité de modifier les sta-
de vote par rapport tuts et d’admettre des droits de vote double
sous condition de détention, ou encore le
à celles qui en sont pourvues
plafonnement des droits de vote expri-
Le droit de vote peut être évalué par com- mables en assemblée.
paraison de la valeur de titres avec ou sans Les modifications statutaires doivent être
droit de vote émis par la même société. approuvées par une majorité des deux tiers
L’interprétation la plus vraisemblable de la des actionnaires présents ou représentés, ce
décote des actions sans droits de vote par qui, compte tenu du taux d’abstention dans
rapport à celles qui en sont pourvues, est les assemblées des sociétés dont le capital
l’importance des captures de bénéfices. est dispersé, donne une marge de manœuvre
Zingales (1994) remarque les valeurs parti- très confortable aux dirigeants aux affaires.
culièrement élevées en Italie. Dyck et Zin- Certaines modifications de statuts sont qua-
gales (2002) montrent que d’un pays à siment irréversibles, leur adoption par des
l’autre la prime payée pour un bloc est très assemblées où le quorum est très faible
variable et dépend du degré de protection apparaît très contestable. Ne serait-il pas
que la loi offre aux investisseurs minori- sain de modifier la réglementation en intro-
taires. Reese et Weisbach (2002) montrent duisant par exemple une clause de quorum,
que l’un des avantages de la double cota- au moins dans le cas d’une modification des
statuts remettant en cause l’exercice des
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7. Suivant Les Échos du 4 décembre 2001, un tribunal français, saisi par une association d’actionnaires minoritaires
a rendu en juin 2000 une ordonnance de non lieu à propos de transactions sur Immobail au motif que « la ces-
sion d’actions par les administrateurs, disposant d’informations privilégiées, si elle peut porter atteinte au fonction-
nement normal du marché, ne cause par elle-même aucun préjudice personnel et direct aux autres actionnaires de la
société, ni à la société elle-même ».
8. Suivant Le Monde du 18 mars 1994 et du 26 novembre 1995, P. Bergé aurait cédé 3 % du capital d’Yves Saint
Laurent avant la publication de résultats trimestriels défavorables durant l’été 1992. La COB a fixé une pénalité de
3 millions de francs en octobre 1993 pour « manquement d’initiés ». En mars 1994, la cour d’Appel a réduit la péna-
lité de 3 à 1 million de francs en raison « de la pression de la banque pour apurer sa situation débitrice ». Une ins-
truction a été ouverte avec mise en examen le 30 mai 1994 et un non-lieu finalement prononcé le 16 octobre 1995.
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 407
9. Au cours du printemps 1997, les dirigeants d’Adaptec, cotée au Nasdaq, sont soupçonnés d’avoir mani-
pulé les informations diffusées dans le but de faire augmenter les cours. Le 8 janvier 1998, Adaptec annonce
une forte baisse du bénéfice pour le 3 e trimestre de 1998, le cours du titre chute spectaculairement de 44 %
en une séance. Les douze principaux dirigeants d’Adaptec ont vendu avant le 8 janvier, 85 % de leurs
actions pour un gain litigieux de l’ordre de 31 millions de dollars. Trois plaintes collectives (class action)
sont constituées.
10. La SEC propose le 8 mai 2002 un traitement assez similaire pour les analystes financiers amenés à faire des
recommandations sur un titre, ils devraient rendre publique la quantité de titres détenus en propre, de même que la
variation de position de leur banque sur le titre.
408 Revue française de gestion
(Official Summary of Security Transactions Les obligations qui pèsent sur les marchés
and Holdings, OSSTH 11). L’obligation dépendent du statut obtenu auprès des auto-
concerne également les titres optionnels et rités. En Europe une distinction est faite par
notamment les exercices de stock options. la DSI entre marché réglementé et non
Les insiders sont sous surveillance parti- réglementé. L’obligation de diffusion d’in-
culière de la SEC mais aussi de tous les formation, d’enregistrement et de conserva-
investisseurs puisque leurs transactions tion des transactions et des données de mar-
sont rendues publiques avec un léger dif- ché ainsi que l’obligation de surveillance
féré et font l’objet d’exploitations mul- des transactions et de la solvabilité des inter-
tiples (voir le service CDA/investnet dif- médiaires est associée au statut de marché
fusé par First Call). réglementé. Des statuts équivalents sont
observés par exemple en Grande-Bretagne
– Les réglementations en dehors avec le recognised investment exchange
des États-Unis (RIE), ou aux États-Unis où un registered
Des réglementations similaires existent au exchange est un marché ou une association
Canada, en Grande Bretagne, en Hollande, reconnu comme self-regulatory organisa-
en Espagne 12 ou sur la bourse de Oslo par tion (SRO) par la SEC. Les points de régle-
exemple. En France suivant Le Monde du mentation sont nombreux, notons les cri-
21 mars 2002, la COB recommande la tères d’admission à la cote, le modèle de
publication (tous les six mois) des transac- marché et la surveillance du flux d’ordres.
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11. Cette information est reprise par différents médias comme www.msn.com : le 10 mai 2002 on y apprend que
J. Bezos, Chief Executive Officer d’Amazon détient 112 millions d’actions et en a vendu le 8 février 3 millions pour
36 millions de dollars ; ou que W. Gates III, Chairman of the Board de Microsoft détient 644 millions d’actions et
en a vendu 999 400 le 1er mars pour 61 millions de dollars. Aux États-Unis les insiders sont par ailleurs encouragés
à publier leurs transactions projetées.
12. La « Commision national del mercado de valores (CNMV) » définit l’insider comme tout haut dirigeant ou tout
actionnaire à plus 5 %.
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 409
13. Automated Search and Match (ASAM), contient les noms de plus de 800 000 dirigeants, hommes de lois, audi-
teurs, comptables, banquiers d’affaires sur environ 80 000 entreprises.
410 Revue française de gestion
Les cas douteux font l’objet d’enquêtes Dans la réglementation du marché français,
supplémentaires, sont transmis à la SEC et le taux de couverture est plutôt plus faible
font l’objet de procédures de sanction au (20 % si la couverture est en espèces, 40 %
niveau du NYSE lorsque des intermédiaires si elle est en titres négociés sur un marché
membres du marché sont impliqués. Ces réglementé) mais seule une minorité des
sanctions peuvent être contestées et faire titres sont éligibles au « service à règlement
l’objet d’appels au niveau du marché lui- différé ». Ce qui limite les arbitrages, juste-
même, de la SEC, de cour d’appel et de la ment dans l’hypothèse où les cours seraient
cour Suprême. à des niveaux « trop élevés ».
ceux qui y travaillent à être en contact avec listes sensibles (watch list) gérées par le ser-
des informations sensibles relatives à des vice de déontologie et comportant les titres
projets de regroupement d’entreprises ou sur lesquels le département trading ne doit
des émissions de titres notamment. L’infor- pas intervenir en spéculation.
mation ainsi recueillie ne doit pas pouvoir Certaines affaires ont illustré la difficulté de
être utilisée par le personnel ayant directe- mise en place de telles procédures. Suivant
ment connaissance de l’information sen- Libération, du 26 juillet 1995, la COB
sible, ni par du personnel d’autres départe- aurait ouvert une « procédure de sanction »
ments de la même banque tels que ceux des contre plusieurs banques pour « délit et
études et de la recherche ou bien sûr du manquement d’initié ». En juin 1994, Euro-
trading. tunnel a réalisé une augmentation de capital
Le règlement de la COB (90-08, art 6) en numéraire. Vingt banques s’étaient por-
enjoint à « prendre toutes mesures utiles en tées garantes du placement avec trois chefs
vue d’éviter l’utilisation abusive et la circu- de files (Indosuez, SG Warburg – à l’époque
lation d’informations privilégiées ». SBC, Suiss Bank Corporation – et Morgan
Grenfell). L’opération a dans ce cas été pro-
la mise en place de services bablement conclu entre le département
de déontologie ayant autorité corporate des banques et la direction d’Eu-
hiérarchique dans les conflits rotunnel. La garantie de placement génère
d’intérêt en matière d’information une commission pour les banques mais est
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avant l’émission des actions Eurotunnel que la concurrence entre les gérants
(département trading). Ce qui correspond à d’OPCVM, or les mécanismes de fidélisa-
une saine gestion des risques peut appa- tion sont puissants ;
raître comme un mélange de genres vu de – un taux de rotation important du porte-
l’extérieur. Car ne peut-on pas imaginer une feuille génère de nombreux ordres (et un
porosité de la muraille de Chine, et des volume de courtage important) qui transi-
ventes au moins partiellement motivées par tent par un membre du marché qui peut être
d’éventuelles informations en provenance en rapport étroit avec la même institution
du département corporate ? Dans cette financière, ce qui pose là encore un conflit
affaire, la COB a abandonné les poursuites d’intérêts. En France en effet, très peu de
contre certaines des banques en mars 1996, sociétés d’investissement (membres du
mais une instruction est semble-t-il toujours marché et intermédiaires obligés par les-
en cours (Libération, 23 février 2000). quels les ordres transitent) sont restées
Dans un tel cas, le plus simple ne serait-il indépendantes, elles sont le plus souvent
pas pour une banque de s’interdire de réali- contrôlées par de grandes institutions
ser le placement et simultanément la garan- financières.
tie ? Ou bien ne devrait-elle pas couvrir la La situation peut être assainie en renforçant
garantie auprès d’un autre établissement ? les obligations et la fréquence de publica-
tions des OPVCM : sur la composition des
– À propos de la gestion collective portefeuilles, les frais de gestion et la part
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15. Le 8 mai 2002 la SEC suggère que toute transaction d’analyste contraire à ses recommandations soit interdite.
Par ailleurs il est interdit pour un analyste de recevoir des commissions sur des opérations du département corpo-
rate. A chaque rapport d’analyse devront être mentionnés les liens éventuels du département corporate avec l’en-
treprise en question sur les 12 derniers mois, et un graphique sur 12 mois des évolutions de cours avec rappel des
dates des conseils passés de l’analyste.
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 413
16. Les affaires ont été nombreuses à ce sujet ces deux dernières années, on se limitera à rappeler l’enquête de l’At-
torney général de New York (Eliot Spitzer) sur Merrill Lynch qui a trouvé des e-mails privés d’analystes (Blodget,
analyste vedette en valeurs technologiques) qui entrevoyaient des perspectives catastrophiques pour certaines
valeurs technologiques qu’ils recommandaient par ailleurs à l’achat. ML conclut un arrangement avec notamment
le paiement d’une indemnité de 100 millions de dollars (suivant La Tribune du 22 mai 2002).
414 Revue française de gestion
jusqu’à une période très récente, non seule- devraient être plus clairement définis et
ment n’étaient pas elles mêmes cotées en moins en interférence avec les objectifs
bourse, mais qu’en plus leur forme juri- propres des membres. Le statut de société
dique s’apparentait souvent à une sorte de ordinaire, qui plus est cotée en bourse
coopérative ouvrière ou de mutuelle. Le impose par ailleurs des diffusions d’infor-
NYSE (a not for profit corporation) est tou- mations et un contrôle extérieur plus fort
jours la propriété de ses membres, c’est-à- notamment dans l’intérêt des actionnaires
dire majoritairement des spécialistes. Ces qui représentent un public plus large et non
derniers sont ainsi à la fois la profession la exclusivement constitué de membres.
plus impliquée dans le fonctionnement
même du marché et également les princi- IV. – EXISTE-T-IL UN OPTIMUM ?
paux propriétaires du marché. Cette forme
juridique assure probablement une grande Si les réglementations de marché sont
stabilité lorsque l’environnement est lui- nécessaires, il ne faut pas oublier que toute
même très stable, mais ne facilite pas la réglementation a peut-être un avantage et
définition d’objectifs ou de stratégies : des certainement un coût. Le coût de fonction-
situations de conflits sont inévitables. La nement des agences de surveillance est
forme mutualiste donne peu d’incitation au assuré par les investisseurs le plus souvent
marché à contrôler l’activité des membres sous la forme d’un prélèvement sur les tran-
lorsque des conflits d’intérêts potentiels sactions. Mais à ce coût direct, lié à l’admi-
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17. En juin 2002. On donnera l’adresse internet de la COB (www.cob.fr), à la rubrique liens, le lecteur pourra trou-
ver la plupart des adresses internet de ces organismes. À titre d’illustration, le CDGF est institué par l’article L623-
1 du Code monétaire et financier et la loi du 2 juillet 1998, ses membres sont nommés pour une durée de 4 ans, par
le Conseil d’État, ou le ministre de l’Économie, sur proposition de l’AFG-ASSFII, du CMF, de l’AFECEI, de la
FFSA, de la COB. Ou encore la CCA est une autorité administrative indépendante créée par la loi n° 89-1014 du
31 décembre 1989, la CCA est composée de cinq membres, nommés pour une durée de cinq ans, par arrêté du
ministre de l’Économie des finances et de l’industrie.
416 Revue française de gestion
18. Les français appellent le premier le CEVM (Comité européen des valeurs mobilières) et le deuxième le CERVM
(Comité européen des régulateurs de marchés de valeurs mobilières). On trouvera le CESR ou CERVM à l’adresse
www.europefesco.org.
19. Et que dire des ventes de puts sur leurs propres actions par des entreprises, à l’exemple de Vivendi qui aurait de
tels engagements de rachats de 19,7 millions d’actions à des cours entre 60,4 et 80 euros, alors que le cours de l’ac-
tion est à peine supérieur à 30 euros en mai 2002. Ou toujours Vivendi qui, selon Option finance (6 mai 2002), n’au-
rait pas annulé les actions rachetées mais les aurait replacées auprès de banques d’affaires.
Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance 417
Les quotités (et les frais excessifs qui de l’information, mais aussi entre les inter-
étaient prélevés sur les transactions en médiaires financiers et sur le marché du
rompu de quotité) ont disparu à Paris en contrôle.
1996. Les fourchettes ont beaucoup baissé Avec le développement de la cotation mul-
du moins dans les années 1990. Ces évolu- tiple (un même titre étant échangé sur plu-
tions qui ont demandé des remises en cause sieurs plates-formes de cotation), l’obliga-
de certaines professions de l’intermédia- tion d’une interconnexion facilitant
tion, doivent beaucoup à la concurrence l’affichage centralisé des offres et
entre les marchés. demandes, tout en préservant la concur-
rence, devient une priorité.
CONCLUSION L’amélioration du gouvernement des entre-
prises cotées et l’information des action-
La construction européenne donne une naires est une autre priorité avec notam-
opportunité de développement des mar- ment l’obligation de publication des
chés financiers qui ne reflètent toujours transactions faites sur leurs propres titres
pas l’importance des économies des par les directions d’entreprises et les grands
quinze. La réglementation et la sur- actionnaires. En matière de gestion collec-
veillance doivent jouer un rôle dans ce tive, on a souligné l’intérêt de l’obligation
développement en donnant la priorité à la de publication en différé de la composition
protection des actionnaires minoritaires, à des portefeuilles.
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