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Antholo

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poétiqu
Année scolaire : 2019 - 2020
Préface
Cher lecteur, voici une petite anthologie sans prétention que j’ai concoctée pour votre
plaisir, bien que son sujet soit un peu lugubre et sinistre. Il s’agit de « La Boue et l’Or », un
thème propre au très célèbre poète symboliste Charles Baudelaire.
Cette appellation vient en effet du projet d’épilogue de son fameux recueil Les Fleurs
du Mal où il écrit : « Tu m’a donné de la boue et j’en ai fait de l’or ». L’ambition du poète à
travers ses œuvres est de transformer d’ignobles déchets en métal précieux. Il souhaite
extraire la beauté du mal, c’est-à-dire ce qu’il y’a de plus vil et de plus sale, et dans toutes
ces formes : le mal moral, physique et métaphysique. On peut même dire que c’est de
l’alchimie poétique.
Pour ce faire, il porte un nouveau regard sur les objets les plus ignobles et abjects et
s’approprie ce style poétique, ce qui va créer en conséquence une sorte de tendance littéraire
à la quête de la redéfinition de l’esthétique et de la beauté dans la poésie. En effet, la
sublimation du laid devient une source d’inspiration pour certains poètes du XIXe siècle, au
même titre que l’éloge lyrique très populaire à l’époque.
Ce thème m’a beaucoup intéressée parce que ce mouvement baudelairien se détourne
des topos romantiques de l’époque et choisit des sujets grotesques comme thème central de
son œuvre, ce qui va à l’encontre d’une tradition poétique de plusieurs siècles et de la bonne
morale de son époque.
Les poèmes que j’ai choisis évoquent ce même thème mais s’inscrivent dans des
mouvements littéraires variés et datent de siècles différents. Il s’agit de :
- Un sonnet de Jean-Baptiste Chassignet datant du 16e siècle et appartenant à la littérature
baroque.
- Quelques poèmes symbolistes du 19e siècles écrits par les poètes précurseurs de ce
mouvement : Baudelaire, Verlaine et Rimbaud
- Un poème en prose de Francis Ponge qui s’inscrit dans le courant surréaliste et date du
20e siècle.
J’ai même ajouté à la fin un poème de ma propre composition, dans lequel j’ai décrit une
scène où une fleur peu attirante au Soleil a pu plaire avec son odeur et son éclat pendant la
nuit.
Ainsi, à travers ces poèmes, j’ai voulu montrer que la laideur et la banalité des objets
était une source d’inspiration pour les poètes de toutes les époques. Je pense que les lecteurs
contemporains, dont je fais partie, peuvent se questionner sur la vision des poètes de cette
époque et pourquoi ils se sont tournés vers cette nouvelle conception de la beauté. A son
tour, la société du Second Empire a jugé cette tendance très sévèrement. Les poètes de
l’époque utilisent leur plume pour faire l'écho de leur intériorité mélancolique d'artiste
incompris, et en faire de beaux écrits qui, à mon humble avis, vont sûrement vous plaire.
Mortel, pense quel est dessous la couverture… 
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers,
Décharné, dénervé, où les os découverts,
Dépulpés, dénoués, délaissent leur jointure ;

Ici l’une des mains tombe de pourriture,


Les yeux d’autre côté détournés à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture ;

Le ventre déchiré cornant de puanteur


Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le nez mi-rongé déforme le visage ;

Puis connaissant l’état de ta fragilité,


Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage

Jean-Baptiste Chassignet, Mépris de la vie et consolation contre la mort, 1594

Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635) est un poète français de la fin de la Renaissance. Il a


reçu une formation humaniste et finit par illustrer la littérature baroque. C’est un mouvement
littéraire et culturel du 16e – 17e siècle lié à la montée des contestations contre l’Eglise chrétienne.
Les nouveaux courants religieux conduisent Chassignet à mettre la poésie au service de la foi et
écrire des sonnets pour pousser le lecteur à se tourner vers Dieu.

Dans ce sonnet, le poète fait une description macabre et détaillée d’un cadavre dans un
charnier. Il s’adresse aux Hommes à travers la description effrayante de ce cadavre, couvert des
vers qui le rongent. Son but est de rappeler aux lecteurs qu’ils sont mortels et qu’il faut relativiser
la vie terrestre. Il les invite à méditer et se rallier à la nécessité de croire en Dieu tout en dénonçant
l’inutilité des choses matérielles. Il s’appuie donc sur la laideur de ce corps et le dégoût du lecteur
pour souligner le bon côté de notre mortalité et transmettre ses convictions religieuses afin d’en
faire une morale.
Le Joujou du pauvre

Je veux donner l'idée d'un divertissement innocent. Il y a si peu d'amusements qui ne soient pas coupables !

Quand vous sortirez le matin avec l'intention décidée de flâner sur les grandes routes, remplissez vos poches
de petites inventions d'un sol, - telles que le polichinelle plat mû par un seul fil, les forgerons qui battent l'enclume, le
cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, - et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux
enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux s'agrandir démesurément. D'abord ils
n'oseront pas prendre ; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains agripperont vivement le cadeau, et ils
s'enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se
défier de l'homme.

Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d'un joli château
frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie. Le
luxe, l'insouciance et le spectacle habituel de la richesse, rendent ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait faits d'une
autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté. A côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide, aussi
frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries. Mais l'enfant ne
s'occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu'il regardait :

De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, pâle, chétif,
fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme œil du connaisseur
devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère.

A travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l'enfant pauvre
montrait à l'enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce
joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c'était un rat vivant ! Les parents, par
économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.

Et les deux enfants se riaient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur.

Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, 1869

Charles Baudelaire (1821-1867) est un poète français du 19 e siècle et précurseur du symbolisme à


l’époque où deux autres mouvements littéraires opposés existent : le romantisme et le réalisme/naturalisme.
Les symbolistes utilisent des analogies et des images pour évoquer le monde et suggérer des idées abstraites
sans les rendre explicites. « Le Joujou du pauvre » est l’une des pièces du recueil de poèmes en prose
intitulé Spleen de Paris publié de façon posthume en 1869. Le terme «Spleen» désigne un état de mélancolie
et de tristesse continue.

Dans ce poème, Baudelaire parle principalement de la relation ambivalente entre les riches et les
pauvres. Il montre que ces opposées se ressemblent plus que l’on pourrait croire, et tente de réconcilier la
relation entre ces deux contraires. En effet, il met en scène deux enfants deux enfants provenant de milieux
sociaux différents, et le plus aisé s’émerveille à la vue du jouet de l’autre, un rat vivant.

Le poète joue donc sur les contrastes entre ces deux enfants et l’opposition de leurs apparences et
leurs jouets pour dénoncer les inégalités sociales, ce qui rapproche ce poème de l’apologue.
Vénus Anadyomène

Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête


De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates


Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût


Horrible étrangement ; on remarque surtout
La Naissance de Vénus, Sandro Botticelli, 1484
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;


– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.

Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai, 1870

Arthur Rimbaud (1854-1891) est un poète français du 19e siècle principalement influencé
par le romantisme dans un premier mais va être inspiré des Fleurs du Mal de Baudelaire pour
écrire à un très jeune âge son propre recueil Les Cahiers de Douai.

Ce poème est un sonnet satirique, voire même une parodie dans laquelle Rimbaud critique le
corps d’une femme, plus particulièrement celui de Vénus, la déesse de la beauté. En effet, il lui
donne avec sa description les traits d’une femme laide et malade pendant qu’elle sort de son bain,
un moment très symbolique.

Cette satire est le moyen qu’utilise Rimbaud pour critiquer le lyrisme traditionnel et
redéfinir la beauté, ce qui va par conséquent faire émerger une nouvelle forme poétique et une
nouvelle vision de l’esthétique.
Le Bruit des cabarets

Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,


Les platanes déchus s'effeuillant dans l'air noir,
L'omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse,
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l'égout,
Voilà ma route - avec le paradis au bout.

Paul Verlaine, La Bonne chanson, 1891

Paul Verlaine (1844-1896) est un écrivain et un poète français qui s’inscrit dans le
mouvement su symbolisme. On l’a surnommé « Prince des poètes » pourtant c’est la figure
emblématique du « poète maudit » de son époque. En effet, il était en rupture totale avec la morale
convenue de son temps.

Ce poème a été publié dans La Bonne chanson, un recueil dédié à sa fiancée de l’époque
Mathilde. Il s’agit d’un dizain composé d’alexandrins dans lequel il s’intéresse à la modernité
urbaine et ses ressentis en tant qu’observateur de cette scène. Ici, il se concentre sur les cabarets
qui renvoient à une forme de festivité et de joie au sein d’une ville dégradée et sans vie.
Le Pain

La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi


panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le
Taurus ou la Cordillère des Andes.
   
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four
stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous
ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application
couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.

Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des
éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à
la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les
unes des autres, et la masse en devient friable...
   
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de
consommation.

Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942

Francis Ponge (1899 – 1988) est un écrivain et poète français qui adhère en parti au
surréalisme. Il a également eu une brève carrière politique après la Première Guerre Mondiale.

Ce poème en prose est extrait de son recueil Le Parti pris des choses dans lequel il évoque
plusieurs objets familiers dans des courts textes. Il souhaite leur restituer leur dignité et se
concentrer sur la matérialité du quotidien. Ici, il porte un regard émerveillé au pain, un objet banal
et familier du quotidien. En effet, il valorise la surface externe du pain et fait une description
péjorative de son intérieur.

Le pain est en fait une métaphore du monde : le processus de cuisson de ce pain fait
référence à l’histoire de la création du monde. A la fin, il rompt l’éloge poétique en invitant le
lecteur à la consommation.
La Fleur maudite

Au clair de la lune, elle était d’une beauté


Fragile, avec une grâce sans pareil ;
Un nectar qui attirait toutes les abeilles ;
Un éclat qui en faisait de la royauté.

Parfum délicieux qui enivre les narines ;


Avec des pétales d’une blancheur divine ;
Comment pourrais-je résister la tentation,
Et ce qu’elle me procure comme sensations ?

Le réveil du Soleil, révélateur de tout


Péché, avec son éclat radieux et doux ;
Me laissa abasourdie devant cette scène.

Des pétales froissés, fétides et sordides ;


Elle s’entrouvre et son sourire parait vide ;
Ah ! Elle m’a séduite sa senteur divine !

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