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LA SÉCURITÉ
DES SERVICES
DE SANTÉ
ET DES
SERVICES
SOCIAUX
CONTRIBUTIONS
Gestion du projet
Chargé de projet : Guillaume Ducharme
Édition
Édition et révision : Guylaine Boucher
Conception graphique et mise en page : GB Design Studio
Distribution
Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux
Direction de la performance et de la qualité
505, boulevard de Maisonneuve Ouest, bureau 400, Montréal (Québec) H3A 3C2
Téléphone : 514 842-4861
Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire, de mémoriser sur un système d’extraction
de données ou de transmettre, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit,
électronique ou mécanique, photocopie, enregistrement ou autre, tout ou partie de la pré-
sente publication à moins d’avoir préalablement obtenu l’autorisation écrite de l’Association
québécoise d’établissements de santé et de services sociaux.
TABLE DES
MATIÈRES
CHAPITRE 1
INTRODUCTION 07 11 Les fondements de la
sécurité des services
CHAPITRE 4
37 La culture de sécurité :
une condition de
succès incontournable
CHAPITRE 9
79 CHAPITRE 8
Identifier les risques
Analyser efficacement
les événements
indésirables et
87
en tirer les leçons
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
29
L’influence des pays
19 et des organisations
étrangers sur la gestion
des risques et la sécurité
La gouvernance et la
sécurité des usagers
des usagers au Québec
CHAPITRE 10 CHAPITRE 11
Divulguer les accidents
thérapeutiques
97 105 Mesurer la sécurité
des services
INTRODUCTION
Dans sa présentation du rapport qui allait D’UNE PRÉOCCUPATION LÉGALE
par la suite prendre son nom, M. Jean Fran- À UN SOUCI DE SAINE GOUVERNANCE
coeur faisait trois constats majeurs sur la Le passage aux années 2000 a été marqué
situation de la sécurité des soins et des par le développement d’une préoccupation
services au Québec : 1) les accidents évi- globale pour le risque et ses conséquences.
tables constituent une cause significative De nombreux événements catastrophiques
de morbidité et de mortalité, 2) le phéno- ont mis en évidence le fait que la complexi-
mène est largement occulté par la culture de fication des sociétés et la multiplication des
culpabilisation et de blâme et 3) le fardeau menaces requérait une nouvelle approche
de ces événements est accablant pour les face aux risques. Cette nouvelle approche
victimes et leurs proches (Francoeur, 2001). prend la forme d’une intégration complète
Depuis cette époque, bien des choses ont de la gestion des risques au sein de la gou-
changées au sein du réseau : un système vernance de l’organisation, voire de l’émer-
de déclaration des événements indésirables gence d’une « ère de la gouvernance des
a été mis en place, l’analyse de ces événe- risques » (Hassid, 2011).
ments et la divulgation des accidents s’est
généralisée, plus encore des instances ont Il est maintenant admis que la saine gouver-
été mises sur pied pour assurer la gestion de nance d’une organisation requière de la part
ces processus. Bien sûr, tout n’est pas par- de ses dirigeants une préoccupation pour le
fait, quelques résistances demeurent, mais risque et sa gestion.
globalement un changement de culture s’est
opéré : la sécurité des soins et des services L’ancien Manuel de gestion des risques
est devenu un enjeu organisationnel dont on publié par la Direction des assurances du
parle ouvertement dans les établissements. réseau de la santé et des services sociaux
visait essentiellement à assurer la mise en
Il est maintenant temps de capitaliser sur œuvre des obligations légales en matière de
les avancées des dernières années. La gestion des risques prévues par la LSSSS.
sécurité des services de santé et des ser- La présente édition du Guide de la sécurité
vices sociaux doit maintenant prendre le des services vise davantage à faire de la
tournant de la gestion intégrée des risques sécurité des services un élément-clé de la
en s’appuyant sur un système de gestion saine gouvernance d’un établissement. Tout
coordonné, une vision systémique et une en conservant l’héritage de l’ancien Manuel,
convergence des différents efforts visant à le présent guide se rattache davantage aux
assurer à l’usager une expérience de soin concepts élaborés dans le Guide de la ges-
exempte de toute mésaventure évitable tion intégrée des risques dont il souhaite
(HAS, 2012, ASHRM, 2010). Le système être le prolongement et l’outil de mise en
de gestion de sécurité des services, dont œuvre pour le secteur clinique.
les composantes et le fonctionnement sont
décrits dans ce guide, constitue le socle sur
lequel viendront s’appuyer les efforts des dif-
férentes équipes pour maîtriser les risques
liés aux services et qui permettra la mise en
place d’une solide culture de sécurité.
12 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 1
dépasse la seule dimension de la sécurité et correctives visant à offrir aux usagers les
des services. plus hauts standards de qualité et de sécu-
rité en matière de soins et de services de
De nombreuses normes professionnelles santé. L’approche proposée est également
encadrent également la sécurité et la qualité inspirée des normes internationales établies
des services offerts au sein des établisse- par l’Organisation internationale de norma-
ments de santé. C’est le cas notamment des lisation (ISO) et diffusées dans la norme
normes relatives aux laboratoires, celles pro- ISO 31000 – Management du risque.
venant des ordres professionnels ou celles
émanant des associations médicales. Dans
le cadre de ce guide, il ne sera pas pos- LA SÉCURITÉ DES SERVICES : AGIR SELON
sible de toutes les recenser. Il appartient LES PRINCIPES DE GESTION DES RISQUES
aux différents gestionnaires d’être à l’affût L’approche traditionnelle en matière de ges-
des normes pouvant avoir un impact sur tion des risques liés aux soins et aux services
le fonctionnement des activités de leur consiste à mettre en place des mécanismes
unité administrative et de voir à mettre en de surveillance et de déclaration des événe-
place les mesures requises pour en assurer ments indésirables de manière à être averti
le respect. lorsque ceux-ci surviennent, à les analyser
en vue de les comprendre et de mettre en
place des mesures correctives. Bien que
L’EXPÉRIENCE INTERNATIONALE cette approche réactive soit toujours per-
En plus des dispositions législatives et tinente et qu’elle contribue grandement à
des obligations normatives, la sécurité des l’amélioration de la sécurité des services, il
services est un secteur de connaissance importe d’y ajouter une dimension préven-
en plein développement. Plusieurs juridic- tive plus systémique. L’approche proposée
tions à travers le monde développent des dans ce guide met l’accent sur des actions
approches de gestion des risques dans préventives en amont du risque afin d’éviter
le domaine des services de santé et des que celui-ci se matérialise et entraîne des
services sociaux desquelles il est pos- conséquences sur l’état de santé ou le bien-
sible de s’inspirer. Le présent guide, et les être de l’usager.
approches qu’il propose, s’inspire ouverte-
ment des concepts proposés par la Haute La HAS, citant l’important rapport améri-
Autorité de Santé française (HAS) et par cain To err is human, résumait en quelques
l’American Society for Healthcadre Risk mots la problématique des événements
Management (ASHRM) des États-Unis. indésirables :
D’autres sources de référence internatio- « Diverses études montrent le carac-
nales seront également utilisées dans les tère fréquent, parfois grave, souvent
différents chapitres du guide, mais l’em- évitable, des évènements indésirables
preinte de la HAS et d’ASHRM est plus per- associés aux soins survenant en éta-
ceptible sur l’ensemble du modèle proposé. blissement de santé. La cause de
Ces deux sources de référence, proposent ces évènements est rarement liée au
notamment une approche globale et pro manque de compétence technique
active de gestion des risques basée sur un des professionnels. Ils sont le plus
continuum coordonné d’activités préventives souvent secondaire à des défauts
Ces erreurs, souvent répétitives, concernant La gestion des risques liée aux services
l’organisation, la coordination, la vérification doit également s’inscrire dans une volonté
ou la communication peuvent être évitées claire et affirmée d’amélioration continue.
par la mise en place de mécanismes rigou- Les gestionnaires des établissements et
reux de prévention soutenus par un système les différents intervenants doivent contribuer
de gestion de la sécurité. Les connais- quotidiennement à l’amélioration des méca-
POUR EN SAVOIR PLUS sances en matière de sécurité des services nismes de maîtrise des risques et avoir le
SUR LES DIFFÉRENTS ont grandement progressées au cours des souci constant de revoir leurs méthodes de
RISQUES CONSULTEZ dernières années et par conséquent, les éta- travail de manière à améliorer la qualité et la
blissements n’avancent plus totalement en sécurité des services offerts. Tous doivent
LA FICHE DESCRIPTIVE
terrain inconnu lorsqu’ils offrent des soins avoir la conviction qu’il est toujours possible
SUR LA TYPOLOGIE cliniques. La gestion quotidienne axée sur de faire mieux.
DES RISQUES. une culture de sécurité consiste toutefois à
assurer le suivi des mesures de prévention
déjà identifiées et à éviter les défaillances LE DOMAINE D’ACTION
de celles-ci. Cela dit, il demeure plusieurs DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES
zones d’ombre, notamment lors de l’ap- Les risques pouvant menacer le fonction-
plication de nouvelles techniques, où les nement d’un établissement de santé et de
risques sont moins connus et pour lesquels services sociaux sont multiples et variés.
l’acquisition de nouvelles connaissances Afin d’en assurer un suivi plus efficace et
sera requise pour en assurer la maîtrise. de leur affecter les ressources adéquates,
il est préférable de les classer par catégo-
L’enjeu pour les établissements est de rie. La Politique de gestion intégrée des
mettre en place un système permettant d’as- risques proposée par l’AQESSS contient
surer le suivi de l’application des différentes une typologie de risques relativement com-
mesures de prévention. Ce système de ges- plète et adaptée au contexte du domaine
tion de la sécurité des services doit viser de la santé.
à implanter une approche de gestion des
risques permettant de réduire l’incidence Les catégories de risques de cette typo-
et la gravité des événements indésirables. logie ont été définies en fonction de trois
La majeure partie des activités de ce sys- éléments :
tème doivent se concentrer en amont de • les caractéristiques intrinsèques du risque
l’événement indésirable, afin d’empêcher (s’agit-il d’un risque généré par les activi-
autant que possible sa matérialisation, et tés de l’établissement ou d’une menace
non à la suite de la réalisation de celui-ci. extérieure) ;
Il s’agit d’une approche qui requiert un • le type de victime potentielle de la surve-
grand leadership de la part des gestion- nue de ce risque (un usager, un employé,
naires, car elle nécessite l’investissement un tiers ou l’organisation elle-même) ;
14 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 1
• le type d’expertise requis pour en assurer l’amélioration des connaissances permet de
la maîtrise (expertise clinique, technique faire diminuer le nombre de risques inhé-
ou autre). rents, car des moyens permettant de les
maîtriser sont découverts par la recherche.
Malgré cette volonté de différencier les Les risques pour lesquels des stratégies de
risques en les catégorisant, des chevauche- maîtrise adéquates ont été mises en œuvre
ments peuvent subsister, entraînant parfois deviennent alors des risques évitables et
des malentendus en matière de responsabi- devraient désormais relever du domaine de
lité. C’est le cas du domaine de la sécurité la sécurité des services.
des services dont la responsabilité incombe
à un grand nombre d’acteurs. Par une approche de gestion des risques
proactive, il est possible de réduire la
Selon la définition faisant maintenant fréquence de certains types d’erreurs sys-
consensus, le risque représente « un événe- témiques et répétitives. Par exemple, la liste
ment potentiel ou une situation susceptible de vérification chirurgicale permet d’éviter
de compromettre l’atteinte des objectifs l’oubli d’instruments ou de compresses à
poursuivis » (AQESSS, 2011). En matière la fin d’une intervention. Cette approche,
d’offre de services cliniques, il s’agit de tout basée sur la mise en œuvre de stratégies
ce qui peut compromettre la qualité des ser- de maîtrise des risques dès la création d’un
vices et la sécurité de l’usager. L’attention service ou d’un type d’activité, est préfé-
première doit être portée vers les risques rable, car elle réduit les impacts sur l’usager.
causés par les activités de l’établissement, Le chapitre 8 propose une liste des outils
car elles peuvent générer des événements d’analyse des risques a priori.
indésirables qui auront un impact négatif
sur la santé ou le bien-être d’un usager, Dans certains cas, il n’est toutefois pas
mais sans négliger les risques liés à l’en- possible de prévenir les risques avant qu’ils
vironnement dans lequel ces services sont ne surviennent. On parle alors d’actions de
offerts. Les risques dont il est question sont récupération des erreurs commises, notam-
généralement induits par l’action des pro- ment par la mise en œuvre de mesures
fessionnels et des employés au cours d’un permettant de réduire les conséquences
épisode de services, mais il peut également pour la victime. Il s’agit alors d’une approche
s’agir de risques générés par l’utilisation de gestion des risques a posteriori basée sur
d’équipements, les installations physiques la correction des situations et sur l’analyse
de l’établissement ou, dans certains cas, par rétrospective des événements indésirables.
les actions d’un usager ou d’un tiers. Bien qu’essentielle, cette approche ne
peut représenter la stratégie principale des
Les risques inhérents aux traitements ou les activités de gestion des risques telle que
risques cliniques pris volontairement dans présentée au chapitre 6.
le but d’entraîner une amélioration de l’état
de santé d’un usager (par ex. : le risque de
subir un effet indésirable inévitable, le risque SÉCURITÉ DES SERVICES
de complication ou le risque d’un résultat OU SÉCURITÉ DES USAGERS ?
négatif au traitement) sont cependant exclus La finalité de ce guide est de favoriser la
du domaine de la sécurité. Il faut noter que sécurité des usagers dans l’ensemble du
16 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 1
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20 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 2
responsables de la règlementation en ce programme vise à s’assurer que la question
qui concerne les modifications nécessaires de l’hygiène des mains soit perçue comme
pour améliorer les pratiques en matière de fondamentale pour la santé dans tous les
sécurité des usagers. Ils indiquent aussi la pays. Il soutient l’idée que l’hygiène est la
voie à suivre pour développer une culture de base de la sécurité des usagers et permet
sécurité des usagers, soutenir la recherche de réduire les infections nosocomiales. Ins-
et favoriser la génération et la transposition piré par ces concepts, le Comité canadien
des connaissances relatives aux pratiques sur la résistance aux antibiotiques (CCRA)
en matière de sécurité des usagers. a parrainé le développement de pratiques
exemplaires pour l’asepsie et l’hygiène
dans les établissements de soins de longue
L’ALLIANCE MONDIALE durée et de soins de santé communautaire
POUR LA SÉCURITÉ DES USAGERS (CCRA, 2007). Ces pratiques sont encore
En octobre 2004, l’Organisation mondiale enseignées aujourd’hui.
de la santé (OMS) a lancé une Alliance
mondiale pour la sécurité des patients. Le second programme ayant eu des retom-
Six domaines d’action ont été identifiés. bées au Canada et au Québec est Une
Le premier est en lien avec les infections chirurgie plus sûre pour épargner des vies
nosocomiales. Le second renvoie à l’im- (2009). Il a été mis en place pour faire
plication des usagers et de la population, baisser le nombre de décès dans les ser-
tandis que le troisième s’intéresse au déve- vices chirurgicaux et était accompagné
loppement d’une taxonomie sur la sécurité d’une liste de vérifications chirurgicales.
des usagers. Plus largement, l’Alliance Une version canadienne de la liste a été
mondiale pour la sécurité des usagers valo- développée et a été rendue obligatoire par
rise aussi la recherche dans le domaine de Agrément Canada.
la sécurité des usagers et considère essen-
tiel de trouver des solutions pour réduire Le troisième et dernier programme ayant
le risque des soins de santé et améliorer influencé le Québec et le Canada concerne
leur sécurité. Pour faire une différence, l’implication des usagers et s’appelle Les
ces recherches doivent toutefois être par- patients pour la sécurité des patients
tagées, c’est pourquoi, l’OMS a égale- (2010). Au Québec, il a mené à la réali-
ment fait de la production de rapports et sation d’une étude sur la perception de la
du développement des connaissances un sécurité des soins par les patients (Baro-
champ d’action prioritaire. mètre CIRANO, 2012). Cette étude a
montré que les risques reliés au système
Concrètement, chaque année depuis la de santé étaient ceux qui préoccupaient le
création de l’Alliance, l’OMS propose des plus la population. Les Québécois estiment
programmes ou des initiatives pour amélio- notamment le risque d’infection nosocomiale
rer la qualité des soins. Trois d’entre eux ont entre moyen et grand (De Marcellis-Warin et
eu des retombées au Québec et au Canada. Peignier, 2012).
C’est le cas notamment du programme Un
soin propre est un soin plus sûr (2005).
En partenariat avec la communauté mon-
diale de la santé et d’autres acteurs, ce
22 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 2
sécuritaires, maintenant !, les Patients
pour la sécurité des patients du Canada
et l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des
médicaments du Canada (ISMP-Canada).
Le Canada a également vu la création du
Conseil de santé canadien et de plusieurs
conseils de santé provinciaux ayant pour
mandat de superviser la qualité des soins et
la sécurité des usagers. Au même moment,
partout en Amérique du Nord, la Loi sur la
présentation des excuses a été adoptée
pour favoriser la démarche de divulgation
et encourager l’expression des regrets à la
suite d’un évènement indésirable.
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30 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 3
les redresser ou encore de reconnaître les d’accidents qui sont survenus. Le C.A. peut
bons résultats. La Loi sur la santé et les aussi initier avec la direction des journées
services sociaux (LSSS, art. 172) édicte les qualité et sécurité qui permettent de mettre
responsabilités des C.A. dans les domaines en valeur les différentes initiatives menées
« de la pertinence, de la qualité, de la sécurité dans l’établissement.
et de l’efficacité des services dispensés ».
32 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 3
pneumonie sous ventilation assistée, d’in- EXEMPLES DE BONNES PRATIQUES
fection du site opératoire], leur taux de res- DE GOUVERNANCE EN MATIÈRE
pect du lavage des mains et de respect de DE SÉCURITÉ DES USAGERS
la liste de vérification chirurgicale ainsi que
leur taux de plaies de pression, de chutes, Comme nous l’avons vu précédemment,
de contentions, de décès dus à des compli- la littérature permet de mettre en évidence
cations chirurgicales. des bonnes pratiques en matière d’exercice
de la gouvernance en ce qui concerne la
sécurité des usagers. Ici, nous nous attar-
SUIVI DES ACTIVITÉS DE GESTION DES derons plus particulièrement aux manières
RISQUES ET DES RECOMMANDATIONS de mettre plus à contribution les usagers,
En plus des indicateurs en lien avec la sécu- sources d’informations importantes pour
rité, il est important que le C.A. dispose de les C.A.
l’information concernant les modalités de
fonctionnement du système de gestion des
risques dans l’établissement. Des indica- TÉMOIGNAGE DES USAGERS
teurs de processus ou encore des témoi- Améliorer l’expérience des usagers est
gnages du gestionnaire de risques pouvant un objectif primordial pour le C.A. et l’en-
répondre aux questions des membres du gagement plus poussé des usagers peut
C.A. sont utiles à ce chapitre. La loi sti- passer non seulement par le partenariat
pule aussi l’accès du C.A. à toutes les de soins, mais aussi dans l’amélioration
recommandations issues des différents de l’organisation des soins et des services
rapports réalisés dans l’établissement. Le (Davies et Cleary, 2005 ; Tasa et autres,
comité de vigilance et de la qualité (LSSS, 1996 ; W ensing et Grol, 1998). Le C.A.
art. 181.0.1.), issu du C.A., est en effet res- peut accepter d’entendre des histoires
ponsable de coordonner l’ensemble des d’usagers qui ont vécu des problèmes
activités des autres instances exerçant importants ou encore des expériences posi-
des responsabilités en lien avec la gestion tives (1000 Lives Plus, 2010 ; Department
des risques dans l’établissement. Il est en of Health Western Australia, 2008 ; Maund,
charge du suivi de l’application des recom- 2003). Ces moments d’échanges privilégiés
mandations issues de ces différentes ins- avec des usagers ou des membres de leur
tances internes, mais aussi externes, comme famille permettent de mettre des visages sur
celles découlant du rapport d’agrément ou des statistiques et de rendre plus concrètes
des visites d’ordres professionnels. Il suit les raisons pour lesquelles des objectifs
aussi les activités du comité de gestion des d’amélioration sont fixés et des interventions
risques et en particulier le registre des inci- sont mises en œuvre.
dents et accidents afin de s’assurer que des
mesures sont prises pour éviter que ceux-ci
se reproduisent. IMPLIQUER LES USAGERS ET LEUR FAMILLE
Cela débouche aussi sur la nécessité pour
le C.A. de favoriser l’implication des usagers
et des familles dans la sécurité des soins
à tous les niveaux de l’organisation (WHO,
2013). De façon concrète, cela demande
ENTREVUE AVEC
MARTIN BEAUMONT
SUR L’IMPORTANCE POUR UN
ÉTABLISSEMENT DE GÉRER LA
SÉCURITÉ DES SERVICES
34 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 3
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36 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
LA CULTURE
DE SÉCURITÉ :
UNE CONDITION
DE SUCCÈS
INCONTOURNABLE
ANNE LEMAY, PH. D. / alemay@jgh.mcgill.ca
Directrice générale adjointe / Hôpital général juif de Montréal
Même s’il n’existe pas tout à fait de consen- les concepts de climat et de culture de
sus sur la définition de la culture de sécurité sécurité réside surtout dans les approches
(Hale, 2000), plusieurs auteurs s’entendent méthodologiques retenues pour les appré-
sur le fait que la culture est une combinai- cier que nous nous verrons plus loin.
son entre les attitudes, les croyances et
perceptions, la structure d’une organisa-
tion, les systèmes de contrôle en place, les L’IMPACT DE LA CULTURE DE SÉCURITÉ
règles en vigueur, la régulation et les pra- SUR L’ATTEINTE DE BONS RÉSULTATS
tiques choisies. Dans le cas de la culture SUR LA SÉCURITÉ DES USAGERS
de sécurité, ces attributs doivent favoriser Les études sur l’impact de la culture de
une bonne qualité et sécurité des usagers. sécurité sur les résultats de sécurité sont
Il s’agit aussi des valeurs véhiculées c’est-à- encore relativement peu nombreuses dans
dire (CPSI et CHSRF, 2010 ; Halle, 2000 ; le domaine de la santé contrairement à celui
Weaver et autres, 2013) : de l’aviation civile par exemple (Pronovost
• la façon dont les soins et services sont et autres, 2013). Par contre, on indique
offerts ; qu’une culture de sécurité développée
• les comportements naturels des individus motive les employés d’une organisation de
(quand personne ne les supervisent) ; soins et services à adopter des comporte-
• les perceptions et les attitudes partagées ; ments qui augmentent la sécurité des usa-
• les comportements qui sont connus comme gers (Fleming, 2006).
étant encouragés et ceux qui sont bannis.
Plus précisément, plusieurs études ont éta-
En d’autres termes, la culture de sécurité ne bli que la culture de sécurité est reliée à des
constitue qu’un aspect de la culture d’une comportements et attitudes précis des clini-
organisation (Flin, 2007). Ces aspects ciens tels que :
déterminent l’engagement d’une organisa- • la déclaration des accidents (Sallie et
tion à l’égard de la sécurité des usagers. autres, 2013) ;
Les organisations qui se démarquent par • la motivation de s’engager dans l’adop-
une culture de la sécurité développée tion de comportements sécuritaires qui
sont caractérisées par une communication se transpose dans la pratique de tous les
fondée sur la confiance mutuelle, par des jours (Sallie et autres, 2013) ;
perceptions partagées sur la sécurité et par • la reconnaissance de priorités liées à
la confiance dans l’efficacité des mesures la sécurité des usagers par rapport à
préventives (Sorra et Nieva, 2004). d’autres objectifs tels que la productivité
(Zohar, Livne et autres, 2007).
Le concept de culture de sécurité inclut
naturellement celui de la culture de la qua- Selon Stock, McFadden et Gowen, une
lité. Ce concept est aussi lié au climat de bonne stratégie de gestion des connais-
sécurité correspond aux attitudes des indi- sances engendre des effets positifs sur la
vidus à l’égard de la sécurité (Wakefield et sécurité des usagers (Stock, M
cFadden et
autres, 2010 ; Weaver, Lubomski et autres, Gowen, 2010). Les mêmes auteurs ont
2013). Les termes de climat de sécurité et aussi observé que différents types de
culture de sécurité sont aussi utilisés de cultures induisent différentes stratégies
façon interchangeable. La différence entre de gestion des connaissances. À titre
38 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 4
d’exemple, une culture qui met l’accent sur d’administration doit exercer un leadership
l’équipe ou le groupe en misant sur l’enga- clé dans le développement (fostering) et
gement, le mentorat, la loyauté et la morale le soutien à cette culture (Baker et autres,
favorise une meilleure sécurité des usagers. 2010). Dans le cadre d’une gouvernance
efficace, le conseil d’administration créer
Les effets observés dans la littérature d’une sa propre culture et celle de l’organisation.
culture de sécurité sur une bonne perfor-
mance en regard de la sécurité des usagers Les éléments favorisant le développement
sont importants et incluent : d’une culture de sécurité doivent répondre
• l’augmentation en six mois de la confor- aux principes de leadership, travail d’équipe
mité aux pratiques sécuritaires reposant et changement de comportements plutôt
sur les données probantes telles que que par le recours à des processus ou
celles liées à la prévention des pneumo- technologies très précises. D’ailleurs, il a
nies pour les usagers ventilés (de 2 % à été observé que le climat de sécurité est
96 %, l’hygiène des mains de 56 % à 95 % meilleur lorsque les employés perçoivent
et l’application des pratiques de gestion que leur organisation met l’accent sur la
de l’asthme à domicile de 0 % à 83 % participation de l’équipe, promeut l’innova-
(Peterson et autres, 2012) ; tion et l’adaptabilité et repose moins sur la
• la réduction d’évènements indésirables hiérarchie (Singer et autres, 2009).
(Singer et autres, 2009 ; Mardon et autres,
2010 ; Peterson et autres, 2012), dont Ceci dit, certaines conditions de succès
les erreurs de médicaments avec consé- composant une approche multifacette
quence grave (Peterson et autres, 2012) ; intégrée et cohérente sont identifiées par
• la réduction de la mortalité (Estabrooks et plusieurs auteurs (CPSI et CHSRF, 2010 ;
autres, 2002 ; Sexton, 2002). Hale, 2000 ; HAS, 2010 ; Peterson et autres,
2012 ; Pronovost et autres, 2013 ; Weaver
et autres, 2013 ; Singer et autres, 2009 ;
COMMENT DÉVELOPPER Thomas et Galla, 2012) :
UNE CULTURE DE SÉCURITÉ ? • L’adoption d’une approche centrée sur
La promotion et le développement d’une l’usager et sa famille en mettant un visage
culture de sécurité est reconnue comme humain sur la sécurité et en instaurant une
une pratique favorisant une offre de soins approche patient partenaire.
et de services sécuritaires par les orga- • L’adoption de pratiques sécuritaires repo-
nismes d’agrément (Agrément Canada, sant sur les données probantes.
2012). Ces organismes exercent donc, en • L’engagement à l’égard de la culture
plus des usagers, des pressions sur les juste et de la déclaration des incidents et
établissements pour qu’ils développent leur accidents.
culture de sécurité. • L’élaboration et le suivi d’un plan d’amé-
lioration de la qualité et de la sécurité du
Les recherches établissent aussi une rela- conseil d’administration (C.A.).
tion forte entre une gouvernance efficace • Un engagement du C.A. envers la sécu-
au niveau des conseils d’administration et rité, la transparence et la reddition de
l’engagement de l’établissement envers comptes en ayant recours à des mesures
la culture de sécurité. En fait, le conseil de performance appropriées.
40 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 4
Les outils recensés pour mesurer la culture culture de sécurité et son importance pour
ou le climat de sécurité sont : pouvoir mettre en place une bonne stratégie
• le questionnaire sur la sécurité des de développement d’une culture de la sécu-
patients à l’hôpital globalement ou de rité des usagers (Fleming, 2006). Pour ce
certains services élaborés par l’Agence faire, il est important que les organisations
américaine sur la recherche sur le ser- disposent d’une expertise interne pour mesu-
vice de santé et la qualité (Sorra et Nieva, rer et améliorer la culture de sécurité.
2004) ;
• le questionnaire sur le climat de sécurité
des patients des organisations de soins
de santé (Singer et autres, 2007) ;
• le sondage sur la culture de sécurité utilisé
par Agrément Canada (Agrément Canada,
Programme Qmentum) ;
• le Safety Attitudes Questionnaire ;
• le Standford Instrument.
HALE, A. R. (2000). « Editorial. Culture’s confusions », Safety Science, vol 34, p. 1-14.
FLIN, R. (2007) « Measuring safety culture in healthcare: A case for accurate diagnosis »,
Safety Sciences. Vol. 45, no 6, p. 652-67.
PETERSON, T. H., TEMAN, S. F., et CONNORS, R.H. (2012). « A Safety Culture
Transformation ; Its Effects at a Children’s Hospital ». Journal Patient Safety,
Vol. 8, no 3, September 2012, p. 1-6.
THOMAS, L., et GALLA, C. (2012). « Building a culture of safety through team training
and engagement », Quality and Safety BMJ, March 2012, 19, p. 1-8.
42 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 4
WAKEFIELD, J. G., et autres. (2010). « Patient safety Culture: factor taht influence
clinician involvement in patient safety behaviors », Quality and Safety Health Care, 19,
p. 584-591.
ZOHAR, D., et autres. (2007). « Health care climate a framework for measuring
ans improving patient safety », Critical Care Medicine, Vol. 35, no 5, p. 653-667.
LE PATIENT Personne progressivement habilitée, au cours de son parcours de santé, à faire des choix
de santé libres et éclairés. Ses savoirs expérientiels sont reconnus et ses compétences
PARTENAIRE : de soins développées avec l’aide des intervenants de l’équipe. Respecté dans tous les
UNE DÉFINITION aspects de son humanité, le patient partenaire est membre à part entière de cette équipe
en ce qui concerne les soins et services qui lui sont offerts. Tout en reconnaissant et en
respectant l’expertise des membres de l’équipe, il oriente leurs préoccupations autour de
ses besoins et de son projet de vie.
(Source : Guide d’implantation, RUIS de l’Université de Montréal, 2013).
46 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 5
Bien que la responsabilité d’une prestation tous, sont autant de conditions essentielles
de soins sécuritaires incombe aux profes- à l’établissement d’un partenariat de soins et
sionnels, la littérature s’entend sur le fait que d’une participation de l’usager à sa sécurité.
l’usager peut fournir un regard unique sur le
système de santé en place. Considérant la La participation de l’usager (et du proche)
complexité des milieux de soins, à laquelle à titre de partenaire vigilant s’actualise
s’ajoute un souci de performance élevé au dans un premier temps par le partage de
sein des organisations, il apparaît d’autant ses expériences, ses préoccupations et ses
plus justifié de considérer le patient comme observations qui, prises en considération par
une ressource supplémentaire, capable le professionnel, peuvent apporter un nouvel
de participer au processus d’identifica- éclairage au projet de soins ou traitement
tion, d’analyse et d’évaluation des risques envisagé. Dans un deuxième temps, l’usa-
ainsi qu’à la détermination des solutions ger peut contribuer, par ses observations, à
possibles pour prévenir les événements l’identification d’incidents, voire d’accidents
indésirables (Department of Health, 2006 ; au cours d’un épisode de soins. Certaines
Pernet, Mollo et Giraud, 2012). déviations des routines habituelles, par
exemple l’administration d’un mauvais médi-
Cela dit, dans un contexte où les services cament, d’une dose erronée, d’une omission
sont complexes, spécialisés et où le temps ou le mauvais fonctionnement d’un appareil
des professionnels doit être maximisé, les peuvent ainsi être identifiées et portées
usagers et les familles qui aspirent à une à l’attention des professionnels par les
plus grande participation dans leur sécurité usagers et leurs proches (Muller, 2003 ;
sont souvent considérées par les interve- Schulmeister, 1999 ; Unruh et Pratt, 2006).
nants comme difficiles, exigeants ou même
dérangeants (Darvous et autres, 2010). Si chaque usager est partenaire selon son
Par conséquent, plusieurs usagers qui sou- rythme et ses capacités, il en va de même
haitent interroger leurs professionnels sur pour sa participation dans la gestion de sa
leur sécurité préfèrent souvent restreindre sécurité, et ce, aux différentes étapes de sa
leurs questionnements, craignant que trajectoire de soins. Que ce soit avant une
leurs interventions soient perçues comme chirurgie élective, au cours d’un traitement
une critique ou une remise en question à domicile ou d’une brève hospitalisation,
des compétences de leurs professionnels l’usager peut donc prendre part à sa sécu-
(Davis, Sevdalis et Vincent, 2012). Il faut rité par différentes actions (voir encadré à la
savoir que la volonté des usagers d’interve- page suivante).
nir dans la gestion de leurs soins, et donc de
leur sécurité, est largement influencée par
la perception d’ouverture et de considéra-
tion des professionnels de la santé à l’égard
de leurs interrogations (Davis, Sevdalis et
Vincent 2012 ; Doherty et Chariniti, 2012).
La capacité d’écoute du professionnel, au
même titre que sa capacité à reconnaître
le savoir expérientiel de l’usager et à s’ex-
primer dans un langage clair et compris de
48 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 5
La participation des usagers se heurtent soins. La consolidation de cette culture de
toutefois actuellement à des contextes de partenariat doit également reposer sur des
soins de plus en plus complexes où les pro- orientations précises et soutenues par les
fessionnels de la santé sont soumis à une différentes instances régionales et provin-
forte pression qui traduit un souci de per- ciales. Elle doit aussi prendre appui sur des
formance et un rythme de soins de plus en valeurs partagées par les dirigeants des
plus exigeant. Ainsi, la volonté de valoriser la différents établissements et de l’ensemble
contribution du patient dans sa sécurité doit de leurs intervenants afin que le patient et
nécessairement émerger d’un changement sa sécurité soit réellement au cœur de nos
de paradigme dans nos environnements de préoccupations et de nos pratiques.
ENTREVUE AVEC
VINCENT DUMEZ
SUR L’APPROCHE
PATIENT PARTENAIRE
UNRUH, K.T., et PRATT, W. (2007) « Patients as actors: The patient’s role in detecting,
preventing and recovering from medical errors », International Journal of Medical
Informatics, Vol, 76, Suppl 1,jun 2007, p. 236-244.
WEINGART, S.N., et autres. (2005). « What Can Hospitalized Patients Tell Us about
Adverse Events? », Journal of general intern medicine, Vol. 20, no 9, September 2005,
p. 830-836.
50 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
GÉRER LA SÉCURITÉ
DES SERVICES
GUILLAUME DUCHARME / guillaume.ducharme@aqesss.qc.ca
Conseiller à la gestion intégrée de la qualité et des risques
Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux
Autant pour des raisons humanitaires l’assurance que son organisation met en
que des raisons économiques, offrir à la œuvre tout ce qui est possible pour lui per-
population des services sécuritaires et de mettre d’offrir aux usagers une prestation de
qualité devrait figurer parmi les priorités services de qualité et sécuritaire. C’est là
stratégiques de l’établissement. Les coûts le but du système de gestion de la sécurité
humains et financiers de la non-qualité des services.
sont intolérables et il faut agir de manière
systémique pour les réduire au minimum.
Il importe donc de mettre en œuvre un LA SÉCURITÉ DES SERVICES AU CŒUR
système de gestion de la sécurité des ser- DE LA DÉMARCHE DE GESTION
vices qui assure la coordination des efforts DES RISQUES DE L’ÉTABLISSEMENT
d’identification, d’analyse, d’évaluation et La sécurité des services de l’établissement
de traitement des différents risques liés aux concerne plus particulièrement la gestion
services offerts, et ce, en cohérence avec des risques dit « opérationnels », c’est-à-
toutes les activités de gestion des risques dire ceux qui sont générés par les activités
de l’établissement. cliniques de l’établissement et qui peuvent
avoir pour conséquences de nuire à la
Les dirigeants des établissements doivent santé et au bien-être de l’usager et de ses
donner un signal clair à l’effet que la sécu- proches. Or, un établissement doit égale-
rité des services ne repose pas uniquement ment s’assurer de gérer d’autres types de
sur les épaules de chaque intervenant, mais risques qui peuvent être causés par des fac-
qu’il s’agit bien qu’une responsabilité orga- teurs externes à ses activités ou qui peuvent
nisationnelle partagée par tous les acteurs entraîner des conséquences pour ses
de l’établissement, y compris l’équipe de employés, par exemple un incendie ou une
gestion. Chaque intervenant doit avoir contamination de l’air. Il serait cependant
GOUVERNANCE
STRATÉGIQUE
DES RISQUES
Système Système
Gestion
de gestion de management
Sécurité des risques
de la sécurité de la santé Sécurité civile
informationnelle organisationnels
des services et sécurité
et administratifs
du travail
52 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
POURQUOI Les établissements de santé et de services sociaux ne partent pas de
zéro en matière de gestion des risques. Ils doivent implanter un sys-
DES SYSTÈMES tème intégré dans des organisations régies par de nombreuses lois et
DE GESTION normes et dont les structures internes ont connues de nombreuses
DES RISQUES transformation par le passé. Il leur faut de plus tenir compte de l’exper-
tise déjà disponible au sein des établissements, une expertise répartie
SPÉCIFIQUES dans des structures déjà définies. Pour toutes ces raisons et pour éviter
ET PAS PLUTÔT de proposer une nouvelle transformation structurelle, le présent guide
UN SEUL s’inscrit dans une volonté d’intégration des pratiques et des modes de
SYSTÈME ? fonctionnement et se veut respectueux des structures déjà en place.
utopique de penser confier à une seule per- de s’assurer que l’ensemble des risques de
sonne la responsabilité de gérer l’ensemble l’établissement soient adéquatement maî-
des risques d’une organisation aussi com- trisés. Dans le présent guide, nous allons
plexe qu’un établissement de services de aborder plus particulièrement la composition
santé et de services sociaux. et le fonctionnement du système de sécu-
rité des services dans une perspective de
La complexité inhérente aux organisations collaboration avec les autres systèmes ainsi
du secteur de la santé, ainsi que l’enca- qu’avec la gouvernance de l’établissement.
drement législatif et normatif spécifique à
chaque secteur de risques milite en effet
en faveur d’un système de gestion intégrée LES CINQ COMPOSANTES D’UN SYSTÈME
des risques décentralisé et basé sur l’exper- DE GESTION DE LA SÉCURITÉ
tise déjà en place. Ce système de gestion La loi 113 sur la sécurité des services a
intégrée des risques, représenté schémati- rendu obligatoire la mise en œuvre d’ins-
quement à la figure 1, prend appui sur les tances et d’obligations visant à encadrer
rôles et les responsabilités des différents la sécurité des services, mais sans préci-
secteurs d’activités de l’établissement. Il ser le fonctionnement de l’ensemble. En
propose des mécanismes de coordina- mettant en œuvre un système de gestion
tion permettant de faire des liens entre les de la sécurité, on permet de préciser ce
différents secteurs d’une part, et avec la fonctionnement et d’y donner une certaine
gouvernance de l’organisation d’autre part. cohérence. Le système proposé ci-dessous
comprend cinq composantes-clés utilisé
Le système de gestion intégrée des risques dans certains établissements américains
se compose de quatre systèmes spécifiques (AHRAM, 2011) :
de gestion des risques. Ces systèmes sont • le rattachement à la structure décision-
dédiés respectivement à la sécurité des ser- nelle de l’établissement ;
vices, à la santé et la sécurité du travail, à la • la création d’instances de coordination et
sécurité informationnelle ainsi qu’à la sécu- l’identification des acteurs-clés ;
rité civile. Ils doivent agir en concertation afin
COMMENT • Inscrire la sécurité des services dans l’in- • S’assurer que la sécurité des services soit
titulé de la direction responsable. un enjeu prioritaire de l’établissement et
RATTACHER du programme de gestion intégrée des
LA SÉCURITÉ • Inscrire les responsabilités en matière de risques.
gestion des risques dans les descriptions
DES SERVICES de tâches des gestionnaires et des diffé- • S’assurer que les procédures de décla-
À LA STRUCTURE rents intervenants de l’établissement. ration des événements indésirables, de
DÉCISIONNELLE DE • S’assurer que le conseil d’administration
divulgation et d’analyse soit adoptées, dif-
fusées et appliquées par l’ensemble des
L’ÉTABLISSEMENT ? et le comité de direction accordent une acteurs de l’établissement.
attention adéquate aux enjeux de sécurité
des services.
54 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
des services devraient figurer en bonne sociaux prévoit la constitution de certaines
place dans l’organigramme de l’établisse- instances, tel que le comité de gestion des
ment et le système de sécurité des services risques, ne devrait pas constituer un frein
dans son ensemble devrait être intégré dans à la mise en place des autres forums qui
le plan d’organisation. sont requis pour coordonner adéquatement
les activités liées à la sécurité des services.
Il ne faut pas oublier que la sécurité des Il importe également de s’assurer que ces
services est une des composantes du sys- instances de coordination, bien qu’affectées
tème de gestion intégrée des risques de spécifiquement aux activités liées à la sécu-
l’établissement. Son rattachement à la struc- rité des services fonctionnent à l’intérieur du
ture décisionnelle doit se faire en gardant système global de gestion des risques et en
à l’esprit que la sécurité des services n’est partenariat avec les instances dédiées au
pas le seul domaine d’action en gestion suivi des autres types de risques.
des risques et qu’il importe d’intégrer les
activités en sécurité des services avec les Le responsable
autres secteurs d’activités tels que la santé de la sécurité des services
et sécurité du travail, la sécurité information- Sous l’autorité du directeur général et l’au-
nelle et la sécurité civile. torité fonctionnelle du responsable de la
gestion intégrée des risques de l’établis-
La loi prévoit la constitution de deux ins- sement, le responsable de la sécurité des
tances formelles permettant de faire le services assure le fonctionnement du sys-
lien entre les activités liées à la sécurité tème de gestion de la sécurité des services.
des services et le conseil d’administra- Il voit également au bon fonctionnement
tion de l’établissement. Il s’agit du comité des instances dédiées à la sécurité des
de gestion des risques et du comité de services, notamment le comité de gestion
vigilance et de la qualité. Les mandats res- des risques. Il est la personne-ressource
pectifs de ces deux instances sont décrits du comité de vigilance et de la qualité. Au
dans la Loi sur les services de santé et les niveau opérationnel, il supervise les activités
services sociaux. d’identification, d’analyse et d’évaluation des
risques liés aux services en plus de s’assurer
de l’application des mesures de déclaration,
2 LA CRÉATION D’INSTANCES d’analyse et de divulgation des incidents et
DE COORDINATION ET L’IDENTIFICATION des accidents. Il voit au soutien des victimes
DES ACTEURS-CLÉS d’un événement indésirable et il supervise
La création d’instances de coordination et la mise en place des différents mécanismes
l’identification des acteurs-clés est le cœur de surveillance de la qualité des services,
d’un système organisé de gestion de la y compris le registre local des incidents
sécurité des services. Ce sont ces acteurs et des accidents. Il propose la nomination
dévoués et les instances dédiées qui per- des répondants de risques (uniquement
mettent de faire passer la préoccupation ceux responsables des risques liés aux ser-
individuelle des professionnels pour la qua- vices) et il coordonne leur travail. Il est la
lité et la sécurité des services au stade d’en- personne désignée par la Loi sur les ser-
gagement organisationnel. Le fait que la Loi vices de santé et les services sociaux pour
sur les services de santé et les services recevoir, sous le sceau de la confidentialité,
EXPERTS DE Pour faire fonctionner le système de sécurité des services, il importe de s’appuyer sur des
acteurs-clés occupant diverses fonctions au sein de l’établissement. Ces acteurs peuvent
CONTENU OU se regrouper en deux catégories : les experts de contenu et les experts de processus.
EXPERTS DE
PROCESSUS ? Les experts de contenu sont des personnes possédant une expertise spécifique dans un
domaine clinique, scientifique, technique, logistique ou administratif. Cette expertise leur
permet d’agir à titre de personne-conseil pour la mise en place et le suivi de processus
qualité ou de moyens de maîtrise des risques. Les experts de contenu ne sont souvent pas
dédiés entièrement aux activités de gestion des risques et agissent également à titre d’ex-
perts pour la gestion des processus de travail. Leur nombre et leur expertise varient selon
la taille et la gamme des services offerts par l’établissement. Exemple : conseillère en soins
infirmiers, technicien de laboratoire, ingénieur biomédical, analyste informatique. Ce sont
les experts de contenu qui seront considérés pour occuper le rôle de répondant de risque.
Les experts de processus sont des personnes possédant une expertise en matière de ges-
tion des risques. Cette expertise comprend notamment une connaissance des principes
de gestion des risques, des dispositions légales applicables à ce domaine, de gestion de
crises, d’analyse et d’enquête en cas de défaillance de système, etc. Ces personnes ont
pour fonction de coordonner le travail des différents experts de contenu et de s’assurer
que le système de sécurité des services fonctionne adéquatement. Exemple : Responsable
de la gestion intégrée des risques, responsable de la sécurité des services, conseiller à la
sécurité des services, etc.
C’est la conjugaison des efforts des experts de contenu et des experts de processus qui
permet de mette en œuvre un système de gestion de la sécurité des services efficace
et fonctionnel.
56 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
et gestionnaires afin de permettre à ces bien une instance commune à tous les sys-
derniers de mettre en œuvre les actions tèmes de gestion des risques. Il fait partie
préventives et correctives qui permettent du système de gestion intégrée des risques
d’empêche le risque de se matérialiser. de l’établissement.
Les répondants de risques du secteur de
la sécurité des services sont nommés par La mise sur pied d’instances de coordi-
le comité de direction sur recommandation nation peut être perçue comme un ajout
du responsable de la sécurité des services. aux instances déjà existantes telles que le
comité de gestion des risques et le comité
Les comités-conseil de vigilance et de la qualité. Or, il faut se
Les comités-conseil du système de sécurité rappeler que ces dernières instances ont
des services sont des instances consulta- été créées par la Loi sur les services de POUR ALLER PLUS LOIN,
tives qui ont pour fonction de contribuer à santé et les services sociaux pour assurer CONSULTEZ LES FICHES
l’identification, à l’analyse et au traitement la surveillance des activités de l’établisse- DESCRIPTIVES SUR LES
d’un risque spécifique en réunissant des per- ment en matière de sécurité des services
RÉPONDANTS DE RISQUE
sonnes ayant une expertise dans le domaine et non pour en assurer la coordination. Il
concerné. Les comités-conseils sont pla- s’agit donc de deux mandats distincts qui ET LES COMITÉS-CONSEILS.
cés sous la responsabilité du répondant de ne peuvent être réalisés par les mêmes per-
risque attitré qui en assure la bonne marche. sonnes. La création de plusieurs forums est
Le mandat de chaque comité-conseil ainsi donc nécessaire, même si cela entraîne une
que sa place au sein du système de ges- certaine complexité pour les organisations.
tion de la sécurité des services devrait être
clairement défini et revu annuellement. Il est
également souhaitable que l’état des travaux 3 LA MISE EN PLACE DE SYSTÈMES
du comité-conseil fasse partie du rapport du D’INFORMATION ET CONSULTATION
répondant de risque. En gestion des risques, l’information est ce
qui permet d’agir pour prévenir la matériali-
Le groupe de travail sation des risques et les événements indési-
des répondants de risques rables qui peuvent en découler. Le système
Le rôle des différents répondants de risques de gestion de la sécurité des services doit
étant névralgique, il est souhaitable de mettre permettre de mettre ses principaux acteurs
en place un forum leur permettant d’échan- au cœur des flux d’information concernant la
ger entre eux et d’assurer leur développe- qualité et la sécurité des services. En effet,
ment. Pour cela, il est possible de mettre sur sans avoir accès à l’information pertinente,
pied un groupe de travail des répondants les différents répondants de risque et autres
de risques. Véritable instance de codéve- acteurs du système seront impuissants
loppement, ce groupe de travail devrait avoir à améliorer la sécurité des services. Plu-
pour mandat de favoriser une meilleure inté- sieurs systèmes d’information sont déjà en
gration des répondants de risque dans leur place au sein des établissements, pensons
rôle et de maximiser leur efficacité au sein notamment au système de déclaration des
de l’organisation. Il faut mentionner que le incidents et des accidents, aux indicateurs
groupe de travail des répondants de risques qualité et sécurité issus des banques de
n’est pas une instance exclusive au système données cliniques et aux rapports provenant
de gestion de la sécurité des services, mais du commissaire aux plaintes et du coroner.
COMMENT • Il faut tout d’abord que la direction de l’éta- • Chaque répondant de risque doit éva-
blissement nomme un responsable de la luer la pertinence de mettre sur pied un
METTRE EN PLACE sécurité des services parmi les membres comité-conseil pour l’assister dans ses
LES INSTANCES de l’équipe de direction. fonctions.
DE COORDINATION ET • Le responsable de la sécurité des ser- • Le responsable de la sécurité des services
LES ACTEURS-CLÉ ? vices doit ensuite, après consultation des doit contacter les autres responsables
différentes parties prenantes, nommer des activités de gestion des risques au
les principaux répondants de risque en sein de l’établissement afin de mettre sur
matière de sécurité des services. pied avec eux le groupe de travail des
répondants de risques.
58 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
faire la promotion de la sécurité des services • en faisant le suivi des indicateurs de qua-
auprès de l’ensemble des équipes. lité et de sécurité au comité de direction
ainsi qu’au conseil d’administration grâce
En collaboration avec le service des à un tableau de bord ;
communications de l’établissement, le res- • en faisant le suivi du registre des risques
ponsable de la sécurité des services doit de l’établissement au comité de direction
établir un plan de communication afin de ainsi qu’au conseil d’administration.
faire connaître aux équipes, aux usagers et
aux tiers les objectifs que l’établissement
s’est donné ainsi que les stratégies misent LA MISE EN ŒUVRE DU SYSTÈME DE
en œuvre pour maîtriser adéquatement les GESTION DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES
différents risques. Le but des activités de La mise en œuvre du système de gestion de
communication doit être de favoriser l’ad- la sécurité des services comporte plusieurs
hésion de tous les acteurs aux principales phases.
stratégies de maîtrise des risques. Les
activités de promotion et de sensibilisation
devraient être basées sur de l’information L’ENGAGEMENT DE L’ÉTABLISSEMENT
adéquate et pertinente de manière à dépas- L’engagement de l’établissement est une
ser l’anecdote pour véritablement informer phase cruciale dans la mise en œuvre du sys-
les intervenants de l’impact qu’ils ont sur la tème de gestion de la sécurité des services.
qualité et la sécurité des services. Bien plus qu’un engagement de principe,
l’engagement de l’établissement consiste à
mettre l’organisation sur la ligne de départ
5 LA REDDITION DE COMPTES SUR en donnant l’assurance que les ressources
LE FONCTIONNEMENT ET LES RÉSULTATS requises à la démarche seront dégagées et
DU SYSTÈME DE SÉCURITÉ DES SERVICES mises à la disposition des différents acteurs
Le système de gestion de la sécurité des impliqués. L’engagement de l’établissement,
services doit rendre des comptes sur son c’est également indiquer clairement que l’en-
fonctionnement ainsi que sur les résultats semble de l’organisation et de ses acteurs
qu’il atteint. Cette reddition de comptes seront placés dans une posture proactive
aux instances décisionnelles doit permettre face aux différents problèmes pouvant affec-
à ces dernières de prendre les mesures ter la sécurité des services offerts. Cette pos-
appropriées pour garantir un niveau de ture proactive se reflète par un refus de la
sécurité optimal aux usagers de l’établisse- fatalité et une volonté, toujours plus affirmée,
ment. La reddition de comptes vise à s’assu- de tout mettre en œuvre afin de garantir à
rer que les objectifs de qualité et de sécurité l’usager et à ses proches un service de qua-
ont été atteints et que les ressources affec- lité et exempt d’erreur.
tées à la réalisation de ses objectifs ont été
adéquatement utilisées. L’engagement de l’établissement est une
étape préalable à la mise en œuvre du sys-
Cette obligation peut être remplie de plu- tème de sécurité des services, mais qui doit
sieurs façons : également se traduire par des actions conti-
• en déposant des rapports d’activités nues visant à réaffirmer cet engagement.
détaillés au conseil d’administration ;
Planification du
fonctionnement
du système de
gestion de la
sécurité
L’amélioration
continue du Implantation et
système et des mise en oeuvre
activités liées à du système de
la sécurité des gestion de la
services sécurité
Évaluation des
activités liées à
la sécurité des
services et leurs
résultats
60 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
1. E ffectuer un autodiagnostic de l’état L’AUTODIAGNOSTIC DE L’ÉTAT DES ACTIVITÉS
actuel des activités en matière de sécu- EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ DES SERVICES
rité des services. L’autodiagnostic de sécurité des services
2. Identifier sommairement les principaux est une forme de liste de contrôle destinée
risques générés par les activités et les à vérifier si les composantes essentielles
services de l’établissement. et préalables à la démarche d’implantation
3. Identifier les acteurs et les parties pre- du système de gestion de la sécurité des
nantes en matière de sécurité des services sont en place. Dans certains cas,
services. cet outil permet de mettre en évidence les
lacunes devant être comblées avant d’entre-
À la fin de l’étape de planification, l’établis- prendre les prochaines démarches.
sement sera en mesure de produire une
stratégie de mise en œuvre destinée à coor-
donner les actions des différents acteurs en L’INDENTIFICATION SOMMAIRE
matière de sécurité des services. Cette stra- DES PRINCIPAUX RISQUES
tégie sera appelé à devenir une composante La mise en place du système de gestion de
majeure du programme de gestion intégrée la sécurité des services présuppose une
des risques de l’établissement, puisqu’elle certaine connaissance des risques auxquels
couvrira la quasi-totalité des risques liés sont confrontés les établissements de santé
aux activités et services de l’établissement. et de services sociaux. Heureusement, les
Dès maintenant, il importe de s’assurer que gestionnaires de risques ne partent pas
la stratégie de l’établissement en matière de zéro en matière de connaissance des
de sécurité des services s’inscrit en conti- risques et l’expérience du passé permet
nuité avec le plan des mesures d’urgence, d’effectuer cet exercice préliminaire sans
la stratégie de prévention des accidents du trop de difficultés.
travail et des autres plans de l’établisse-
ment (plan de sécurité informationnel, plan Les risques identifiés lors de cette étape
de lutte aux infections nosocomiales, etc.). peuvent être regroupés dans un « porte-
Il faut se rappeler que l’objectif de ces diffé- feuille » des risques de l’établissement.
rents documents est de guider les acteurs Ce document permet de garder une vision
de l’établissement dans leurs actions d’ensemble des différents risques identi-
préventives en clarifiant les rôles, les res- fiés, des secteurs d’activités qui peuvent
ponsabilités et les liens de collaboration et générer ces risques et des personnes qui
non de complexifier la gestion des différents auront pour fonction d’en assurer la gestion
risques de l’établissement. Il faut cependant et la prévention. L’avantage de constituer un
s’attendre à ce que la formalisation des acti- portefeuille des risques organisationnels est
vités de sécurité des services génère des de permettre aux instances de gouvernance
activités (mise en œuvre, suivi, etc.) pour les de l’établissement de prendre conscience
différents acteurs de l’établissement. rapidement et d’un seul coup d’œil tous les
risques qui doivent préoccuper l’organisa-
tion. Le portefeuille doit faire l’objet d’un
suivi régulier et être mis à jour de façon à
pouvoir refléter adéquatement la situation
réelle de l’établissement.
62 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
une reddition de comptes plus adéquate
auprès des instances de gouvernance de
l’établissement qui chercheront à savoir si
les ressources investies dans la sécurité des
services ont permis d’obtenir les résultats
escomptés.
QUÉBEC. Loi sur les services de santé et les services sociaux, RLRQ, c. S-4.2.
64 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
AGIR DE MANIÈRE
PROACTIVE EN
PRÉVENANT LES
RISQUES CLINIQUES
GUILLAUME DUCHARME / guillaume.ducharme@aqesss.qc.ca
Conseiller à la gestion intégrée de la qualité et des risques
Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux
Le processus de gestion des risques est de l’établissement est une composante
une démarche structurée de réflexion visant incontournable du travail des gestionnaires.
à permettre une prise de décision judicieuse D’ailleurs, pour certains chercheurs en rési-
sur la conduite à tenir face à un risque pou- lience organisationnelle, la gestion courante
vant, dans le cas de la gestion des risques est appelé à s’orienter vers « la mise en
liés aux services, menacer la sécurité des place d’actions préventives pour gérer au
usagers (AQESSS, 2011). Ce processus quotidien les petites perturbations et antici-
est générique, c’est-à-dire qu’il peut être per les défaillances éventuelles. La gestion
utilisé par toute personne ou toute instance courante est donc une gestion planifiée
ayant à prendre une décision en matière de relative au maintien des activités et à l’antici-
gestion du risque. pation des défaillances potentielles » (Robert
et autres, 2009). En d’autres termes, le quo-
Le processus de gestion intégrée des tidien du gestionnaire doit être consacré en
risques est guidé par une philosophie basé grande partie à la préparation de l’organisa-
sur deux concepts-clés : la proactivité et tion et des équipes pour qu’elles puissent
la prévention. faire adéquatement face à la survenue
d’un risque.
PROACTIVITÉ OU PRÉVENTION ?
La proactivité désigne un état d’esprit UN PROCESSUS EN ÉTAPE
orienté vers l’anticipation des conséquences Le processus de gestion des risques pré-
futures des actions actuelles. Il s’agit ici senté ici est « l’élément central sur lequel se
d’une philosophie de gestion qui se traduit greffent les nouveaux outils, les nouvelles
par un souci constant du gestionnaire de ne méthodes en gestion des risques ainsi
pas placer ses employés face à une situa- que les structures de management » que
tion imprévue qui aurait été générée par ses doivent mettre place et animer les établis-
propres actions ou décisions. sements de santé et de services sociaux
(De Serres, 2013). Il s’agit ni plus, ni moins
La prévention, pour sa part, fait référence que de la colonne vertébrale de la démarche
aux actions que l’on met en œuvre au quoti- de gestion des risques et, par de facto, de
dien pour éviter la survenue du risque. Une la démarche visant à assurer la sécurité
action préventive est le contraire de l’action des services.
téméraire ou de l’insouciance. Les actions
préventives réalisées tous les jours sur le
« terrain » s’inscrivent en continuité avec ÉTABLIR LE CONTEXTE DE MANIÈRE À
l’attitude proactive qui guide les activités et APPRÉCIER ADÉQUATEMENT LE RISQUE
orientations de l’établissement. L’établissement du contexte vise principa-
lement à mettre en lumière les informations
Le processus de gestion intégrée des permettant aux différents décideurs de
risques est destiné à devenir un outil de l’établissement de prendre de bonnes déci-
gestion courante pour les différents ges- sions sur la manière de gérer les risques
tionnaires de l’établissement. En effet, la liés aux services. Pour cela, il est essen-
gestion des risques générés par les activités tiel d’avoir une fine compréhension des
66 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
FIGURE 3 – SCHÉMA DU PROGIR
Établir le
contexte
ÉVALUER ET AMÉLIORER LE PROCESSUS
COMMUNIQUER ET CONSULTER
Identifier
les risques
Analyser
les risques
Évaluer
les risques
Maîtriser
les risques
ANALYSER LES Afin d’être en mesure d’identifier les informations pertinentes pour l’analyse des risques,
il est souhaitable que l’établissement mette en place des mécanismes de gestion des
INFORMATIONS connaissances comprenant des activités de veilles stratégiques. Cette stratégie de gestion
PERTINENTES des connaissances doit comporter un axe spécifique portant sur la sécurité des services
et avoir pour objectif de s’assurer que l’ensemble des professionnels et des employés de
l’établissement utilisent des méthodes de travail qui sont à la fine pointe des connaissances
en matière de qualité, de pertinence et de sécurité. À ce titre, les répondants de risques
jouent un rôle primordial en matière d’acquisition et de transmission de connaissances au
sein de l’organisation.
68 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
Il appartient au gestionnaire chargé de les instances décisionnelles de l’établis-
conduire l’analyse du risque et s’assurer sement, entraîne normalement l’affecta-
de la mise à contribution de l’ensemble des tion de ressources et la mise en place de
experts requis de manière à ce que les résul- mesures qui permettent de rendre effective
tats de l’analyse soient exhaustifs. Dans le cette décision.
cas des risques pouvant affecter un grand
nombre de services et de risques plus com- En matière de sécurité des services, où une
plexes, il est possible d’en confier l’analyse à grande partie des risques sont générés par
un groupe de personnes. Il peut s’agir d’ins- les activités de l’établissement, la nécessité
tances permanentes telles que les conseils de maîtriser ceux-ci est rarement remise en
de l’établissement, ou d’un comité-conseil question. Ce qui importe cependant, c’est
ad hoc mandaté spécialement pour effec- de s’assurer que les moyens permettant de
tuer cette analyse. maîtriser les risques qu’on juge inaccep-
tables sont effectivement mis en place et
L’analyse du risque ne doit pas être confon- qu’ils sont appliqués de manière à pouvoir
due avec l’étape de l’évaluation qui est garantir la sécurité de l’activité en question
présentée en détail dans la prochaine sec- pour l’usager.
tion. En effet, si l’analyse peut être effectuée
par toute personne ayant l’expertise requise, L’évaluation du risque peut également
l’évaluation, elle, doit être réservée aux ins- représenter un bon moyen de vérifier si l’éta-
tances décisionnelles de l’établissement. blissement possède les ressources requises
pour maîtriser adéquatent les risques géné-
La mise en œuvre du système de gestion de rés par ses activités actuelles. Si tel n’était
la sécurité des services au sein de l’établis- pas le cas, il faudrait s’assurer de prendre les
sement, notamment avec la sélection des mesures appropriées pour que les risques
répondants de risques, la mise en œuvre soient ramenés à un niveau acceptable.
d’instances dédiées et le déploiement
d’outils efficaces de collectes de données Dans le réseau de la santé et des services
faciliteront grandement l’étape de l’analyse, sociaux, largement encadré par des dis-
car celle-ci s’effectuera à partir de « sentiers positions légales, certaines décisions en
balisés » par des processus définis. matière gestion du risque clinique doivent
être prises par des instances désignées
(conseil d’administration, etc.) alors que
ÉVALUER LES RISQUES dans d’autres cas, des avis formels préa-
L’évaluation du risque, aussi appelée l’étape lables à une décision doivent être donnés
de décision, vise à déterminer les risques par des instances désignées dans la Loi
jugés inacceptables et devant faire l’objet sur les services de santé et les services
d’un traitement approprié ainsi que l’ordre sociaux (CMDP, etc.). Afin de légitimer la
dans lequel ils seront traités. Cette étape décision de gérer un risque, il importe de
est essentielle, car elle rend explicite au sein s’assurer que la personne ou l’instance
de l’établissement le fait qu’un risque donné qui décide a le pouvoir de le faire. Cette
doit être maîtrisé. Cette décision, prise par réalité ne doit pas occulter le fait que ces
décisions comprennent une part de risque préférable d’agir sur les conséquences de
qui doit être gérée. Il faut s’assurer que la réalisation d’un risque plutôt que de tenter
la gestion des risques fasse partie des d’en diminuer l’occurrence ? Faut-il entre-
réflexions dans le processus décisionnel prendre l’activité générant le risque ou tout
de l’établissement. arrêter ? Peut-on transférer la responsabilité
du risque à un tiers ou même augmenter un
risque afin de saisir une opportunité profi-
TRAITER LES RISQUES table à l’usager ? Il appartient à la personne
Le traitement des risques a pour but de responsable de la maîtrise d’un risque de se
mettre en place les moyens de prévention poser ces questions et d’y répondre, en uti-
identifiés ou d’en gérer les conséquences. lisant toute l’expertise disponible à l’interne
Cette étape vise à mettre œuvre la décision et à l’externe.
prise à l’étape de l’évaluation, elle-même
basée sur l’analyse du risque effectuée Par la suite, il faut identifier les différents
préalablement. moyens à mettre en œuvre pour rendre
effective cette stratégie. Certains moyens
Le traitement des risques se décompose en sont peut-être déjà en place, il faudra éva-
trois étapes distinctes : le choix de l’option luer s’ils sont en adéquation avec la stratégie
de traitement, l’identification des moyens retenue et avec les autres moyens que l’on
de maîtrise appropriés et la mise en œuvre souhaite avancer. En matière de maîtrise
de ceux-ci. Dans certains cas, lorsque les des risques, la cohérence des actions est
moyens de maîtrise ne permettent pas de souvent la clé pour assurer à la fois l’effica-
ramener toutes les dimensions du risque à cité et l’efficience. Il est également essentiel
un niveau acceptable, il est possible qu’un que les moyens de maîtrise choisis s’in-
risque résiduel demeure. Il faut alors évaluer tègrent adéquatement avec les modes de
la possibilité d’appliquer une autre stratégie dispensation des services et avec la culture
de maîtrise à ce risque résiduel si celui-ci organisationnelle. Un moyen de maîtrise qui
est inacceptable. n’est pas jugé pertinent par les intervenants
chargés de le mettre en œuvre ne donnera
Le choix d’une stratégie de traitement vise pas les effets escomptés et créera un faux
à orienter les actions qui seront mises sentiment de sécurité chez les dirigeants
en œuvre pour contrôler le risque. Est-il de l’établissement.
70 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
Le choix de la stratégie et des moyens constamment à réduire le nombre d’événe-
de traitement doit s’effectuer de concert ments indésirables générés par les risques
avec les décideurs de l’établissement, car identifiés. Les ressources limitées ne doivent
des investissements de ressources seront pas être un frein à l’amélioration de la sécu-
requis. Un dialogue doit s’engager entre rité, mais bien une invitation à tenter d’utili-
les experts de contenus qui proposent les ser d’une manière toujours plus efficiente les
moyens de maîtrise des risques et les ges- ressources actuelles disponibles.
tionnaires qui devront les mettre en œuvre
avec les ressources dont ils disposent. Bien Le suivi et l’amélioration de la maîtrise des
souvent, il faudra faire un compromis afin risques liés aux services sont sous la respon-
d’atteindre un niveau de maîtrise des risques sabilité directe du responsable de la sécurité
optimal avec les ressources disponibles. des services (RSS) et des répondants de
Le responsable de la gestion intégrée des risques désignés. Le RSS doit s’assurer
risques devra jouer un rôle de médiateur que les moyens de maîtrise font l’objet d’une
afin de s’assurer que les parties impliquées évaluation rigoureuse et constante de leur
en arrivent à un consensus qui respecte les efficacité et que des systèmes sont en place
paramètre de maîtrise de risques déterminés pour détecter leurs défaillances potentielles.
lors de l’évaluation. Il faut en effet s’assurer Chaque risque est suivi par le répondant
que les risques jugé inacceptables soient attitré qui doit s’assurer de l’analyse des
traités de manière à garantir l’intégrité de la données collectées. Ces analyses doivent
décision de maîtriser un risque. être transmises aux instances décisionnelles
de l’établissement ainsi qu’aux intervenants
Il appartient au responsable de la sécu- prévus par la Loi sur les services de santé
rité des services, en collaboration avec les et les services sociaux.
différents répondants de risques et les ges-
tionnaires impliquées, de mettre en œuvre À la suite de l’analyse, le responsable, les
les moyens de maîtrise des risques et d’en répondants de risque et les gestionnaires
assurer le suivi à l’aide des ressources impliqués doivent proposer les amélio-
consenties. Le responsable de la sécurité rations requises aux moyens de maîtrise
des services doit coordonner la mise en afin que ceux-ci conservent et améliorent
œuvre de ces moyens, mais il appartient aux leur efficacité.
gestionnaires en autorité de s’assurer que
ces moyens sont appliqués par les interve- Parmi les activités reliées à la sécurité des
nants dans le cadre de leur travail. services, il importe de mettre en place des
mécanismes de surveillance des risques
émergents. Assurer la surveillance des
SUIVRE ET AMÉLIORER risques déjà identifiés peut en effet conduire
LA MAÎTRISE DES RISQUES l’organisation à ignorer des signaux qui
Le cœur de l’action en matière de sécurité permettent d’identifier des menaces
des services est la recherche constante potentiellement plus graves que celles
de moyens permettant d’améliorer la capa- déjà connues.
cité d’une organisation à maîtriser ses
risques. L’objectif poursuivi est de chercher
72 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
qu’une organisation maîtrise adéquatement
les risques identifiés de manière à pouvoir
garantir aux usagers et à la population que
tout est fait pour éviter un événement indési-
rable. Ne pas s’astreindre à mettre en œuvre
ce processus risque de placer une organi-
sation en position de vulnérabilité.
Analyse des risques Établit des liens S’assure que Assure la coordination
systémiques entre l’analyse des risques des activités permettant
les rapports reçus, est effectuée dans l’analyse des risques
contribue à l’analyse l’ensemble de à tous les niveaux
des risques l’établissement et dans tous les
secteurs d’activités
74 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
DE GESTION DES RISQUES
Assure la coordination En collaboration avec Participent à En collaboration avec Exercent une vigie
des activités permettant les gestionnaires l’identification des les répondants de constante et rapportent
l’identification des de l’établissement, risques en fonction de risques, participent à leur gestionnaire tout
risques liés aux participent à leur mandat au sein à l’identification des risque identifié dans le
services de santé et l’identification des de l’établissement risques au sein de leur cadre de leur travail
aux services sociaux risques en fonction de unité administrative
leur champ d’expertise
Assure la coordination Sont informés des Sont informés des Sont informés des Sont informés des
des activités permettant décisions prises décisions prises. décisions prises décisions prises
l’évaluation des risques Dans certains cas,
liés aux services de participent à la prise de
santé et aux services décision lorsque cela
sociaux par les est prévu par la loi
instances appropriées
Suivi du traitement Effectue le suivi de Assure le suivi des Assure le suivi des
des risques la mise en œuvre des activités de traitement activités de traitement
différents moyens de des risques et fait des risques par les
maîtrise des risque et rapport au conseil différentes personnes
des recommandations d’administration mandatées et fait
effectuées rapport au comité
de direction
Amélioration
du processus de Participent à l’amélioration du processus de gestion des risques
gestion des risques
76 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
DE GESTION DES RISQUES
Coordonne Soutiennent les Soutiennent les Mettent en œuvre les Mettent en œuvre les
l’identification des gestionnaires dans la gestionnaires dans différents moyens de moyens de maîtrise des
moyens de maîtrise mise en œuvre des la mise en œuvre maîtrise des risques risques identifiés par
et assure le suivi des différents moyens de des différents moyens au sein de leur unité l’organisation
activités de traitement maîtrise du risques de maîtrise en fonction administrative
des risques des risques dont ils assurent le suivi de leur mandat
liés aux services de
santé et aux services
sociaux par les
différentes personnes
mandatées
Assure le suivi des Évaluent l’efficacité Assurent le suivi des Sont informés de Appliquent les moyens
activités de traitement des moyens de maîtrise activités de traitement l’efficacité des moyens de maîtrise déterminés
des risques liés aux des risques dont ils des risques liés aux de maîtrise et des dans le cadre de
services par les assurent le suivi et en services par les mesures correctives leur travail
différentes personnes rendent compte aux différentes personnes à mettre en œuvre.
mandatées, notamment différents responsables mandatées, notamment Valident que les
au moyen des différents au moyen des différents moyens de maîtrise
systèmes d’information systèmes d’information et les correctifs sont
adéquatement mis en
œuvre au sein de leur
unité administrative
ISO. (2009). Norme ISO 31 000 - Le management du risque – Principes et lignes directrices
QUÉBEC. Loi sur les services de santé et les services sociaux, RLRQ, c. S-4.2.
78 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
IDENTIFIER
LES RISQUES
MARC PINEAULT / marc.pineault@ssss.gouv.qc.ca
Coordonnateur qualité et gestion des risques et chef de l’unité d’amélioration de la qualité
Centre hospitalier St. Mary
Un adage bien connu affirme que « l’infor- Il est possible de classer les différentes
mation est le nerf de la guerre ». Cet adage sources d’information sur les risques liés aux
est applicable au domaine de la sécurité services de santé en quatre grandes familles :
des services, puisque la connaissance des • les informations issues de l’analyse des
risques est la pierre d’assise de la lutte aux dossiers des usagers ;
événements indésirables. En effet, comment • les informations issues de l’analyse des
mettre en œuvre des stratégies de préven- bases de données cliniques ;
tion sans connaître la portée et l’étendue • les informations issues des enquêtes
des situations à risques auxquelles peuvent prospectives et observations effectuées
être confrontés les usagers des services auprès du personnel et des usagers ;
d’un établissement ? Comment prioriser les • les informations issues des systèmes de
efforts sans information sur la récurrence déclaration et du retour d’expérience.
et les conséquences de la survenue d’un
risque ? La mise en œuvre d’une stratégie
globale et cohérente d’identification des L’ANALYSE DES DOSSIERS DES USAGERS
risques dans l’ensemble de l’établissement Cette méthode de collecte d’informa-
est un préalable à la mise en œuvre d’une tions relève normalement du domaine de
stratégie efficace et efficiente de gestion la recherche scientifique et est effectuée
des risques liés aux soins. par des personnes extérieures à l’établis-
sement. Ce sont d’ailleurs ces méthodes
L’identification des risques peut s’effec- de collecte de données qui ont permis de
tuer de manière a priori, c’est-à-dire avant prendre conscience de l’importance de la
même la survenue d’un événement indési- problématique des événements indésirables
rable, grâce à l’utilisation d’outils d’analyse dans le domaine de la santé.
prospective. Elle aussi être accomplie a pos-
tériori, c’est-à-dire après la survenue d’un L’outil de détection des éléments déclen-
événement indésirable grâce à l’utilisation cheurs (IHI Trigger Tool) permet de détecter
d’outils et de techniques d’analyse d’événe- les événements indésirables mettant en
ment et au retour d’expérience. On pourrait cause un patient à l’aide de déclencheurs.
également parler « d’identification proactive Lorsque des éléments déclencheurs sont
des risques » et « de surveillance des risques détectés lors d’une revue de dossier, le
déjà identifiés ». En fait, une stratégie com- réviseur de dossier cherche s’il y a eu une
plète de veille en matière de gestion des présence ou non d’un événement indési-
risques doit inclure à la fois des actions rable. Le détail de cette méthodologie peut
proactives et des actions de surveillance. être consulté sur le site web du IHI.
La stratégie d’identification des risques Cette méthode s’avère utile surtout pour
doit aussi être à la fois interne, au moyen déceler des risques cliniques de tout genre.
de l’analyse de données produites par Il va au-delà de la définition d’incident et
l’établissement lui-même, et externe, grâce d’accident en incluant les complications.
à des activités de veille stratégique auprès Ainsi, une utilisation de ce type de sys-
de sources de référence (bases de données tème permet non seulement de détecter
réseau, réseaux de partages, résultats de la les incidents et les accidents, mais aussi
recherche, etc.). les complications qui peuvent survenir
80 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 8
lors d’un épisode de soins. Elle permet de LES ENQUÊTES PROSPECTIVES
regarder les risques à la fois sous un angle ET OBSERVATIONS EFFECTUÉES
systémique, mais aussi sous l’angle clinique. AUPRÈS DU PERSONNEL ET DES USAGERS
La revue de dossier peut être onéreuse en L’AMDEC ou l’analyse des modes de défail-
temps si les ressources sont insuffisantes lance, de leurs effets et de leurs consé-
pour effectuer cette revue. Le but premier quences vise à identifier les différentes
de cette méthode est de mesurer les évé- façons dont un processus peut se mettre en
nements indésirables, il faut tout de même mode de défaillance, les causes et les effets
adjoindre un processus d’examen de la ges- de cette défaillance, et la manière dont le
tion des complications ou des éléments du processus peut être amélioré en réponse à
système en défaillance. cette défaillance.
82 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 8
la transmission d’informations. Simuler une LES SYSTÈMES DE DÉCLARATION
situation de crise permet aux membres de D’ÉVÉNEMENTS INDÉSIRABLES
l’équipe de prendre conscience des limites Une façon d’identifier des risques est de
de leur préparation et de mettre en lumière mettre sur pied un système de déclaration
des possibilités d’amélioration. des risques selon les besoins d’identification
requise. Bien qu’au Québec, le système de
Une situation de crise en milieu de soin fait déclaration est obligatoire pour les incidents
partie de la réalité et il importe que l’équipe et les accidents, il existe des systèmes de
soit en mesure de la gérer adéquatement en déclaration volontaire. Ces systèmes peuvent
maîtrisant de manière optimale les risques être anonymes ou pas. C’est le cas notam-
qu’elle peut générer. ment des systèmes de déclarations de
non-conformité en laboratoire ou d’un registre
des erreurs de transcription à la pharmacie.
ENTREVUE AVEC
MARC PINEAULT
SUR L’IDENTIFICATION
DES RISQUES
Identification Surveillance
proactive des risques des risques identifiés
84 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 8
BIBLIOGRAPHIE
ASSOCIATION QUÉBÉCOISE D’ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ ET DE SERVICES
SOCIAUX. (2011). Guide de la gestion intégrée des risques, Montréal, AQESSS, 82 p.
CLASSEN, David C. et autres (2011). « Global Trigger Tool’ Shows That Adverse Events
In Hospitals May Be Ten Times Greater Than Previously Measured », Health Affairs, 30,
no 4, p. 581-589
SHOJANIA, KG et THOMAS EJ. (2013) « Trends in adverse events over time: why are
we not improving? », Quality and Safety in Health Care, no 22, p. 273-277.
FACTEURS
BARRIÈRES DE
ORGANISATION INFLUENÇANT TÂCHES
PROTECTION
LA PRATIQUE
Source : Traduit de « Understanding adverse events : the human factor » dans Vincent, Charles (ed.) Clinical Risk management:
Enhancing Patient Safety, 2e edition, Londres, BMJ Books, 2001, p. 15. Présent dans le Manuel de gestion des risques
88 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 9
PROCESSUS D’ANALYSE L’analyse du risque commence dès la
Les causes et les circonstances entourant survenance du risque. Il importe donc de
un événement ou une situation à risque s’assurer que l’établissement met en place
peuvent prendre racine dans une ou plu- des mécanismes permettant de porter à la
sieurs composantes de l’organisation. Il connaissance des personnes responsables
n’est pas rare, lors de l’analyse, de s’aper- de l’analyse le fait qu’un risque lié aux soins
cevoir que des causes qui semblaient à et services s’est réalisé. Le chapitre 8 traite
première vue très lointaines, aient pu jouer en détail des différents moyens permettant
un rôle important dans la survenue de l’évé- d’identifier les risques, y compris ceux qui
nement. Bien que des moyens de contrôle sont survenus. En fonction de la fréquence
et de protection soient mis en place, tels ou de la gravité de l’événement et des
que les politiques, les procédures, les pro- conséquences pour l’usager, une analyse
tocoles, etc., ces barrières de protection ne approfondie sera complétée ainsi qu’un plan
sont pas infaillibles. d’action. Le registre local des incidents et
des accidents est également une source
Une autre façon de concrétiser la trajectoire d’information pour étayer l’analyse d’un évé-
ayant conduit à la réalisation de l’événement, nement ou d’une situation à risque. Mieux
est celle du fromage de gruyère (Reason, J., comprendre l’événement ou la situation à
1990) dont l’alignement des trous, symbo- risque permet de dégager les mesures cor-
lisant les failles du processus, laisse passer rectives ou préventives à mettre en place.
les erreurs conduisant ainsi à l’accident
(figure 5).
ur
fonde
pro
en
nse
Défe
D’autres « trous » dus à
des conditions latentes
90 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 9
canadien d’analyse des incidents, les cri- • La chronologie d’un événement représente
tères à considérer : l’enchaînement des différentes étapes d’un
• la gravité de l’événement ; processus donné ayant conduit à un évé-
• la probabilité de récurrence ; nement indésirable et permet une meilleure
• la complexité des facteurs qui semblent compréhension de ce qui s’est passé.
avoir influencé l’événement ; • Les « pourquoi ? » permettent d’identifier
• les répercussions pour l’unité ; les défaillances en se posant à chaque
• le service ou l’établissement ; étape cette question, et ce, autant de fois
• d’autres facteurs contextuels : les qu’il est nécessaire jusqu’à ce qu’il n’y ait
premières conclusions, la fréquence plus besoin de se la poser.
d’apparition, les obligations règlemen- • Le diagramme d’Ishikawa, ou arête de
taires, les pressions internes et externes. poisson, permet à une équipe d’identifier,
(Institut Canadien pour la sécurité des d’explorer et d’afficher graphiquement,
patients, 2012). toutes les causes possibles liées à un
problème ou à une condition afin d’en
Il est à noter que dans le cas d’incidents évi- découvrir les causes fondamentales.
tés de justesse ou lorsque la conséquence • Le diagramme en arbre permet à l’équipe
n’est pas connue au moment de l’analyse, on d’identifier les facteurs contributifs et
doit envisager la pire conséquence possible. les causes souches ayant conduit à
l’événement.
Deux autres éléments à ne pas négliger dans • Le diagramme de constellation est un
le choix de la méthode d’analyse sont ceux diagramme novateur proposé par le
de la compétence acquise pour l’analyse Cadre canadien d’analyse des incidents,
des événements et les ressources limitées qui regroupe les éléments du diagramme
disponibles pour procéder à l’analyse. d’Ishikawa et du diagramme en arbre.
Cet outil permet de visualiser et de mieux
comprendre les facteurs contributifs à
LES OUTILS l’événement et leurs interactions.
La schématisation des processus et des • L’analyse des modes de défaillance, de
étapes ayant conduit à l’événement facilite leurs effets et de leur criticité (AMDEC)
la compréhension des causes souches et la permet d’identifier les causes des modes
mise en place de mesures correctives. Dif- de défaillance, d’évaluer le risque qu’elles
férents outils existants peuvent être utilisés engendrent et d’élaborer un plan d’ac-
pour aider à colliger l’information nécessaire tion pour diminuer leur criticité relative.
et à se questionner pour réaliser l’analyse. Elle sert aussi à prioriser les actions cor-
Plusieurs sont complémentaires et pré- rectives selon l’évaluation des risques
sentent des avantages selon la situation à associés à chacune des causes.
analyser. Voici, à titre indicatif, quelques-uns • Les outils d’amélioration continue du Lean
des plus fréquemment utilisés : Six Sigma.
• Le QQOQCP (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ?
Comment ? Combien ? Pourquoi ?)
est une démarche d’analyse critique
constructive basée sur le questionnement
systématique.
Quelle que soit la méthode utilisée pour RETOUR D’EXPÉRIENCE ET LEÇONS À TIRER
établir les priorités d’action, l’évaluation de DES ÉVÉNEMENTS INDÉSIRABLES
l’incidence des recommandations avant Le retour d’expérience est l’une des pierres
leur mise en œuvre ne doit pas être négli- angulaires de l’apprentissage organisation-
gée ainsi que l’impact du changement de nel, de l’amélioration des pratiques et de l’ap-
processus proposé. Par conséquent, les prentissage de la sécurité. C’est également
recommandations devront être « SMART » un moment essentiel pour pérenniser une
(Spécifiques – Mesurables – Attei- culture de sécurité « juste » dans l’établisse-
gnables – Réalistes et reliés aux objectifs ment, sans blâme ni recherche de coupable.
organisationnels – Temporel) afin de garan-
tir le succès de l’implantation des mesures Parce que la contribution de chaque
et du suivi des recommandations. acteur est essentielle, la mise en place de
mécanismes de rétroaction et de communi-
cation, tant à l’interne qu’à l’externe, permet
cependant de soutenir et de favoriser une
92 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 9
responsabilisation et une meilleure appro-
priation des événements.
DUBÉ, J., et GRAVEL, S. (2011). « La résilience des entreprises face aux problèmes
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94 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 9
QUÉBEC. Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux
concernant la prestation sécuritaire des services de santé et de services sociaux,
RLRQ, c.-71, a. 5.
QUÉBEC. Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux
concernant la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux,
RLRQ, c. S-42, art. 33.1.
98 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 10
COMMENT RÉALISER LA DIVULGATION ? Dans les situations où il n’y a peu ou pas de
Il est difficile de généraliser les différentes conséquence, les professionnels peuvent
expériences vécues par les intervenants et réaliser la divulgation. C’est ce qui se fait au
les organisations en matière de divulgation. quotidien dans les établissements du Qué-
De manière générale, il est possible de dis- bec. Dans les cas où une analyse exhaustive
tinguer deux types de divulgation : celle est requise, il peut être souhaitable d’im-
effectuée immédiatement à l’usager lors pliquer le responsable de la sécurité des
d’un accident mineur et celle, plus com- services dans le processus de divulgation.
plète, qui est réalisée après un accident
ayant entraîné des conséquences plus Comme la divulgation est également une
graves. Cette classification est présentée responsabilité organisationnelle, il appartient
à titre indicatif seulement, il appartient aux à l’établissement de prévoir les modalités de
établissements d’adopter une procédure de divulgation des accidents auprès des usa-
divulgation appropriée selon les cas. gers et de leurs proches. Le gestionnaire de
l’unité administrative où l’accident est sur-
Avant tout, la divulgation des accidents, venu doit s’assurer que la divulgation a été
surtout lorsque malheureusement les consé- effectuée et consignée adéquatement. Si ce
quences sont graves, doit être considérée n’est pas le cas, il doit prendre les mesures
comme un travail interdisciplinaire. Il ne doit requises pour que la divulgation soit faite
pas incomber à une seule personne d’infor- dans le respect des règles en vigueur. Pour
mer l’usager ou ses proches sur les faits cela, il peut faire appel au soutien du res-
entourant l’accident, le pronostic ainsi que ponsable de la sécurité des services et
les actions qui seront mises en place pour s’adjoindre les services de toute personne
éviter la récurrence d’un tel événement. dont l’expertise est requise pour répondre
Étant donné les questions sur le pronostic aux interrogations de l’usager.
sur la santé ou le bien-être de l’usager, le
médecin détient un rôle prépondérant lors Pour bien réaliser la divulgation des acci-
de la divulgation. Aussi, selon la nature de dents, l’Institut canadien pour la sécurité
l’accident et l’ampleur des conséquences, des patients a publié des lignes direc-
il devra être déterminé les personnes qui trices à l’égard de la divulgation qui soutient
feront la divulgation. les établissements et les professionnels à
entreprendre une démarche de divulgation.
Les règles déontologiques précisent que le Il est conseillé de prendre connaissance
professionnel impliqué dans l’accident doit des bonnes pratiques de divulgations com-
procéder à la divulgation de cet accident. prises dans les lignes directrices et de les
Les circonstances peuvent cependant faire appliquer en tenant compte des dispositions
en sorte que ce professionnel n’est pas en légales applicables au Québec.
mesure d’effectuer lui-même la divulgation,
soit parce qu’il n’est pas en état de la faire,
soit parce que des analyses complémen-
taires doivent être effectuées pour connaître
les conséquences de cet accident.
CHAPITRE 10 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 99
QUAND DIVULGUER LES ACCIDENTS ? L’information doit porter essentiellement sur
La LSSSS stipule que la divulgation doit les faits et les conséquences préjudiciables
se faire le plus tôt possible. « Le plus tôt potentielles. Les faits doivent être présentés
POUR ALLER PLUS LOIN, possible » signifie dès la constatation d’un de façon objective, il est important d’évi-
CONSULTEZ UN MODÈLE accident. Dans l’éventualité où il faut interve- ter de blâmer ou de donner des opinions
DE LETTRE-TYPE VISANT nir immédiatement pour dispenser d’autres personnelles quant à la faute ou la respon-
À OFFRIR DES MESURES soins et services dans le but de renverser sabilité d’autres membres du personnel.
DE SOUTIEN À L’USAGER. ou contrôler les effets de l’accident, l’usa-
ger doit être rencontré assez rapidement Il importe de mentionner que le fait de s’ex-
pour obtenir son consentement à ces nou- cuser ou d’exprimer des regrets à l’usager
veaux soins et services. Dans d’autres cas, pour l’accident survenu n’est pas de nature
les intervenants devront prendre le temps à engager la responsabilité juridique de
nécessaire, le plus court possible, pour l’établissement.
approfondir la problématique et préparer
adéquatement la rencontre avec l’usager et Il faut se rappeler que l’établissement a le
le soutien à lui offrir. devoir d’offrir des mesures de soutien à
l’usager et à ses proches en cas d’accident.
Dans les faits, « le plus tôt possible » signifie De telles mesures doivent être prévues au
sans tarder, afin d’enquêter et préparer la règlement de l’établissement sur la divulga-
rencontre avec l’usager. Ainsi, la divulgation tion et le comité de gestion des risques doit
doit se faire lorsque la situation de l’usager s’assurer que ces mesures sont effective-
est stable ou qu’il est hors de danger et, ment rendues disponibles à l’usager.
surtout, en mesure de comprendre les infor-
mations. Si l’usager est ou devient inapte,
son représentant doit en être informé. La À QUI FAIRE LA DIVULGATION ?
plupart du temps, la divulgation doit se faire La première personne concernée est l’usa-
dans les minutes suivant l’accident, par ger. La LSSSS indique que « tout usager a
exemple après la constatation de l’adminis- le droit de participer à toute décision affec-
tration d’un mauvais médicament. D’autres tant son état de santé ou de bien-être ».
rencontres avec l’usager victime d’accident S’il le désire, celui-ci peut être accompa-
peuvent toutefois s’ajouter pour donner plus gné, au moment de recevoir l’information
d’explications à la suite de l’enquête interne. sur l’accident.
100 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 10
Usager n’est Usager est représenté
pas représenté
Usager majeur Usager (en tenant compte de Usager (en tenant compte de
Inapte sa capacité à comprendre) sa capacité à comprendre)
ET ET
Aux personnes suivantes • Curateur (privé)
(en respectant l’ordre • Tuteur à la personne (privé)
ci-dessous) :
• Mandataire à la personne
• C
onjoint (marié, union de (homologué)
fait ou en union civile)
• Curateur public ou
• Proche parent son délégué
• P
ersonne qui démontre pour
le majeur inapte un intérêt
particulier
Source : Adapté de M. D’Amour, La divulgation des accidents thérapeutiques: lorsque tout ne se déroule pas comme
prévu, Essai de maîtrise, Droit et politiques de la santé, Université de Sherbrooke, 2006, page 45.
CHAPITRE 10 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 101
du Québec donnent un éclairage sur les fera (téléphone, rencontre ou les deux).
personnes qui doivent recevoir l’information Il est préférable d’avoir recours à des
après un accident et qui peuvent consentir professionnels crédibles qui peuvent
à la place de l’usager inapte ou mineur. Le exprimer de l’empathie, mais aussi qui ont
tableau suivant donne un aperçu des diffé- des connaissances spécifiques du sujet
rentes situations. (ou qu’ils ont des connaissances de base
pour comprendre la problématique).
S’il y a décès après un accident, la divul- • Les gestionnaires, les professionnels et
gation devra se faire au conjoint, aux les médecins doivent déterminer les mes-
ascendants ou descendants directs, tel qu’il sages types à adresser aux usagers.
est prévu à la LSSSS. • Préparer une fiche de questions-réponses
susceptibles d’être posées par l’usager
La divulgation doit être consignée par écrit ou son représentant. Cela va permettre
au dossier de l’usager ou dans un formu- aux personnes qui réalisent la divulgation
laire de divulgation qui sera versé au dossier de se préparer à d’autres questions qui
de l’usager selon les règles prévues par ne sont pas prévues au message initial.
l’établissement. Cette consignation doit Ces questions-réponses doivent être
mentionner l’identité des personnes ayant rédigées selon les connaissances et les
procédé à la divulgation, celle des per- faits par des professionnels compétents.
sonnes ayant reçu la divulgation ainsi que Cette fiche pourrait servir à la rédaction
l’information transmise. de communiqués interne et externe, le
cas échéant.
• Préparer des communiqués internes et
POUR ALLER PLUS LOIN, QUOI FAIRE QUAND UN GRAND NOMBRE externes. Étant donné l’ampleur de la
CONSULTEZ UN MODÈLE D’USAGERS EST TOUCHÉ ? démarche, surtout lorsque de nombreux
DE MESSAGE TYPE EN CAS Il peut survenir un accident où une divulga- usagers doivent être informés, il est pro-
DE DIVULGATION MASSIVE tion dite massive doit se mettre en branle. posé de préparer un communiqué de
AINSI QU’UNE FICHE DE Tout comme la divulgation auprès d’un presse. Ce communiqué pourrait servir à
QUESTIONS-RÉPONSES. usager, il n’est pas souhaitable d’improvi- identifier des usagers lorsque l’établisse-
ser une telle démarche. Certes, elle doit se ment ne détient pas d’information précise
faire rapidement, mais une préparation adé- à l’égard des usagers visés. Aussi, cela
quate permettra de répondre efficacement permet de rassurer la population à l’im-
aux obligations envers les usagers. De plus, portance accordée à cet événement et à
l’établissement devra se préparer à gérer améliorer la situation. Dans d’autres cir-
d’autres risques notamment à l’égard de sa constances, ils ne seront pas publiés. À
réputation. l’interne, il s’agit d’évaluer si des rumeurs
peuvent circuler ou éviter qu’il en cir-
Nous proposons donc quelques étapes cule. C’est aussi une bonne manière de
pour réaliser une divulgation complète et mobiliser le personnel et transmettre cer-
efficace. tains messages dans la communauté, le
• Choisir les bonnes personnes qui feront cas échéant. Bref, un bon plan de com-
la divulgation. Le nombre de personnes munication est toujours utile dans les
doit être déterminé en fonction du nombre circonstances.
d’usagers à joindre et comment elle se
102 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 10
• Il est bon aussi de faire parvenir une lettre • Préparer toute la logistique : bureau, télé-
aux usagers joints par téléphone ou en phone, numéro de téléphone pour obtenir
personne ou ceux qui n’ont pu être joints. de l’information supplémentaire, etc.
L’objectif est de rappeler aux usagers les POUR ALLER PLUS LOIN,
messages clés. Aussi, certains usagers En conclusion, ce qu’il faut retenir, c’est que
CONSULTEZ UN EXEMPLE
peuvent oublier l’information transmise, la divulgation des accidents n’est rien de
DE FORMULAIRE
voire ne pas se souvenir de l’appel moins qu’une communication ouverte, hon-
DE DIVULGATION.
téléphonique. nête et efficace entre les professionnels et
• Des notes de divulgation doivent être l’usager ou ses proches. Ce n’est pas tou-
consignées au dossier de l’usager ou sur jours facile à réaliser, mais les dirigeants des
un formulaire prévu à cet effet. établissements doivent mettre en place des
moyens favorisant la divulgation.
ENTREVUE AVEC
MARTIN D’AMOUR
SUR LA DIVULGATION DES
ÉVÉNEMENTS INDÉSIRABLES.
CHAPITRE 10 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 103
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104 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
MESURER
LA SÉCURITÉ
4
Avec la contribution
DES SERVICES
d’Isabelle Aumont et de
Céline Hel ANNE LEMAY4 / alemay@jgh.mcgill.ca
Directrice générale adjointe / Hôpital Général Juif de Montréal
5
Avec la contribution de
Martin Coulombe et de MARIE-CLAUDE LAFERRIÈRE5 / marie-claude.laferriere@chuq.qc.ca
Denis Bélanger Conseillère cadre à la qualité et gestion des risques / CHU de Québec – CHUL
Une stratégie d’amélioration de la sécurité un indicateur tel l’âge qui est essentiel dans
des soins et services ne peut être complète la prestation sécuritaire.
et garante de succès sans une mesure
adéquate et rigoureuse des résultats. En Un indicateur est un élément ou un
d’autres termes, la mise en œuvre d’une ensemble d’éléments d’information repré-
culture de sécurité et l’obtention de bons sentatif par rapport à une préoccupation ou
résultats ne peuvent se produire sans le à un objectif, résultant de la mesure tangible
développement d’une culture de l’évaluation ou de l’observation d’un état, de la manifes-
et de la mesure. Le raisonnement derrière tation d’un phénomène ou d’une réalisation.
cette affirmation est simple. Nous ne pou- Il s’agit d’une mesure exprimée en terme
vons gérer et donc améliorer ce que nous relatif (pourcentage, ratio) ou non (nombre
ne mesurons pas. Prendre des décisions de nouveaux cas de SARM) utilisée pour
basées sur des anecdotes, des impressions apprécier les résultats obtenus, le degré
et de la subjectivité est risqué et non effi- d’atteinte d’un objectif, l’état d’avancement
cient. Gérer avec de la bonne information des travaux ou le contexte. Le Commis-
est un attribut essentiel à une bonne gestion. saire à la santé et au bien-être propose la
définition suivante : « Un indicateur est une
Il s’agit d’une des caractéristiques des orga- information quantitative ou qualitative qui
nisations hautement fiables. De fait, ces suggère la présence d’un problème, d’un
organisations (Berg et autres, 2013) : phénomène ou d’une situation particulière.
• mesurent la qualité et la sécurité ; Ainsi, l’indicateur reflète souvent une réalité
• produisent des rapports à différents plus complexe, synthétisée en un seul chiffre
niveaux de façon systématique ; ou un seul fait. » (Commissaire à la santé et
• effectuent de la rétroaction en temps réel au bien-être, 2010)
aux équipes et du benchmarking avec des
pairs et les leaders. Un indice est élaboré lorsque nous avons
besoin d’un point de repère ou d’une réfé-
Il s’agit aussi d’une des composantes impor- rence pour interpréter un indicateur. Par
tantes de la norme ISO 31000 en gestion exemple : l’indice du coût de la vie qui
intégrée des risques et d’exigences d’agré- permet de suivre l’évolution de l’ensemble
ment et légales. des prix, ou un score de performance qui
permet de relativiser le niveau d’un indica-
teur par rapport à une cible d’excellence
QUELQUES FONDEMENTS (AQESSS, 2012).
MÉTHODOLOGIQUES
Pour comprendre la stratégie de mesure L’ajustement du risque est parfois néces-
nécessaire à l’amélioration, il est essentiel saire parce que plusieurs facteurs peuvent
de connaître les principaux éléments métho- affecter l’atteinte d’un résultat et qui ne sont
dologiques en cause. pas directement liés à la qualité et à la per-
formance. Il s’agit de facteurs de risques
Une donnée est une information brute, associés à certaines caractéristiques des
non évaluée, non traitée et non valorisée. usagers (âge, sexe), les habitudes de
Par exemple : la date de naissance d’un vie, la gravité de la condition. Il faut donc
patient. Une donnée permet de construire tenir compte de ce risque en faisant des
106 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 11
ajustements pour permettre la compa- • Indicateur de processus : mesure les
raison des résultats inter et intra-équipe activités réalisées par les ressources pour
ou organisation. produire des résultats.
• Indicateur de résultats : mesure l’atteinte
Une métadonnée est une information sur de l’objectif. Dans cette catégorie entrent
l’information. Par exemple dans le cas d’un les indicateurs de satisfaction et de l’expé-
indicateur, une fiche fournissant différentes rience de l’usager ainsi que les résultats
informations sur celui-ci est nécessaire pour sur la santé et le bien-être des usagers.
permettre à l’utilisateur de comprendre le • Indicateur sentinelle : signale un évé-
sens, la portée, la méthodologie de calcul nement grave ou récurrent qui déclenche
et les sources de celui-ci. une analyse approfondie.
CHAPITRE 11 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 107
de l’établissement doit quant à elle, disposer Selon Kaplan et Norton (1996) qui ont
de tableaux de bord cohérents avec celui développé le concept de tableau de bord
du conseil d’administration. Ces tableaux de équilibré celui-ci permet de :
bord doivent, d’une part, décliner les indica- • clarifier et traduire la vision en stratégie ;
teurs retenus par le conseil d’administration • communiquer et lier les objectifs stra-
selon les secteurs et, d’autre part, permettre tégiques aux mesures de qualité et de
de suivre les indicateurs liés à la production performance ;
des effets recherchés. • fixer des cibles et aligner les initiatives
stratégiques ;
• permettre la rétroaction des résultats et
l’apprentissage.
Source : MSSS, Cadre de référence ministériel d’évaluation de la performance du système public de santé et de services
sociaux à des fins de gestion, novembre 2012
108 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 11
ÉTAPES ESSENTIELLES et pratiques requises d’Agrément Canada
D’UNE DÉMARCHE DE MESURE, et autres organismes faisant la promotion
D’ÉVALUATION ET D’AMÉLIORATION des pratiques reposant sur les données
probantes. Il est aussi important aux indica-
teurs utilisés par nos pairs pour effectuer du
RECOURIR À UN CADRE CONCEPTUEL benchmarking et aux attentes des différentes
Il est important de recourir à un cadre parties prenantes et autres partenaires.
conceptuel qui définit la performance et la
sous-dimension sécurité ainsi que les inter-
relations entre les sous-dimensions (Van den CONSIDÉRER LES DIFFÉRENTS ASPECTS
Berg et coll. 2014) tels que : DE LA SÉCURITÉ
• le cadre de l’OCDE (Onybuchi et autres, Il est important de considérer différentes pers-
2006 ; Van den Berg et autres, 2014) qui pectives de la sécurité telles que l’incidence
est utilisé par le ministère de la Santé et des évènements indésirables (accidents et
des Services sociaux du Québec (voir incidents) qui peuvent être documentés à
figure 6) ; partir du système de déclaration tel que celui
• le cadre d’évaluation de la performance en vigueur au Québec ou encore en ayant
des systèmes de services de santé, recours à différents indicateurs construits à
• le cadre d’évaluation globale et inté- partir des systèmes d’information de l’organi-
grée de la performance soit le modèle sation (résumés d’hospitalisation ou autres) :
EGIPSS (Champagne et autres, 2005 ; • mesure de la culture de sécurité effectuée POUR ALLER PLUS LOIN,
Sicotte et autres, 1999) qui est utilisé au moyen de sondage ; ACCÉDEZ À UNE LISTE
par le Commissaire à la santé et au bien- • revue périodique de dossiers ; DE RÉFÉRENCES PERTINENTES
être (CSBE, 2010, 2012) et l’AQESSS • revue des rapports de coroners ;
AU REGARD DES INDICATIONS.
(AQESSS, 2012). • mesure de l’expérience patient (effectué
au moyen de sondage) ;
S’appuyer sur un cadre de performance • compilation et l’analyse des avis, alertes
permet d’obtenir une perspective globale et rappels.
et intégrée de la performance et de mieux
comprendre les interrelations entre les diffé- Lorsque les indicateurs sont définis et
rentes dimensions et sous-dimensions dont élaborés, il faut alors mettre en place une
celle de la sécurité. démarche d’amélioration continue qui
implique les étapes suivantes :
• identifier des objectifs opérationnels
ENGAGEMENT ET LEADERSHIP DE LA des équipes en liens avec les objectifs
GOUVERNANCE ET DE LA DIRECTION stratégiques ;
Pour permettre l’introduction et le main- • les équipes identifient les indicateurs
tien d’une prestation sécuritaire efficace, en liens avec leurs objectifs ;
un engagement durable et significatif de la • ensuite les équipes évaluent la situa-
direction est primordial. Celui-ci passe par tion, mettre en œuvre les processus
l’élaboration d’un plan stratégique rigoureux d’amélioration et procède à l’évaluation
qui comprend le choix d’indicateurs ainsi que de la conformité aux processus et aux
d’outils de reddition de comptes des priori- résultats. Il s’agit du cycle d’améliora-
tés connues de l’organisation, des normes tion continue.
CHAPITRE 11 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 109
FIGURE 7 – MODÈLE ÉGIPSS
110 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX CHAPITRE 11
Il est aussi important de mettre place une
communication continue avec les parties
prenantes internes et externes en regard
de la stratégie d’amélioration et la reddi-
tion de comptes des résultats. Pour ce
faire, il faut élaborer une stratégie de com-
munication comprenant l’identification des
publics cibles à l’interne et à l’externe ainsi
que le bon format pour chacun des publics
différents.
CHAPITRE 11 GUIDE DE LA SÉCURITÉ DES SERVICES DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 111
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