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Introduction
L'économie agricole est une science appliquée dans laquelle la pensée, le processus, l'analyse
et l'organisation de l'économie sont étudiés par rapport aux forces et relations spécifiques
découlant de l'agriculture. Ces forces et relations spécifiques ont façonné les acteurs au point
de devenir une vocation et aussi un mode de vie, sous une organisation politique, sociale et
culturelle particulière. Ainsi, c'est d'une part une branche spéciale de l'étude générale de
l'agriculture et d'autre part une branche particulière de l'économie générale, mais elle est
fondamentalement une science sociale.
« Pour la plupart, les habitants de la planète sont pauvres ; par conséquent, étudier
l’économie de la pauvreté nous apporterait beaucoup de renseignements sur les principes
économiques qui comptent vraiment. Partout dans le monde, les pauvres tirent en majorité
leur revenu de l’agriculture ; par conséquent, étudier l’économie agricole nous apporterait
beaucoup de renseignements sur l’économie de la pauvreté » (Schultz, 1979).
1995. Toutefois, la proportion de la population vivant dans les zones rurales est déjà en baisse
sur tous les continents, y compris en Afrique.
Il faut aussi rappeler que la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne sont des économies à
vocation agricole. Dans ces pays, l’agriculture contribue de manière significative à la
croissance et les pauvres sont concentrés dans les espaces ruraux. Le défi politique majeur
dans ces pays est d’aider l’agriculture à jouer son rôle de moteur de la croissance et de la
réduction de la pauvreté.
En 2002, trois quarts de la population pauvre des pays en développement – 883 millions
d’habitants – vivaient en zone rurale. La plupart dépendent, directement ou indirectement, de
l’agriculture pour leur subsistance. Une agriculture inclusive et dynamique pourrait donc
réduire drastiquement la pauvreté rurale.
Ces faits tirés du Rapport 2008 de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde
montrent que l’agriculture dans le monde rural constitue le fer de lance de leur existence et de
leur développement. De ce fait, la croissance du secteur agricole est favorable aux pauvres.
Des recherches laissent supposer que la croissance des revenus agricoles réduit plus
efficacement la pauvreté que la croissance des autres secteurs pour les raisons suivantes : 1)
l’incidence de la pauvreté est en général plus élevée dans les populations agricoles et rurales
que dans les autres, et 2) la plupart des pauvres vivent dans les zones rurales et sont, dans une
forte proportion, tributaires de l’agriculture pour leur subsistance.
2.1 La terre
Le facteur terre est l’un des composants les plus importants du système de production
agricole. Parmi les facteurs de production, la terre n’est pas mobile. Il joue non seulement le
rôle de support de l’activité agricole, mais il est aussi et surtout pourvoyeur d’éléments
nutritifs indispensables à la croissance de la plante. Dans le système, l’accès à la terre dépend
de plusieurs facteurs. Il s’agit par exemple, du type de propriété (familial, communautaire
etc.) et des droits qui y sont rattachés. Elle peut constituer ainsi un bien familial qui s’hérite
de père en fils et ne peut faire l’objet de vente. Cette disposition implique le mode de faire
valoir (direct ou indirect) et détermine le type de spéculation agricole à y planter. La valeur
de la terre est fonction de plusieurs variables (situation géographique, possibilité d’irrigation,
fertilité etc.).
En Côte d’Ivoire, le domaine foncier qui regroupe l’ensemble des terres mises en valeur ou
non est régi par la Loi n°98-750 du 23 décembre 1998 modifiée par la loi du 28 juillet 2004.
Cette loi fait de la terre « un patrimoine national auquel toute personne physique ou morale
peut accéder. Toutefois, seuls l’Etat, les collectivités publiques et les personnes physiques
ivoiriennes sont admis à en être propriétaires »1.
2.2 Le travail
Le travail est une activité physique ou intellectuelle de l’homme appliquée pour produire,
entretenir ou aider à la mise en place d’un bien ou service économique et en contrepartie
duquel il perçoit une rémunération. Plus précisément, le travail, est une activité qui a un
objectif défini et unique (par exemple labour, traite des vaches), s'effectue avec un type de
matériel, des forces de traction, une main-d’œuvre et une technique de travail déterminés, se
déroule suivant une continuité de temps, sur un même lieu ou dans une même direction de
travail.
Le facteur travail est l’un des principaux facteurs de production si non le principal que met
en œuvre le paysan (Badouin, 1971). Sa source diversifiée lui garantie sa pérennité et celle de
l’activité de production agricole. Le facteur travail est constitué principalement de la main-
d’œuvre familiale et d’une main-d’œuvre extérieure rémunérée contractuelle (journalière,
mensuelle, annuelle etc.). Une division du travail peut être observée entre les hommes et les
femmes. En effet, les travaux qui exigent la force physique (défrichage, labour, buttage etc.)
sont souvent dévolus aux hommes tandis que les travaux ménagers et la production vivrière et
maraîchère sont l’apanage des femmes et des enfants.
Le travail peut avoir parfois en agriculture le caractère d’un coût fixe surtout lorsqu’il est
d’origine familiale. Il faut en effet assurer la subsistance des membres de la famille
indépendamment du fait qu’ils travaillent peu ou s’adonnent à une activité intense.
1
Article 1 de la Loi n°98-750 du 23 décembre 1998 modifiée par la loi du 28 juillet 2004
2.3 Le capital
Le capital est une richesse utilisée pour réaliser une production. Différents types de capitaux
sont utilisés pour la production agricole. Il s’agit des investissements (machines,
terrassement, barrage etc.), des engrais chimiques, des insecticides, des herbicides, des
fongicides etc. On parle ainsi de capital physique pour désigner les facteurs de production qui
sont eux-mêmes des produits. Contrairement au capital physique, l’on note aussi le capital
financier pour désigner l’argent utilisé pour démarrer ou faire tourner une affaire2.
La forme la plus simple est la monoculture. L’agriculteur pratique une seule production finale
et peu ou pas de production intermédiaire. Dans ce cas, l’exploitation ne contient que la
culture dédiée.
Une autre variante de ce système peut aussi être caractérisée par la présence dans
l’exploitation de plusieurs autres cultures marginales à côté d’une culture dominante. Ce qui
2
http://www.institut-numerique.org/23-facteurs-de-production-521c98e7040a1 (consulté le 16 mai 2015)
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Cette section s’inspire et reproduit des extraits de l’article de Badouin (1987) sur le système productif en
agriculture.
Le système de culture à structure unitaire comprend également les systèmes de culture que
l’on peut qualifier de systèmes de culture à spécialisation verticale. Une seule production
finale existe. Cependant, pour parvenir à cette production finale, l’agriculteur pratique
d’autres cultures dont les productions seront utilisées en tant que consommations
intermédiaires. Cela se voit surtout dans certains types d’élevage.
Enfin, la dernière catégorie des systèmes de culture unitaires peut être dénommée système de
culture à spécialisation horizontale. L’agriculteur pratique une grande variété de produits
appartenant à une même catégorie. Les cultures maraîchères constituent un bon exemple de
ce système. On enregistre au cours de l’année une rotation rapide de diverses productions qui
se succèdent en fonction des saisons et appartiennent toutes à une même catégorie.
Dans les systèmes de culture à structure associative, plusieurs productions finales sont
constatées. Ces productions sont liées entre elles par des relations de complémentarités
techniques.
A ce titre, il faut évoquer les cultures associées. Dans l’exploitation, sur une parcelle, il est
associé plusieurs cultures à la fois. Exemple du café et du cacao. Le débat à ce niveau est de
se demander si l’association est plus avantageuse ou non que la culture pure.
Une variante de ce système met en présence des systèmes de culture donnant lieu à un certain
chevauchement entre les différentes productions. La mise en place d’une culture sur une
parcelle déterminée s’opère avant l’enlèvement des cultures précédentes. L’igname et le
manioc dans le nord-est de la Côte d’Ivoire en est une illustration.
Une autre modalité des systèmes de culture à structure associative est constituée par la
succession, sur les différentes parcelles, de diverses productions dans un ordre bien
déterminé. On opère ainsi une rotation des cultures ayant pour objet d’assurer la bonne
conservation des sols, les cultures qui se succèdent n’ayant pas les mêmes besoins.
Arachide Maïs
Manioc
Riz
Dans l’exemple ci-dessus, l’on a évoqué les cas de l’arachide, du maïs, du manioc et du riz.
Cependant, dans la réalité, la situation est plus complexe. Le producteur doit choisir les
spéculations, leur nombre et le mode de rotation. La succession doit tenir compte des besoins
nutritifs de chaque spéculation. Le passage de la première spéculation ne doit pas appauvrir le
sol pour la seconde spéculation. Il faut tenir compte également de la complémentarité qui
existe entre cultures dans les temps de travaux, la pénibilité du travail etc.
3.1.3 Quelques explications possibles sur les raisons de la diversité des systèmes
de culture
Dans le Nord-Est de la Côte d’Ivoire, l’introduction du Coton par la CIDT dans les années 80
a été un échec alors que la noix de cajou a été très vite adoptée par les paysans. La raison est
que le coton se vendait mal et faisait concurrence sur les temps de travaux avec la culture de
l’igname, la principale culture vivrière dans la région. Par contre, l’anacardier se pratique en
association avec l’igname. En termes de temps de travaux, ces deux spéculations sont
complémentaires et cela a joué dans le choix des paysans qui ont en plus une bonne assurance
de vendre la noix de cajou chaque année.
Pour les aspects fonciers, plusieurs figurent peuvent se présenter mais on se bornera dans ce
cours à un seul cas. Dans une situation de rareté des terres, certaines coutumes peuvent
interdire de céder définitivement des terres à des personnes non autochtones. Dans ce cas, les
étrangers qui se voient prêter des terres ne peuvent qu’y cultiver des spéculations à cycle
court Cette disposition coutumière amène donc l’agriculteur a choisir un système de culture
qui lui permet de restituer la terre à son « tuteur » à tout moment.
Le mobile de rentabilité peut expliquer l’adoption de tel ou tel autre système de culture.
Lorsque le prix relatif d’une spéculation a tendance à augmenter, les producteurs peuvent
abandonner d’autres spéculations à son profit. Car, en milieu rural, une des caractéristiques
des populations est d’accumuler plus et de ne dépenser que dans ce qui paraît conférer le
prestige à la famille. L’agriculteur rechigne à dépenser dans une spéculation qui ne lui
rapporte pas assez en fin de cycle par rapport à une autre. En Côte d’Ivoire, dans la région de
Bonoua par exemple, certains producteurs d’ananas ont abandonné cette culture pour du
manioc ou pour l’hévéa. En effet, avec les problèmes de commercialisation sur le marché
européen dus à des normes devenues très contraignantes, les petits producteurs qui emploient
de la main d’œuvre extérieure se sont trouvé endettés. Certains ont donc substitué le manioc
ou l’hévéa à l’ananas.
Du point de vue du facteur travail, l’objectif est d’arriver à faire des économies dans ce
facteur. Or faire des économies du facteur travail signifie d’augmenter la production par tête.
En effet, une augmentation de la production par hectare est désirable si et seulement si la
production par tête augmente également. Toute politique agricole a comme objectif ou
devrait avoir pour but principal d’améliorer le produit par tête au lieu de chercher à améliorer
la production par hectare. Selon Carver (2013), c’est seulement dans les contrées où le
produit par tête est élevé que le niveau de vie est le plus élevé et où le citoyen moyen à un
bien-être assez appréciable.
Mais si toutes les terres arables sont occupées et que la population continue à s’accroître, la
seule façon de maintenir un produit par tête élevé est une augmentation du produit par ha.
Il est certes possible d’obtenir un produit par ha élevé avec un produit par tête faible, mais
dans les situations où cela se réalise, cela s’accompagnera de misère et de pauvreté. Cela veut
donc dire que l’agriculteur mobilise sur ses terres beaucoup plus de personnes pour réaliser sa
production. Dans les familles nombreuses qui doivent exploiter une même parcelle, les
rendements par ha peuvent être assez élevés mais ramener par travailleur cela peut être faible.
Dans une telle situation, si l’on devrait redistribuer la récolte ou les revenus, on verra que
chaque individu aura une part faible bien que les rendements soient jugés bons.
Le pouvoir de décision peut appartenir à un seul individu que l’on dénomme chef
d’exploitation. C’est lui qui décide en dernier ressort, même s’il prend l’avis des autres
membres de l’exploitation.
Dans d’autres cas, le pouvoir de décision peut être de type pluraliste et relever de la
compétence de deux ou de plusieurs individus. Dans un certain nombre de formules de
métayage, ce qui revient au propriétaire foncier est lié au résultat de l’exploitation, le pouvoir
de décision est assuré conjointement par le métayer et le propriétaire foncier.
Le pouvoir de décision peut revêtir une allure collective dans des coopératives agricoles de
production fonctionnant dans un système d’économie décentralisé. Tous les coopérateurs
participent aux décisions concernant la gestion, l’administration de la coopérative. Si cette
coopérative a de faibles dimensions, la participation de tous à toute décision peut être
effective. Par contre, s’il s’agit d’une coopérative de grande taille, il faut s’en remettre à
l’électron d’organes administratifs, constituer un conseil d’administration auquel les
coopérateurs délèguent leur pouvoir de décision.
Le pouvoir de décision peut dépendre de toute une communauté. Des terres frappées
d’interdiction de culture ou des spéculations nouvelles peuvent ne pas être acceptées par
certaines populations en vue de sauvegarder leurs habitudes sociales (religion, coutumes etc.).
Les exploitations de type unitaire correspondent à ce que l’on constate le plus souvent dans
les agricultures de type européen. Cette unité se traduit par le fait qu’il existe le plus souvent
un chef d’exploitation, que les membres de l’exploitation interviennent indifféremment sur
ses diverses parcelles, participent indistinctement aux diverses activités qui composent sa vie.
Les exploitations de type compartimenté, les différents éléments constitutifs de
l’exploitation, notamment les parcelles, étant répartis entre les différentes composantes de la
famille. Pour que le compartimentage soit significatif, il faut être en présence d’une famille
élargie, réunissant à la fois les frères et les fils de l’exploitant ainsi que leurs ménages, ou
pratiquant une polygamie étendue. Chacune des composantes reçoit un certain nombre de
Références bibliographiques
R 1987, ‘‘L’analyse économique du système productif en agriculture’’. ORSTOM, Cah. Sci. Hum., 23
(3-4) pp357-375.
Schultz, T. (1979), « The Economics of Being Poor », The Journal of Political Economy, Vol. 88, No.
4, pages 639-651.