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N°1

21 mars 1994

SOMMAIRE
Imagine

Présentation de notre nouvelle revue pages 2 à 4

Héritiers Spirituels de la Lumière

Vivre dans les nuages pages 6 à 8

Ethique Rosicrucienne

Le Conseil de l'Ethique pages 10 à 12

Etude comparative

Au portail du 12ème degré pages 14 à 16

Echanges

Salauds de pauvres ! ... pages 18 à 28

Sources

Fama Fraternitatis pages 30 à 31

Renseignements utiles page 32

Imagine
Plus qu'un titre, "Imagine" renvoie à ce qui semble être le
fondement de toute création, de tout progrès: l'imagination. Cette puissante
faculté ne serait-elle pas un écho de la divinité en l'homme ? ..
Si l'on regarde le monde, on ne peut que des latitudes et des saisons, pour que
s'étonner, s'émerveiller et s'interroger de­ nous connaissions le goût du monde...
vant sa mystérieuse complexité, - du dialogue ininterrompu auquel la vie
Etonnant, en effet que pas une feuille nous invite, de la douleur à l'extase pour
d'arbre ne puisse être véritablement identi­ que nos corps découvrent, apprennent et
que à une autre; pas un grain de sable qui ait sachent qu'ils font à jamais partie du
sa copie exacte au sein des immenses dunes monde...
des déserts ou les innombrables rivages des - de tout son être, de toutes ses forces et
mers et des océans; pas un nuage qui ne de toute son âme, le monde semble s'être
prenne l'expression d'un autre tout au long partagé, diversifié et compliqué pour
de l'incompréhensible langage des cieux. Et éveiller notre curiosité et nous contrain­
puis, cette multitude d'êtres vivants, sinon dre à nous interroger. Et depuis des mil­
infinie dans la variété des espèces, du moins liers d'années, nous nous interrogeons
illimitée dans leur continuel renouvelle­ sur ce monde fascinant et sur son éton­
ment., nante complexité, ..
Merveilleuse cette complexité que l'on De quel artisan génial ce monde-là est-il
croirait faite pour combler tous les appétits de le chef d'oeuvre?
......
nos sens: ~

- de la palette infinie des couleurs qui


éclairent les formes tout aussi infinies de
nos paysages et de nos horizons, afin que
nous puissions voir le monde ...
- de la musique toujours inachevée du
vent à l'humeur changeante et irritable, ./'

des oiseaux virtuoses, de la pluie musi­ Quelle source infinie d'imagination a pu


cienne, des abeilles muettes, des ani­ concevoir autant de causes et d'effets, de
maux qui célèbrent l'amour et des résultats et d'origines, de principes et de con­
rivières qui caressent le temps, afin que séquences?
nous sachions entendre le monde ...
Depuis bien longtemps déjà, les hom­
- des senteurs suaves ou violentes que la mes ont répondu: Dieu 1
vie émet à l'infini par ses prodigues ex­
pirs, afin que nous sentions le monde ... Et depuis tout aussi longtemps, tous les
- des saveurs subtiles ou intenses décli­ déistes sont en perpétuelle controverse. Les
nées à profusion par les multiples et uns monothéistes, les autres polythéistes ou
surprenantes personnalités des climats, panthéistes. Avec les uns, un Dieu anthropo­

-2­
morphe, avec les autres, un pur esprit ou une ... alors. heureusement, il y a l'imagina­
âme universelle. Pour les uns et pour les tion ... cette qualité prodigieuse que, sans au­
autres, Dieu est tour à tour -ou bien tout a la cun doute, Dieu a voulu nous donner afin que
fois- bon, juste, omniprésent. créateur, omni­ nous accédions véritablement à son pouvoir
potent, tout puissant et tant d'autres choses créateur et infini. En nous donnant la vie, en
encore... nous insufflant Sa Vie, Dieu nous a pro­
bablement murmuré:
En fait, chacun se fait une idée très per­
sonnelle du Dieu qu'il ressent ou auquel il Il Homme..

croit et chacun, par sa connaissance ou par sa ... maintenant tu existes...

foi, s'approche sans doute de quelque vérité,


même si personne ne peut, en ce domaine, ... maintenant, le monde me ressemble...
prétendre déteni r la V éri té. • ••• 1
...malntenant, VIS et... lmagme .
Cependant, il est un domaine où tous les Il IN1AGI),j"E... Il

Déistes peuvent sans doute tomber d'accord:


si Dieu existe, Il ne peut être étranger à la Voilà le titre que le S.E.T.!. a souhaité
création du monde. Et si Dieu a créé le donner à sa nouvelle revue trimestrielle. Ce
monde, il est une qualité que tous, nous pou­ mot qui sait si bien qualifier, à la fois Dieu et
vons Lui reconnaître, c'est l'imagination. les Hommes. Ce mot qui évoque à la fois un
espoir et une obligation, un souhait et un
Cette imagination infinie qui a conçu le besoin, un moyen et une finalité, un concept
monde. et un état, un dési r et une réalisation, un proj et
Cette imagination fertile qui a créé le et un achèvement!
monde. Cette revue est désormais la nôtre, et son
Cette imagination illimitée qui perpétue titre appartient à chacun, comme l'air appar­
le monde. tient à tout ce qui respire et comme la Tradi­
tion appartient à tous ceux qui la respectent
Cette imagination que nous, les hom­ et la perpétuent.
mes, avons pu et su découvrir, reconnaître et
admirer car nous en sommes à la fois la Le devenir de cette revue sera ce que
fabuleuse illustration et le précieux déposi­ nous en ferons: un simple moyen de spécula­
taire! tion intellectuelle, scientifique et spirituelle
ou bien, un véritable et efficace outil de créa­
1
tion mentale. Quant à son titre, il pourra
1 \
demeurer un mot, simplement beau et évoca­
1 teur ou bien il saura devenir un stimulant
1
i
authentique et puissant pour notre créativité
au service de la Vie. de la Lumière et de
\' Amour.

Le souhait des fondateurs du S.E.T.I. est


que cette revue soi t désormai s un établ i col­
lectif au servi~e de tous les véritables artisans
La Tradition prétend que Dieu n(\us a rosicruciens qui ont le sincère désir de com­
rai ts ù son image... cependant, en nOlis regar­
mencer à refaire la monde!
dant vivre il est bien difticile de recotlnaltre
les ljualitl!s d'omniprésence. d'omnipotence, Certes, (e~ quelques feui Iles ne su tliront
d'ol11niscienœ, dc justice et d'amour intini pas à paraChè\er l'oeuvre. Cependant, si cha­
que l'on attribue généralement ù Dieu ...

.,
- -' ­
que page, chaque ligne, et chaque mot sont Le S.E.T.l., souhaite donc longue et
conçus comme des présents offerts aux au­ fructueuse vie à sa nouvelle revue. li compte
tres, des présents dictés par l'amour voué à la sur vous tous pour que ses voeux soient exau­
création toute entière et inspiré par l'imagi­ cés au-delà de toute espérance et aujourd' hui,
nation créatrice de Dieu, alors ne doutons pas il vous dit à chacun, avec fierté, reconnais­
que les plans authentiques d'un monde sance et amour:
meilleur seront véritablement établis au fil
des numéros de notre revue pour que demain, Puisque trop souvent, la Tradition n'est
d'autres bâtisseurs, animés d'aussi nobles in­ que l'alibi de ceux qui manquent d'imagina­
tentions que nous, sachent poursuivre et pa­ tion ...
rachever l'oeuvre que nous avons entreprise. ... maintenant et toujours:

IMAGINE...

Jacques JULY.

-4­
Héritiers Spirituels
de la Lumière
Vivre dans les nuages ...

Quelle est la nature du véritable mysticisme? S'agit-il d'un état

"déconnecté" des contingences matérielles ou ne serait-ce pas plutôt, "les


pieds sur terre", une tentative d'élévation de la conscience?
Harvey Spencer Lewis nous livre son avis.
Les personnes qui ne comprennent pas tique est toujours un chercheur de maîtrise et
suffisamment le vrai but et les vraies visées cette maîtrise comprend toujours la victoire
de l'étude mystique et spirituelle disent très sur les problèmes du monde aussi bien
souvent que ceux qui s'y adonnent "vivent qu'une compréhension parfaite des vérités
dans les nuages". C'est généralement pris spirituelles. Il réalise donc que le développe­
comme un commentaire péjoratif, ou, du ment spirituel et les plus hautes gloires de la
moins, comme la suggestion de tendances vie doivent être atteints en s'élevant pas à pas
fanatiques. Cela implique toujours une atti­ de ce plan terrestre vers les plans qui se
tude qui s'écarte de la normale et qui manque trouvent devant lui, et que cette réalisation
plus ou moins de sens pratique dans nos doit être accomplie par la maîtrise des obsta­
temps modernes. cles ou limitations naturels qui l'entourent.
En vérité, j'étudiant des valeurs spiri­
tuelles et celui qui recherche cette forme de
connaissance arcane, qui révèle les plus hauts
principes de la vie, n'est pas un individu qui
s'adonne à la pensée abstraite et qui manque
de sens pratique dans la vie. Il peut parfois 1
1
/
demeurer dans les nuages dans ses pensées
spirituelles et il peut aussi élever sa con­
science vers un domaine plus élevé ou un plan
qui dépasse grandement celui des choses ma­ Le but de l'existence terrestre
térielles de cette vie. Mais un tel individu
Ce n'est que le rêveur désoeuvré et celui
réalise vivement le fait que l'homme est ici,
qui n'est pas familiarisé avec les vérités fon­
sur terre, dans un but très net, et que, puisque
damentales qui croit qu'il peut s'élever arbi­
sa conscience a été projetée à partir d'une
trairement et volontairement au-dessus et
source spirituelle divine pour être enfermée
au-delà de l'environnement particulier terres­
dans une forme physique dans ce monde
tre dans lequel Dieu et les principes cosmi­
matériel, il existe pour lui dans la vie une
ques l'ont placé. Le mystique ne considère
mission très précise et que cette mission ne
pas les incidents de sa naissance comme des
peut être accomplie qu'en faisant face aux
incidents dus au hasard, mais il les considère
conditions et en exécutant les devoirs et les
plutôt comme des effets de la loi, de l'ordre
obligations du monde matériel.
et d'un système. Il ne considère pas que tou­
Le vrai mystique n'est pas un individu tes les expériences terrestres sont secondai­
qui base son exploration dans le monde spi­ res, mais plutôt qu'elles sont essentielles. Il
ri tue! sur la fausse prémisse de la négation des n'essaie pas de se tromper par la philosophie
conditions et des intérêts matériels. Le mys­ selon laquelle l'ultime tin de la vie est l'an­

-6­
nihilation des expériences matérielles ou des actes soit influencé par un espoir ou un rêve
efforts matériels. Puisqu'une Loi Divine ou fanatique d'un Nirvana dans lequel il pourrait
un Principe Divin a ordonné son incarnation vivre comme s'il était au-dessus et au-delà de
ici, sur terre, et puisqu'il y a un but très précis tous les devoirs et de toutes les obligations
à son incarnation, il cherche toujours à décou­ matériels. Il est aussi vivement intéressé par
vrir le pourquoi et le comment de l'existence les lois et les principes de la construction
terrestre et le travail particulier qui lui a été atomique et moléculaire qu 'il l' est par l'inté­
assigné ou que l'on a projeté pour lui comme grité spirituelle de la source divine de vie. n
moyen de son évolution personnelle. est tout aussi pratique dans son application
des lois matérielles de la nature qu'il l'est
dans l'application des principes spirituels.
Ses rêves sont divisés de manière égale entre
les réalisations physiques, ici, sur terre, et les
réalisations spirituelles de l'avenir. Il garde
les pieds solidement sur terre et sur le roc de
cette existence matérielle, tandis qu'il permet
parfois à sa conscience de s'élever à de plus
grandes hauteurs.
Il n'espère ni ne prévoit une période
Le vrai mystique croit que 1'homme évo­ incertaine dans le futur où toute la producti­
lue depuis les activités fondamentales et pri­ vité à sa portée et toute la créativité de sa
mitives de l'existence terrestre vers les conscience matérielle parviendraient à une
conditions les plus hautes et les plus parfaites fin et où son utilité dans le grand plan des
du développement spirituel. Il reconnaît dans choses, ici, sur terre, se terminerait par une
les épreuves et les tribulations de la vie ter­
restre la lutte entre le bien et le mal, entre la
lumière et les ténèbres et le défi à sa propre ,--V-Q

force. Il devient convaincu que la loi de la


survie du mieux adapté n'est pas seulement
.0
un mécanisme de la vie terrestre, mais un
principe de l'évolution du moi intérieur et de
la personnalité. De même que les anciens
philosophes mystiques croyaient dans le po­
lissage de la pierre cubique et le taillage de
ses angles afin d'en faire une pierre plus
parfaite, ainsi, aussi, le mystique croit que les
éléments plus grossiers de sa nature maté­ existence spirituelle éthérée, sans valeur pour
rielle et les abords rugueux de sa personnalité Dieu ou pour l'homme. Il prévoit plutôt que
doivent être éliminés afin que l'or pur de sa ses réalisations, ici, sur terre, le conduiront
conscience et de son égo puisse s'élever jus­ dans une école spirituelle de plus profond
qu'aux sublimes hauteurs qu'il garde dans développement dans laquelle il sera préparé
son esprit comme le but de son existence. à une autre occasion de remporter de plus
Etre un ami pour les hommes grandes victoires ici sur terre, et d'accomplir
une campagne encore plus étendue de déve­
Mais il ne permet pas à sa vision de loppement et de contribution au développe­
demeurer fixée exclusivement sur un portail ment des hommes, et cela se répétera de
intangible et éthéré et il ne permet pas non nombreuses fois jusqu'à ce que tous les hom­
plus que l'ensemble de ses pensées et de ses

-7­
mes et tous les êtres qui sont ici sur terre aient de la Fraternité et ce fut l'esprit qui anima ses
atteint ce degré de perfectionnement où l' ex­ fondateurs et ses dirigeants au cours des siè­
istence matérielle n'est plus nécessaire. cles et qui a apporté force, bonheur, satisfac­
tion et joie à ses conducteurs et à ses
Mais, tandis qu'il attend ce résultat in­ compagnons dans toutes les époques.
évitable pour tous les êtres, il se réjouit de
l'occasion qu'il a de vivre parmi les hommes,
Harvey Spencer LEWIS.
d'être un ami pourles hommes et de travailler
dans les grands cycles d'évolution que Dieu
a décrétés. Son ambition est de servir et de
travailler dans la vigne plutôt que de se laisser
porter par la marée et de trouver une paix
éternelle sans accomplissements ou respon­
sabilités. C'est là ce qui constitue la vraie
nature du mystique et du chercheur d'illumi­
nation, de sagesse et de lumière spirituelle.
C'est ce qui devrait être l'idéal de chaque
Rosicrucien car c'est l'enseignement et le but

-8­
Ethique
Rosicrucienne
Apostolat
L'apostolat est une valeur fondamentale du S.E. T.l Ce pas­
sage de l'Evangile et son commentaire devraient permettre de nourrir la
réflexion de chacun quant au devoir qui lui incombe de répandre la Lumière...
"Après cela, le Seigneur désigna Dans chaque ville où vous entrerez et où
soixante-douze autres disciples. Il les envoya l'on vous accueillera, mangez ce qu'on vous
deux par deux en avant de lui, dans toute ville servira .. guérissez les malades qui s y trou­
et dans tout lieu où lui-même devait aller. Il veront et di tes aux gens: Le Royaume de Dieu
leur disait: La moisson est grande, mais les
est tout proche de VOliS.
ollvrierspeu nombreux; priez donc le maître
de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa Mais dans chaque ville où vous entrerez
moisson.
et oit l'on ne VOliS accueillera pas, sortez sur
Allez! Voici que je VOliS envoie comme les places et dites: Même la poussière de
des agneaux au milieu des loups. Ne portez votre ville qui s'est collée à nos pieds, nOlis
pas de bourse, pas de sac, pas de chaussures, l'essuyons pour vous la laisser. Pourtant,
et ne saillez personne en chemin. sachez-le: le Royaume de Dieu est proche.
Dans chaque maison où. vous entrerez,
dites d'abord: Paix à cette Maison! S 'i! y a En vérité, je vous le dis, au jour du
là lin homme de paix, sur lui reposera votre jugement, ce sera moins pénible pour Sodo­
paix .. sinon, elle VOliS reviendra sûrement. me que pour cette ville. "

Demeurez dans la même maison, man­ Evangile selon Saint Luc: 10, 1-/2
ge:: et buvez ce qu'ils ont ; car l'ouvrier est
digne de SOli salaire. Ne passez pas de mai­ Dans ce passage fort riche des Ecritures,
son en maison. il n'aura échappé à personne que l'idée force
est celle de l'apostolat, et c'est donc sur cet
aspect particulier, cher aux conducteurs du
S.E.T.I., que j'orienterai mon commentaire.

Le Christ en s'adressant aux soixante­


douze disciples, chargés de répandre, en bi­
nôme, la bonne nouvelle est loin de présenter :
leur mission comme une partie de plaisir,

mais illes prévient au contraire de la difficul­

té de leur tâche.

"I"a moisso!l eSI grande, mais les 011­


vriers peullomhreux : priez dom: le maUre de

la moissoll d'e1l\'oyer des olll'/'iers dllllS sa

moisson.
Il

- 10­
"La moisson est grande, mais les ouvriers peu nombreux;

priez donc le maître de la moisson

d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. "

- Il ­
La première leçon que nous enseigne cette l'on retrouve dans le titre de compagnon at­
parabole c'est que tout mystique dans son tribué aux membres du S.E.TJ., compagnon:
devoir d'apostolat ne peut prétendre à créer celui qui partage le pain.
des disciples qui comme lui oeuvreront à
répandre la Lumière, mais qu'il appartient à Enfin, le message est clair quant à l'atti­
Dieu de désigner ses messagers. Ceci est tude à adopter envers ceux qui font obstacle
aussi vrai sur un plan collectif qu'individuel à la Lumière ou pire la combattent. Le Maître
ne nous dit pas de les mépriser de la splendeur
et répond à une même réalité qu'il s'agisse
de notre silence, de les ignorer ou de les
d'individus ou d'organisations.
tolérer. Non! Nous devons d'une part, par­
Ainsi les gardiens de l'Ethique du fois savoir renoncer et d'autre part, aller sur
S.E.TJ. ont opté pourune diffusion très large les places et dénoncer publiquement leurs
de la connaissance qui leur a été léguée, agissements et leurs perversions, et n'admet­
sachant que l'écho que rencontrerait leur tre aucun compromis qui ne pourrait être que
message dépend avant tout de l'harmonie qui compromission.
existe entre le cherchant et le principe créa­
teur. Bien d'autres aspects de l'éthique rosi­
Ainsi, le fonctionnement de notre organisa­ crucienne pourraient être abordés au travers
tion ne saurait être basé sur la quantité de ses de ce texte fort riche, mais j' en arrêterai ici le
adhérents. Nous sommes conscients que "les commentaire. Prier, prévenir, précéder, agir
ouvriers sont peu nombreux" et qu'il appar­ et savoir renoncer, voilà comment s'organise,
tient à Dieu, si telle est sa volonté, d'en élire dans la tradition christique toute démarche
de nouveaux. apostolique, qui reste un devoir pour tous nos
compagnons. Ne nous posons pas de question
L'action "apostolique" est destinée à quant à notre capacité à transmettre le mes­
précéder le Maître en "toute ville et tout lieu sage, car comme nous l'a dit le Maître:
où lui-même doit aller", à chacun d'entre­
nous de préparer le chemin de la Lumière en ce n'estpas vous quiparlerez, c'est l'esprit
Il

restant conscient du fait qu'il n'est pas de de votre Père qui parlera en vous".
notre ressort de faire de nos l1 récepteurs" des
"réceptacles" des plus hautes manifestations. Le Conseil de l'Ethique du S.E. T.I.
La question du choix du disciple, du
compagnon ne se pose donc pas. TI ne saurait
y avoir d'élitisme et la Parole ne saurait être
pervertie. "S'il y là un homme de paix, sur lui
reposera votre paix ~ sinon, elle vous revien­
dra sûrement". Une fois encore, il ne nous
appartient pas de juger de la qualification
d'autrui, nous devons donner largement, en
sachant qu'en aucun cas notre don ne saurait
être perdu, perverti ou vain.
Quand notre message rencontre une
adhésion, il est légitime de recevoir les bien­
faits que fait naître ce partage. Nous voyons
ici une notion importante qui est celle de
l'interactivité, que nous avons développée au
S.E.T.I., notamment dans nos communica­
tions pour une réflexion individuelle et que

- 12­
Etude

comparatIve

û
Au portail du 12ème degré
Une fois encore nous allons dans ces colonnes mettre en évi­
dence l'altération du message rosicrucien originel tel que l'a transmis le
Docteur Harvey Spencer Lewis.
"Je dois vous rappeler à nouveau que le Ainsi s'exprime le Grand Maître de l'or­
douzième degré , à l'origine, a été introduit ganisation qui avait reçu pour mission de faire
dans nos enseignements, un certain laps de partager les enseignements mis au point et
temps après le neuvième degré par le Dr Har­ transmis par Harvey Spencer LEWIS, leur
vey Spencer LEWIS qui, avec l'autorité à lui forme résultant de son "illumination person­
conférée par le Vénérable Maître de France, nelle".
avait établi le présent cycle des activités de
notre Ordre. Les sujets traités par lui dans ce Ces propos sont issus d'une lettre adressée
degré ne lui avaient pas été donnés dans le aux membres de la Hiérarchie Esotérique de
style où ils sont présentés. Leurforme présente cette organisation "au portail du douzième de­
résulte de son illumination personnelle, de son gré", TI Y est indiqué clairement que les ensei­
interprétation attentive des manuscrits qui lui gnements transmis à ses membres sont "d'une
étaient envoyés et des initiations qu'i! avait nature fondamentale", qu'ils ne sauraient être
reçues dans les autres juridictions de l'Ordre. "affectés par le temps" et qu'ils ont par consé­
Il avait en outre choisi de dicter les monogra­ quent été "laissés intacts".
phies dans un style de conversation, comme s 'il Cette étude comparative ajustement pour
s'adressait à un seul membre et non pas à un but de constater, à la manière de 1'historien, les
groupe important. évolutions subies par cet enseignement et de
Les enseignements, qu'il a de cette ma­ comprendre, tel un philosophe ou un sociolo­
nière transmis dans le douzième degré, sont gue, le pourquoi de ces changements.
d'une nature fondamentale. Ils concernent des Dès la première monographie envoyée
principes de vie et des lois cosmiques qui ne aux membres de ce douzième degré, on cons­
sont pas affectés par le temps, et ils ont donc tate, dans la version d'octobre 1986 par exem­
été laissés intacts dans les monographies de ce ple, que toute l'introduction présente dans les
degré. Les solutions offertes par le Dr. Harvey enseignements originels a disparu.
Spencer LEWIS aux membres du douzième
degré vous seront aussi utiles et vous apporte­ En voi ci deux extraits :
ront autant de lumière et de satisfaction inté­
"Du point de vue matérialiste, la richesse
rieure qu'à ceux qui vous ont précédés depuis
et les possessions terrestres ont toujours été
que ce degré a été préparé. Cela ne veut pas
considérées comme la source d'un bonheur
dire que le travail et les enseignements du
permanent. Souvent, ceux qui sont pauvres et
douzième degré ne progresseront pas. Des ad­
privés des biens de la terre croient que rien ne
ditions ne manqueront pas, en effet, d'être
leur manque dans la vie à part les choses
faites aux monographies. chaque fois que quel­
matérielles. Ils s'imaginent que si seulement ils
que chose serajugé suffisamment valable pour
avaient la richesse, ils seraient heureux. Ils ont
être inclus parmi les sujets dont elles traitent
rarement conscience de l'erreur d'une telle
déjà. "
croyance, à moins que le vent de la fortune ne

- 14­
leur apporte la richesse et le confort auxquels passage très intéressant et significatif quant à
ils aspiraient; ils découvrent alors que quelque l'importance de Jésus Christ selon la Tradition
chose en eux est encore insatisfait, qu 'i/leur rosicrucienne, telle qu'elle fut transmise à
manque encore quelque chose, et que sans l' origi ne par Haevey Spencer LEWIS:
cette chose la vie continue à n'avoir pour eux
aucun sens. "Il n'est pas dans mon intention de criti­
quer n'importe quelle forme de religion, et
Ce besoin souverain, qui asservit aussi vous savez tous que notre ordre n'est à aucun
bien le riche que le pauvre et qui fait l'objet de égard dogmatique, mais il est bon de rappeler
leur quête presque toute leur vie, a été désigné que les mystiques traditionnels n'éprouvaient
dans le langage biblique par l'expression en eux aucune confusion en ce qui concerne
"avoir faim et soifde droiture". Dieu. Pour eux, il n y avait qu'un seul Dieu et
Jésus-Christ était le Fils Divin et Sacré de ce
"Ce degré va encore accentuer les valeurs seul et unique Dieu. Il demeurait toujours dans
positives qui peuvent être les vôtres, à mesure leur conception comme "Son Fils, Jésus­
que nous vous guiderons, de semaine en se­ Christ". Ce fils se fit chair et incarna le plus
maine, sur le chemin conduisant à une vie parfait messager divin que la terre ait connu.
virtuellement nouvelle. Le plus grand bonheur Sa sagesse provenait de la plus haute source.
et la plus grande réussite qui puissent s'obtenir Ce fut le messager dont l 'inspirationfut la plus
vous attendent, si vous voulez simplementfaire vraie et la sagesse la plus parfaite. Ce fut le
profiter autrui des bienfaits dont vousjouissez,
messager le plus compétent et le plus qualifié
et si vous êtes prêts, également, à aider à ce que la terre ait jamais reçu. Alors qu'il se
que soient préservés pour d'autres, dans l'ave­ trouvait sur la terre, il accomplit tous ses mi­
nir, ce dont vous profitez actuellement. C'est racles, parla, enseigna et fit tout ce qu'il était
pour cette raison que, dès le début de ce degré, appelé à faire, au nom de Dieu.
je vous recommande de poursuivre contempla­
tion, réflexion et consécration". En d'autres termes, pour les mystiques
traditionnels, il était le messager direct, intime
Notez que dans le premier passage, l'au­
et personnel de Dieu, au sens le plus parfait,
teur souligne le caractère dérisoire de la quête
un messager tel que l 'homme ne l'avaitjamais
matérialiste, des richesses et des possessions
vu auparavant, ou ne l-'a jamais vu depuis.
terrestres, qui ne sauraient en aucune façon
constituer le but de l'être humain sur terre,
Mais, pendant que Jésus-Christ était sur la
celui-ci étant en définitive traduit parla citation
terre et accomplissait sa grande mission au
biblique "avoir faim et soifde droiture". nom de Dieu et sous sa direction et son inspi­
ration directes, et même pendant qu'il exerçait
Il est évident qu'une organisation qui, en le pouvoir divin le plus absolu qui se soit
1986 s'oriente progressivement vers le mer­ jamais manifesté sur la terre, il n'était encore
cantilisme débridé et l'investissement foncier, pour les mystiques du passé que Fils de Dieu
ne peut sur le plan doctrinal dénoncer ses pro­ et non Dieu lui-même. Pour eux, Jésus-Christ
pres orientations, et ce d'autant moins qu'elle était toujours un grand facteur vivant de pou­
continue à demander à ses membres les plus voir dans le monde: Sa conscience était im­
dérimnis des efforts budgétaires considérables, mense et était une puissance d'essence divine
pour accéder à la IIconnaissance". La référence que nOlis pOUVOllS absorber et développer al/­
biblique est de ce fait écartée, mais nous avons dedans de nous à quelque degré. Ainsi. ils
déj à constaté dans des études précédentes (cf.
parlaient de lui avec respect, amour et vénéra­
Reflets), que c'était là une constante.
tion, ils pouvaient le prier d'être leur intermé­
Sur ce plan, la monographie numéro 2 de diaire pour intercéder auprès de Dieu pour eux
ce même douzième degré est encore plus révé­ et le solliciter en notre faveur; mais ils ne
latrice de la volonté des censeurs. Voici un considéraient pas Jésus-Christ comme Dieu,

- 15 ­
ni ne le priaient d'accomplir des choses qu'ils En tout cas, les rosicruciens de cette orga­
savaient être au seul pouvoir de Dieu; et ils ne nisation sont en droit de s'interroger sur les
lui demandaient pas non plus ce que lui-même raisons des transformations profondes d' ensei­
nous dit que nous devons demander à Dieu gnements dont on leur affirme, en préambule à
seul". la version de 1986 par exemple, "qu 'ils ont été
laissés intacts".
Ce passage dont on peut aisément recon­
naître qu'il n'est pas insignifiant, a été avec Sauvegarder cet enseignement originel,
bien d'autres extraits purement et simplement telle est la tâche entreprise par le S.E.T.I. dont
on comprend mieux à posteriori que la création
retiré des enseignements transmis par les diri­
était devenue inévitable parce qu'elle est née
geants actuels de l'organisation fondée par
de la sincérité, de la fidélité et du courage de
Harvey Spencer LEWIS. ses fondateurs.
La déchristianisation des enseignements Ces fondateurs, qui, comme bien d'autres
de la Rose-Croix que nous avions soupçonnée membres de la Hiérarchie Esotérique, s'étaient
lors de la précédente étude est bien corroborée engagés à respecter, à défendre et à chérir
par ces premiers documents transmis à ceux l'esprit et les principes de la Rose-Croix,
qui sont censés "préserver pour d'autres dans même si des conditions imprévisibles alors,
l'avenir, ce dont ils profitent", selon les paroles devaient les conduire hors de l'organisation
du premier Imperator de cet ordre. extérieure physique, qu'ils servaient à cette
époque avec autant de dévouement.
La tolérance envers d'autres points de vue
et d'autres formes de recherche doit caractéri­
ser la démarche rosicrucienne, mais elle doit
Ictus
conduire vers l'universalité, caractéristique de
la Mission Christique, et non vers un syncré­
tisme douteux et confus, qui consiste à aban­
donner ses propres convictions pour mieux
séduire l'autre. Dans quel but? La question
reste posée: si l'objectif est de "ratisser large"
pour attirer le consommateur, il s'agit là de
marketing, et ce ne serait qu'un moindre mal
pour le fondement spirituel de l'organisation.
Mais ne serait-ce pas plus profond sur le plan
philosophique?

- 16­
Echanges

Salauds de Pauvres!
Dans la perspective sociale qui est la sienne, dans son implica­
tion au sein de la vie de la Cité, le SET] ne peut parfois échapper à une
certaine émotion que l'auteur essaie de nous transmettre dans ces lignes...
Depuis bien longtemps déjà, l'humanité de nos villages ou chaque ruelle de nos villes
sait engendrer de pauvres diables, indigents, et que, jusqu'à une époque encore récente, le
quémandeurs et autres mendigots ~ autant de bon voisinage se faisait un devoir naturel et
spécimens originaux qui, bien des siècles sain d'héberger communément et de nourrir
avant la découverte de la génétique, ont per­ régulièrement.
mis aux hommes d'introduire dans leur pro­
pre race un caractère nouveau et inconnu de C'est assurément l'instinct grégaire des
la nature. Ce caractère, c'est celui de la pau­ hommes et donc, leur habitude innée d'en­
vreté et, s'il n'est pas vraiment héréditaire, il traide les uns envers les autres, qui permit à
possède néanmoins une formidable capacité toutes les époques, à tous ces déshérités
à se transmettre. -qu'ils soient "tristes sires", "canards boi­
teux" et autres "imbéciles heureux"- de sur­
Cette transmissibilité est désormais pro­ vivre en ne manquant de presque rien en des
bante du fait de l'inexorable croissance du temps où tous les autres manquaient de pres­
nombre de pauvres à travers le monde; si bien que tout!
qu'aujourd'hui on compte tant et tant de pau­
vres sur notre terre que nous voilà contraints
de les classifier en différentes espèces comme
nous le faisons des multiples familles anima­
les ou végétales.
C'est ainsi qu'actuellement nous avons
déjà répertorié plusieurs de ces "espèces de Je parle ici de ces époques innombrables
pauvres" ... et, gageons que dans le genre, d'obscurantisme qui précédèrent notre siècle
l'imagination etla bonne volonté aidant, nous actuel, moderne, intelligent et civilisé. En ces
ne sommes pas encore au bout de nos décou­ temps-là, la raison économique n'éclairait
vertes... pas encore nos comportements sociaux et les
subtils impératifs commerciaux qui condi­
Essayons donc d'y voir un peu plus clair tionnent désormais notre précieuse qualité de
dans ces nouvelles espèces du genre humain vie laissaient le champ libre aux impératifs,
que l'on désigne sous le terme global de ô combien plus rustiques, de la vie elle-même
pauvres. en tant que qualité intrinsèque!
Nous passerons rapidement sur l'espèce Ne nous attardons pas plus sur cette
la plus anciennement connue car elle est aussi pauvreté, qui n'en était pas vraiment une et
la moins bien définie, la plus réduite et même que nous appellerons de proximité tant elle
sans doute en voie de disparition. était inextricablement imbriquée à toutes so­
Je parle ici du pauvre marginal et pitto­ ciétés humaines et commune à toutes les cou­
resque qui, de tout temps, hante chaque place ches de ces sociétés. Ces pauvres de

- 18 ­
proximité n'étaient en fait que les inévitables leur légitime frustration en se félicitant
naufragés de l'existence, victimes de tares ou d'avoir inspiré les académiciens dans leur
d'infirmités faisant alors bien plus obstacle à souci constant d'enrichir notre vocabulaire.
la science qu'à la bonne volonté sociale.
Quoi qu'il en soit, la découverte de­
Est-ce par réaction qu'aujourd'hui la meure: une nouvelle race existe bel et bien!
bonne volonté sociale semble s'effacer der­ Tentons donc de connaître un peu mieux ces
rière le pouvoir scientifique ? .. Toujours est­ hommes nouveaux que l'on a singulièrement
il que, si la science accepte le plus souvent baptisés tiers-mondistes.
d'éviter la déchéance morale et physique aux
malheureux que la société lui confie, la socié­ Ce sont des êtres, victimes de conditions
té quant à elle, abandonne à la déchéance climatiques souvent difficiles sinon extrê­
misérabiliste bon nombre de ceux que la mes, d'une surpopulation incontrôlée, d'un
science pourrait efficacement secourir. déficit technologique caractérisé et de con­
flits moyenâgeux, récemment déclenchés ou
Venons-en donc maintenant à ce qui fut ancestralement perpétrés. Le résultat de ces
sans conteste, la première grande découverte états de fait se traduit naturellement par la
de notre civilisation en matière de pauvreté. famine, la maladie, la souffrance, le désespoir
Découverte capitale qui, sans doute, aurait et leurs inévitables conséquences que sont la
justifié l'attribution d'un Prix Nobel, à la lutte, la violence et la haine.
condition que quelque discipline comme la
"génétique-économique" ou l''économie-an­
thropologique" ait été reconnue par le trop
conservateur monde scientifique.
En effet, cette grande découverte fut
celle d'un monde à part entière, tout à la fois
contenu et en dehors de notre monde mo­
derne, connu aujourd'hui sous le nom de
"tiers monde". li fut facile, dans ce monde là, Constatant naguère cette pauvreté et son
de mettre en évidence la faculté étonnante de interminable cortège de malheur, les décou­
la pauvreté à se transmettre de façon quasi vreurs nantis, coulent d'abord une larme de
circonstance puis ... ils saisissent l'aubaine ...
systématique de génération en génération et
et quelle aubaine! Ils s'emparent énergique­
même, lorsque les conditions sont favorables,
ment du problème ... par le bon bout. lis ou­
à se propager d'un pays à l'autre comme une blient, dans un premier temps, de vouloir
véritable épidémie. Ceci est tellement vrai, améliorer les conditions d'existence de ces
qu'aujourd'hui, des secteurs entiers de notre populaces, en les faisant largement profiter
planète sont plus connus sous le terme géné­ de notre avance technologique, médicale et
rique de "tiers monde" que par le nom des scientifique. Puis, dans un deuxième temps,
pays qui les composent. ils pensent qu'il serait plus sain de les encou­
rager à régler eux mêmes leurs problèmes en
Bien sûr, aucun gène responsable de les aidant. .. à s'entre-tuer plus proprement ou
cette mutation en masse de notre race, n'a pu plus efficacement et ce, tout en expérimen­
être mis en évidence et c'est sans doute ce qui tant grandeur nature, nos armes les plus so­
priva d'un auguste prix Nobel les méritants phistiquées et les plus meurtrières. En
découvreurs de ce phénomène. Cependant, échange de cette aide, il est vrai souvent fort
faute d'avoir su séduire les scientifiques, nos appréciée, les pauvres reconnaissants ont
lauréats à l'honorabilité purent surmonter toujours la possibilité de nous céder aimable­

- 19­
ment quelques morceaux de forêts ou quel. débiteurs peuvent encore dissimuler à nos
ques millions de tonnes de remblais, dont ils légitimes attentes, il faut bien nous rendre à
n'ont que faire puisque leurs forêts les em· l'évidence... nos insouciants emprunteurs ne
barrassent plutôt et que leurs remblais ne sont plus solvables... nous ne serons sans
contiennent que de précieux minerais qui les doute jamais remboursés ...
intéressent bien moins que nos ludiques mi­
... salauds de pauvres!
trailleuses et nos désopilantes bombinettes.
Malgré notre naturelle déception de voir
notre générosité si mal récompensée, force
est de constater l'urgence de la situation et de
réagir. Quelques hauts personnages des pays
riches se réunissent donc autour d'une monu­
mentale table, de préférence en bois tiers­
mondain, et tout en se congratulant
avantageusement les uns les autres, ils déci­
La générosité du monde nanti va même jus· dent avec une noblesse qui n'a d'égale que
qu'à leur faire crédit, si vraiment ils n'ont rien leur générosité d'annuler tout ou partie de la
à offrir, à la condition qu'ils fassent tourner dette lltiers-mondiste" !
notre outil de production d'armes qui reste,
pour la plupart des pays riches, notre premier Ouf! L'économie mondiale est sauvée!
revenu du commerce extérieur. Le cas La "nouvelle-future-dette" des pays pauvres
échéant, on peut même leur céder, toujours à va de nouveau permettre d'absorber les excé­
crédit, quelques beaux spécimens de notre dents de notre outil de production devenu
haute technologie, comme des automobiles, tellement performant qu'il sature très large­
des télévisions et autres machines à bon­ ment notre propre capacité de consomma­
heur... Soyons donc rassurés, les tiers·pau­ tion.
vres ne s'endettent pas pour rien ... s'ils ne La boucle est bouclée... les pauvres res­
peuvent pas manger, ils pourront toujours teront pauvres, avec en prime une mauvaise
continuer à s'entre-tuer mais ils le feront en conscience et les riches pourront continuer de
tout cas plus intelligemment et ceux qui au­ s'enrichir mais, ceux-là... avec une bonne
ront la malchance d'être parmi les morts conscience avantageusement confortée!
pourront sans doute se consoler -quelque
part- à l'idée d'avoir eu l'heureux privilège
de connaître quelques-uns des bienfaits que
procure la richesse ... serait-ce à crédit!

Quant à ce crédit, cette dette, généreuse­


ment consentie par le monde riche, elle de­
vient un indicateur économique précieux
entre les mains des banquiers du monde puis­
qu'elle leur permet, à tous moments, de me­
surer le degré de pauvreté de nos débiteurs,
degré de pauvreté qui croît généralement Quittons maintenant le funeste dépotoir
dans les mêmes proportions que leur endette­ du tiers-monde pour visiter un autre monde
ment à notre égard. incontestablement plus proche de nous et
Le temps passant, et malgré les notables sans doute un peu plus petit puisque nos
efforts de nos huissiers de l'économie pour technocrates de la pauvreté l'ont baptisé
faire main basse sur ce que nos imprudents quart-monde!

- 20­
Bien plus près de chez nous assurément, Heureusement, ces hétéroclites popula­
puisque ce monde-là cultive son étonnante ces restent généralement à l'écart des quar­
différence aux portes mêmes de nos grandes tiers bien fréquentés et vivent, tels des
cités modernes. Son originalité réside dans le parasites, près de nos décharges "à ciel offertll
fait qu'il parvient à préserver son remarqua­ où ils pillent à leur aise les restes de nos
ble dénuement là où les richesses abondent. grasses ripailles et les ruines démantibulées
En effet, ici, point de conditions climatiques de notre boulimie technologique. Quant à
ou géographiques défavorables, point de pé­ l'argent de poche, il leur est offert généreu­
nurie alimentaire, industrielle ou de défi­ sement par quelques audacieux donateurs en
cience technologique et scientifique, et échange des channes exotiques et singuliers
pourtant, une misère extrême qui condamne de leur progéniture en quête -parait-i1- de
à la faim, au froid et à la maladie certains fantasmes pervers et de pratiques obscènes.
habitants de chez nous, ici même où règnent La rumeur va même jusqu'à laisser penser
en maître les excédents de nourriture, d'éner­ que si 1es enfants quart-pauvres vendent 1eurs
gie et de médicaments. Excédents tellement charmes à quelques-uns de nos plus faibles
encombrants, qu'ils contraignent nos socié­ concitoyens, les parents quant à eux, vont
tés à dépenser des fortunes pour les faire jusqu'à vendre leurs enfants à quelques au­
connaître du public par de ludiques mais in­ tres en mal de procréation ...
dispensables promotions ... Nos concitoyens
du quart-monde seraient-ils à ce point sourds, ... salauds de pauvres!
aveugles ou ignares qu'ils ne sauraient enten­ Les "quart-mondistes" auraient-ils con­
dre, voir ou comprendre nos appels insistants tracté cette affligeante maladie de la pauvreté
et répétés pour écouler nos trop-pleins de qui ravage le tiers-monde et auraient-ils dé­
production en tout genre ou, essaieraient-ils cidé de répandre cette terrible épidémie au
de nous acculer insidieusement à la faillite sein même de notre monde d'opulence?
économique?
Jusqu'à une époque encore très récente,
... salauds de pauvres ! personne ne pouvait croire à cette curieuse
De bidonvilles en ghettos, de quartiers hypothèse et pourtant, depuis quelques an­
insalubres en squats délabrés, ce quart­ nées, on constate une inquiétante proliféra­
monde inquiétant dénature nos rutilantes ci­
tés modernes et s'acharne à y importer
maladies et délinquance, métissage et margi­
nalité.
Certes, nos Etats de droit, savamment
administrés et puissamment policés ne ména­
gent pas leurs efforts pour lutter contre cette
pauvreté. Nos vaillants bulldozers rasent ré­
gulièrement des hectares entiers de baraques
et de taudis, nos courageux gardiens de la loi
font de tonitruantes descentes années pour tion de pauvres au-delà même des frontières,
moissonner le mauvais grain et nos brillants jusque là assez bien marquées, du monde­
politiciens votent des lois de plus en plus tiers et du monde-quart... Ces pauvres là,
subtiles ou radicales pour protéger les bon­ jusqu'alors non répertoriés apparaissent de
nes-gens qui souffrent du voisinage intoléra­ façon totalement anarchique n'importe où,
ble de ce calamiteux quart-monde. n'importe quand et chez n'importe qui ...

- 21 ­
C'est ainsi que tel ouvrier consciencieux autres forfaitures qui finissent par menacer
vivant jusque là de façon confortable ou tel les biens-portant de l'économie ...
cadre moyen jouissant d'une honorable posi­
tion dans la société, se retrouve en quelques Assurément, le pauvre n'est guère fré­
mois ou quelques années totalement anéanti quentable! Chacun peut désormais s'en ren­
par le mal terrible de la pauvreté! dre compte dans son voisinage immédiat. Il
est rarement gai ou jovial, souvent sale et
Ces cas de subite pauvreté ont au­ vilain et toujours inquiétant... sinon dange­
jourd'hui pris une telle ampleur que nous reux... Car enfin, on ne reproche pas aux
fûmes récemment contraints de les réperto­ pauvres d'être pauvres mais de là à tolérer
rier en une espèce nouvelle. Nos nouveaux qu'ils puissent nous voler ce qui leur manque
technocrates, sans doute en manque d'imagi­ et qui nous appartient, ce serait aUer à l' en­
nation, affublèrent cette nouvelle espèce du contre de toutes les règles établies et déroger
nom bien banal de nouveaux-pauvres. gravement aux lois équitables qui régissent
nos sociétés de droit, construites comme on
Si l'on peut regretter le manque d'origi­ le sait, sur les principes sacrés de la liberté,
nalité de cette dénomination nous sommes de l'égalité et de la fraternité!
bien obligés de nous incliner devant la jus­
tesse et la précision de son choix car, en effet, ... salauds de pauvres !
s'ils sont nouveaux, ces mutants-là n'en sont
pas moins pauvres que les plus anciennement Une fois encore, voilà notre société con­
découverts... et il faut bien reconnaître, trainte de réagir en urgence face à ce phéno­
qu'avec eux, notre culture vient de faire un mène nouveau, envahissant et accablant... Il
grand pas dans la vulgarisation du folklore faut trouver des solutions pour endiguer le
calamiteux! mal et, qui donc serait mieux placé pour
trouver ces solutions, sinon l'élite du monde,
Plus besoin, en effet de prendre .. . ceux que chez nous, l'on connaît et reconnaît
l'avion ... ou des risques ... ou la télévision .. . par leurs enviables pedigrees aux noms pres­
pour voir "du pauvre ll puisque chacun de tigieux d'énarques, normaliens, centraliens et
nous peut en observer à sa guise qui, dans son autres polytechniciens.
quartier qui, dans son immeuble et, pourquoi
pas, avec un peu de chance ... dans sa propre
famille! Si l'on est un tant soit peu observa­
teur, on peut même assister, en direct, à la
lente agonie d'un voisin, d'un ami ou d'un
parent, subitement atteint par cette terrible
maladie.
L'évolution du mal demeure quasiment
L'élite est donc appelée à siéger en ur­
semblable dans tous les cas: désoeuvrement,
gence... et elle siège, notre élite, elle siège
excitation, affolement, découragement, abat­
même en urgence ... depuis maintenant une
tement, sont les premiers symptômes obser­
bonne décennie... ou peut-être deux ! Et il
vables de cette curieuse affection. Puis, arrive
faut bien lui reconnaître le grand mérite
le laisser-aller, l'abandon du confort, de la
d'avoir su mettre en évidence la cause du
convivialité, des règles sociales et du loge­
mal!
ment lui-même. Enfin survient la phase ter­
minale avec l'oubli de sa propre personne, Assurément il était inutile d'avoir été
l'apparition de la saleté qui nourrit les poux, primé à l'un de nos difficiles concours de
de la boisson qui appelle l'alcoolisme, de la IIbeauté intellectuellell pour prendre con­
drogue qui refoule la raison et du larcin et science qu'un homme privé d'un travail ré­

- 22­
munérateur est, plus qu'un autre, prédisposé ... salauds de pauvres!
à contracter la pauvreté mais, sans doute fal­
lait-il appartenir à III 'intelligente intelligent­ Bien sûr, tout le monde sait bien que nos
ll
sia de l'intelligence du monde pour avoir le médecins de l'économie, ne sachant plus à
droit de le dire et... être cru ! En efret, depuis quel démon se vouer, appl iquent par dépit des
bien longtemps déjà, les pauvres savent pour­ traitements qu'ils savent inefficaces et qui ne
quoi ils sont pauvres et depuis tout aussi pourront -tout au mieux- que prolonger les
longtemps ils le disent. On connaît même souffrances morales et physiques de tous nos
quelques autres, pas tout à fait aussi pauvres, malades ... et ils en souffrent nos savants de la
qui ont perdu leur voix à force d'expliquer finance ... ils en souffrent et nous le disent...
aux pas-pauvres-du-tout, ce qu'était cette ils nous le disent et nous le répètent... ils le
maladie et d'où elle provenait. Mais com­ répètent tant et tant qu'une lancinante ques­
ment aurait-on pu accorder quelque crédit à tion nous hante tous désormais:
un pauvre qui parlait de lui ou à un moins
pauvre qui s'intéressait à la pauvreté alors
que ce n'était nullement son "métier" ? ..

Mais, peu importe à qui revient la pater­


ni té de 1a découverte, on sai t mai n tenant d'où
vient la pauvreté, on va donc pouvoir la soi­
gner! Et, là encore, il nous faut saluer le ~énie
de ceux qui, décidément, n'ont pas u;urpé ... à quand d'autres pauvres, plus nou­
leurs places d'honneur au podium des jeux veaux encore et plus pauvres toujours ? .. Et
qui seront-ils ? ..
olympiques de l'esprit, car en quelques an­
nées, et avec l'aide magique du Dieu Argent, Cette question nous paralyse au point
ils ont accompli une véritable transmutation que nous n'osons plus bouger, ni parler, ni
de la pauvreté... il n'y a presque plus de même penser. Bien sûr, cette apathie nous
nouveaux-pauvres chez nous, il n'y a plus dérange, nous déshonore et pire encore, nous
que de nouveaux-presque-riches connus sous donne mauvaise conscience!
les sigles mystérieux et presque nobles de:
Notre "sensiblerie" était déjà sollicitée
- chômeur-fin-de-droit, par les pauvres du bout du monde, mise à mal
- chômeur-longue-durée, par ceux qui s'étaient échoués aux portes de
nos luxuriantes cités, écorchée par ces autres
- bénéficiaire de plans sociaux,
que la pauvreté osait frapper jusque chez nos
- préretrai tés-d'office, voisins ... voili que maintenant, avec la pers­
- smicard, pective de nouveaux venus qui risquent de
vivre leur agonie sur nos paillassons et peut­
- C.E.s.. être même dans notre propre famille ... voilà
- R.M.Istes, que la mauvaise conscience nous gagne!
- S.D.F., On voulait bien s'attrister, s'apitoyer,
- etc. couler une larme -ou deux-, déposer une
TOlls ces nOllveaux-"siglés", tous ... ou obole -ou deux- dans les troncs multiples des
presque tous, sont payés à ne rien faire. -ou intirmiers de la misère. On voulait bien.
pas grand chose- et tous ... tous. ou presque même, reconn:11tre quelques petites exclises
tous, continuent à se plaindre avec une inso­ à tous les pauvres de la terre et attribuer
lentc impudeur et une provocante ingrati­ quelques grands mérites à ceux qui tentaient
tudc... de soulager leurs soutTmnces, mais, de là à
accepter en plus. d'avoir mauvaise con­ remplit nos tribunaux, nos centres de réédu­
science... il y a des limites ... cation et nos prisons, bien plus que le vice ou
la véritable délinquance "de vocation" n'au­
... salauds de pauvres!
raient jamais pu le faire ...
Salauds de pauvres! Nos sociétés bien pensantes arborent, il
On a donné, on l'a vu, bien des noms à est vrai, une généreuse capacité à tolérer la
tous les pauvres de la terre mais personne pauvreté tant qu'elle se contente de tuer les
n'oserait dire: "salauds de pauvres !..... et pauvres en silence mais, dès qu'elle suscite
moins encore l'écrire, tant il est malséant de chez certains d'entre eux un naturel et légi­
mépriser la misère lorsque l'on a le privilège time sentiment de révolte, nos mêmes socié­
-devenu rare- de la regarder, de près ou de tés bien pensantes préfèrent oublier le
loi n, et pourtant. .. problème en le dissimulant au fond des ca­
chots ...
... et pourtant, j'ai voulu, j'ai osé, dans
cet article au ton volontairement exécrable, Faudra-t-il attendre qu'une moitié de
écrire et ré-écrire cette non moins exécrable l'humanité ait mis l'autre moitié en prison
absurdité tant elle semble aujourd'hui s'ins­ pour cause de pauvreté avant de comprendre
taller insidieusement dans l'inconscient col­ qu'il faut nous attaquer à la misère plutôt que
lectif comme une "vérité" nouvelle. de combattre les miséreux?

Bien sûr, individuellement, personne ­ Aujourd'hui il nous semble presque nor­


ou presque- n'accepte une telle fausse vérité, mal que le pouvoir mette aux oubliettes ­
mais, dans le même temps, personne -ou même si ces oubliettes ont la télé- tous les
presque- ne s'indigne contre les mesures de gueux qui dérangent notre confort, comme il
plus en plus draconiennes voire arbitraires. semblait normal à la bourgeoisie d'antan de
qui sont prises au nom de la collectivité, par voir le Roi supprimer les manants à qui la
nos illustres représentants pour protéger la famine donnait quelques audaces. Il est vrai
surabondance de biens de ceux qui ont tout, que de nouveaux monarques de droits divins
contre les "tentatives d' appropriati on", il est règnent aujourd'hui sur le monde... même
vrai pas toujours très légales, de ceux qui s'ils se contentent de palper leur Dieu Argent
n'ont rien ou presque, et qu'un inavouable plutôt que de prier un Dieu plus ... divin.
dénuement pousse à une légitime convoitise. Quant à la nouvelle bourgeoisie courtisane
elle sait tout autant qu'hier flatter les monar­
ques et en vivre. Certes, elle s'épargne les
ronds de jambes mais elle s'incline et fla­
gorne quand même en faisant largement épar­
gne de "ronds".
Faudra-t-il attendre une révolte en
haillons pour noyer dans Je sang cette nou­
velle dynastie outrancière et cynique que l'ar­
gent installe et protège? ... ou saurons nous.
plus sagement, nous contraindre à une révolte
en dentelle menée en douceur par la nouvelle
Ce volontaire et gaillard contre-pied fait bourgeoisie qui saura comprendre à temps
ICI à la morale établie peut choquer, j'en
qu'il est plus sage de servir l'Homme que
conviens, bien des légalistes. Cependant, d'adorer ce tyran sans âme qu'est l'argent?
force est de constater que, de nos jours. c'est
la misère, et ses sordides conséquences, qui

- 24­
Certes l'espoir est permis! - on protège l'ozone, en couche ou en
bouteille dont on espère en retour, qu'elle
L'espoir est permis puisque désormais
veuille bien nous protéger,
l'humanité semble prendre conscience qu'il
existe toujours en ce monde quelques valeurs - on protège même les vieux papiers que
sûres sans étiquette ni code-barres et que tout l'on recycle avec une récente mais non moins
n'est pas encore à vendre. Désormais l 'huma­ grande fi erté,
nité semble vouloir faire un galop d'essai vers
une vérité qui échappe à la finance ou au - on protège la Nature sans oser encore
commerce et des voix s'élèvent par milliers nous demander comment elle a pu, pendant
pour dénoncer les saccages et les massacres tellement de millions d'années se passer de
en tout genre. Des voix s'élèvent par milliers, nous, mais avec le légitime espoir qu'elle
par milliers mais aussi par dépit pour proté­ veuille bien nous protéger à son tour,
ger... pour protéger tout, mais aussi n'importe ...on protège ...on protège ... et sans doute
quoi: a-t-on raison! TI était temps que les Seigneurs
- on protège les bêtes féroces, de l'humanité écoutent et entendent ces pion­
niers qui luttent avec enthousiasme et déter­
- on protège les insectes et autres bes­ mination contre l'aveuglement individuel et
tioles les plus repoussantes, collectif de tous les raisonneurs déraisonna­
bles!
- on protège des plantes du bout du
monde que ni vous ni moi n'aurons sans Mais, dans notre obsession protectrice,
doute jamais le privilège d'apprécier, n'est-on pas en train d'oublier de protégerles
hommes ou, du moins, les plus démunis d'en­
- on protège les trésors des fonds des
tre eux?
mers allant du plus banal corail à la plus
fantastique épave, de torpilleur ou de bom­ Un déshonorant précédent historique
bardier, oubliée sous les eaux par quelque nous rappelle que la protection des animaux
formidable bataille, (SPA:1845) fut créée avant que l'esclavage
ne soit définitivement aboli (1848) et, dans ce
- on protège les minerais ou minéraux domaine comme dans bien d'autres, l'his­
cachés au ventre de la terre et qu'on suppose
toire semble vouloir se répéter. En effet, la
en voie de raréfaction,
chasse est maintenant interdite pour un grand
- on protège les squelettes démantibulés nombre d'animaux parmi lesquels on trouve
de somptueux dinosaures ou de non moins d'ailleurs des fauves redoutables et, ceux qui
somptueux humanoïdes dont on imagine les dans ce domaine enfreignent la loi, s'expo­
destins inconnus mais révoqués, sent à des poursuites et à la condamnation
juridique et... populaire; alors que, parallèle­
ment, d'ignominieuses chasses à l'homme se
perpétuent et même se banalisent dans cer­
tains pays du monde pour exterminer les pau­
vres en surnombre ...
On ne demande guère l'avis de certaines
populations, parfois primitives et toujours
étonnées, pour protéger, chez eux, quelques
superbes fauves raréfiés mais on rebute à
- on protège les chicots déchaussés de s'ingérer chez ceux qui tirentsurJeurs enfants
vieilles murailles gauloises, romaines ou, comme nous tirons nous-mêmes à la foire sur
mieux encore, peut-être gallo-romaines, des pipes d'argile.

- 25­
Ne pleurons-nous pas tous, et chaque quer à la douleur, à la souffrance et au déses­
année, sur le massacre des bébés phoques, sur poir que la pauvreté prodigue dans le mon­
une baleine échouée ou sur d'attachants dau­ de?
phins inconsidérément assassinés ? .. mais
combien de fois avons-nous l'occasion de Ces médecins de l'âme, nous avons dé­
pleurer sur l'extermination programmée et cidé et accepté d'en faire partie, nous qui
menée à bien de ces enfants pauvres dont le avons décidé et accepté d'être initiés aux plus
seul tort fut de venir au monde et la seule faute hauts mystères de l'existence et de la Vie
de s'entêter à vouloir survivre? .. elle-même!
Bien sûr des voix se sont élevées depuis
bi en 1ongtem ps et continuent de s'élever pour
dénoncer ces exécrables agissements et pour
lutter contre cette terrible maladie de la pau­
vreté mais il semble que nos Seigneurs, pour­
tant plébiscités par nos soins, soient moins
intéressés ou moins empressés ou moins
exercés pour sauver la vie de leurs semblables
que pour préserver la fourrure des zibelines
ou les défenses des éléphants ...
Bien sûr d'aucuns feront remarquer que
dans notre engouement récent et presque né­
vrotique de protection à tout va, on protège
aussi les pauvres... mais, à ceux-là qui nous Nous qui connaissons depuis déjà long­
offrent à bas prix une bonne conscience,j' au­ temps le gène qui échappe depuis tout aussi
rais envie de répondre que l'on protège sur­ longtemps à tous les écumeurs des sciences
tout leur pauvreté... on soigne trop souvent la financières.
misère plutôt qu'on ne guérit les miséreux ...
et les plus sincères de nos savants médecins Nous qui savons que, paradoxalement,
de l'économie se désespèrent d'être tellement ce gène ne peut être découvert, isolé et traité
impuissants à découvrir chez un seul de ces que sur les bien-portants et non sur les mala­
millions de pauvres l'existence ou même seu­ des de la pauvreté.
lement la trace de ce gène maléfique dont on Nous qui devons dire que ce gène s'ap­
pourrait faire le coupable unique et providen­ pelle l'égoïsme et que, tous ceux qui en sont
tiel de la pauvreté. porteurs -et qui s'en portent fort bien- sont, à
Mais, cet échec cuisant, de tous les cher­ des degrés divers, responsables de la pauvreté
cheurs de la science de Mammon n'était-il des autres.
pas prévisible ? Peut-on reprocher à ceux C'est à nous donc, de donner l'exemple
dont la vocation est de dorloter l'abondance au monde et d'entreprendre de soigner les
d'être également des experts en matière de trop bien-portants de l'économie -dont sou­
dénuement? vent nous sommes- pour que commence la
N'est-ce pas à ceux qui se prétendent guérison des malades de la misère. C'est à
nous de commencer à soigner notre propre
médecins de l'âme de s'attaquer au fléau qui
égoïsme pour guéri r la pauvreté car si l'on se
fait échec aux médecins de l'économie ?
contente, comme le font tous les autres, de
N'est-ce pas à ceux qui pratiquent l'art de la soulager la pauvreté, on ne fait que caution­
fraternité et du partage, qui prêchent la bonté ner notre égoïsme. C'est à nous de prendre
et l'amour, qu'incombe le devoir de s'atta­ nos responsabilités dans lagestion du monde,

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en enseignant les détenteurs du pouvoir et en Nous tous, les authentiques prétendants
leur révélant les formules de fraternité et à l'initiation devons donner l'exemple, nous
d'amour qui pourront soigner tous les hom­ devons montrer au monde que nous sommes
mes de l'égoïsme et donc, guérir le monde de détenteurs de la véritable connaissance et
la pauvreté. que, là où 1es plus érudits de la société profane
ne savent qu'échouer, nous pouvons réussir.
Les écologistes ont bien réussi, malgré
le scepticisme et les railleries, à faire prendre Relevons ce défi ...
conscience au monde de l'urgence en matière
de protection de la nature. Ils ont bien réussi Recherchons, et trouvons des solu­
à faire en sorte que tous nos hommes politi­ tions ...
ques parlentaujourd'hui de l'eau, de l'air, des Présentons, proposons, et offrons nos
arbres et des petits oiseaux ... pourquoi, de­ services ...
main les Mystiques ne convaincraient-ils pas
ces mêmes hommes politiques qu'ils doivent C'est nous, qu'aujourd'hui, les hordes
construire leurs campagnes électorales au­ de pauvres sollicitent silencieusement. Ils
tour des thèmes de la bonté, de la fraternité et font, n'en doutons pas, appel à notre pouvoir
du véritable partage? supposé parce qu'ils ont perdu confiance
dans le pouvoir désigné des décideurs nantis
Aujourd'hui, même nos plus grands que sont tous les grands technocrates, socio­
champions de la productivité, de la rentabilité logues et autres économistes. Ils se confient
et autre compétitivité, sont contraints de met­ à nous imperceptiblement et presque déses­
tre une partie de leur talent au service de la pérément, comme un malade se confie à un
Nature. A nous de leur rappeler que les êtres guérisseur renommé après que les médecines
humains, tous les êtres humains, font eux officielles et réputées l'aient abandonné ...
aussi partie de cette Nature qu'il faut proté­
ger. Lorsque nous serons parvenus à les con­ n est urgent aujourd'hui de devenir tout
vaincre, ne doutons pas qu'ils sauront mettre ce que nous prétendons être.
quelque autre partie de leur talent au service
Il est urgent de lI multiplier les pains"
d'un avenir plus rose de la condition humaine
pour nourri r tous ceux que l'égoïsme affame.
comme ils savent déjà le faire au service de
cette récente et si pressante mode du vert ... Il est urgent de "laisser venir à nous tous
ces petits enfants Il abandonnés des hommes
Maintenant, la pauvreté, devenue trop
et que. pour l'instant, seule la misère adopte.
forte. barre la route de la lumière à toute
l'humanité et elle met tous les hommes au Il est urgent d'aimer tous ces "pro­
défi de la vaincre pour qu'ils puissent gagner chains" que la pauvreté nous désigne, comme
le droit de progresser encore. nous nous aimons nous-mêmes.
Nous tous, les authentiques chercheurs Il est urgent de voir autre chose que des
de la Lumière, nous devons, les premiers, mots dans cene "Parole Perdue" à laquelle
rel ever ce défi. nous aspirons comme s'il s'agissait de quel­
que Eldorado Mystique accessible par carte
La misère, déguisée en fatalité a désor­
bleue.
mais revêtu l'inquiétante tenue de l'incorrup­
tible gardien d'un seuil, que l 'humanité devra Il est urgent de ne plus abandonner au
collectivement franchir afin que chacun de trop providentiel karma la pauvreté dont nous
nous puisse prétendre individuellement à sommes collectivement responsables.
quelque véritable initiation.

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Il est urgent de nous rendre coupables de Il est urgent, enfin, d'être sincèrement et
faire le bien, plutôt que de nous satisfaire de définitivement convaincus que, malgré les
cette innocence puérile que nous confère le trompeuses apparences qui exhibent des sa­
dérisoire mérite de ne pas faire de mal. lauds et les inavouables tentations qui nous
poussent à déguiser la pauvreté en crime,
Il est urgent de faire aux autres ce que
nous aimerions qu'ils nous fassent en nous il n'y a pas de ...salauds de pauvres!
souvenant de cette terrible vérité que le Christ
nous a révélée: "Tout ce que vous ferez au Jacques JULY
plus humble d'entre les hommes, c'est à Moi
que vous le ferez !U
Il est urgent d'abandonner l'alibi des
statistiques et des pourcentages pour accepter
une fatale confrontation avec la misère.
li est urgent de hurler à l'amour jusqu'à
ce que le ciel entende nos cris et qu'il se
souvienne que nous sommes ses enfants.

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Sources

Fama Fraternitatis
Les premiers numéros de "1magine" VOltS permettront de découvrir
ou de redécouvrir un des textes fondamentaux de l'histoire rosicrucienne, et de
remonter aux sources mêmes de cette expression de la Tradition Christique.
Au lecteur qui comprend la sagesse et la vertu de leurs racines, et beaucoup d'au­
tres choses encore.
La sagesse, ainsi parle Salomon, est pour
l'homme un trésor infini, car elle est le souffle Je ne crois pas qu'on puisse rencontrer
de la force divine et un rayon de la magnifi­ quelqu'un qui ne désire ce si noble trésor et
cence du Tout Puissant. Elle est un rayon de la n'aspire de tout son coeur à le conquérir. lv/ais
lumière éternelle, un miroir immaculé de la comme personne ne peut arriver à cette sa­
puissance divine et une image de sa bonté. Elle gesse sans que Dieu lui même ne l'accorde et
enseigne la discipline, le discernement, la jus­ n'envoie d'en haut son Esprit Saint, nOlis
tice et la force. Elle comprend les mots voilés avons préparé cette dissertation sur la Fama
et sait résoudre les mystères. Elle reconnaît et la Confession de la louable Fraternité de la
d'avance signes et merveilles, et sait ce qu'ap­ rose-croix sous la forme d'une édition publi­
portera l'avenir. que, pour que chacun puisse la lire, car elle
annonce et révèle clairement tout ce que ce
Avant la chute, ce trésor était le privilège monde déchu doit attendre de l'avenir à ce
absolu de notre premier père Adam. Il lui propos.
permit de donner à chaque être son propre
nom, selon sa nature, après que Dieu le Sei­ Bien que ces choses puissent paraÎtre fort
gneur eut amené devant lui tous les animaux étranges à certains, et que plus d'une personne
des champs et tous les oiseaux du ciel. puisse supposer que tout ce qu'ily a d'édité et
de publié par la Fraternité de la Rose-Croix
Par suite de la funeste chute dans le n'est que le fruit d'une imagination philoso­
péché, ce magnifique joyau de la sagesse a été phique aveugle plutôt qu'un compte rendu au­
perdu, et il ne règne dans le monde qu 'obscu­ thentique, il ressortira cependant
rité et incompréhension. Malgré cela, Dieu le suffisamment de la Confession, qu'il s y trouve
Seigneur a parfois fait s'épanouir et se mani­ caché plus qu'on ne pense. TOllt homme non
fester cette sagesse en certains de ses amis. totalement ignorant, pOllrrafacilement remar­
Ainsi, à la suite de sa prière et de son aspira­ quer et saisir l'intention de ce livre, écrit pour
tion incessante, le sage roi Salomon témoigne les hommes de notre temps et dans les condi­
par lui-même avoir reçu de Dieu une telle tions act1lelles.
sagesse par laquelle il reconnut comment les
jours s'allongent et se raccourcissent, com­
ment se modifient les saisons, comment s'ac­
complit la révolution de l'(lnnée et quelle est la
place des étoiles: sagesse par laquelle il COfIl­
prit la nature des animal/X domeslÎ'Ifles et sau­
vages, la raison pOl/r !tuillelle le Will toI/l'ne
ainsi à la tempête el ce que les hommes onl à
l'esprit: il COI1I1I1I Ioules les sorles de pIailles
Les véritables disciples de la sagesse et donner sa bénédiction afin que, contemplant
les réels adeptes de l'art spagirique ob­ pleins d'admiration la nature, ils puissent le
serveront et comprendront mieux ces choses, reconnaître entièrement dans son omnipo­
et pourront les juger tout autrement. Ceci, tence, lui rendant louange, honneur et gloire,
nombre de personnages importants l'ont fait et accordant au prochain l'amour, l'aide, la
tout particulièrement Adam Haselmeyer, no­ consolation et la force, et la guérison à tous les
taire auprès de l'archiduc Maximilien, qui a malades.
fait aussi un extrait des écrits théologiques de
Théophraste et a rédigé une dissertation sous Amen!
le titre "Les Jésuites", il y souhaite que tout
chrétien soit un véritable jésuite, c'est-à-dire
marche, vive, soit et reste en Jésus. Comme
dans sa réponse à la Fama, il avait appelé les
Frères de la rose-croix "hommes hautement
éclairés etjésuites authentiques", les Jésuites
ne purent le supporter et le remercièrent si bien
qu'ils le saisirent et l'envoyèrent aux galères,
ce pour quoi ils recevront à coup sûr leur
salaire.
Le temps est maintenant venu où va poin­
dre l'Aurore bienheureuse, à lafin de la som­
bre nuit de Saturne. Son éclat fera pâlir la
clarté de la lune et lesfaibles scintillements de
la sagesse céleste, qui sont encore présents
chez les hommes. Cette Aurore est un présage
du Soleil merveilleux qui, par ses purs rayons
de feu, fera se lever le jour bienheureux que
désirent ardemment maints coeurs fervents. A
la lumière de ce jour, on pourra reconnaître et
voir en vérité tous les trésors célestes de la
sagesse divine, et aussi toutes les choses ca­
chées et invisibles du monde, conformément à
l'enseignement des premiers Pères et des an­
ciens sages.
Ce sera là le véritable rubis royal, la
noble escarboucle flamboyante, dont on dit
qu'elle possède et envoie dans les ténèbres la
lumière rayonnante d'unfeu qui constihœ une
panacée parfaite pour tous les corps, qui peut
transmuer les métaux vils en l'or le plus pur,
et qui peut éloigner des hommes toute maladie,
toute inquiétude, toute détresse et toute afflic­
tion.
Puisse donc le lecteur bienveillant trouver
ici une exhortation à prier intensément Dieu
avec moi, pour qu 'il puisse ouvrir le coeur et
les oreilles de tous les malentendants et leur

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- Les vertus de la prière

- Il était une fois: la nature!

- Fama Fraternitatis (suite)

- Rennes le Château

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