Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Introduction :
I- Définition
La procédure correspond à l’accomplissement de plusieurs formalités successives qui tendent vers la
réalisation d’un but. Ce but est pour la plupart du temps l’obtention d’un jugement. On a donc un
ensemble de règles qui organisent l’introduction, le déroulement et l’issue du procès civil.
Cette définition met en avant trois aspects : la nature, l’objet et les caractéristiques de la procédure
civile.
La procédure civile vient donc organiser l’accès et le déroulement du procès, c’est avant tout le droit
du procès. En tant que technique d’organisation du procès, la procédure civile participe au bon
fonctionnement du service public de la justice.
Une exception existe dans la matière gracieuse définie à l’article 25 du CPC et désignant des
demandes faites au juge alors qu’il n’y a pas de litige (ex : procédure d’adoption article 1167 CPC, les
demandes en déclaration d’absence d’une personne article 1167 CPC).
Depuis 15-20ans, il y a un certain développement des règlements amiables des différends (titre V du
CPC notamment). Ce développement ne change pas la définition, par contre il indique que les litiges
ne sont plus seulement réglés par un juge judiciaire dans le cadre d’un procès, pour de nombreuses
raisons. Il y a une volonté de la part de l’Etat de diminuer la charge qui pèse sur le juge, et de
développer des processus d’évitement du juge, d’alternatives à l’intervention du juge.
Le litige peut par exemple prendre fin après la conciliation menée par un conciliateur de justice
bénévole, et sa solution peut être homologuée judiciairement.
Il existe également la médiation professionnelle (articles 1532 à 1535 du CPC), qui permet de désigner
un médiateur pour trouver un accord sur un différend entre deux professionnels qui peut devenir
ensuite exécutoire.
La troisième possibilité est une nouveauté de puis la loi du 22 Novembre 2010, procédure participative
assistée par avocat ; venant des US elle n’a pas vraiment été comprise. C’est une procédure permettant
aux parties, obligatoirement assistée par avocat, à travailler à l’élaboration d’un accord d’un règlement
à l’amiable d’un différend pendant une période déterminée. Cette possibilité est prévue aux articles
1362 et suivants du CPC.
On a encore une autre possibilité, la transaction, qui lorsqu’elle est effectuée empêche l’un ou l’autre
des parties d’aller devant le juge.
Il existe aussi l’arbitrage, qui est imposée par un tiers, visé aux articles 1442 à 1488 du CPC ; on a une
sentence arbitrale qui est rendue et qui a la même valeur que celle d’un juge. C’est un moyen de
justice privée, cachée et souvent de riches, intéressant les banques, les grands organismes d’assurances
etc, car l’intérêt pour eux réside dans le fait que ces décisions ne sont pas publiées.
2. Le contenu
Le livre premier concerne la procédure Civile et toutes les juridictions (tronc commun). Le livre deux
regroupe lui les dispositions particulières à chaque juridiction. Le livre trois, contient des dispositions
particulières à certaines matières (articles 1038 à 1341-4 du Code Civil), pour les personnes, biens,
régimes matrimoniaux, successions, obligations et contrats.
Le livre quatre concerne la justice privée, et le livre cinq qui a été rempli par le décret du 20 Janvier
2012 sur les résolutions amiables des différends (RAD), et enfin le livre six qui concerne l’outre-mer
et tout particulièrement Wallis et Futuna.
Après ce livre six il y a une annexe pour l’application de certaines règles concernant l’Alsace-
Lorraine.
Le CPC a été pensé comme un tout au départ, et il a une cohérence globale. Cela s’oppose à la
codification formelle consistant à prendre des règles éparses et à les réunir dans un seul ouvrage (ex :
code de commerce).
D’autres codes contiennent des règles de procédure civile : on a le code de commerce concernant
l’organisation et la compétence du tribunal de commerce, le code du travail concernant les textes et la
procédure applicable devant le conseil des Prud’hommes, le code rural précisant le fonctionnement et
la compétence des tribunaux ruraux, et on a également pour l’action de groupe le code de la santé
publique, de la consommation, de l’environnement…
Ainsi, pour les dispositions principales, le droit commun de la procédure se trouve dans le
CPC, mais il existe de nombreux autres codes ou des textes éparses qui viennent compléter, et
on a une fragmentation des règles de procédure, rendant plus compliqué la tâche du juge.
- La doctrine : le CPC prend racine dans des réflexions de personnes intelligentes nées en
général au début du XXème et qui ont eu une très grande place dans la rédaction du nouveau
CPC (ex : Cornu).
- Les palais de justice : chaque palais est différent, et les différents styles ne sont pas dans le
CPC. Ainsi des pratiques sont venues compléter des manques, affiner des règles, et elles ont
pu un jour intégrer le CPC (ex : pratique des contrats de procédure mis en place par le TGI de
Paris, le juge n’arrivait plus à organiser les échanges des pièces etc… et il a mis en place avec
les avocats et auxiliaires de justice, un calendrier. Elle est devenue une règle à l’article 1364
du CPC).
La convention de la Haye est par exemple une convention multipartite datant de 1975
Il y a également des tas de conventions bilatérales : France et République de Côte d’Ivoire, le Maroc et
la France le 10 aout 1981.
Toutes ces études relèvent du droit international privé applicable uniquement au litige transfrontière.
Il y a quand même des sources extranationales qui concerne nos litiges nationaux
- Droit à l’exécution de la décision de justice : 19 Mars 1997, Hornsby CJUE. Il faut que les
systèmes judiciaires prévoient des voies d’exécution qui permettent l’exécution des décisions
de justice de manière équitable.
Cet article 6§1 a une valeur supérieure au droit interne, cela donc permet au justiciable de l’invoquer
pour éventuellement écarter l’application d’une règle de procédure civile, ou même parfois de
demander la modification du jugement rendu, parce que celui-ci a été rendu dans des conditions
contraires au principe de procès équitable.
Il faut qu’il y ait épuisement des recours internes possibles pour pouvoir faire un recours auprès devant
les juridictions européennes. Il faut aussi avoir subi un préjudice important.
La loi du 18 Novembre 2016 a introduit un réexamen en matière civile, mais uniquement pour les
décisions relatives à l’état des personnes (filiation, changement de genre, de nom…). C’est l’article
L452-1 et suivants du COJ qui prévoit cela, et la cour de réexamen a adopté ses premières décisions à
la suite d’une condamnation de la France dans le domaine de la GPA et de la reconnaissance de
l’enfant qui est né à l’étranger le 16 Avril 2018.
Quoi qu’il en soit ce réexamen limité préfigure à une procédure qui pourrait élargie, mais que surtout
celle-ci conduit l’Etat qui a été sanctionné et qui doit suivre la décision de la CEDH, à supprimer les
causes de sa condamnation.
Pour les juridictions civiles, il faut distinguer la première instance ; celles de droit commun et celles
d’exceptions.
Le TGI est composé de magistrats professionnels. Selon les affaires, le TGI peut statuer en formation
collégiale, ou à juge unique (L212-1 du COJ). La formation collégiale c’est le principe, et le TGI va
être composé d’au moins 3 magistrats, parfois 5 et parfois 7 (toujours nombre impair pour pouvoir
procéder à un vote).
Les audiences sont publiques, mais il est possible de limiter ce principe, dans ce cas-là on dit que les
magistrats siègent en chambre du Conseil, à huis-clos, lorsque l’opinion public trouble la sérénité de la
justice.
On peut avoir des affaires on la décision est rendue par un juge unique. Il y a plusieurs hypothèses, la
première, lorsque le président du TGI décide qu’une affaire sera jugée par un juge unique, face à une
telle décision, les parties peuvent demander la formation collégiale que le TGI est obligé d’appliquer.
Il est aussi possible que le juge demande lui-même, puisqu’il estime que l’affaire est trop complexe.
La deuxième situation concerne les affaires lorsque celles-ci sont confiées par un texte à un juge
unique, (exemple avec les accidents de la circulation, jugements étrangers, divorce et séparation,
protection d’une personne majeure menacée d’un mariage forcé) article R212-8 du COJ.
Autre situation, article 375-1 du Code Civil et L252-2 du COJ pour l’assistance éducative, lorsque la
santé moralité du mineur sont en danger, ou que les conditions de son développement sont gravement
compromises. Dans ce cas le juge des enfants statue et c’est un juge unique du TGI.
Le président du TGI est un magistrat de la Cour d’Appel au départ, et pour le TGI de Paris c’est même
un magistrat de la Cour de Cassation. Il a des fonctions administratives importantes, il répartir les
affaires entre les différentes chambres, mais il a aussi des fonctions juridictionnelles propres dans trois
domaines :
- Les procédures de référé (article 384 et suivants du CPC) : permettent de prononcer des
mesures conservatoires, qui conservent la situation ou bien de remise en état qui doivent être
justifiées par l’urgence. L’urgence peut arriver lorsque le trouble est manifestement illicite, ou
que le dommage est imminent. Mais le référé ne donne pas une solution au fond. Celui-ci va
juger en attendant que le TGI en formation collégiale soit saisit. Mais cette méthode est très
intéressante, car cela permet au justiciable d’éviter la souffrance de la lenteur de la justice, et
surtout il est rarement suivi d’un jugement par les juges du fond.
- Les procédures d’ordonnance sur requête : article 493 du CPC et suivants et articles 812 et
suivants du CPC. Il s’agit de procédures d’urgences, accélérées qui permettent au juge de
prescrire certaines mesures ou de donner certaines autorisations à la suite de la demande d’une
personne sans qu’il y ait de débat avec la partie adverse. Ce type de mesures sont très efficaces
mais exceptionnelles. Une fois que l’acte a été demandé par le juge, celui à qui l’ordonnance
de requête fait grief va pouvoir effectuer un recours.
- Les procédures d’exécution : le juge d’exécution qui effectue ces procédures, mais le jex est
en fait le président du TGI. Il intervient quand il y a des difficultés de fond concernant
l’exécution forcée (ex : application d’un contrat, application d’un jugement par l’intervention
d’un officier public).
- Le tribunal d’instance : a une vocation, celle d’être une juridiction proche des justiciables,
concernant les petits litiges, en dessous de 10 000 euros (L212-1 du COJ). Ne nécessite pas
une lourdeur procédurale que l’on retrouve devant le TGI, en effet la procédure est orale et on
n’a pas l’obligation d’être représenté par un avocat. Le TI fonctionne à juge unique, l’intérêt
est évidemment pour des économies de moyens, les audiences sont publiques et le juge
d’instance peut statuer en référé 848 et 849 du CPC et sur requête 851 CPC.
- Le tribunal de commerce : composé de commerçants, élus par leurs pairs. Le nombre de juges
varie selon les besoins et le nombre d’affaire. Ils vont pouvoir trancher les litiges, sans que
l’on sorte d’un rapport entre commerçants. Ils exercent leurs fonctions gratuitement, ils ont été
assez critiqués, concernant la médiocrité juridique de leurs décisions. Une réforme, la loi J21,
a mis en place un véritable statut pour ces juges. L’article L722-17 du Code de Commerce
impose une obligation déontologique de formation, et continue qui renouvelle leurs
connaissances en Droit. Dans l’article L722-1 du Code de Commerce, interdiction pendant
leur mandat d’exercer une certaine liste de métiers (avocats, notaires, mandataires etc…).
Ce tribunal statue en formation collégiale, et est soumis au CPC, les affaires sont en principe
public, les procédures sont orales et sans représentation obligatoire par un avocat. Le président
du TC a des fonctions administratives et juridictionnelles notamment en juridictionnel, il
statue en référé et requête articles 872 et 875 du CPC.
- Le Conseil des Prud’hommes : L1411-1 et suivants et R422-1 et suivants du CPC. Ils sont
chargés de trancher les litiges des employés dans le cadre des contrats de travail. Les
conseillers prud’hommaux sont nommés pour 4 ans par le Garde des Sceaux, le ministre de la
justice et le ministre du Travail sur propositions des organisations syndicales et
professionnelles (en fonction de la représentativité de ces organisations). Ce tribunal a une
composition paritaire, cela signifie que dans toutes ces formations il y a autant de juges
désignés dans la catégorie des salariés que dans celle des employeurs. En général les Conseils
prud’hommaux sont divisés en 5 sections avec 3 employeurs et 3 salariés. La formation du
CPH est un peu particulière ; on a d’abord les bureaux, chaque section comprend au moins
deux bureaux, le bureau de conciliation et d’orientation un conseiller employeur et un salarial
qui tente de conseiller les parties, lorsqu’il n’y a pas de conciliation il peut même juger
l’affaire si l’une des deux parties ne se présente pas, autrement c’est le bureau de jugement qui
va statuer sur le litige qui est composé de deux conseillers prud’hommaux salariés et deux
employeurs.
A coté des bureaux on a aussi la formation des référés, qui donne les mesures urgentes.
La procédure prud’hommale qui st orale (R153-3 du Code de Travail), et absence d’obligation
de représentation par un avocat.
Compte tenu de la règle de la parité, il peut y avoir un partage de voix, dans ce cas l’affaire est
renvoyée en audience de partage devant le même bureau ou même formation de référé, mais
ce bureau va être présidé par un juge départiteur qui est un magistrat professionnel du TGI
(article L1454-2 du Code du Travail).
- Les tribunaux paritaires des baux ruraux : Article L491-1 et suivants du Code Rural, il y a un
TPBR dans chaque tribunal d’instance, il juge les litiges relatifs à la location de terres
agricoles. Présidé par un juge d’instance, auquel s’ajoute 4 accesseurs (juges qui assistent le
président dans une formation collégiale), il y a deux représentants des bailleurs et des preneurs
(locataires des terres agricoles). Donc quand on a un juge pro et non pro mélangé, on parle de
juridiction échevinale.
Les juridictions de la sécurité sociale et le TAS, ont disparu et le contentieux qui se déroulait devant
ces juridictions a été transféré à certain TGI, par le décret du 4 Septembre 2018, en son article 1.
2. La Cour de Cassation
Article L411-1 et suivants du CPC et R411-1 et suivants du COJ. La cour de Cassation est la plus
haute juridiction de l’ordre judiciaire. Il n’y en a qu’une seule.
La Cour de Cassation est gardienne du droit et des libertés fondamentales, elle veille au respect des
règle juridiques nationales et internationales par les juridictions de 1 ère et 2nde instance. Elle veille aussi
à l’application uniforme de ces règles en France.
Deux contrôles : un contrôle à posteriori, donc après que les juges du fond aient jugé, mais aussi avec
un contrôle préventif à travers des avis.
Concernant le contrôle a posteriori, toute décision d’un juge ou de la Cour d’Appel peut faire l’objet
d’un recours devant la Cour de Cassation qu’on appelle un pourvoi de Cassation. (Précision : quand la
1ère instance rend une décision on parle de jugement, quand la cour d’Appel rend une décision on parle
d’arrêt). Cette possibilité de recours ne fait pas de la Cour de Cassation ne fait pas d’elle une
juridiction de 3ème degré. Pour deux raisons ; elle est seulement juge du Droit, elle ne regarde pas
comment ont été appréciés les faits par les juges du fond, ensuite le pourvoi en cassation aboutit soit à
un rejet du pourvoi donc décision du juge du fond définitive, soit l’arrêt est cassé totalement ou
partiellement car irrespect des règles de Droit, et dans ce cas la décision est annulée et litige n’est
toujours pas résolu, et l’affaire va être renvoyée à une juridiction de renvoi.
La juridiction de renvoi est parfaitement libre de juger comme elle veut en fait et en droit. une fois
qu’elle rend son jugement, un second pourvoi peut encore intervenir, il sera formé devant l’assemblée
plénière de la cour de Cass, soit celle-ci considère que la position de la juridiction de fond est la
bonne, et elle rejette le pourvoi, soit elle considère que l’interprétation de la juridiction du fond est tjrs
fausse et elle va casser à nouveau la décision, la seconde juridiction de renvoi doit nécessairement
appliquer le droit.
Remarque : La cour de cassation peut casser et annuler une décision, article L301 du COJ. Auparavant
la cour de Cassation pouvait ne pas renvoyer et statuer définitivement sur le litige lorsque l’annulation
de la décision des juges de fond n’impliquait pas que l’on statue à nouveau. Aujourd’hui article L311-
3 du COJ la cour de cass peut statuer au fond lorsque l’intérêt d’une bonne justice le justifie. Le rôle
secondaire, rendre des avis, procédure créée en 1991, qui permet aux juridictions du fond au cours
d’un litige devant eux de saisir la Cour de Cassation pour lui demander quelle est l’interprétation la
plus juste d’un texte, article L441-1 du COJ. Objectif donner une interprétation de la règle de droit
avant que des difficultés se multiplient. Cet avis n’est pas juridiquement obligatoire. Mais il est
judicieux de l’appliquer, sous peine d’être cassé par-là suite.
Deux précisions : Depuis l’introduction de la QPC elle décide s’il est pertinent ou non de transmettre
au CC une question qui est soulevée sur la constitutionnalité d’un texte —> rôle de filtre.
Seconde précision, avec la J21 la cour de cassation est devenue une cour de réexamen en matière
d’état des personnes lorsqu’un arrêt rendu par la cour européenne des droits de l’homme a reconnu la
violation par la France de cette convention. Le rôle de la Cour de Cassation s’est donc étendu ces
dernières années.
Partie 1 : L’action devant le juge civil
Il s’agit de déterminer qui est en mesure d’agir et ensuite devant quel juge cette personne peut agir. On
a un problème de compétence du juge, et un problème de droit de droit d’agir.
Pour déterminer quel est le juge compétent il faut répondre à deux questions ;
A quelle catégorie de juridiction appartient la juridiction qui doit être saisie du litige (Compétence
d’attribution) ? Cela va dépendre d’une part de la matière du litige et d’autre part du montant du litige.
Au sein de la catégorie de la juridiction que l’on a retenue, quel est celle apte à trancher le litige au
regard de la localisation du litige (Compétence territoriale) ?
§1 La compétence d’attribution
A) La compétence d’attribution des juridictions de Droit
commun
1. La compétence d’attribution du TGI
Le TGI a vocation à connaitre de l’ensemble des litiges de droit privé. Le TGI est compétent si aucun
texte ne confie expressément le litige à une autre juridiction. Il a donc plénitude de juridiction. Mais il
faut distinguer la compétence de droit commun du TGI et la compétence exclusive du TGI.
La matière personnelle concerne le droit de créance, tandis que la matière mobilière concerne des
droits qui portent sur des meubles et les meubles par anticipation.
Exemple : On s’est cassé les dents en glissant sur le sol d’un Mcdo, et on réclame une indemnisation à
hauteur de 10 000 euros pour les soins, on est en matière personnelle, on va donc devant le TGI.
Cela nous oblige à essayer de qualifier les faits au regard de la matière personnelle et
mobilière pour saisir le TGI ou non.
- Le TGI est compétent même si le litige a une valeur inférieure à 10 000 euros. En effet, quand
il y a une compétence exclusive, le taux de compétence disparait.
2. Le tribunal de commerce
Le 8 Juin 2006 le COJ a été refait, et ce qui concernait le tribunal de commerce a été transféré dans le
Code de Commerce, articles L721-3 à L721-7 et R721-3 à R721-6.
La nature du litige tout d’abord va dicter la compétence du TC, celui-ci est compétent dans les litiges
entre commerçants pour des difficultés intervenant dans le cadre de leur activité commerciale (article
721-3 du Code de Commerce).
Dans le cadre des actes mixtes, traditionnellement, le tribunal civil est compétent.
Pour les litiges relatifs aux sociétés commerciales, opposant les associés entre eux, ou les associés
avec la société commerciale (article L721-3 du Code de Commerce).
Deux exceptions :
- Le TC peut connaitre des recours, notamment lors des procédures collectives des entreprises
(article 621-1 du Code de Commerce).
- Le président du TC a des compétences juridictionnelles spécifiques, il est juge des référés et
des requêtes 872 et 873 CPC, et a une compétence sur le fond en matière d’injonction.
Remarque : Cette compétence n’englobe pas les procédures collectives, comme par exemple avec les
grèves et leurs conséquences.
Il statue en 1ère et dernier ressort lorsque la demande n’excède pas 4000 euros (article D1462-3 du
Code du Travail, articles L1411-1 du Code du Travail et suivants).
C. Evaluation du litige
La valeur du litige est calculée au regard du montant de la demande (et pas au regard de l’éventuel
montant retenu par le juge). Cependant il existe une difficulté résultant de la différence entre les
demandes uniques et les demandes multiples.
Si on a une demande initiale inférieure à 10 000 euros et que viennent s’ajouter des demandes
incidentes qui restent inférieures au taux de compétence de la juridiction initialement saisie
(ici le TI), alors la juridiction connaît de toutes les demandes. On parle du principe de l’unité
du litige.
Si on a une demande initiale inférieure à 10 000 euros, mais que viennent s’ajouter des
demandes incidentes supérieures au taux de compétence de la juridiction initialement saisie,
l’article 37 CPC dispose que lorsque l’une des parties soulève l’incompétence de la
juridiction, celle-ci a le choix soit de refuser de statuer sur la demande incidente et de se
borner à la demande initiale, soit de renvoyer les parties devant la juridiction compétente.
§2 La Compétence territoriale
Il faut un élément de rattachement au territoire pour que le tribunal soit compétent, donc un « chef de
compétence territoriale ».
Les règles de compétences territoriales prévues aux articles 42 à 48 du CPC, suivent deux objectifs : la
protection des intérêts du justiciable d’une part et l’intérêt d’une bonne justice d’autre part.
Article 42 alinéa 1er CPC : « La juridiction territorialement compétente est celle du lieu où demeure le
défendeur. » On veut minimiser le trouble lié au procès pour le défendeur et on veut lui éviter de se
déplacer.
- Le cas où la résidence ou le domicile ne sont pas connus, le problème est réglé à l’article 42
alinéa 3 du CPC, le demandeur peut saisir le tribunal du lieu de son propre domicile. A
supposer que le défendeur réside à l’étranger, ce même article 42 donne le choix au
demandeur. La plupart du temps des conventions internationales s’appliquent.
- Lorsqu’il y a une pluralité de défendeurs, qui n’ont pas le même domicile, ou qui ont des
domiciles sur des territoires différents, l’article 42 alinéa 2 du CPC donne la solution ; pour
faciliter et privilégier l’unité du litige, le demandeur peut saisir la juridiction où demeure l’un
des défendeurs. Il faut que le litige ait le même objet à l’égard de tous les défendeurs.
L’extension conventionnelle de compétence n’est possible que si elle écarte une règle de compétence
qui n’est pas d’ordre public, qui n’est pas conventionnellement dérogée à l’ordre public.
L’extension prévue par la loi est possible uniquement si la règle à écarter à mis en place une
compétence non exclusive. Donc c’est le caractère exclusif ou non exclusif d’une compétence qui va
compter pour savoir si une extension de cette dernière est possible.
Le TGI peut récupérer la compétence du tribunal commercial lorsque le litige ne porte pas sur une
question d’ordre public.
Concernant l’extension de compétence du TGI, article 41 CPC, une fois le litige né, les parties peuvent
toujours convenir que leur différend sera jugé par une juridiction bien que celle-ci soit incompétente
en raison du montant de la demande. Autrement dit dans a matière personnelle et mobilière dans les
litiges inférieurs à 10 000 euros, le TI est certes compétent, mais on peut aller devant le TGI si l’on se
met d’accord à la naissance du litige.
En matière commerciale, la jp considère depuis très longtemps que la juridiction de Droit commun
peut être compétente notamment pour les litiges entre commerçants et concernant leur activité
commerciale.
Il n’est pas possible d’étendre la compétence des autres juridictions d’exception au détriment du TGI
ou des autres juridictions d’exception.
L’article 48 CPC dispose que : « Toute clause qui directement ou indirectement déroge aux règles de
compétence territoriale est réputée non-écrite à moins que qu’elle n’ait été convenue entre des
personnes ayant toutes contracté en qualité de commerçant et qu’elle ait été spécifiée de manière très
apparente dans l’engagement de la partie à qui elle est opposée »
Le principe de cet article est l’impossibilité d’étendre par convention la compétence territoriale.
5 remarques sur cet article :
- Ce principe général concerne toutes les clauses de tous les contrats, et tous les types de
dérogations imaginables aux règles de compétences territoriales.
- Le principe vise les clauses insérées avant la naissance du litige. L’article 48 CPC ne vise pas
l’hypothèse ou un plaideur saisit une juridiction territorialement incompétente et où le
défendeur ne soulève pas l’incompétence.
- L’interdiction concerne toutes les règles de compétence territoriale ce qui qui signifie que ces
règles seraient considérées d’ordre public.
- La clause d’extension est réputée non écrite, mais seulement celle-ci, il n’y a pas d’influence
sur les autres clauses du contrat.
- Le défendeur auquel la clause est opposée doit soulever l’exception d’incompétence pour faire
prononcer la nullité de cette clause. En effet c’est seulement l’article 77 CPC qui prévoit les
cas où le juge peut soulever d’office sont incompétence territoriale.
Il existe cependant des exceptions au principe de prohibition lorsque la clause intervient entre des
personnes ayant contracté en qualité de commerçants.
a) Le principe
Article 49 du CPC rappelle qu’en la matière toute juridiction saisie d’une demande de sa compétence
connait de tous les moyens de défense On dit que le juge de l’action est le juge de l’exception. Cela
veut dire que le juge saisi de la demande initiale pourra connaitre des exceptions de procédure. Il
pourra connaitre des fins de non-recevoir, ou des défenses au fond, alors que normalement ces
éléments de défense soulèvent des questions qui n’entrent pas dans sa compétence.
b) Les exceptions
Article 74 CPC, et les fins de non-recevoir article 222 CPC (?).
L’article 49 CPC pose les limites à l’extension de compétence. Lorsqu’une question relève d’une
compétence exclusive d’une autre juridiction, le juge saisi doit s’arrêter de juger, il doit donc surseoir
à statuer. Celui-ci va donc arrêter l’instance et interroger quelqu’un. Il va surseoir à statuer jusqu’à ce
que le juge exclusivement compétent réponde à la question préjudicielle qui lui sera posée par cette
juridiction.
Il existe deux types de questions préjudicielles : les générales et les spéciales.
- Les générales : quand elles échappent par leur nature, à la compétence des tribunaux
judiciaires. Par exemple, si la difficulté́ d’interprétation ou d'appréciation d'un acte
administratif est sérieuse et qu'il faut résoudre cette difficulté́ pour donner une réponse au
litige civil, la juridiction civile va transmettre la question à la juridiction administrative
compétente et va surseoir à̀ statuer jusqu'à̀ la réponse (art 49 alinéa 2 CPC).
- Les spéciales : qui relèvent de la compétence exclusive d'une autre juridiction civile. Quand la
question relève d'une compétence exclusive, le juge saisi du principal n'est pas juge de
l'exception. Il doit poser la question préjudicielle spéciale. Cette solution s'applique dans tous
les cas de figure.
Les compétences spéciales du TGI sont toutes exclusives et ne peuvent pas faire l’objet
d’extension. Les juridictions d’exceptions normalement ne connaissent pas des compétences
spéciales du TGI en dehors du cadre de l’article R241-40 du COJ. En revanche les
compétences spéciales des juridictions d’exceptions sont la plupart du temps d’ordre public et
échappent à l’extension de compétence conventionnelle mais ne sont pas nécessairement
exclusives. Du coup, ça n’exclut pas que le juge saisi du principal, qu’il s’agisse du TGI ou
d’une autre juridiction, puisse connaitre des moyens de défense qui serait relatif à̀ ces
compétences spéciales.
Les extensions de compétences aux demandes incidentes interviennent au cours de l’instance, et
s’ajoutent à la demande initiale.
Le juge peut très bien entre compétent pour la demande initiale mais encore faut-il qu’il soit
compétent pour la demande incidente. L’article 51 CPC prévoit des règles différentes en fonction du
type de juridictions initialement saisi. Le TGI connait de toutes les demandes incidentes qui ne
relèvent de la compétence exclusive d’une autre juridiction. Les compétences exclusives sont les
compétences matérielles mais aussi les compétences territoriales.
Concernant le TI, la solution est la même, elle est prévue à l’article R221-40 du COJ.
En dehors du TI et du TGI, la compétence d’une juridiction d’exception ne peut jamais entre entendue
à une demande incidente qui n’entrerai pas dans sa compétence d’attribution initiale. L’article 51
alinéa 2 du CPC ne concerne que la compétence d’attribution, ne pose pas d’attribution pour la
compétence territoriale, ça signifie que les juridictions d’exceptions peuvent connaitre des demandes
incidentes qui entrent dans leur compétence d’attribution mais qui ne relèvent pas de leur compétence
territoriale sauf si la demande incidente relève d’une compétence territoriale exclusive d’une autre
juridiction.
➢ Concernant l’incompétence territoriale, article 77 CPC : le juge peut relever son incompétence
territoriale uniquement dans trois cas ; si on est en matière d’état des personnes, si la loi attribue une
compétence exclusive à une autre juridiction, et lorsque le défendeur ne comparait pas.
En dehors de ces trois cas le juge ne peut pas relever son incompétence.
Remarques générales : Le juge a la faculté de relever d’office son incompétence. Une telle obligation
est exceptionnelle, cette obligation de soulever d’office existe en matière d’injonction de payer avec
l’article 1406 alinéa 3 du CPC ou encore en matière de nationalité des personnes physiques, art 1038
du CPC. Dans ces hypothèses un pourvoi en cassation sera possible si le juge n’a pas soulevé d’office
son incompétence.
1. Le règlement de la litispendance
Articles 100 à 106 du CPC : Ces articles précisent les hypothèses de litispendance et les solutions pour
résoudre cette difficulté. Il y a litispendance quand le même litige est en cours devant 2 juridictions
également compétentes pour en connaitre. C’est une situation assez exceptionnelle.
Trois conditions pour l’existence de litispendance : les deux juridictions doivent être compétentes
matériellement et géographiquement, aucune des deux juridictions ne doivent s’être encore
prononcées, et l’objet ainsi que la cause du litige doivent être les mêmes (mêmes faits, mêmes textes
invoqués…).
La litispendance est demandée par l’une des parties au moyen d’une exception de procédure, en
pratique, c’est le défendeur la plupart du temps. L’exception de procédure ne peut être soulevée
uniquement devant la juridiction saisie en seconde. Cela vaut pour les juridictions de même degré.
Si elles sont de degrés différentes, l’exception de litispendance ne pourra être soulevée que devant la
juridiction de degré inferieur (article 102 CPC).
Si l’exception de procédure n’a pas été demandée par les parties, la juridiction saisie en seconde peut
se dessaisir d’office.
2. Le règlement de la connexité
Article 101 à 107 CPC : Il s’agit de 2 juridictions différentes saisie d’un litige pour lesquelles elles
sont compétentes mais il existe entre les 2 litiges un lien tel qu’il est de l’intérêt d’une bonne justice de
les faire instruire et juger ensemble.
Le lien entre les 2 affaires peut prendre différentes formes, il peut tenir à l’identité des parties ou alors
être lié à l’identité des demandes ou du fondement juridique. Il faut un intérêt rationnel à juger les
deux affaires ensemble, car la décision d’une affaire peut avoir une influence sur le résultat de l’autre.
L’exception de connexité ne peut être relevée d’office par le juge, une des parties doit le faire, et elle
peut le faire à n’importe quel moment de l’instance (article 103 CPC). On doit soulever devant la
juridiction que l’on veut dessaisir, l’exception de connexité.
Si l’une des juridictions saisies à une compétence exclusive, l’autre doit se dessaisir à son profit.
S’il y a une exception de connexité le juge peut soit la rejeter soit y faire droit et se dessaisir. Si le juge
rejette l’exception, il a deux solutions : soit il attend, soit il statue immédiatement sur le fond.
- La première est de renvoyer l’affaire devant les juges compétents (article 86 CPC). S’ensuit
deux situations possibles, la juridiction initiale peut être considérée comme compétente, soit
en confirmant le jugement de compétence soit en infirmant le jugement d’incompétence. La
CA renvoie simplement l’affaire à la juridiction initialement saisie.
L’arrêt de la CA va être notifiée aux parties, et ils ont toujours 2 mois pour se pourvoir en
cassation.
- La deuxième solution s’offrant à la Cour d’Appel est l’évocation. C’est lorsque celle-ci retient
l’affaire pour statuer elle-même sur le fond.
Sur le plan territorial, lorsque le tribunal de première instance est déclaré incompétent, il est
possible que la juridiction de première instance compétente se situe dans le ressort territorial
d’une autre Cour d’Appel, en vertu de l’article 89 CPC, la CA saisie, ne peut pas évoquer le
fond de l’affaire.
L’arrêt rendu par la CA après qu’elle ait évoqué une affaire, est susceptible d’appel.
Au bout du compte on peut avoir soit une décision de la CA qui renvoie, soit une décision qui
statue définitivement sur le fond, mais dans les deux cas on peut se pourvoir en cassation.
2. L’appel du jugement statuant sur la compétence et sur le fond
Articles 90 et 91 CPC : Pas de précision sur le délai d’appel, donc délai de droit commun, 1 mois
(article 538 CPC).
Le CPC distingue deux situations : la première correspond à lorsque le juge s’est déclaré compétent et
a rendu un jugement en 1er ressort susceptible d’Appel. Dans ce cas-là, celui-ci est susceptible d’appel
sur le fond.
La deuxième est lorsque la cour infirme le jugement de compétence, dans ce cas-là, elle va quand
même statuer sur le fond du litige, si elle est la juridiction d’Appel compétente. Lorsque celle-ci n’est
pas compétente, l’article 90 alinéa 3 ne permet pas à la Cour d’Appel de statuer sur le fond de
l’affaire. La cour d’Appel va devoir renvoyer, à la Cour d’Appel qui est compétente territorialement.
Et c’est cette cour d’Appel de renvoi qui pourra alors statuer sur le fond.
Quand on rend un jugement en premier et dernier ressort, celui-ci n’est pas susceptible d’Appel sur le
fond. Dans ce cadre-là, la Cour d’Appel peut être saisie uniquement sur la compétence. Si l’Appel est
formé contre la décision de compétence, il y a deux possibilités, la Cour va donner raison au premier
juge en disant qu’il était effectivement compétent. A ce moment le jugement va acquérir force de
chose jugée et peut éventuellement faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour de Cassation.
Quand la CA ne donne pas raison au juge du premier degré, elle doit renvoyer à la juridiction qu’elle
estime compétente et une nouvelle instance prendra alors naissance au premier degré.
§1 La définition de l’action
Au regard de l’article 30 du CPC, l’action est « le droit pour l’auteur d’une prétention d’être entendu
sur le fond de celle-ci afin que le juge la dise bien ou mal-fondée. Pour l’adversaire l’action est le droit
de discuter le bien-fondé de cette prétention ». Cette définition reprend la conception de Motulski qui
voyait un droit subjectif processuel.
Une critique, l’action telle qu’elle est définie à l’article 30 CPC est limitée à lorsque l’on veut être
entendu sur le fond uniquement. Malgré tout, la critique est un peu faible car l’article 145 CPC permet
d’aller devant le juge sans pour autant parler forcément du fond.
Les critiques liées au parallélisme entre le droit d’action du demandeur et celle du défendeur sont les
principales. En effet, le défendeur ne peut que contester le bienfondé du demandeur ce qui est assez
restreint.
Il existe un pouvoir de s’adresser au juge, qui est liée au statut de citoyen, il s’agit même d’une liberté
publique. Mais le libre accès aux tribunaux n’est pas l’action visée par l’article 30 du CPC. Le libre
accès aux tribunaux signifie juste que l’on ne peut pas renvoyer celui qui s’adresse à la justice pour la
seule raison qu’il n’a pas d’argent, pour sa religion, son sexe etc.
Le 9 Avril 1996, la Cour de Cassation reconnait dans un arrêt, que l’action est un droit subjectif
fondamental.
L’exercice de l’action, comme l’exercice de tout droit subjectif, n’est pas absolu, il est donc
susceptible de faire l’objet d’un abus, et l’abus du droit d’agir peut entrainer le prononcé de dommages
et intérêts sur le fondement de l’article 1240 du Code Civil.
D’une manière générale la faute qui permet de caractériser un abus, va être constatée lorsque l’action
en justice est un acte de malice, de mauvaise foi, ou constitue une manœuvre grossière. La Cour de
Cassation exige plus que l’absence de fondement des prétentions, il faut une faute et ce n’est pas
toujours facile d’identifier le moment où l’action est légitimement exercée et le moment où celle-ci est
un acte de malice, mais néanmoins cette limite existe.
En cas d’abus le responsable peut, en plus de dommages et intérêts, s’acquitter comme le dispose
l’article 32-1 du CPC d’une amende civile. Celui qui agit en justice de manière dilatoire ou abusive,
peut être condamné à une amende 10 000 euros (sans compter les dommages et intérêts pour lesquels
il peut être condamné).
B) L’action et la demande
L’action est distincte de la demande en justice, qui est en fait une mise en œuvre procédurale de
l’action. L’action c’est le droit de saisir le juge, la demande est la manière dont s’exerce ce droit de
saisir le juge.
La demande est un acte de procédure qui peut prendre plusieurs formes, soit la forme d’une
assignation (article 56 CPC) ou la forme d’une requête conjointe (article 57 CPC).
Il faut aussi distinguer l’action des défenses au fond. La défense au fond est le moyen procédural par
lequel le défendeur exprime son droit d’agir. Il faut comprendre que l’action en justice existe
indépendamment de la demande en justice et inversement.
Cela implique qu’une demande peut être irrégulière sans que cela remette en cause l’existence de
l’action. Par exemple, la demande a mal été formulée, elle va être irrecevable. Celle-ci va être liée à
l’irrégularité de la demande. Du coup, une nouvelle demande est possible.
L’indépendance de la demande par rapport à l’action se manifeste par le fait que le juge va d’abord
apprécier la recevabilité de la demande avant d’apprécier la recevabilité de l’action. En effet une
demande peut être formulée par une personne dépourvue du droit d’agir, et la demande dans ce cas la
va avoir un effet interruptif de la prescription même si le juge pourra dire plus tard que le demandeur
n’avait pas qualité pour agir. Ce n’est que parce que le juge a été régulièrement saisi, qu’il peut ensuite
se demander si celui qu’il l’a saisi avait le droit de le faire. Si par hasard celui-ci n’a pas d’action, cette
absence d’action va simplement rendre la demande inefficace, mais elle aura tout de même existé
indépendamment du droit d’agir.
Du point de vue du droit judiciaire, la catégorie des actions immobilières est limitée, a l’inverse de
l’action mobilière. Cette distinction ne se confond pas avec la distinction des actions réelles et
personnelles qui sont fondées sur la nature. Elles peuvent par contre être combinées, on peut avoir une
action personnelle mobilière par exemple.
Les actions personnelles mobilières sont les plus fréquentes, elles tendent à la sanction d’un droit de
créance ayant pour objet un bien meuble. Par exemple, l’action en paiement d’une créance d’une
somme d’argent.
Les actions personnelles immobilières sont beaucoup plus rares et ne peuvent concerner que les
actions relatives à l’exécution d’une obligation de donner, de transférer la propriété. En fait, celles-ci
visent les hypothèses où la propriété n’est pas transmise par l’échange des consentements. On ne parle
pas de délivrance, une créance de livraison ne concerne pas une action personnelle immobilière.
Les actions réelles immobilières sont les plus fréquentes, elles tendent à la sanction d’un droit réel qui
a pour objet un immeuble. C’est par exemple l’action en revendication d’un immeuble.
Les actions réelles mobilières tendent à la sanction d’un droit réel, qui a pour objet un meuble, par
exemple un objet en revendication d’un meuble qui sont plus rares.
Dès lors que l’intérêt est cassé, l’affaire ne peut plus être jugée en justice, exemple avec la
prescription.
Il faut retenir qu’un intérêt simplement éventuel ou hypothèque ne suffit pas pour agir en justice, et
donc les actions préventives sont interdites, provocatoires ou interrogatoires sauf quelques exceptions
(ex : article 1844 du Code civil)
Les actions déclaratoires, par exemple l’action de déclaration de la nationalité française, permet de
faire vérifier sa nationalité alors que personne ne la conteste (article 29-3 du code civil) ou encore
l’action en vérification de l’action d’écriture (articles 296 et suivants du code civil).
2. Un intérêt personnel
Il faut distinguer entre l’intérêt des personnes physiques, et celui des groupes de personnes.
L’intérêt des personnes physiques, l’exigence d’un intérêt personnel signifie qu’une personne peut agir
en justice uniquement si le résultat de l’action lui profitera personnellement. C’est un avantage
pécuniaire ou moral pour soi-même.
Deux conséquences ; une personne physique ne peut pas agir en tant que partie à un procès pour
défendre l’intérêt général, c’est l’interdiction de l’actio popularis. C’est au ministère public qu’il
appartient de défendre l’intérêt général (articles 422 et suivants du CPC). Deuxième conséquences une
personne physique ne peut pas agir pour défendre l’intérêt d’autrui. Ce principe s’exprime à travers un
adage simple, nul ne plaide par procureur (principe de l’autorité relative de la chose jugée).
L’intérêt à agir des personnes morales, peut être divisé en plusieurs fois : l’intérêt personnel de la
personne morale, dans ce cas-là on a un groupement qui va être détenteur d’un droit qu’il entend faire
valoir en justice.
Pour les associations, elles ont pour objet de défendre des causes qui se distinguent difficilement de
l’intérêt général et qui englobent une collectivité moins identifiable qu’une profession.
La loi reconnait au mandataire judiciaire la possibilité de défendre un intérêt qui n’est pas le sien et qui
est collectif, (article L622-20 du code de commerce). Ici l’article dispose que le mandataire judiciaire
à seul qualité́ pour agir au nom et dans l’intérêt collectif des créanciers. Ici le mandataire judiciaire est
considéré comme titulaire du droit d’agir, c’est lui qui a qualité pour agir mais dans l’intérêt des
créanciers.
- L’action de groupe : D’origine anglo-saxonne (class action), elle permet à une personne
d’agir pour l’intérêt personnel d’un groupe dans une situation juridique commune (ex :
victimes de l’effondrement d’un bâtiment).
La loi du 18 Novembre 2016, fixe un cadre général de l’action de groupe aux articles 822-6 et
suivants du CPC, ce cadre général est censé être applicable quand un texte prévoit l’action de
groupe dans un domaine particulier.
L’action de groupe peut être exercée lorsque plusieurs personnes placées dans une situation
similaire ont subi un dommage causé par une même personne. Ce dommage doit avoir pour
cause un manquement de même nature.
L’action de groupe peut alors avoir pour but soit de faire cesser le manquement en question et
à ce moment-là̀ le juge qui constate l’existence du manquement devra en joindre au défenseur
de cesser ce manquement ou de faire cesser ce manquement et de prendre toutes les mesures
nécessaires à cet égard, soit de statuer sur la responsabilité pour obtenir la réparation des
préjudices subis, à ce moment-là̀ la procédure va comprendre deux phases : le jugement sur la
responsabilité́ , défini le groupe de personnes à l’égard desquels la responsabilité du défendeur
est engagée, fixe le délai pour adhérer au groupe, ordonne les mesures de publicité́ destinées à
informer l’existence de cette décision.
Deuxième phase correspond à la période d’adhésion au groupe et à la réparation concrète des
préjudices. La personne déclarée responsable doit procéder à l’indemnisation individuelle des
préjudices subis par les personnes et les personnes dont la demande ne seraient pas satisfaites
pourront alors saisir le juge qui a statué sur la resp dans la première phase.
L’art 63 de la loi J21 précise qu’en général, la qualité pour agir est attribuée aux associations
agrées ou aux associations régulièrement déclarées depuis 5 ans minimum, donc on ouvre
largement l’éventail par rapport à̀ ce qui a été́ prévu dans la loi Hamon.
Les domaines particuliers où l’action de groupe est possible sont la santé, L1143-1 et suivants
du code de la santé publique, les discriminations dans les relations de travail L1134-6 et
suivants du même code, les discriminations en dehors des relations de travail, article 10 de la
loi du 27 Mai 2008 sur la lutte contre les discriminations, l’environnement, art L142-3-1 du
code de l’environnement et la protection des données personnelles, art 43 TER de la loi du 6
Janvier 1978.
En matière d’environnement, l’action de groupe est attribuée d’une part aux associations
agréées dont l’objet statutaire comporte la défense des victimes de dommages corporels ou la
défense des intérêts économique de leur membres et d’autre part, aux associations agrées de
protection de l’environnement, art L1143-3-1 du code de l’environnement.
Cependant il existe des cas où la loi autorise les incapables à agir seuls :
- Pour les mineurs non émancipés, c’est principalement dans les cas d’éducation. Il peut agir
devant le juge et saisir la CA lui-même (article 1171 CPC). La Cour de Cassation dans son
arrêt du 21 Novembre 1995 de la 1ère Chambre Civile, exige seulement que le mineur ait la
capacité de discernement suffisante.
- Pour la protection des majeurs, lorsqu’ils ne peuvent défendre leur intérêt, lorsqu’il y a
altération des facultés mentales, prodigalité, oisiveté etc.
Du coup, des régimes de protection vont être mis en place, sauvegarde de justice, tutelle et
curatelle.
La curatelle laisse la capacité d’agir mais en principe assisté par son curateur (article 468
alinéa 3 du Code Civil).
- Le défaut de capacité d’ester en justice : cela doit s’entendre au sens large, il concerne les
personnes physiques et morales, et il vise deux cas. L’absence de capacité d’exercice d’abord,
par exemple d’un mineur non émancipé qui agirait seul en recherche de paternité.
Autre exemple article R-1453-2 du Code du Travail, permet à un salarié de ce faire assister ou
représenter par un défenseur syndical ou par un autre salarié qui est dans la même branche
d’activité. Ici, le salarié ne peut pas se faire défendre par un collègue qui ne serait pas un
représentant syndical ou un salarié d’une autre branche.
Le second étant le défaut de pouvoir de représentation d’une personne agissant en justice. Ici,
on vise l’absence d’un mandat donné à une personne, pour agir pour le compte d’autrui et en
son nom. On a ici, une irrégularité de fond.
Lorsque l’une de ces hypothèses est réalisée, l’acte juridique qui matérialise l’action en justice et son
exercice, est annulé. Le régime de cette nullité doit être précisé :
En vertu de l’article 121 CPC, dans les cas où elle est susceptible d’être couverte, la nullité ne sera pas
prononcée au moment où le juge statue. Deux conditions pour régulariser cet acte : il faut que
l’irrégularité soit susceptible d’être couverte, et il faut et suffit que la régularisation intervienne avant
que le juge ne statue.
La nullité pour irrégularité de fond est poursuivie pour une exception de procédure, une exception
pour nullité d’irrégularité du fond (article 118 CPC). Cette exception de nullité comporte deux
particularités ; la première étant que celle-ci peut être proposée en tout état de cause, autrement dit elle
ne peut pas être nécessairement soulevée dès le début du procès civil. En revanche la nullité de forme
doit être invoquée avant toute défense au fond, et avant toute fin de non-recevoir (article 112 CPC).
Concrètement, une exception de nullité pour vice de forme doit être soulevée au fur et à mesure de
l’accomplissement des actes de procédures. En plus, la nullité pour vice de forme ne peut être
invoquée que s’il existe un texte qui prévoit expressément que l’absence de forme est sanctionnée de
nullité, comme le dit l’adage « pas de nullité sans texte » (article 114 CPC).
Cependant, lorsque la formalité en cause est une formalité substantielle ou d’ordre public, il y a
exception.
Enfin, la nullité de fond est encourue sans que celui qui s’en prévaut ait à établir un grief particulier
(article 119 CPC). On n’a donc pas a expliqué pour la nullité de fond soulève une difficulté dans le
procès. En revanche la nullité de forme ne peut être invoqué que si l’on fait état d’un grief, mais à
l’encontre d’une formalité substantielle ou d’ordre public (Civ. 2 ème Chambre, 20 Octobre 2011).
En effet, « pas de nullité sans grief ». Attention, cela ne vaut que pour les nullités de forme (article 114
alinéa 3 du CPC).
Le grief étant le fait de ne plus pouvoir faire valoir ses droits en justice en raison de l’irrégularité
formelle. Le grief n’est pas l’intérêt du plaideur de voir disparaître l’intérêt de l’autre plaideur.
Il est projeté d’essayer de supprimer la multiplicité de ses formes, pour essayer de simplifier, en allant
vers une ou deux possibilités.
Au cours d’un procès qui a déjà lieu, articles 63 et suivants CPC, on ne parle plus de demande initiale,
mais de demande incidente. On a la demande reconventionnelle prévue à l’article 64 CPC, lorsque le
défendeur veut formuler une demande autre que le simple rejet des prétentions du demandeur.
Il peut y avoir la demande additionnelle (article 55 CPC), correspondant à une demande par laquelle
une partie modifie ses prétentions antérieures, à condition qu’elles aient un lien suffisant avec la
demande initiale.
Enfin, l’article 66 CPC vise la demande en intervention, qui consiste pour un tiers à devenir partie
pour un procès déjà engagé par d’autres. Celle-ci peut être volontaire quand elle est spontanément
formulée par le tiers (article 328 et suivants CPC), mais peut également être forcée quand elle est
formée par l’une des parties initiale (demandeur ou défendeur) contre un tiers pour le contraindre à
devenir partie (exemple : appel en garantie).
- L’exception de nullité, ayant pour objectif d’obtenir la nullité pour vice de forme ou pour
irrégularité de fond.
Celles-ci doivent être soulevées avant le procès au fond, autrement après le moyen est irrecevable.
Deux exceptions ; les exceptions de connexité et celles de nullité pour irrégularité de fond. Celles-ci
peuvent être soulevées en tout état de cause sauf dispositions contraires.
Seconde précision, le lien juridique d’instance se traduit par la mise en place d’obligations
procédurales pour les parties. Par exemple, l’obligation de communiquer les preuves (article 132
CPC).
Dernière précision, le lien juridique d’instance entre les parties n’est pas de nature contractuelle mais
de nature légale. On a eu des débats doctrinaux importants, et la doctrine a tranché en majorité pour la
nature légale. L’existence d’un contrat supposerait pour les parties que toutes les règles de procédures
soient mises en place contractuellement. Or la plupart du temps, la volonté du défendeur fait défaut, il
est juste contraint par le demandeur.
La doctrine décrit ce lien comme étant constitué par des éléments subjectifs et des éléments objectifs.
Enfin article 394 CPC, les parties peuvent mettre un terme à l’instance ou bien même la suspendre
(article 368 CPC).
Article 1355 du Code Civil, l’autorité de la chose jugée, attribuée au jugement et excluant qu’un juge
du même niveau tranche une demande identique, ne s’applique qu’aux parties à ce jugement mais pas
aux tiers. Cette situation de tiers doit cependant être nuancée :
- Les tiers peuvent être étrangers au lien d’instance mais néanmoins collaborer à la procédure,
(exemple le témoin) et qui peuvent avoir un impact sur la preuve.
- Certains tiers sont dits intéressés : ils ne sont pas encore des parties à part entière et ils ne sont
plus vraiment des tiers. C’est le cas du tiers qui intervient au procès à titre accessoire (article
330 CPC). Celui-ci ne présente pas de demande particulière, il n’émet pas de prétention
particulière. Il se contente de venir au soutient de l’une des parties à l’instance initiale, parce
que cela a un intérêt pour la conservation de ses droits à lui.
- Enfin des tiers deviennent partie à l’instance en cours de route, en faisant par exemple une
intervention volontaire à titre principal (article 329 CPC). Cette demande propre est autonome
par rapport à la demande initiale.
A) L’objet de la prétention
L’objet de la prétention vise la chose demandée, donc la reconnaissance d’un droit subjectif.
Cependant l’objet du litige est déterminé à la fois par l’objet de la prétention du demandeur et par
l’objet des prétentions du défendeur. Si le défendeur n’exprime pas de demande particulière
(reconventionnelle), seule la demande formulée par le demandeur va permettre de définir l’objet du
litige. Il faut savoir que l’objet du litige n’est pas figé et qu’il peut évoluer dès que des prétentions
nouvelles sont formulées, c’est le cas de la prétention d’un tiers intervenant.
On a ici un point essentiel du procès avec cette définition précise de l’objet de la prétention.
En effet la somme des choses demandées par les parties fixe les contours du litige qui s’impose au
juge. L’article 5 CPC dispose que « Le juge doit se prononcer sur tout ce qui est demandé, et
seulement sur ce qui est demandé ». Ainsi, le juge ne peut pas statuer ultra petita (= au-delà de ce qui
lui est demandé). Il n’a pas non plus à statuer extra petita (= en dehors de ce qui lui est demandé).
Enfin, il n’a pas à statuer infra petita (= en dessous de ce qui lui est demandé), donc d’omettre de
statuer sur une chose qui lui est demandé.
B) La cause de la prétention
La cause de la prétention désigne le fondement sur lequel elle se justifie. La difficulté est que la nature
exacte de ce fondement demeure ambigüe et divise la doctrine.
On peut d’abord considérer que la cause de la prétention vise uniquement son fondement juridique,
c’est ce que laisse penser l’article 565 CPC qui dispose que « les prétentions ne sont pas nouvelles dès
lors qu’elles tendent aux mêmes fins que celles soumises au premier juge même si leur fondement
juridique est différent. » De cet article on considère que la cause de la prétention c’est le fondement
juridique.
On peut ensuite considérer que la cause vise les faits, donc les éléments factuels du litige. C’est quoi la
cause de ma demande ? Les éléments factuels qui justifient ma demande (ex : Je demande de l’argent
car il m’en doit, ce sont des faits). L’article 6 du CPC dispose qu’« à l’appui de leur prétention, les
parties ont la charge d’alléguer les faits propres à les fonder ».
Enfin existe la position intermédiaire, qui pense que la cause est justifiée par l’ensemble des éléments
de faits et de droits qui justifieraient la demande. L’article 56 du CPC détermine ce qui doit être mis
dans une assignation et précise que l’assignation contient à peine de nullité « l’objet de la demande
avec un exposé de fait et de droit ».
La notion de cause a un intérêt pour déterminer deux choses, si une demande est nouvelle ou non, et si
une action se heurte à l’autorité de la chose jugée ou non. La réponse du CPC est claire, elle supprime
toute réflexion sur la notion de cause. L’article 565 du CPC précise que les demandes sont nouvelles
uniquement si elles ont un objet différent de la demande initiale.
Depuis l’arrêt Césareo du 7 Juillet 2006 rendu en assemblée plénière, la notion de cause est dissoute
dans la notion d’objet.
En l’espèce, un litige opposait deux frères héritiers de leur père, l’un d’eux disait qu’il avait une
créance de salaire à l’égard de son père décédé. Il a donc assigné en paiement de cette créance son
frère. Il a été débouté par une décision définitive au motif que l’activité professionnelle litigieuse
n’avait pas été exercée au sein de l’exploitation agricole du père, et que donc il n’y avait pas de
créance de salaire. Le demandeur a alors formé une nouvelle demande contre son frère en la fondant
cette fois sur ce qu’on appelle l’enrichissement sans cause. Il change donc de fondement juridique. La
cause de sa prétention n’était plus la même. Cette seconde demande a été jugée irrecevable par les
juges du fond parce que contraire au principe de l’autorité de la chose jugée (article 1351 ancien du
Code Civil).
La Cour de Cassation va être saisie d’un pourvoi en soutenant qu’il y avait identité de cause lorsque
les demandes étaient formées sur un même texte juridique. Ici ce n’était pas le cas. L’Assemblée
plénière va rejeter l’argumentation du demandeur en considérant qu’il doit présenter dès l’instance
concernant la première demande l’ensemble des moyens qu’il estime de nature à fonder sa demande.
C’est ce qu’on appelle le principe de la concentration des moyens (article reconnu conforme à l’article
6§1 de la CESDH dans les arrêts Legrand du 26 Mai 2011 et Varras du 17 Mars 2015).
Le raisonnement de la Cour est le suivant, dans la mesure où la seconde demande tend comme la
première à obtenir une somme d’argent, le demandeur ne pouvait pas contester l’identité de cause des
deux demandes en invoquant un fondement juridique qui s’était abstenu de soulever en temps utile. En
d’autres termes, la seconde demande se heurtait à la chose précédemment jugée concernant la même
contestation fondée sur le même objet. Dans cet arrêt, en se concentrant uniquement sur l’objet de la
demande, on a un sens nouveau de la notion de cause prévue à l’article 1355 du Code Civil.
En fait la cause est appréciée en considération de la chose demandée et pas au regard du fondement
juridique invoqué. Dans l’arrêt il y a l’identité de cause des demandes en raison de leur identité de
finalité, d’objectif, même si les règles de Droit sont différentes. Il y a donc effacement de la cause
derrière la notion d’objet. A partir du moment où l’obje(ctif)t est le même, on ne peut pas changer de
fondement.
§1 Le principe du contradictoire
Ce principe signifie que chaque partie doit pouvoir exposer sa position et répondre aux arguments qui
lui sont opposés. Ce principe est donc tout simplement la possibilité de pouvoir discuter avec
l’ensemble des personnes qui participent à l’instance. C’est une garantie essentielle du droit de la
défense mais également du procès équitable. En effet, la nature du procès repose sur l’existence de la
discussion.
Ce principe est protégé par la Cour EDH sur le fondement de l’article 6§1 CESDH. Dans l’arrêt
McMichael c/ Royaume Uni, la Cour Européenne en a fait un élément central du procès.
Le principe du contradictoire assure à l’ensemble des plaideurs la possibilité de présenter ses positions
et tenter de convaincre qu’elles sont justifiées. Mais il s’agit également d’un instrument d’élaboration
du jugement, au profit du juge. En effet la confrontation des discours et de leur contenu permet au juge
de trancher le litige en ajustant sa décision au plus près de la vérité des faits. Cette fonction explique
que le principe du contradictoire s’impose aux parties, mais aussi au juge.
Au début de l’instance, on a la première obligation qui est celle d’informer son adversaire de
l’existence d’une demande présentée contre lui (article 14 CPC). L’article dispose que « nulle partie ne
peut être jugée sans avoir été entendue ou appelée ». Cette obligation vaut pour tout type de demande
(initiale, reconventionnelle…). Elle se fait par une notification d’huissier (article 654 CPC) pour
garantir cette information.
L’obligation d’informer son adversaire est complétée par l’obligation de laisser un délai suffisant de
comparution au défendeur, pour lui permettre d’organiser sa défense. Devant le TGI par exemple, le
défendeur assigné dispose d’un délai de 15j pour comparaître (en réalité pour constituer un avocat).
L’article 14 CPC énonce qu’il n’est pas nécessaire que pour que le principe du contradictoire soit
respecté, que l’adversaire soit effectivement entendu, il est suffisant qu’il ait été mis en situation d’être
entendu, tout simplement parce qu’il appartient à chacun de choisir l’attitude qu’il désire adopter. Il
n’y a pas d’obligation d’assister à son procès civil.
En l’absence de participation d’une partie dûment informée, le juge statue sur le fond, il rend alors un
jugement dit contradictoire. Si c’est le défendeur qui est absent, il rend soit un jugement par défaut
(article 473 CPC) et il n’y a pas d’Appel possible, mais s’il n’a pas reçu d’information, il peut faire
opposition. Soit le jugement rendu sera réputé contradictoire dans le cas où il a été cité en personne à
comparaitre ou que l’Appel est possible.
Au cours de l’instance, l’article 15 CPC prévoit une obligation de se communiquer réciproquement les
différents éléments de fait et de droit, utilisés dans l’instance. Cette communication doit être spontanée
(article 132 CPC) et au bon moment. Autrement dit, on n’a pas à demander à l’autre avocat de
communiquer une pièce. Dans la réalité des faits, aucun avocat ou presque ne communique toutes les
pièces.
Le sort des conclusions et des pièces communiquées tardivement n’est pas nécessairement lié.
La production de pièces est le fait de verser une pièce au débat afin de prouver un fait. Celle-ci
intéresse donc la relation entre une partie et le juge.
La communication c’est fournir à son adversaire une pièce que l’on a produite au juge.
L’article 24 du CPC laisse toute liberté de développer sa défense comme le plaideur l’entend avec
néanmoins une limite, il doit respecter la justice. On doit donc être modéré dans les écrits et dans les
propos avec le juge. On ne peut pas utiliser certains mots par exemple. Dans le cas contraire la
sanction prévue à l’alinéa 2 va être appréciée selon la gravité du manquement de respect de la justice
(supprimer des écrits, déclarer l’affichage et l’impression du jugements déclarant les propos
calomnieux).
Il y a une limite à ce contradictoire, et celle-ci est exprimée à l’article 17 CPC. Il dispose lorsque la loi
permet ou la nécessité commande, que la mesure soit prise à l’insu d’une partie, celle-ci dispose d’un
recours approprié contre la décision qui lui fait grief.
Il y a donc une possibilité d’écarter le principe du contradictoire, notamment avec les ordonnances de
requête (article 393 CPC) qui permet au juge de prendre une décision sans prévenir une des parties.
Quelque fois l’efficacité de l’intervention du juge tient dans le fait que celle-ci ne doit pas être connue
par la partie à qui elle va être appliquée. Exemple : saisie de marchandises de contrefaçons ;
L’article 496 alinéa 2 CPC permet a posteriori de rétablir le principe du contradictoire.
B) Le contradictoire et le juge
En vertu de l’article 16 du CPC, le juge doit en toute circonstance faire observer et observer lui-même
le principe de la contradiction.
Deux obligations ressortent de cet article :
Cette règle ne s’applique pas lorsqu’il s’agit de faire respecter le contradictoire lui-même (par
exemple communication tardive de la communication des pièces, ne nécessite pas les
observations des parties pour relever d’office).
Il faut savoir que le juge ne peut pas statuer en se fondant sur des pièces, des explications, ou des
mesures d’instruction qui n’ont pas fait l’objet d’un débat contradictoire. Par exemple, une expertise
ne peut pas être opposée à une personne qui n’a pas été partie à l’expertise (arrêt du 8 Juillet 1997,
Chambre Sociale 94-4090). Le juge dans ce cas-là ne peut pas refuser de prendre en compte le rapport
d’expertise pour confirmer d’autres éléments de preuve. Donc même si on ne peut pas opposer à
quelqu’un les résultats d’une expertise, le juge peut quand même utiliser le rapport si par la suite il a
été versé au débat, mais seulement pour conforter et appuyer d’autres éléments de preuves (arrêt du 11
Juillet 2018).
Enfin, le juge ne peut pas statuer en l’absence d’une pièce du dossier sans inviter les parties à
s’expliquer sur cette absence. En gros, à la fin de l’audience, notamment devant les juridictions
d’exceptions, les avocats soumettent aux juges les dossiers de plaidoiries, il se peut qu’il manque une
pièce visée dans le bordereau récapitulatif des pièces invoquées devant le juge. Plusieurs causes
possibles, la partie a mal constitué son dossier, oubli stratégique, perte de la pièce par le greffe…
Depuis l’arrêt de la Chambre Civile du 11 Janvier 2006, le juge ne peut pas statuer comme si une pièce
n’existait pas. Il doit donc inviter les parties à s’expliquer sur cette absence. Cette jurisprudence est
rendue au visa de l’article 16 du CPC avec un attendu de principe.
Cela constitue une obligation pour le juge.
§2 Le principe de coopération
Traditionnellement on distingue la procédure accusatoire, où le juge est passif et où la procédure
appartient aux parties, du procès inquisitoire.
Cela veut donc dire que dans la procédure accusatoire, les parties déterminent le déroulement de
l’instance et vont conduire le procès. Ils apportent eux même les preuves, et ce sont eux qui décident
quand leur litige est en état d’être jugé.
La procédure inquisitoire porte son nom de l’inquisition, et qui est conduite par le juge. Le procès
devient la chose du juge, il amène les faits, le droit et qui applique d’office la règle, il conduit
véritablement le déroulement du procès.
Le CPC s’est construit sur une procédure ayant un caractère mixte. Le procès est à la fois la chose des
parties et la chose du juge. Les articles 1 à 13 du CPC ont attribué un rôle important aux parties qui
sont les premiers intéressés par l’issue du procès, donc ce que veulent les parties est bien prise en
compte. De la même manière ces mêmes articles prouvent une présence active du juge dans le
déroulement du procès pour éviter l’enlisement de l’instance et l’échec du service public de la justice.
On a un équilibre du pouvoir du juge et de l’importance des parties qui traduit l’existence d’un
principe de coopération dans la conduite de l’instance, et dans la détermination de la matière du litige.
L’instance évolue sous une impulsion combinée des parties et du juge, dans des proportions
différentes selon le moment où l’on se place dans le procès. Ainsi, les parties ont aussi la maîtrise de
l’initiative de l’instance, alors que dans le déroulement, les rôles sont relativement équilibrés.
Parallèlement au droit d’initiative, le CPC précise que les parties restent libres de mettre fin à
l’instance avant la fin de la décision du juge.
Ce droit d’initiative est clairement un aspect accusatoire. On sait que la seule volonté d’une partie
suffit à ouvrir le procès, en revanche, la plupart du temps, la volonté d’éteindre l’instance suppose une
volonté commune des parties (ex : article 395 CPC avec le désistement qui doit être acquiescé par
l’autre partie).
Dans certains cas, le juge peut avoir l’initiative de l’instance de manière exceptionnelle, et ceci est
prévu par la loi. Concrètement cela vise des situations où les intérêts en cause sont extrêmement
vulnérables, principalement en matière d’assistance éducative des mineurs, ou encore en matière de
tutelle.
2. La répartition équilibrée des rôles dans le déroulement de
l’instance
Une fois l’instance initiée, devant le juge les parties ont un rôle moteur dans le déroulement de
l’instance, mais le juge détient de nombreux pouvoirs pour maintenir le rythme de l’instance. On a un
principe d’efficacité tout en préservant l’équité.
Les délais de procédure peuvent prendre deux aspects ; soit il se présente comme des délais d’action,
soit il s’agit de délai minimum avant l’accomplissement d’un acte, donc un délai d’attente (ex : délai
de comparution qui est de 15 jours devant le TGI article 755 CPC).
Les délais de procédure sont quelques fois judiciaires, donc décidés par le juge, notamment dans le
cadre de l’instruction de l’affaire pour des dépôts de pièces par exemple.
Il est surtout possible, que les délais soient conventionnellement établis par les parties et le juge.
Premièrement, parmi les éléments du débat en vertu de l’article 7 alinéa 2 du CPC « Le juge peut
prendre en considération même les faits que les parties n’auraient pas spécialement invoqués au
soutient de leur prétention ». Cela veut donc dire que le juge peut donc utiliser des faits qui sont
contenus dans les pièces ou dans les conclusions présentées par les parties mais qui ne sont pas
spécialement mis en avant par celles-ci. On appelle ces faits, les faits adventices.
Mais il ne peut pas se fonder sur des faits dont il aurait une connaissance personnelle.
Remarque : En matière gracieuse l’article 26 CPC est une dérogation expresse à l’article 7 alinéa 1 er du
CPC puisqu’il est précisé que le juge peut se fonder sur des faits non allégués.
Deuxièmement, en vertu de l’article 8 CPC, le juge peut demander aux parties des explications
complémentaires si cela est nécessaire pour la solution du litige. On fournit donc au juge un moyen
détourné pour introduire dans le débat des faits qui n’avaient pas été initialement introduits par les
parties. La raison c’est que quelque fois les parties peuvent être maladroites dans l’allégation des faits,
et donc le juge va être autres aider au mieux les parties à présenter les faits pour lui permettre de
trancher plus aisément.
Concernant la preuve, en vertu de l’article 9 CPC, « Il incombe à chaque partie de prouver
conformément à la loi les faits nécessaires pour prouver… ». Autrement dit les parties ont le devoir de
montrer la réalité des faits qu’ils présentent pour soutenir leurs prétentions.
Plusieurs conséquences à cette obligation ; l’article 146 alinéa 2 du CPC prévoit que le juge n’a pas à
ordonner une mesure d’instruction pour compenser l’absence de preuve apportée par les parties.
Ensuite l’article 11 alinéa 1 du CPC souligne que si le juge décide de prendre une mesure
d’instruction, en raison de la charge de la preuve qui pèse sur les parties, ces dernières doivent
apporter leur assistance si elle est nécessaire à l’exécution de la mesure d’instruction.
Le juge a un pouvoir en matière de preuve exprimé à l’article 10 du CPC, il a le pouvoir d’ordonner
d’office toutes les mesures d’instruction légalement admissible (confirmé à l’article 143 du CPC sur
les mesures d’instruction).
On n’a pas de problème ici, car dès qu’il prend une solution d’office, il reste respectueux du
contradictoire, et d’autre part il reste encadré par le principe du dispositif qui le contraint à statuer
uniquement sur les demandes dont il est saisi.
Ainsi, la coopération des parties et du juge dans les débats repose sur un quasi-monopole dans
l’allégation des faits, ils ont en revanche la charge de la preuve des faits, mais le juge a la
possibilité pour faciliter l’apport de ses preuves.
La qualification juridique des faits, est une opération intellectuelle consistant à rattacher un élément de
fait à une catégorie juridique préexistante. Article 12 alinéa 2 du CPC, le juge doit correctement
qualifier les faits présentés par les parties. Il n’est donc pas lié par la qualification donnée par les
parties. Néanmoins cette obligation cesse à partir du moment où pour requalifier le juge est obligé de
prendre en compte des faits qui ne seraient pas dans le débat.
Les faits adventices peuvent être utilisés pour requalifier les faits, mais ce n’est pas obligatoire pour le
juge.
- Lorsque les parties ont indiqué le fondement juridique de leur demande, le juge écarte
l’application de la règle si elle est erronée, mais il n’a pas l’obligation de rechercher si une
autre règle de droit serait plus pertinente (Ass. Plénière 21 Décembre 2007 Dauvin). Une
demande était fondée sur le vice caché elle n’a pas aboutit car il n’y avait pas de vice caché.
Le juge n’avait pas à regarder si autre chose pouvait remplacer ce premier fondement.
§3 Le principe de loyauté
La loyauté ne figure pas parmi les principes directeurs exprimés dans le CPC. C’est une notion morale,
subjective et pas assez précise. En revanche, elle est indirectement contenue dans le principe du
contradictoire, dans la mesure où l’on ne peut pas avoir de débat contradictoire si l’on n’a pas de gens
loyaux.
Il reste qu’une partie de la doctrine considère que la loyauté constituerait un principe directeur du
procès depuis un arrêt de la 1ère Chambre Civile rendu le 7 Juin 2005, à propos de l’ordre des élections
des avocats au barreau de Paris. En l’espèce, on avait une note écrite qui avait été déposée par une
partie alors que les débats avaient été clôturés par le juge saisi et l’affaire était en délibéré. Cette note
concernait des éléments importants, dont l’autre partie avait connaissance mais qui n’avaient pas été
révélés. La cour de Cassation va viser l’article 10 alinéa 1 er et l’article 3 du Code de Procédure Civile.
La Cour de Cassation précise que « le juge est tenu de respecter et de faire respecter la loyauté des
débats », et cette formulation s’inspire de l’article 16 du CPC.
Cette jurisprudence n’est pas isolée car la Chambre Sociale de la Cour Cassation, pour considérer que
la Cour d’Appel avait accordé un délai trop restreint pour la production d’une pièce difficile à
constituer, va adopter le visa suivant ‘Vu les articles 15, 16 et 444 du CPC, ensemble le principe de
loyauté des débats. Donc dans cet arrêt, la Cour de Cassation vise clairement le principe de loyauté des
débats et trouve son expression dans différentes dispositions.
Cette position est critiquée dans la mesure où il n’est pas nécessaire, pour expliquer cette
jurisprudence, de recourir à l’existence du principe de loyauté.
Depuis l’arrêt 7 Janvier 2011 Phillips et Sony, il existe un principe de loyauté dans l’admission de la
preuve. En l’espèce, la Cour de Cassation a considéré que l’enregistrement d’une communication
téléphonique réalisée en cachette constituait un procédé déloyal pour obtenir la preuve et du coup la
preuve obtenue de cette manière ne pouvait pas être produite. Donc si la loyauté joue un rôle dans le
domaine de la recevabilité des preuves, elle ne semble pas dépasser ce cadre particulier de la
présentation des preuves.
Donc plus d’un principe directeur de l’instance, il s’agirait d’un principe de l’admission de la preuve
dans un procès civil. Ce principe est encadré par un autre, qui est celui du droit à la preuve consacré
par un arrêt du 5 Avril 2012 se fondant sur l’article 9 CPC et 6 CESDH « Est-ce que je peux produire
des lettres dont le contenu relève de la vie privée protégé par l’article 8 » lorsque la preuve reste
apportée dans le respect de la vie privée ne sera pas déloyal.
Donc le principe de loyauté dans l’admissibilité des preuves n’est pas absolu.
A) L’introduction de l’instance
1. La demande initiale
Dans le cadre d’une procédure ordinaire, la demande initiale peut prendre la forme soit d’une
assignation, soit d’une requête conjointe (article 750 du CPC).
L’assignation en vertu de l’article 55 CPC, est un acte d’huissier par lequel le demandeur
constitue avocat et cite le défendeur à comparaitre. Ce qui signifie devant le TGI, qu’il informe le
défendeur qu’une instance est introduite contre lui.
En tant qu’acte d’huissier, l’assignation est signifiée au défendeur, elle est notifiée par voie d’huissier
(article 643 du CPC). Elle doit contenir à peine de nullité un certain nombre de mention visées à
l’article 644 CPC.
En outre elle doit respecter les mentions inscrites à l’article 56 CPC, notamment l’objet de la demande,
l’exposé des moyens de fait et de droit qui pour le demandeur justifient la demande, et donc
l’assignation vaut conclusion qualificative.
Enfin celle-ci est accompagnée d’un bordereau qui énumère les pièces sur lesquelles la demande est
fondée.
Depuis un décret de 2011 le demandeur doit indiquer dans l’assignation sauf à justifier d’un motif
légitime lié à l’urgence ou au domaine considéré, les démarches entreprises pour essayer de parvenir à
une résolution amiable du litige. On doit donc dans l’assignation préciser les diligences que l’on a
mené pour parvenir à une solution amiable, à défaut l’article 127 CPC autorise le juge à proposer des
mesures de médiations ou de conciliation.
Remarque : En matière d’urgence existe l’assignation à jour fixe article 788 à 792 CPC, ce n’est pas
du référé. Dans ce cas, le demandeur dépose une requête, pour demander au président du TGI de fixer
par avance le jour ou l’affaire sera appelée à l’audience, afin d’assigner le défendeur à cette date.
La requête doit présenter le motif d’urgence susceptible de justifier l’autorisation, mais elle doit aussi
contenir les conclusions du demandeur et viser les pièces justificatives de ces conclusions.
Si la requête est rejetée par le président, on ne peut pas faire d’assignation à jour fixe et en plus la
décision ne peut pas faire l’objet d’un pourvoi. En revanche si le président donne son accord,
l’assignation doit indiquer le jour et l’heure fixée pour l’audience. En outre, l’assignation informe le
défendeur qu’il a la possibilité de prendre connaissance de la copie des pièces visées dans
l’assignation mais au greffe.
Cette assignation fait sommation au demandeur de communiquer au défendeur avant la date de
l’audience celles dont il voudrait faire part et bien entendu, le défendeur doit aussi constituer avocat
avant la date de l’audience (article 790 CPC).
L’article 57 CPC vise ensuite la requête conjointe, elle constitue un acte présenté en commun
par les parties, contenant leurs prétentions respectives, mais aussi leurs points de désaccords. Elle
présente des mentions obligatoires relatives à l’identité des parties et des pièces sur lesquelles la
demande et fondée, elle vaut également conclusion.
C’est un mode d’introduction de l’instance qui se caractérise par une plus grande souplesse que
l’assignation, cette souplesse se manifeste notamment par le fait qu’il n’y a pas de signification à
effectuer puisque la requête est faite conjointement.
Ceci explique qu’il ne doit pas être fait mention de diligences particulières cherchant une résolution
amiable du conflit. A priori sur une requête conjointe on aurait pu aller vers une médiation mais on ne
l’a pas fait, donc ce serait illogique que le juge nous force à y aller.
Quelque soit la forme de la demande initiale, celle-ci ne suffit pas pour qu’il y ait introduction de
l’instance au sens procédurale, puisqu’il faut également une saisine du TGI.
2. La saisine du tribunal
La saisine est opérée par le dépôt, aussi appelé placement au secrétariat greffe, de la demande initiale.
En cas d’assignation, la saisine s’effectue par le dépôt d’une copie de l’assignation. Ce dépôt peut être
effectué par le demandeur, mais aussi par le défendeur. Il doit intervenir dans les 4 mois de la
délivrance de l’assignation ou avant la date d’audience fixée en cas d’assignation à jour fixe.
Si celle-ci n’est pas déposée à temps, l’assignation est caduque, elle doit être renouvelée, mais elle n’a
aucun effet sur la prescription de l’action (elle n’interrompt pas la prescription de l’action).
En cas de requête conjointe, le tribunal est saisi par le dépôt conjoint de la requête au greffe (article
795 CPC).
Après le placement de l’assignation ou le dépôt conjoint de la requête plusieurs mesures vont
intervenir :
- On a d’abord inscription de l’affaire au répertoire général des affaires, cette étape se nomme
l’enrôlement. Cela permet notamment de donner un numéro à l’affaire et d’en définir la nature
(article 726 CPC).
- On a ensuite la constitution d’un dossier au secrétariat greffe avec la demande initiale et toutes
les pièces (article 727 CPC).
- Il y a enfin la fixation par le président du TGI du jour et de l’heure de l’appel des causes, aussi
appelée l’audience d’évocation (article 758 CPC alinéa 1). Cette phase n’existe pas avec une
assignation à jour fixe. Au jour fixée par le président l’affaire est appelée (article 759 CPC).
Au jour de l’audience d’évocation, le président va discuter avec les avocats de parties, on dit qu’il
confère de l’état de la cause au regard des pièces du dossier. En fait, les deux avocats et le président
essaient de déterminer si tout est réuni pour que le tribunal puisse rendre une décision ;
En fonction de ces discussions, le président de chambre va avoir le choix de plusieurs circuits :
- Le circuit court article 760 CPC : qui correspond au renvoi immédiat de l’affaire à l’audience
des plaidoiries. Ce circuit court conserve les dossiers complets dans les affaires simples. Il est
suivi lorsqu’il n’y a aucun acte supplémentaire à effectuer, avant les plaidoiries. Cela signifie
que les parties ont conclu définitivement et qu’elles se sont communiquées toutes les pièces
nécessaires ; l’affaire est donc en était d’être jugée.
- Le circuit mi-long article 761 CPC : qui correspond au renvoi différé de l’affaire. Cela est
impossible en cas de requête conjointe. Dans ce cas le président accorde un délai
supplémentaire aux avocats, pour un ultime échange de pièces, et il va fixer une nouvelle date
d’audience d’évocation. Lorsque ce délai supplémentaire arrive à expiration, le président
renvoie à l’audience des plaidoiries parce que l’affaire est enfin en l’état d’être jugée, ou le
président renvoie au juge de la mise en état pour une instruction plus poussée.
- Le circuit long article 762 CPC : au jour de l’audience d’évocation, un renvoi immédiat du
juge de la mise en état pour instruction. Cela concerne les affaires complexes nécessitant une
affaire du juge pour que le dossier soit encadré, étoffé et ajusté.
Remarque : L’article 757 CPC prévoit que la saisine du TGI doit intervenir dans un délai de 4 mois
après l’assignation. Ce délai peut être suspendu si les parties assistées de leur avocat concluent une
convention de procédure participative. Cette convention a pour objectif dans une durée déterminée par
les parties de leur permettre de rechercher une solution amiable à leur litige, ou à défaut de le mettre
en état d’être jugé. Autrement dit, si l’on n’arrive pas à trouver une solution amiable, on peut au moins
réussir avec l’aide des avocats et grâce à une discussion de mettre l’affaire en était d’être jugée.
B) L’instruction
1. Les parties
Articles 763 à 781 CPC. L’objectif de l’instruction est de rassembler l’ensemble des éléments de fait
et de droit qui permettront au juge de se prononcer sur le litige. Cette mise en état suit des principes
directeurs du procès.
Les avocats font connaitre leurs prétentions et leurs moyens de fait et de droit à travers des
conclusions, qui sont notifiées entre avocats, et qui sont déposées au greffe. Les conclusions devant le
TGI sont dites qualificatives, récapitulatives et structurées. (Articles 56 et 753 du CPC).
Le caractère qualificatif des conclusions signifie que les parties doivent expressément formuler leur
prétention et les moyens en fait en droit qui les fonde. Depuis l’arrêt Césareo du 7 Juillet 2006 rendu
en Assemblée plènière, cette obligation de conclusion qualificative prend une dimension
supplémentaire. En raison de l’autorité de la chose jugée, tout moyen de droit qui n’est pas présenté
dans les conclusions pour fonder une demande ne pourra plus, une fois que le litige aura été tranché,
être invoqué dans le cadre d’une autre instance pour demander la même chose. Donc lorsque l’on
demande quelque chose, il faut depuis l’arrêt Césareo présenter tous les moyens de droit qui pourraient
nous permettre d’obtenir ce que l’on recherche, c’est le principe de concentration de moyens.
Concernant le caractère récapitulatif des conclusions, il faut savoir que toute formule de renvoi, ou
de référence à des écritures précédentes ne satisfait pas à l’exigence de récapitulation. Donc on est
obligés de réécrire les conclusions précédentes sinon celles-ci seront considérées comme abandonnées.
Arrêt du 6 Octobre 2005 a par ailleurs précisé que l’obligation de reprise n’est pas satisfaite par une
reprise implicite, elle doit être intellectuelle et expresse dans le nouveau jeu de conclusion. Donc on
doit à chaque fois intégrer les anciennes conclusions puis augmenter de ce que l’on veut dire en plus.
- Les écritures doivent être reprises uniquement si elles déterminent l’objet du litige ou si elles
soulèvent un incident susceptible de mettre fin à l’instance (articles 384 et 385 CPC). Si ce
n’est pas le cas, les conclusions échappent à l’obligation de reprise et ne sont pas présumées
abandonnées (ex : conclusions qui demandent une expertise).
- Les conclusions non reprises sont abandonnées, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont nulles.
Donc les effets que leur dépôt a pu entrainer sont maintenus. C’est le cas par exemple si les
conclusions ont interrompu la prescription.
- L’obligation de reprise des prétentions et des moyens de défense ne concerne que les moyens
de conclusion tardive. (pas sur)
Désormais depuis un décret de 2017, les moyens doivent contenir un exposé des faits, procédure,
discussion des moyens de droit, et la demande.
Il a tout d’abord des pouvoirs de régulation de l’instruction qui lui permettent d’assurer le
déroulement régulier de celle-ci, d’assurer son rythme : il peut pour cela auditionner les
parties, même d’office (article 767 CPC), il peut tenter de concilier les parties et
d’homologuer l’accord qu’elles adoptent éventuellement (article 768 du CPC qui est une mise
en œuvre de l’article 21 CPC).
Il peut ensuite inviter les parties de présenter les observations supplémentaires sur les faits ou
sur le litige, les inviter à communiquer une pièce, à mettre en conformité leurs écritures.
Enfin, il peut inviter les parties à mettre en cause les intéressés à la procédure et dont la
présence est nécessaire (article 768-1 CPC).
Il peut éventuellement établir un calendrier de la mise en état (article 764 alinéa 3 après avoir
consulté les avocats indiquant le nombre et la date des échanges de conclusions, la date de
clôture de l’instruction, la date des débats et du prononcé de la décision).
Les délais qui seraient mis en place dans ce calendrier de procédure ne sont normalement pas
modifiés, sauf en cas de circonstances graves et justifiées.
Le juge de la mise en état a également des pouvoirs d’injonction, autrement dit il peut
enjoindre, il peut demander et on est obligés de respecter la demande. Ces derniers s’exercent
notamment à travers la fixation des délais, et à travers la sanction des diligences d’une partie
(ex : ordonnances de clôtures article 751 CPC) ou le défaut de diligence des deux parties (ex :
radiation de l’affaire article 781 CPC).
Il ordonne la communication des pièces et la production forcée de celles-ci (article ?), il
ordonne même d’office, toute mesure d’instruction utile (article 771 5 ème du CPC).
Il peut enfin ordonner des mesures provisoires pour la durée de la procédure (article 771 1 er
2ème 3ème et 4ème CPC). Les mesures provisoires peuvent consister à conserver une situation ou à
éviter un péril, autrement dit tout ce qui peut être nécessaire, pour que la solution ne soit pas
sans intérêt (par exemple parce que l’objet du litige a disparu).
Il a également des pouvoirs de juridiction (article 771 CPC) notamment devant le TGI, c’est le
juge de la mise en état qui statue sur les exceptions de procédure (ex : exceptions de nullité, de
compétence…). Il statue également sur les incidents visés aux articles 384 et 385 CPC mettant
fin à l’instance (ex : péremption d’instance). En revanche ce n’est pas lui qui statue sur les fins
de non-recevoir de l’article 122 CPC comme la prescription de l’action ou le défaut du droit
d’agir.
Quand le juge de la mise en état considère que l’affaire est en état d’être jugée sur le fond, il
prend ce que l’on appelle une ordonnance de clôture de l’instruction. Cette dernière peut être
prise à titre de sanction lorsqu’une partie n’effectue par les diligences nécessaires.
Pour que l’affaire puisse être plaidée devant le TGI à la date fixée par le président ou par lui-
même à travers une délégation, ou alors en fonction du calendrier de procédure.
L’article 779 alinéa 3 CPC l’autorise à déposer seulement les écritures des avocats si ces
derniers ne jugent pas nécessaire de plaider.
2) L’article 784 CPC prévoit la possibilité de révoquer l’ordonnance de clôture en cas de cause grave.
La gravité de la clause est à l’appréciation souveraine du juge. Il arrive fréquemment que les parties
versent au dossier des pièces et des conclusions après la clôture. Si le juge considère que celles-ci
présentent une importance décisive pour l’issue du litige, il peut décider de révoquer l’ordonnance de
clôture. Cette révocation doit intervenir avant la clôture des débats (plaidoiries), sauf si on prévoit la
réouverture des débats (1er Mars 2018 Chambre Civile 1ère de la Cour de Cassation).
3) En vertu de l’article 135 CPC, le juge peut écarte du débat les pièces qui n’ont pas été
communiquées en temps utile. En outre, l’article 15 du CPC dispose que les parties doivent mettre en
œuvre le principe du contradictoire. Ces deux articles permettent au juge de la mise en état d’écarter
des pièces et des conclusions versées avant la clôture de l’instruction mais trop tardivement (du genre
1h avant la fin). Ce caractère tardif va être apprécié par le juge au regard des faits concrets de l’espèce.
Il s’agit en fait de sanctionner la déloyauté du plaideur et faire respecter le principe du contradictoire.
On a d’abord un rapport oral du juge de la mise en état (article 785 alinéa 1 er CPC). Ce rapport est
obligatoire, le juge de la mise en état expose la matière du litige et les difficultés de fait et de Droit
qu’elles suscitent. En revanche, le rapport ne doit pas faire état de l’avis du juge de la mise en état sur
le fond du litige, celui-ci doit être objectif.
Enfin, le ministère public clôture le débat (article 443 CPC), sans qu’une réponse des parties ne soit
possible, il se borne à citer la règle de Droit.
Une fois prononcé, le jugement devra être notifié, donc porté à la connaissance des parties et à partir
de celle-ci, il a force exécutoire, et le délai d’appel commence à courir.
Remarque 1 : Le décret 2017-892 du 6 Mai 2017 a introduit un article 796-1 du CPC qui rend la
communication électronique obligatoire devant le TGI à compter du 1 er Septembre 2019. Cette
disposition signifie que les avocats devront remettre leurs actes par voie électronique, au TGI à peine
d’irrecevabilité relevée d’office. La remise des avis avertissements, et convocations leur sera
également faite par voie électronique.
En cas d’impossibilité pour les avocats de transmettre par voie électronique, il sera toujours possible
de transmettre au greffe par voie papier.
Remarque 2 : La loi du 23 Mars 2019 sur la réforme de la Justice a été adoptée et promulguée (loi de
programmation 2018-2022). Celle-ci introduit un nouvel article L212-1-5 du COJ qui permet lorsque
les parties sont expressément d’accords, ils vont pouvoir effectuer tout le déroulement de la procédure
devant le TGI sans audience, sans voir le juge. Cette procédure tous les principes directeurs du procès,
et il est précisé que le tribunal peut néanmoins décider de tenir une audience s’il estime qu’il n’est pas
possible de rendre une décision au regard des preuves écrites, ou si l’une des parties le demande.
Cette procédure est destinée à permettre des échanges par écrit dématérialisés via le portail de la
justice (quand il sera pleinement opérationnel).
a) La conciliation
On a d’abord l’idée de la recherche d’une solution amiable, et celle-ci va s’élargir à toutes les
juridictions de 1ère instance. Une partie peut toujours présenter une demande de conciliation avant
d’introduire une instance contentieuse. Cette demande est formée verbalement ou par écrit au greffe
(article 830 CPC).
Les parties peuvent se faire assister par un avocat si elles le souhaitent ou par d’autres personnes
habilitées.
Une audience de conciliation à la demande du juge qui n’aboutit pas, l’affaire peut être
immédiatement jugée suivant les modalités de la comparution volontaire. Si les parties ne l’acceptent
pas, c’est au demandeur de saisir avec la procédure classique.
Le conciliateur de justice procède à la tentative de conciliation suivant les articles 129-2 à 129-4, 130
et 131 CPC. A sa demande, sa mission qui ne peut pas excéder 3 mois, peut être renouvelée une fois et
l’objectif de ce dernier est de rapprocher les positions des parties pour tenter de conclure leur litige. Il
ne peut pas contraindre les parties, mais il peut demander au juge s’il voit que rien ne marche de
mettre un terme à sa mission de conciliation. Les parties peuvent également le demander et le juge
peut aussi y procéder d’office.
Le juge va aviser les parties de la fin de la conciliation et leur rappeler qu’elles peuvent saisir le
tribunal si elles veulent un jugement.
L’article 845 CPC rappelle que le juge doit s’efforcer de conseiller les parties à tout moment de la
procédure et leur rappeler à n’importe quel moment de se référer à un conciliateur, on peut donc
toujours y revenir.
D’après la nouvelle loi J21, lorsque la demande n’excède pas 4000 euros, la demande de déclaration
au greffe est irrecevable si elle n’a pas été précédée par une tentative de conciliation.
c) L’oralité de la procédure
L’article 846 CPC, et Cour de Cassation 2ème Chambre Civile 19 Mars 2015 : cela signifie que les
parties peuvent si elles le souhaitent présenter uniquement à l’oral leurs prétentions et leurs moyens.
Une exception de procédure qui normalement doit être présentée au début de l’instance, est recevable
le jour de l’audience même si elle n’a pas été présentée dans des conclusions écrites préalablement
déposées au greffe (2ème Chambre Civile 1er Octobre 2009).
Ceci dit, la place de l’écrit a été largement renforcée depuis le décret de 2010, aussi bien pour
l’introduction de l’instance que pour l’instruction.
Le juge TI instruit l’affaire à l’audience, il n’y a pas de juge de la mise en état. Si l’affaire n’est pas
état d’être jugée à la première audience, elle peut être renvoyée une ou plusieurs fois.
Le juge peut d’après l’article 446-1 CPC dispenser une partie qui en fait la demande de se présenter à
une autre audience. Dans ce cas la communication entre les parties est faite par lettres recommandées
ou par notification entre avocats (article 847-1 CPC).
La place faite aux écrits est encore renforcée par l’article 446-2 CPC ; celui-ci prévoit que lorsque les
parties comparantes, venues à l’audience, formulent leurs prétentions et moyens par écrits et sont
assistées ou représentées par un avocat, elles sont contraintes de formuler des conclusions
qualificatives, récapitulatives et structurées comme devant le TGI. De plus l’alinéa 3 du même article,
prévoit que les parties lorsqu’elles ne sont pas assistées ou représentées par un avocat peuvent
présenter des conclusions écrites simplement récapitulatives, à la condition que celles-ci soient
d’accords.