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LA MITRAILLEUSE D'INFANTERIE

Son histoire, son emploi tactique.

INTRODUCTION Pour augmenter encore la vitesse du tir des armes à répétition actuelles, on s'est
adressé, depuis quelques années, à un principe nouveau: celui du chargement automatique. Laction du
tireur, avec ces armes, se réduit à viser et à presser sur la détente pour faire partir le coup. Mais en
raison même de la vitesse de tir considérable ainsi acquise, ces engins nouveaux sont de vrais mangeurs
de munitions. Ils doivent, par suite, être organisés de façon à transporter avec eux une
quantitéconsidérablede cartouches. Ils doivent, en outre, demeurer immobiles pendant le tir. Gest le
but que l'on poursuit avec les mitrailleuses actuelles, sorte de fusils automatiques montés sur affût,
alimentés par un approvisionnementimmédiat abondant et susceptibles de conserverun pointage
constant pendant toute la durée du tir. Lidée mise en pratique n'est pas nouvelle. Chacun sait quen
1870 notre armement comportait le canon à balles, vulgairement appelé la mitrailleuse qui, sanspouvoir
être

comparé à la mitrailleuse actuelle quant au mécanisme, partait d'une même base en ce qui concerne les
effets qu'on espérait lui voir produire. Depuis, mise un certain temps de côté relativement à son emploi
dans les armées de campagne,cette idée a fait son chemin, et la guerre russo-japonaise vient de montrer
ce que vaut cet armement. Plusieurs puissances européennes ont déjà doté leurs formations actives de
mitrailleuses nouvelles; les autres expérimentent cet armement et l'adopteront vraisemblablement
avant peu. La France est de ces dernières. En faisant l'historique de la mitrailleuse, en exposant les effets
actuels de son tir et en présentant l'organisation récente des batteries de mitrailleuses étrangères, ainsi
que le rôle que ces armes nouvelles ont joué sur les champs de bataille où elles ont figuré, l'étude ci-
après a pour but de donner un aperçu de leur emploi tactique dans la prochaine guerre européenne.
Cette étude comprendraainsi les chapitres suivants: 4° Les premières mitrailleuses. a) Origine de la
mitrailleuse. b) Les mitrailleuses en 1870. c) Les mitrailleuses américaines.

2° Les mitrailleuses actuelles. a) Leur mécanisme. b) Effets de leur tir.

3° Organisation récente des batteries de mitrailleuses dans les armées étrangères. a) Allemagne. b)
Suisse. c) Autres puissances. 4° Les mitrailleuses actuelles sur le champ de bataille. a) Guerres coloniales.

b) Sud-Afrique. c) Expédition de Chine. d) Guerre russo-japonaise. 50 Conclusions sur l'emploi tactique


des mitrailleuses.

LES PREMIÈRES MITRAILLEUSES.

Origine de la mitrailleuse. LAmérique est, en général, considérée comme la patrie de la mitrailleuse pour
cartouches d'infanterie. Ce serait la guerre civile de 1861 à 1865 qui lui aurait donné naissance. On avait
cependant vu en Europe, bien avant cette époque, des armes analogues par leur but et leur puissancei.
Un certain M. Fafschamps, ex-officier de la Grande Armée, rentré en Belgique, son pays natal, à la chute
de Napoléon 1er, avait, en effet, dès 1830, inventé un engin composé d'un assemblage de canons reliés
parallèlement en faisceau. L'arme se chargeait par la culasse et détonait par percussion. Le nombre d-3
canons, leur longueur et leur calibre variaient suivant la destination de la mitrailleuse.Il y eut ainsi
plusieurs modèles. Le plus connu, celui qui fut construit pour le compte

Cest au XIVe siècle que, pour la première fois, on eut l'idée de construire des engins pouvant tirer un
certain nombre de coups, soit par salves, soit successivement à de très courts intervalles. Mais ces
armes lançaient des projectiles d'artillerie et non d'infanterie; on les nommait Ribeaudequins. (Voir la
Revue d'Histoire de juillet 1907.)

de l'armée belge, se composait de 50 canons d'un calibre approchant celui du fusil d'infanterie. Après de
nombreuses expériences et plusieurs modifications, cette mitrailleuse fut adoptée en 1857. Elle avait le
poids et l'aspect d'une pièce d'artillerie de campagne, était servie par trois hommes et attelée d'un
cheval. Elle pouvait faire feu deux fois à la minute, c'està-dire lancer 100 balles. Sa portée maximum
était de 2,000 mètres. On n'a que de très vagues notions sur le rôle joué à la guerre par la mitrailleuse
Fafschamps. Elle ne fut vraisemblablement employée qu'à l'attaque et à la défense des places. On en
signale la présence au siège d'Anvers en 1832 et à la défense de Barcelone en 1843. Lorsqu'elle fut
adoptée définitivement par l'armée belge, elle était surtout destinée au flanquement des fossés et à la
défense des parapets et glacis des places fortes. Dans ce but, elle devait être placée sous des abris, ou
être montée sur un affût à éclipse permettant de l'élever pour tirer et de la cacher ensuite. Lamanœuvre
n'exigeait que peu d'hommes;la majeure partie de la garnison était ainsi rendue disponible. On
prévoyait aussi son emploi dans la défense des localités et des défilés. On espérait, en outre,
pouvoirl'utiliser dans la guerre de campagne: 1° Pour renforcer les lignes d'infanterie; 20 Pour
combattre l'artilleriede campagne, qui n'avait alors qu'une faible portée, ne lançait aux grandes
distances (2,000 mètres) qu'un seul projectile (le boulet rond plein) et tirait à mitraille à courte distance;
30 Contre la cavalerie, en plaçant une mitrailleuse aux angles des carrés d'infanterie pour battre les
secteurs privés de feux. On ne saurait dire si les constructeurs américains

connaissaient, en 1861, l'invention de M. Fafschamps. Ce qui est certain, c'est que les efforts qu'ils firent
alors, en produisant des mitrailleuses, avaient plutôt pour but daugmenter le nombre et la puissance
des engins de guerre dont ils disposaient que de perfectionner les modèles connus. La guerre de
Sécession mit en présence deux partis de forces tout à fait inégales. Les Etats du Nord avaient un
semblant d'organisation militaire, mais ils étaient armés avec les rebuts des arsenaux européens et se
trouvaient numériquement quatre fois plus faibles que leurs adversaires, les États du Sud. Ceux-ci, par
contre, n'avaient ni organisation ni instruction. En présence d'un armement manquant ou défectueux,
en l'absence de toute direction et de toute instruction militaire, le pays dut mettre en œuvre toutes ses
ressources pour améliorer la situation des armées. Au milieu du déluge d'armes et de canons qui
inondèrent bientôt le marché, se trouva la mitrailleuse, créée par l'industrie privée, pour produire la
plus grande puissance du feu, avec le moins de troupes possible. Les États du Nord manquant de soldats
accueillirent avec empressement l'arme nouvelle qui leur permettait de remplacer l'élément vivant par
l'élément mécanique. C'était évidemment recourir à un moyen en contradiction avec l'art militaire, qui
est tout de pensée et d'action humaine. Mais en Amérique, le pays des machines, on croyait que les
machines de guerre devaientjouer sur les champs de bataille le rôle que joue déjà la machine-outil dans
les luttes pacifiques de l'industrie. Que la mitrailleuse ait été créée en Belgique ou qu'elle nous vienne
d'Amérique, l'idée qui lui a donné naissance est la même: Remplacer l'homme par la machine.

Mais tandis qu'en Amérique on ne l'adoptait que parce que l'élément vivant faisait défaut, en Belgique
on songeait déjà à employer ailleurs l'économie de force vivante qu'elle semblait devoir produire. On ne
possède que peu de renseignements sur l'emploi des mitrailleuses américaines sur le champ de bataille.
Après la guerre, les inventeurs en racontèrent naturellement des merveilles et, pour écouler sur les
marchés d'Europe les produits de l'industrie nationale, les journaux américains firent, à leur sujet, une
réclame tapageuse qui attira l'attention de l'ancien continent sur le nouvel engin. La plus connue fut la
mitrailleuse Gattling dont il sera parlé plus loin. C'était précisément le moment où la France s'occupait
de perfectionner l'armement de son infanterie. On étudiait le chassepot et l'on construisait en secret
une mitrailleuse qui devait être une surprise pour les armées étrangères appelées à se mesurer avec la
nôtre. Les journaux américains, en racontant les hauts faits de l'arme nouvelle,ne firent, bien entendu,
qu'augmenter encore en France l'illusion qu'on s'était faite de l'emploi de la mitrailleuse.

La mitrailleuse en 1870.

Conception de la mitrailleuse française. — La guerre de 1866 venait de révéler la puissance du fusil


Dreyse. Tous les États s'efforcèrent de donner aussitôt à leur infanterie une arme rayée se chargeant par
la culasse, destinée à porter les effets d'un feu rapide à une distance inconnue jusqu'alors (1,800 mètres
pour le chassepot). Mais, en raison même de l'étendue de la portée des nouvelles armes, le tir à
mitraille de l'artillerie, qui

dépassait jusqu'à cette époque la portée des fusils, et qui était considéré comme le plus dangereux
contre l'infanterie, se trouvait n'avoir plus aucune valeur contre les lignes de combat. Il n'était plus
désormais qu'un expédient pour la défense immédiate de l'artillerie. Pour le remplacer, on eut recours
aux deux moyens suivants: 1° Adoption d'un obus à balle fusant: le shrapnel; 2° Construction d'un
nouvel engin:la mitrailleuse. Le shrapnel était muni d'une fusée fusante, d'abord à trois temps, puis
ramenée ensuite à deux temps, correspondant à la moitié et à longueur totale de la portée des canons
de campagne (2,800 mètres). On ne pouvait faire éclater l'obus qu'à ces deux distances. Pour pouvoir
produire des effets de mitraille à toutes les distances au delà de la zone battue par la mousqueterie, au
lieu de faire comme les Allemands, qui adoptèrent une fusée percutante, on créa la mitrailleuse. Les
effets du nouvel engin devaient donc remplacer ceux de la boîte à mitraille si redoutée jusqu'alors.
L'arme ainsi conçue était destinée à l'artillerie, mais on espérait aussi pouvoir être utile à l'infanterie à
laquelle elle serait fréquemment adjointe. On avait espéré pouvoir construire les mitrailleuses assez
légères et maniables pour les amener à bras, à des distances moyennes, sur le lieu du combat, et pour
leur permettre de suivre l'infanterie partout. Mais lorsqu'elles furent terminées,on s'aperçut qu'on
s'était trompé relativement à leur poids; on se trouva en réalité en présence d'un nouveau canon, qu'en
fait on dut rattacher à l'artillerie.

Effet de surprise escompté. — Les mitrailleuses système Reuye, officiellement appelées canons à balles,
furent fabriquées à Meudon dans un impénétrable mystère. A la nouveauté de l'engin on voulait joindre
un elfet

de surprise. Au dire des rares initiés, elles devaient produire des effets de destruction terribles, exercer
des ravages sanglants. L'idée de faire de la mitrailleuse une surprise fut vivement critiquée par une foule
d'officiers qui, ayant fait la campagne d'Italie, répétaient sur tous les tons qu'on allait renouveler
l'imprudence commise en 1859, en faisant la guerre avec le canon rayé que personne ne connaissait, et
dont on s'était fort mal servi faute de 4'avoir étudié. Remettre, la veille d'une guerre, le matériel
nouveau entre les mains de commandants de batterie et de servants inexpérimentés, serait une faute
plus grave que la première, car lamitrailleuse était d'un emploi fort délicat aussi bien au point de vue
tactique qu'au point de vue mécanique. Ces sages conseils ne furent pas écoutés: « Les tables de tir
suppléeront à tout», fut-il répondu. Les journaux répétèrent alors tous l'exclamation de l'Empereur, à
l'occasion de l'examen officiel du canon à balles et des effets de son tir: « C'est un massacre». Le mot
devint bientôt légende, et les mitrailleuses eurent désormais cette influence magique sur le moral des
soldats français que l'on constata au cours de la campagne.

Émoi des puissances étrangères. Mitrailleuse Feld bavaroise. — En présence des racontars des journaux
américains et de l'emballement constaté en France autour de l'engin nouveau, construit en secret pour
le compte de l'armée française,les autres nations européennesjugèrent prudent de s'occuper aussi de la
question. Les industries privées allemande et anglaise présentèrent plusieurs modèles de mitrailleuses
qui furent étudiés et essayés. La Prusse, dans toute l'omnipotence de sa situation militaire, ne jugea pas
opportun d'adopter l'arme nou

velle, prétendant alors qu'une armée fortement disciplinée et exercée à la guerre n'a pas besoin de
moyens mystérieux pour la soutenir1. Seule, la Bavière, émue des bruits répandus sur les effets de la
mitrailleuse, et plus encore de l'effet moral constaté en France, crut que l'absence de mitrailleuses
auprès de ses troupes causerait chez elles une impression funeste. Elle décida, en 1870, l'adoption de la
mitrailleuse Feld. A la déclaration de guerre ce matériel n'était pas prêt; il ne rejoignit les corps bavarois
qu'à la fin de septembre.

Description sommaire des matériels employés en 1870.


Deux systèmes différents de mitrailleuses furent donc employés pendant la campagne de 1870 : Le
canon à balles français (Reffye); La mitrailleuse bavaroise (Feld).

Canon à balles. — La mitrailleuse française se composait de 25 canons reliés parallèlement en faisceau.


Elle se chargeait pour chaque coup de 25 cartouches au moyen d'une culasse mobile qu'on remplissait à
chaque bordée. Le départ avait lieu à l'aide d'une petite manivelle;les 25 coups partaient
successivement,mais très rapidement. En raison du parallélisme des canons, les 25 projectiles allaient
tomber presque tous au même endroit en formant une gerbe d'un diamètre très restreint.

1 (Rapport de la Commission consultative de l'artillerie allemande, capitaine comte Thurheim, 1872). Il


est curieux de constater à ce propos les tendances actuelles des Allemands au point de vue de l'appui
moral qu'ils comptent assurer à leur infanterie au combat par l'adjonction des mitrailleuses (Das
Maximmaschinen-Gewehrund seine Verwendung).

Un appareil spécial permettaitle pointage dans le sens horizontal, sans avoir besoin de déplacer l'affût,
comme cela se faisait alors pour le canon de campagne, mais on on ne pouvait s'en servir qu'après
chaque bordée de 25 coups. On pouvait tirer cinq à six bordées par minute, soit 125 à 150 coups. La
portée efficace extrême devait théoriquement être de 3,000 mètres, mais on n'en prévoyait pas l'emploi
au delà de 2,000 à 2,500 mètres. Les munitions du canon à balles étaient d'un modèle et d'un calibre
spéciaux à cette arme. La mitrailleuse ressemblait beaucoup à une pièce de campagne. Son poids était
de 4,800 kilogrammes, y compris son avant-train chargé de 2,100 cartouches. Elle était servie par 6
hommes et attelée de 4 chevaux. Son caisson transportait 6,000 cartouches environ et était également
trainé par 4 chevaux. Les mitrailleuses étaient réunies en batteries comprenant chacune: 6 pièces, 6
caissons, 1 forge, 2 voitures à bagages 15 voitures. En principe, chaque division d'infanterie avait une
batterie de mitrailleuses.

La mitrailleuse bavaroise. — La mitrailleuse Feld comportait 24 canons juxtaposés parallèlement. Elle


s'approvisionnait au moyen de 8 chargeurs accouplés par deux, contenant chacun 40 cartouches. Le
chargeur de gauche de chaque couple n'entrait en fonction que lorsque celui de droite était épuisé. On
remplissait alors ce dernier et ainsi de suite; le tir pouvait donc être ininterrompu. La décharge se faisait
à l'aide d'une grande manivelle

dont la manœuvre était très fatigante. Le départ des coups avait lieu successivement.On parvenait à
tirer normalement 300 coups à la minute et exceptionnellement 400 coups. On devait fréquemment
relever le servant chargé de la manœuvre de la manivelle. Le tir de la mitrailleuse Feld était très précis;
un appareil de pointage en direction permettait de diriger à volonté chaque projectile sur un point
différent de la ligne ennemie. Les munitions étaient les mêmesque celles du fusil d'infanterie. La portée
n'était que de 1,300 à 1,400 mètres. Le poids de la pièce et de son avant-train, chargé de 7,000
cartouches, était de 1,250 kilogrammes. Le caisson portait un approvisionnementde 16,000cartouches
dont une partie disposée en chargeurs. Le transport et le service de la mitrailleuse bavaroise
exigeaientles mêmes attelages et le même personnel que le matériel français. La batterie bavaroise
devait avoir approximativement la même composition que la batterie française. (En fait une seule
batterie de quatre mitrailleuses fit la guerre. )

Observations sur les deux matériels. — De ce court exposé il résulte: 1° Que, des deux parts, le matériel
était une véritable artillerie trop lourde pour pouvoir suivre l'infanterie partout; 2° Que si le canon à
balles avait une plus grande portée que la mitrailleuse Feld, cette dernière, en revanche, tirait avec une
plus grande rapidité et possédait surtout le grand avantage d'avoir les mêmes munitions que son
infanterie et, par suite, disposait d'un approvisionnement plus abondant; 30 Que le coup du canon à
balles n'était qu'un coup de

mitraille sans dispersion, tandis que le canon Feld pouvait, au moyen du fauchage, disperser son tir dans
le sens horizontal.
Les mitrailleuses sur les champsde bataille de 1870.

a) Canon à balles. Mode d'emploi. -, Le matériel français étant pour ainsi dire inconnu du personnel
appelé à s'en servir, il y eut de graves mécomptes tant au point de vue de son emploi tactique que de la
régularité de son fonctionnement. Les batteries de mitrailleuses furentengagées en grand nombre dans
les premières batailles livrées par les armées impériales en août et septembre1870. Elles étaient
généralement disposées sur de longues lignes, le plus souvent dans des positions retranchées, n'ayant
jamais qu'un rôle essentiellementdéfensif.

Erreur d'emploi tactique contre l'artillerie. — En raison de l'étendue de la portée qu'on leur prétendait
posséder, on avait espéré pouvoir les opposer avantageusement à l'artillerie prussienne dont on n'avait
malheureusement pas suivi de près tous les progrès. Cette conception d'emploi fut la cause de
l'anéantissement rapide de la majorité des batteries de mitrailleuses qui se trouvèrent exposées aux
projectiles des canons allemands. En effet, la portée du canon à balles ne dépassa pas en réalité 1,800
mètres; afin de pouvoir l'utiliser, on dut le pousser très en avant, presque sur les les lignes d'infanterie,
où il offrit alors aux pièces d'artillerie allemandes, postées en moyennne à 2,500 mètres, des objectifs
très importants, que deux ou trois obus démolissaient complètement.

A Wissembourg.

— Vers 10 heures du matin, l'artillerie de l'avant-garde du XIe corps allemand avait ouvert le feu sur le
château de Geisberg, défendu par le 30e de ligne. La batterie de mitrailleusesfrançaises encore en
arrière des crêtes vers la ferme de Schafsbuch, se porta au galop vers le sommet du mamelon des Trois
Peupliers pour répondre à son feu. Mais elle fut immédiatement prise comme objectif par l'artillerie
adverse;un obus prussien tomba sur un de ses caissons qui fit explosion, en blessant mortellement le
général Abel Douay. La batterie bientôt entièrement démontée dut être retirée du combat.

-4 Spicheren.

— La cavalerie du général Valabrègue avait été chargée de surveiller l'intervalle entre les positions de
nos deux ailes au Rotherberg et à Styring. Mais au bout d'une heure d'attente sous un feu meurtrier
sans pouvoir intervenir utilement, elle avait été obligée de se replier derrière Styring en soutien de la
réserve d'artillerie. c Aussitôt, la batterie de mitrailleuses de la division Vergé vint prendre position près
de la route pour remplacer la cavalerie repliée en arrière; mais l'artillerie allemande installée sur
l'Exercir-Platz ne lui permit pas de conservercette positionqu'elle dut abandonner promptement. Effet
moral sur l'ennemi et sur les troupes françaises.Par contre, employée contre l'infanterie ou l'artillerie à
bonne portée et à l'abri du canon, la mitrailleuse produisit des effets meurtriers, puissants, qui jetaient
l'épouvante chez l'adversaire. Mais ce dernier cas fut l'exception.

A Saint-Privat.- Le IXe corps allemand avait, dès le début de l'action, poussé audacieusement son
artillerie, 9 batteries, sur la longue croupe qui descend d'Amanvillers vers Verneville, et ouvert le feu
contre ce qu'il croyait être l'extrême droite française. Cette pointe aventurée faillit amener le désastre
de cette artillerie. La division Grenier, du 4e corps français, sur laquelle étaient dirigés les projectiles
allemands, porta sa lre brigade au sud-ouest d'Amanvillers, avec la batterie de mitrailleuses qui prit
d'écharpe la longueligne de batteries du IXe corps allemand. Exposée à des feux directs, puis au tir à
revers des mitrailleuses françaises, l'artillerie prussienne subit des pertes énormes. La batterie
d'extrême gauche, plus particulièrement exposée aux effets du tir des mitrailleuses, vit tomber en
quelques minutes ses officiers, 5 chefs de pièces, 40 canonniers et presque tous ses chevaux. Elle dut
cesser son feu et se retirer en toute hâte en abandonnant deux pièces qu'un lieutenant d'artillerie
français vint chercher avec des attelages et amena à Amanvillers, sous une grêle de balles allemandes.
Cependant, telle était la force de la légende que, malgré leur peu d'efficacité en général, les
mitrailleuses exercèrent une influence morale considérable sur le soldat. Les fantassins français
aimaient à entendre près d'eux leur crépitement caractéristique et il arriva fréquemment que, quand
une troupe commençait à faiblir, il suffit, pour la maintenir en bon ordre, de faire avancer une batterie
de mitrailleuses qui, coûte que coûte, ouvrait le feu sur n'importe quoi.

Mauvais fonctionnementde la mitrailleuse. — De nombreux enrayages ou défauts de fonctionnement


furent constatés sur le champ de bataille, défauts que des essais et des études plus complètes eussent
vraisemblablement évités.

Beaucoup de culasses ne fermaient plus hermétiquement après un tir un peu prolongé, et laissaient
ainsi échapper une partie des gaz par l'arrière de la pièce. Les munitions n'étaient pas non plus
exemptes de reproches:de nombreuxprojectiles restaient coincésdans les canons.

Effets du tir trop localisé. — Enfin, les rapports des Allemands font connaître que l'infanterie, lorsqu'elle
se trouva à portée et sous les coups des mitrailleuses, fut entièrement déciméet,mais que, en raison du
peu de dispersion du tir, il était souvent possible d'éviter les gerbes par un déplacement peu important.
Emploi des mitrailleusesdans les armées de la Défeme nationale. — La plupart des mitrailleuses des
arméesimpériales furent remises entre les mains des Allemands, à la suite des capitulations de Sedan et
de Metz. Mais sous l'habile direction du colonel de Reffye, les arsenaux organisés au sud de la Loire et
jusqu'à Tarbes se hâtèrent de construire un matériel nouveau destiné aux armées de la Défense
nationale. De nombreux achats furent égalementfaits à l'étranger, en Amérique notamment. Dans ce
matériel figuraient les mitrailleuses du système français et quelques américaines, des gattlings. Mais les
débuts de la campagne avaient donné de l'ex

1 D'après le rapport officiel allemand sur l'action de la 38e brigade dinfanterie prussienne à Mars-la-
Tour, les bataillons prussiens furent forcés de se replier dans le fond de la vallée et furent presque
anéantis par le feu des mitrailleuses en batterie sur la crête. L'attaque de la cavalerie allemande envoyée
au secours de ces bataillons fut également ,epotissée. Sur 95 officiers et 4,500 hommes engagés dans
cette affaire, Il y eut 72 officiers et 2,542 hommes tués ou blessés par le tir des mitrailleuses.

périence au personnel appelé à employer les mitrailleuses ou à les servir. Aussi, dans la dernière partie
de la guerre, on utilisa plus judicieusement leurs propriétés défensives en les soustrayant aux effets du
feu de l'artillerie ennemie.

Au combat de Châtillon. — Le général Ducrot, ayant l'intention de se maintenir à tout prix dans la
redoute de Châtillon, avait fait renforcer l'artillerie de cette redoute par trois mitrailleuses. Les abords
de la position du Télégraphe étaient, en outre, défendus par six batteries et dix mitrailleuses. Cette forte
position arrêta les efforts du IIe corps bavarois, dont l'artillerie se vit contrainte de cesser son tir et à se
replier jusqu'à la portée extrême de ses pièces.

Au Mans. — Les mitrailleuses furent employées en grand nombre, particulièrement pour la défense du
plateau d'Auvours et des passages de l'Huisne. Le feu des mitrailleuses américaines Gattling, postées à
l'abri du feu de l'artillerie ennemie en arrière du pont sur l'Huisne, à Yvré-l'Évêque, interdit le passage à
l'ennemi, qui dut même se replier en désordre dans les bois avoisinants. Installées dans les tranchées,
les mitrailleuses contribuèrent puissamment à l'échec de la tentative ennemie sur le centre français.

b) Mitrailleuses Feld.

Construction et organisation hâtives. — Lorsque la guerre éclata, les mitrailleuses bavaroises n'étaient
pas terminées. La manufacture d'Augsbourg dut se hâter de les compléter. Mais en raison même de
cette hâte, la construction ne put en être surveillée avec soin, et le

matériellivré à l'armée ne put être essayé et soumis aux épreuves indispensables. L'organisation par
batterie n'était pas prévue;il n'y avait pas davantage de règlement spécial à ce nouvel armement. On dut
tout improviser au dernier moment, et ce ne fut qu'à la fin de septembre qu'une batterie de
mitrailleuses put entrer en campagne; ce fut la seule, dailleurs, employée par l'armée
allemandependanttoute la campagne. On peut donc dire que les Bavarois connaissaient encore moins
bien leur matériel que les Français. Emploi tactique. Artenay. — On s'imagine facilement combien,
lorsque cette batterie arriva au premier corps bavarois, on était empressé de s'en servir sur le champ de
bataille. Elle eut l'occasion de prendre part à la lutte pour la première fois à Artenay le 10 octobre. En
raison de sa faible portée(1,400 mètres), elle ne put être employée pour engager l'action. Elle fut
d'abord laissée disponible à la réserve d'artillerie. Lorsque les deux infanteries furent aux prises, on
chercha l'occasion de la faire entrer en ligne sur certains points du champ de bataille où sa présence
pouvait être utile, mais il fallait pour cela la conduire dans la zone battue par les feux de l'infanterie
ennemie, sur des positions non préparées; c'eût été la vouer à une destruction complète avant sa mise
en batterie. Elle resta donc toute la journée en réserve. Ce ne fut qu'à la fin de la lutte, lorsque les
Français évacuèrent Chevilly, qu'elle fut enfin appelée à entrer en action pour exécuter la poursuite par
le feu. Elle ne produisit que peu d'effet en raison des nombreux couverts qui facilitèrent le mouvement
de retraite des Français.

Coulmiers.

— Si à Artenay les mitrailleuses bavaroises n'eurent qu'un rôle effacé, à Coulmiers, au contraire, elles
eurent l'occasion de déployer toutes leurs propriétés. On se souvient que cettejournée fut à peu près la
seule défaite que subirent les armées allemandes. Après une longue résistance,les Bavarois durent
évacuerCoulmiers. Presque toutes les troupes allemandes étaient déjà en retraite, il ne restait dans le
village que quelques fantassins. Pour protéger le mouvement rétrograde, un bataillon d'infanterie
bavaroise et la batterie de mitrailleuses furent jetés dans le village. Durant deux heures, cette batterie
tint en échec les Français supérieurs en nombre.Elle fut à son tourobligée de se replier; elle le fit de
position en position en utilisant les abris du terrain. Elle parvint aussi à arrêter net trois fois de suite les
colonnes nombreuses qui s'avançaient contre elle, et obligea une batterie d'artillerie française à changer
de position. Elle dut enfin cesser la lutte lorsque cette batterie l'eut prise d'écharpe l.

Mauvais fonctionnement des mitrailleuses Feld. — Le matériel bavarois ne se comporta pas mieux que
le matériel français; plusieurs mitrailleuses eurent un ou plusieurs canons faussés qui refusèrent le
service sur le champ de bataille; on ne put les réparer que le soir. Mais les plus grandes difficultés furent
rencontrées dans le système de chargement. Les cartouches qui restaient dans les gaines de
chargement et qu'on ne pouvait retirer au moment où les pièces devaient changer de

1 Rapport allemand, comte Thürheim, J872.

position, se déplaçaient sous les heurts de transport et produisaient ainsi de nombreuxenrayages.


Enseignements à tirer de Vexpérience de 1870. — De l'expérience faite en 1870 on peut tirer les
conclusions suivantes: 1" Nécessité d'étudier à fond et d'essayer un matériel nouveau avant de le
remettre aux troupes; 2° Nécessité d'initier le commandement et les troupes au matériel qu'ils auraient
à employer ou à servir; 30 Les armes lançant des projectiles d'infanterie ne peuvent en aucun cas lutter
contre l'artillerie (portée trop faible) ; 40 Les mitrailleuses de 1870 n'ont combattu que défensivement,
même chez les Allemands, parce qu'elles étaient trop lourdes et offraient des objectifs trop importants
pour pouvoir rester sur une ligne d'infanterie agissant offensivement et la suivre dans ses
déplacements ; 31 Elles produisirent un effet moral incontestable sur les troupes allemandes, non
seulement par ce qu'on en avait raconté, mais aussi par leurs effets meurtrierslorsqu'elles eurent
l'occasion de les produire.

COllséquellces de l'essai de 1870.

Après la guerre, la question des mitrailleuses fut étudiée, aussi bien en France qu'en Allemagne, par des
commissions qui basèrent leurs travaux sur l'expérience de 1870. D'une façon générale, les rapports
concluèrent à un emploi très restreint de la mitrailleuse dans les armées de campagne, ne lui
attribuantqu'un rôle essentiellement défensif.

Abandon de l'idée d'employer les mitrailleuses dans l'armée de campagne. — Ce principe convenait peu
à l'esprit d'offensive, affirmé d'une façon si exagérée même par les Allemands, au cours de la campagne,
et qu'on s'efforçait d'introduire dans la jeune armée française. Faire suivre les colonnes assaillantes de
mitrailleuses avec tout leur attirail attelé, c'eût été les alourdir et les embarrasser d'impédimenta dont
l'emploi n'était que problématique en raison de l'attitude nettement offensive qu'on devait conserver.
La mitrailleuse était donc exclue en principe des armées agissantes; tout au plus prévoyait-on
l'organisation de quelques batteries qui devaientresterenréserve très en arrière et que le
commandement attirerait à lui, si, exceptionnellement, on devait occuper et défendre une position ou
protéger une retraite.

Emploi de la mitrailleuse dans la défense des places. — Mais en raison même des propriétés
essentiellement défensives qu'on reconnaissait à la mitrailleuse,on reprenait l'idée de l'inventeur belge,
M. Fafschamps, en en faisant un large emploi dans la défense des places fortes et dans le flanquement
de leurs fossés. Là, elle pouvait mettre en valeur sa grande puissance de feu sur un terrain connu; son
réapprovisionnement en munitions était facile sans qu'il fût nécessaire de la munir d'attelages et de
caissons. L'argument principal sur lequel furent assises les décisions prises au sujet des mitrailleuses,
était l'impossibilité dans laquelle on se croyait de pouvoir construire des armes lançant un grand
nombre de projectiles en peu de temps, sans qu'elles atteignissent le poids des canons de campagne et
nécessitassent des attelages importants, un matériel coûteux et un nombreux personnel.

Les mitrailleuses américaines après 1870.

Malgré les rapports défavorables publiés après la guerre franco-allemande sur l'emploi des mitrailleuses
dans les armées de campagne, les produits américains, tant vantés après la guerre de
Sécession,pénétrèrentdans diverses armées européennes. La mitrailleuse Gattling.Sa description
succincte. -La mitrailleuse Gattling1, celle autour de laquelle on avait fait le plus de réclame, fut
employéepar les Russes au cours de leur campagne des Balkans. Les Anglais l'adoptèrent pour la
superstructure de leurs bâtiments de guerre et en dotèrent leurs troupes coloniales. Enfin, on en signale
encore la présence à l'armée chilienne pendant la campagne contre le Pérou en 1879. Comme toutes les
mitrailleusesde l'époque, la gattling était une arme à canons multiples. Elle se composait d'un faisceau
de 6, 8 ou 10 canons de fusils d'infanterie, selon les conditions de légèreté que l'on voulait donner à
l'engin. Le faisceau était maintenu rigide par des frettes permettant la dilatation du métal. Une
manivelle actionnait tout le système chargeant les canons et déterminant leur décharge successive par
percussion. Les munitions parvenaient dans les canons au moyen d'un disque vertical, sorte de magasin
d'alimentation, dans lequel une centaine de cartouches étaient introduites

1 Les armées françaises de la « Défense nationale» eurent, comme on l'a TU, quelques mitrailleuses
Gattling, notamment au Mans.

à la fois. Ces cartouches suivaient une spirale allant du centre à la circonférence du disque, d'où elles
passaient alors dans un canon sous l'action d'ailettes spéciales actionnées par la manivelle. Un disque
épuisé était remplacé par un plein. On pouvait tirer jusqu'à 1,200 coups à la minute. Les car

Mitrailleuse Gattling.

touches étaient les mêmes que celles du fusil d'infanterie dont on utilisait les canons. Le tir de la
mitrailleuse Gattling était identique à celui des armes d'infanterie en tant que portée, trajectoire, effets
de pénétration; mais, comme celui des canons à balles français de 1870, il n'était pas dispersé.

La mitrailleuse Gattlingsur le champ de bataille.


PLEWNA. Au siège de Plewna, les Russes employèrent les mitrailleuses Gattling pour défendre leurs
retranchements. Ils les utilisèrent notamment plusieurs fois pendant la nuit pour s'opposer aux
tentatives de sortie des Turcs; ils pointaient leurs pièces au crépuscule sur les passages obligés des
colonnes turques.

PÉROU. Une des divisions de l'armée péruvienne, sous les ordres de Buendia, voulut enlever de front
des ouvrages de campagne chiliens défendus par des canons Krupp et des gattlings. Par trois fois
l'attaque fut renouvelée, mais les régiments chargés de donner l'assaut durent faire demi-tour en
laissant de nombreux morts et blessés sous les salves des mitrailleuses. ÉGYPTE. Les Anglais
employèrent les gattlings dans leurs opérations d'Egypte contre Arabi-Pacha. Le corps de débarquement
anglais comprenait une batterie de 6 mitrailleuses qui, dès le 12 septembre 1882, ouvrit le feu sur les
retranchements de Tel-el-Kébir. « En peu de temps, dit la Relation anglaise, les parapets furent balayés,
les embrasures criblées de projectiles; enfin, le crépitement strident et caractéristique produisit une
véritable panique chez les défenseurs qui s'enfuirent épouvantés. » Les rues d'Alexandrie furent
également déblayées par les gattlings.

L'effet moral produit par ces armes fut tel qu'Arabi, bien que se trouvant à la tête de 9,000 hommes de
troupes organisées, n'osa attaquer et rejeter à la mer les 400 soldats que comptait le premier
détachementdébarqué avec ces mitrailleuses.

Enseignements à tirer de Temploi de la mitrailleuse Gattling.-L'emploi de lamitrailleuse Gattling


démontre à nouveau les propriétés essentiellement défensives des mitrailleuses et l'effet moral qu'elles
peuvent produire sur les troupes exposées à leur feu, surtout lorsque ces troupes n'ont, comme c'était
le cas au Pérou et en Egypte, qu'un semblant d'organisation militaire. La mitrailleuse Gattling n'était un
progrès sur celles que l'on avait vues en 1870 que par sa plus grande rapidité de tir. Elle tirait la
cartouche d'infanterie.

Capitaine MAIRETET.

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