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responsabilités aux charges d’un commandant de groupe d’armées en temps de
guerre.
Sa stratégie consista à donner aux unités les moyens de lutter contre les maquis et à
soutenir la lutte contre le terrorisme. Il adapta son armée à la guerre subversive et
réorganisa le service de renseignement, pour détruire l’infrastructure clandestine du
FLN, l’organisation politico-administrative (OPA). Il fut poussé par le gouvernement et
surtout par le ministre résidant, Lacoste, qui comptait sur l’Armée pour réussir les
réformes politiques en Algérie.
Un autre objectif majeur fut la construction de barrages aux deux frontières
territoriales, pour empêcher l’entrée dans le pays des convois terrestres d’armées de
combattants instruits en Tunisie ou au Maroc. Salan fut assez persuasif pour obtenir
des ministres les crédits nécessaires et le soutien moral indispensable. Les résultats
en furent indéniablement positifs.
Il intégra dans sa stratégie la défense du Sud algérien contre l’Armée de libération
marocaine à l’ouest et l’ALN à l’est. Protéger les prospecteurs pétroliers et les chantiers
d’extraction s’ajouta à toutes ses responsabilités. Il dut faire établir des plans de
défense du pipeline et du chemin de fer amenant les hydrocarbures à la mer. Il fournit
même les moyens de protéger la Mauritanie et l’Afrique occidentale espagnole.
La nature même de son commandement l’amena à exercer des responsabilités
politiques, dont le destin de la France allait être marqué. En détruisant des camps de
l’ALN en territoire tunisien, en faisant bombarder un centre de regroupement de
fellagah à Sakiet, il cristallisa une crise franco-tunisienne, latente depuis des mois.
En mai 1958, en assumant les pleins pouvoirs civils et militaires que lui remettait le
gouvernement, il fut l’artisan principal du retour au pouvoir du général De Gaulle, vu
Jacques VALETTE
comme le garant de cette stratégie réaliste.
Jacques Valette est agrégé de l’Université, docteur ès-Lettres et professeur honoraire des Universités. Spécialiste
de l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, il est l’auteur de La guerre d’Algérie des Messalistes
(L’Harmattan, 2001), de Le 13 mai du général Salan (L’Esprit du livre éditions, 2008) et de nombreux articles
sur le contre-maquis pendant la guerre d’Algérie (Guerres mondiales et conflits contemporains, PUF).
Prix 18 €
ISBN : 978-2-915960-38-9
www.espritdulivre-editions.com
Collection Histoire
9 782915 960389
& Mémoires combattantes
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LA GUERRE D’ALGÉRIE
DU GÉNÉRAL SALAN
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JACQUES VALETTE
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LA GUERRE D’ALGÉRIE
DU GÉNÉRAL SALAN
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INTRODUCTION
priorité était d’en finir avec cette guerre qui l’empêchait de tenir le rôle
international dont il avait l’ambition.
Cette étude, établie à partir des archives du général Salan, montre com-
ment la complexité du problème militaire s’imposa, comment il répondit
aux exigences sans cesse nouvelles de cette guerre, et, à la fin, comment il
ne fut pas suivi sur le problème des effectifs nécessaires.
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CHAPITRE I
LA CONCEPTION DE LA GUERRE
autorité responsable dispose de tous les moyens légaux pour mener une action de
bout en bout… et que les exécutants n’aient plus à redouter d’entraves dans
l’exercice de la manœuvre. » 2
En juillet 1956, le remplaçant du général Cherrière, le général Lorillot,
avait reçu des instructions du chef du gouvernement, Bourgès-Maunoury,
et du ministre de la Guerre, le général Koenig. On y reconnaissait qu’en
Algérie, « des divisions entières ne peuvent arriver à bout de quelques centaines
de rebelles ». La force diffuse en était cette pression exercée par l’OPA sur
les musulmans : interdiction de fumer, de travailler pour un Français, de
faire de la musique dans les cafés maures. Rien n’était opposé à cette « action
de commando » des « rebelles », commettant sabotages, destruction de
récoltes et embuscades. Aussi, sous la formule de « conduite à tenir », le
gouvernement autorisait de nouvelles méthodes :
• Il annonçait des moyens pour donner rapidité et efficacité aux unités :
envoi d’hélicoptères, bombardement des bandes, allégement des paque-
tages individuels.
• Il autorisait des formes de combat brutales : « Tout rebelle faisant usage
d’une arme ou portant une arme à la main, en état d’accomplir une exaction »
serait abattu sur le champ… « les ravitailleurs, complices et tous autres mem-
bres des bandes, qui auraient échappé aux tirs et seraient capturés, sont à remet-
tre à l’autorité administrative qui fixera leur sort. » On précisait même que
« le feu doit être ouvert sur tout suspect qui tente de s’enfuir », ce qui allait se
traduire par des excès connus.
• Détruire l’infrastructure politico-administrative devenait une cible,
pour développer la lutte « contre l’action des meneurs sur les masses ».
La prééminence du pouvoir civil était maintenue. Il indiquait « le but
et la conception générale », mais la police gardait son autonomie. Ce texte
donnait carte blanche à l’Armée : « La mission du commandement est de
rechercher le succès sur les bandes rebelles par tous les moyens » et, on y insis-
tait, par « les mêmes méthodes que les rebelles. » 3
Le général Lorillot ne put tirer tous les effets de ce document. Peu de
commandants d’unités avaient la capacité d’organiser des « détachements
12
novembre ». Comme Salan plus tard, il insiste sur la pauvreté de ses moyens
humains pour « lutter contre le terrorisme urbain », pour « déjouer les embus-
cades », pour surveiller les frontières. Comme « réserve générale » il ne dis-
pose que d’une unité de parachutistes 5.
En novembre, à moins d’un mois de son départ, il touche l’inanité de
ces instructions venues de Paris au cours d’une réunion de commande-
ment. Tous les officiers présents notent l’absence de contacts entre les admi-
nistrateurs civils et les chefs militaires locaux. Le colonel Le Pulloch, qui
commande un secteur, en signalant l’arrestation de quelques chefs de cel-
lule politique – entendons l’OPA –, de collecteurs de fonds et de propagan-
distes, avoue sa paralysie : protéger les points sensibles immobilise cinq
bataillons sur les quinze qui ont été levés avec les disponibles rappelés.
Quant à recenser la population, « mechta par mechta, tente par tente », c’est
une œuvre impensable 6.
Dans ses Mémoires, le général Salan note que, sous la pression du minis-
tre Max Lejeune, venu le trouver à Alger, il dut s’occuper, en priorité, du
problème des frontières. Elles étaient traversées par le ravitaillement en
armes des maquis à partir de la Tunisie et du Maroc. Il s’y rendit en inspec-
tion avec le ministre : dans les semaines qui suivirent, cette question
domina sa stratégie, du côté marocain. En février 1957, il envoie une
« unité d’intervention » dans la division d’Oran. Il rédige un ordre d’opéra-
tion dans le Djebel Amour, dans le Sud-Ouest de l’Algérie, pour y liqui-
der « un début de maquis », qui risquait de devenir « un nouvel Aurès ». Cela
demande plusieurs bataillons d’infanterie et des moyens aériens 7.
Comme ses prédécesseurs, il insiste sur le manque d’effectifs. En avril
puis en mai 1957, il prévient Max Lejeune : l’échec du terrorisme à Alger
est une victoire qui ne doit pas cacher que « l’adversaire n’est pas détruit tota-
lement », qu’il est capable d’une « action généralisée et de longue haleine ». Il
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faut envisager une « élimination progressive des forces organisées des rebelles ».
Le « potentiel militaire » doit être préservé en renonçant à réduire le service
militaire qui allait être ramené à dix-huit mois. C’est précisément ce temps
qui est nécessaire pour former, avec les appelés, des « troupes entraînées et
aguerries ». Toute autre décision gouvernementale, accélérant le « rythme des
libérations », causerait « une diminution sensible de la valeur qualitative des
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effectifs » 8.
À la fin de juin 1957, il signe une « directive générale ». Il y reprend les
analyses précédentes : barrages aux frontières, renforcement des unités opé-
rationnelles, multiplication des troupes mobiles « organiquement constituées
et entraînées de façon permanente », impossibilité de fixer une échéance à
cette guerre. Deux éléments sont particulièrement dégagés :
• L’action psychologique est, nettement, définie comme une arme « au
bénéfice du rétablissement réel de l’ordre ».
• Il annonce que la constitution d’une « force d’intervention », les réserves
générales, est « à la base de mes préoccupations ». Il demande « une compa-
gnie d’intervention dans chaque secteur ou sous-secteur » et des « groupements
d’intervention dans chaque secteur ». Il attend des renforts du Maroc et de
Tunisie. Surtout, il va disposer d’une « réserve permanente » avec la 11e divi-
sions d’infanterie (11e DI) repliée de Tunisie, et avec deux divisions de
parachutistes (DP), la 10e et la 25e DP.
Il ne doutait pas d’obtenir l’accord du ministre, car « toutes ces mesures
sont déjà en œuvre depuis sa prise de commandement » 9.
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Le général Salan veut sortir les unités de l’attitude défensive imposée par
le quadrillage, pour défendre les agglomérations et les fermes isolées. Il lui
faut des unités d’intervention, pour agir dans un cadre difficile et monta-
gneux : vallée de la Soummam en Kabylie, Monts du Hodna, région de
Sétif, axe de l’évacuation des hydrocarbures en zone saharienne. Or, il ne
dispose que de trois divisions pour cela. Dans la partie orientale du pays,
il ne peut encore dégager que deux groupements d’intervention, soit qua-
tre bataillons, et dans le Corps d’armée d’Oran un groupement à un
bataillon soutenu par un régiment de blindés 11.
Il décide d’y remédier en imposant une conception du combat moins
lourde que celle « d’un certain nombre de combats récents ». Il met fin aux
« unités de marche », unités hétérogènes n’ayant pas l’habitude de combat-
tre ensemble sous les ordres d’un chef connu. Tout doit rendre plus de
mobilité aux unités engagées :
• il est gagné à l’emploi d’hélicoptères, mettant rapidement en place les
unités, déversant « des troupes au cœur du dispositif rebelle », pendant que « les
éléments de bouclage gagnent à pied leurs emplacements de combat » ;
• il conseille l’activité nocturne, pour la « destruction des bandes », la
« démolition de l’infrastructure politico-administrative », et cela par des
embuscades systématiques. Il parle de concentrer les moyens « sur une aire
d’action de dimensions réduites », en tendant « des rideaux successifs d’embus-
cades sur un axe de déploiement connu des rebelles ou supposé ».
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Il demande que l’on soit prêt à engager le combat « à chaque instant, dès
que le lieu de stationnement ou de bivouac est quitté », à rendre sûrs les dépla-
cements par des « appuis feu », de bonnes transmissions, des « contacts radio
sans ambiguïté » avec les unités voisines 12.
LA RELANCE MILITAIRE
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« Rien ne peut donc, dans les jours à venir, nous faire perdre l’initiative des
opérations… Je compte accentuer fortement la pression et développer la reprise
en mains des populations dans quelques semaines », assurait-il en mars. Il
explique au ministre qu’il prépare « une véritable offensive générale en sur-
face, partout, par la création d’un climat favorable et l’octroi à mes subordon-
nés de moyens adaptés à leur mission ». En juillet 1957, il aura amélioré la
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Salan demande que l’on combine « l’action de l’aviation, des unités légères
motorisées et les hélicoptères ». André Morice ne peut rien promettre. Le gou-
vernement hésite encore à trancher, du côté tunisien, il attend de connaître
la réaction du gouvernement de Bourguiba. Il sait qu’il faut, en renforçant
le dispositif, fermer complètement cette frontière, au plus tard le 30 septem-
bre « comme prévu ». Il s’engage à fournir des radars au sol, capables de déce-
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ler les passages la nuit : « Je vais voir à Paris ce que je peux mettre à votre
disposition, ce que vous apportera le concours de la science moderne. »
Mais le ministre repousse toute demande de maintien de la classe libé-
rable, par ces mots : « Nous ne sommes pas d’accord. » Il retourne même la
question contre Salan : « Est-ce que notre affaire est un problème d’effectifs ?
Je crois que c’est un problème d’efficacité, dans lequel les effectifs représentent un
facteur. Nous voulons vous donner les moyens maximums… à vous de définir
quels sont ces moyens. À vous de tirer le maximum de vos effectifs. » Il lui sug-
gère de faire une mobilisation partielle locale : « La population n’est pas étroi-
tement mêlée à la lutte en Algérie. » Quant aux appelés, « nous ne pouvons vous
donner l’assurance du service à trente mois ».
On découvre ainsi la contradiction interne à cette guerre. Le ministre
exclut tout dégagement, comme le fera le gouvernement jusqu’en 1962 :
« Un gouvernement qui abandonnerait l’Algérie serait balayé par l’opinion
publique française. » Mais il refuse le supplément que Salan demande aux
deux cent cinquante-deux mille hommes déjà engagés, « pour mettre der-
rière les obstacles de la frontière » 17.
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Les pressions sur Salan ne cessent pas. En juin, André Morice lui rappelle
qu’il doit être guidé par la « volonté de reprendre l’initiative dans tous les
domaines », pour faire taire « la critique de n’obtenir que peu de résultats ». Le
pays « ne peut comprendre une sorte d’installation locale dans la situation
actuelle ». Le « but de la guerre est la destruction du système de forces adverses,
qui permettra d’édifier la communauté franco-musulmane, que nous voulons
bâtir ». Il conclut ainsi : « À la détermination du gouvernement doit correspon-
dre un changement de style dans l’exécution… De la fermeté de l’action mili-
taire dépend la générosité de la solution politique. » 20 Quelques jours plus
tard, Lacoste y revient : « Il appartient au commandement militaire de mener
par les moyens qui sont les siens cette mission de destruction. » Il conseille de sup-
pléer le manque d’effectifs en augmentant l’enrôlement des musulmans 21.
Au début d’août 1957, André Morice, à l’issue d’une inspection dans
le Constantinois, se montre sévère.
• Il reproche à Salan d’avoir mal posé le problème des effectifs. Il vient
de voir des « rassemblements d’individus » en guise d’unités constituées. Ces
unités faites « de bric et de broc » sont incapables d’exploiter le renseigne-
ment, elles sont « prises par les tâches quotidiennes », l’instruction y est
médiocre. Quelques chefs manquent « d’énergie et de caractère », par « paresse
intellectuelle » hésitent encore sur leur priorité, « rallier la population musul-
mane sans pourchasser et détruire l’appareil militaire adverse », ce qui est « ras-
sembler du sable au bord d’un torrent ».
• Le manque d’esprit offensif l’a scandalisé. Un chef de secteur « accepte
la présence d’un grand chef rebelle » et ne cherche pas « à le détruire », il juge
comme transit normal « le passage de bandes ». Les unités fragmentées par
leur implantation sont « de véritables contacts avec la population musul-
mane ». Les renseignements sont mal exploités : « Le 2e bureau a des possi-
bilités d’action énormes, il évalue à échéance donnée la forme et la densité de
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Le général Salan, aux prises avec les réalités, ne restait pas inactif. Il
imposait à ses subordonnés de « porter le rythme de leur action opérationnelle
au maximum » 24. Il revenait sans cesse sur les effets de sa conception de la
guerre 25 :
« Vous vous attacherez à décapiter la rébellion à l’intérieur et spécialement
dans les villes, en mettant hors d’état de nuire chefs, commissaires politiques et
responsables d’autorité. […].
Il importe, en effet, au moment où les barrages frontières atteignent leur
plein rendement, que nous fassions le vide à l’intérieur. Isolée de l’aide exté-
rieure dont les préparatifs se précisent, décapitée dans son infrastructure, la
rébellion verra son emprise sur les populations lui échapper. L’œuvre construc-
tive de longue haleine dont nous devons, dans le même temps, continuer de
jeter les bases, et dont les étapes sont tracées, pourra alors trouver son plein épa-
nouissement. »
L’Armée était efficace. Du 2 au 23 septembre 1957, Salan avait ordonné
douze opérations intéressant toutes les régions. Il avait mis en mouvement
quinze « groupements d’intervention », soit « vingt-sept bataillons, vingt-trois
escadrons, dix-huit groupes d’artillerie, de l’aviation ». Le bilan était honora-
ble : le FLN avait perdu deux cent quarante-quatre tués, du matériel (deux
mortiers, trois cent quarante-quatre fusils de guerre, deux cent quatre-
vingt-cinq pistolets, deux mitrailleuses, quatorze fusils-mitrailleurs, du ravi-
taillement). Dans une dizaine de villes, l’infrastructure avait été démantelée,
l’exemple le plus frappant ayant été la capture de Yacef Saadi à Alger. Salan
pouvait, justement, écrire que « dans tous les domaines », il avait maintenu
la pression 26.
Pourtant la victoire semblait encore lointaine, car trop de freins ralen-
tissaient cette action.
20
NOTES
1 Général de Linarès, 9 février 1956.
2 Général de Linarès, Inspection au Maroc, 23 février 1956.
3 Bourgès-Maunoury et Koenig, Instruction 1er juillet 1956. Ils reprennent les termes
4 Général Lorillot au secrétaire d’État aux Forces armées « Terre », 21 octobre 1956.
7 Salan, Mémoires, T III, p. 63, Presses de la Cité, 1979. Pour le général commandant
la division militaire d’Oran, 17 février 1957. Salan, « Note pour la conduite des opé-
rations d’assainissement dans le Djebel Amour », 19 février 1957.
8 Salan au ministre, 11 mai 1957.
9 Salan, Directive générale, 26 juin 1957. Il attend l’approbation qui est donnée le
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CHAPITRE II
LE PROBLÈME DES EFFECTIFS
LES PROBLÈMES
À la fin de 1956, l’ordre n’était pas rétabli, malgré quelques succès réels.
Les rapports d’inspection du général de Linarès sont instructifs.
En février 1955, il visite deux régions montagneuses, la Kabylie et
l’Aurès, où les premiers maquis étaient apparus. Il découvre des unités
gênées par leur manque d’encadrement. À l’inverse, il note « l’adapta-
tion naturelle des unités nord-africaines », et le rôle de tout « officier ayant
une teinture des affaires indigènes plus ou moins poussée ». Il juge valables
les « tirailleurs, les goums, les supplétifs », qu’il met au même niveau que
les « formations spéciales issues du Service action » ou les « commandos de
guérilla et de contre-guérilla ». Mais jamais les unités « en provenance de
la métropole » n’atteindraient « le niveau d’efficacité des bataillons nord-
africains ». Quand aux unités de parachutistes, elles fournissent « la
meilleure et la plus sûre des réserves du gouvernement », disponible immé-
diatement.
Il relève le malaise des cadres. Tous s’inquiètent pour leur famille,
quittée « dans des conditions de précipitation », ou à peine revenus d’In-
la nécessité ;
• Officiers et sous-officiers ont l’expérience de l’Indochine. Ils savent combien
vaines sont les seules opérations militaires, si elles ne sont pas préparées en vue
d’un rétablissement de l’ordre administratif et social, d’où l’impression d’efforts
inutiles et la gratuité des appels à la confiance dans les hautes instances respon-
sables. »
24
Cela peut mener des désastres militaires. […] Quant au bataillon de parachu-
tistes de Marrakech il manque d’avions sur place ».
Sa conclusion est sévère : « L’impossibilité pour l’Armée de remplir sa mis-
sion de chasse aux rebelles et de participer utilement au rétablissement de la
confiance. Elle n’a pas les moyens de surclasser un adversaire plus léger, plus
rapide et agissant dans des terrains difficiles, qu’il connaît parfaitement. » Les
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dans tous les coins, nous ne pourrons plus faire d’opérations aussi importantes
qu’il y a deux mois ». Le sous-préfet de Marnia, pour protéger les trains, ne
disposera plus que de quatre hommes, après la démobilisation des autres
dans deux mois. Un général se plaint d’avoir à contrôler soixante mille kilo-
mètres carrés avec une dizaine de bataillons. Le général Pedron doit défen-
dre toute l’Oranie avec une seule division mobile.
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Personnel instruit 13
1er septembre 1957 372 000
1er octobre 1957 399 000 (+ 28 200)
1er novembre 1957 384 000 (+ 1 900)
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Dès janvier 1957, Ely avait proposé de ramener en Algérie les unités que
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dans diverses spécialités et dans tous les emplois, sans autre considération que
leur aptitude et leur manière de servir.
Les mesures de sécurité systématiques et discriminatoires concernant l’arme-
ment sont rapportées. Désormais les prescriptions réglementaires concernant le
choix des tireurs (aptitude physique) et les instructions relatives aux précau-
tions contre les vols et pertes d’armes seront seules appliquées uniformément à
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tout le personnel. […] tout le personnel sera traité sur un pied de scrupuleuse
égalité… la confiance sans arrière-pensée ne viendra que progressivement… »
En octobre 1958, le général Salan demande un large emploi des enga-
gés musulmans, pour des raisons pratiques et pour mieux les compromet-
tre 24 :
« L’évolution favorable du climat politique permet, à l’heure actuelle, d’ac-
cepter des risques supplémentaires en confiant aux harkas des actions relative-
ment indépendantes… (pour) permettre un allégement des tâches incombant
aux unités régulières, en même temps que la valorisation des harkas cantonnées
jusqu’alors dans des rôles subalternes susceptibles d’émousser à la longue leur
combativité. »
Il souhaite leur confier « des missions fixées aux unités de contre-guérilla »,
sous forme « d’actions indépendantes contre les bandes ».
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Aussi, les résultats obtenus sont faibles, « avec deux ou trois compagnies
supplémentaires, on aurait pu détruire entièrement les bandes rebelles ». En six
mois, les « rebelles » n’ont perdu que quatre-vingt-dix-huit tués, vingt-sept
prisonniers et cent soixante-dix « suspects notoires arrêtés ».
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NOTES
1 Général de Linarès, Rapport, 5 mars 1955.
2 Général de Linarès, Inspection, juin 1957.
3 Général de Linarès, Inspection, mars 1956.
4 Général Challe, Directive, 20 août 1956. Il envoie le décret sur les pouvoirs du com-
6 Général Lorillot au secrétaire d’État aux Forces armées « Terre », 16 juillet 1956 ;
15 août 1957.
18 Salan, 30 mars 1957.
15 août 1957.
22 Salan au ministre des Armées, 7 octobre 1958.
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36 Salan, « Conséquence des hypothèses sur l’effectif budgétaire », 1er août 1958.
37 Salan, « Conséquence des hypothèses sur l’effectif budgétaire », 1er août 1958.
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CHAPITRE III
LES RÉALITÉS DE LA GUERRE
LA SITUATION
petit nombre, ils viennent des localités environnantes, ils décrochent dès les
premiers coups de feu ».
Les chefs militaires avaient le tort de grossir les effectifs des bandes peu
importantes, « par une espèce d’intoxication », au point d’envoyer une com-
pagnie opérer contre cinquante rebelles, pour n’en dénicher finalement que
dix ! Tous s’accordent sur le danger des « cellules », de l’infrastructure, qui
« prolifèrent après le départ des bandes », à qui elles fournissent des relais et
des guides. C’est le cas à Marnia, où une OPA soutient une dizaine de
bandes, malgré les coups portés : de mai à novembre 1956, quatre mille
personnes ont été « mises hors d’état de nuire » (?), alors qu’à Tlemcen vingt
cellules ont été démantelées, et une cinquantaine d’autres dans la région de
Mascara. Il se produit encore un attentat par jour.
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vent « les pistes des hauts plateaux ». Par la même voie sont amenées des
mines, dont les dégâts sont considérables.
absente trois semaines, une bande en a profité pour essayer des méthodes
nouvelles : un accrochage extrêmement « violent » à Cassaigne a été mené
par « des éléments extrêmement combatifs ». Autour de Mascara, « en tous les
points les rebelles ont passé ou passent, ne stationnent pas longtemps, mais ils ont
semé la terreur partout, dans la population musulmane, et l’insécurité dans la
population européenne ». En un raid sur Palikao, ils ont tué six personnes et
incendié quinze fermes. Bref, reconnaît un sous-préfet, « aucun endroit n’est
à l’abri d’une action rebelle décidée ».
L’objectif de ces actions semble évident. En paralysant l’activité écono-
mique, le FLN veut vider les campagnes des Européens. Certes, il semble
conseiller aux paysans musulmans de payer l’impôt, de faire la moisson et
de vendanger, même de demander des semences pour la prochaine cam-
pagne. Mais il paralyse toute évolution politique. « Il serait illusoire, dit un
sous-préfet, de s’imaginer que dans la situation actuelle, nous puissions mettre
en avant soit des individus, soit des conseils, comme une instruction dernière
nous l’avait demandé. » Construire une organisation administrative nou-
velle, capable « de faire face à l’organisation mise en place par les rebelles aux
Maroc » demandera de « longs mois ». Il est donc facile d’expliquer « l’inef-
ficacité des efforts de pacification ». La lecture du compte rendu révèle que
chacun tenait prêt un exemple concret.
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là-bas sans escorte militaire. » Les institutions locales ont fait naufrage : trois
conseillers généraux ont démissionné, ainsi que quatre présidents de dje-
maa. Il est « impossible de trouver des hommes honnêtes » pour renouer « le
contact avec la population ». Les gens n’osent plus manifester leur fidélité,
ils s’interrogent sur « la politique que le gouvernement français instaure dans
ce pays ». Les anciens élus pensent n’avoir « aucun intérêt à continuer notre
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crit d’accélérer le rythme des opérations, d’obtenir des résultats dans les
« délais aussi brefs que possibles ». Il savait que le gouvernement ne pourrait
soutenir longtemps son effort militaire 4.
Ainsi, le combat doit être conçu sur un double plan : celui d’une action
psychologique pour gagner les gens et les rendre imperméables à l’OPA du
FLN, et celui d’une action opérationnelle originale, à laquelle les unités,
conçues pour une guerre en Europe, n’étaient pas préparées 6.
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Il n’a refusé aucune des missions : isolement par les barrages frontaliers,
destruction de bandes en Algérie même, protection « des personnes et des
biens » pour aider « le développement de l’économie algérienne », « évacuation
du pétrole du Sahara », action « pour faciliter l’application rapide des réformes
prévues ». Il avait dû établir des « priorités qui échappent à l’appréciation d’in-
formations partielles », flèche visant la presse.
43
une vue d’ensemble des problèmes à son niveau et que son souci est de consti-
tuer des réserves pour la bataille des frontières et la lutte contre les bandes.
Mais la vérité est que, dans la lutte menée en Algérie, les véritables difficul-
tés dépassent de beaucoup le cadre du commandement militaire et les questions
de personnes. Il s’agit d’une guerre totale, où les problèmes militaires et les pro-
blèmes civils, administratifs, économiques et sociaux sont étroitement liés.
Une telle guerre exige une unité d’action qu’il est toujours difficile de réa-
liser mais c’est cependant par ce jeu simultané et constamment harmonisé des
hiérarchies civiles et militaires en Afrique du Nord que le succès peut être
atteint. »
Il reproche alors au gouvernement son ignorance affectée de certaines
réalités du contexte, « beaucoup de facteurs de cette lutte sont extérieurs à l’Al-
gérie », comme « le fléchissement de la presse » et « les fluctuations de l’opinion
internationale ». Il « s’agit de faire la guerre sur le front intérieur et sur celui
des Nations unies comme celui de l’Algérie ». Il termine ainsi :
« En outre, s’il est évident qu’il faut aller aussi loin que possible dans l’amé-
lioration et le rendement de la force militaire d’Algérie, il convient que le minis-
tre de la Défense nationale et le haut commandement s’attaquent aux slogans
par trop faciles tels que ceux-ci : “une armée qui ne s’adapte pas”. De telles for-
mules sont injustes et d’autant plus inexactes que l’Armée, sur laquelle pèsent
des charges si vastes et si nouvelles, fait un effort immense. »
En concluant sur « la profonde amertume » de l’Armée, il suggère d’at-
tendre la fin de l’année 1958 pour rappeler Salan, qui aura alors accompli
ses deux ans de commandement.
44
En janvier 1957, Salan reçoit les rapports sur le moral, établis par les
chefs de corps. Tous affirment qu’il est bon, mais non sans réserves.
La situation matérielle des cadres est mauvaise, car les soldes et indem-
nités sont jugées insuffisantes pour couvrir les besoins d’une famille restée
en France et d’un militaire de carrière en Algérie. On s’insurge « contre le
caractère bizarre des indemnités à caractère exceptionnel » couvrant la sépara-
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46
qu’elle attaque. Tous les moyens sont bons pour arriver au but visé, le tueur est
un rouage essentiel du système » 20. Il ne fait que poursuivre une « guerre
révolutionnaire imposée par les rebelles » 21.
Une semaine avant le 13 mai 1958, alors qu’aucun gouvernement n’a
encore remplacé celui de Félix Gaillard, démissionnaire, Lacoste alerte Paris
sur les effets de cette carence dans le milieu militaire 22 : « Je tiens enfin à
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Nombre de lecteurs
Directive du ministre résidant 12 % des cadres
Déclaration d’intention de G. Mollet,
le 9 octobre 1956 6 % des cadres
Le guide de la pacification 7 % des cadres
L’instruction TTA 123 15 % des cadres
47
bre 1957, il reçoit une lettre du bâtonnier des avocats de Paris, attaquant
un officier supérieur. En s’interrogeant sur « les intentions » de son auteur,
il juge « désagréable » qu’il évoque « l’existence d’une sorte d’état d’indisci-
pline de l’Armée à l’égard du gouvernement » 26. En décembre 1957, il
approuve le général commandant le Corps d’armée d’Alger, de « s’élever
contre la campagne menée en France en faveur de Djemila Bouhired. Cette
campagne de presse dont l’Armée fait systématiquement l’objet suggère une réac-
tion vigoureuse sous peine d’exposer gravement le moral de nos soldats » 27.
48
NOTES
1 D’après un rapport cité par Philippe Bourdrel, Le livre noir de la guerre d’Algérie,
Plon, 2003, p. 288.
2 Compte rendu du Comité de coordination, Oran, 5 novembre 1956.
4 Lacoste à Salan, 18 novembre 1956, cité dans une lettre de Salan au secrétaire d’État
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20 Ibid.
22 Ministre résidant au président Gaillard, 6 mai 1958. Il venait d’apprendre que la mis-
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CHAPITRE IV
LE RENSEIGNEMENT,
ARME PRIORITAIRE
Le général Salan eut à arrêter les premières mesures pour mettre en place
ce service. En juin 1957 il en rendait compte au ministre de la Défense
nationale 2.
Le RAP a été créé par décision ministérielle du 11 mars 1957, à titre
expérimental. Des difficultés d’emploi sont vite apparues, car il était diffi-
cile d’envoyer en Algérie des officiers et des sous-officiers soumis à des règles
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budgétaires, difficiles à tourner. Le RAP n’avait pas été institué que dans
l’armée de terre et rien n’avait été prévu pour sa protection. Les lois et règle-
ments du temps de paix étaient en vigueur en Algérie, ils gênaient l’action
de ses agents.
52
dispositif de protection des récoltes, l’action des DOP faisant que les fel-
laghas trouvaient moins d’audience.
Mais la guerre restait vive dans l’Atlas saharien. À Laghouat, un atten-
tat spectaculaire avait visé la centrale électrique. Plus au sud, les grandes
chaleurs n’avaient pas empêché d’intercepter des convois et d’anéantir de
petits groupes hostiles.
53
LA RÉORGANISATION DU RENSEIGNEMENT
54
55
seconde. Ces sections, pour éviter les fuites, n’avaient pas de contact avec
les 2e bureaux militaires, au contraire des DOP 10.
cace pour l’interception des convois d’armes venant de Tunisie. Salan crai-
gnait de mettre un échelon intermédiaire entre le 2e bureau et son
état-major 11, aussi écartait-il toutes les demandes de renforcement en per-
sonnel du colonel Simonneau 12. En avril 1957, il transforma les postes de
la section « P » en antennes du DOP, installées dans les corps d’armée ter-
ritoriaux et dans les territoires du Sud. Le système fonctionna très mal.
Dans les zones opérationnelles, la transmission des renseignements fut tou-
jours irrégulière et plus ou moins rapide 13.
BILAN EN 1958
56
57
58
NOTES
1 Plan d’action, ns, sd.
2 Salan au ministre de la Défense nationale, « Rapport sur l’organisation et le fonction-
nement du RAP », 4 juin 1957.
3 Commandant supérieur interarmées, « Fiche sur la situation actuelle et prévision
sur les appréciations du colonel chef du CRO dans son Bulletin de renseignements
n° 370 ; CRO/Cab, 30 juillet 1957.
5 Salan au ministre de l’Algérie, 1er août 1958.
1957.
9 Commandement supérieur interarmées, « Fiche pour M. le général d’armée, com-
13 Ibid.
21 août 1958.
15 Ibid.
17 Ibid.
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CHAPITRE V
UNE ARME NOUVELLE :
LA GUERRE PSYCHOLOGIQUE
Comment obtenir que les hommes ne suivent plus ces agents de l’ad-
versaire, qu’ils refusent leur cotisation au collecteur, leur ravitaillement à la
bande en transit, un hébergement aux fellaghas ?
62
ils reçoivent « les directives du ministère ». Ils sont aussi rattachés « au Bureau
d’action psychologique de la Xe RM », leurs instructions viennent du général
Salan. Ils pourront même « recevoir des missions particulières des autorités
civiles et militaires », pour développer l’action psychologique.
Il autorise la mise en condition de la troupe, par des films sur les réali-
sations françaises, par des « causeries », par le journal Le Bled destiné aux
militaires. Il faut leur « faire comprendre le sens de l’entreprise de pacifica-
tion », chacun fournissant « outre l’action militaire une action psychologique »,
et cela « par des contacts humains ».
Il interdit les « maladresses inutiles », les « réflexes de représailles » dressant
« l’opinion internationale et les grandes puissances », les réponses aux provo-
cations. Sont à éviter « les blessures d’amour-propre », les « marques de mépris,
brutalités inutiles, termes offensants, l’irrespect des coutumes locales ».
Il reprend même l’idée du rôle majeur de l’Armée, supérieur à celui des
autorités civiles en Algérie. Elle est « un des éléments de contact les plus favo-
rables entre le gouvernement et la population », elle « est là pour les protéger,
combattre l’isolement des deux communautés, saisir toutes les occasions de la vie
63
64
LES RÉSULTATS
65
En septembre 1957, Salan insiste pour que soient employés des musul-
mans « ayant subi des stages d’action psychologique ». Ils ont suivi des stages dont
l’objectif était de « constituer des responsables politico-militaires de leur douar ou
de leur fraction de douar », et de « monter une infrastructure politico-militaire de
type ALN, clandestine ou non ». Il en attendait un progrès de la pacification. Un
« noyau armé » suffirait « pour assurer la protection de cette infrastructure et par-
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Cela coûtait cher. Au 1er janvier 1957, cent milliards de francs avaient
déjà été engagés pour le matériel. La formation des agents était coûteuse :
cadres politiques et militaires au centre d’Arzew de l’Armée, cadres politico-
sportifs à Issoire. Il fallait aussi soutenir des « équipes médico-sociales », des
« équipes psychologiques des centres d’hébergement », le « centre de formation
professionnelle de la jeunesse » 10.
67
68
NOTES
1 Cité par Philippe Boudrel, Le livre noir de la guerre d’Algérie, Plon, 2003, p. 53.
2 Salan, Directive n° 6 au sujet de l’action des Forces de maintien de l’ordre en Algé-
rie, 5 mars 1957.
3 Salan, Note pour le général commandant la Division militaire d’Alger, 8 mars 1957.
8 Salan, Directive au sujet de l’emploi des Français musulmans ayant subi le stage d’ac-
11 Salan, Fiche au sujet des rebelles faits prisonniers les armes à la main, 12 décembre
1957.
12 Salan au général commandant le Corps d’Armée d’Alger, 7 décembre 1957.
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CHAPITRE VI
JUSTICE, EXACTIONS
ET MORAL DE L’ARMÉE
LE PROBLÈME DE LA JUSTICE
Les attentats ne cessent pas et Salan estime que l’Armée doit mener son
action psychologique du côté des Européens qui souffrent 4.
« J’ai estimé que l’Armée devait manifester avec force qu’elle se tenait près
de tous nos compatriotes pour apporter son soutien moral, rassurer et surtout
faire effort par tous les moyens pour éliminer les terroristes. »
Les rares communistes encore à Alger n’étaient pas mêlés à ces attentats.
Seul l’un d’eux, un médecin, avait fourni de la nitroglycérine, trompé par
l’assurance que cet explosif ne servirait pas à de telles actions en ville. Mais
72
Cette mesure fut rejetée par le procureur général d’Alger, qui n’hésita
pas à ouvrir un conflit, en faisant pression sur le personnel de la police
judiciaire. Son devoir est de contrôler les arrestations, or les procès-ver-
baux qu’il reçoit montrent l’irrégularité formelle de ces actions : les
enquêtes sont longues et anciennes, effectuées « en des lieux contrôlés par
l’autorité militaire où les dites personnes sont retenues ». Il ne reçoit jamais
les dénonciations de crimes et délits enregistrées par la police, il dénonce
les « arrestations illégales et arbitraires », ce qui frappe de nullité les actes
dressés. Bref il exige de connaître les « crimes et délits signalés par l’auto-
rité militaire, l’identité des auteurs, le lieu et la cause de la détention de ce
dernier » 6.
73
74
Ce problème général a été évoqué très tôt, dans des articles publiés géné-
ralement par la presse de gauche à Paris. Elle n’a pas laissé indifférent le
général Salan. Dans chaque cas, il ordonne une enquête.
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dans le dos des militaires chargés de les protéger. Les autres s’emparent des armes
de nos tués et de nos blessés et tous rejoignirent les rangs des rebelles… Ils ont
été abattus au cours du combat et de la poursuite qui a suivi après l’arrivée des
renforts vers 10 heures le 24 novembre. »
Les pertes avaient été de huit tués français et de quatorze tués du côté
adverse. Salan parle des « manœuvres » qui, « en dénaturant [les] faits, décon-
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Les plaintes se font plus nombreuses, faisant que Salan peut noter la
« recrudescence que j’ai constatée dans le comportement d’individualités de l’Ar-
mée à l’égard des populations musulmanes ». Des sous-officiers et des hommes
de troupe commettent de « véritables crimes sur musulmans désarmés,
hommes, enfants », des « meurtres sans motif », des « viols », des « vols de
76
sommes d’argent sur des gens qui ne sont pas suspects ». Ces crimes sont com-
mis « par des tarés, qui l’étaient avant d’être à l’Armée, et sous l’empire de la
boisson », ils sont « repris par une presse hostile à l’Armée » dont ils entachent
l’honneur. Enfin, ils « compromettent notre mission de pacification ». Il
demande des interventions, un « châtiment dans un délai extrêmement bref »,
avec « traduction directe » devant un juge militaire. Il conclut à l’intention
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Il est inutile de multiplier les exemples. Pour Salan et pour les officiers
engagés dans le combat, ces campagnes étaient une forme d’aide psycholo-
gique à l’adversaire, qui devait être châtiée. À Paris, ces campagnes étaient
79
En mars 1957, le général Salan fait enquêter sur le récit d’un journaliste,
rappelé en Algérie, Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur et directeur de
l’hebdomadaire L’Express. Il en avait ramené un texte, publié d’abord dans
son journal, puis sous forme de livre, Lieutenant en Algérie. Il y rapportait
le massacre d’ouvriers musulmans pour venger la mort d’un paisible facteur
européen, dans un village près de Palestro. La personnalité médiatique de
l’auteur avait donné un grand retentissement à cette affaire.
Sa conclusion est que cet auteur « n’a pas rendu compte directement des faits
qu’il rapporte, car il n’en a souvent pas été le témoin oculaire ». Il ne les a connus
qu’au travers de « ses fonctions de chef d’état-major du 1er bataillon de la 53e demi-
brigade ». Ainsi, il avait cité le rapport d’un chef de bataillon, rapport trouvé
dans un rapport secret du colonel Argoud dont il avait pu se procurer un
exemplaire. Cela lui avait permis de « généraliser à l’ensemble des troupes d’Al-
gérie ce qu’il a vu et connu d’un secteur très particulier, duquel opérait la demi-
brigade de fusiliers de l’air, unité spéciale tant par son origine que par la valeur de
son encadrement, essentiellement constitué de réservistes rappelés » 30.
80
remplissaient bars et cafés laissait à désirer. Il ne m’est pas apparu d’autre part,
que le poste du barrage ait une claire notion de sa mission. » 32 Le général Pâris
de la Bollardière se retrancha derrière « une organisation nouvelle du com-
mandement, ayant des répercussions importantes sur l’exercice des responsabi-
lités qui m’étaient jusqu’alors confiées ». Il n’admettait pas d’être placé sous
les ordres du général Massu, avec qui il était « en désaccord complet » sur « la
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Toutes les enquêtes suscitées par Salan confirment que ce rappel n’est
pas causé par les scrupules moraux. Le général Allard précise bien, après
l’avoir reçu, qu’il a refusé « d’être coiffé par deux généraux », Massu comman-
dant la zone Nord et Huet, adjoint opérationnel de Massu. Avant cette
restructuration, il ne dépendait directement que du général commandant
la division militaire d’Alger. Il manquait de dynamisme tactique, selon le
mot du ministre Lejeune : « Il était dommage de voir les militaires faire le
métier des civils alors qu’ils seraient mieux employés à pourchasser les bandes
rebelles dans les djebels. » Il avait monté un « bureau mixte important », de
onze officiers, pour exécuter des « missions civiles normalement dévolues à
l’autorité civile représentée par le sous-préfet » 36.
81
82
NOTES
1 Salan au ministre résidant, 10 juin 1957.
2 Salan à DEFNAT, Cabinet, 11 juin 1957.
3 Salan au ministre résidant, 12 juin 1957.
10 avril 1957.
7 Fiche : « Fonctionnement de la justice militaire en Algérie, dans le cadre des pouvoirs
17 Salan à MM. les généraux de CA (Alger, Oran, Constantine, TSTS), 27 avril 1957.
24 L’ensemble du problème a été étudié par F. Theneau, Une drôle de justice, Paris, 2004.
Projet de décret et exposé des motifs. « Étude du colonel Gardon en vue de légiti-
mer certains actes accomplis pour la cause de la pacification en Algérie », sd.
28 Gardon au ministre Défense nationale, 4 novembre 1957.
1957.
83
37 Salan au secrétaire d’État aux Forces armées, 2 avril 1957. La demi-brigade de l’air
84
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CHAPITRE VII
ARMÉE ET POLITIQUE NOUVELLE
Robert Lacoste n’avait cessé d’en expliquer les principes dans ses décla-
rations publiques. Peu de temps avant l’arrivée de Salan, dans la « réunion
de commandement » du 5 novembre 1956, il avait exposé la volonté du
gouvernement de « réaliser des réformes » dont la reforme communale serait
la clef de voûte. Il connaissait les réticences des hauts fonctionnaires et des
notables européens, affirmant « que c’est impossible, que c’est beaucoup trop
tôt ». Des élus démissionnaient même « les uns après les autres » pour blo-
quer l’application en empêchant que « personne de valable ne se découvre ».
Il voulait « ouvrir la voie à la coopération », car « si vous ne le faites pas, nous
perdrons la partie quoi qu’il arrive ». Quant aux fonctionnaires, « qui repré-
sentent la France dans le pays », ils ont le devoir de témoigner de « la volonté
86
Le général Salan n’avait aucun titre à porter un jugement sur cette poli-
tique. Au contraire, il ne cessa de l’appuyer auprès de ses subordonnés.
Lacoste a reconnu que la collaboration d’officiers au niveau local avait per-
mis la généralisation des délégations spéciales. L’Armée était la seule à
garantir la sécurité dans les régions de l’intérieur. Mais, à mesure que se
précisait le contenu de la loi-cadre, Salan, consulté, ne put que rappeler
que « l’Algérie fait partie intégrante de la France […] qu’elle participe à l’exer-
cice de la souveraineté française » 7 ; ses habitants « possèdent la nationalité
française » 8. Il fait diffuser des observations sur le projet en septembre, s’in-
87
88
Le général Salan n’hésite point. Le 13 juin 1957, dans une réunion des
principaux responsables civils et militaires, il annonça que l’ensemble du
dispositif militaire « serait en place pour le 30 juillet ». Avant l’hiver, il aurait
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Lacoste ne pouvait compter que sur l’Armée. Salan allait dégager les
conséquences pratiques de cette politique.
Il y trouve l’occasion de reprendre son projet de remettre à l’autorité
militaire les attributions de l’autorité civile. En mai 1957, il propose de
créer un « commandement civil et militaire » pour un officier supérieur, dans
la région d’Aflou. Il propose à Lacoste le colonel Monaglia qui exercerait
son commandement dans les mêmes « conditions que les colonels destinés
aux arrondissements des départements de Médéa et d’Orléansville ». La com-
pétence de Monaglia serait limitée à la commune d’Aflou, elle serait éten-
due après la réforme communale 15. Quelques jours plus tard, il fait
accepter la formule pour quatre autres arrondissements : Djidjelli (général
Sauvagnac), Bou Saada (colonel Valleti), Boghari (colonel Ruellan), Paul-
Cazelle (colonel Tabouis) 16. Salan entre même dans le détail : choix des
fonctionnaires civils indispensables, aménagement des bureaux et des loge-
ments du personnel, état-major 17.
89
prévoyait trois cent vingt personnes. Il suffirait donc de créer des groupes
intégrant tous les types d’agents nécessaires, de les prêter à des groupes de
communes, pour lancer le nouvel appareil administratif. La lutte contre l’in-
frastructure du FLN en serait renforcée, la « désintoxication » psychologique
aussi, la France obtiendrait « le maximum d’efficacité et de cohésion » 18.
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Le général Salan, pour tourner les réticences des autorités civiles, avait
besoin du soutien du général Ely. Il lui demanda de faire déclarer, par arrêté,
l’Algérie « zone des Armées », de faire décider un rappel partiel des réserves
et surtout de « généraliser l’application des délégations de pouvoirs spéciaux et
de maintien de l’ordre » aux autorités militaires. On pourrait même procla-
mer l’état de siège 19.
90
L’ÉCHEC DE LA LOI-CADRE
91
92
93
94
Ainsi, le général Salan fut amené à faire réprimer par l’Armée la mani-
festation des Européens d’Alger, annoncée pour le 18 septembre 1957.
Lacoste avait été très ferme : « Tous les moyens dont vous disposerez seront mis
en œuvre… Toute effusion de sang devra être évitée… Protection des personnes
et des biens des Français musulmans doit être assurée au maximum. » 38 Salan
était décidé : « Toutes mesures concernant agglomération algéroise ont été prises,
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NOTES
1 Réunion de commandement, Oran, 3 novembre 1956.
2 Salan, Note personnelle au sujet de la situation présente en Algérie, 31 décembre 1956.
3 Ministre résidant à Igame Algérie et président du Conseil, 11 avril 1958.
8 Une note SSDN, 16 septembre 1957, parle de « bluff à l’usage des Américains ».
10 Ibid.
11 Ibid.
20 avril 1957.
14 Ministre résidant en Algérie à M. le général commandant supérieur interarmées,
30 Sous-chef d’EM, « Opération », Xe RM, EM, Note sur les grandes lignes du projet
34 Ibid.
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CHAPITRE VIII
LE GÉNÉRAL SALAN
ET L’OFFRE FRANÇAISE
DE CESSEZ-LE-FEU
pas suivi par Lacoste. Ainsi peut être expliqué le ton de son télégramme à
ce ministre, le 26 novembre 1956 : il y parle de « reddition », qui « doit être
un acte volontaire », de « remise des armes », de « témoignages non équivoques
de sincérité » de l’adversaire. En janvier 1957, il évoque un cessez-le-feu
inconditionnel. En même temps, il fait nuancer ces mots par les interven-
tions de Christian Pineau, ministre des Affaires étrangères, devant l’Assem-
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blée générale de l’ONU : celui-ci se dit « prêt à prendre les contacts nécessaires
avec ceux qui se battent, pour faire cesser les combats », en vue d’un « cessez-
le-feu sans condition », ne signifiant pas « une reddition inconditionnelle des
rebelles », et sans « aucun préalable politique ». Après ce discours du 4 février
1957, Pineau, le 13 février, y insiste dans un entretien avec un lieutenant :
« Le gouvernement s’était prononcé à maintes reprises en faveur d’un cessez-le-
feu sans condition pour quiconque. »
Ce projet souleva une réelle émotion dans l’opinion française et chez les
militants de la SFIO. Guy Mollet ne cessa de s’en justifier. Dans une inter-
100
Guy Mollet n’avait pas consulté le général Salan ni pour lancer son
appel au FLN, ni pour préparer son discours public. Le projet lancé, Salan
eut à présenter « immédiatement au ministre résidant les modalités d’un arrêt
des hostilités, présentant toutes les garanties ».
Le général n’avait pas compétence pour discuter la position du gouver-
nement, un cessez-le-feu « inconditionnel » selon le mot du président du
Conseil, confirmé par Pineau devant l’ONU, un « cessez-le-feu sans condi-
tion afin de permettre les élections » 2. Mais il se refusait à préjuger de la solu-
tion politique, insistant sur l’importance pour l’avenir des modalités d’une
interruption des combats 3.
101
quent d’importants ralliements ». Quant aux autres, ils rendront leurs armes,
mais « à des officiers français d’un rang élevé » et « au cours de cérémonies revê-
tant une certaine solennité ».
La démarche ne concernera que « les combattants de l’intérieur » et non
ceux stationnés en Tunisie ou au Maroc, ainsi que « les prisonniers du gou-
vernement français », Ben Bella et ses compagnons. Les combattants seront
réunis en des lieux précis, pris en charge par l’Armée ; ce ne seront pas des
« zones de regroupement pour rebelles ayant accepté le cessez-le-feu », pour évi-
ter l’image « d’une armée régulière attendant la fin des négociations derrière
une ligne d’armistice ».
Ces hommes ne sont que des rebelles, en droit, et non des francs-tireurs.
Ils ne relèvent pas d’un gouvernement reconnu. Aussi, avant toute discus-
sion, ils devront « accepter définitivement la citoyenneté française, sans que
jamais dans l’avenir puisse être mise en doute l’intégration de l’Algérie à la
France ». La totalité d’entre eux pourront bénéficier d’une « amnistie très
large », sauf ceux justiciables d’actes relevant du droit commun, comme
les assassinats de femmes et d’enfants.
102
103
L’ÉCHEC DU CESSEZ-LE-FEU
Le FLN n’a pas accepté l’offre de Guy Mollet. À Tunis fut organisée
une conférence de presse spectaculaire, devant cent journalistes. Étaient
présents tous les leaders les plus connus : Ouamrane (qui dirigeait le cen-
tre de Tunis), Lamine Debaghine (président de la délégation extérieure), le
commandant Benoura, Mazhoud, Mahsas Ahmed, Aït Ahmed, Rachid,
secrétaire national de l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens).
Bourguiba avait recommandé d’accepter et même de renoncer à une décla-
ration préalable sur l’indépendance. Il n’en fut rien. Lamine Debaghine
s’en chargea 6.
L’objectif majeur de la guerre était maintenu : « Les élections sont un pro-
blème intérieur, c’est à nous seuls Algériens de décider, elles ne sont pas un pro-
blème regardant le gouvernement français… nous voulons que l’on reconnaisse
d’abord notre indépendance. » Si le gouvernement français accepte ce préa-
lable, sera constitué « immédiatement un gouvernement provisoire algérien ».
C’est lui qui entrera « en négociations… sur la base d’une souveraineté
mutuelle », et qui étudiera « les problèmes de transition ».
Ainsi, les leaders extérieurs esquivaient la manœuvre française de sépa-
rer les combattants de l’intérieur et eux-mêmes.
104
respectés les intérêts de tous les étrangers vivant en Algérie. » C’était donc le
refus de la double citoyenneté, disposition qui sera aussi imposée en 1962.
Le postulat est clair : « L’Algérie, c’est le FLN. Celui-ci peut prouver que
le peuple algérien est derrière lui, et qu’il contrôle entièrement l’Armée de libé-
ration nationale. »
Ferhat Abbas enchaîna par une profession de foi idéologique, très éloi-
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constance dans les congrès de la SFIO que dans celui de l’UDSR de Fran-
çois Mitterrand. À Paris, les cercles politiques raisonnaient rarement en
fonction de la réalité algérienne, l’existence d’une guerre subversive à fina-
lité politique. Le général Salan avait signalé les conditions militaires indis-
pensables au succès de l’opération. En décembre 1957, il signa une « Note
sur les conditions indispensables d’un cessez-le-feu en Algérie » 8.
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NOTES
1 Liste établie d’après la presse. Sur les contacts secrets, Denis Lefebvre, Guy Mollet, Le
mal aimé, Plon, 1992, p. 203 (qui utilise les papiers Mollet), Jacques Valette, La
France et l’Afrique française du Nord, Paris, SEDES, 1994, p. 340-341 et p. 446.
2 Sur le rôle de l’ONU, Charles-Robert Ageron, « Les forces internationales et la déco-
15 mars 1957.
6 AFP, 22 mars 1957, « La conférence de presse du FLN ».
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CHAPITRE IX
LA BATAILLE DU BARRAGE TUNISIEN
Les services français avaient suivi avec inquiétude l’arrivée des armes à
la frontière, d’où elles devaient être ventilées dans les wilayas. En
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mars 1956, avaient été livrées deux mille armes, prises aux rebelles yousse-
fistes, des opposants à Bourguiba, par des unités françaises dans des com-
bats du côté de Mareth, dans l’extrême Sud tunisien. Entre août et
septembre 1957, on estima que seize mille cinq cents armes étaient arrivées
de Libye et d’Égypte, apportées au plus près de la frontière par des voitures
de la garde nationale tunisienne. Après le repli, sur ordre de Paris, des uni-
tés françaises en juillet 1957, de véritables compagnies de transport furent
constituées : des hommes, entraînés, passaient en portant trois ou quatre
armes chacun par des itinéraires repérés, et revenaient ensuite en Tunisie.
Ces bases logistiques, protégées par leur localisation en territoire étranger,
étaient devenues des « bases de départ offensives ». En novembre 1957, deve-
nant centres d’instruction, elles recevaient du matériel à livrer mais aussi des
recrues, levées en Tunisie et en Algérie, à instruire.
110
111
aménagé, protégé par des champs de mines, mais son prédécesseur, le géné-
ral Lorillot. Le gouvernement avait longtemps hésité à engager les crédits
nécessaires, pour ne pas alourdir le coût de la guerre en Algérie. Or, en
quelques semaines, à Paris, on accepta de financer cette arme nouvelle.
En juillet 1957, Salan rend compte que le barrage est « en cours de réa-
lisation », il protégera la voie ferrée Bône–Tébessa, et la voie minière
Ouenza–Bône. Il envisage des « barrages successifs », pour tirer un « rideau
de fer aux infiltrations provenant de Tunisie » 17.
Jusqu’à la décision d’André Morice, le barrage n’était pas continu.
Des passages avaient été repérés et des unités d’infanterie de la
11e division avaient assuré la couverture. Les axes les plus fréquentés par
les convois algériens étaient coupés de barrages partiels, et les axes de
déplacement vers les wilayas ravitaillées étaient surveillés. Les archives
conservent la trace de nombreux accrochages, d’embuscades, témoins
d’une bataille engagée depuis des mois. Le général Ely conseillait d’amé-
nager le terrain en récupérant « ce qui subsiste du réseau de renseignements
de Tunisie », en établissant des zones interdites et des couloirs de circula-
tion, en menant des « opérations locales de jour et de nuit », en tendant des
barbelés et des champs de mines. Il savait combien il est difficile de lut-
112
ter « sur un front de quatre cent cinquante kilomètres dans des zones diffici-
lement pénétrables », alors que c’est en Algérie que doit être anéantie cette
« aide extérieure ». Renforcer les cadres et le matériel et utiliser des uni-
tés spécialisées devenait urgent. Mais il n’allait pas plus loin.
prise, faute d’une autre solution. Dès février 1957, le préfet de Constan-
tine évoque, devant la « diminution de notre potentiel », le risque poli-
tique : « La population est navrée de se voir de nouveau exposée, après avoir
eu l’espoir d’être définitivement protégée. » Selon les sources militaires,
près des trois quarts de l’armement venant de Tunisie passe en Algé-
rie 18. En avril, Salan multiplie les interventions pour que l’on tienne
compte de la nouvelle réalité du combat : centralisation de l’aide logis-
tique autour d’une base FLN à Tunis, rapprochement de la frontière de
bases relais, emploi de petites bandes pour traverser au lieu de convois
repérables 19. Il réussit à faire admettre par Ely le principe du grand bar-
rage continu, faute de disposer de renforts indispensables pour mettre
un dispositif continu d’unités le long de cette frontière. Il lui demande
de : « Mettre à ma disposition les crédits qui nous permettraient de poursui-
vre la valorisation défensive des travaux d’organisation, actuellement suspen-
dus. » 20
113
LA CONCEPTION DU BARRAGE
douze. L’électricité « serait fournie » par des postes équipés par une section 25.
En septembre 1957, Ely accorde en complément « huit batteries de tir
accolées à huit sections de radar, prévues pour le mois d’octobre ». Salan fait
même étudier « un barrage supplémentaire le long de la frontière de La Calle
à Bou Chebka » 26.
114
La vie matérielle, soit trois mille francs par personne et par jour, revien-
drait à 8 760 000 000 francs, soit au total dix milliards par an.
Le transport des personnes demandait des moyens, soit un camion pour
dix personnes, quatre cents vacations de grande amplitude et quatre mille
de petite amplitude, ainsi seraient occupés dix mille camions par jour. Les
centres de regroupement avaient à être organisés : les habitants recevraient
un minimum de terres cultivables, et les centres seraient à relier par une
route où la circulation serait contrôlée.
115
L’histoire du barrage oriental n’est donc pas simple. Dès ses débuts, les
chefs militaires avaient manqué d’enthousiasme. Le général Noiret, com-
mandant le Corps d’Armée de Constantine, l’avait jugé d’une efficacité
« discutable » 32, puis il avait freiné l’exécution des travaux 33. Un an plus
tard, le remplaçant de Noiret insiste sur les effets des intempéries, sur la fra-
gilité des haies électrifiées, sur le ravinement par les pluies des champs de
mines. Il conclut ainsi :
116
Sur quatre cents kilomètres, entre Bône et El-Ma El-Abiod, il est constitué
certes d’un réseau d’obstacles, mais il possède « une chaîne radar en super-
position » entre El-Abiod et le Chott Gharsa.
Le radar COTAL repère un homme isolé à quinze kilomètres ou bien
un véhicule et même un groupe de chars. En avril 1957, douze radars ont
été amenés et répartis entre les territoires du Sud (quatre à Colomb-
Béchar), en Oranie (quatre confiés au 403e RAA) et dans le Constantinois
(quatre remis au 1/421e RA). Salan précise que ces batteries sont destinées
« à assurer la surveillance au sol sur la frontière » 34.
C’est le radar qui fait le barrage dans le Sud, car il permet une « manœu-
vre aéroterrestre d’interception », autour des différents obstacles, il peut sui-
vre « un mouvement suspect sans difficulté », il est précis de cent mètres à dix
kilomètres. Il commande la riposte, car ses informations sont exploitées
par l’artillerie et par des unités d’intervention. « Le radar peut rester isolé à
la condition de fonctionner dix à douze heures par jour, soit en batterie de qua-
tre. Il n’a pas besoin d’être fixe, le commandement local fixant un point d’ob-
servation selon les besoins. » Il peut tout surveiller 35 :
« […] des rebelles allant se ravitailler de nuit dans des mechtas, il peut déce-
ler un sabotage sur un tronçon de route en enfilade ou encore détecter un convoi
rebelle sur une piste et cela jusqu’à quarante kilomètres. Enfin, il accompagne
le mouvement d’une troupe, en lui signalant les mouvements suspects et en com-
mandant le réglage des tirs d’artillerie. »
117
Nombreuses sont les notes revenant sur cette technique et ses mérites.
Mais, en septembre 1957, Salan dut faire préciser : « Rien ne vaut que par
la manœuvre. De jour, on alerte des éléments mobiles en opération dans le sec-
teur, de nuit, on pourra orienter les éléments amis placés en embuscade vers la
bande rebelle. » 37
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UN BARRAGE UTILE
119
120
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chaîne du Hodna » et « sur les zones qui reçoivent des armes : Grande Kaby-
lie, Ouarsenis, zone de Constantine » 60.
Jusqu’en mai 1958, Salan ne cesse d’insister sur l’« extériorisation de la
situation », sur l’inquiétude des populations en Algérie. Selon les préfets, des
personnalités politiques « doutent de l’efficacité actuelle » de l’action militaire.
Les moyens sont toujours insuffisants, on a vu que telle était la plainte du
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général, mais le risque vient surtout de « la formation militaire reçue par les
hors-la-loi en Tunisie », sur l’urgence de réussir « l’isolement de la rébellion
intérieure par l’établissement et le renforcement continu des barrages fronta-
liers ». Cette « belligérance ouverte avec la Tunisie » immobilise sur le barrage
de l’Est de gros effectifs : cent un bataillons « dont les meilleurs renseigne-
ments parachutistes ou bataillons de Légion », trois bataillons du génie, trois
détachements d’intervention d’hélicoptères, des « moyens aériens impor-
tants » (cinq Broussard, T 6, avions de chasse lourds P 47, bombardiers
B 26).
122
123
124
NOTES
1 CSTT, Secteur de Gafsa, 8 février 1958, Section des forces de terre, mer et air de
l’Afrique du Nord, Paris, 13 mars 1956, SHAT, 2H 343.
2 Lacoste à Guy Mollet, décembre 1956.
4 CSTT, EM, 3e B., Étude relative aux responsabilités du bombardement de Sakiet, sd,
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ritoire algérien. Les assaillants s’étaient ensuite repliés en Tunisie, d’où une mitrail-
leuse et un mortier avaient tiré sur les Français. Des camionnettes de la garde
nationale tunisienne avaient servi au transport des hommes de l’ALN. Les pertes
françaises furent de quinze tués, un blessé et quatre disparus.
6 Salan au ministre de la Défense nationale, 10 octobre 1957.
10 août 1956.
11 Salan au général CA Constantine, 15 août 1957.
20 Ibid.
26 Salan, EM, 3e B., Plan d’action répondant au message du général Ely du 23 sep-
tembre 1957.
27 Salan, 3e B., « Activités des forces du maintien de l’ordre depuis le 1er janvier 1957 ».
125
33 Général Noiret à Salan, 11 mai 1957, qui lui envoie un projet. Le 23 mai 1957,
Salan lui ordonne que « la réalisation soit entreprise d’urgence ». Le 18 juin 1957, il
le relance, lui imposant pour la fin des travaux la date du 30 septembre 1957.
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35 Ibid.
1957.
37 État-major Xe RM, 3e B., 28 septembre 1957.
41 Salan, EM, 2e et 3e B., Note de service, 1er juillet 1957. Les mines « encrier » (modèle
APID 51) de quarante grammes. Sont enterrées dans le réseau barbelé. Sinon, elles
sont à protéger par un grillage pour éviter des accidents aux patrouilles de surveil-
lance. Leur densité était de neuf cents au km². Elles sont à distinguer des mines bon-
dissantes, dont la charge se détache du corps d’amarrage et explose à hauteur
d’homme. Leur densité était de deux cents au km² (EMI, 2e et 3e B., SHAT, 1H
2039 D/2).
42 Salan à Lacoste, 28 janvier 1958.
20 janvier 1958.
55 Salan, EM Xe RM, 3e B., Décision, 7-8 mai 1958. Il annonce des renforts, le
126
61 Cette expédition de courte durée avait été envisagée pendant l’été 1957, puisque le
général Gambiez avait reçu l’ordre de passer par Alger pour gagner Tunis. Le 14 jan-
vier 1958, Ely, par une lettre manuscrite, avait autorisé Salan à la déclencher. En
mars, le ministre Chaban-Delmas fit venir en secret Gambiez à Paris pour l’en entre-
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tenir.
62 Salan, Mémoire sur la situation militaire, 4 juin 1958.
64 L’attaque la plus violente lancée par l’ALN de Tunisie contre le barrage a commencé
le 6 mars 1958, elle a duré huit jours. L’ALN disposait d’armes automatiques, d’ar-
tillerie lourde ; cent vingt-deux sabotages du réseau furent relevés sans aucun fran-
chissement. La riposte de l’artillerie française avait été gênée par l’interdiction de
tirer sur le territoire tunisien. (SHAT, 1H 2833/1 et 2836/1 et le rapport du 3e
Bureau de l’AMI, 1H 1856/3).
65 Trinquier, Le coup d’État du 13 mai 1958, Paris, 1962, p. 73-83.
66 Ibid.
69 Ibid.
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CHAPITRE X
LA DÉFENSE
DE LA FRONTIÈRE MAROCAINE
Sur la frontière marocaine, une double menace est apparue après l’in-
dépendance u pays : le passage des armes et des combattants du FLN à
partir de quelques bases, et des ingérences marocaines quant au tracé de
cette frontière.
LA MENACE
En 1957, on avait fini par analyser les fonctions remplies par le Maroc
au profit du FLN.
kilomètres de Marnia le 21 octobre, une autre après avoir monté une embus-
cade au sud-ouest d’Oujda le 23 octobre, s’étaient repliées au Maroc. Enfin,
le 29 octobre, dans le stade municipal d’Oujda, avaient été réunies près de
quatre mille personnes « dont deux mille en armes et en uniforme », pour
assister « à l’appel des rebelles désignés pour rejoindre les bandes opérant en Algé-
rie. Cinq chefs de détachement étaient des Marocains ».
130
Maroc allait relayer la Tunisie, dont le soutien était « devenu trop coûteux
en raison de l’effort français dans l’Est-Constantinois » 3. Un trafic d’armes
depuis Nador atteignait Oujda et d’autres centres, en passant les gués de
la Moulouya, au sud de Saf Saf.
131
LE BARRAGE MAROCAIN
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En juillet 1956, un réseau de barbelés avait été posé, inutile car sans
profondeur et sans minage. Dans la nuit du 2 au 3 août, il avait été déman-
telé et les combattants du FLN en avaient montré le caractère illusoire :
une feuille du manuel d’infanterie était piquée sur un poteau, à la page
« que tout obstacle non battu par le feu est inefficace ». En août et octo-
bre 1956, six postes furent construits, équipés de mitrailleuses, de mortiers
et de projecteurs. On amena même quelques canons de 105, des avions
Luciole. La frontière, dans ces secteurs, était battue par l’artillerie. Ce dis-
positif fut doublé d’une zone interdite, où par quatre fois des groupes
adverses furent accrochés. C’était insuffisant, un seul bataillon n’avait pas
les moyens de garder en permanence cette frontière.
132
Salan avait donc fait accepter un projet plus large que celui qu’Ely avait
soutenu.
Le barrage prévu avait été tracé entre la mer et les Monts de Tlemcen
seulement. Rien n’avait été prévu pour couvrir un « trou de deux cents kilo-
mètres » entre ces Monts et l’Atlas saharien, dans la région dite des hauts pla-
teaux. Rien non plus pour le Sud, face à « cette immense zone désertique »,
où on se limiterait à la « surveillance aérienne d’une zone interdite ».
Salan obtint d’étoffer « la frontière dans les hauts plateaux ». On y avait
prévu deux ensembles avec une zone interdite de cinquante kilomètres de
large, limitée au nord par la rocade El-Arrich à Sebdou. Ainsi, « tout mou-
133
LE RÔLE DU BARRAGE
134
Or, durant l’année 1957, l’entrée des armes ne cessa pas. En septembre,
par exemple, deux cent quatre-vingt-dix fusils arrivèrent, par Oujda, à Mas-
cara et à Tiaret, mais le FLN avait perdu six cent cinquante et une armes,
subissant une « diminution du potentiel de guerre, […] un succès intéressant » 12.
Une idée est donnée de la politique d’armement du FLN par les cargaisons
de deux navires interceptés par les Espagnols, Illuencas et Swansea. Au camp
du Nador, étaient stockés quatre cent cinquante fusils, une partie devant être
livrée aux maquis de l’intérieur en juillet. Le chef d’une bande, dans les Monts
du Ksour, avait même reçu deux cents mines fabriquées au Maroc.
135
136
137
FAR, sur six cents kilomètres de frontière, étaient ainsi placées au « voisi-
nage unités françaises » 19. Leur but, note alors le général Cogny, est
d’« obtenir retrait nos unités frontière ».
Une autre façon de gêner les Français fut de remettre en question l’im-
plantation des postes. Étaient-ils en territoire marocain ou algérien ? Dans
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place, souhaitant la présence d’officiers français « pour voir les gens et les
cadavres ». Il refuse de différer son déplacement, comme le lui faisait
demander Salan 23. Le colonel de Massignac, sous-chef d’état-major de
Salan, constate que l’on a tiré en trois points, « nettement en territoire algé-
rien », et correspondant « à trois caravanes qui se trouvaient en zone inter-
dites » 24. Salan interdit donc à la commission marocaine d’enquêter en
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territoire algérien, elle n’est qu’autorisée à enlever les corps 25. Un officier
viendra de Colomb-Béchar avec une patrouille et fera connaître l’empla-
cement de l’incident, puis invitera la commission marocaine à se retirer 26.
Salan n’avait pas prévu l’acharnement du haut fonctionnaire marocain.
Il avait élevé une « très vive protestation » contre la mort de quatre compa-
triotes, et de nombreux animaux. Le gouverneur entendait poursuivre la
recherche de victimes éventuelles sans risquer « ouverture feu aviation ». De
Rabat, Cogny insistait en ce sens, pour « éviter aggravation situation » 27. Le
secrétaire d’État marocain s’appuyait sur une carte prouvant l’appartenance
à son pays de la zone en question. L’ambassadeur de France à Rabat, qui
avait fait accompagner le gouverneur par un de ses collaborateurs, s’en pre-
nait à Lacoste : La « limite de la zone interdite créée le 15 mai par le minis-
tre résidant en Algérie, dans la région de la Hamada du Guir, n’a été
communiquée par cette autorité ni au gouvernement marocain ni par la
10e RM au CSITM (commandement supérieur interarmées des troupes fran-
çaises au Maroc). » 28
Le 6 juin, un officier, le colonel Rives, exécuta la mission, en expliquant
au gouverneur les réalités de la guerre : il « a fait savoir que ces zones inter-
dites avaient été rendues nécessaires par l’apport massif, en provenance du
Maroc, d’explosifs dont un dépôt a d’ailleurs été découvert récemment dans la
région [de] Timerbatine. Ces explosifs étaient utilisés pour minage itinéraire et
action terroriste contre population française-musulmane », il « considérait la
zone comme algérienne et continuerait de l’interdire ». Le gouverneur main-
tint le caractère marocain du territoire, et donc « il n’avait pas interdit et ne
comptait pas interdire cette zone aux populations ». Il n’avait appris la créa-
tion de cette zone interdite que par des « tracts apportés par des nomades » 29.
139
caine ». Il demandait une ligne fixe, rappelant qu’en 1956, il en avait été
fixé une par le secrétaire d’État aux Forces armées 30. Quant au colonel
Rives, il avait entendu les cris des nomades : il avait trouvé trois cents
nomades déclarant qu’ils allaient « suivre l’appel du Sultan » et que si « de
tels incidents se renouvelaient, la vie de dix Français répondrait de la mort
d’un seul Marocain » 31.
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En août 1958, le général Salan doit faire face à la menace marocaine sur
la zone R’Guibat, de Smara à Tindouf. Le Grand Maroc est un projet
expansionniste du gouvernement marocain, dirigé vers Tindouf et Atar.
Salan veut édifier une position très forte, faisant écran entre le Maroc et la
Mauritanie, dans cette zone de Tindouf à Fort-Trinquet. Cela supposerait
qu’une seule politique soit menée chez les R’Guibat. Le colonel de Crève-
cœur avait proposé de rattacher le terrain de parcours de ces nomades au
département algérien de la Saoura, ce qui aurait entraîné des effets diplo-
matiques et politiques gênants 32.
Crèvecœur a une analyse claire. On doit faire échouer le projet maro-
cain lancé par le leader de l’Istiqlal, Allal El-Fassi, « le Grand Maroc jusqu’au
Sénégal ». Ce projet a été repris par le gouvernement marocain, le Sultan a
fait quelques déclarations officielles dans lesquelles il utilise les idées du
parti nationaliste, pour ne pas être renversé par lui. La France doit éviter
l’union de la Mauritanie et du Maroc, qui encouragerait l’indépendance de
l’Algérie et un regroupement des pays de l’Afrique du Nord 33. Un infor-
mateur marocain pense que la menace sur Tindouf se précisera en octobre,
et Lacoste suggère de rattacher au département de la Saoura toute la zone
de parcours des R’Guibat.
140
PC à Tindouf », où sont déjà « tous les éléments de contrôle des tribus R’Guibat
(renseignement, autodéfense, action psychologique, perception des impôts). Dans
l’été 1958, une harka opérationnelle y avait été levée, avec des guerriers ralliés ».
était de droit. Les dirigeants du FLN avaient reconnu les droits du Maroc
sur ce point, contre promesse d’accroître immédiatement l’aide accordée
par le gouvernement marocain. Les signes n’avaient pas manqué.
Visant les R’Guibat de la Seguiet El-Hama, Allal El-Fassi avait déclaré :
« Nous serons à Smara cette année et à Attar l’année prochaine. »
Des représentants de la tribu avaient rencontré, le 19 juillet 1958, des
représentants de l’Armée marocaine de libération (AML) 34. Le 19 juillet,
leur rôle respectif avait été défini en Mauritanie.
Le 19 juillet, le Sultan Hassan II était venu à Goulimine et à Tarfaya,
affirmer la souveraineté de son pays. Le 15 août, il avait été présenté une
protestation à l’ambassadeur de France contre l’octroi de permis de
recherches d’hydrocarbures dans le bassin de Tindouf, en février 1958. Son
gouvernement avait prévenu la Banque mondiale contre l’octroi de prêts à
la France pour des prospections minières.
Du 10 au 20 août, le CCE du FLN avait envoyé au Maroc Ferhat
Abbas et Mahsas pour examiner avec le roi les litiges frontaliers.
Enfin, le 8 août, Salan avait été informé par Paris qu’une action hostile
était imminente contre Tindouf 35.
141
Alors que la rébellion algérienne semble avoir été relancée dans l’im-
médiat, le ministre a réduit à vingt-deux mille hommes l’effectif des troupes
françaises du Maroc, et cela après une suite d’allégements. Ainsi, le com-
mandement des troupes françaises au Maroc sera obligé de restructurer
complètement son dispositif, alors qu’il avait pu supporter les réductions
précédentes par des contractions. Or, ces vingt-deux mille hommes ont
« une mission de couverture au profit de la Xe RM ».
Le problème de cette région frontalière doit être pris en considération
en premier. « Les troupes françaises peuvent, même sans action de force de leur
part, gêner le trafic d’armes et fournir une couverture par le renseignement. »
142
NOTES
1 Fiche concernant l’influence marocaine ; octobre 1956, ns. Elle émane de l’EM de
la Xe RM, Bureau ETE. Dans une note, le colonel Ruyssen, chef d’un service de ren-
seignement, note que la menace marocaine est surtout politique.
2 Général commandant supérieur interarmées au MINIDEFNAT et SEFAT, et minis-
10 André Morice, ministre de la Défense nationale et des Forces armées, 28 avril 1957.
12 Salan au ministre de la Défense nationale, secrétariat d’État aux Forces armées Terre,
2 novembre 1957.
19 GENESUP Rabat à EMFA, cabinet, Paris, 5 novembre 1957.
24 Colonel Bernard, Colomb-Béchar, 5 juin 1957 IIH. L’incident s’était produit sur la
1957.
26 Message téléphoné par le colonel de Massignac au colonel Bernard, chef d’état-major
143
34 L’ALM avait été levée par un ancien sous-officier français dans la tribu Zemmour.
144
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CHAPITRE XI
LE FRONT SAHARIEN
L’EXTENSION DU CONFLIT
et sur les hauts plateaux de l’Algérois, soit sur les pénétrantes sahariennes condui-
sant au pétrole ». Il décèle même « un plan offensif patiemment préparé ».
Son objectif est « que les bandes rebelles ne puissent se reconstituer au départ
de la frontière franco-marocaine : le verrouillage de cette frontière à l’ouest des
Monts Ksour est un préalable indispensable ». Il décide de créer un comman-
dement unique de l’Atlas saharien, « au cœur même de la zone que les rebelles
ont choisie, détruisant les bandes en les coupant du Maroc ». Il devra être doté
« de moyens en permanence à base de parachutistes et de moyens aériens, ce que
justifie l’étendue de l’Atlas » 2.
Articulation de ce commandement 3
• À l’est de l’Atlas saharien : trois sous-secteurs (Aflou, Djelfa, Bou
Saada), le secteur étant commandé par le colonel Katz.
• À l’ouest de l’Atlas saharien, trois sous-secteurs (Géryville, Mécheria,
Aïn-Sefra).
146
tions menées au Sahara, il importe que dans l’immédiat les trois commande-
ments supérieurs (Algérie, AOF, AEF) conservent leur entière responsabilité
opérationnelle sur l’ensemble de leur territoire, zone saharienne comprise. » Un
« comité interministériel » assurerait la coordination, assisté d’un général 7.
Le ministre n’avait pas exclu la désignation ultérieure d’un officier géné-
ral pour l’ensemble économique qui venait d’être créé, l’OCRS (Organi-
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L’INSÉCURITÉ RÉELLE
150
Bilan
Pétroliers Légionnaires Français-musulmans
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Rescapés 6 2 2
Tués 7 5 -
Disparus 2 3 3
151
152
rie près des équipes sensibles 32. Il impose même aux compagnies de four-
nir des postes radio pour une écoute permanente des équipes et le lancement
rapide d’une alerte 33. Les chantiers d’Hassi Messaoud étaient même en liai-
son directe avec « des pelotons portés chargés de leur protection immédiate ».
Mais ce cas ne fut pas général, bien des chantiers isolés, privés de matériel
adapté, ne disposèrent pas de la protection de l’Armée.
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Quelques jours plus tard, le rôle de l’appui aérien fut précisé. Un offi-
cier était détaché auprès du 1er REP pour l’appui aéroporté, « largage, de
ravitaillement, parachutage d’une compagnie de combat » 44.
C’était reconnaître l’importance du centre d’Hassi Messaoud, qui « exige
que des mesures appropriées soient prises sur le plan local pour assurer la sécu-
rité ». Le 1er REP permet « l’installation d’un système de contrôle et de protec-
tion en liaison avec la SAS et la gendarmerie locales ». Cela est à poursuivre
sans que la relève de l’unité de renfort soit « de nature à en interrompre l’ef-
ficacité ». Le commandant du territoire de Ouargla insistait ainsi 45 :
« Il est donc indispensable que soit créé, à titre permanent, un organisme
militaire centralisé à Hassi Messaoud et disposant de l’ensemble des moyens tant
militaires que civils nécessaires au contrôle et à la protection du périmètre
d’Hassi Messaoud. »
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comptait que leur nombre augmenterait vite. La protection était assurée par
un « contrôle efficace de la région », mais les « troupes actuellement en place
ne nous paraissent pas disposer des moyens suffisants pour la réaliser ». Deux
équipes au sud du site, une autre au sud-est de Touggourt étaient « sans
protection ». On craignait pour l’équipe de géophysique qui s’apprêtait à
prospecter dans la région de Fort-Miribel. Le commandant du territoire
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d’Aïn-Sefra était invité à s’entendre au plus vite avec le CFPA pour orga-
niser leur protection. L’ordre venait du ministre Lacoste 49.
Au début de janvier 1958, Salan, par une inspection, constate que ces
faiblesses vont être creusées par la défense des moyens d’évacuation des
hydrocarbures d’Hassi Messaoud 50.
Dès avril 1957, Salan a signalé son incapacité à garantir la sécurité du
pipeline Hassi Messaoud – Touggourt et celle de la voie ferrée Touggourt
– Philippeville. Il ne dispose que de données insuffisantes, « tracé, structure
du pipeline, nombre et emplacement des stations de pompage, incertitude sur
le port d’évacuation ». Il prévoit un système de tours de guet aux endroits
sensibles et de postes, des détachements mobiles circulant entre ces points.
Aucun financement des travaux n’est encore prévu et par les ministères
intéressés et par les compagnies. Il aura besoin de renforts, d’hélicoptères,
sans pouvoir encore chiffrer ses besoins 51.
À la fin avril, le secrétaire permanent de la Défense nationale lui envoie
quelques précisions. Le transport, par « deux trains quotidiens de six cents
tonnes », commencera au cours du premier trimestre 1958. La pénurie d’ef-
fectifs créera alors une situation critique, car ne seront pas attribués « des
moyens supplémentaires pour la mission particulière et prioritaire que consti-
tuera la protection du pétrole ». Salan est donc invité à les prélever « sur le dis-
positif général », en prévoyant leur mise en place. Il utilisera les « éléments
déjà implantés en ce qui concerne la surveillance aussi bien terrestre qu’aé-
rienne », pour éviter « une interruption prolongée de la ligne de communica-
tion ». Il portera les mesures de sécurité au « degré d’efficacité recherchée »
pour éviter les sabotages.
On refuse même tous nouveaux travaux, car il n’est pas assuré « que
les constructions nouvelles nécessaires à la protection du dispositif provisoire
puissent servir à celle du futur pipeline à grand débit, dont le tracé ne coïn-
cidera pas nécessairement avec celui du chemin de fer » 52. Salan se dit inca-
pable, dans ces conditions, de remplir cette mission : « Je ne saurais
prélever sur le dispositif général actuellement réalisé les moyens propres pour
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En décembre 1957, les travaux sont achevés. Lacoste, poussé par les
dirigeants des compagnies, s’inquiète que la sécurité ne soit pas assurée,
« faute d’effectifs suffisants », et même qu’on allège « des dispositifs actuelle-
ment en place ». Mais il juge qu’évacuer le pétrole n’est « pas prioritaire, ce
qui risquerait de compromettre les autres missions des forces de l’ordre ». Il inter-
dit à Salan d’entreprendre « des modifications importantes » à son dispositif,
« sans mon accord ». Il refuse de céder aux pressions, l’important restant la
guerre en Algérie 58 :
« Cette évacuation provisoire au moment où elle a été décidée avait pour
objectif principal d’amener la métropole à croire à la réalité de l’existence du
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pétrole au Sahara. Or, depuis cette époque les nombreux indices favorables
recueillis comme les voyageurs qui se sont rendus sur place ont pu attester la
réalité des gisements. Il s’ensuit que l’aspect psychologique de la question a perdu
de son importance et que nous ne sommes plus aussi pressés de voir se réaliser à
n’importe quel prix le premier convoi sur Philippeville.
En tout cas l’acheminement ne peut se faire qu’au détriment de la poursuite
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Cette situation ne fut pas connue du grand public. Salan avait toujours
exposé au gouvernement que la sécurité des installations pétrolières reste-
rait imparfaite faute de moyens militaires suffisants. Cela eut une consé-
quence inattendue. Le gouvernement et les compagnies choisirent de
détourner le pétrole d’Edjelé vers le littoral méditerranéen de la Libye ou
du Sud tunisien. Les compagnies n’avaient même pas fait étudier « une éva-
cuation possible vers l’Algérie », elles contournaient le problème algérien et,
selon Lacoste, rompaient « l’unité économique postulée par l’OCRS » 62.
Cette décision, orientant vers les ports étrangers le pétrole, prenait le
risque de l’interruption des exportations pour des raisons politiques : il fau-
dra « s’en remettre aux bons offices de l’État traversé ou prendre à notre charge
la mise en place d’un dispositif minimum de protection », ce qui serait condi-
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NOTES
1 Le 1er mai 1957, au puits de Raghit, à cent kilomètres de Colomb-Béchar, une
patrouille de dix hommes disparaît. Les membres musulmans d’une patrouille de ce
Groupe saharien d’annexe désertent avec leur chef, Foudil ben Diffalah. Ils passent
au Maroc avec leur armement.
2 Salan, Note sur l’organisation, 20 juillet 1957.
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1957.
4 Salan, Décision sur la dissolution du secteur Est de l’Atlas saharien, 8 décembre 1957
Ce secteur est dissous, ses trois sous-secteurs sont repartis à nouveau. Celui de Bou-
Saada est rattaché au CA d’Alger, celui de Djelfa et celui d’Aflou passent au Territoire
de Ghardaïa. La partie nord-ouest de la commune d’Ouled Djellal est rattachée au
CA de Constantine.
5 Salan, Note d’envoi relative à l’instruction 3706/EMI10/3 OPE/ en date du
1958.
10 Salan au général commandant le CA de Constantine, 25 avril 1958.
12 Général Jouhaux, adjoint au chef EMG, Rapport concernant l’inspection des zones
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14 novembre 1957.
25 Note du commandant supérieur interarmées, 19 novembre 1957.
26 Colonel Charrier et contrôleur général Charlot, Éléments d’une note destinée à être
35 Directeur CFPA à Salan, 18 novembre 1957. Il demande que les compagnies soient
autorisées à entrer dans les réseaux radio territoriaux et que le personnel musulman
soit contrôlé.
36 Ministre Sahara, Mesures prises pour renforcer la protection des installations pétro-
bre 1957.
41 Colonel de Schaken, chef du 2e B., à EM Xe RM, novembre 1957. Bilan : six tués
et treize blessés français, quarante-deux tués, dix prisonniers et des blessés du côté
FLN. Matériel capturé : un ANPRGC9, un franc-maçon, douze PA, trente-sept
fusils. Le 18 novembre, à Timimoune : douze fusils, quatre PA, un T de ravitaille-
ment. Récit détaillé dans Bigeard, Pour une parcelle de gloire, p. 308-337. Bigeard
était chargé de protéger le centre interarmées d’engins spéciaux.
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3 décembre 1957.
50 Colonel de Schaken 14 novembre 1957.
51 Ministère de la Défense nationale et des Forces armées, EM des forces armées, Note
10 juillet 1957.
57 Salan, note de service, « Sécurité des chantiers de construction du pipeline provisoire
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CONCLUSION
BILAN
D’UN COMMANDANT EN CHEF
Le général Salan sut très vite adapter les moyens dont il disposait aux
nouvelles conditions du combat.
À son arrivée, les synthèses de renseignement mettaient en lumière la
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Salan y attachait une telle importance qu’il finit par réorganiser le dis-
positif de son armée en fonction des barrages. Des prélèvements furent
effectués au profit de la frontière tunisienne surtout. Les cinq régiments de
parachutistes de la réserve générale se retrouvèrent sur la frontière tuni-
sienne, agissant sur les axes de pénétration. Le long de la frontière maro-
caine, les moyens mobiles d’intervention furent aussi réajustés 2.
Le général en attendait des effets positifs, « nous avons gagné la bataille de
la frontière Est », nous y avons « porté notre effort principal pour accentuer la
reprise en mains des populations », il avait fait « éponger l’armement entré sur le
territoire national avant que ne soit réalisée la fermeture de la frontière ». Le FLN
avait subi de « coûteux échecs », à en juger selon les bilans des pertes adverses.
Les bandes avaient été obligées de se disperser sous l’action des troupes
de l’intérieur. Mais l’infrastructure clandestine, l’OPA des rapports mili-
taires, était toujours active. Elle avait donné « l’ordre d’intensifier le terrorisme
et de décourager les manifestations en faveur de la loi-cadre, puis de la frater-
nisation franco-musulmane ».
Le terrorisme avait augmenté de quinze pour cent sans prendre « l’am-
pleur espérée par le CEE. Il a visé les personnes, les installations des délégations
spéciales, les SAS, les comités de salut public, les biens privés, les voies de com-
munication. Il est solidement implanté dans quelques régions ».
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CONCLUSION
LA CHANCE DE LA FRANCE
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CONCLUSION
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LE PROBLÈME MILITAIRE
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CONCLUSION
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augmentés, pris sur les crédits civils de l’Algérie. Il en attendait des effets
politiques : « C’est coûteux, mais chaque mois trois mille familles opteront
pour la France. »
Les unités territoriales, levées avec des civils mobilisables, allégeaient les
gardes statiques de l’Armée, tout en jouant un rôle d’influence psycholo-
gique et sécurisante. Il souhaitait en augmenter le nombre de Français
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CONCLUSION
Le 1er août 1958, Salan est reçu par le ministre de la Défense nationale,
Guillaumat. Il s’étonne que le problème des effectifs n’ait pas encore été
évoqué directement. D’après le général Zeller, chef d’état-major des
Armées, les milieux gouvernementaux vivaient dans la hantise d’un putsch.
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moi seul peut la trouver, sans autre précision. Il définit davantage les conditions
d’une évolution que celle d’un statut. »
• Ce problème du budget dépasse le niveau de l’état-major, il est à régler
par un contact des personnes, entre De Gaulle, Salan et Zeller.
Le général Salan avait exercé un commandement qui n’avait cessé de
s’alourdir, de devenir plus complexe, à mesure qu’il découvrait la nature
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de cette guerre subversive, qui finissait par concerner tous les rouages de la
Nation.
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CONCLUSION
NOTES
1 Commandant supérieur interarmées, fiche sur l’activité opérationnelle au cours du
1er trimestre 1958, sd, ns.
2 Synthèse personnelle de commandement, 2e trimestre 1958.
3 Ibid.
comptes rendus des trois corps d’armée et du commandement militaire des départe-
ments de la Saoura et des Oasis, 3 décembre 1958.
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5 Ibid.
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Jacques VALETTE
comme le garant de cette stratégie réaliste.
Jacques Valette est agrégé de l’Université, docteur ès-Lettres et professeur honoraire des Universités. Spécialiste
de l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, il est l’auteur de La guerre d’Algérie des Messalistes
(L’Harmattan, 2001), de Le 13 mai du général Salan (L’Esprit du livre éditions, 2008) et de nombreux articles
sur le contre-maquis pendant la guerre d’Algérie (Guerres mondiales et conflits contemporains, PUF).
Prix 18 €
ISBN : 978-2-915960-38-9
www.espritdulivre-editions.com
Collection Histoire
9 782915 960389
& Mémoires combattantes