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Objectifs
À la fin de ce module, vous devriez pouvoir :
1. expliquer en 100 mots pourquoi le développement ne se résume
pas à la seule croissance économique;
2. énumérer les autres dimensions du développement, en dehors de
la croissance économique;
3. expliquer en 500 mots environ comment les lois de propriété
intellectuelle peuvent être formulées pour favoriser le
développement;
4. donner trois exemples d’utilisations de régimes de propriété
intellectuelle favorables au développement;
5. décrire en 100 mots environ le rôle que joue l’OMPI en matière de
développement;
6. indiquer la date d’établissement du Plan d’action de l’OMPI pour
le développement;
7. nommer les groupes de recommandations du Plan d’action de
l’OMPI pour le développement;
8. nommer le groupe de recommandations auquel est le plus
étroitement liée une question particulière;
9. donner des exemples précis de projets issus du Plan d’action
pour le développement;
10. expliquer par deux exemples comment les recommandations du
Plan d’action pour le développement ont été intégrées dans les
travaux de l’OMPI.
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telles qu’un système de protection des droits d’obtenteur. Le choix des pays
parmi ces différentes flexibilités s’effectuera vraisemblablement en fonction
d’un large éventail de considérations sociales, culturelles et économiques.
Il est en outre permis aux pays de délivrer dans certains cas des licences
obligatoires sur des inventions importantes protégées par des brevets, par
exemple sur des produits pharmaceutiques. Cette possibilité a été utilisée, par
exemple, pour garantir l’accès à des médicaments dans un certain nombre de
pays dont la Malaisie, l’Indonésie, le Brésil, la Thaïlande et le Ghana.
Normalement, les pays ne recourent pas d’emblée aux licences obligatoires
pour faciliter l’accès aux médicaments. Comme le prévoit l’Accord sur
les ADPIC, un certain nombre de démarches doivent avoir été entreprises au
préalable, dont notamment une tentative de négociation de licence volontaire.
Cette condition ne s’applique pas, toutefois, en cas d’urgence nationale,
d’extrême urgence ou d’utilisation publique à des fins non commerciales. La
Thaïlande a par exemple accordé, en 2006, une licence obligatoire à l’un de
ses organismes gouvernementaux, afin qu’il puisse produire un médicament
générique contre le VIH, et cela sans consulter auparavant la société Merck,
qui était titulaire du brevet. Au cours des années suivantes, la Thaïlande a
toutefois tenté sans succès de négocier des licences avec des titulaires de
brevets de médicaments anticancéreux avant de leur imposer des licences
obligatoires. Au Canada, une licence obligatoire a récemment été délivrée à
une société canadienne pour l’exportation d’un médicament générique pour le
traitement du sida vers le Rwanda qui n’avait pas la capacité de le fabriquer
lui-même.
Les dispositions relatives à la concession de licences obligatoires ont été au
centre des préoccupations auxquelles a répondu en 2001 la Déclaration
ministérielle de Doha sur l’Accord sur les ADPIC et la santé publique. Cette
déclaration a permis d’offrir par la suite une plus grande flexibilité, en particulier
aux pays qui (comme le Rwanda) ne peuvent pas produire localement des
produits pharmaceutiques et sont donc dépendants à cet égard des
exportations en provenance d’autres pays. Elle a également prorogé
jusqu’en 2016 au moins le délai accordé aux pays les moins avancés pour
mettre en place la protection par brevet des produits pharmaceutiques. Ainsi,
dans un pays moins avancé qui disposerait d’une capacité de production mais
dans lequel un médicament ne serait pas breveté, une licence obligatoire ne
serait pas nécessaire.
Pour en savoir plus sur le fonctionnement des licences obligatoires dans le
contexte de la santé publique, il peut être intéressant de consulter la page
suivante du site Web de l’Organisation mondiale du commerce, avec laquelle
l’OMPI entretient une étroite collaboration en ce qui concerne les questions de
propriété intellectuelle :
https://www.wto.org/french/tratop_f/trips_f/public_health_faq_f.htm
QAE 1
a. Depuis quand est-il possible de recourir à la flexibilité
énoncée dans l’Accord sur les ADPIC en ce qui concerne les
licences obligatoires?
b. Que concernaient les deux dispositions issues de la
Déclaration de Doha de novembre 2001?
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QAE 1 – Réponse
b. Ces deux dispositions concernaient les pays les moins avancés et les
pays n’ayant pas de capacités de fabrication.
Note : le délai accordé aux pays les moins avancés pour appliquer les
dispositions relatives aux brevets pharmaceutiques a été prorogé
jusqu’en 2016. En outre, il est désormais permis à ces pays d’exporter, dans
certains cas précis, des produits pharmaceutiques fabriqués en vertu d’une
licence obligatoire vers d’autres pays ne disposant pas eux-mêmes de
capacités de production.
Il ne faut pas nécessairement être un pays pour pouvoir s’appuyer sur des
flexibilités à des fins de protection de droits de propriété intellectuelle; les
entreprises privées et les institutions publiques comme les universités ont la
possibilité de le faire elles aussi dans la gestion de leur propriété intellectuelle.
Une entreprise ou une institution peut être intéressée, par exemple, à profiter
de la durée de protection illimitée que confère à ses produits le droit des
secrets d’affaires, plutôt que d’avoir à divulguer les détails de ses inventions en
échange de 20 ans de protection exclusive par le droit des brevets.
Certaines entreprises ou institutions qui choisissent la protection par brevet
assurent elles-mêmes la fabrication et la commercialisation de leurs produits,
ce qui contribue à leur valeur économique et amène de nouveaux produits et
services sur le marché. D’autres concluent avec des partenaires des accords
de licences réciproques sur leurs droits de propriété intellectuelle, afin de
bénéficier des avantages que peut apporter une telle collaboration, par
exemple de l’accès à des technologies complémentaires ou à de nouveaux
marchés. Une collaboration fondée sur une licence de brevet peut représenter
une solution particulièrement avantageuse pour un gouvernement, une
université ou une entreprise du secteur privé d’un pays en développement qui
ne dispose pas encore des capacités de recherche et de développement ou de
l’accès aux ressources scientifiques et techniques nécessaires pour
commercialiser ses innovations sans aide.
Prenons de nouveau comme illustration le cas de l’accès aux médicaments.
Les traitements les plus efficaces du VIH/sida, par exemple, sont souvent des
combinaisons d’un grand nombre de molécules dont les brevets sont détenus
par de multiples entreprises à travers le monde. Étant donné que l’obtention de
licences sur tous ces éléments soulève un certain nombre de problèmes de
concurrence et de coordination, un groupe de partenaires a établi une
“communauté de brevets pour les médicaments”, à titre de “guichet unique”
pour y faire face. Ce modèle de gestion des droits de propriété intellectuelle
peut contribuer à la création de nouvelles sources de revenus pour les
entreprises participantes, à la réduction du coût des traitements concernés, et
surtout, à l’amélioration des conditions de santé et de vie de millions de
personnes. Pour en savoir plus sur cet aspect particulier de la manière dont les
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QAE 2
Répondez à la question suivante après avoir consulté la section
consacrée aux questions fréquemment posées (FAQ) sur le site de la
communauté de brevets pour les médicaments :
Pourquoi les entreprises à but lucratif devraient-elles souscrire à cette
initiative?
QAE 2 – Réponse
La réponse est donnée dans la FAQ 13, sur le site Web.
Les exemples fournis soulèvent des questions importantes pour les décideurs.
Une conception des droits de propriété intellectuelle axée sur le développement
peut aussi apporter des avantages au secteur privé – qu’il s’agisse de grandes
entreprises, de PME ou d’entrepreneurs qui débutent. La mise en œuvre des
droits de propriété intellectuelle pour créer une valeur partagée entre les
entreprises et les communautés est une façon de faire croître les marchés et
d’en créer de nouveaux, notamment à l’échelle mondiale.
Envisager la propriété intellectuelle sous l’angle de son articulation avec le
développement est une nécessité qui ne se limite pas aux pays en
développement ou aux pays les moins avancés. Les mêmes questions
fondamentales de recherche d’un juste équilibre entre plusieurs objectifs
connexes se posent pour tous les pays. De la même façon, les entreprises
doivent toutes penser à la place de la propriété intellectuelle dans leur stratégie
commerciale, de manière à être prêtes à saisir les nouvelles occasions
d’affaires lorsqu’elles se présentent, à court et à long terme.
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QAE 3
Quels sont les aspects de la propriété intellectuelle et du développement
qui sont les plus importants pour votre pays ou l’organisation pour
laquelle vous travaillez?
Prenez environ cinq minutes de réflexion avant de répondre. Vous savez
peut-être déjà quelle est la principale activité économique de votre pays ou
vous avez peut-être déjà inventé quelque chose qui est utile à votre pays.
Certains d’entre vous travaillent dans le secteur tertiaire ou dans le domaine
des arts, des spectacles ou de l’entreprise. Essayez de penser à des choses
qui, à votre avis, sont importantes pour votre pays. Vous pouvez noter vos
idées dans le champ ci-dessous.
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Le Plan d’action de l’OMPI pour le développement fait partie d’un processus plus
large de réforme et d’actualisation de l’ensemble du cadre du commerce
international. Vous avez peut-être aussi entendu parler du “Programme de Doha
pour le développement”, du nom de la ville du Qatar où a été lancé l’actuel cycle
de négociations entre les membres de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC). Bien qu’il s’agisse d’un processus distinct de celui de l’OMPI, la
coopération sur les questions de propriété intellectuelle avec d’autres
organisations – dont notamment avec l’OMC – figure expressément dans les
recommandations adoptées lors de l’Assemblée générale des États membres de
l’OMPI, en 2007.
Les recommandations en question, qui sont au nombre de 45 réparties en
six groupes, constituent officiellement le Plan d’action de l’OMPI pour le
développement. Elles ont pour objectif de faire en sorte que les questions relatives
au développement fassent partie intégrante des travaux de tous les secteurs de
l’Organisation, en d’autres termes de réaliser la pleine intégration de la dimension
du développement. Une telle intégration signifierait, par exemple, que les
différentes incidences possibles de la propriété intellectuelle sur le développement
économique, social et culturel seraient prises en compte dans toutes les activités
de l’OMPI. Elle serait déterminante en ce qui concerne la conception et la
fourniture de services d’assistance technique et d’éducation, influencerait le débat
sur les nouveaux traités et accords et jouerait un rôle important dans l’évaluation
des succès et échecs des organisations travaillant sur les questions de propriété
intellectuelle.
Après leur adoption, lors de l’Assemblée générale des États membres de 2007,
ces 45 recommandations réparties en six groupes ont donné lieu à de nombreuses
délibérations et réflexions concernant leur mise en œuvre.
Il a été convenu que cela s’effectuerait au moyen d’activités, programmes et
“projets” particuliers, coordonnés par une nouvelle division de l’OMPI : la Division
de la coordination du Plan d’action pour le développement. En fait, l’élaboration du
présent module d’apprentissage destiné à vous présenter le Plan d’action pour le
développement est l’un des résultats concrets d’un tel projet de mise en œuvre.
Cette division remplit les fonctions de secrétariat auprès d’un nouveau Comité du
développement et de la propriété intellectuelle (CDIP) de l’OMPI, coordonne la
mise en œuvre des recommandations du Plan d’action pour le développement et
leur intégration dans toutes les activités de l’OMPI, assure l’interface avec les
parties prenantes extérieures et améliore la compréhension du Plan d’action pour
le développement et de ses avantages.
La présente leçon d’introduction n’entre pas dans le détail technique de tous
les groupes, recommandations et projets de mise en œuvre du Plan d’action
pour le développement, mais vous donnera quelques exemples d’enjeux et de
résultats de cette initiative. Les grands thèmes sur lesquels portent les
six groupes de recommandations sont les suivants :
- assistance technique et renforcement des capacités (groupe A);
- établissement de normes, flexibilités, politique des pouvoirs publics et
domaine public (groupe B);
- transfert de technologie, techniques de l’information et de la
communication (TIC) et accès au savoir (groupe C);
- évaluations et études des incidences (groupe D);
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37. À la demande des États membres et selon leurs instructions, l’OMPI peut
réaliser des études sur la protection de la propriété intellectuelle afin de
déterminer les liens et les incidences possibles entre propriété intellectuelle et
développement.
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Groupe F : divers.
La recommandation 45 est seule dans ce groupe, mais elle touche le cœur
même du Plan d’action pour le développement : la protection et le respect des
droits de propriété intellectuelle devraient contribuer à l’avantage mutuel de
ceux qui génèrent et de ceux qui utilisent des connaissances, dans un contexte
social large. Cette idée est à la base d’un grand nombre de recommandations
des autres groupes, notamment celles qui mettent l’accent sur la nécessité
d’étudier les coûts et avantages de la protection de la propriété intellectuelle,
sur les liens entre propriété intellectuelle et politiques en matière de
concurrence, sur l’importance que revêt la reconnaissance des différents
niveaux de développement économique, social et culturel, etc. C’est la raison
pour laquelle, tant sur le plan terminologique que dans le principe, la notion
d’“application” des droits de propriété intellectuelle a fait place à celle de
“respect”.
Aucun des projets de mise en œuvre engagés jusqu’à présent ne renvoie
spécifiquement à la recommandation 45, mais cela est dû au fait que cette
dernière, plus que bon nombre d’autres, a essentiellement vocation à garantir
que l’esprit du Plan d’action pour le développement – concilier protection de la
propriété intellectuelle et préservation de l’intérêt général – imprègne les
activités et les attitudes générales au sein de l’OMPI et en dehors. C’est en
partie cela qu’il faut entendre par “intégration” du Plan d’action pour le
développement.
Un bon exemple de l’incidence concrète des principes contenus dans la
recommandation 45 est fourni par une récente réunion du Comité consultatif
sur l’application des droits (ACE) de l’OMPI. Les travaux de l’ACE
comprennent une analyse des méthodes appliquées dans les études existantes
pour évaluer les conséquences économiques de la contrefaçon et du piratage;
des recherches visant à déterminer les différents types d’infractions et de
motivations s’agissant des atteintes aux droits de propriété intellectuelle,
compte tenu de variables sociales, économiques et techniques et de différents
niveaux de développement; des études ciblées visant à élaborer des
méthodologies analytiques servant à mesurer l’incidence sociale, économique
et commerciale de la contrefaçon et du piratage sur les sociétés, compte tenu
de la diversité des réalités économiques et sociales, ainsi que des différents
stades de développement; et une analyse de diverses initiatives, d’autres
modèles et d’autres options possibles dans une perspective de bien-être
socioéconomique pour faire face aux défis posés par la contrefaçon et le
piratage.
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QAE 4 – Réponse
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Résumé
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Pas tout à fait. Le Plan d’action pour le développement représente une façon plus moderne
de concevoir le régime de la propriété intellectuelle dans le monde, et plus particulièrement
dans les pays en développement, mais pas exclusivement. Plutôt que de promouvoir la
protection des droits de propriété intellectuelle comme une fin en soi, il nous incite à réfléchir
à ce qu’il convient de faire ou ne pas faire pour l’utiliser à des fins plus larges telles que la
croissance économique et aussi, entre autres, la santé des populations, la sécurité
alimentaire, la protection de l’environnement ou la diversité culturelle. Le Plan d’action pour
le développement ne méconnaît pas le fait que la réalisation de ces objectifs nécessite un
système de propriété intellectuelle équilibré, et cela pourrait signifier que des changements
doivent être apportés aux règles de propriété intellectuelle existantes, mais cela pourrait
signifier aussi que les règles de propriété intellectuelle existantes doivent être utilisées d’une
manière nouvelle comme, par exemple, le modèle de licence Creative Commons, qui utilise
le système du droit d’auteur existant pour favoriser le partage et la collaboration.
Non. Le Plan d’action pour le développement va faciliter, par certains de ses aspects,
l’utilisation du système des brevets par les citoyens et les entreprises des pays en
développement. Il a par exemple conduit à l’élaboration de projets qui vont renforcer les
capacités des offices locaux de propriété intellectuelle ou faciliter l’accès aux informations
relatives aux brevets et aux technologies brevetées. Loin d’affaiblir le système des brevets,
ces projets auront pour effet de l’améliorer.
De quelle manière?
Non, ce n’est pas vrai. Les marques protègent d’une manière générale l’image des
entreprises et la valeur qui y est liée, et sont donc l’un des outils de propriété intellectuelle qui
contribuent à faciliter le transfert de technologie, par exemple des pays développés vers les
pays en développement, ou encore, toujours à titre d’exemple, du secteur public vers le
secteur privé ou des universités vers les entreprises. En fait, certaines des marques les plus
valorisées dans le monde sont elles-mêmes issues de pays en développement. Il est fait
allusion, par exemple, ailleurs dans ce cours, à la société indienne TATA, dont l’une des
nombreuses activités est la construction d’automobiles, et à M-PESA, le service de banque
mobile qui a débuté au Kenya et s’est étendu depuis à de nombreux autres pays. Le fait que
le droit des marques puisse protéger la valeur de ces deux noms démontre que les marques
ne sont pas un outil réservé aux pays développés, et peuvent en fait être utilisées par des
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pays se trouvant à des stades divers de développement pour protéger l’image des
entreprises et la valeur immatérielle qui s’y rattache.
Lorsqu’il est question de transfert de technologie, il n’est pas rare qu’un brevet soit concerné,
parce que les brevets sont un mode de protection qui s’applique aux inventions techniques.
Les œuvres des industries culturelles sont généralement protégées par le droit d’auteur,
tandis que le droit des marques protège la notoriété des entreprises auprès des
consommateurs ainsi que le capital d’image qui s’y rattache. S’il est vrai que les brevets
protègent la technologie, il est important, lorsque l’on parle de transfert de technologie, de
considérer l’entreprise concernée dans son ensemble, avec la totalité de ses actifs
immatériels, et il devient alors évident que les marques et l’image qui en résulte tiennent une
place importante dans le processus de transfert technologique, et que les brevets ne sont
pas les seuls droits concernés.
Non, pas vraiment. Il peut aussi être très avantageux pour les pays développés. Le Plan
d’action pour le développement vise à faire en sorte que le système de la propriété
intellectuelle fonctionne mieux pour tout le monde, et pour cela, il reconnaît que la meilleure
manière d’aborder la propriété intellectuelle peut différer d’un pays à l’autre, selon le contexte
économique, social ou culturel local. L’essentiel est d’utiliser les flexibilités prévues par le
système international pour créer des politiques et des pratiques adaptées à la situation
particulière de chaque pays.
L’Accord sur les ADPIC permet à un pays de recourir à une licence obligatoire sur un brevet
dans certaines situations. Dans un cas d’urgence sanitaire, par exemple lorsque des
médicaments sont nécessaires pour faire face à une pandémie comme celle de la grippe
aviaire, l’accès à ces derniers dans des conditions de délai et de prix acceptables peut
parfois être compliqué par l’existence de droits de brevet. L’Accord sur les ADPIC comprend
donc un système de flexibilité prévoyant qu’un gouvernement peut, dans le cadre de ce que
nous appelons une licence obligatoire, utiliser une technologie ou un médicament sans le
consentement du titulaire du brevet qui les protège, en rémunérant toutefois celui-ci. Il est
important d’insister sur le fait que si le titulaire du brevet ne peut pas se soustraire à une telle
licence, l’obligation de le rémunérer ne disparaît pas pour autant.
Et c’est cela qu’on appelle une flexibilité dans le régime des brevets?
Le système international des brevets présente une flexibilité suffisante pour concilier la
protection des droits de propriété intellectuelle et les préoccupations de santé ainsi que celles
des populations aux niveaux national et mondial.
En fait, est-ce que ce sont les règles de l’Accord sur les ADPIC qui permettent cela ou
celles du système des brevets de chaque pays?
Il s’agit d’un processus séquentiel, dont l’Accord sur les ADPIC établit le cadre général. Les
accords internationaux n’imposent pas un modèle universel de protection des droits de
propriété intellectuelle – ils fournissent un cadre général de base que chaque pays peut
appliquer à sa manière dans son environnement local.
L’essentiel est que les flexibilités permises par les dispositions générales de l’Accord sur
les ADPIC soient suffisantes pour que chaque pays puisse les mettre en œuvre de la
manière qui convient le mieux à sa situation économique, sociale ou culturelle locale. Le
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Plan d’action pour le développement a en grande partie pour fonction d’informer les pays en
développement de l’existence de ces flexibilités et de les aider, par exemple par des activités
d’assistance technique et de renforcement des capacités, à comprendre comment les utiliser
de la manière la plus efficace.
Bien au contraire. Tous les types de droits de propriété intellectuelle jouent un rôle dans le
développement. Il est vrai que la protection par le droit d’auteur est plus présente dans les
industries culturelles, comme la musique, l’édition ou le cinéma, mais elle est aussi d’une très
grande importance pour d’autres grands enjeux du développement tels que l’éducation
universelle. Il suffit de penser à la production, à la distribution et à l’accès aux livres ou au
matériel d’apprentissage en ligne, qui sont autant de domaines dans lesquels elle s’applique.
Par conséquent, il est impossible pour le plan d’action de favoriser le développement en
ignorant les règles du droit d’auteur.
La question du biopiratage ne fait l’objet d’aucune mention expresse ou explicite dans le Plan
d’action pour le développement, mais elle fait partie du contexte plus large dans lequel
s’inscrit ce dernier. Le Plan d’action pour le développement recommande spécifiquement à
l’OMPI de coopérer avec les autres organisations qui travaillent sur ce type d’enjeu, car un
grand nombre de pays en développement très riches en ressources biologiques veulent
s’assurer que l’accès à ces dernières et le partage des avantages qui en découlent se
fassent dans le cadre d’un système équitable lorsqu’elles seront exploitées. Il y a ainsi des
recoupements importants entre les travaux de l’OMPI et ceux de la Convention sur la
diversité biologique concernant l’élaboration d’un accord international sur l’accès aux savoirs
traditionnels et aux ressources génétiques et le partage des avantages en découlant.
Par conséquent, si le biopiratage est envisagé comme une composante d’un problème plus
large relatif aux savoirs traditionnels et aux ressources génétiques des communautés
autochtones et locales, il ne peut pas être dissocié du cadre du Plan d’action pour le
développement et des réalités qui entourent sa mise en œuvre et les projets concrets
engagés à cet effet.
L’Accord sur les ADPIC prévoit des flexibilités qui permettent aux pays d’élaborer des
régimes nationaux de propriété intellectuelle adaptés à leur situation particulière. J’ai cité à
cet égard l’exemple des licences obligatoires. Il en existe d’autres. La protection par brevet
des végétaux n’est pas une obligation en vertu de l’Accord sur les ADPIC. Elle peut être
assurée, par exemple, par un système sui generis ou par un système particulier de protection
des droits d’obtenteur que certains pays ont adopté au lieu de protéger les variétés végétales
par des brevets. L’Accord sur les ADPIC établit la durée de protection minimale du droit
d’auteur à la vie de l’auteur plus 50 ans. Certaines législations, comme celles des États-Unis
d’Amérique et de l’Union européenne appliquent une durée supérieure à ce minimum, mais
cela ne relève pas d’une obligation créée par l’Accord sur les ADPIC. Il existe un large débat
au sein de la communauté internationale quant à savoir si ce dernier établit le meilleur
équilibre possible et quels sont les aspects sur lesquels le système international pourrait être
amélioré, mais d’une manière générale, les possibilités d’application des flexibilités sont
nombreuses. L’essentiel est d’expliquer ce que sont ces flexibilités et d’aider les pays à
déterminer quand il est opportun de les utiliser.
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Intégrer le Plan d’action pour le développement veut dire envisager tous les aspects du
développement sur lesquels la propriété intellectuelle a des incidences. Cela concerne donc
non seulement la croissance économique, mais aussi d’autres indicateurs clés des
“capabilités” et de la liberté dont jouissent les humains, comme la santé de la population, la
durabilité de l’environnement, la sécurité alimentaire, l’universalité de l’enseignement ou la
diversité culturelle, entre autres. La condition, pour que cette intégration se réalise, est que
ces grands enjeux importants pour le développement soient pris en considération dans toutes
les activités de l’OMPI et dans toutes celles des parties prenantes de l’OMPI. Autrement dit,
cela comprend l’Organisation elle-même, mais également ses États membres. Dans leurs
offices de propriété intellectuelle, cela comprend la communauté des chercheurs des
universités; cela comprend les praticiens de la propriété intellectuelle, les entreprises qui
exploitent des droits de propriété intellectuelle, ainsi que les organisations non
gouvernementales et la société civile. Il est nécessaire que ces parties prenantes
réfléchissent ensemble à des manières d’utiliser la propriété intellectuelle pour créer de la
valeur pour tous, et pour ces grands enjeux de politique publique liés au développement, les
incidences de ce concept sont nombreuses.
Non. Le Plan d’action pour le développement est différent de l’Accord sur les ADPIC, de la
Convention de Berne ou des traités Internet de l’OMPI dont vous avez entendu parler ailleurs
dans ce cours, ainsi que du Traité de coopération en matière de brevets dont il a également
été question dans ce cours. Le Plan d’action pour le développement est un ensemble de
45 recommandations débattues et proposées par un comité d’États membres de l’OMPI et
adoptées à l’unanimité par l’Assemblée générale, mais ce n’est pas un traité auquel les États
doivent se conformer ou qu’ils doivent transposer dans leur droit national. Il s’agit plutôt d’un
instrument de politique générale destiné à guider l’OMPI et ses États membres, dans leurs
activités mondiales et nationales concernant notamment la mise en œuvre d’autres traités,
l’élaboration de politiques ou l’administration de systèmes de propriété intellectuelle. Le Plan
d’action pour le développement n’est pas en lui-même un traité.
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L’un des premiers résultats de cette initiative a été une étude sur le droit
d’auteur et le domaine public :
http://www.wipo.int/meetings/fr/doc_details.jsp?doc_id=147012.
Pour en savoir plus sur les travaux de l’OMPI en rapport avec les OMD :
http://www.wipo.int/ip-development/en/agenda/millennium_goals/
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Documents pertinents
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