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B. de FINETTI
leçons
de
mathématiques
financières
CO LLECTIO N
«FINANCE ET ÉCONOMIE APPLIQUÉE»
LEÇONS DE
MATHÉMATIQUES
FINANCIÈRES
PAR
B. de FINETTI
TRADUIT DE L’ITALIEN PAR
E. D AN A
ÉCONOMIE APPLIQUÉE
Volume 28
MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Collection FINANCE ET ÉCONOMIE APPLIQUÉE
Sous la direction de H. HIERCHE
Volumes publiés :
1. — H. A rdant. — Introduction à Vétude des banques et opérations de banque
(épuisé).
2. — P. D upont . — Le contrôle des banques et la direction du crédit en France:
3. — B. O hlin . — La politique du commerce extérieur.
4. — J. R. HlCKS. — Valeur et capital {Enquête sur divers principes fondamentaux
de la théorie économique).
5. — J. L esourne. — Technique économique et gestion industrielle (2e édition).
6. — P. M assé. — Le choix des investissements {Critères et méthodes) (2e édition).
7. — J. G. K emeny, J. L. Snell, G. L. T hompson. — Algèbre moderne et activités
humaines (2e édition française revue et corrigée).
8. — R. F rish (avec la collaboration de L. N ataf). — Maxima et minitna {Théorie
et applications économiques).
9. — P. R osenstiehl, A. G houila-H ouri. — Les choix économiques {Décisions
séquentielles et simulation).
10. — J. T inbergen. — Techniques modernes de la politique économique.
11. — G. T intner. — Mathématiques et statistiques pour les économistes. Tome I :
Méthodes élémentaires.
12. — P. G ordon. — Mathématiques pour les économistes. — Méthodes avancées
(à paraître prochainement).
13. — J. M othes. — Prévisions et décisions statistiques dans Ventreprise (2e édition).
14. — R. F risch . — Les lois techniques et économiques de la production.
15. — L. V. K antorovitch. — Calcul économique et utilisation des ressources.
16. — E. M alinvaud. — Méthodes statistiques de Véconométrie.
17. — J. G. K emeny, A. Schleifer, J. L. Snell, G. L. T hompson. — Les mathé
matiques modernes dans la pratique des affaires.
18. — R. Bellman et S. E. D reyfus. — La programmation dynamique et ses appli
cations.
19. — J. D esrousseaux. — L'évolution économique et le comportement industriel.
20. — S. C h . K olm. — Les choix financiers et monétaires {Théorie et technique mo
dernes).
21. — Y. M ainguy. — L'économie de l'énergie.
22. — A. C otta. — Théorie générale du capital, de la croissance et des fluctuations.
23. — H. J. H enderson et R. E. Q uandt. — Microéconomie {Formulation mathé
matique élémentaire).
24. — G. P almade. — L'économique et les sciences humaines. Tome I.
25. — G. P almade. — L'économique et les sciences humaines. Tome II.
26. — L. Stoleru. — L'équilibre et la croissance économiques. Principe de macro
économie.
27. — J. C. Boot. — Programmation quadratique.
28. — B. de F inetti. — Leçons de mathématiques financières.
29. — W. J. G ranger. — Analyse spectrale des séries temporelles en économie.
Volumes à paraître :
30. — J. U llmo. — Le profit.
31. — B. R oy. — Algèbre moderne et théorie des graphes. Tome I : Notions et résul
tats fondamentaux.
32. — B. R oy. — Algèbre moderne et théorie des graphes. Tome II : Applications
et problèmes spécifiques.
D. R. Bergmann. — Manuel de méthodologie économique appliquée à
l'agriculture.
J. L esourne. — Théorie de l'optimum économique.
LEÇONS
DE
MATHÉMATIQUES
FINANCIÈRES
PAR
B. de FINETTI
traduit par
E. DANA
Préface de
J. ULLMO
Examinateur à l’École polytechnique
J. POZZETTO
Professeur à l’École des Hautes Études Commerciales
DUNOD
PARIS
1969
© D unod , 1969.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est inter
dite. Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce
soit, photographie, microfilm, bande magnéiique, disque ou
autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues
par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d'auteur.
PRÉFACE
C ’est un honneur pour nous de présenter ce livre parce que son auteur
M. Bruno de Finetti est un des penseurs les plus originaux et les plus profonds
de ce temps. En attendant la traduction prochaine de son grand ouvrage sur
/ ’Incertain en économie, le présent ouvrage donnera au public français Vocca
sion de faire connaissance avec les qualités de style et de maîtrise dans la présen
tation propres à Vauteur. Il ne s ’agit ici que d ’un traité classique de mathéma
tiques financières destiné aux étudiants et aux praticiens; mais on y sent la main
d ’un maître qui domine assez ce sujet traditionnel pour le mettre en perspective.
On trouvera donc dans les chapitres successifs, après un rappel des notions
mathématiques nécessaires, une étude particulière de la loi exponentielle {ou
capitalisation continue à taux constant), fondement des mathématiques finan
cières, c’est-à-dire des règles de comparaison dans le temps et de regroupement
de règlements monétaires effectués à des époques différentes à l’occasion d ’une
même opération globale. Les applications de la loi exponentielle permettent la
définition rigoureuse des concepts de capitalisation, d ’escompte, d ’usufruit, de
nue-propriété, de rente et d ’amortissement. Toutes ces grandeurs se déduisent de
la seule connaissance du taux ou paramètre qui figure dans la fonction expo
nentielle.
Le problème inverse de la recherche de ce taux, lorsque certaines de ces gran
deurs sont fixées par des contrats ou par des transactions sur un marché, est
traité aussi dans toute sa généralité. Il est à la base de l’art des placements. Un
chapitre est consacré aux emprunts et obligations et un autre aux approximations
souvent utilisées en comptabilité au lieu de la loi exponentielle, et qui ne sont
justifiées qu’en fonction de celle-ci.
Après avoir rendu justice au livre, on nous permettra de dire quelques mots de
Vauteur, ou plutôt de l ’ordre de pensées dans lequel sa contribution a été décisive.
On peut dire de Bruno de Finetti qu’il a été Vinstaurateur de la Théorie de la
probabilité subjective, elle-même fondement de la Théorie de la décision, qui
devient aujourd’hui l ’instrument majeur de l’activité humaine.
On a confondu pendant très longtemps le Calcul des probabilités et la Théorie
de la probabilité. Cette confusion ne s’est dissipée que lorsqu’on a absolument
distingué le Calcul des probabilités, branche des mathématiques développée
comme toute autre à partir d ’un système d ’axiomes auquel on ne demande que la
non-contradiction, et la probabilité, théorie relative au monde réel comme la
VIII LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
J ean U llmo
Examinateur à l ’École polytechnique.
PR ÉSEN TA TIO N D E L ’ÉD IT IO N FRANÇAISE
Dans cet ouvrage, M. de F inetti, présente d'une façon très détaillée et com
plète, les divers outils mathématiques utilisés pour les calculs d'actualisation.
Les principes analytiques qui fondent la notion d'actualisation ainsi que la
mise en œuvre de cette dernière dans la pratique financière font, depuis fort
longtemps, partie de V « arsenal de base », des réflexes du chef d'entreprise.
On s'étonnera tout d'abord que M. de F inetti ait jugé bon de consacrer une
étude aussi volumineuse à un sujet qui semble fort bien connu par ailleurs. C'est
précisément en nous efforçant de scruter les mobiles de cette étude et sa signi
fication profonde que nous pourrons effectivement en tirer parti. Nous prendrons
alors conscience de la nécessité d'élargir nos anciens modes de pensées sur des
points que nous jugions, trop rapidement, définitivement acquis.
L'entreprise, quelle qu'elle soit, peut être considérée comme un organisme
qui coordonne un ensemble de flux en vue d'atteindre un certainnombre d'objectifs.
Parmi ces flux, il en est un qui occupe une situation privilégiée : le flux monétaire.
A cela, deux raisons essentielles. Tout d'abord, une partie des objectifs de l'en
treprise se traduit précisément en terme de profit monétaire. En second lieu,
l'échelle monétaire constitue une base commune pour l'évaluation de plusieurs
flux hétérogènes : heures de travail, matières premières, produits finis, etc.
Les calculs d'actualisation ont précisément pour but d'étudier les rapports
mutuels des divers flux caractéristiques de l'entreprise, ces flux ayant été évalués
par rapport à une échelle de mesure commune : la monnaie.
Aux flux qui viennent d'être envisagés correspond, dans le temps, une succession
d' « états de l'entreprise ». On se propose alors de comparer deux tels états
pour pouvoir porter un jugement de valeur : l'évolution correspondante est-elle
favorable ou non? Un tel jugement fa it intervenir des mécanismes très complexes.
Ces mécanismes ne s'appuient pas exclusivement sur des considérations moné
taires (iInterviennent en outre des considérations d'ordre psychologique, climat
de travail, etc., stratégiques et autres). Dans ces conditions le critère de jugement
propre à l'analyse financière servira de guide à la décision de l'entrepreneur
mais ne saurait en constituer l'unique fondement. Mais par ailleurs, l'aspect
financier des opérations doit être considéré de prime abord car il forme le cadre
nécessaire à la réalisation d'autres objectifs (qui sont subordonnés à l'existence
et à la continuité de l'entreprise, donc son équilibre financier). D'où la portée
et les limites des techniques et des outils qui nous sont présentés.
Le critère de jugement propre à l'analyse financière se définit à partir de la
notion de croissance. On s'attachera alors, par exemple, à déterminer si l'évo
lution entre un état initial et un état final est caractérisée par une croissance
xn LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
C hapitre I
1. Remarques préliminaires........................................................................... 1
2. La fonction constante f(x ) = a o ............................................................. 2
3. La fonction linéaire f(x ) = ao + a±x.................................................... 5
4. La fonction du second degré f( x ) = ao + ai* + #2* 2 ............... 19
5. Polynômes de degré n : généralités et dérivées successives............... 31
6. Étude des polynômes ; racines et décomposition en facteurs............... 34
7. Observations complémentaires; représentation graphique; inégalités
de degré n ................................................................................................... 40
8. Conditions que l’on peut assigner à un polynôme de degré n ; déter
minant de Vanderm onde......................................................................... 44
9. Formules d’interpolation de Lagrange et de N ewton....................... 45
10. Interpolation d ’ordre n et bornes de l’erreu r.................................... 47
11. Points de contact entre courbes planes................................................ 50
12. Approximation d’ordre n ; formule de Taylor................................. 57
13. Séries de puissances. Séries de Taylor..................................................... 61
14. Remarques sur certains types d ’équations différentielles du premier
ordre............................................................................................................... 66
Exercices ............................................................................................................. 77
Chapitre II
C hapitre III
C hapitre IV
PROBLÈMES CONCERNANT
LA RECHERCHE D’UN TAUX
42. Remarques préalables................................................................ 160
43. Nature mathématique du problème .................................................... 161
44. Croissance et concavité dans les problèmes usuels........................... 167
TABLE DES MATIÈRES XV
Chapitre V
EMPRUNTS — OBLIGATIONS
Chapitre VI
1. — Remarques préliminaires
est de la même façon vérifiée pour toute valeur de x si ao est positif, et n ’a pas
de solution si ao est négatif.
' Ênfin, si xq est tin nombre réel quelconque,
lim ao — ao.
, x x9 .
lim ao = ao.
X-> 00
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 3
Conditions imposées pouvant être satisfaites par la fonction : on peut se proposer
que la droite représentative passe par un point déterminé. En d’autres termes
cela veut dire que pour x = xo, y doit prendre une valeur donnée y = y o;
ceci détermine donc la valeur de la constante ao : «o = .yo- Toutes les autres
conditions que l’on pourrait poser sont nécessairement équivalentes à celle-ci.
Il n ’existe pas de fonction constante vérifiant deux ou plusieurs conditions
indépendantes, par exemple, que la droite passe par deux points déterminés
(à moins que ces deux points n’aient la même ordonnée, auquel cas la seconde
condition, loin d ’être incompatible, devient superflue).
Rapport de croissance :
^ = — = 0
Ax Ax
Dérivée :
seulement de la fonction (à part la valeur qu’elle prend pour xo) qu’elle est
continue en xo : c’est-à-dire que lim f(x ) = /(xo). Ceci signifie, intuitivement,
•C—
que pour les valeurs de x voisines de xo, la valeur de y est voisine de yo (x).
C1) Si / est un nombre et / une approximation de / , Ton appelle erreur d ’approximation la diffé
rence E — f — /. Par conséquent, / est appelée valeur par défaut si E < 0, valeur par excès si
E > 0. Inversement, la différence R = / — / e s t appelée reste; puisque l’on a E = — R , évaluer
le reste revient à évaluer l’erreur, et si une restriction vaut pour E, elle vaut également pour R et
inversement.
(2) On utilise souvent d ’autres notations pour la fonction linéaire, telles que f(x ) = ax + b,
ou / ( x) = mx + q. Cependant, lorque l’on veut étudier systématiquement les polynômes de degré
0, 1, 2, 3, etc., il convient de les indiquer par des symboles du type ao, ao + aix, ao + aix + a 2 X2,
ao + aix + a 2 X2 + a3x 3, c’est-à-dire en disposant les puissances de x par ordre croissant, et en
appelant aie le coefficient de x k. Les avantages d ’une telle notation sont évidents, et apparaîtront
lorsqu’on étudiera les séries de puissances, dont les polynômes peuvent être considérés comme des
cas particuliers, c’est-à-dire des séries de puissances dont les coefficients sont nuis à partir d ’un
certain moment (voir le paragraphe Séries de puissances).
6 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
a étant l’angle formé par la droite avec la partie positive de l’axe des x, on a
coutume de dire que ai est le coefficient angulaire de la droite, ou coefficient
de pente, ou plus simplement pente.
Cette dernière dénomination est plus simple et on l’emploiera de préférence,
car la notion de coefficient angulaire n’a vraiment de signification que si x
et y représentent des grandeurs homogènes (par ex. des nombres purs ou des
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 7
longueurs, etc.); si les grandeurs sont, par contre, hétérogènes (par exemple,
temps sur l’axe des x et longueur sur l’axe des y ), la dérivée (ici le coefficient a±)
constitue toujours, dans un certain sens, une mesure de la pente (ici la vitesse
mesurée dans un système d ’unités données), alors que l ’angle a (et donc tg a)
n’aura qu’une signification accidentelle, accessoire, dépendant du choix des
unités de mesure des différentes grandeurs (comme le temps et la longueur)
portées respectivement sur les deux axes.
Parallélisme et orthogonalité.
y = ao + aix
y' = ao + aix
x = — ao/ai.
lim J (x) = oo
£-»00
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 9
et, plus précisément :
+ 00 si ai > 0
lim (ao + a\x) = (V. fig. 8)
Æ
—>+00 — 00 si ai < 0
— 00 si ai > 0
lim (ao + aix) = (V. fig. 8).
X -y—ao + 00 si ai < 0
Fig. 8.
Conditions pouvant être imposées à la droite y = ao + a\x :
a) Passer par deux points donnés Po(xo, ^o) et P\(x\, yi).
L’équation de la droite est
b) Passer par un point donné P o{xq, yo), avec une pente donnée ai.
L’équation de la droite est
y = yo + ai(x — xo) (2)
10 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
(b') /(x ) vérifie une condition linéaire {voir remarques suivantes) et a une racine
donnée.
Si le polynôme du premier degré f{x) = ao + ayx a pour racine ai [/(a i) = 0],
il a nécessairement la forme /(x ) = a\{x — ai) (voir démonstration ci-dessus).
Le coefficient a± demeure arbitraire, et peut être fixé par une autre condition
linéaire.
Rapport de croissance
Ay aiAx
= ai = pente.
Ax Ax
Dérivée :
y' = f'(x ) = lim ai = a± = pente.
AX^O
Equations différentielles.
y ' = yjx : Équation différentielle de toutes les droites passant par l ’origine.
On peut immédiatement vérifier que son intégrale générale est
y = Cx (C étant une constante arbitraire) : on a en effet dans ce
cas, y ' = C, et en remplaçant C par y ' dans l ’équation y = Cx
on obtient y = y'x, ou encore y ' = yjx. Pour trouver cette solution
au lieu de la vérifier à postériori il convient d’exprimer y ' comme
étant le rapport dy/dx de deux différentielles et de séparer les
variables, c’est-à-dire d’inscrire tous les termes en x dans un membre
de l’équation et tous les termes en y dans l ’autre membre.
dy __ y ^ dy _ dx
dx x5 y x
Ayant interprété les deux membres dy/y et dx/x comme étant deux
différentielles il suffit de se rappeler que les différentielles de deux
l’objet d’une capitalisation) est au bout de 0, 1, 2 ,... années respectivement 1, 1 + i, 1 4- 2/,....
Ce sont là les termes d ’une progression arithmétique de raison L En désignant par t le temps (mesuré
en années) on peut dire que ces valeurs sont celles prises par la fonction linéaire f(t) = 1 + //,
(de pente i) pour des valeurs entières de t.
12 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
lO dx — Ci “b O — Ci
Intégrale :
F ig . 9.
Ayant effectué les calculs on trouve les résultats ci-dessus. Soit F(x) la fonc
tion ainsi définie : pour prouver analytiquement qu’elle vérifie l’équation
intégrale considérée on doit démontrer que F'(x) = ao + a\x et F(a) = 0,
relations que l’on peut vérifier immédiatement.
(x) Ceci peut se démontrer directement en rappelant que la tangente à la courbe au point A (xo, jo)
est la limite de la sécante AB quand B -> A, le long de la courbe (voir figure correspondante).
Étant donné que (comme dans notre hypothèse cela peut se démontrer) il est équivalent de dire
r Av
que B A sur la courbe ou que A x -> 0, la droite tangente aura pour pente ^ = / '(*o).
Pour cette raison, la dérivée première de f( x ), calculée en un point xo, est appelée pente de la courbe
en ce point.
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 15
Si, au voisinage de xo, on prend comme valeur de /(x ) la valeur de <p(x)
(voir fig. 10), on obtient une valeur dite de première approximation (ou approxi
mation du 1er ordre).
On peut également dire que l’approximation du 1er ordre consiste à prendre
comme ordonnée d’un point P de la courbe celle du point Q ayant une abscisse
égale sur la tangente au point Po; en d’autres termes cela consiste à remplacer
un petit arc de courbe par un petit segment de tangente.
L’erreur, c’est-à-dire la longueur du segment PQ (positive si Q est au-dessus
de P et négative dans le cas contraire), est donnée par <p(x) — f(x) ; le reste
est l’inverse, c’est-à-dire,
Ce reste (et par conséquent l’erreur également) tend vers zéro quand x xo,
c ’est-à-dire quand Ax —> 0 ; on peut de plus affirmer que le reste tend vers zéro
plus rapidement que x (voir sur la figure 10 comment PQ décroît quand
Àx —> 0). Ceci revient à dire que :
reste f( x ) — <p(x)
hm —r— lim
Ax~>0 Ax A#->0 Ax
est nul.
La démonstration est immédiate :
= /'(*<>) — / ' ( * o) = 0.
Le reste (et par conséquent l ’erreur) est non seulement absolument inférieur
à Ax (pour Ax 0) mais également toujours inférieur en pourcentage. Cepen
dant, si l’on ne connaît de la fon ction /(x) que ses valeurs /(xo) et /'(x o ),
(c’est-à-dire, en se référant à la représentation graphique, un point et la pente
de la courbe en ce point), on ne peut donner aucune autre précision sur cette
approximation. On ne peut pas, par exemple, fixer une limite de l ’erreur,
connaissant x, ni dire si celle-ci est positive ou négative, etc.
Compte tenu du fait que si / "(xo) > 0 la courbe tourne sa concavité vers
le haut, au point d ’abscisse xo, si /" (x o ) < 0 la courbe tourne sa concavité
vers le bas, on peut savoir, en connaissant / " ( x o), si l ’erreur est effectivement
positive ou négative au voisinage immédiat de xo; mais il est impossible de
déterminer exactement ce voisinage.
On peut remarquer d’ores et déjà qu’il ne suffit pas de connaître /(x ) et un
nombre quelconque de ses dérivées en un point donné pour obtenir une borne
de l’erreur commise en employant une certaine méthode d’approximation.
16 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Interpolation linéaire.
Connaissant deux valeurs yo et y i d ’une fonction y = / ( x), correspondant
à deux valeurs de x, xo et xi = xo + Ax, et sachant que cette fonction est
continue entre xo et x±9 on se propose d’indiquer une méthode pour déterminer
approximativement /(x ) pour des valeurs de x comprises entre xo et xi
(on pourra d ’ailleur utiliser la même méthode, moyennant certaines restrictions,
pour des valeurs de x extérieures à Pintervalle (xo, xi)). On supposera, à cet
effet, que dans l’intervalle (xo, xi) les accroissements de /(x ) sont proportionnels
à ceux de x , ou, en d’autres termes, que, dans cet intervalle, la fonction /(x )
peut être confondue avec le segment de sécante compris entre xo et x i (voir
fig. 11).
L’équation de cette sécante est (voir formule (1) et la note (*) en bas de
la page 14) :
x = x° + O — f ( x 0» (4)
ou bien, si Ax = 1,
y — /(* o) (4')
X = xo +
Ay
En supposant les signes de f ' ( x ) et de f " ( x ) connus et constants entre
xo et x i (si la fonction /(x ) est dérivable deux fois), on peut préciser si l ’approxi
mation obtenue l’est par défaut ou par excès (tant dans le problème direct
que dans le problème inverse). Les figures 12, 13, 14, 15, où l’on désigne par/
r> 0;f">0 r < 0 ;f" > 0 r > Q :f" >0
r>0;f'<0
7 par excès f_ p a r d é fa u t f P ar e x cè s f P ar défaut
x p a r d é fa u t x par excès x p a r excès x p a r défaut
la valeur de / donnée par l’équation (3), et par je, la valeur de x fournie par
l’équation (4), illustrent les diverses possibilités.
On verra au titre du numéro suivant comment il est possible de déterminer
une limite de l’erreur si l’on connaît une borne de/ "(x) dans l’intervalle (xo, xi).
Appliqué à un point extérieur à l’intervalle (xo, *i), le procédé envisagé ici
est dit d 'extrapolation; dans ce cas, pour déterminer une limite de l ’erreur,
f " ( x ) doit être bornée (par un nombre connu) dans tout l’intervalle compre
nant le point examiné et les deux points donnés.
Erreur dans Vapproximation d'ordre zéro.
Considérons une approximation d ’ordre zéro, que l’on appelle également
interpolation d'ordre zéro, ou mieux encore extrapolation, étant donné que
F inetti. — Leçons de mathématiques financières 2
18 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
l’intervalle entre les points donnés se réduit à un point. Soit x± le point où l’on
prend yo = f( x o) comme valeur de f(x). L’erreur commise sera :
E = — R = f(x o) — f ( x i) (R = reste).
et il est possible de trouver une limite à E s i / '(x) est bornée sur tout l’intervalle
(xo, Xi).
Soit encore y = ifj(x) l’équation de la droite passant par les points (xo,/ ( * 0))
(* i,/(* i)), (voir fig. 16) on a :
\ , / (*i) — / (x0) , .
y = 4>(x) = yo + - ± - r — tt " (x — xo);
XI — Xo
donc
\R \ = | £ | < A |x i — x 0 |.
(x) Quoique la forme de la courbe soit bien connue, elle conduit parfois à commettre une grave
erreur : celle de la dessiner comme une hyperbole (comme si elle avait des asymptotes obliques).
En fait, les deux branches de la parabole tendent à devenir parallèles à l’axe des y. Cela ne veut
pas dire pour autant que la courbe a des asymptotes verticales : la longueur de la corde horizon
tale croît à l’infini, lorsque y tend vers l’infini.
20 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Symétrie, sommet.
On peut écrire le trinôme 00 + a\x + 02X2 sous la forme
40002 — 01 , ( , 01 V
“ U ----- + H * + W ; <5)
l’identité peut être vérifiée en effectuant les calculs indiqués dans le second
membre.
0i
(x +è ) etdonc def(x). Valeurs opposées de x + — correspondent à des
— 01 ± v 0i — 40002
x = -----------------------------
202
Si l’on désigne ces deux racines par ai et a2, on obtient par calcul :
, 01
ai + a 2 = -------
02
(6)
00
a i a2 = —
02
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 21
Si, inversement, on fixe la valeur des racines ai et 0L2 , on a nécessairement
peut donc être résolue immédiatement comme suit (voir fig. 18 et 19) :
et plus précisément
2
lim (ao + a±x + d 2X ) = + oo si 02 > 0
£->oo
2
lim (ao + 0i* + d 2X ) = — oo si d2 < 0.
Æ->00
r x 2 = <f 00 si Û2 > 0
= d 2 bm
£-»00 ( 00 si #2 < 0*
A>o A=o A<o
a^a2 x
c?2>0
al = a!
X
a) Pdsser por trois points quelconques (*o, .yo), (*i, Ji), (x2, J 2).
00 + 01*0 + 02*0 = yo
ao + 01*1 + 02*1 = y i
00 + 01*2 + 02*2 = y2l
il est évident que dans des cas particuliers (par exemple si l’un des points
donnés est l’origine), on peut procéder à la résolution de façon beaucoup
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 23
plus simple qu’en appliquant le théorème de Cramer, auquel on a recours
ici pour résoudre le cas général.
Le déterminant des inconnues est
11 xo *o2
11 Xi Xi2 (X 2 — X i) (X 2 — X 0) ( X i — XQ) ,
11 X2 X22
0 1 2xo = 2.
0 0 2
Le système a toujours une solution et une seule, non dégénérée si ÿ'o ^ 0.
Si xo = 0, donc si les conditions sont fixées à l ’origine, le système se sim
plifie : les facteurs constants disparaissent, et l’on obtient directement les
coefficients :
ao = yo, ai = yb, la 2 = yo
Accroissement :
2
Ay = (ai + 2æ2x)Ax + a2Ax ;
en effet,
= <m + - n + a » + «A x.
Ax Ax
Dérivée :
Équations différentielles.
= ax + Z> : équation différentielle caractéristique de toutes les paraboles
ayant la même pente aux points d ’abscisse égale; en particulier,
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 25
le même axe de symétrie. L’on trouve en effet comme intégrale
générale :
y = Co + y dx = Co + Ci* + —C 2X .
Intégrale :
/ 2\ 2 2 1 3 / 1 2 1 3\
I (tfo + ave + ave )dx = üqx + - aix + - ave — ya^a + - a±a + - a%a )
J a Z 5 Z |J
(il suffit de vérifier que sil’on appelle F{x)l ’expression trouvée, l’on a F{a) = 0,
F'{x) = ao + ave + ave2).
tion (p(x), on obtient une approximation dite du second ordre, qui est évidem
ment meilleure que celle du premier ordre, puisque la parabole a en commun
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 27
avec la courbe non seulement la pente (et la tangente) mais également la
« courbure » (en prenant toujours ce terme dans un sens intuitif) qui dépend
de la dérivée seconde.
Cette approximation est meilleure, puisque le reste f(x ) — <p(x) (et donc
l’erreur) tend vers zéro plus rapidement que Axr, mais aussi plus rapidement
que Ajc2 — ou, plus précisément :
r
lim r—
este
« = A0-
Ax~>0 Ay
reste
lim ---- - = 0.
a *->o A xn
Interpolation quadratique.
Si l’on connaît de la fonction y = f(x ) trois valeurs yo, y i, y 2, correspondant
à trois valeurs de x, xo, x±, X2 , on peut considérer la parabole passant par ces
trois points et prendre comme valeur de f(x), pour des valeurs de x: comprises
entre celles-ci (ou également non comprises entre celles-ci avec quelques précau
tions), l’ordonnée du point de la parabole ayant la même abscisse. Ceci revient
à remplacer l ’arc de courbe passant par les trois points donnés par l ’arc de
parabole passant par les trois mêmes points.
On obtient ainsi généralement de meilleures approximations que par l ’inter
polation linéaire; il en est sûrement ainsi lorsque dans l ’intervalle considéré
f"(x) est de signe constant (parce qu’alors, comme on le sent intuitivement,
la parabole a sa concavité tournée dans le même sens que la courbe, contrai
rement à la figure 21). On reviendra ultérieurement sur l ’évaluation de
l’erreur.
Si au lieu de connaître trois points de la courbe d ’équation y = / ( jc), on
n’en connaît que deux, ainsi que la pente en l ’un de ceux-ci, on peut déterminer
28 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
la parabole passant par ces points, et ayant en l ’un de ceux-ci la même pente
que f(x ) (voir fig. 22) : on peut dire que ce cas est un cas limite du précédent, si
deux des trois points tendent à coïncider l’un avec l ’autre, par exemple si x%-> xi.
De la même façon, l’approximation du second ordre peut être considérée
E = <p(x2) — f ( x 2).
Soit y = ifs(x) l’équation de la parabole passant par les trois points (xo, jo),
(xi, j’i), (x2, y 2) (voir fig. 23). Son équation sera (voir formule d’interpolation
de Newton n° 25') :
r x o - n o = 0. (10)
30 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
2R
n o - (X2 — X0)(x2 — X l)
= o,
dont on déduit
| * | = | £ | * ^ A x 2. (120
Il est donc utile de noter d’ores et déjà que la dérivée d ’un polynôme de
degré n est un polynôme de degré n — 1, la dérivée seconde est un polynôme
de degré n — 2..., la dérivée d ’ordre n est une constante ( = polynôme de degré
zéro) : les dérivées d ’ordre supérieur à n sont toutes identiquement nulles.
Les dérivées d ’un ordre quelconque m(m ^ n) s’expriment par conséquent
de la façon suivante :
que l’on peut également écrire, en utilisant des notations plus appropriées :
ml (m + 1) ! (m + 2)!
f (m\x ) — -Qjam + \X + Clm+2 X +
Tl 2!
ni
-anx (14’)
(n — m)\
(x) On n’indique pas ici les expressions des accroissements, des rapports de croissance et de leurs
limites, d’une part parce qu’il suffit de les avoir rappelées dans les cas les plus simples, et afin
d’autre part de ne pas perdre de vue les définitions fondamentales.
(2) On entend par dérivée d ’ordre zéro d ’une fonction quelconque f( x ) (et en particulier d ’un
polynôme) la fonction elle-même, de telle sorte que la proposition reste valable pour m — 0.
32 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
On a en effet :
m = ao ao = / ( 0)/0 !
/'(0 ) = ûi a x = / '( 0 ) / l !
/" (0) = 2 û2 a2 = f "(0)121
..................... par lesquelles .......................
/ <n)(0) = n\a„ an = / <n)(0)/«!.(15)
On déduit immédiatement de ce qui précède une nouvelle notation pour les
coefficients du polynôme / ( jc), qui permet de simplifier les expressions précé
dentes (sans modifier naturellement le fond de la question). Plus précisément,
on peut écrire le polynôme sous la forme suivante :
2 3 n —1 n
X X X X
f ( x ) — co + cix + c%2\ Cz3\ Cn~1(n— 1)! Cnn\
............................................................................................................................. 0 3 ')
/ (,l_1)(x) = C n- 1 + Cn X
f in\x ) = Cn;
Enfin, les expressions (15) montrent clairement que les coefficients c/c ne sont
autres que les dérivées d’ordre k de /(* ), calculées à l’origine :
Ck = / №)(0).
77i —1
/ TO) = /( * ) J = F(X) = c-m + C-m+1X + • • • + +
m m+n
. X - X
‘ — «
ml r * ’ * + cn~p(m
-------- :
+ n)r r!
Ici aussi, on notera une règle mnémotechnique simple : l’intégrale de f{x )
itérée m fois, c ’est-à-dire l ’intégrale générale de l ’équation différentielle
y{m) = f(x ) s’obtient, si f(x ) est écrit sous la forme (16), en déplaçant vers la
droite les indices des coefficients Ck de m places, c ’est-à-dire en diminuant
chaque indice de m unités et en augmentant le degré du polynôme jusqu’à
m + n (de façon que le dernier indice des coefficients soit toujours n). Comme
il a déjà été dit, les coefficients à indice négatif ont une valeur arbitraire (cons
tantes d’intégration).
Si, dans le cas de l’équation y = f(x), on fixe m conditions initiales, c ’est-
à-dire, qu’on se donne à l’avance les valeurs que doivent prendre à l’origine la
fonction y = F(x) et ses m — 1 premières dérivées, on obtient une intégrale
particulière parfaitement déterminée; on a, plus précisément, F(0) = c_w,
F'(0) = c_m+1,..., F(™- 1)(0) = c_ 1. Ici encore, la forme (16) se révèle fort utile.
On retrouve ici, dans un cas particulier, la propriété déjà mentionnée que
l’intégrale générale d ’une équation différentielle d ’ordre m dépend de m cons
tantes arbitraires.
Il est intéressant de remarquer que si xo est un nombre arbitraire réel,
un polynôme f(x ) de degré n peut toujours s’écrire sous la forme :
bien cjc —), ajc[{x — xo) + xop, et par conséquent, en vertu de la formule
bien connue du binôme, un polynôme de degré k en x — xo (et en xo). Le poly
nôme f(x ) est par conséquent égal à une somme de polynômes en x — xo,
respectivement de degré n, n — 1, n — 2, etc., et égal par conséquent à un
yk
polynôme de degré n en x xo, dont les coefficients ^ dépendent de Xo et
dépendent de façon linéaire des coefficients aie (ou bien Ck).
D ’autre part, le fait que le polynôme /(x ) puisse toujours s’écrire sous la
forme (16'), et que les coefficients yjc s’expriment linéairement en cjc (ou bien
en ajc) découle de la signification même des on a en effet :
yo = /(* > )
n = / ' ( * o)
ym = / (m)(*o) (15")
y» = / w (*o)
qui peut se vérifier immédiatement. Les expressions (15") expriment direc
tement les coefficients yjc par une combinaison linéaire des cjc, si l ’on prend
la fonction /(x ) sous la forme (16).
Le fait que /(x ) puisse toujours s’écrire sous la forme (16') est important,
car cela permet d’étendre à un point xo quelconque toutes les remarques
qui jusqu’ici n’étaient valables que pour la valeur x = 0. Par exemple, si les
conditions initiales pour l’équation différentielle = /(x ) sont relatives
à la valeur x = xo, c’est-à-dire si l’on fixe i^xo), F'(xo),..., F(m_1>(xo), il suffit
alors de prendre la fonction /(x ) sous la forme (16') et par conséquent l’inté
grale générale sous la forme :
m—1
(x — Xo)‘
y — ¿(x) — y-m + y~7n+l(x — Xo) + ’ ’ ’ + y —1 +
(m — 1) !
(m+n)
(x — Xo) (x — Xo)1
+ yo + yn
m! (m + ri) !
et les coefficients ne sont autres que les valeurs fixées F(xo), F'{xo),..., i r(m_1)(xo).
C1) Bien qu’il puisse sembler superflu de le souligner, on prendra garde d ’éviter une erreur
assez fréquente chez les débutants : soit l’équation k { x — ai) { x — ci2 ) - ‘ -(x — a n) = 0. Il ne
faut pas effectuer les produits pour ensuite résoudre l’équation. Il suffit d ’égaler à zéro les facteurs
contenant l’inconnue, et de résoudre les équations ainsi obtenues. Ceci vaut également pour des
équations non algébriques : par exemple l’équation tg *(1 — sin x ) = 0 est en fait équivalente à
deux équations : tg x = 0 et 1 — sin a = 0. Si l’on revient aux équations algébriques, sous la
forme envisagée ci-dessus, la solution est immédiate. Les racines sont les nombres a*.
(2) Le raisonnement suivant le prouve immédiatement. Soit f ( x ) = ao + a \ x + • • • + a n x n9
et soit/(0) = 0. En remplaçant x par 0, on obtient <20 = 0. Un polynôme qui s’annule pour x = 0
est donc dépourvu de terme constant (comme on le sait d ’ailleurs). On a donc
f ( x ) = a i x + a z x 2 + • • • + a nx n = x ( a i + <22* + *• * + an*71-1),
et le résultat postulé dans le texte est prouvé pour a i = 0. Pour a i ^ 0, on reprend le même rai
sonnement en exprimant f { x ) selon les puissances de a — a i au lieu de l’exprimer selon les puis
sances de a (cf. formules (16'))-
Du reste, en algèbre élémentaire, on démontre que, si a x est un nombre réel quelconque,
f (a ^ exprime le reste de la division du polynôme / (a) par a — a^ (et on peut obtenir le
quotient <P (x) de degré n — 1 par la « règle de Ruffini »). Il s’ensuit que, si a x est une racine
de / (jc), c’est-à-dire si / (a x) = 0, / (x ) est divisible par x — a 1} soit, / (a) = ( x — ax) (P (a),
<P (a) étant un polynôme de degré n — 1.
36 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
plicité, on peut dire également dans ce cas que le polynôme admet n racines
réelles.
Il y a cependant des cas ou, même si l’on tient compte d’une multiplicité
éventuelle, le nombre de racines réelles est inférieur au degré; par exemple,
le polynôme du second degré 1 + x 2 n ’a pas de racines réelles (on a évidem
ment 1 + x 2 > 0 pour toute valeur réelle de x). Par conséquent, le polynôme
(1 + x 2)n de degré 2n est également dépourvu de racines réelles, alors que le
polynôme (x — 3) (1 + x 2)n de degré 2n + 1 a une seule racine réelle x — 3;
et l’on peut multiplier de tels exemples à volonté.
Le fait suivant reste pourtant acquis :
Si un polynôme f(x) admet m racines réelles (une racine multiple d ’ordre r*
étant comptée r* fois), son degré n n’est pas inférieur à m, et le polynôme
lui-même peut s’exprimer sous la forme
+ 00 si an > 0
lim f(x )
2Í-H-00 — 00 si an < 0
et donc + oo si an > 0 \
lim f ( x)
lim / (x) si n est pair
( - oo si an < o )
X^—ao
> o \
( et donc — oo si fl»
— lim / (x) si n est impair ( + oo si an < 0.
3/->+00 \
(x) On pourrait démontrer que le polynôme (p{x) peut se décomposer en un produit d ’une cons
tante et de facteurs du second degré du type x 2 — Skx + pk (et leurs puissances, (x 2 — si:x + pie)rh)
tous dépourvus de racines réelles. On sait par l’algèbre élémentaire que le trinôme x 2 — sjcX + pic
admet alors deux racines complexes conjuguées, a* et S*, et que dans ce cas on a x2 — Skx + pu
= (x — <Xk) (x — âk). Il s’ensuit que la décomposition en facteurs (17) et (18) est toujours possible,
pourvu que l’on considère des racines réelles et complexes. Ces dernières sont conjuguées deux à
deux, et si l’une d ’elles est multiple, sa conjuguée est aussi multiple et a le même degré de multi
plicité. Le théorème est aussi valable dans le cas plus général où les coefficients de /(x) sont complexes
(mais alors il n’est pas dit que les racines complexes soient conjuguées deux à deux). Ce théorème
est connu sous le nom de « théorème fondamental de l’algèbre ».
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 37
Ceci peut être établi immédiatement en écrivant f(x ) sous la forme
Par contre, un polynôme de degré pair (voir par exemple la figure 26 ou bien
la figure 27, si l’on déplace l ’axe des x vers le haut) peut être dépourvu de
racines réelles, étant donné qu’il tend vers l’infini en gardant toujours le même
signe pour x -> + oo comme pour x — oo.
On a ainsi démontré ce qui avait été affirmé à propos du polynôme <p(x)
figurant dans la fomule (19). Il est bon de remarquer que le fait que le degré
de <p(;c) soit pair signifie que :
Le nombre des racines réelles d ’un polynôme quelconque f(x ) est égal au
degré de celui-ci, ou il en diffère d ’un nombre pair, si toutes les racines
réelles sont comptées avec leurs multiplicités éventuelles.
On en déduit que :
La courbe représentative d’un polynôme y = /(x ), de degré «, rencontre
en général l’axe des x en un nombre pair ou impair de points distincts selon
que n est pair ou impair.
38 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Cette proposition est vraie en général, mais peut être fausse s’il existe
des racines multiples; il suffit de penser que si, par exemple, une seule racine
réelle est double et toutes les autres sont simples, le nombre des racines (comp
tées avec leur multiplicité) diffère de 1 du nombre des points distincts d ’in
tersection entre la courbe et l ’axe des x.
Comment se comporte la courbe au voisinage d ’une racine a? On distinguera
deux cas pour l’instant. Si la racine oc est multiple d’ordre impair (éventuel
lement simple), ceci signifie que, dans la décomposition (19), le facteur x — oc
figure un nombre impair de fois, ou, si l’on préfère, le facteur ( x — o c)r y figure
avec r impair. Il s’ensuit que f ( x ) change de signe quand x , croissant ou décrois
sant de façon continue, passe par la valeur oc, puisque le facteur (x — a)r change
de signe (et seulement celui-ci, étant donné que les autres racines sont diffé
rentes de oc, et c p ( x ) est de signe constant). Dans ce cas, la courbe traverse donc
l’axe des x. Si par contre oc est racine multiple d ’ordre pair, c’est-à-dire que
le facteur ( x — <x)r figure dans la formule (19) avec r pair,/( * ) ne change pas
de signe quand x prend la valeur oc, et la courbe ne traverse donc pas en oc
l’axe des x, mais il y a un minimum ou un maximum, et la tangente en ce point
est l’axe des x lui-même.
Comment se présente sur la courbe une racine multiple de multiplicité
impaire (c’est-à-dire ^ 3)?
On suppose, par exemple, que oc soit une racine triple; et l’on remplace
le facteur ( x — a)3 dans la décomposition de f ( x ) (formule 19) par le produit
de trois facteurs ( x — o c ') ( x — o c " ) ( x — oc'”) où o c ', o c " , oc’” sont des quantités
distinctes l’une de l’autre, mais très voisines de oc. On peut supposer que l’une
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 39
de ces trois valeurs, par exemple o c \ est égale à oc. Le nouveau polynôme de
degré n que l’on obtient grâce à cette substitution aura des coefficients très
voisins de ceux de f(x ) et sa courbe représentative différera donc de peu de
celle de f(x).
Or, la courbe représentative du nouveau polynôme aura, au voisinage
des trois racines simples a ', o c " , a'" l ’allure indiquée par I (a) ou (b) sur la fi
gure 28; à la limite, quand o c ', o c " , oc'" tendent vers la valeur unique oc, l ’allure
sera manifestement celle désignée par II (a) ou (b) (même figure). Ce raison
nement et la conclusion correspondante restent vrais si a a une multiplicité
égale à 5, 7, etc. : donc, si oc est une racine de multiplicité impaire ( > 3)
la courbe représentative de f(x ) a en x = a un point d ’inflexion et l ’axe des x
pour tangente en ce point.
40 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
C1) Si le degré de / (x ) était n = 1, il se pourrait que le degré de l’équation (21) ne fût pas n,
c’est-à-dire 1, mais 0 (droites parallèles ou coïncidant). C’est un cas banal, d’ailleurs déjà con
sidéré au n° 3.
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 41
légèrement la valeur des coefficients m et q (ou de l’un d’entre eux) ou bien
des coefficients de /(* ), pour qu’il n’en soit pas ainsi. Par exemple dans la
figure 29, il suffit de modifier légèrement la valeur de q pour obtenir, au lieu
(20')
et, en particulier, les abscisses desdits points sont les racines réelles
de l’équation
f(x) - <p{x) - 0
qui, pour n ^ m par exemple, est de degré n. Dans le cas où m = n, le degré
de l’équation (21') pourrait être inférieur à n : les termes de degré maximum
seraient alors identiques dans les deux polynômes.
Nous pouvons donc dire que les deux courbes se rencontrent en n points
au plus, n étant le degré du polynôme de degré le plus élevé, et, en général,
le nombre d ’intersections distinctes est pair ou impair, selon que n est pair
ou impair.
Il pourrait ne pas en être ainsi, dans le cas déjà mentionné (termes de degré
maximum identiques), et également si les deux courbes étaient tangentes
en un certain point (c’est-à-dire si elles avaient la même tangente en ce point);
on examinera ce point plus en détail par la suite (cf. n° 12).
Pour tracer la courbe représentative d’un polynôme il suffit d’utiliser d’une
part les notions données dans ce paragraphe et le précédent, et quelques
autres (dont certaines, déjà évoquées, seront encore répétées pour plus de
commodité).
Des indications significatives sur l ’allure d’une courbe sont données par la
connaissance des points d’intersection avec l’axe des x (racines de f(x ) = 0,
en distinguant celles simples et celles de multiplicité paire ou impaire, ces der
nières donnant lieu respectivement à des points maxima et minima et à des
points d’inflexion sur l ’axe des x), et des points maxima ou minima (donnés
par les racines simples ou de multiplicité impaire de f'(x ) = 0) et d’inflexion
(même chose pour f"(x) = 0). Bien entendu, on parle seulement de racines
réelles.
Disons r le nombre des racines (distinctes), m le nombre des maxima et
minima, s le nombre des points d ’inflexion. Si l’on peut le connaître et veut le
spécifier, soit r = ro + r' + r" en distinguant les racines simples (ro), de multi
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GENERALES 43
plicité impaire (r') et paire (r"); on a ainsi le nombre des maxima et minima(r")
et des points d’inflexion (r') sur l ’axe des x.
Il est évident que dans chacun des r — 1 intervalles entre deux racines il
y a un point de maximum ou minimum (ou 3, 5,... nombre impair), et dans
chacun des m — 1 intervalles entre deux points maxima ou minima il y a un
point d’inflexion (ou 3, 5,... nombre impair). Cela est vrai pour toute y = f(x )
suffisamment régulière ( f continue avec / ' et/"), et en particulier pour f(x) = po
lynôme, cas dans lequel on peut dire davantage que les racines de f(x ) = 0,
f \ x ) = 0,/" (*) = 0, sont n, n — 1, n — 2 (en tenant compte des multiplicités
et des racines complexes).
Entre r (ro, r', r"), m, s (et «, dans le cas des polynômes), on a alors les iné
galités suivantes, qui peuvent être utilisées en toute direction) :
n ^ r + 2r' + r " ( = r 0 + 2r" + 3 r') ^ r, r = n — r" — p air
n — 1 ^ m ^ r — 1 + r" ^ r — 1,
n — 2 ^ s ^ m — 1 ^ r — 1 + r" ^ r — 1,
m = n — 1 — p air = r — 1 — r" + p air
s = n — 2 — p air = m — 1 + p air = r — 2 + r" + pair
où « p air » signifie chaque fois u n entier p air n o n négatif).
Étant donné qu’un polynôme de degré n est déterminé par ses n + 1 coef
ficients ao, ai,..., an (ou bien co, ci,..., cn), on peut lui imposer n + 1 conditions
linéaires indépendantes, ce qui le détermine de façon univoque.
On peut imposer par exemple que sa courbe représentative passe par n + 1
points donnés (xo, yo), (xi, yi),..-, (xn, y n) (on supposant évidem m ent^ ^ Xk,
pour h k) : on devra donc résoudre le système linéaire à n + 1 équations
suivant :
üq -f- ü ixq -j- Ü2 X 0 -{-*■* *4" ClnX0 = .yo
1 Xn Xn *** Xn
(où les crochets sont utilisés par souci de clarté, mais ne sont pas essentiels).
Le déterminant Vn est par conséquent le produit de toutes les différences
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 45
Xh — Xk, avec h > k {h = 1, 2,..., n ; k = 0, 1, 2,..., /î — 1 (x). Comme par
hypothèse Xn # xjt pour h # /c, il en résulte =£ 0, condition bien connue
(théorème de Cramer) pour que le système (22) ait une solution et une seule.
Si les « + 1 conditions données reviennent à se donner la valeur de f(x )
pour m points, et, en ces points, la valeur de ses premières dérivées
n , >*2,..., rm, (ri + r2 + • • • + rm + m = n + 1), on obtient un système qui
a toujours, comme on peut le démontrer, une solution et une seule. Un cas
particulièrement intéressant est celui où, en un point donné d’abscisse xo,
on fixe la valeur de f(x ) et de ses dérivées jusqu’à l’ordre n.
En appelant yo, y 'o,..., >’o(7l) ces valeurs, on obtient donc la fonction f(x ) sous
la forme suivante :
p ( \ = ( x — *0 ) ( * — * l ) ‘ * ‘ ( * — * r - 1 ) ( X — X r + l ) ( X — X r + 2) (X — X n)
r (X r — X o ) (X r — X i ) *** ( X r — X r - l ) (X r — X r + l ) (xr — X r +2) • ** (xr — X n)
(23)
où le numérateur est constitué par le produit de tous les facteurs x — a:o,
*— x — x n à l’exception du facteur x — xr, et le dénominateur n ’est autre
que la valeur prise par le numérateur pour x = xr.
0 ) Pour le démontrer, soustraire de chaque colonne (sauf la première) la précédente, multipliée
par xo, et développer selon les éléments de la première ligne; on obtiendra
Vn = (a' tl X0 ) (Xn-l — ao) - **(ai — xo)Vn-i
où l’on désigne par Vn_\ le déterminant de Vandermonde des n nombres a i , A2 ,..., a«.
En procédant ainsi (c’est-à-dire en appliquant la méthode ci-dessus à Vn- u etc.) on obtient la
relation à démontrer.
46 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
ym — fm -l{xm)
fm(x) — f m—i(x) +
(Xm — X0) ( x m — Xi) ■• • ( x m — Xm- i )
• (X — X 0) ( X — X i) * * * (X — X m- i ) (25')
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 47
De cette façon, si l’on fixe les n + 1 points (xo, yo), (xi, .yi),..., (*n, jw),
on peut construire successivement les polynômes fo(x) = yo ; /i(x ),..., f n(x),
et le dernier de ces polynômes est le polynôme recherché.
On pourrait obtenir, par récurrence, l’expression formelle de ce dernier
polynôme, mais ce serait prendre une peine inutile, puisqu’il est bien plus
commode de rappeler et d’appliquer dans la pratique le processus de construc
tion de celui-ci pour en déterminer une valeur donnée. On notera cependant
que l’expression de f n(x) dépend de l’ordre dans lequel on a considéré les
n + 1 points donnés.
On peut également appliquer cette méthode à la détermination de l ’équation
de la droite passant par les points (xo, .yo), (xi, .yi).
On aura :
/o(X> = yo
h (x) = f (x) = yo + ^ ^ (x — x 0).
X l — XQ
On notera que cette équation est écrite sous la forme (1) du paragraphe 3.
Si l’on avait considéré les deux points en ordre inverse, on aurait obtenu
l ’expression suivante :
fo (x ) - yi
f l ( x ) = yi + — ---- — (x — X l).
Xo — Xl
y = 4>(x) = 9>(x) +
/(x * )-y > (x * )
+ (x xo) (x — Xl) • • • ( x X»)
(x* — xo) (x* — Xl) • • • (x* ---Xn)
y = (/.(x) = <p(x) +
R
+ (x — xo) (x — Xl)- • -(x — Xn)-
(x* — Xo) (x* — Xl) • • •(x* — Xn)
R = r)
(x* — Xo) (x* — Xl) • • • (x* — Xn), (26)
( * + 1)!
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 49
d ’où, en supposant que dans l’intervalle contenant les (n + 2) points xo, Xi,...,
x n, x *, on ait | / (w+1)(x) | < A, la majoration cherchée (on écrit x au lieu de x*,
étant donné la nature arbitraire de cette dernière valeur dans l’intervalle
où se vérifient les conditions énoncées dans l ’hypothèse) :
(27)
(26')
(27')
Ces conclusions seront réexaminées sous peu (cf. n° 11) : il suffit, pour
l’instant, de souligner que si, en un point donné, la fonction /(x ) et la fonction
<p(x) ont en commun leur valeur et celle de leurs dérivées premières, secondes,
etc., tout se passe comme si, dans la formule limitant l ’erreur d ’approximation,
ce point était compté deux fois, trois fois, etc.
f( x ) — mx — q = 0;
f( x ) — <p(x) - 0.
Le but des remarques importantes qui vont suivre est d ’étendre le concept
de contact à des courbes non algébriques, et d’en donner une interprétation
et une expression infinitésimale.
La condition nécessaire et suffisante pour que a soit racine r-multiple du
polynôme f(x ) de degré n est que a soit racine de toutes ses dérivées jusqu’à
celle d’ordre r — 1, mais ne soit pas racine de la dérivée d ’ordre r.
Supposons que oc soit une racine r-multiple de f(x). On a alors :
f(x ) = (x — oc)r<p(x),
On voit donc que oc est une racine de multiplicité r — 1 pour / '(* ) (cette
multiplicité ne peut être supérieure à r — 1 car le facteur entre parenthèses,
qui pour x = oc se réduit à rc p (o c ), ne peut pas s’annuler, par hypothèse). Le
même raisonnement permet de démontrer que oc est racine de multiplicité
r — 2 de f" (x),..., racine simple d e / (r_1)(x) et n’annule pas f {r)(x).
On suppose, inversement, que l ’on sache que oc est racine de f(x ) et de ses
r — 1 premières dérivées mais pas de la r-ième dérivée. Celle-ci, si n est le
degré du polynôme, aura nécessairement la forme suivante :
(X — o c f 1
№ = / ( « ) + / » ( * - a) + ••• + f (T % )
(r — 1) !
(* -a /
+ yo
rl n\
et, en particulier, les courbes Cm et Cn ont en Po la même pente ( / '(*o) = <p'(x o)),
52 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
au même, quand x — oc 0). Ceci rappelle une remarque déjà faite, à savoir
que si x — oc 0, alors (x — a)2, (x — a)3 tendent vers zéro encore plus
rapidement; par exemple, si x — oc prend les valeurs 1 ; 0,1 ; 0,01, etc., (x — a)2
prend les valeurs 1 ; 0,0 1; 0,000 1, etc., (x; — o c )3 prend les valeurs 1 ; 0,001;
0,000 001, etc. Il est donc normal de comparer la rapidité avec laquelle /(x )
s’annule avec celle des puissances entières successives de x — o c, et jusqu’à
ce que l ’on ait
= 0;
x ->cl (x — a)"
on dira que f(x ) s’annule plus rapidement que (x — o c)s (*). Pour obtenir cette
relation, il est utile d’utiliser le théorème suivant :
C1) Rappel : On dit généralement que f(x ) est un nombre infinitésimal d ’ordre supérieur à s,
pour x tendant vers oc (ou bien par rapport k x — a) si
lim /(* ) _ 0
x -> oc (* — oc)s
inférieur à s si :
lim f(x )
a (x — oc)s
et est exactement d’ordre s si dans un voisinage convenable du point oc le rapport
№ )l
l(* — «) ls
reste compris entre deux nombres positifs (et en particulier si, pour x -> oc, il existe une limite finie
et non nulle pour le rapport /(*) ; ). Il faut également rappeler que rien n’assure qu’il existe
(x — a)s
un nombre réel s exprimant l’ordre du nombre infinitésimal correspondant à f(x); par exemple,
la fonction f(x) = x 2 log x est infinitésimale, pour x -> 0, d’ordre inférieur à 2, mais toutefois
supérieur à tout nombre réel y < 2. Le lecteur peut facilement démontrer ceci à titre d ’exercice.
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 53
1. Soit f(x ) une fonction dérivable r fois au voisinage du point a, et
soit / ( a ) = / ' ( a ) = • • • = / (r-1)(a ) = 0 ; si l ’on désigne par s un nombre
entier arbitraire tel que 0 < s ^ r, il existe alors un point £ (dépendant de s)
compris entre a et x, tel que
m f (s\ è )
(28)
(x — ocf s!
m = /(* )- /( « > = m O
(X — ocf (x — a)S — (a — a)5 s(£ i — ocf 1
m _ r i t i) _ /'g i)-A a ) _ n è 2)
(x — ocf s(£ 1— ocf 1 i ( | i — a)s 1 — s(oc — ocf 1 s(s — 1)(|2 — ocf 2
/( * ) / ^ t f - 1)
(x — ocf — a)
- / (S’ V ) = & - 1 -
avec £ compris entre a et £S- i donc entre a et x. Ce qui démontre (28).
D ’où la proposition que l ’on désirait établir :
2. S i/(a ) = f'(o c ) = • • • = /<r-1>(a) = 0 (a racine d’ordre r de /(* )) on a
0) Si/(*) et (p(x) sont deux fonctions continues dans l’intervalle (да, xi) et dérivables à l’intérieur
de cet intervalle, il existe au moins un point £, intérieur à cet intervalle, tel que l’on ait :
f ( X2) - f ( x i ) _ / Ш
<f(x2> — <p(xi) <p'(Ç)
Il est entendu que cette affirmation n ’a de sens que si
<p(xi) ф q?ix2 ).
54 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
lim -Æ L . f (% )
= ---------- 9 (31)
x~>(x (X — a) s\
soit
lim s -0 pour s ^ r — 1.
x^ol (x — a)
lim № > ~ * $ - 0 .
X^x0 (x — xo)
ou, pour employer une terminologie déjà introduite plus haut, que cette lon
gueur est un infiniment petit d ’ordre supérieur à r (1).
On suppose que les deux courbes ont en Po un r-point de contact et que les
dérivées / (r)(x) et <p(r)(X) sont continues. Dans ces conditions, les courbes ne
se traversent pas ou se traversent en Po selon que r est pair ou impair.
En effet, en appliquant (28) à la différence f ( x ) — cp(x) (qui a en x o une
racine d’ordre r), on a :
d’où
C1) On démontrerait aisément que cette propriété du segment PQ ne dépend pas du système
particulier de référence utilisé.
56 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
c’est-à-dire que xo soit racine au moins triple de f(x) — <p(x); l ’on pourrait
toutefois arriver à obtenir cette forme, mais il est plus simple et manifestement
équivalent d’imposer que xo soit racine au moins triple de l ’équation suivante :
<A(x) = (x — a f + (Six) - bf - r2 = 0
f (xo - a f + (S(xo) - è) 2 - r2 = 0
(xo — a) + (S(xo) - b ) f (xo) = 0
l 1 + U ’(xo) ] 2 + (Sixo) - b)S"(xo) = 0
(33)
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 57
à condition que Гоп ait yo' Ф 0. On peut déduire de la seconde équation dans
ce cas :
(l + yb2)yb
xo — a (34)
yS
Ces expressions donnent immédiatement a et b d’une part, et d ’autre part
si on les remplace dans la première équation, elles donnent :
#2\3
r2 = (l + yofyo + (1 + 7Ô 2) 2 _ (1 + yb2) 3
Уо Уо
(1 + y o f ' 2
soit : r = (35)
Уо
Le cercle ainsi déterminé est appelé cercle osculateur; son rayon est appelé
rayon de courbure au point considéré, et son inverse 1jr est appelé courbure.
Ainsi qu’il apparaît dans l ’équation (35), la courbure et le rayon de courbure
sont considérés en valeur relative et ont le même signe que y" ; si l ’on se rappelle
la signification géométrique du signe de la dérivée seconde, on en déduit
immédiatement celui du signe de la courbure.
Si y" = 0, on ne peut pas employer la procédure précédente; dans ce cas
la tangente, au lieu d’avoir un contact bi-point avec la courbe, a un contact
tri-point avec celle-ci. (En effet, si l ’on indique par y = <p(x) l ’équation de la
tangente en yo, on a non seulement par définition cp(xo) = yo, <p'(xo) = yo,
mais également <p”(xo) = y" = 0.)
On convient de dire, dans ce cas, que le cercle osculateur, qui devient une
droite, a un rayon infini et que par conséquent la courbure en ce point est nulle.
On peut déduire de l ’équation (35) (ceci a déjà été mentionné plusieurs fois
ci-dessus) que le rayon de courbure et par conséquent la courbure dépendent
d’une part de la dérivée première, d ’autre part de la dérivée seconde. Il est
facile de vérifier par exemple que la courbure d ’une parabole d ’équation
y = ao + a\x + ü2X2 est donnée à son sommet par la valeur 2 | az |, c ’est-à-
dire qu’elle dépend seulement du coefficient a<i comme l ’on avait affirmé
à la page 26.
La condition nécessaire et suffisante pour que cela se vérifie est que l’on ait?
en supposant que les fonctions f(x ) et <p(x) soient n fois dérivables (cf. n° 11,
théorème 2) :
R(x) R(n+1)(Ç)
(£ compris entre xo et x) (38)
(x — x0)”+1 ( « + 1)!
Si l ’on sait d’autre part que dans l’intervalle (*o, x) l ’on a toujours
|f<n+V(x) — cp(n+1)(x) | ^ A, où A est un nombre positif convenablement
choisi, on peut donner la limitation suivante à l ’erreur :
I I
1 ^ 1 ^ h V (39)
Si l’on veut déterminer une fonction cp(x) jouissant de ces propriétés, il est
particulièrement utile et commode pour les calculs de prendre pour fonction
(p(x) le polynôme ayant le degré minimum compatible avec l ’approximation
requise, et par conséquent le degré n, étant donné qu’elle doit vérifier les n
conditions données dans la formule (37) (dans certains cas particuliers, c’est-à-
dire si f ( n)(xo) = / (7l_1)(*o) = • *• = f ( m)(xo) = 0, il suffit évidemment de
prendre un polynôme de degré m — 1).
Les conditions énoncées dans la formule (37), en rappelant l ’équation (16'),
donnent :
(x — Xo)” .
+ f (n\ x 0) -----------9 (40)
n!
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 59
et, puisque <p(n+1)(x) = 0, l ’équation (38') devient dans ce cas :
xn+1
,.(71+1)^ (X ---XoŸ ^
R(x) - / ' “ '({) " (38")
( n + 1)!
( 2) (4 1 0
Étant donné que, pour x > 0, e£ < e* < 3X, on obtient la limitation suivante
pour l ’erreur :
x “+1
1^1 < 3^ (.x > 0).
( n + 1)!
e ~ l + l+ l + i + l = 2,708333...,
Dans les deux cas, étant donné que | sin x | ^ 1, | cos x | ^ 1 pour toute
n +1
valeur de x, l ’on en déduit I R(x) I < v
(n + 1)!
Le lecteur peut vérifier à titre d’exercice les exemples suivants (en prenant
pour point initial xo = 0, et £ compris entre 0 et x) :
71+1
i
= -1i +i x +i x * +i ••• +i X
ft i
+ ft+19 (45)
1—x 0 - 0
ln ( l + x) = x - ^ + ^ - ^ - + . . . + ( - l ) " " 1£ +
ft+1
+ ( - 1) (46)
(» + 1)(1 + 0
(! + *)“ = ! + « + ( ï) x 2 + . . . + (Jl)x n +
, / OL \ . ,xCX-ft-l ft+1
+ («+i) •(! + £) x (47)
a(a — 1) • • • (a — k + 1)
CD = AM
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 61
On suppose que la fonction /(x ) a des dérivées de tous ordres au point xo,
et pour plus de simplicité, on prendra ce dernier confondu avec l’origine.
Soit Ærc+i(X) le reste de la formule de Taylor après le terme de degré n; nous
posons donc :
n
” xk
C1) En effet, si l’on pose f n(x) = 2^x/(/, ) (0)^7 et>si Rn+i(x) -> 0, c’est-à-dire/(x) — f n(x) -> 0,
O
on a lim fn(x) = f(x) ; la successions des sommes partielles fn(x) a pour limite f( x ), et donc par
n—
>oo
définition, la série donnée converge en/(x).
(2) La démonstration en est immédiate : fn(x) = a{ 1 + x + • • • + *");*/«(*) = û(x + x 2 +
+ • • • + x n+1); en faisant la différence membre à membre, (1 — x) • fn(x) = a( 1 — jcn+1), d ’où
la formule (50).
62 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Compte tenu de
on a donc :
rlim frn(x)
r \ = {( a T
l ~—
—x si 1*1 < 1
^°° V 00 SI
- i IX i| >
i 1
C1) Soit une suite wo, mi, M2,..., s’il n ’existe aucun nombre A tel que l’on ait définitivement Uk < A,
on dit que max lim Uk = + oo ; si, par contre, il existe un tel nombre, on appelle max lim m&la
k-+ oo k-> oo
borne inférieure / des nombres jouissant de cette propriété. On écrit aussi lim " Uk au lieu de
A;-> oo
max lim Uk. Naturellement, si lim Uk existe, on a max lim Uk = lim Uk. Les propriétés suivantes
k-> 00 k—
>co k—
>co k-> oo
de la limite maxima / sont importantes : si l’on donne e > 0 arbitraire, on a Uk < / + e, et il
existe un nombre infini de valeurs de k telles que Uk > l — e.
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 63
rira), ч y* (m + k)\ ic
J (x) = ---- П---- <*m+*X •
о к! (14"')
En particulier :
La série (49) est donc nécessairement une série de Taylor (ayant pour point
initial Xo = 0) étant donné la fonction qu’elle définit à l ’intérieur de l’intervalle
de convergence.
A l’intérieur de l ’intervalle de convergence, la série (49) peut être intégrée
terme à terme, c ’est-à-dire que la série des intégrales respectives des termes a
le même rayon de convergence que la série donnée, et sa somme est l’intégrale
de la somme :
J / ( x ) d * = C + | fcj^ _ / +1.
s i n x = X — | y + | y — ^ j - + • •• 0 = 00) (430
2 4 6
- x , x x , , 4
cosx= 1— _ + _ _ _ + ... (r=oo) (440
1f x = 1 + * + X2 + * 3 + ••* (r = 1) (450
C1) Il est important d ’attirer l’attention sur le fait que le reste Ærc+i(.x) de la formule de Taylor
est en général différent du reste de la série de Taylor relative à cette fonction, même si cette série
est convergente (dans un certain intervalle). Rn+i(x) (cf. form. (48)) exprime la différence entre
f i x ) et la réduction (« + \)-ième de la série alors que le reste de la série est
Ln + 1/<*>«»£
Les deux restes ne coïncident que si la série de Taylor a pour somme f{x), ce qui pourrait ne pas
se produire même si la série est convergente.
(2) Pour la définition du ( £ ) , voir la formule (47).
66 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Pour les équations (43') et (44'), r = oo est une conséquence presque immé
diate du fait que r = oo pour l’équation (42').
Comme on l ’a déjà signalé, on devrait en outre démontrer que dans l ’inter
valle de convergence la somme des séries écrites ci-dessus est effectivement
celle qui est indiquée au premier membre des formules (42') à (47') : on s’en
dispensera pour plus de brièveté.
Équations linéaires.
Une équation du type
y = <p(x)y + </<*) (53)
est appelée équation linéaire parce que la fonction inconnue y et sa dérivée y '
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 67
y figurent de façon linéaire; c ’est-à-dire que l ’on n ’inscrit dans le deuxième
membre de l’équation que « le terme connu » *p(x), et que le premier membre
est une combinaison linéaire de y et de y'.
Dans le cas particulier où ifj(x) = 0 l ’équation (53) devient :
y' = <p(x)y- (53')
Cette équation est appelée équation linéaire homogène. Étant à variables
séparées, elle pourrait se résoudre par la méthode mentionnée ci-dessus; il
suffit cependant de remarquer que (ln y)' = y '/y pour obtenir successivement :
y - <p(x); (ln y)' = <p(x); (53")
y
ln y = <p(x) àx + ln C.
e J
on en conclut que
Considérations géométriques.
point pris arbitrairement sur la courbe. Soit Q la projection de P sur l’axe des x,
T le point où la tangente à la courbe au point P rencontre l ’axe des x , N le
point de rencontre entre l ’axe des x et la normale à la courbe en P (la normale
étant la perpendiculaire à la tangente).
Le segment TQ qui est pris dans le sens positif si T précède Q sur l’axe des x
est appelé sous-tangente ; le segment QN considéré dans un sens positif si N
suit Q est appelé sous-normale ; la longueur du segment PT est appelé longueur
de tangente et celle du segment P N est appelée longueur de normale. Si l ’on
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 69
pose PTQ = oc on a, en vertu des théorèm es bien connus sur les triangles
rectangles :
tq = (55)
tga
Q N = PQ tg a (56)
C1) Cela revient de même d ’écrire y = CeCx ou bien y = Cax en posant ec = a; pour plus de
commodité, il est cependant préférable, du point de vue théorique, de se référer à la base e.
70 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Si c est positif, toutes les dérivées sont du même signe que f(x) ; en particulier
elles sont toutes positives si C est positif. Par exemple, la fonction y = ccx
est croissante (y' = cy > 0) et a sa concavité tournée vers le haut (y* = c2y > 0) ;
il en est de même comme on peut le voir si c est inférieur à 0; pour C inférieur
à 0 on inverse les conclusions (fig. 33 et 34).
Soit maintenant la fonction f(x ) = C ecx = Cax pour les points dont l’abscisse
est un nombre entier (x) non négatif : on obtient, correspondant à la progression
arithmétique x = 0, 1,2, 3,..., la suite suivante :
C1) Le phénomène, en réalité discontinu (et il ne peut varier que dans le domaine des nombres
entiers), est présenté ici sous une forme idéalisée, ce qui est souvent utile dans de pareils cas où
l’idéalisation permet des simplifications importantes sur le plan théorique, qui n ’altèrent la réalité
effective que dans une mesure négligeable, si l’on procède avec les précautions nécessaires.
r (2) Il est peut-être utile de souligner que les considérations mathématiques faites sur la théorie
de Malthus, prise en tant qu’exemple simple et intéressant, ne prouvent pas la véracité de cette
théorie et ne l’infirment pas.
74 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
obtient évidemment des courbes ayant toujours pour asymptotes l ’axe des
Xlim Cx = oo) et l ’axe des x(lim Cx = 0), symétriques par rapport à l ’axe
rr_>0 X->od
des 3; si c est pair, et symétriques par rapport à l’origine pour c impair.
Étant donné que y' = Ccxc~1, y" = Cc(c — l)x c_2, on voit que la courbe
n’a, dans un domaine fini et pour y fini, ni maxima ni minima ni point d’in
flexion; la courbe aura nécessairement l ’allure indiquée dans les figures 36
et 37 ainsi que l’on peut le vérifier.
Pour c non entier, la fonction /(x ) n’a de sens que si x > 0 (à l’exception
du cas particulier où c est rationnel et, réduit à sa plus simple expression,
a un dénominateur impair); mais même dans ce cas, comme d ’ailleurs pour c
entier, cela ne vaut pas la peine de considérer le cas où x < 0 qui n’aurait
rien de nouveau pour des raisons évidentes de symétrie.
En vertu des formules (55') et (56'), on trouve :
d ln y y'
P) Puisque l’on a ^ = ” î a*nsi Qu ’^ a déjà été rappelé, on a coutume de désigner le rapport
y'Iy par le nom de dérivée logarithmique.
RAPPELS DE MATHÉMATIQUES GÉNÉRALES 75
Le rapport xy'/y est d ’un intérêt particulier dans certains d om aines et
surtout en écon om ie où il est appelé élasticité. Si l ’on considère par exem ple
la quantité y = f { x ) d ’un certain produit q u ’achète un consom m ateur ou un
ensem ble de consom m ateurs, si le prix en est x, l ’on définit de la façon suivante
la dem ande :
xy' _ x dy _ dy/y _ taux de croissance de y
y y dx dx/x ta ux de croissance de x
On peut donc exprimer le résultat obtenu ci-dessus en disant que les puis
sances y = Cxc, et seulement celles-ci, jouissent de la propriété d'avoir une
élasticité constante.
On a en particulier une élasticité = — 1 (hyperbole équilatère) si, lorsque le
prix augm ente, la con som m ation varie en proportion inverse de façon que la
dépense reste inchangée; l ’élasticité est inférieure à — 1 si la contraction de la
con som m ation est plus im portante, c ’est-à-dire si la dépense en est encore
réduite ; élasticité supérieure à — 1dans le cas contraire; elle est nulle si la
consom m ation ne varie pas (y = Cte,y ' = 0) et p ositive si, lorsque le prix
augm ente, la con som m ation augm ente égalem ent.
D an s cet exam en rapide des équations différentielles et de leurs applications
on n ’a choisi que les cas les plus sim ples et en m êm e tem ps les plus significatifs
et intéressants pour cet ouvrage; il va de soi que l ’on pourrait en m ultiplier les
exem ples, m êm e dans les lim ites très étroites de la théorie telle q u ’elle a été
développée ici. On se contentera d ’indiquer encore une propriété caractéris
tique de la courbe de G auss y = Ce~(1/2<r2) *2 : la sous-tangente (qui est de signe
contraire à x, m ais prise en valeur absolue) est inversem ent proportionnelle
à l ’abscisse : y\y' — — ct2/ jc. La dém onstration est laissée au lecteur : elle
constitue un exercice facile et instructif.
Équations fonctionnelles.
D an s les équations différentielles l ’inconnue est une fo n ctio n qui est liée
par la relation donnée à sa dérivée prem ière (si l ’équation est du prem ier ordre).
D e la m êm e façon, on peut exiger q u ’une fon ction jo u isse d ’une certaine p ro
priété qui ne dépende pas (du m oins explicitem ent) de ses dérivées; la relation
exprim ant cette propriété est appelée équation fonctionnelle.
A ppelons x i et X2 deux valeurs arbitraires de la variable réelle x et co n si
dérons les exem ples suivants particulièrem ent sim ples et im portants d ’équations
fon ction n elles :
f ( x 1 + * 2) = / ( * 1) + f ( x 2), (62)
f(x 1 + X 2) = f ( x 1) • / O 2), (63)
f(x 1 • X 2) = f ( x l) + f ( x 2), (64)
f ( x 1 • xi) = f ( x i ) • f ( x 2). (65)
76 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Si l ’on recherche une solution dans une classe assez régulière de fonctions,
dans la classe des fonctions continues par exemple (mais l ’on pourrait choisir
une classe plus large), on démontre que l ’équation (62) est caractéristique de
la fonction linéaire homogène :
f(x ) = ax {a arbitraire) ;
Le lecteur peut facilement vérifier que les fonctions ci-dessus jouissent des
propriétés indiquées respectivement dans chaque cas; pour être plus bref,
on ne démontrera pas que, seules, ces fonctions vérifient ces propriétés dans
l’ensemble des fonctions continues.
EXERCICES SUR LE CHAPITRE I
1. L’on donne
y i - 2,000, 1/9 = 2,080,
(0,tg0),
Donner une limite de l ’erreur que l’on commet en prenant pour 0 < x < 1
la valeur de <p(x) comme valeur de f(x) (ou inversement).
9. Résoudre les équations différentielles suivantes :
» /- J \= Â IV. y =
1 -f- x
x+l
H) y' = y + xZ V. y = y- a
x 1/2
a —x
III) y = xy — x3 VI. / =
Pour simplifier cet exposé, commençons par dire tout de suite, sous une
forme purement descriptive, en quoi consistent les mathématiques financières
dans le cas de la « loi exponentielle ». Il sera en effet plus facile dans un deu
xième temps, après en avoir saisi la base conceptuelle élémentaire et les aspects
formels correspondants, de discuter des raisons pour lesquelles la loi exponen
tielle semble être la plus naturelle. On pourra alors approfondir le sujet
et le relier aux aspects économiques dont il faut tenir compte (bien que ceux-ci
appartiennent à d ’autres disciplines).
La loi exponentielle se dénomme ainsi parce qu’elle ramène toutes les mathé
matiques financières à l’application d ’une fonction exponentielle croissante,
eât(8 > 0), dont on suppose qu’elle exprime la valeur à un instant quelconque t
d’un montant unitaire payable à l’instant t = 0, ou, encore, le mon
tant payable à l’instant r = t dont la valeur à l’instant r = 0 est égale à 1.
HYPOTHÈSES SIMPLES EN MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES 81
En admettant, en se référant à la loi en question, de déterminer la valeur d’un
ensemble de montants Si, S n payables aux instants ri, T 2,..., tn , comme
étant la somme des valeurs respectives de ceux-ci, on obtient comme valeur
à l’instant t = 0 :
Avant de continuer, il est bon d ’ouvrir une parenthèse pour parler des
unités de mesure, ainsi que de l’homogénéité et de la dimension des grandeurs
utilisées, afin d ’éviter des erreurs ou des confusions. Ce sujet est d’une grande
importance en physique et dans toutes les applications techniques (en parti
culier en électrotechnique) et il est essentiel d ’en traiter également avec préci
sion dans cette discipline, quoiqu’on fasse rarement des erreurs si l ’on a
omis d’en parler. C’est un sujet qui reste cependant obscur et qui exige des
précisions fastidieuses et une terminologie assez chargée. Analysons donc
tout de suite un certain nombre de concepts simples permettant d’éliminer,
une fois pour toutes, toute cause possible de confusion ou d ’ambiguïté.
Une grandeur s’exprime au moyen d’un nombre et d ’une unité de mesure;
par exemple, une longueur pourra être de 38 km, un temps de 54 s, un poids
de 263 g et ainsi de suite; parfois (en sous-entendant l’unité de mesure),
on s’exprime comme si la grandeur s’identifiait avec le nombre, ce qui est un
tÎYPOTHÈSÈS SIMPLÈS EN MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES 83
(et l ’on notera que cette disposition, que l ’on avait utilisée auparavant pour
représenter la distinction entre montant, flux, taux et intensité, est ainsi expli
quée : on obtient les grandeurs de la deuxième ligne en divisant celles de la
première par un montant et les grandeurs de la deuxième colonne s’obtiennent
à partir des grandeurs de la première colonne en les divisant par un
temps).
Ceci permet non seulement de préciser des concepts indispensables à toute
opération scientifique mais encore de rendre automatique toute transforma
86 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
tion. Par exemple, pour déterminer le flux dans le cas précédent il suffisait
d ’effectuer la division suivante dans la pratique :
20 000 francs 20 000 francs „ _ francs
-------:-------:-------- = --------; = OU OUÜ----- —’
4 mois (1/3) annee annee
et pour exprimer ce même flux en dollars par trimestre (c’est-à-dire en repre
nant pour unité de valeur un dollar = 5 francs — pour plus de simplicité
nous prendrons un chiffre rond — et pour unité de temps le trimestre = 0,25 an)
il suffit de remplacer dans la pratique (un franc = dollar/5, une année = 4 tri
mestres) :
60 000 $ $
6ooooi™?=6ooooJ^
annee 4 trim. 4x5 trim.
3 000
trim.
C’est une autre source de confusion possible à laquelle il faut faire attention.
Donnons une indication supplémentaire (par exemple une durée) pour plus
de précision sans que cela modifie la nature de la grandeur. Si je dis que « le
revenu produit au cours d’une certaine période de 4 mois » est de 20000
francs, je précise un certain montant et je dis ensuite que, au cours de
l ’année entière écoulée, celui-ci a été de 50000, etc.; si je prends des flux,
je peux dire que « le flux de revenu au cours de ces 4 mois a été de 60 000
francs-année-1 », alors que « le flux de revenu pour l’année entière a été de
50000 francs-année-1 », l’indication de la période de référence et celle de l’u
nité de temps sont des choses tout à fait différentes, et par conséquent si par
hasard ces deux valeurs coïncident, ce n’est pas un pléonasme que de les dési
gner deux fois. On peut faire la même remarque pour les vitesses, ce qui apparaît
clairement dans l’exemple suivant.
Le record de cyclisme de distance à l’heure (Coppi, 1942) est de 45,798 km;
je peux également dire que le record de vitesse à l’heure est de 45,798 km/heure,
ce qui est nécessaire si on veut pouvoir comparer celui-ci à la vitesse du record
correspondant à une demi-heure, ou sur deux heures, ou sur 20, 50 ou 100 km.
Le fait d’employer deux fois dans la phrase le mot « heure » (la première fois
pour indiquer la durée de l’épreuve, et la seconde pour préciser l’unité de
vitesse) ne constitue pas un double emploi; cela apparaît de façon évidente
si l’on dit que « le record de vitesse à l’heure est de 12,722 m/s », en mesu
rant la vitesse en m/s.
effet y(t + h) = S e ôte ôh. Ainsi, lorsque l’on divise par y(t) = S e ôt, on trouve e ôh
qui est indépendant de t ; donc il est plus simple et parfaitement général de
supposer t = 0. Nous aurons donc :
taux d’intérêt pourune période h= eôh — 1 (69)
taux d’escompte pourune période h= 1 — e~ôh (70)
intensité d’intérêt pourune période h= (eôh — 1)/h (71)
intensité d’escompte pourune période h= (1 — e )/h. (72)
Les expressions correspondant à l’escompte sont les mêmes que celles
correspondant à l’intérêt avec h négatif (sinon que le taux ainsi déterminé
est de signe opposé).
Sur le graphique, il suffit d’ordinaire de considérer les sécantes passant
par les points d’abscisse t et t + h; l’accroissement est représenté par la déni
vellation entre les extrémités de la corde, et le taux de croissance est représenté
par la pente. Si l’on mesure l’accroissement sur l ’échelle des montants,
on peut obtenir l’intérêt, et si l’on mesure le rapport de croissance selon
l’échelle des montants (pour les ordonnées) et des temps (pour les abscisses)
on peut en déduire le flux. Si l ’on prend comme unité l ’ordonnée initiale ou
l’ordonnée finale, ou bien, ce qui revient au même tout en étant plus simple, si
l’on prend comme unité S, ordonnée à l ’origine, et si l’on prend comme période
celle écoulée entre t = 0 et t = h pour l ’intérêt et celle s’écoulant entre t = — h
et t = 0 pour l ’escompte (en supposant toujours h > 0), la mesure de la
dénivellation et de la pente donne directement la valeur du taux et de l’intensité.
La signification de la pente apparaît le plus clairement si, une fois que l’on
a tracé la droite sécante, nous considérons les intersections de cette droite
et des axes de coordonnées : on appelle S le point d’intersection avec l ’axe
des y (OS est considéré égal à l ’unité si nous voulons obtenir l’intensité),
et l’on appelle — T l ’intersection de la droite et de l ’axe des t ; le flux est alors
donné par S/T et l’intensité par l/T. Le temps T qui s’écoule entre les instants
t = — T et t = 0 représente la durée pendant laquelle un flux égal à S/T
produit un montant égal à S, ou bien une intensité égale à 1¡T produit une
unité. On peut donc expliciter la signification de l’intensité en disant que
celle-ci est Y inverse de la durée T (ce qui en est une définition plus précise
qui permet ultérieurement de reconnaître à l ’intensité les dimensions d’un
temps-1). Pour en donner un exemple numérique, si l’on dit qu’une intensité
a pour valeur 0,04 année-1 ou 0,05 année-1, ou 0,08 année-1 (qui soit donc
égale à 1/(25 ans), 1/(20 ans), 1/(12,5 ans)) cela signifie que T = 25 (ou 20,
ou 12,5) ans, c ’est-à-dire que T est la durée nécessaire pour constituer avec
un flux S/T un montant S/T X T = S (ou encore en prenant l ’intensité l/T le
nombre (1/7") X T = 1) i 1).
C1) Au cours d ’un temps T le montant doublerait si le flux d ’intérêt demeurait constant; en
réalité, dans la loi exponentielle dont nous parlerons, le montant double au cours d’une durée in
férieure étant donné que, à mesure que le montant s’accroît, le flux d ’intérêt croît également.
HYPOTHÈSES SIMPLES EN MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES 89
Les grandeurs qui présentent le plus souvent un intérêt, pour des raisons
pratiques évidentes, sur lesquelles nous reviendrons par la suite, ce sont les
taux et les intensités pris pour des périodes égales à un semestre, un trimestre
ou un mois, c ’est-à-dire pour h = (1 /k) année (et dans la pratique avec k = 2,
4, 12); si l’on désigne ces taux par h et du et les intensités correspondantes
par jk = kik année-1 et S* = kch année-1 (x) et si on les exprime au moyen
de i et d (qui ne sont en fait que ijc et djc pour k = 1), on a :
Il est bon de revenir, pour bien fixer les idées, sur la signification financière
et géométrique des grandeurs en cause : lorsque l’on considère S comme étant
égal à l’unité, les taux sont représentés par les accroissements, les intensités
par les pentes, mesurées sur la sécante correspondant à une période de l/k-ièm c
d ’année. Ainsi que nous l ’avons déjà observé (concavité!) jk est d ’autant
plus petit et Sk, à l ’opposé, est d’autant plus grand que k est plus grand.
P) On a coutume de dire que les taux /* (correspondant à des périodes différentes l /k 9 mais
dérivant du même 8) sont équivalents entre eux.
Les intensités jk sont souvent interprétées comme des taux (cela se produit si, lorsque l’on pose
j k = kik l’on prend k comme un nombre plutôt que comme l’inverse de la période « \ jk année »);
dans ce cas jk est appelé taux nominal annuel, convertible k fois, et correspondant au taux effectif i
(si ! + / = (! + llk jkŸ)-
90 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
S-S-h (75)
qui nous indique que pour chaque fraction de temps dt, le montant s’accroît
d’un intérêt dy(t) proportionnel au montant même y(t), la valeur de cet intérêt
étant fixée par l’intensité instantanée 8.
D ’autre part, sachant que l’intégrale générale de cette équation différen
tielle (y' = Sy) est y = C Qôt, on en déduit en outre que la loi exponentielle
est la seule qui se prête à cette interprétation. D ’où une première explication
du rôle privilégié que cette loi joue en mathématiques financières (nous revien
drons là-dessus en adoptant de nombreux autres points de vue).
u = l/v = u = 1 + 1=
II
Taux d ’intérêt :
i = (1 — v)/v = u— 1= i = d/ ( l — d ) = e — 1
Taux d ’escom pte :
d = 1— v = (u — 1)/« = 1/(1 + 0 = d = 1 — e"5
Intensité d ’intérêt :
8 = — ln v = ln u = ln (1 + i) = •- In (1 — d ) = 8.
0 Pour éviter la lourdeur d’une telle distinction, il pourrait être plus commode de définir directe
ment § comme étant cette valeur numérique (c’est-à-dire comme un « taux » — et S est dit alors
« taux » instantané d’intérêt — plutôt que comme une intensité); cependant ceci entraîne d ’autres
inconvénients analogues et même pires. Par exemple, l’on ne peut plus écrire 8t en exposant dans
la loi exponentielle (comme on peut très bien le faire, si l ’un des deux facteurs est un temps et l’autre
facteur l’inverse d’un temps, ce qui donne pour produit un nombre pur qui peut être mis en exposant) ;
on devrait plutôt écrire 8t/T où T = 1 an. L’on peut faire les mêmes remarques quant à l’utilité
de considérer parfois — ainsi que nous le verrons plus loin — 8k et jk comme des nombres purs.
92 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
étant donné qu’il s’agit de valeurs assez faibles (cela se révèle utile tant en
calcul numérique qu’en calcul mental), mais servent également à mettre en
évidence le sens et l’ordre de grandeur de la différence entre les trois coefficients,
mieux que les formules exactes.
Nous avons :
i= d/( 1 - -rf) = d(l d d d -{-**■) « d + d 2 + d 3;
Ô
i= e —- l - S + ^ 8 s + i s s + l s ‘ + - - • * S + i s 2 + I â 3 ;
d= •/1 » i .2 .3 • v .2 . .3
m + 0 — z(l ---l + l ---- Z + • • • ) « z— z + z ;
1 0,2 . 1 o3 1 o4 i o 1 0,2 . 1 0.3
d = 1 — e"'ô = 8 — * S - 5S + ; (
2 lS + 3 T 4! + ■“
1 .2 , 1 .3 1 .4 . 1 .2 , 1 .3
8= ln(l + o = *— 2 * + 3 * ;
1 2 l + 3 l ~ 4 ^ + ••• *
Alors que les formules exactes nous disent seulement que d < § < i, d’après
ce développement (arrêté au second degré) on peut constater que la différence
entre d et z est donnée à peu près par le carré de l ’un quelconque de ces coef
ficients (la différence entre l’un et l’autre étant négligeable, étant donné l ’ordre
d’approximation que nous prenons), alors que S est à peu près équidistant
des deux autres coefficients.
L’on pourra voir dans le tableau 1 les valeurs prises par d, S et z, lorsque
l’un des coefficients vaut 2,5 %, 3 %,... 6 % (se reporter également aux exercices
à la fin du chapitre).
T A BLE A U I
(en %)
d ô i d ô i d ô i
1 + /' = (1 + î)/yj 1 — q9
C’est donc ainsi que l ’on procède dans la pratique pour éviter de mentionner
explicitement le risque; comme toujours, cette simplification fondée sur une
confusion est commode dans les applications, mais nuisible sur le plan des
concepts, puisqu’elle conduit à masquer un aspect de la réalité. Celui qui prête
100 francs en prévoyant qu’on lui rendra 200 francs au bout d’un an semble
appliquer un taux d’intérêt de 100 %; mais il ne s’agit réellement d’un intérêt
que si la restitution du montant est absolument garantie et certaine; si par
contre la probabilité d’insolvabilité est évaluée à 10 %, le taux d ’intérêt se
réduit à 80 %, et de même si la probabilité d ’insolvabilité augmente jusqu’à
atteindre 25 %, 40 %, 48 %, le taux d ’intérêt baisse à 50 %, 20 %, 4 %; si la
probabilité d’insolvabilité augmente jusqu’à 50 %, le prêt serait alors accordé
sans intérêt.
Nous nous bornerons à ces remarques sommaires, sans prétendre épuiser
le sujet; nous avons seulement voulu attirer l ’attention du lecteur sur l ’existence
des problèmes que nous venons d ’effleurer. Pour en donner un traitement plus
rigoureux, il faudrait d’ailleurs s’appuyer sur des notions de la théorie des pro
babilités (qui seront développées brièvement dans le chapitre suivant, à titre
d’introduction aux mathématiques actuarielles). En nous référant à la proba
bilité d ’insolvabilité nous n’avons fait qu’évoquer, sans le préciser, le concept
intuitif de probabilité dans le sens que lui attribue le langage commun.
Si les mathématiques financières avaient pour but de faire une synthèse
unique de toutes les opérations dans divers domaines où s’appliquent des taux
différents, et si d’autre part elles devaient tenir compte de la variabilité de
chacun de ces taux dans le temps (en fonction des fluctuations des circonstances
influant sur la demande et l ’offre de crédit), tous les problèmes deviendraient
extrêmement complexes. Aucune des propriétés généralement acceptées ne
demeurerait valable : la valeur actualisée d’une somme 5 ne serait plus pro
portionnelle à 5 (si l ’on admettait d’avoir un taux d ’escompte différent selon
que le montant 5 est grand ou petit); la valeur escomptée de la valeur escomptée
ne donnerait pas la valeur escomptée pour toute la période considérée (si
par exemple, on appliquait un taux différent pour cette période et pour les
deux périodes partielles courtes); une même opération considérée comme étant
HYPOTHÈSES SIMPLES EN MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES 97
équilibrée à un instant donné, ne le serait plus à un autre moment (et ne serait
plus analogue à aucune autre opération différée dans le temps); et ainsi de
suite.
Cependant les mathématiques financières traitent principalement des pro
blèmes moins complexes, où l’on ne considère chaque fois que des opérations
du même type (ou parfois de deux types différents : sujet que nous n ’aborderons
qu’au dernier chapitre). De cette façon, nous évitons toutes les complications
et les « anomalies » de comportement qui peuvent apparaître. En effet, au
lieu d’adopter un point de vue économique, englobant tout un panorama
général, on prend une optique purement technique pour les calculs, se limitant
ainsi aux opérations faisant partie d ’un système unique.
Il est important de préciser qu’afin d ’exclure ces « anomalies » ce système
doit rester déterminé de façon univoque, et l ’on n ’y admet aucune loi qui ne
soit une loi exponentielle. D ’ailleurs on montrera, en conclusion du présent
chapitre, que la loi exponentielle n ’a pas été introduite arbitrairement ou
par simple souci de simplicité formelle, ou encore pour satisfaire à certaines
habitudes pratiques qui pourraient bien ne pas correspondre à des préoccu
pations rationnelles : après avoir étudié ses premières propriétés de manière
formelle, on montrera que c ’est la seule loi qui jouisse de propriétés « natu
relles », ce qui justifie sa position privilégiée.
est équilibrée à un certain instant (différent selon les cas), est équilibrée (à
tout instant). Cet énoncé est manifestement une manière de combiner l ’expres
sion des propriétés précédentes a) et b). Si l’on prend le cas le plus simple,
celui d’un escompte, cela se réduit au fait que
ç —ô ( t 2—t 0) _ g- 1 tj) g— £o) (7 9 )
que l’on peut interpréter comme suit: considérons le paiement d’un montant
S 2 = S dû à un instant /2, et celui d’un montant Si = S ers(h-ti) dû à l ’instant
tu et celui d ’un montant So = S dû à l ’instant to; par définition, l’o
pération [S 2 — Si] est équilibrée à l’instant tu l’opération [Si — So] est équi
librée à l’instant to. Il en résulte que l’opération [S2 — So]est équilibrée à tout
instant.
d) Propriété d*uniformité dans le temps : Une opération équilibrée à l ’instant
to est telle que l’opération qui s’en déduit en retardant de h tous les paiements
est équilibrée à l’instant to + h. En se référant à la propriété c), il est d ’ailleurs
superflu de spécifier « à l’instant to » ou « à l’instant to + h » : il suffit de dire
« équilibrée » (à tout instant) et l’énoncé en est d’autant simplifié. Le fait
que la propriété d) découle de la loi exponentielle résulte directement de la
propriété c) et du fait que le facteur d ’escompte dépend seulement de la durée
(cf. t 2 — tu etc.) mais ne varie pas lorsqu’on change l ’origine des temps.
e) Propriété de décroissance : La valeur actualisée d ’un paiement différé
est inférieure à ce paiement lui-même (en toute rigueur : plus petite en valeur
absolue et de même signe). Ceci ne vaut, bien entendu, que dans l’hypothèse
ou S > 0.
Inversement, il est facile de voir que les propriétés a), b) et d) — ou bien c)
et d) puisque c) équivaut à la réunion de a) et b) — caractérisent de façon uni
voque une loi exponentielle (avec 8 positif, négatif ou nul) et il suffit d’ajouter e)
pour se limiter au cas 8 > 0.
En fait, il suffit d’observer qu’en vertu de d), le facteur d’escompte doit
prendre une valeur qui ne dépend que de la durée h (et pas de l’instant consi
déré) : soit v(h) cette valeur. En appliquant la propriété de dissociabilité on
obtient alors v(h') v(h") = v(h' + h") équation fonctionnelle caractéristique
d’une loi exponentielle. La condition e) restreint la solution au cas 8 > 0.
Dans le cas limite où 8 = 0, un montant a la même valeur à tout instant,
ce qui revient à dire que l’intérêt est nul. Pour avoir le cas S < 0 il faudrait
imaginer qu’un épargnant qui dépose une somme pour l’utiliser à un instant
futur non seulement ne recevra aucun intérêt à cet instant mais encore devra
payer quelque chose (par exemple une sorte de loyer pour la garde). Une telle
situation n’est pas nécessairement absurde et peut même se présenter concrè
tement dans certain cas, mais on considérera que les « frais » ainsi encourus
ne sont pas du domaine des mathématiques financières. De même, on ne fera
HYPOTHÈSES SIMPLES EN MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES 99
pas figurer dans les calculs d ’autres dépenses, commissions et accessoires du
même genre, bien qu’ils appartiennent effectivement à la pratique bancaire
et commerciale; si l ’on désire en tenir compte, on le fera séparément.
Les remarques à propos des « propriétés » énoncées ci-dessus seront reprises
et approfondies dans le dernier chapitre de cet ouvrage. La confrontation
de la loi exponentielle, pour laquelle ces propriétés sont valables, avec d ’autres
lois, pour lesquelles elles ne sont plus vérifiées, met mieux en valeur leur
signification.
EXERCICES SUR LE CHAPITRE II
M = C(1 + i f (80)
(x) La distinction apparaît clairement par contraste avec le cas continu que l’on considère au n° 26.
106 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
(l) Nous verrons au numéro 27 comment ces conditions doivent être modifiées lorsque l’on
considère des opérations de durée infinie, c’est-à-dire qui n’ont pas d ’instant final.
108 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
(intérêt sur le montant donné pour la période s’écoulant entre les deux paie
ments) et l’on obtient ainsi M(rh+1), quantité à laquelle il faut encore ajouter
— Sh+i pour obtenir + 0). Ce procédé est analogue à celui de la
« méthode scalaire » pour le décompte des intérêts (utilisée en particulier
dans les comptes courants bancaires : il s’agit là d’ailleurs d’intérêts « simples »
plutôt que « composés », comme on le verra au chapitre VI).
Si, par contre, on effectue périodiquement le décompte, par exemple à la
fin de chaque année (par semestre, etc.) pour obtenir le montant à la date de
clôture tr+1, il suffit d’ajouter au montant à la date de clôture précédente tr :
1) les intérêts sur ce montant pour la période considérée, 2) les augmentations
et diminutions correspondant aux mouvements de capitaux, 3) les intérêts
pour chacun de ces montants pour la durée s’écoulant de la date choisie à la
date de clôture :
M (tT+1) = M(tr) + M{tr)i — Z hSh — Z hSh(emr+i~Th) — 1) (87)
soit (89)
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 111
Ce qui est une équation différentielle du premier ordre, linéaire, dont l’inté
grale générale est :
6(t-T)
M(t) = e * { C
- î: <p(r) e ÔT âr } = C eôt
- î:
ç>(t ) e' dr. (90)
Nous savions déjà cela d ’après le paragraphe numéro 14 sur les équations
différentielles (c’est un cas particulièrement simple d ’équation différentielle
linéaire, puisque § est constante au lieu d ’être fonction de t). Mais ce résultat
s’explique directement sous l’une ou l ’autre forme d ’après sa signification
financière même, qui fournit une interprétation particulièrement heureuse
du processus d’intégration.
La deuxième forme d’équation exprime directement les montants à l’instant t
comme étant la somme du montant initial C = M(0) (et l’on voit ainsi la signi
fication de la constante d’intégration et la raison pour laquelle elle apparaît
dans l ’équation) et du montant de chacun des paiements élémentaires successifs
— <p(t) dt (il est bien entendu que l’on prend le mot somme dans le sens d’une
intégrale étant donné que nous travaillons dans le domaine continu). La
première forme de l ’équation, en divisant les deux membres par e**, exprime
l’équivalence, à l’origine, entre le montant à l’instant t et l’ensemble du montant
initial et du flux de paiements entre 0 et t. Quant à la méthode d ’intégration,
il suffit de remarquer que, prenant comme fonction inconnue dans notre
équation différentielle, au lieu du montant M (t), la valeur escomptée de ce
montant à l ’origine t = 0, c ’est-à-dire f ( t) = ), on a
df _ -ôtdM
8 e~6tM ; (91)
dî ~ ® dt
l’équation devient :
(l) Cette formulation est effectivement à l’origine de « la Théorie Collective du Risque » telle
qu’elle a été proposée par Lundberg, Cramer, etc.
Remarquons, pour conclure, que pour envisager le cas le plus général il suffit de considérer une
« fonction intégrale des paiements », \fi{t) telle que cp(t) = di/r/dr (la dérivée existant) donne le flux
là où ifj est continue. Aux points de discontinuité de première espèce le saut ip(t + 0) — repré
sente un paiement instantané à l’instant t. Si la fonction 0 présente des irrégularités plus graves,
on tombe dans des complications théoriques qui dépassent le cadre de cet exposé.
Sur le plan mathématique la fonction îfj(t) peut être la fonction à variation bornée la plus géné
rale (c’est-à-dire exprimable par la somme d ’une fonction croissante et d ’une fonction décroissante),
autrement les paiements des deux types envisagés (continus et discrets) pourraient coexister avec
des types intermédiaires difficiles à envisager sans faire appel à des notions mathématiques que l’on
ne peut supposer connues ici. Pour traiter le cas général, il ne serait pas inutile de faire usage des
intégrales de Stieltjes (permettant, grâce à leur définition plus générale, d ’exprimer le montant
sous la forme M(t) = f e 6t d</r(r), dans le cas continu tout aussi bien que dans le cas discret et
même dans le cas d ’irrégularités plus graves que nous n ’avons fait que mentionner).
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 113
Si l’on a plusieurs paiements Si, ¿>2,..., Sn effectués aux instants ri,..., rA>
et si l’on veut connaître l ’usufruit à un instant r r < t < r r+1, il suffit pat
extension d ’appliquer les remarques précédentes à tous les paiements futurs.
En vertu de la propriété d ’additivité, nous avons en effet :
v(r) = E vk(r) = Es* e-i(T*-T>, (99)
*fc>T Tk>T
et par conséquent l ’expression de l ’usufruit sera :
N
0 (t) = S Eit {S t e“i(r*_i)[T* — t ]}. (100)
r+1
(où T est postérieur à la fin de l ’opération). Les équations (98), (100) et (101)
peuvent également s’écrire, ce qui se vérifie immédiatement :
£7(0 = S {e Sk • t* • e OTk] — l ■ Vk (0 }, (98')
-jv -i
£7(0 = S (e I * SkTk e ÎT* — t- Vit)}, ( 100')
_T+1 J
ÇT
£7(0 = 8 { e 6 t ■ I <p ( t ) t e~ ôt d r — t - V(t) }. (101')
ou bien sous une forme correspondant aux équations (98'), (100'), (101') :
F it) = it8 1
+ 1)F(0 — SeÔt\ S k e“aTfc • Tk (103')
A titre de curiosité (pour l’instant, car ce sujet sera repris par la suite),
nous relevons l’expression suivante de Ü et de P au moyen de la dérivée de V
par rapport à S.
dV{i)
U(t) = — S (105)
as
(106)
est également fonction de t, mais étant donné que t est considéré ici comme
fixe, il est inutile de poursuivre la discussion sur ce sujet.
On notera que l’équation V(t) = D{t) + P(t) découle automatiquement
des équations (105) et (106); en effet, si nous développons l ’équation (106)
selon la règle de la dérivée d ’un produit, on obtient
P(i) = | g ( S - F ) = S 0^ + V = V -Ü . (107)
Il existe une autre extension du concept qu’il est bon de mentionner : celle
qui nous conduit à considérer les opérations de durée infinie au lieu de finie,
comme nous l ’avons fait jusqu’à présent. Il s’agit ici aussi d’une idéalisation :
en effet, quelle signification pourrait avoir un engagement qui s’étendrait
au-delà de la durée de vie des règlements juridiques et économiques selon
lesquels il s’exprime, ainsi que de celle des individus, soit les personnes qui
contractent cet engagement, soit leurs successeurs pas trop lointains?
C’est cependant une idéalisation utile, car elle permet de préciser ce que
l’on doit entendre par une « opération équilibrée » dans le cas d’une opération
de durée infinie; sinon, on courrait le risque de tomber dans l’absurde. Si,
par exemple, on pensait pouvoir appeler « équilibrée » une opération obtenue
en réunissant une infinité d’opérations équilibrées, toutes les opérations
pourraient alors être considérées comme des « opérations équilibrées ». Même
celles consistant à se faire donner un montant S en échange de rien, car elles
pourraient s’interpréter comme une somme d ’un nombre infini d ’opérations
116 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Cette condition signifie en effet, en supposant que tous les paiements prévus
pour des échéances postérieures à un certain instant futur T soient annulés, que
l’opération limitée ainsi obtenue est à peu près équilibrée si l ’on suppose T
suffisament éloigné dans le temps. Plus précisément : si l ’on fixe un montant
positif e petit (par exemple un millionième de franc), l ’hypothèse de tronquer
l ’opération à l’instant T comporte un gain ou une perte initiale inférieure
à £ (c’est-à-dire — £ < c~8t M (T) < £) pourvu que l’on prenne T suffisamment
grand (c’est-à-dire : supérieur à une valeur T bien choisie, déterminée en
fonction de £).
Si l’on applique cette nouvelle définition au cas des opérations limitées,
on vérifie (comme cela doit être si l’on veut avoir une théorie globale cohérente)
qu’elle coïncide avec l ’ancienne. En effet, pour t supérieur à l ’instant du der
nier paiement (t > tn , en employant la notation du numéro 16), on a
C1) On peut remarquer que même si l’on a adopté la définition plus restreinte M(t) -> 0, celle-ci
resterait quand même équivalente à l’ancienne définition dans le cas d ’une opération limitée;
on voi aisément cependant qu’une telle restriction est inutile.
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 117
si M(t) reste limitée, ou même si M (t) en valeur absolue (et au moins à partir
d’une certaine valeur de T) ne dépasse pas une puissance de t, ou également
si elle ne dépasse pas une fonction exponentielle croissant moins rapidement
que z5t; si en effet
| AfCOI < K ou I Mit) | < tK ou [ M(t) I < aKt avec K < S, on a W(0) = 0 puisque
—ôt ~ —ôt K s\
e •K 0 , e t —> 0 ,
-ô t Kt {K-ô)t A o m
e •e = e —> 0 (K — o < 0).
Un exemple inverse : si M(t) croît comme cKt avec K > S, nous avons (voir
le dernier exemple ci-dessus) W(0) = ± 0 0 (selon le signe de M{t)). Il est
intéressant de relever ce cas, car il a donné lieu à des discussions importantes
dans la pratique lorsqu’il s’est agi de la méthode appelée « prime moyenne
générale » employée dans les assurances sociales. Sans entrer dans les détails
techniques (ce qui serait impossible pour l’instant et en dehors du sujet) on
peut analyser la question d’un point de vue schématique. On suppose que l ’on
institue à un moment donné un certain système de sécurité sociale, où l’on
accorde immédiatement le bénéfice des prestations à la population initiale qui
n’a pas versé des contributions. L’on veut compenser cette charge initiale
par une majoration perpétuelle de la contribution de la population future;
mais, selon que la valeur de ces contributions sera finie ou infinie (et comme
nous le verrons, ceci se produit selon que la population croît plus ou moins
rapidement que zSt), ou bien il sera effectivement possible de fixer la majoration
de façon à compenser la charge initiale, ou bien il en résultera que, si petite
qu’on la fasse, elle sera toujours excessive, alors qu’en la faisant nulle elle sera
toujours insuffisante (c’est-à-dire que W(0) sera toujours respectivement égal à
+- 00 en la prenant positive, et à — 00 en la prenant nulle). L’on ne peut pas
obtenir dans ce deuxième cas une opération illimitée équilibrée. Il est évident
cependant que cela ne présente rien d’inquiétant dans la pratique : il suffira
d’avoir une majoration minimale pour combler le déficit au cours d ’une
période finie, et ensuite, on pourra l’abolir (ou même la maintenir); en pra
tique, toute détermination de contributions est définie de façon si grossière
que cela n’aurait pas de sens de vouloir les majorer par exemple de 0,000 l % 0-)
Les opérations sur lesquelles il est bon de s’arrêter expressément pour appliquer
les remarques des numéros précédents sont celles où interviennent des suites
de paiements de nature régulière, dans leur échéance ou dans leur montant;
toutes ces opérations sont connues sous le nom de rente, et l’on appelle les
paiements individuels annuités ou termes de la rente. Le cas le plus usuel
118 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
= ( l — vn)/i.
On peut faire la même remarque en prenant pour base une rente perpétuelle.
D ’après la définition donnée au numéro 27 pour des opérations de durée
infinie, puisqu’il y a toujours tendance vers une limite, nous pouvons parler
de valeur d ’une rente unitaire perpétuelle différée (annuité unitaire venant
à échéance à tous les instants où t est un entier positif), et l’on aura
1 1 11 — V71
am = - йц = - v (113)
^ v n v 1— V
La formule se prête à la même interprétation que celle pour la rente différée :
en effet, d est l ’intérêt anticipé sur le capital unitaire, c’est-à-dire que si on
laisse en dépôt pendant « années le capital unitaire, on peut retirer indifférem
ment ou bien l’intérêt en fin de période i à la fin de chaque année ou bien(*)
(*) Cette considération ne suffirait pas si Гоп ne démontrait pas également que er5tM (t ) converge
vers 0, mais il suffit de remarquer que le montant reste toujours compris entre l/i et l/i + 1 (valeur
prise par rapport au début et à la fin de chaque année) et reste donc limité ; on peut donc appliquer
la remarque du n° 27.
(a) Faire attention aux caractères : caractères italiques pour les rentes anticipées et
gothiques pour les rentes différées. Le symbolisme suivi ici pour ces notations et d’autres
d ’ordre strictement technique est celui qui a été approuvé au Congrès International des Actu
aires, à Londres en 1898. Des modifications successives (approuvées par les recommandations
du Congrès de Madrid, en 1954) ne sont pas entrées en usage (sauf, partiellement, dans les
pays anglo-saxons).
120 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
(ce qui représente la différence entre une rente de durée n + m et une rente
formée par ses m premiers termes). En particulier :
mI = vm a^i = vm!i. (116)
Une rente anticipée, retardée de m années, n’est en fait qu’une rente différée
retardée de m — 1 ; une rente non retardée (lorsqu’il faut souligner ce fait)
est immédiate (et l ’on remarquera que l’expression « différée immédiate »
n’est qu’une façon plus commode de dire « anticipée retardée d’un an »).
On appelle opération de rente différée celle qui consiste à payer S = R - m | a«j
pour recevoir une rente de n annuités R , dont la première est payable après
m + 1 années.
Si l’on considère l’opération au cours de laquelle, inversement, le paiement
unique s’effectue à la fin de l’opération de constitution de capital au moyen
d’une rente, nous sommes amenés à considérer la valeur finale d’une rente,
soit la valeur W(n) de celle-ci au moment de la dernière annuité, ou bien la
valeur W(n + 1) un an après. Plus précisément, W(n) est appelé valeur finale
d’une rente différée, et on note celle-ci , alors que W(n + 1) est appelé valeur
finale d’une rente anticipée qui est désignée par sjq (2), en ce sens qu’elles
donnent le montant payable à la fin de «années en échange d’une rente unitaire
payable respectivement à la fin ou au début de chacune de ces n années.
(x) Nous emploierons, pour éviter toute confusion avec la notion de « rente différée », la termi
nologie de rente retardée pour désigner une rente (anticipée ou différée) dont le premier versement
est différé de m années.
(2) Mêmes caractères italiques et gothiques que pour arâl et cinl.
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 121
Les relations suivantes sont évidentes
-n 1 — Vn V~n — l (1 + i f — 1
s«| — U U »| — V (117)
- n i — Vn v'n — l ( l + i f — 1.
^ = t , as, = v = ------------- -- ----------- , (118)
on peut également obtenir les formules sous leur forme définitive en disant
que Sn| est la somme de 1 + (1 + 0 + (1 + O2 + *** + (1 + 0 W_1 (dernier
terme, augmenté de l’avant-dernier capitalisé pour une année, etc., augmenté
du premier capitalisé pour n — 1 année), progression géométrique (il en est
de même pour s~n|, sinon qu’il faut multiplier l’ensemble des termes par
(1 + i) ou bien soustraire 1 et ajouter (1 + i)n).
Ou bien encore, en adaptant au cas actuel les remarques que nous avons
faites pour dj% et , il suffit de remarquer qu’il est équivalent de verser tout
de suite un capital 1//, ou bien de le verser dans n années en payant entre
temps les intérêts (c’est-à-dire : (1//)/ = 1 à la fin de chaque année) : la valeur
obtenue à la fin de n années est dans les deux cas (1 + i)n, etc. Il s’agit toujours
du même concept qu’il faut garder constamment présent à l’esprit : l ’équi
valence entre le paiement d ’un montant à une date ou à une autre pourvu
qu’entre-temps les intérêts soient payés (ils peuvent être indifféremment
anticipés ou retardés du moment que l’on applique un taux convenable :
d dans le premier cas et i dans le second cas).
début » au lieu de « à la fin » si l’on veut considérer par contre le cas d ’une rente
anticipée). Pour nous exprimer de façon plus générale supposons que, au lieu de
1 à la fin (ou au début) de chaque année, l’on verse l/k à la fin (ou au début)
de chaque £>ième d’année. Nous désignerons par la notation a^ <*>(et respective
ment Oni(k)) la valeur initiale d ’une rente unitaire fractionnée par &-ième d ’année
et de durée égale à n années (respectivement différée ou anticipée).
On obtient immédiatement l’expression correspondant à ces rentes frac
tionnées à partir des résultats que nous avons établis pour les rentes à annuités
annuelles, en remplaçant n par nk, v par vllk, i par ijc = (1 + i)1Ik — 1, d par
d k = ijcl( 1 + h ) et en multipliant par l / k (montant de chaque annuité frac
tionnée). Mais il est équivalent et plus instructif de raisonner directement
sur la signification même de ces rentes.
Il suffit de remarquer que l’intérêt d’un capital unitaire au lieu d’être i
à la fin d’une année ou d au début d’une année, peut être h à la fin (ou djc au
début) de chaque fc-ième d’année. Il faut donc un capital l/{kijc) (respective
ment 1/(kdjcj) pour produire comme intérêt à la fin (ou au début) de chaque
A>ième d’année le montant l/k. D ’où la valeur de la rente fractionnée perpé
tuelle :
} . (*) J_ J_ (1\ .
*a*0-i0I (119)
kh j i °0 ' k d jc S * W ’
Il est de toute façon instructif d’asseoir nos conclusions sur les enseignements
qui découlent de la considération du cas continu. Le flux <p(t) est, dans l ’hypo-
(!) En toute rigueur, ayant défini it et comme des intensités, il faudrait faire figurer au numé
rateur de la dernière fraction, pour chaque groupe d’égalités non pas 1 (nombre pur) mais 1 (année)-1
les dénominateurs étant respectivement j t et 8/t (ou bien il suffit d’attirer l’attention sur le fait que
jjc et 8/c sont exprimés en (année)-1 à l’encontre des conventions d’unités de mesure qui avaient
été adoptées précédemment).
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 123
thèse envisagée, constant et égal à 1. La valeur actuelle d ’un tel flux pour une
période s’étendant d e i = 0 à i = n vaut
- f \ -ô t . t f 1 -* T 1 / —ôn ox
a i - J . l ' ' ‘ d' = L_ S ' J . = _ 3 (e
1 U
= - =Y ~ ' C.Q.F.D. (120)
(124)
- f t - ( 3 (126)
On notera que nvn tend vers 0 quand n tend vers l ’infini et que, par consé
quent, la rente perpétuelle (différée, croissant selon une progression naturelle)
vaut simplement
Considérons ce dernier cas (en utilisant la notation (Ia)n\ pour indiquer, avec
un trait au-dessus du /, que l ’accroissement est également continu) : on a :
I*n
(Ia)ñ\ = JQ
(128)
On notera que la différence entre cette formule et celle donnée pour (Tà)^
(l’expression (126) où le facteur 1/z est remplacé par 1/S) réside dans le fait
que la constante l/d entre crochets est changée en 1/S. Le raisonnement effectué
ci-dessus rend ce résultat évident et permet de conclure, plus généralement,
que si l’on choisit k' et k" (avec k" multiple de k '), l’expression
(129)
représente une rente à paiement différé (ou bien à paiement anticipé si l’on
écrit Sic" au lieu de yV) pour chaque 1/ k ” d’année, et croissante pour chaque
l/k' d’année. Par exemple, pour £' = 3 et k " = 12, on obtient une rente
mensuelle dont les quatre premières annuités mensuelles sont llk'k" = 1 / 3 - 1 2
= 1/36, les quatre suivantes sont 2/36, les quatre suivantes 3/36, et ainsi de
suite. En effet, si l’on emploie un capital unitaire on peut recevoir au début
de chaque Æ'-ième d’année un intérêt dw et en déposant celui-ci, on recevra
à la fin de chaque &"-ième d’année le montant d& • h" = Sa/ * h* l(k'k") etc.
Il est évident enfin que toute rente dont les annuités Ri, R 2 Rn varient en
progression arithmétique (on pourra les écrire par conséquent sous la forme
R + D, R + 2D,..., R + nD avec D = R% — Ri et R = Ri — D), est une
combinaison d’une rente constante d’annuités R et d’une rente croissant
en progression naturelle dont le premier terme serait D, ce qui donne pour
valeur actuelle R • + D • (/a)^ (et de même pour les rentes anticipées,
fractionnées, etc.). Ceci vaut indifféremment pour des rentes croissantes ou
décroissantes (avec D positif ou négatif); en substance, si R + hD finit par
devenir négatif, cela n’a pas d’importance, mais il vaut mieux éviter ce cas
si l’on veut parler de « rente » sans aller à l’encontre de l ’usage courant du
terme.
Nous conclurons en remarquant que l’on peut traiter de la même façon
tous les cas où la rente varie plus généralement comme le carré, le cube, une
expression polynomiale quelconque de la suite des nombres. De tels cas
pourront être traités à titre d’exercice (voir fin de chapitre).
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 127
Si l ’on veut étudier sa variation pour n -» oo, il faut distinguer deux cas :
si qv < 1 (ou bien si q < 1 + /), la série est convergente et la somme, c’est-
à-dire la valeur de la rente perpétuelle, est :
Rv
(132)
1 — qv9
1 n~r n i •\ n~r i
m = s - r ^ i r = s •a + ~ en?)
1— V (1+0 ---- 1
8R Q h f 1
tYjckvk - h Y f v k
8 - R - e dA[ ( / a ) ^
A
— h-an=n]
J
\ »-r , \
- — l3-(3+ "-T >1
$ d -fih
= °~ n r { (1 — h d) — [i + d(n — t ) ^ } (138)
= R ^ {(1 — h d) t ôh — [1 + d(n — 0] };
et Ür = ^ {1 — [1 + d(n — r)]vn~r }.
p(t) = m - 0(t)
Ici aussi, le premier terme donne la nue-propriété pour une rente perpétuelle.
Il s’agit naturellement d ’une fonction périodique qui n ’est toutefois pas
continue (ce qui est clair étant donné sa signification), étant donné que le
facteur (1 — (S/d) + hS)eôh s’accroît de la valeur 1 — (S/d) prise pour h = 0 à
la valeur
On rappelle que ces expressions pour M(t) et V(t) sont valable pour t = r + h
avec h ^ 0 (si t est entier, nous devons donc écrire t = r + h avec r = t — 1
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 131
et h = 1) ; sauf lorsque t est entier (où une convention différente entre en jeu
concernant l’attribution du paiement en t ), on voit que M(t) a ici la même
expression que dans le cas précédent d ’une rente à paiement différé, si ce
n’est qu’il faut écrire n — 1 au lieu de n. Ceci, du reste, est évident (puisque
les annuités résiduelles sont les mêmes à l’exception de la dernière).
Il s’ensuit que la même conclusion est valable également pour £7(r)etP(i):les
mêmes formules que pour le cas précédent peuvent être utilisées, mais il faut
remplacer (n — t ) par {n — 1 — t). Pour la fonction O qui est continue, il n’y
a aucune restriction à apporter, même pour h = 0, alors que pour la fonction P,
il faut dans ce cas prendre les mêmes précautions que pour V (c’est-à-dire :
r = t — 1, h = 1).
Passons aux deux autres cas, de « constitution de capital », en commençant
par le cas des annuités anticipées. Il s’agit de payer n annuités anticipées de
montant R (par conséquent aux instants t = 0, 1, 2,..., n — 1) pour obtenir
un capital S au bout de n années) (à l’instant t — n). Nous devrons avoir
S = R • Sn\.
Comme dans le dernier cas précédent, M(r) n’inclut pas le paiement en t = r
Nous aurons donc
Ce que nous avons dit au dernier paragraphe (n° 33) au sujet de rentes
constantes payables par annuités annuelles peut s’étendre sans difficultés
au cas de rente fractionnée (annuité R/k payable pour chaque Æ-ième d ’année
de façon anticipée ou retardée), et (en passant à la limite pour k tendant
vers l’infini) au cas de la rente continue (flux = R (année)-1 ou R/an).
On pourrait dire pour les rentes fractionnées qu’il n’y a pas de nouveau
problème, et qu’il suffit de revenir au cas précédent en prenant comme temps
unitaire le A;-ième d ’année (et par conséquent en prenant tous les temps et
durées sur cette base, c’est-à-dire en multipliant par k les grandeurs, telles
que n, /, r, h, jusqu’ici indiquées en années) et en prenant comme annuité R/k
au lieu de R et comme taux d’intérêt (retardé ou anticipé) h = (1 + ï)1,k — 1
et die = ijcl 1 + ik) au lieu de i et de d = i/( 1 + /). Mais les conclusions aux
quelles on peut parvenir directement sont plus simples et plus signifi
catives.
Il suffit en effet de remarquer que lorsqu’intervient le facteur R/i (ou bien R/d
pour une rente anticipée), on ne fait, en remplaçant R par R/k et i par h (ou
bien d par dk), que remplacer R/i par R/jk (ou R/d par R/8k) comme nous
l’avons déjà indiqué au n° 30 (avec jk = kik, 8k = kdk). Lorsqu’intervient,
par contre, le facteur d’escompte vt, il n ’est pas nécessaire de changer quoi
que ce soit, étant donné que Vk = 1 — dk = 1/(1 + ik) n’est autre que v1!10,
de telle sorte que = vl lui-même.
Par conséquent, toutes les formules pour t = r = un entier, exprimées en
fonction de R, restent inchangées pourvu que l’on substitue à R/i ou R/d,
R/jk ou R/8k respectivement. Ces formules restent d’ailleurs valables, même
si t, sans être entier, est un nombre entier de &-ièmes. Si t n’est pas un multiple
de l//c, on pourra poser t = r + h avec r = multiple de 1/k et h compris
entre 0 et 1/k (à l’exclusion de \/k si la rente est différée, et à l’exclusion de 0 si
elle est anticipée) ; le facteur correcteur dépendant de h sera déterminé comme
dans le cas d ’annuités annuelles.
Quant aux formules exprimées au moyen de S pour t = r = un entier, celles-
ci restent valables sans changement dans le cas d’une rente fractionnée (étant
donné que S contient déjà le facteur correcteur), et sont valables également
pour t = multiple de 1/k. Pour les autres valeurs de t, même raisonnement
que ci-dessus.
Si l’on considère le cas d’une rente continue, il est clair que les for
mules données pour t = un entier restent valables pour t quelconque,
et il suffit de remplacer R/i (ou R/d, en laissant ici de côté toute distinc
tion) par R/8.
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 133
Nous aurons donc dans le cas d ’une rente continue de flux R/an pour n années,
contre paiement initial S = R( 1 — e~ôn)/8 :
Nous remarquons enfin que l’on peut étudier la rente de durée infinie dans
le cas d’un versement initial (S = R/i ou S = R/d ou S = R/jk ou S = R/8jc,
134 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
qui croît d’environ — R/2 à environ + R/2 dans l’intervalle entre deux éché
ances successives, alors que l ’usufruit varie de façon continue (en restant évi
demment dans l’intervalle 8R/i < ÜQi) < 8R/d). De même, dans le cas d’une
rente fractionnée : PQi) est donnée par la même formule, si ce n’est qu’il
faut remplacer i et d par jk et 8k9 et croît environ entre — R/2k et + R/2k
dans tout intervalle entre deux échéances R/k successives.
= 1 [* + ( r + s H “ 7 \_R + ( " +
n
Oir) = 3 • I*CR + kD )ik — r ) / _r
r+1
n
= S- I f c [ — rR + kiR — rD) + k 2D]vk^ . (162)
r+1
W = i [ * + (r + i)i>]
= m + r D )! , + M i + f
a a
Si les annuités Rie sont en progression géométrique — cas que nous avons
considéré au n° 32 — nous pourrons poser Rk = R • qk~ \ R = R i , q = Rz/Ri)
et nous aurons
V(t) = Y k R - q ^ - v ^
r+1
n+1
= —R V R ■------
Lk(vq) = — 0 >q)r+1 — (vq)
------------
qv r+i qv 1 — vq
r Rv f s.n - r \ ôh
= 9 r = ^ ( l “ (w?) ) e 5
k—r
U(r) = X*S • R - q \ k — r)v
r+ l
= 8Rqr l (k — r f v q f ^
r+ l
= SR<f 1 .1 ~ i ( i — [ i + ( « — 0 0 — i » ) ] » n -r }• O 65)
(i — ? 0
On peut considérer le cas d’une rente perpétuelle si vq < 1, soit si q < 1 + /;
dans ce cas, seul subsiste le premier terme dans les expressions de V et Ü.
On pourrait traiter de façon analogue (et le lecteur pourra établir les for
mules correspondantes à titre d ’exercice) le cas d’une constitution de capitaux
au moyen de rentes variables en progression arithmétique ou géométrique.
De même pour les rentes fractionnées. Le cas d ’une rente continue mérite
enfin d’être mentionné et développé étant donné sa simplicité.
Nous devrons considérer des flux de rente linéaires et exponentiels : on
obtient la généralisation du premier et du deuxième cas dans le domaine
continu au moyen des expressions suivantes :
<p(t) = R + Dt <p(t) = R cxt
(progression arithmétique) (progression géométrique)
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 137
Et nous aurons :
D (t) = S I (R + D t) (t — t ) e -l5(T_<> dr
= — //?[l — i 1 °] + ( R - tD) + J) - (« + e +
(167)
m R eAT• e ô(r t] dr
-ü
R
e [1 — e ] (168)
(S -A )
Comme nous l’avons déjà dit (voir n° 25) le calcul des intérêts ne s’effectue
dans la pratique que de temps en temps. Examinons dans les mêmes conditions
la formation du montant pour les cas examinés au n° 32. Nous supposerons
tout d’abord que les intérêts sont calculés annuellement pour une rente différée.
Si nous nous référons au premier cas (rente différée R, paiement initial
S = R • a%|), et si nous écrivons pour plus de concision (comme il est d’usage
138 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
M n = 0.
Nous savons déjà que M r = R • a ^ . Ceci résulte d ’ailleurs également
— comme on pouvait le prévoir — des relations de récurrence ci-dessus.
Nous avons en effet Mo = S = R • . Nous avons alors
Mo + zMo = Mo • (1 + z) = R • aj^v-1 = R • a »¡,
et si nous retranchons R nous avons M i = R • a^nl ; de la même façon, on
démontre que M 2 = R • a n=% et ainsi de suite (par induction, c’est-à-dire
pour un entier après l’autre), jusqu’à obtenir M n~1 = R • a-fl = R • v, et
M n = 0.
La relation de récurrence mentionnée ci-dessus peut également s’écrire
sous une autre forme qui indique une décomposition des annuités de la rente
en deux parties :
R = (M r - 1 — M r) + iMr-i = Cr + Ir. (170)
L’interprétation est la suivante : le montant R payé par le débiteur à la fin
de l’année r-ième sert, pour une partie Ir = iMr- 1 — appelée part d’intérêts —
à payer l ’intérêt sur la dette résiduelle Mr_ 1 existant au début de l ’année,
et pour l ’autre partie Cr = R — Ir = Mr_ 1 — M r — appelée part de capitaux —
à rembourser une partie de cette dette dont la valeur résiduelle diminue et
passe de M r_ 1 à Mr.
On obtient alors un résultat simple et remarquable : dans le cas d ’une rente
constante les parts de capitaux Cr croissent en progression géométrique
de raison (1 + z). Nous avons en effet
M r = M r- i(l + z) — R
Mr + 1 = Mr(l -J- z) — R
et par différence:
Cr+1 = M r — M r+1 = (Mr-1 — Mr) ( l + 0 = Cr(l + z),
C. Q. F: D.
Par conséquent Cr = K( 1 + z)r, et il ne reste qu’à déterminer la valeur de
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 139
la constante K. Si nous considérons la dernière annuité, nous obtenons immé
diatement Cn = M n- i — M n = Rv — 0 = Rv; par conséquent,
Cn = ^(1 + ï)n = Rv, K = Rvvn = Rvn+1;
et donc :
Cr = jRt)”+1(l + î f , soit Cr = Rvn+1~r. (171)
Il est clair que la valeur actuelle (à un instant t quelconque) des parts d ’in
térêts futures correspondent à peu près à l’usufruit et celle des parts de capi
taux à la nue-propriété; cet « à peu près » résulte du fait que, en adoptant
l’approche ci-dessus, on suppose que les intérêts sont venus à maturation d’un
seul coup à la fin de l’année au lieu de se former progressivement. Voyons
en quoi consiste la différence, en calculant « l’usufruit à intérêt annuel » U(t)
(sans barre au-dessus du U, car on réserve la notation £7(0 pour l’usufruit
exact, ou « à intérêt continu ») et de la même façon P(t) = V(t) — U(t). Nous
avons
Pr = Cr+lV + Cr+2V + Cr+zv3 + • • • + CnV
= Rvn~rv + Rvn^r~1v2 + • • • + Rvvn~^
= (n — r)Rvn^ +1 (172)
En effet, tous les facteurs que l ’on ajoute sont égaux, ce qui est logique
étant donné qu’ils sont produits par les annuités C en progression géomé
trique de raison (1 + i) et par les facteurs d’escompte en progression géomé
trique de raison v = 1/(1 + 0-
Nous avons donc
Fr = ^ ( l - 0
Ur = — i ^ > (174)
Pr = |.(/Fr). (175)
140 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Ur = ~ ü r. (176)
d8 _ 1 _
dz 1+ z
on obtient :
c’est-à-dire est un peu inférieur à 1, par suite Ur est un peu inférieur à Ür.
Lorsque les annuités sont anticipées (le paiement initial est S = R • a%|)
la formation du montant est donnée de la même façon par :
Cr = Rv71^ .
Pour calculer Ur et Pr nous devons tenir compte du fait que l ’on ajoute
l’annuité venant à échéance en t = r, qui est la (r + l)-ième annuité puisque
les paiements sont anticipés; par conséquent
Ur = Vr — P r = J { l — [1 + i (n — r)]
Mn — S {S — R • s^j) Mn — S {S — R • 5?n).
On trouve ici encore une « décomposition » de R qui s’écrit dans les deux
cas :
r = (Mr — M r-1) — iMr-1 R = (Mr — M r-1) — dMr ;
142 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
les conséquences de cette formulation sont les mêmes que dans les deux cas
précédents (respectivement dans le cas d ’un paiement anticipé et d’un paiement
différé), si ce n’est que la part des intérêts est négative, et la part des capitaux
est donnée par l ’annuité R entière augmentée de la part des intérêts (considérée
en valeur absolue). Ici encore, Cr croît en progression géométrique de raison
(1 + i) et nous avons précisément dans les deux cas (comme on peut le voir
immédiatement en considérant la première annuité) :
Cr - R u~x Cr = R u~z.
Mn = 0 Mn = 0
et en faisant la somme
ür = R d + D + j r ~ -l ) - d D (1 - P *" *) +^ {1 - [1 + ( i ! - r ) d y - r}
jRd “{* n dD -J- D n-
—v
id
Rd -j- 2D -J- (r — 1) dD 2Rd -J- 3D -|- (n -J- t— 1) dD^n—r
id id
Y (n — r)í;w-r ; (185)
si
r-1
* » = R ,‘ - \ M h-i = - N ) - '« •
donc
Jc-r R vq r/ .fc -r / vn - r + l -(k -r)-.
M k- IV = ------ — [(vq) — (vq) *q
1 — vq
et en faisant la somme
- + 1= 1 ^ . ^ \ (186)
1 — vq |_ 1 — vq 1— q J
3 - dette éteinte (Vo — Vr)\ on peut omettre celle-ci, car la colonne (2)
suffit;
4 - annuités Rr : on peut omettre cette colonne quand Rr est constante,
et se borner à l’indiquer dans le titre;
5 - part de capitaux Cr;
6 - part d’intérêts Ir.
Nous avons entre ces diverses données les relations de récurrence indiquées
précédemment, et l’on peut élaborer le tableau en conséquence; on peut
également contrôler que M n = 0 (c’est-à-dire Ci + C2 + • • • + Cn = S).
Indiquons maintenant quelques cas simples et répandus d’amortissement.
V f = P f + U*; (188)
et de plus
Vr = P f + U fi* /i
(189)
0 Étant donné que v est presque toujours affecté d’un exposant et qu’il serait peu clair d’écrire
par exemple u*n, v * n~T, etc., on préfère mettre l ’astérisque en indice au lieu de le mettre en exposant.
150 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
U* = — L - ( V ? - V r ) (190)
i — Z*
P* = - J — (i Vr - i* v f). (191)
Z— Z*
(193)
(194)
donne parfois les rentes anticipées et l ’on a alors inversement aц = a^+ïj — 1).
S’il n’y a pas de valeur déjà calculée pour les rentes, il n’est cependant pas
difficile de les calculer en partant des valeurs de vn (respectivement (1 + i)n).
Si ces puissances ne sont pas données, on sait qu’on peut les calculer au moyen
de logarithmes ou de la formule des puissances du binôme (Newton), etc.
(comme nous l’avons déjà indiqué au numéro 24). Si l ’on dispose d’une table
indiquant la valeur des rentes mais que n dépasse la durée maximum indiquée
dans les tables, on peut utilement se servir de la formule = a^j + vmañ=w\
(en prenant m = n durée maximum contenue dans la table, l ’on peut arriver
ainsi jusqu’à n = 2m et l ’on peut itérer le processus au-delà de cette valeur);
mais il est presque plus facile d ’utiliser l ’expression (1 — vn)/i après avoir
calculé éventuellement vn comme produit de vm par vn~m.
2° Le problème de la détermination des annuités, si l ’on se donne la durée
et la valeur actuelle ou finale, revient pratiquement au problème Io s’il s’agit
d’annuités constantes. Nous rappelons cependant que si l ’on trouve dans
les tables l/a^) au lieu de seulement, on doit faire une multiplication au
lieu d’une division et l ’on peut en déduire l/s^ = 1/a^-z (ou inversement
si la table donne 1/s^ au lieu de l/a^i).
S’il s’agit d ’annuités variables, on peut résoudre le problème de façon
largement arbitraire; le cas le plus simple et le plus usuel est celui d ’annuités
fixées d’avance à un coefficient Auprès qu’il faut déterminer (KR!i, KR' 2 ,... KR'n) ;
alors K est donné par K = S /S \ où S' est la valeur correspondant à R'r. Si
l ’on fixe d ’autres conditions, par exemple si l’on fixe D pour une rente crois
sante ou décroissante en progression arithmétique, il se peut qu’il n’y ait pas
de solution (ou plus précisément que cette solution ne soit pas acceptable)
du fait que certaines annuités sont négatives; il faut donc faire attention
pour éviter une telle difficulté chaque fois que les problèmes sont posés de
façon moins naturelle que celle consistant à déterminer un coefficient de
proportionnalité K.
3° Le problème de détermination de la durée se pose lorsqu’on sait quel est
le montant annuel R (ou la suite R±, R 2 ,... R n) que l’on pense pouvoir destiner
à l ’amortissement d’une dette S donnée, ou mettre de côté pour constituer
un capital donné S (nécessaire par exemple pour un certain achat, pour entre
prendre une certaine activité, etc.).
Dans le cas d ’annuités constantes, il est facile de résoudre les formules
par rapport à n en considérant pour fixer les idées le cas S = Raj^ ; mais cela
vaudrait également pour a, 5, s, ce qui nous donne :
ln (1 — Si/K)'
vn = 1 — Sil R, (195)
ln v ’
si l’on trouve n non entier, on pourra choisir de payer un peu plus que l’annuité
R désirée en prenant pour n un entier par défaut, ou bien de payer un peu moins
APPLICATIONS DE LA LOI EXPONENTIELLE 153
de cette valeur R mais pendant un an de plus (ou bien payer pour cette dernière
année un résidu convenablement déterminé de façon que les annuités précé
dentes soient exactement R). On peut imaginer à volonté d’autres variantes.
Naturellement, si l’on dispose d ’une table donnant les valeurs il suffit de
s’y référer — sans aucun calcul — quand cette valeur devient supérieure à S JR.
Dans le cas de rentes variables (à l ’exception du cas d’une progression
géométrique, qui se ramène au cas précédent), il n ’est pratiquement pas
possible d ’exprimer explicitement n; le problème peut se résoudre en cher
chant dans les tables ou en calculant les valeurs correspondant aux différents n
et en déterminant pour quelles durées on passe des valeurs par défaut à des
valeurs par excès.
4° Le prochain chapitre (chap. IV) sera consacré aux problèmes de la déter
mination du taux d ’intérêt lorsqu’on fixe tous les éléments de l ’opération.
Même dans le cas le plus simple d ’une rente constante, la relation
S = Rv ( \ — vn) l ( \ — v)
Nous nous bornerons à faire ici une remarque assez brève, afin d ’attirer
l ’attention sur l’importance des mathématiques financières, non seulement
dans le domaine des opérations financières en général, mais également pour
tous les problèmes de nature économique où interviennent des rentrées et
des sorties de fonds différées dans le temps.
En voici quelques exemples.
1° On considère une machine (ou un autre objet) qui doit être remplacé
toutes les n années. Soit C son prix initial (lorsqu’elle est neuve) et Z celui
que l’on peut récupérer à la fin de son utilisation (mise à la ferraille). On
constituera un fonds d ’amortissement à annuités R = S/ shj avec S = C — Z,
de façon à pouvoir accumuler jusqu’au moment du remplacement le montant
nécessaire C — Z.
2° Un nouveau modèle de machine produit Y unités d’un certain produit
par an; on peut l ’acheter à un prix C, elle a une durée de N années et exige
des dépenses annuelles R pour son fonctionnement (main-d’œuvre et entre
tien); je possède une vieille machine qui peut fonctionner encore N' années
1 54 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
avec des frais d ’entretien R ' et produisant Y' unités, et je pourrai en retirer Z'
en la vendant à la ferraille. Comment déterminer quelle machine utiliser?
Avec la méthode du « coût unitaire », l’ancienne machine (en l’utilisant pour
la production) a, par rapport aux caractéristiques de la nouvelle machine,
la valeur suivante :
(196)
C1) Nous désignerons les nombres correspondant au taux d ’intérêt et d ’escompte i et d indiffé
remment sous forme de pourcentage ou de nombre décimal (par exemple i = 5 % ou i = 0,05,
pour habituer le lecteur à lire avec facilité les deux notations.
156 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
i -a 2 , , 3 . 1A 4 , 1C 5 . k ( k + l ) Je . . 7 i(n + 1)
>+ 3f? + 6 v + I 0 v + I 5 v + • • • + -----' v + • • • + ---- -t
V * ( * + l)jt.
¿Je ----- ~------ V ,
1 ^
en multipliant tout par d = 1 — i?, on obtient :
1 ^
Y» k(k + 1) k y k(k + Î)v
^ ¿ J e ----- =------V — ¿Je -------- ~--------
1 Z i Z
, + 2) k(k + 1)”| ic+i h\n + i) n+1
- » + ! , [ ----------j -------------------- — J " --------- 2 v
= o+ £<* + 2î i +L>„'"> _
1 Z 1 Z
dont on déduit :
¿ k (k + l) t l,r . ln(n+ï) n
I» » - 3 (î »)a - 7 » •
peut se calculer d’une part par des raisonnements semblables à celui que
nous venons d’exposer, mais aussi en considérant les dérivées successives
n
de kvk.
1
19. Soient deux opérations de rente distinctes à flux continu de paiement <p(i).
La première consiste en une rente à accroissement linéaire où <p{t) = 2 • t,
et qui commence à l ’instant t = 0 et se termine à l ’instant T = 10; la
seconde consiste en une rente à flux constant de paiement cp(t) = 1 commen
çant à l’instant t = 3 et se terminant à l ’instant T = 12.
On demande de calculer la valeur actuelle à l ’instant t = 1 de l ’opé
ration consistant à considérer ensemble les deux rentes; v = 0,950 (voir
exercice 17).
20. Calculer l ’usufruit à l ’instant t = r + h = 5 + 0,4 d ’une rente différée
à annuité constante R = 50, commençant à t = 0 et se terminant à T = 11 ;
v = 0,92.
21. Retrouver par l ’exercice les formules (166), (167), (168), (169) de la valeur
résiduelle et de l’usufruit des rentes en progression arithmétique et géomé
trique (aspect dynamique) données à la page 137.
22. On considère une opération de constitution d ’un capital S = 150 à annuité
anticipée constante R = S/srft d ’une durée de n = 5 ans, ayant pour facteur
d’escompte v = 0,96 ; calculer la valeur du montant k t = r + h = 2 + 0,3
(c’est-à-dire 2 ans et 4 mois après le début de l’opération).
23. On considère une rente à annuités en progression arithmétique, différée,
commençant à l ’instant t = 0 et se terminant à t = 6, à annuités R + kD
= 4 + kD (ik = 1, 2,..., 6), avec v = 0,975; calculer pour quelles valeurs
de D l ’usufruit à l’instant t = 3 a pour valeur t/(3) = 5.
24. Une rente anticipée à annuités variant en progression géométrique Rjc = qk~x
est stipulée sur la base d ’un taux d ’escompte d = 1,5 %. Elle commence
et se termine respectivement aux instants t = 0 et t = 10.
Calculer à l ’aide des équations (183') et (186) des pages 144 et 145 la
valeur de la nue-propriété à l’instant t = 5 (q = 2/3).
/
CHAPITRE IV
PROBLÈMES CONCERNANT
LA RECHERCHE D’UN TAUX
x > 0 si x = S ou bien x = i;
0 < x < 1 si x = v; x > l si x = u = 1 + i.
Il se peut donc que le problème n ’ait pas de solution, en ait une ou plusieurs,
et il est facile de trouver des exemples où le problème a une ou plusieurs solu
tions (l’existence des autres cas étant évidente) celles-ci étant fixées d’avance :
si l’on suppose que les échéances sont exprimées par des nombres entiers,
il suffit de rappeler comment on élabore une équation algébrique ayant des
racines données (voir le n° 6, p. 34 et l’exemple 1 du chapitre II p. 100).
Dans les cas pratiques les plus importants et les plus intéressants, il n ’existe
cependant qu’une solution acceptable et une seule. Commençons par rappeler
un cas déjà mentionné au chapitre précédent : si le capital initial C produit
au cours du temps t un montant M, avec quelle intensité instantanée d ’intérêt
a-t-il été utilisé? On déduit immédiatement de la relation M = Ce** (équivalent
dans le cas donné à l ’expression W(8) = 0), en calculant les logarithmes des
deux nombres :
In M — In C
8 = (197)
t ’
Dans ce cas, il existe donc toujours une solution et une seule, du moment
que l ’on a M > C (ce qui découle de la condition S > 0).
Si t est un nombre entier ny au lieu de M = C e8n, il serait bon d ’écrire
M = C( 1 + i)n ou bien C = M vn, ce qui nous donne donc :
i (198)
(L) Par la suite lorsque nous parlerons de racines, de solutions, etc., nous sous-entendrons tou
jours « réelles ».
162 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
ou encore
c
V = (199)
M'
Les conditions i > 0 ou bien 0 < v < 1 se traduiraient toujours par Viné
galité M > C, ce qui est évident.
Avant de s’arrêter aux raisons simples qui garantissent en tous cas l ’existence
et l ’unicité de la solution, quelles que soient les formules de résolution, il
est bon de s’attarder quelque peu sur le calcul numérique effectif des solutions.
Dans le cas de l’équation (197), les valeurs de ln M, ln C devront être cal
culées, en général, au moyen d ’une interpolation linéaire, et il faut remarquer
que ces logarithmes sont calculés sur la base décimale, en utilisant la table
correspondante. Les valeurs trouvées pour logio M, logio C seront encore
multipliés par ln 10 = 2, 302 585 de façon à obtenir ln M et ln C; pour les
équations (198) et (199), nous remarquons tout de suite qu’elles auraient
un sens même pour t = n non entier, mais, dans ce cas, leur différence formelle
avec l’équation (197) n’aurait aucune conséquence pratique. Par contre,
S = x , ^ = k,f(x) = é x
1 + i = x, ^ = k , f ( x) = x n
dans le cas vn = — :
M
V = x, = k , f ( x) = Xn.
Nous remarquons que dans tous les cas, f(x) est une fonction continue
et croissante, au moins dans l’intervalle qui nous intéresse. Si f(x ) = t tx
(t > 0 par hypothèse) f(x) est croissante sur tout l ’axe réel, et en particulier
sur l ’axe des x positifs (0 < x < + oo). De plus, on a lim f(x ) = + oo. Il
Jt->oo
164 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
existe donc une valeur et une seule oc > 0 telle que Гоп ait f ( o c ) = k du moment
que k > /(0 ), donc que М /С > 1. En termes géométriques, la droite y = k
(voir fig. 39) rencontre la courbe y = /(x ) en un seul point d ’abscisse positive
à condition que Гоп ait к > 1.
Dans les deux autres cas, c’est-à-dire pour /(x ) = x n (voir fig. 40), la fonc
tion /(x ) est croissante sur tout l’axe des x positifs et Гоп a
Il s’ensuit, comme dans le cas précédent, qu’il existe une, et une seule
solution oc de l’équation /(x ) = к et que Гоп aura a > 1 si к > /(1), c ’est-
à-dire M /C > 1 (dans le cas x = 1 + i); 0 < a < 1 si 0 < k < /(1 ), donc
0 < C/M < 1 (dans le cas où x = v). Dans tous ces exemples, on a utilisé
des théorèmes d’analyse bien connus : si une fonction /(x ) est continue dans
un intervalle (a, b), celle-ci prend toutes les valeurs comprises entre f(a) et f(b) ;
et elle ne prend chaque valeur qu’une seule fois si elle est en outre monotone
dans l’intervalle (a, b). Nous verrons que ces conditions sont vérifiées dans
le cas d’application financière et nous nous référerons toujours — pour fixer
les idées — aux cas de fonctions croissantes. On peut donc énoncer de la
manière suivante le critère que nous avons utilisé dans les exemples précédents,
et qui suffit dans les cas les plus répandus :
Si /(x ) est continue et croissante dans Vintervalle (a, b), et si le nombre k
est compris entre f(a) et f(b), il existe dans Vintervalle (<a, b) une solution et
une seule de Véquation /(x ) = k . De plus, si Von appelle oc cette solution et
si /(x ) < k , nous avons x < oc et inversement.
PROBLÈMES CONCERNANT LA RECHERCHE ü ’UN TAUX 1 65
sentative de ces fonctions que l ’on a souvent considérées; de plus, les dérivées
secondes de etx, x 11 (*) sont positives, et ceci constitue une condition suffisante
de concavité (voir chap. I, p. 15).
En conclusion, nous pouvons dire que si l ’on a f(a ) < k < f(b) : a) si f(x )
est continue dans l’intervalle (a, b) l’équation f(x ) = k admet au moins une
racine dans cet intervalle; b) si f(x ) est croissante, il n ’existe dans l ’intervalle
(<a, b) qu'une seule racine pour l’équation f(x) = k; c) si de plus f(x) est concave
(voir formule 4, p. 17), c ’est-à-dire que la racine oc est contenue dans le second
des deux intervalles que détermine le point d’abscisse
la suivante : jc71 < ^ [(jc H- h)n + (x — h)n]. En développant au moyen de la formule du binôme
les puissances contenues dans le deuxième membre, et en éliminant les termes de degrés impairs
en h qui sont de signes contraires, on obtient x n < ^ [2*n + termes positifs], c’est-à-dire x n < x n
+ termes positifs, et nous avons dans ce cas une inégalité qui est évidemment vérifiée pour h ^ o.
C1) Pour la fonction y = é x l’on a y " = t2 etx > 0 pour toute valeur de x, et pour la fonction
y = x n l’on a y " = n(n — l)xn~2 > 0, pour x > 0 (et n > 2).
PROBLÈMES CONCERNANT LA RECHERCHE D ’UN TAUX 167
Les conclusions a), b) seront systématiquement utilisées au numéro 45,
la dernière conclusion c) au numéro 46. Enfin au numéro 48 nous indiquerons
les procédés (de calcul de la racine et de l’erreur d’approximation) fondés
sur la connaissance des dérivées de f(x ) lorsqu’elles existent. Les instruments
analytiques découlant des propositions a, b, c et de la connaissance éventuelle
des dérivées de f(x ) sont largement suffisants pour les calculs qui nous intéres
sent.
Les fonctions de x dans les premiers membres des équations (200) et (201)
sont des combinaisons linéaires, à coefficients Rji positifs, de fonctions crois
santes et concaves (respectivement elT*,rc et xh) : il est aisé de démontrer
que, pour cette raison, elles sont elles-mêmes croissantes et concaves. Nous
désignerons d’une façon générale par fh(x) n fonctions croissantes et concaves
par Ru n nombres positifs et nous poserons
n
f(x) = Rhfh(x).
1
Étant donné que les fonctions fn(x) sont croissantes (sans le mentionner,
nous sous-entendons toujours « dans un certain intervalle (a, b) »), on déduit
de x i < X2 , fh(xi) < fn(x 2), soit, en multipliant les deux membres par le
nombre positif Rh et en sommant par rapport à l ’indice h :
donc
< f ( x 1) + f ( x 2)
C = k, (m < n) (204)
1— X
avec la condition 0 < x < 1, que l ’on obtient dans le cas d ’une rente à terme
constant (peu importe qu’elle soit anticipée ou différée) et où l ’on connaît la
valeur actuelle A et la valeur résiduelle V en l ’année n — m. Le nombre k
désigne le rapport A/V.
Comme nous le verrons par la suite (n° 47) le premier membre de cette
équation, c ’est-à-dire la fonction
est croissante et concave pour x > 0 et il est bon d ’en tenir compte d ’ores et
déjà. Ceci implique que l’équation (204) admettra une solution et une seule
si elle vérifie la condition 0 < x < 1, à condition que l ’on ait/(0 ) < k < / ( i),
c’est-à-dire
1 < k < n/m i1).
On pourra appliquer à toutes les équations considérées les méthodes fondées
sur la croissance et la concavité de la fonction y = f(x ) dont nous traiterons
au numéro suivant.
pour pouvoir dire qu’un tel point existe et est unique, étant donné les conditions
fixées pour / ( x), il suffit de connaître deux valeurs x a et X b telles que
/ ( xa ) < k < /(. xb)• Ces valeurs — respectivement abscisses de deux points A
et B de la courbe (voir fig. 43) — peuvent être données, par exemple, par un
tableau déjà élaboré pour la fonction f(x )\ et souvent, si l ’intervalle entre les
valeurs du tableau (voir p. 16) est suffisamment petit relativement à la pré
cision requise, les valeurs x a et x b constituent une approximation acceptable
de a, respectivement par défaut et par excès.
Si l’on souhaite obtenir une meilleure approximation, on peut considérer
précédente par défaut x a , ce que l ’on peut affirmer sans qu’il soit nécessaire
de calculer /(. x a b ) (voir fig. 44). Les points A et B, c ’est-à-dire les valeurs
172 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
x a, A x a ) , X b , A xb) sont données par une table, et c ’est de cet intervalle (pas
ceci implique que oc est compris entre x a b et le plus petit des deux nombres
xac 9 x b d . La longueur du segment de l ’axe des x compris entre les points
d ’abscisses x a b et minimum ( x a c , X b d ) nous donne une limitation de l ’erreur.
D ’ailleurs, si l ’on prend comme valeur de oc le milieu de ce segment, l ’erreur
est évidemment inférieure à la moitié de sa longueur.
On remarquera que, au cours des raisonnements précédents, il n ’a jamais
été nécessaire de calculer /(x ) pour une valeur de x ne figurant pas déjà sur les
tables; si l ’approximation que l ’on obtient ainsi ne suffit pas, on peut, comme
au n° 45, procéder au calcul de / ( jc) pour une valeur x de x h l ’intérieur de
l ’intervalle d’indétermination, ce qui permet non seulement de conclure que oc
se trouve bien dans cet intervalle à droite ou à gauche de x (selon que f(ÿc)
est inférieur ou supérieur à k), mais encore, en réappliquant les remarques
précédentes, d’obtenir un intervalle encore plus petit incluant oc, au moyen
de sécantes passant par le point de la courbe d’abscisse x.
(206)
dx2 dz 2 1 d x ) dz dx2
ou encore,
F ”(x) = /" (2) W ( x ) f + /'(z )9 " W - (206')
a ses dérivées f'(x ) et f"(x) positives et qu’elle est donc croissante et concave.
Naturellement, il est clair que pour des valeurs particulières de n et m (par
exemple pour n = 2m) la démonstration directe peut s’avérer plus simple.
Les équations (205) et (206) peuvent être facilement employées lorsque x
et z représentent respectivement 2 des 5 variables u, v, i, d, S (l); pour plus de
dVr dVr dS
(!) Voir par exemple p. 140 :
dS di’
PROBLÈMES CONCERNANT LA RECHERCHE D ’UN TAUX 175
commodité, nous rassemblons dans le tableau suivant les deux premières
dérivées de chacune de ces variables par rapport aux autres (voir le tableau
de la page 91); nous omettons la fonction u = 1 + i étant donné que
DiU = Dui = 1 (et par conséquent, pour tout /?, D unf = Dtnf 0 .
f Dv D 2V Di A 2 Dd D d2 Dà D ô2
Nous rappelons enfin, pour compléter ce rappel rapide des notions de déri
vation, la règle applicable aux fonctions inverses. Supposons que la fonction
y = f ( x ) soit dérivable autant de fois qu’on le veut et soit également mono
tone dans l ’intervalle qui nous intéresse. Nous supposerons de plus que
toutes les dérivées considérées sont différentes de 0. Il existe alorsune fonction
inverse x = g ( y ), c ’est-à-dire une fonction telleque g [ f ( x )] = x et l ’on a :
^ = !//'(* ); (207)
* = ( l ^ = z £ W J ---------- (208)
dy \d x d yjd y f'(x) [ f ’( x ) f
C1) Nous désignons par le symbole Dxnf la dérivée H-ième par rapport à x de la fonction / ; ce
symbole est utile dans le présent cas pour éviter de créer des confusions entre la variable elle-même
et le symbole de différentiation lorsqu’il s’agit de la variable d.
(2) Étant donné que dans le cas présent la valeur approchée cherchée n ’est pas celle de f ( x ) pour
une valeur donnée de x mais celle de x pour f ( x ) = k , l’on devra référer cette formule à la fonction
x = g(y) inverse de la fonction y = f (x). Plus précisément nous désignons par x = y {y) l’équation
176 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
On peut obtenir une limitation de l ’erreur d ’une façon encore plus simple,
en connaissant la dérivée première de f(x), au moyen de la méthode appelée
« méthode des tangentes ». Cette méthode est en fait un aspect particulier
de la méthode d’extrapolation que nous avons vue au n° 46, et, comme celle-ci,
elle conduit toujours à une valeur par excès de a (pour f(x ) croissante et
de la droite passant par les points (.xa , / ( xa )), ( x b , / ( xb )) (voir fig. 44). On pose alors, d’après la
formule 11 de la page 30 :
R = a — * a b = \ 8 " 0 ? ) Ve — / ( * a )] [R — / ( x b )]-
Si l’on pose | = g(ri) (soit r\ = /(£), de telle façon que, la fonction / (x) étant croissante, on ait
/"(£)
xa < £ < xb) et en utilisant l’équation (208), nous aurons g"(rj) = — [ f \ Ç)]з * ^ onc» s* ^ans
l’intervalle (xa , xb ), on a f " (x) < Af, [/'O*)]3 > N (Par hypothèse nous supposons toujours
/ ' ( x ) > 0, / " ( x ) > 0) on obtiendra la formule de majoration désirée :1
1M
R = a — лгав < 2 N Ve — f(x^] № в) — к].
PROBLÈMES CONCERNANT LA RECHERCHE D ’UN TAUX 177
interpolation linéaire effectuée précédemment), on parvient à une valeur par
excès que nous désignerons par x a a , par extension des notations précédentes.
On obtient ainsi une limitation de l ’erreur donnée par la différence x a a — x a
que l ’on peut aisément exprimer au moyen des valeurs de f(X A ),f'(x A). Consi
dérons en effet le triangle rectangle A ST où A S = k — /(. x a ), ST = x a a — x a ,
et appelons 6 l’angle STA, qui est égal à l ’angle formé par la tangente avec
l’axe des x (angles alternes internes formés par des droites parallèles). On
aura, en vertu d ’une formule trigonométrique bien connue, A S/ST = tg 6,
soit puisque tg 6 = f '(xa ) :
k — f ( x A)
= f ’(xa ).
Xaa Xa
Nous en déduisons l ’expression simple de la différence xaa — xa qui donne
une limitation de l’erreur :
k — f ( x A)
Xaa Xa
f i x a)
ou bien l’expression de la valeur par excès xaa , en connaissant la valeur par
défaut x a :
■ k — f ( x A)
Xaa — Xa
f ’(xA)
+ î = “ 3, (voir n° 47)
- , (Ϋ)n
V
soit
V J
Nous mentionnons encore rapidement la méthode d ’interpolation quadra
tique en remarquant dès l ’abord qu’il est bon de se servir d’une parabole
dont l ’axe est parallèle à l ’axe des x , étant donné que l ’on veut calculer une
valeur approchée de l’abscisse et non de l ’ordonnée (c’est-à-dire /(x)), et
plus précisément de la valeur a de l ’abscisse pour laquelle on connaît la valeur k
de l ’ordonnée.
Finetti. — Leçons de mathématiques financières 7
178 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Soient A, B, C trois points de la courbe y — f(x ) (qui n’est pas tracée sur la
figure 46 pour éviter de la rendre confuse). Supposons, pour fixer les idées,
y c < yB < k < y a , et désignons comme à l ’ordinaire l ’abscisse du point
donner à celle-ci et du fait que le système de numération utilisé par ces machines
est le système binaire (x).
système décimal. La fonction de la position des chiffres d ’un nombre binaire est la même que celle
que l’on a pour le système décimal, sinon que l’on se réfère à des puissances de 2 au lieu des puissances
de 10; par exemple le n° 11 010 signifie en système binaire,
0 • 2 ° + 1 • 21 + 0 • 22 + 1 • 28 + 1 • 24 = 2 + 8 + 16 = 26 .
On peut aisément concevoir comment un système se servant uniquement de deux symboles se
prête à être traduit en ordres du type « allumer-éteindre » (par exemple un tube électronique),
« ouvrir-fermer » (par exemple un circuit), etc.
182 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
dans les détails, à propos de la méthode des tangentes qui, comme la précé
dente, conduit à une suite décroissante des valeurs par excès tendant vers a.
En ce qui concerne le choix de la méthode nous renvoyons au début de
ce chapitre; nous remarquons seulement que si les instruments de calcul
numérique dont nous disposons sont peu rapides, nous devrons en général
donner la préférence à des méthodes de convergence plus rapides, même si
celles-ci sont plus complexes (préférer aux autres méthodes considérées
jusqu’ici la méthode des tangentes qui est de convergence plus rapide), tandis
que si nous disposons d’une machine particulièrement rapide, effectuant
un certain type de calcul, nous devrons donner la préférence à une méthode
utilisant celui-ci, même si elle est de convergence plus lente (voir ce qui a
été dit dans ce numéro à propos de la méthode des subdivisions successives).
qui pourra être convergente ou divergente. Si elle est convergente, elle a néces
sairement pour limite une racine de l’équation x = f(x). Nous aurons en
effet lim xn = lim f{x n -1), donc en vertu de la continuité de /(x ), si l’on pose
h->co h-> oo
£ = lim Xk, nous aurons £ = /(£), C. Q. F. D.
h-> oo
Démontrons maintenant, dans l ’hypothèse où la fonction f(x ) est dérivable,
que si, au voisinage de a, on a | f'{x ) | < A < 1 (où A est une constante
bien choisie) la suite jco, x±, est convergente et sa limite est la racine a;
si par contre on a, au voisinage de a, | f'{x ) | > 1, la suite n’est pas conver
gente vers a (bien qu’elle puisse être convergente vers une autre racine de
l ’équation x = /(*)).
PROBLÈMES CONCERNANT LA RECHERCHE D ’UN TAUX 183
Dans le premier cas, nous pouvons choisir xo de telle façon que, dans le
segment de demi-grandeur | a — xo | (c’est-à-dire pour | a — x | < | a — Xo |)
la condition de l’hypothèse | /'(x ) | < A < 1 soit bien vérifiée.
Nous aurons alors en vertu du théorème de Lagrange
oc — X 1 = / ( a ) — /(x o ) = / '(x) (a — x0)
où nous désignerons par x une valeur comprise entre a et xo; il s’ensuit,
étant donné que | /'(x ) | < A < 1 :
| a — xi | < A | a — xo | < | a — Xo |;
et de la même façon :
| a - - X2 1 < A \ oc —- Xl I < A *\ a — Xo| ?
1« —■x3 1 < a —- *2 | < A3 \ a — Xo| ?
(210)
|a —■Xn 1 < a —- Xh-1 I < A h | a — xo 1;
Cela entraîne :
0 ^ lim | a — *ft| lim A h |a - — *o| = 0, soit lim xn
h~>oo h->oo h->oo
De la même façon on démontre que xn ne converge pas vers a si l’on a, au
voisinage de a, |/'(x ) | > 1.
L’interprétation géométrique de cette méthode ainsi que la condition de
convergence permet d ’éclairer le problème.
Traçons la droite y = x et la courbe y = /(x ); étant donné que les points
de la droite ont leur abscisse égale à leur ordonnée, la relation récurrente
xn = f{x n -1) se traduit par la construction géométrique suivante : on trace
à partir d ’un point de la courbe d’abscisse xn-i la parallèle à l ’axe des x,
et l’intersection de celle-ci avec la droite donnée nous donne le point d ’abs
cisse xn de cette droite; la parallèle à l’axe des y passant par ce point nous
donne le point de la courbe ayant cette abscisse et par conséquent f(xn)
comme ordonnée. Si l ’on trace une nouvelle parallèle à l’axe des x on obtient
le point de la droite d ’abscisse xn+i et ainsi de suite. Si comme dans la figure 50
l’on a : 0 < /'(x ) < A < 1, au voisinage de a on obtient une suite crois
sante et convergente de valeurs par défaut, lorsque la première valeur xo est
une approximation par défaut, et décroissante et convergente vers a par
valeurs prises par excès, lorsque la première valeur xo est une approximation
par excès (sur la figure on a désigné les valeurs par excès par Xq, xi, x 2,—> de
façon à ne pas utiliser les mêmes symboles pour les valeurs distinctes). Le
lecteur peut analyser géométriquement à titre d ’exercice, le procédé dans
les cas particuliers suivants : — 1 < — A < /'(x ) < 0 ;/'(x ) < — 1 ;/'(x ) > 1
184 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
tant plus rapide que A est plus petit [ce qui découle de l ’équation (210)], c ’est-
à-dire que | f'(pc) | est plus petit.
Cette dernière remarque permet d ’améliorer la méthode dans le cas où
se vérifie la condition de convergence, ce qui la rend plus rapide et permet
d ’appliquer celle-ci aux calculs des racines dans le voisinage desquelles on
a I/'(* ) | > 1 : on procède de la façon suivante.
Supposons, pour plus de simplicité, que f'(x ) soit continu, de sorte que (avec
| /'(a ) | < 1) on puisse déduire un intervalle au voisinage de a pour lequel
| f'(x ) | < A < 1. De plus nous excluons le cas où /'(a ) = 1, car dans ce
cas oc serait racine double de l ’équation x = f(x ) (en effet, la droite y = x
serait tangente à la courbe y = f(x)).
Posons
f(x ) — Xx
/'( « ) = A et <p(x) =
1— A '
L’équation
X = (p(x)
de telle sorte qu’elle admet la même racine a. Cette équation jouit cependant
de la propriété que <p'(a) = 0* et il existera donc un intervalle au voisinage de
ol pour lequel | cp'(x) \ < A < 1. On peut appliquer la méthode d ’itération
dans cet intervalle (même si | /'(a ) | > 1).
186 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
On se trouve d ’autre part dans les conditions les plus favorables de rapidité
de convergence.
Cette transformation peut s’interpréter de la façon suivante sur le plan
géométrique : au lieu de passer des points de la courbe y = / ( x) à des points
de la droite y = x au moyen de droites horizontales (voir fig. 50, 51), on trace
des droites de pente À, c’est-à-dire parallèles à la tangente à la courbe au
point (a, /( a ) ) (voir fig. 53).
On doit cependant remarquer que la valeur f'(oc) n’est pas généralement
connue puisque oc est inconnu. Pour appliquer la transformation indiquée,
nous devrons nous contenter de supposer À ~ /'(a ).
On peut facilement concevoir les artifices qui nous permettent de choisir
pour À une valeur adéquate, en particulier dans le cas qui nous intéresse le
plus, où la fonction f{x ) est concave; nous ne nous arrêterons pas sur ce point.
x n — kx + k — 1 = 0 0 ) . (212)
C1) Nous supposerons n > 3, car pour n = 2 l’équation (211) serait linéaire et pour n = 3 serait du
second degré, de telle sorte que les procédés indiqués deviendraient superflus tout en restant valables.
PROBLÈMES CONCERNANT LA RECHERCHE D ’UN TAUX 187
appelée trinomiale, et l ’on peut appliquer la méthode suivante, due à Gauss,
au calcul numérique de son unique racine acceptable.
................ — k=n
F ig . 54.
Xn~x k— 1
= 1 (213)
k kx
et remarquons que les deux éléments x n~x/k^ et {k — 1)/kx sont tous deux
positifs (et par conséquent ayant pour somme 1, sont inférieurs à 1). Nous
rappelons que pour un angle arbitraire a les deux fonctions cos2 a et sin2 a
jouissent des mêmes propriétés. Il existe alors un angle a tel que :
2 *
CO S a = (214)
k
k— 1
sm a = (215)
kx
et le second membre de cette relation est une constante connue que nous
indiquerons par C. Au moyen de tables logarithmiques-trigonométriques
(donc de tables donnant directement les logarithmes des fonctions circulaires
lorsque l’argument a varie), on peut trouver par tâtonnements l ’angle oc
tel que ln cos a + (n — 1) ln sin a = C, et dans la pratique on pourra trouver
deux valeurs oc' et a" consécutives sur les tables telles que :
ln COS a' + (n — 1) ln sin a' < C < ln COS a" + (« — 1) ln sin a".
ln x = ln (k — 1) — ln k — 2 ln sin a. (218)
4 » = k, (m < n) (211')
1— X
qui adm et une racine et une seule com prise entre 0 et 1, du m om ent que
1 < k < nfm.
En m ettant l ’équation (211') sous sa form e entière et en ordonnant, sans
tenir com pte de la racine étrangère x = 1 que l ’on introduit ici, on obtient
l ’équation équivalente :
x n — kxm + k — l = 0 (2l2<)
x™ k — 1_
(213')
k + kxm
2 *
COS a — — (214')
k 9
. 2 k— l
Sin a (215')
kxm ;
2 . 2(w/î»-l) (fc-- l)W/m 1
cos a sm = v - k n(m----- ; (216')
~ Q-
190 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
/( * ) = E h Xh.
1
On peut trouver au moyen de calculs faciles que, compte tenu de F(x) = <pa(f(x))
= [/(*)]“ :
F"(x) = a ( a - l)U (x )]a~2[ f '( x ) f + a [ / W f V " W 0 ) ;
et en résolvant l ’équation F"( 1) = 0 (par rapport à a) on trouve (en négligeant
la valeur banale a = 0) et dans l ’hypothèse que /(1 ) ^ 0, /'(1 ) # 0 :
1
a =
3 (n — 1) 3
Pour n suffisamment grand, on peut supposer a = — 1/3, c’est-à-dire
considérer, au lieu de l’équation f(x ) = k l ’équation
1
= C (219)
où l ’on a posé C =
. 1 2 — ( л — 1)/
1 “ l l 2 — 2 (n — 1)/'
il existe des méthodes qui permettent, premièrement, de les ramener à une équa
tion ayant les mêmes racines que l ’équation proposée, mais toutes simples, et
deuxièmement de séparer les racines réelles, donc de déterminer pour chaque
racine réelle un intervalle contenant celle-ci, et celle-ci seulement. Il est toujours
possible, de cette façon, de déterminer dans le cas des équations algébriques,
un nombre fini d ’intervalles pour chacun desquels la fonction f(x ) = 0 a une
solution et une seule, comme c ’était le cas dans les exemples considérés jusqu’ici.
Voyons d’abord les méthodes permettant d ’éliminer les racines multiples
éventuelles.
Nous savons que les racines multiples, et celles-ci seulement, jouissent
de la propriété d ’être racines d ’une part de f(x ) et d ’autre part de /'(* ); et
même si une racine a est multiple d ’ordre r pour /(x ), elle est d ’ordre r — 1
pour f'(x). Il s’ensuit que le plus grand commun diviseur <p(x) de f(x ) et f'(x )
aura pour racines toutes les racines multiples de f(x ) et seulement celles-ci,
avec une multiplicité inférieure d ’une unité à la multiplicité qu’elles auraient
pour f(x ); donc, le polynôme f(x)/(p(x) (que l ’on obtient en effectuant la divi
sion algébrique de / par <p) aura « toutes » les racines de /(* ), mais elles seront
toutes simples (en effet, si f(x ) contient le facteur (x — a)r, <p(x) contient le
facteur (x — a)r_1 et par conséquent f(x)/cp(x) contient le facteur x — ar-(r-1>
= x — a).
On pourra donc raisonner sur l ’équation entière f(x)/cp(x) = 0 au lieu de
l’équation f(x) = 0.
192 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
On remarquera que <p(x) peut être déterminé par des opérations rationnelles
au moyen de la méthode des divisions successives.
En ce qui concerne la séparation des racines, le théorème suivant (de Budan-
Fourier) subsiste pour f(x ) = ao + a±x + • • • + anx n :
Nous nous bornons à faire ces quelques remarques sur le sujet, et nous
renvoyons pour plus d’informations à un cours d ’analyse algébrique.
EXERCICES SUR LE CHAPITRE IV
3. Démontrer que si
EMPRUNTS — OBLIGATIONS
53. — Généralités
Les remarques faites au chapitre III à propos des prêts et de leur amortis
sement, et au chapitre IV à propos de la détermination du taux d’intérêt
ou de rendement correspondant, s’appliquent également aux cas d’emprunts
divisés en obligations, à l’analyse desquelles le présent chapitre est consacré.
Il faudra les compléter par des notions descriptives relatives aux circonstances
particulières de ce cas, et indiquer explicitement les résultats sous la forme
la plus commode.
Pour l ’émission d’un emprunt, on a recours aux obligations lorsque, compte
tenu de l’ampleur de son montant ou pour d’autres raisons, on pense qu’il
est nécessaire ou opportun de permettre à de nombreuses sociétés et personnes
privées de participer à l’emprunt en en souscrivant une partie même minime.
C’est à cette formule qu’ont recours pour leur financement des organismes tels
que l’État, les municipalités, les entreprises d’Etat ou nationalisées et même sou
vent des sociétés financières, des entreprises industrielles privées. Ces dernières,
si elles le veulent, ont également la possibilité d ’émettre des actions pour un
nouvel apport de capitaux : la différence (que nous mentionnons ici en passant)
est que, dans le cas d ’émission d'actions, ceux qui les achètent deviennent
des actionnaires, c’est-à-dire des co-propriétaires de l ’entreprise, et perçoivent
un revenu variable, c ’est-à-dire le dividende qui est la part qui leur revient
des bénéfices de l ’entreprise. Il n’en est pas ainsi dans le cas des obligations.
Les obligations représentent un crédit du possesseur, ou « obligataire »,
sur l ’organisme émetteur; par rapport à cet organisme, les obligataires sont
des étrangers qui perçoivent, d’une part, un revenu fixe, établi d ’avance sur
présentation (en général) d’une souche annexée au titre même, d ’autre part,
un montant de capital au moment du remboursement.
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 197
Le remboursement peut avoir lieu pour toutes les obligations à un même
moment établi d ’avance (comme pour les bons du trésor), mais habituellement,
il a lieu au moyen d’un tirage au sort d ’un certain nombre d’obligations
à rembourser au cours de différentes années (c’est-à-dire 1, 2,..., n années
à partir de l’émission, si n est la durée de l’amortissement), fixées d’avance
sur la base d ’un certain plan d ’amortissement. L’intérêt est payable aux
mêmes dates (1, 2,..., n années à partir de l ’émission, mais naturellement seu
lement jusqu’au remboursement de chaque obligation); il peut naturellement
être fractionné (normalement en annuités semestrielles); de la même façon,
le titre est muni de n coupons (ou 2n dans le cas d ’annuités semestrielles) etc.
Sur chaque obligation est indiqué un capital nominal C et un taux d’intérêt
nominal /, sur la base desquels est fixé l ’intérêt annuel 3 = iC (payable éven
tuellement selon des annuités 3/2 = iC/2 par semestre, etc.). Normalement,
C est également la valeur de remboursement; parfois cependant, la valeur
de remboursement est différente de la valeur nominale, et alors, elle a en
général une valeur supérieure G' > G; dans ce cas, l ’indication de la valeur
nominale a une signification purement fictive (ou à vrai dire n ’a aucune signi
fication) et nous verrons qu’à toutes fins utiles, il en va comme si le capital
nominal était G' et le taux V = 3/C' = i(G/G'), ce qui laisse 3 = iC = i'G'
inchangé (voir n° 59); jusqu’ici nous nous limiterons au cas G' = C).
Nous désignerons par SJ (ou SJo) la valeur d'émission (prix auquel on
peut acheter le titre à l ’entreprise contractant un emprunt au moment de
l ’émission) et par SJr la valeur effective, ou cours, au moment r, c’est-à-dire
le prix courant sur le marché (ou bien selon les cas il pourra s’agir d ’un prix
hypothétique — et l’on désignera en particulier par SJr* le prix correspondant
à un taux d ’évaluation quelconque i* — ou bien d ’un prix utilisé dans un
inventaire, et ainsi de suite). La valeur d ’émission et la valeur effective sont
normalement un peu inférieures à la valeur nominale, et l ’on dit alors habi
tuellement qu’elles sont au-dessous du pair; elles peuvent également cependant
être égales ou supérieures (au pair, au-dessus du pair).
De la même façon, nous désignerons par SJLr* et (Fr* l ’usufruit et la nue-
propriété pour une obligation et nous utiliserons en général des lettres cursives
majuscules pour indiquer des grandeurs ayant trait à une seule obligation,
alors que nous continuerons à utiliser les notations du chapitre III (en général
les mêmes lettres, mais en caractères italiques majuscules) pour désigner
les grandeurs ayant trait à l ’ensemble de l ’emprunt (c’est-à-dire à la masse
de toutes les obligations; voir n° 55).
Le système des obligations donne lieu à des variantes permettant de donner
un caractère attrayant au titre et de faciliter le placement auprès du public :
des primes peuvent être tirées au sort, on peut fixer des prix de rembourse
ment variables, etc. Nous ne parlerons qu’en fin de chapitre (n° 63 à 66) de
ces modalités et d ’autres variantes liées à des considérations techniques.
198 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
mais à part cette identité, il est évident que l ’on peut choisir arbitrairement N
et le montant des obligations Nr.
Le choix de N dépendra du montant du prêt et du degré de subdivision
que l ’on estime nécessaire pour permettre la souscription par la tranche du
public la moins aisée que l’on pense pouvoir atteindre; étant donné que le
montant encaissé en plaçant N obligations au prix d ’émission ‘U est N cü ,
il convient de choisir N de façon que soit un montant accessible, et en
tenant compte également de l ’exigence pratique qui vise à donner une valeur
ronde (par exemple 100 F) à C (°Ü aura une valeur proche de G et on déci
dera si on veut fixer 'Xf = G ou ‘U > C o u V < C) et de combien.
On peut avoir autant de titres que d ’obligations, chacun étant de « taille » G ;
ou bien on peut émettre des titres multiples, ayant pour « taille », par exemple,
se, îoe, soc, 100e, etc.
On effectuera le choix de la durée n et des Nr de façon à étaler dans le temps
la restitution de la dette selon les modalités qui correspondent le mieux aux
prévisions portant sur les possibilités de l’entreprise au cours des années
futures, et de façon compatible avec les exigences ou les préférences des sous
cripteurs. Pour un choix Nr on obtient des annuités variables Rr bien
déterminées à payer au cours des années lors de l ’amortissement du prêt
total (comme on pourra le voir aux nos 55 et 56), et inversement à chaque déter
mination de la variation de Rr dans le temps correspond un plan de tirage
au sort, c’est-à-dire un choix de Nr. Naturellement, si l ’on fixe a priori les Rr,
il faudra parfois faire quelque retouche, étant donné que les valeurs Nr cor
respondantes seraient en général des nombres quelconques, au lieu de nombres
entiers comme il est nécessaire.
Nous désignerons par Lr le nombre des obligations non tirées au sort au
cours des r premiers tirages (obligations restantes, ou en circulation, à l ’ins
tant r), c’est-à-dire que nous poserons
Lr+h . blT+h
(220')
~l T « ~l T
indiquent respectivement les pourcentages des obligations en circulation
à l’instant r qui seront encore en vigueur après h tirages au sort ultérieurs,
et le pourcentage de celles qui seront tirées au sort après h tirages (c’est-à-dire
exactement au {r + /z)-ième tirage). Il est particulièrement intéressant de consi
dérer le pourcentage des obligations qui seront tirées au sort lors d ’un tirage
parmi celles existant immédiatement auparavant, et nous désignerons ce
pourcentage par
Nr
à un instant donné ont une valeur égale pour pouvoir écrire plus généra
lement, ce qui est immédiat :
Vr^LSXSr, V? = L?CU?, U? = L A h ï, etc,
obtenant ainsi indirectement la valeur (l’usufruit, etc.) pour une obligation
donnée. Une détermination directe peut être obtenue en considérant une seule
obligation, c’est-à-dire en se mettant à la place de celui qui possède cette seule
obligation. Il faudrait alors penser que celle-ci peut être tirée au sort au cours
de l ’une quelconque des années restantes, et évaluer la probabilité de telles
éventualités (d’après les formules (220') et (221)); on partirait d ’une hypothèse
d’égale probabilité de tirage pour les différentes obligations (égale probabilité
d’être tirées au sort quels que soient le numéro ou la lettre ou la série des
différents titres) et en prenant comme règle d’évaluation d ’un engagement
aléatoire celle de « l’espérance mathématique ». La méthode d ’évaluation
indirecte développée ci-dessus repose implicitement sur toutes ces hypothèses,
que l’on accepte en bloc en admettant intuitivement que toutes les obligations
ont une valeur égale.
Un autre concept important sur le plan de tirage au sort est celui de la vie
moyenne d'une obligation à l'instant t = r. Celle-ci est définie par l’espérance
mathématique er du nombre des années de vie ultérieure d’une obligation
au-delà de l’instant t = r; mais lorsque l’on ne veut pas utiliser la terminologie
du calcul des probabilités, on dira que la vie moyenne er est le temps au cours
duquel chaque obligation pourrait vivre si la durée totale était répartie éga
lement entre toutes les obligations.
Donc, sur le plan mathématique, er sera défini comme la moyenne pondérée
des années de vie restantes d ’une obligation au-delà de l ’instant t = r; ceci
veut dire que chaque terme h = 1, 2, 3,..., n — r, exprimant une durée, est
multiplié par le pourcentage correspondant Nr+nlLr (probabilité, poids) des
obligations qui seront tirées au sort au bout de h tirages après l ’instant t — r.
Son expression est donnée par
d’où Nn = vRn/C (étant donné que L n = 0), ce qui donne par conséquent
les valeurs de N n_ 1 etc. jusqu’à Ni.
Naturellement, comme nous l’avons déjà dit, on obtiendra ainsi pour N des
valeurs non entières (ou des valeurs entières par hasard) : en les arrondissant
à des nombres entiers, on obtiendra des annuités Rr proches de celles désirées.
Pour éviter toute confusion, nous indiquerons à partir de maintenant par R'r
les valeurs correspondant à la règle théorique que l’on aura choisie (par
exemple valeur constante, ou à variation simple, dont nous traiterons au n° 56),
en conservant pour Rr la signification de l’annuité correspondant au paiement
effectif, et arrondi en conséquence.
Si l’on désire, pour arrondir les chiffres, s’en tenir à un critère très rigide,
on peut procéder de la façon suivante (qui découle des processus comptables
correspondant à l ’emprunt) : on peut penser que chaque année il est effecti
vement payé une annuité R'r établie d ’avance pour l ’amortissement du prêt,
et, sur le plan comptable, on reporte au prochain exercice le résidu que l’on
n’a pas pu utiliser (remboursement d’une fraction d’obligation) qui doit être
considéré comme un paiement à effectuer au cours de l’année suivante, mais
correspondant à l’exercice courant, et qui est donc porté au compte pertes
et profits.
On déterminera en procédant ainsi :
r2 = GN2 + i'CLi ,
et il y aura un résidu
Ü2 = D i{\ + 0 + Rk — R 2 (< e ) ;
Dr = D r-i(l + 0 + Rï — Rr (< G)
(230)
dn|
on pourra obtenir tout de suite
N n = vR/C = Nvj&r^,
ou bien
Ni = vn^ N n = Nvn^ = NIs*,
et en général
N r = v ^ N n = N v n^ +1/ a n ,
et donc
Lr = No.n=f\ /ctr[,
n - r +1
Pr = Nr/Lr-i = i/ / d n - r + l \ --- l/S tt-r + li. (231)
204 LEÇONS DE MATHEMATIQUES FINANCIÈRES
Bien entendu, toutes ces relations sont approchées du fait que les valeurs Nr
doivent être arrondies à des nombres entiers. Mieux, on pourrait dire (si l ’on
ne craignait pas de créer une confusion en introduisant des notations pour des
grandeurs dont la considération est en fait superflue) que ces relations
sont très exactement valables pour les nombres fictifs (non entiers) N 'r des
obligations que l ’on devra tirer au sort au cours de la r-ième année, si l ’on
veut avoir des annuités
Ri = NG/an = R '
exactement constantes.
Il peut être instructif de répéter le raisonnement montrant pourquoi les
valeurs Cr croissent en progression géométrique; en effet, on peut l ’utiliser
explicitement dans le cas des emprunts à obligations, ou on peut le tenir présent
à l ’esprit pour l ’étude des autres cas.
En prenant les relations
i CN
* _ e ? + ie ï= £ jr = n
(2 3 4 )
n
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 205
Du point de vue le plus général, Rr = R — rD (*), on remarque que si
R = D (1/z + n) l’on se trouve dans le cas précédent, et sinon, en écrivant
(237)
f Riqnyn+2 1 -r
Nr = C r/e = i
\ l — vq j q(l — vq) j
étant donné que les Cr ainsi que les Nr (qui n ’en diffèrent que par un
coefficient multiplicatif), sont donnés par une somme de deux termes
en progression géométrique, l ’une de raison 1 + U et l ’autre de raison q
(raison de la progression des Rr).
d) Annuités constantes à paiement différé. — Considérons encore l ’éventualité
où, pour un certain nombre k d’années, on paie seulement les intérêts, et
ensuite on rembourse à annuités constantes au cours des n — k années restantes
C1) Nous écrivons le signe « — » parce que le cas des annuités décroissantes est plus clair; il
suffit d’imaginer D négatif pour se placer dans le cas opposé.
206 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
(ce qui peut être souhaitable pour l’organisme débiteur s’il estime qu’il sera
plus en mesure de commencer à rembourser en différant le paiement, par
exemple, jusqu’à ce qu’il ait vraiment lancé ses activités).
Les premières k annuités valent
Ri = r 2 = ... = R k = N ie , Lr = N , Nr = 0, (239)
alors que les annuités suivantes sont les mêmes que dans le cas a) avec pour
durée n — k :
Si l’on effectue l ’évaluation des paiements futurs sur la base d ’un taux
quelconque z*, on obtient pour l ’ensemble de l ’emprunt une valeur (à l’ins
tant r) V*r, et, de la même façon, pour une obligation une valeur HJr* = F*r/Lr.
Inversement si l ’on se donne une certaine évaluation, K*rou 0!?*,-, il lui correspond
un certain taux d ’intérêt z* à condition que l’on ne prenne pas une valeur
des obligations supérieure à la valeur de remboursement augmentée de la
somme du montant des coupons (car dans ce cas, on aurait un intérêt négatif).
En effet, H) r* est clairement une fonction décroissante de z*, et elle prend la
valeur indiquée pour z* = 0 et tend vers 0 pour z* tendant vers l’infini.
Quant à la signification de ces remarques, nous pouvons répéter et préciser
ce qui a été dit d ’un point de vue général au numéro 39 (chap. III) à propos
des obligations.
Avant tout, comme on l’avait souligné (mais l’on n ’avait pas eu l ’occasion
jusqu’ici d’en tenir compte) le prix d ’émission est habituellement HJ* < C,
de telle sorte que l ’opération est déjà au départ fondée sur un taux z* différent
(et dans ce cas supérieur) au taux nominal z, dont la signification financière
est tout à fait fictive. Il peut arriver que l’organisme souhaite donner un
certain taux effectif ï *, et il s’agit alors de calculer HJ* en fonction de celui-ci,
ou inversement. On peut ensuite calculer à tout moment futur r la valeur HJr*
de l’obligation en considérant toujours l ’opération sur la base de ce taux /*.
Indépendamment de cette valeur de z* correspondant aux circonstances
initiales, on peut poser à un instant quelconque et sous différents aspects
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 207
le problème de l’évaluation de HJr* sur la base d ’un z* quelconque, et inver
sement. Si l ’on fixe un certain z* (par exemple le taux que l ’on peut obtenir
sur le marché), on pourra déterminer la valeur HJr* de façon à voir à quel
prix il conviendrait d’acheter ou de vendre ces obligations, ou comment il
faudrait les évaluer en fin d ’inventaire. Si l’on se donne par exemple une cer
taine valeur HJr*, qui pourrait être le prix de marché (cotation en bourse)
ou une valeur quelconque offerte ou demandée au cours d ’une opération
ou simplement une valeur hypothétique, on pourra déterminer le taux corres
pondant z* comme étant un élément d ’évaluation.
Sans tenir compte de significations ou d’objectifs particuliers, considérons
maintenant les variations de HJr* lorsque r varie pour un taux z* déterminé
(et z* sera égal, inférieur ou supérieur à la valeur particulière de z* correspon
dant au prix d ’émission, selon que HJ* sera égal, supérieur ou inférieur à HJ).
Remarquons seulement encore que l ’on peut prendre ou supposer z* supé
rieur ou inférieur à z; par la suite (pour fixer les idées et simplifier l’écriture),
nous nous référerons toujours au cas où z* > z (ou bien HJ* < C); même si
nous ne le mentionnons pas explicitement, les résultats sont également
valables dans le cas opposé (z* < z, soit HJ* > C) et il suffit d ’intervertir
les signes d’inégalité.
On peut naturellement écrire directement la relation liant z* et HJr* : si
l ’on pose v%= 1/(1 + z*), on aura en effet
+ n -r
V ? = = i-1 k {Lr+n-iiC + Nr+he } 4 ; (242)
J-T 1
il sera cependant utile de faire une modification qui peut s’interpréter avec
un raisonnement direct. Désignons par C* le capital qui produirait le même
intérêt 3 = zC pour un taux z* et posons donc
(243')
(ceci est du reste évident étant donné que, si le taux est fC /V *, le montant CU*
produirait CU* (zC/cU*) = iC comme intérêt, et l ’on pourrait à tout moment
retirer le capital V * lui-même; si à un certain moment l ’on reçoit C > ‘D *,
l’intérêt doit être, en conséquence, supérieur).
4 +1 = (4 * _1 - p r + i)/(l - P r + i) . (253)
Cette dernière expression nous permet immédiatement de déduire la rela
tion entre e*r+i et e*r dans le cas où pr+i = 0 (c’est-à-dire dans le cas où il
n’y a pas eu de tirage). En effet dans ce cas,
üir+1 = v T 1
et passant aux logarithmes :
i .
€r+l — Cr — 1, (254)
212 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
»*+10/®* — i) (257)
Pr+1
Ceci signifie que si les valeurs pr+h(h > 1) (c’est-à-dire les pourcentages
de tirage au sort au cours des années après la (r + l)-ième année) demeurent
constantes, le pourcentage de tirage au cours de la (r + l)-ième année ne peut
pas dépasser la limite indiquée afin que l ’on n ’ait pas cD*r > clï*r+i-
Dans les cas les plus usuels, la vie mathématique décroît avec le temps du
fait que les valeurs p sont croissantes, et par conséquent satisfont largement
à l ’inégalité (257). Pour voir de quelle façon le cas contraire peut se présenter,
dans des circonstances exceptionnelles, il suffit de considérer l ’exemple suivant :
supposons que 90 % des obligations relatives à certains prêts soient remboursées
au bout d ’un an et toutes les obligations restantes au bout de 5 ans; dans
ce cas la vie mathématique au début sera peu supérieure à un an (étant donné
que le tirage à la fin de la première année aura une très grande ampleur),
alors que la vie mathématique des obligations correspondant au début de la
deuxième année de l’emprunt est de 4 ans et se sera donc accrue brusquement.
Si l ’on veut analyser le comportement de e? par rapport à celui des pr+h9
il est bon de noter que, conformément à l ’équation (252), ef est fonction
de pr+1 et, de plus, de tous les pr+n successifs par l’intermédiaire de ef+i :
C1) On démontre immédiatement que si ajb < 1 (a > 0, b > 0, et 0 < p < b, il en résulte
(ia — p)l(b — p) < a/b, et il s’ensuit
c ’est-à-dire
e*
*>*r+1 <
e*
v r_1, soit pour y* < 1, la relation donnée dans le texte.
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 213
e t = In (259)
n —r
(en se souvenant que, par définition, Lr = Yji Nr+h) d ’où
1
lim er = er C .Q .F .D . (260)
v*-»i
Si l ’on considère le cas général, on voit que la vie mathématique er* est une
fonction croissante de v%, soit une fonction décroissante de 8* (et par consé
quent de /*) (x); nous pouvons donc dire que la valeur maximum de e? est er
(valeur de ef correspondant à i* = 0 comme nous venons de le voir); lorsque / *
croît (i* -> oo) il est évident que er* 1 (du fait que pr+i ^ 0) mais, il s’agit
là d’un cas limite dépourvu d ’intérêt.
Il est important de remarquer que ce qui a été dit à propos de la valeur de
l’emprunt et de sa vie mathématique est également valable pour l’usufruit et
la nue-propriété. En effet, on obtient à partir de l’expression (247) :
C*f n \~ r^ AT
-LVr+h h
»* = Lh • »*. (261)
1 JLr
*
Ceci veut dire que le facteur d’escompte v%r correspondant à la vie mathé
matique de l ’emprunt est une moyenne pondérée des avec pour poids
respectifs Nr+h/Lr. D ’autre part, la nue-propriété 3Y* d’une obligation ayant
cours à l ’instant t = r est donnée par la relation
n—r -*J Tl—T
st = E1fte •(i + JLr
= i/Lr •I»
i
e»î •Nr+b, (262)
i1) Pour démontrer cette affirmation, nous posons pour simplifier l’écriture 8* = x et e*T = f {x)
(faire attention que dans la suite de la présente note, la lettre e* = vie mathématique ne figure plus,
et la lettre e simple désigne toujours la base des logarithmes naturels).
On aura par définition (voir n° 20, chap. I et formule (247)) :
m
(a) Q-x-fix) = Y n c h • e~hx (m = n -r ; ch = ^ ~ ) ;
m
et les coefficients ch sont tels que 0 < ch< 1, Yh en — 1. Pour le démontrer nous désignerons par
1
y i, y m des nombres positifs, et par en les coefficients vérifiant les conditions précisées ci-dessus).
Alors l’inégalité suivante subsiste, en vertu de théorèmes bien connus sur les moyennes,
(b) л У\>
où Л est un nombre arbitraire supérieur à 1.
Soient xi et X2 deux valeurs de x et soit x i < X2 ; si l’on pose Я = хъ1x i9e~hxi = yn, l’on aura
e-hx2 = yk» on tire de (a) compte tenu de (b) :
m
e~*2/(*2) = [e-*i/(*i)]x = e-**f(xi) ;
1
il s’ensuit donc
X2f ( X 2) < X2 f ( x i)
f i x 2) < f { x i ) . C. Q. F. D.
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 215
comme on constate en remarquant que, si une obligation ayant cours à
l’instant t = r est tirée au sort à l ’instant t = r + h, la valeur C à la fin de la
h-ième année est exprimée (à partir du début de la r + 1-ième année) par
Cv%, alors que le pourcentage des obligations qui seront tirées au sort au cours
de la A-ième année après la r-ième année est N-+n/Lr. Il découle des équations
(261) et (262) :
(264)
Cette dernière expression (voir chap. III, n° 30) représente la valeur actuelle
d ’une rente différée, à terme constant 31 = C/, et ayant une durée égale à la
vie mathématique er*. En conclusion : le concept de vie mathématique s’applique
non seulement à la valeur d ’un emprunt à l ’instant t = r mais également à son
usufruit et à sa nue-propriété pris séparément.
On peut également établir pour les valeurs d ’une obligation aux instants r
et r + 1 une relation de récurrence analogue à celle qui est valable pour les
durées moyennes (cf. n° 59).
Si nous l’écrivons pour l ’ensemble des obligations, nous aurons
Sous cette dernière forme, la relation montre que ‘Vr* est la moyenne pon
dérée, de poids pr+1 et 1 — pr+1, des valeurs correspondant respectivement
aux obligations qui seront tirées au sort au cours de l’année suivante et aux
autres. En termes de probabilité on dirait, ce qui est plus expressif, qu’il
s’agit de la moyenne des valeurs correspondant aux deux cas possibles, en
prenant comme poids les probabilités respectives (c’est donc l’espérance
mathématique).
Remarquons que, connaissant les valeurs de ‘Dr* (et naturellement, C, i
et /*), on peut inversement obtenir les valeurs des p; en effet, nous avons
i*c$* _ iG
pr+i = (269)
cy * = » ( e - n J S Q ;e
(270) a? = (271)
I* — i i* — i
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 217
(273)
a) Annuité constante :
R r = r = N C /a ^ , e = dn| • R/N,
dont on déduit :
cU* = (274)
&n=r\
(275)
(2 7 6 )
dont on déduit :
njr* = e* + (e - (n — r)N n i
* f > î = e* + (e~
n—r
C5li)a^i ;
(277)
(280)
et donc
(281)
dont on déduit
n —r
Lr = Nr+h = i i \nD (282)
1
Riqnvn+2\ -r [ v R (q -l)\
Rr = Rq \ Nr = CrfGy avec <1
1 — vq J 1 q{ 1 — vq) j
(voir formule (183) du chap. Ill), d’où
n . n n+2 ï
Riq v I —r — h 1 j vR(q — 1) r+h
* ^ V (283)
{
l — vq) C 1 q{\ — vq) }
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 219
dont on déduit
n—r
1 f Rignv \ nR(g— 1 ) \ r (1 - < r o .
Lr = YjhNr+h <1 (284)
i C 1 1 — vq j { 1 — vq J 1- ? ’
Ri = r2 = . . . = Rk = Ni, Lr = N, Nr = 0
(287)
Jk
., J*
1 = l~ ï = l = i- — =------ s z f l
H H.*
+ (---------
L
VI;
\2 2kJ J
Jk .*
r - ^ - V 2
2k [2 2kj
C1) Si en plus des intérêts, les remboursements ont également lieu chaque semestre par exemple,
il suffirait d ’appliquer le raisonnement précédent en nous référant au semestre au lieu de l’année
comme unité de temps.
222 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
V s ¿(1 + /*/4).
V = i • ¿*/A*(l — i/k).
Cr 4~ 3 3 Cr+i — C r
Nr+1 ^ Nr = Nr 1 + (289)
Gr+i Cr+l Cr+l ,
et sous cette forme on voit que le rapport entre un terme Nr et le terme suivant
s’exprime simplement en généralisant la règle de la raison 1 + z (ou 1 + V)
des cas précédents (avec prix de remboursement constant). Le rapport,
Variable d*ünê année à l ’autre, est 1 + zr+i, où l ’on pose ir+1 = z’V+i — i"r+i
avec ir+i = 3/Cr+i (généralisation de la valeur z' précédente, si ce n ’est que
Cr+i est Variable au lieu d ’avoir C' constant) et z"r+i = l ’augmentation en
pourcentage entre Cr et Cr+i (terme correcteur inexistant quand le prix de
remboursement est constant). Si l ’on fixe l ’échelle des Nr il suffit d ’en déter
miner directement une seule valeur. Par exemple, la dernière que l ’on obtient
à partir de Nn = Rn/(Gn + 3).
Ceci posé en général, arrêtons-nous sur quelques cas particuliers.
b) Taux de rendement.
Soit i* le taux de rendement, calculé sur la base du prix d ’émission 4J; si
l ’obligation est tirée au sort aücours du Même tirage, son taux de rendement zr*
selon cette hypothèse est supérieur ou inférieur à z* selon que Cr est supérieur
ou inférieur à la valeur Cr* déterminée sur la base de la condition d ’équilibre
pour un taux z* : nous pouvons l ’exprimer sous la forme suivante :
a) Intérêt accumulé.
Il s’agit en substance du même système qu’au numéro précédent, avec une
simplification : l’intérêt 3 est nul; le rendement de l’obligation dans ces cir
constances dépend exclusivement du fait que la valeur de remboursement Cr
au bout de r années est supérieur au prix d’émission CU (et l ’on aura naturelle
ment ir* = (Cr/ cD)1/r — 1 comme taux de rendement dans le cas du r-ième
tirage au sort).
Le taux de rendement est constant si Cr = V O + /*)r = C(1 + i)r
(si ‘D et /* sont considérés comme capital et intérêt nominaux). Dans ce cas,
on parle de remboursement à intérêts accumulés.
Les annuités s’expriment simplement Rr = NrC(1 + ï)r (ou Rr = NrCr
si les Cr varient de façon quelconque). Si, en particulier, on désire que les annui
tés soient constantes, les valeurs Nr devront varier en progression géométrique
de raison 1/(1 + i), et, puisque leur somme doit être N, ce seront les valeurs
Ni, N 2,..., Nr N n du cas habituel (amortissement à annuités constantes),
sauf qu’elles seront prises en ordre inverse de la dernière à la première.
EMPRUNTS - OBLIGATIONS 225
b) Obligations à lots.
Le cas que nous considérons est celui où certaines des obligations rembour
sées par tirage au cours d ’une année donnée (par exemple les premières à
être tirées) donnent droit à une prime. Si le montant total des primes à accorder
au cours du r-ième tirage est Sr, la quote-part de prime afférente à chaque
obligation tirée au sort vaut Sr/N r ; donc tout se passe comme si la valeur de
remboursement au lieu d ’être C était Cr = C + Sr/N r (même si cette adjonc
tion, au lieu d’être une majoration du prix de remboursement de toutes les
obligations, est payée comme valeur d ’un « billet de loterie » répartissant,
peu importe comment, le montant Sr entre un petit ou un grand nombre
d’obligations N r tirées au sort).
Si en particulier Sr est proportionnel à Nr, nous retomberons dans le cas a)
du numéro 63 avec C' = C + Sr/N r ; sinon Cr sera variable. Un autre cas
remarquable et fréquent est celui où l’annuité R est constante (à l ’exclusion
des primes) ainsi que le montant annuel total des primes S; il est évident alors
que la valeur des primes (au début ou à un moment quelconque) s’obtient
simplement en multipliant par le rapport S/R la valeur du prêt, prime exclue,
ou bien en multipliant par S/(R + S) la valeur, prime incluse.
cu* = e* + (e — e*).
Une définition négative, telle que « tous les cas autres que la loi exponentielle »
(ou telle que « tous les animaux qui ne sont pas des reptiles ») amène tout
naturellement à considérer un ensemble discontinu et hétérogène. Quelques
remarques préliminaires s’imposent afin de préciser le sujet et d ’éviter de
désorienter le lecteur.
Les cas que nous serons amenés à considérer peuvent être répartis en deux
catégories : ceux où l ’on rencontre des complications par rapport au cas fonda
mental (loi exponentielle), dues au fait que l’on considère une loi différente
(ou que l’on renonce au moins à l ’une des propriétés caractéristiques de la
loi exponentielle énoncées au n° 23), et ceux où la complexité résulte de la
considération d ’opérations divisées en éléments obéissant à des lois diffé
rentes (exponentielles ou non) ou, pour utiliser une expression de comptabilité,
faisant l ’objet de « comptes » séparés.
Quelquefois, la complexité naît des deux causes précitées : la meilleure
façon de s ’en rendre compte (et parfois, également, de poser le problème de
façon homogène) consiste à analyser l’intensité instantanée, en rappelant
que cette dernière est constante dans le cas de la loi exponentielle. Dans les
autres cas, S n ’est pas toujours constant : on peut avoir un 8 variable
selon une certaine loi, mais toujours applicable à l ’opération dans son ensemble,
et le cas envisagé appartient à la première catégorie définie ci-dessus, ou bien
l’opération a plusieurs composantes, avec pour chacune d ’elles un 8 (constant
ou variable) et appartient donc à la deuxième catégorie. Il est toujours possible
de regrouper les composantes en appliquant à l ’ensemble une valeur moyenne
donnée de S, ou inversement en expliquant les variations de 8 comme étant
l ’effet de passages à travers différents « comptes ». Le choix d ’une des inter
AUTRE CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 231
quand les expressions très simples I = C8t ou I = Cit en donnent une valeur
suffisamment approchée (respectivement par défaut et par excès; toute expres
sion analogue Cat, avec 8 < a < i, donne une approximation moyenne
encore meilleure).
Pour plus de précision : en remplaçant e8t — 1 par 8t, pour t = 0, l ’erreur
(absolue et relative (*)) est nulle, et croît en fonction de t en devenant maximum
pour t = 1 (où l’erreur absolue est i — S et l ’erreur relative (//S) — 1, c ’est-à-
dire respectivement environ z2/2 et i/2). En remplaçant côt — 1 par it l’erreur,
(absolue ou relative) est nulle pour t = 1 ; l ’erreur relative croît lorsque t
décroît, et elle atteint le maximum 1 — (§/z) pour t « 0; par contre, l ’erreur
absolue atteint au voisinage de i = 1/2 un maximum qui (en vertu de la
formule (77), n° 20) vaut un peu moins de z2/4, et puis redevient nulle pour
t = 0. Si l’on prend une valeur at intermédiaire, lorsqu’on passe de t = 0
à t = 1, l’erreur relative passe d ’un maximum (par excès) à un maximum
(par défaut) en s’annulant à un point intermédiaire ta, alors que l ’erreur
absolue est nulle en t = 0 et t = ta et atteint un maximum (par excès) dans le
voisinage de t = ta/2 et un maximum (par défaut) pour t = 1. Tout ceci
apparaît clairement sur la figure 38 et découle de tout ce qui a été dit précé
demment sur la question sans qu’il soit nécessaire de le répéter explicitement.
Lorsqu’on applique des formules linéaires telles que M = C( 1 + at) et
I = Cat, on parle de capitalisation simple et intérêt simple ; le coefficient a
est appelé taux d’intérêt simple, et l’on prend habituellement a = i en consi
dérant donc que l’on prend 1 + it comme approximation de t 8t. Il peut cepen
dant sembler justifié de se référer à 1 + 8t ; en effet, si l ’on veut comparer
les deux méthodes (pour savoir laquelle convient mieux à l ’une ou l ’autre
partie contractante : l’intérêt simple ou l ’intérêt composé), il faut remarquer
que la question est en fait dépourvue de sens, car même si l ’on admettait que
les différences minimes représentaient une majoration différentielle sen
sible, celles-ci seraient automatiquement compensées par un ajustement
du taux aux conditions du marché.
Il existe une autre raison justifiant la préférence pour une formule approchée :
le fait que l’exactitude de la formule « exacte » est en pratique illusoire, ne serait-
ce que du fait de l ’approximation avec laquelle on mesure le temps. Si l’on
parle d ’années on ne tient pas compte de la différence entre année bissextile
et non bissextile; si l ’on parle de mois, l’on ne distingue pas les mois de 31,
30 et 28 (ou 29) jours. On augmente l ’imprécision en adoptant un « calendrier
commercial » de 360 jours. Le temps se mesure en journées entières. Vue
l’imprécision liée à ces simplifications à la base, il serait insensé de vouloir
pousser des calculs jusqu’à une précision disproportionnée (de même,
connaissant le diamètre d’une roue en centimètres, il serait illusoire de vouloir
C1) On entend par erreur relative l’erreur par unité d ’intérêt, c’est-à-dire le rapport entre l’erreur
absolue et l’intérêt, soit (e5t — 1 — at)lat si e5i — 1 > at soit [at — (eSi — 1)Vat si eSi — 1 < at.
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 233
nous pourrons répéter ici avec des changements évidents ce qui a été dit
n° 69 ci-dessus, et prendre comme expression approchée du facteur d’escompte
1 — dt. Le montant escompté à payer en échange d ’un montant M dû à l ’expi
ration d’un délai t) sera donc C = M ( 1 — dt), et S = M dt sera le montant de
l’escompte, c’est-à-dire ce qu’il faut retrancher pour obtenir
C = M — S = M — M dt.
l’erreur est nulle seulement pour t = 1 (et t = 0, mais ceci est un cas trivial).
Pour avoir une cohérence parfaite, on aurait dû en fait, soit se servir de la
capitalisation simple et de l ’escompte rationnel (comme nous l’avons déjà
noté) soit de l ’escompte commercial et la capitalisation hyperbolique
qui lui correspond, M = C/( 1 — dt) (cas que nous indiquerons par
symétrie avec celui de l ’escompte rationnel, bien qu’il soit encore plus dépourvu
d ’intérêt pratique et théorique).
Ce que nous avons dit à propos de la capitalisation simple et de l ’escompte
commercial peut suffire si l ’on se contente, comme nous l ’avons supposé
jusqu’ici, de les concevoir comme des méthodes approchées visant à simplifier
l’emploi de la loi exponentielle. Les incohérences notées n’ont pas d ’impor
tance et l ’on peut même dire qu’elles n’existent pas, car elles se confondent
avec l’erreur inhérente au concept d ’approximation même. Il n ’en est
plus de même si ces formules ne sont plus considérées comme des approxi
mations, mais comme des lois en elles-mêmes, sur lesquelles on veut pouvoir
raisonner exactement. A ce sujet, nous présenterons par la suite un certain
nombre de remarques.
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 235
(292)
qui est alors fonction de t (si elle ne dépendait pas de t on retomberait dans le
cas de la loi exponentielle), mais a toujours la même interprétation géométrique
(inverse de la sous-tangente) et la même signification (en vertu de la dernière
formule des équations (292)). En effet, l’accroissement g(t + h) — g(t) est
l’intérêt produit entre t et t + h (à partir du montant « 1 » versé en t = 0);
en divisant par la durée h, on^ obtient le rapport de croissance, qui est
te flux (moyen) d’intérêt entre t et t + h\ en divisant encore par g(t) on
obtient l’intensité (moyenne) correspondante (intérêt par unité de montant
et unité de temps), et à la limite, pour h -> 0, on obtient l ’intensité
instantanée.
En prenant l ’intensité, toutes les expressions et relations établies pour le
cas exponentiel restent invariées, sinon qu’il faut remplacer le S constant
par un S(i) dépendant de t. A titre d ’exemple, écrivons relativement à ce
nouveau cas certaines formules déjà vues. Indiquons en regard la référence
correspondante à laquelle on se reportera pour les explications qu’il serait
superflu de répéter :
fi+A<5(z)dz f<+6<5(z)dz
u(h;t) = eJ< , Jt
v(h;t) = e J< (293)
(voir p. 67, 82, 110).
(295)
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 237
ÇT Щ\]б(г)йг
V(t) = 1 e J cp(r) dr (296)
= № * № № * ) ] = ?*('*)
comme nous l ’avons déjà fait ci-dessus, quelques formules déjà rencontrées
(désignées par le même numéro affecté du signe prime).
<?.(<*) = P
1**
e -<rï_T*(St dr* (298)
= JJ dr* = 5* - t*)
= &*SkTk <TTi - (* V ^ 0 * )
(voir formules (98) p. 113 et (98') p. 114).
% (t* ) = - t*)
r+1
Il est peu vraisemblable que l’on soit amené à stipuler une opération finan
cière fondée sur une loi de capitalisation où, conformément à ce qui vient
d’être dit, on prévoit un taux d’intérêt variable au cours des différentes années
à venir.
Cependant, il existe des opérations, comme les dépôts d’épargne et les
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 239
comptes courants, où le taux d’intérêt est sujet à variation, avec un effet immé
diat pour les opérations déjà en cours, il existe des investissements à revenu
variable (à cet égard, il faudrait considérer outre le revenu distribué par
exemple comme dividende, celui mis de côté ou réinvesti qui donne lieu à
une augmentation de la valeur intrinsèque de l ’investissement). Dans les
cas de ce genre, les conclusions du numéro 70 peuvent donner lieu à des
applications concrètes, soit que l’on se réfère au passé, et que l ’on veuille
tenir compte de la variation observée des taux d ’intérêt ou de rendement,
soit que l’on considère l ’avenir, et que l’on désire évaluer les conséquences
d ’une variation hypothétique future de ces taux, soit encore que, en
se plaçant dans l’abstrait, on s’attache à étudier les conséquences des tendances
générales supposées pour les taux d’intérêt (par exemple, lorsqu’ils doivent
décroître, comme pendant une longue période avant 1914, ou fluctuer pério
diquement etc.).
Dans ce dernier cas, on pourrait schématiser ces deux hypothèses de la
façon suivante :
Ajoutons, à titre d’exemple, trois autres cas qui nous seront utiles pour
approfondir l’étude de la capitalisation simple et de la capitalisation hyper
bolique (correspondant à l’escompte commercial). Ces lois ne sont, bien
entendu, pas des lois divisibles, et ce que nous pourrons dire ici ne peut pas
leur être appliqué mais concerne des lois divisibles élaborées de façon à
s’identifier avec elles uniquement à l ’égard des opérations ayant en commun
les instants du commencement et de l ’échéance. Sans insister sur ce point
(nous en reparlerons en temps voulu, voir n° 74), passons aux exemples :
c) loi linéaire :
é) loi hyperbolique :
Nous noterons que dans les trois cas c), d) et è) l ’intensité 8{t) a toujours
pour courbe représentative ùne hyperbole équilatère. Dans le cas c) elle a
une asymptote verticale t = — \/a et une allure décroissante; pour d) même
courbe pour 0 ^ t ^ 1, répétée périodiquement; pour e) fonction décrois
sante et asymptote verticale pour t = 1/a où le montant devient infini. L’absur
dité de cette circonstance (à laquelle en correspond une autre, un peu moins
visible, l’annulation du montant prévu dans le cas c) pour t = — 1/a) exclut
que de telles formules puissent être supposées valables en dehors de certains
intervalles.
L’intégrale générale est représentée par une famille de courbes toutes iden
tiques (à une translation horizontale près), dont la sous-tangente dépend
seulement de l ’ordonnée; dans le cas d ’opérations (dépôts ou retraits) on a
une discontinuité (saut vers le haut ou vers le bas, égal au montant), puis
on suit la nouvelle courbe intégrale. Dans la figure 55, on peut voir le cas avec
Fig. 55.
trois valeurs S- , S+ et S++ (les courbes sont exponentielles entre les trois bandes
avec un paramètre différent, et se raccordent suivant l’horizontale de sépa
ration M = Mo).
Dans le cas que nous avons considéré, il est clair que des deux propriétés
qui constituent, en somme, la « divisibilité », celle de l’invariance subsiste
et celle qui ne subsiste pas est l ’additivité. Ceci signifie que, si nous concevons
l ’opération divisée en deux (ou plusieurs) parties, le résultat n ’est pas le même
en général. Ceci apparait d’ailleurs évident en notant que, déjà au cours
d ’une période très petite dt, si, au lieu de déposer le montant M dans
un compte unique, on le divise en la somme de deux montants M \ + M 2 = M
tenu dans des comptes séparés, l’intérêt au lieu d ’être M8(M) serait
MiS(Mi) + M 2S(M2),
C1) On a l’égalité seulement pour 8(M) = Cte, ce qui résulte de l’équation (62) de la p. 75 si
l’on pose f { x ) = xS(x).
F inetti. — Leçons de mathém atiques financières 7
242 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Il est un cas assez général : celui où l ’on peut concevoir l’opération globale
comme étant décomposée en la somme de composantes élémentaires du
type simple suivant : on a pour chacune un instant de stipulation t' où l’on
décide d’échanger un montant S' à l’instant r' avec un montant S" à l ’ins
tant r"(i' ^ r' < r"; 0 < S' < S"). Le rapport entre S" et S' ainsi que la
valeur de l ’opération à un instant quelconque t (entre t ' et t ") sont fondés
sur une fonction u(h; n, d) qui donne le montant au bout d ’une durée h à partir
d’un instant r'(h = t — r') d ’un montant unitaire payé en r' pour avoir
l ’équivalent u(n; n, a) au bout d’une durée n(n = t " — r') quand l ’opération
a été stipulée de façon anticipée ou avec un préavis a (a = r' — t'). Le montant
pour chaque composante élémentaire est alors :
Mit) = S'u(t — r' ; r" — r', t ' — t ') = S' • u{h ; n, a),
244 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
u{h ; n, à)
M{i) = S 1 S" • v(n — h; n, à)
u(n ; n, a)
où l’on pose
v(x; n, a) = u(n — x; n, a)/u(n; «, à) =
M '(,) Thut-h-")
§(/z, ri).
M(t) u{h ; ri)
0
8 ( 2) dz
; d a n s le
second cas ce sera le facteur d ’escompte v(h; ri) qui sera fonction uniquement
— J " ' S (z) dz
de n — h et l’on aura donc u(n — h\ n) = u(n\ n) e , soit
— fw 8 (z) d z
v(n — h) = e Jo ; dans le troisième cas, tant u que v seront des
fonctions exponentielles, avec un exposant dépendant de n : u (h, ri) = e*(w)*Æ,
v (n — h, ri) = e ~S{n)-(n-h)9
L’intensité S(t) pour l’opération globale sera donnée par la même formule
que la précédente, mais elle sera plus simple car elle ne dépend que d ’une
seule variable. Quittant le domaine général, nous nous référerons dans chacun
des trois cas à un exemple particulier et plus précisément, dans l ’ordre, à la
capitalisation simple, à l’escompte simple, au cas où l’on a deux intensités
différentes Si et S2 pour des composantes de courte ou de longue durée (infé
rieures ou supérieures à N donné) avec S2 > Si.
a) Capitalisation simple.
On peut appliquer pour chaque composante les conclusions du cas c)
du n° 72; la non-divisibilité découle du fait que la formule s’applique avec
une origine différente pour chaque composante (date du début de l’opération).
Pour l ’opération globale, nous aurons :
M(t) = 2 rMr(0 = S r5;[l + i{t — T'r) l M \ t ) = Œ rSl,
et l’intensité sera donc :
S r« [ 1 + i(t — rf)] 1
1 + i(t — ro)
où l’on désigne par r'0 l’instant de « début moyen » (moyenne des r / avec S /
comme poids) ou si l ’on prend l’image de physique ou de géométrie, bary-
centre des masses S/ placées aux abscisses r / ) . En conclusion, c’est la formule
du numéro 72, cas c) qui doit être utilisée, en prenant comme origine le « début
moyen ». Cependant, on n ’a pas la divisibilité, car le barycentre se déplace
pour chaque nouvelle composante que l’on ajoute à l’opération en cours.
b) Escompte commercial.
Même considération que dans le cas précédent, en se référant cependant
à « l’échéance moyenne » r0" (barycentre des rr" de poids Sr"). Il suffira de s’en
tenir aux formules :
M(t) = S rMr(0 = — dfrf — t ) l M'(t) = dT>rSr,
•'[1 — d(r'r — 01 _ d
S(0 = d j ^ î l
s rs? 1 — d ( r ’ô — t )
F in e t t i. — Leçons de m athém atiques financières 9*
246 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
M i(0 = Ki M2(i) = K2 e ^ ,
et donc
Si.fl e*1* + S2 K2 eôlt
8(0 = = 81 + (82 — S i)-------------------
Ki e 1* + K2 eÎ2Î 1 + ^ e- < W
K2
La fonction y = 8(t) est une fonction qui croît de Si (pour t = — 00) à
82 (pour t = + 00); naturellement, le segment que nous considérons ici est
limité (allant du dernier début d’opération à la prochaine échéance).
b) Capitalisation simple.
Celui qui, ayant versé un capital C, prélève après un temps h' le montant
total M(h) = C(1 + ih') et le redépose tout de suite aux mêmes conditions,
après un temps ultérieur h", obtiendrait un montant
c) Escompte commercial.
Formule analogue au cas précédent : (1 — dh') (1 — dh") = 1 — dh + d^h'h*.
Cependant, la variante (qui consiste à diviser la durée) n ’est pas à l ’avantage
du client, et tout se passe donc sans complications dans ce cas, même s’il
n ’existe pas de frein d ’autre sorte.
Terminons par une dernière remarque de caractère général : si l ’on n ’a
248 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
pas affaire à une loi divisible, le concept même de montant, ainsi que celui
d ’intensité etc., devient douteux ou artificiel. En effet, on peut parler de mon
tant lorsque celui-ci peut être payé de façon à arrêter l ’opération à chaque
instant. Autrement, on ne l ’utilise qu’en tant que moyen d ’estimation des
engagements : si ceux-ci obéissent à des lois compliquées, il n’y a pas de
raison plausible obligeant à employer effectivement ces lois en vue d’estima
tions qui ont un caractère indicatif et « interne ».
Nous avons déjà noté au numéro 22, à titre de premières remarques prati
ques et critiques, que l’on applique en général des taux différents pour diffé
rents types d’opérations financières (obéissant à une loi exponentielle ou
à d’autres plus complexes : peu importe). Nous avions dit alors que l ’on ne
prend en considération, en mathématiques financières, qu’une seule opéra
tion (avec un taux unique) à la fois.
Il faut cependant considérer maintenant simultanément plusieurs opéra
tions effectuées dans des « comptes » (et alors en général avec des « taux »)
différents parce qu’ils constituent des composantes complémentaires d ’une
opération conçue de façon unitaire. Nous nous proposons d ’analyser ici
les mécanismes correspondants en nous référant à certains cas concrets signi
ficatifs. Dans une toute autre optique, le système des comptes séparés peut
également servir d ’artifice permettant d ’expliquer (de façon significative
même du point de vue comptable) le fonctionnement de certaines « lois »
non divisibles.
Nous traitons ici les cas de l’amortissement américain et anglais, et des
applications dans le domaine de problèmes industriels.
a) Amortissement à Vaméricaine.
Dans l’amortissement que l’on considère habituellement, à annuité constante
à échéance retardée (ou amortissement à la française) nous savons (voir n° 29)
que les annuités (pour un débit initial « un » sont :
b) Amortissement à Vanglaise.
Une fois admise la décomposition énoncée au point a), il est naturel de
supposer — si une tierce personne intervient réellement — que le taux d ’in
térêt payé par celle-ci sur le montant qui s’accumule sera différent, et donc
inférieur à celui exigé sur le débit. Nous aurons alors un amortissement
à deux taux (ou à l ’anglaise) :
— Un taux i appelé taux de rémunération (annuité rémunératrice), pour
les intérêts à payer sur l ’ensemble de la dette;
— un taux i'(i' < i) appelé taux d ’accumulation (annuité reproductrice)
pour la capitalisation de la part de reconstitution qui vaudra 1/5’a (et
sera donc supérieur à 1/s^).
Dans l ’ensemble, l ’annuité (par dette unitaire) sera donc 1/s^j + i et sera
supérieure à 1/û^ : il est clair que le fait de recevoir un intérêt inférieur à i
sur la somme mise de côté équivaut à amortir dans des conditions plus
défavorables, c ’est-à-dire à un taux i* > i. Le taux z* est défini par la
relation
(301)
(où l ’on désigne par la valeur de pour i = /*). L’équation (301) est équi
valente à
En remplaçant la différence
1 1
250 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
par la différentielle
1 + 1S C Z= Z ,
= i. +, (i
/• — i ) — r«—
0 +,------
i'T 1 — V l
1 S JÏ, + 5 JÎ| — «(1 + l )
n(l + —^
—i + 0 — O
s£(l + 0 * " 1- » ( l + 0 n"1’
donc
s*| — n
Cette formule est exacte en première approximation (voir p. 14). Le fonds
que l’on constitue avec les parts 1/s'^ s’appelle en employant un terme anglais
« sinking fund ».
La dette résiduelle est 1 — s'p| /s'^ (s'^ /s'^ étant le capital accumulé au
bout de r années).
d d
0 En rappelant que ^./(w) = ^ /< M (v°ir P- 175) on obtient :
(I /J_\ u — 1 _ U* — 1 — nun~1 (u — 1)
d i \s nJ ~ du un — 1 “ (un — l)2
( h* — 1) / ( h — 1 ) — / I« » - 1 " O + O” -1
- (« - 1 ) [(«» - 1 ) / (« - 1 ) ] “ -
Noter que dans le texte on désigne par s'«i la valeur de pour / = /' et non la dérivée de s^j.
Même remarque pour a'#*.
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 251
Pour i' = i l ’on obtiendrait à nouveau la valeur Ian trouvée pour un pro
blème analogue (6, n° 40).
Même à propos de l’étude des cas traités au numéro 74, on peut dire que nous
nous étions implicitement fondés sur une décomposition en plusieurs comptes,
car on avait écrit M(t) = S r M r(t) et l’on pouvait interpréter les composantes
M r(t) (ayant, en vertu de la loi de capitalisation supposée, une intensité d’inté
rêt qui peut se déterminer plus aisément) comme faisant l’objet d’autant de
comptes séparés. Dans ce cas, on avait cependant une simple juxtaposition
de comptes, en ce sens que chacun d’entre eux fonctionnait individuellement
comme si les autres n ’existaient pas; en particulier, les intérêts affluaient tou
jours aux comptes correspondants.
Pour chaque M r(t), on a une équation différentielle, donnant le montant
en fonction des mouvements et de la loi de capitalisation.
Les cas les plus intéressants en substance, permettant l’emploi de modèles
d’interprétation d ’un type nouveau, sont surtout ceux où l’équation différen
tielle donnant M r dépend également de la variation des autres comptes. Ceci
se produit (sans insister sur l ’aspect mathématique correspondant, ce qui
exigerait des remarques préalables disproportionnées), tant dans le cas où le
niveau des différents M r conditionne l’attribution de certains mouvements à
tel ou tel compte, que dans le cas où les intérêts d ’un compte affluent vers un
autre compte.
On a déjà vu certains exemples du premier type de situation (qui préciseront
de façon concrète nos explications) : on peut considérer le compte courant
à trois intensités S~, S+, S++ comme étant constitué de trois comptes distincts,
avec la clause que le montant entier est transféré au premier compte dès qu’il
devient négatif, au troisième compte dès qu’il dépasse Mo, au second compte
dès qu’il entre dans l’intervalle (0, Mo). Une variante : si le troisième compte
ne doit recevoir que ce qui est (éventuellement) supérieur à Mo, quand M(t) > M0
nous aurons dans le deuxième compte le montant fixe Mo, dans le troisième
M(t) — Mo, et les intérêts du second compte et du troisième compte afflueront
vers ce dernier.
L’exemple le moins complexe du second type d’opération nous donnera
une nouvelle interprétation de la capitalisation simple, au moyen de la scission
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 253
f
M 2(t) = M2(0) + 8 • Mi(x) dx, (303)
J0
et donc
C1) L’expression 8J 0¿[J*<p(z) d2] dx que l’on obtiendraiten remplaçant dans l’équation (30 3)Mi (x
par sa valeur dans l’équation (302) en négligeant l ’intégrale de la constante Mi(0) calculée à part
est habituellement écrite sous la forme équivalente àj^d* J*<p(z) dx qui est celle utilisée dans le
texte
254 LEÇONS DE MATHÉMATIQUES FINANCIÈRES
Le montant total des deux comptes, M (t) = M i(t) + M z(t), est égal à
O t x
Fig. 56.
dx J*<p(z) dz) en en faisant ensuite la somme lorsque x; varie de 0 à t (obtenant
ainsi po dx j > ( z ) dz); dans le deuxième cas, lorsqu’on considère par contre
les intérêts produits par chaque montant élémentaire <p(z) dz depuis l ’instant z
du versement jusqu’à la fin, c ’est-à-dire jusqu’à t (intérêts égaux à dz jl<p(z) dx
= (t — z)(p(z) dz) et en faisant ensuite la somme lorsque z varie de 0 à t (ce
qui nous donne — z)<p(z) dz). En substance, nous appliquons donc dans
notre cas particulier la formule suivante valable pour une fonction quelconque
f(x, z) de deux variables (que nous supposerons limitée dans le triangle OAB) :
dz / (x, z) dx.
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 255
On retrouve ces deux manières de calculer une intégrale double (}) à propos
des deux méthodes « directes » et « scalaires » de calcul du solde d ’un compte
courant à une époque donnée T (clôture d ’exercice : et nous supposerons que
la clôture effective coïncide avec la clôture supposée).
Soient Mo ( = solde de l’exercice précédent), M i, M 2 les montants aux instants
0, h, ¿2(0 < h < t 2 < T). Supposons que ces montants soient constants à
l ’intérieur de ces intervalles : soient M (t) = Mo pour 0 < t < t±9M(t) = M±
pour h < t < t 2 , M (t) = M 2 pour t 2 ^ t < T. Le raisonnement restera
valable, naturellement, pour un nombre quelconque de versements ou de
prélèvements calculés entre 0 et T (nous avons pris T = 2 dans ce cas pour
plus de simplicité); supposons, pour fixer les idées, que l ’on ait M i < Mo
c ’est-à-dire que, à l ’instant t\ l ’on fasse le prélèvement Mo — M \ ( = verse
ment du montant négatif M i — Mo) et que l ’on ait M 2 > M \ , c ’est-à-dire
que l ’on fasse à l ’instant t 2 le versement (positif) M 2 — M\.
^SM(t)
SM2
SM0
SM, *3
*1
R2
O T
F ig . 57.
\8M(t)
SM2 H
8M0-
B
-D
¿M, F B3 - E
Q
~Ô~
Fig. 58.
M ( 0 = <?(0>
n
Mi(f) = Mo(i) + <p(z) d z ;
'>0
si Mi(t) |
. < o’
si Mi(t) j1 < 0.
L > o’
en remarquant que l ’on peut écrire
On peut obtenir une expression explicite de M2(0 et M z{t) si l ’on sait égale
ment calculer J | M\(t) | dt. Sans insister sur ce point, disons qu’on l’obtient
sous la même forme que dans l’équation (303') pour jM i(0 d t, à condition
d ’intervertir le signe de la fonction intégrante (t — z)<p(z) dans les intervalles
où M i est négatif.
Voyons enfin le système qui permet de relier entre eux, conformément
à ce point de vue, l’interprétation de l’intérêt simple et de l ’intérêt composé
(continu). Désignons, comme dans le premier exemple, par M±(t) et Mz(t) le
montant du compte capitaux et du compte intérêts; supposons cependant
que le compte intérêts produise aussi des intérêts et que ceux-ci affluent vers
un troisième compte de manière à constituer un montant compte
« intérêts des intérêts »; de même, les intérêts produits par les intérêts des inté
rêts vont à un quatrième compte « intérêts des intérêts des intérêts » et ainsi
de suite à l’infini. M n(t) sera le montant du « compte intérêts d’ordre n — 1 »
et M(t) sera la somme de la série des M n{t).
Considérons premièrement le cas où l’on n’a pas de mouvements de capitaux :
on aura alors M ± (t)= C = Cte. Et donc (en supposant M n{0) = 0 pour n > 1)
CS3 f
Mi(t) = §M 3(t) = SCS2/2/2, d’où Mi(t) = - J - Y d/ = C(S/)3/3 ! ;
= ( f z i f y j ^ " 1 di = C (S /)> !.
En passant au cas général, avec des mouvements à flux continu <p(t) (et nous
supposerons pour simplifier l ’écriture, M i{0) = 0), nous aurons :
Mz{t) = B M^(x) dx = S2 dx \ (x — zW z) dz
o Jo Jo
C1) On applique la règle d’inversion de l’ordre des intégrations dans les intégrales doubles (men
tionnée à la page 255).
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 259
CSt n ’est compté dans ce rapport et l’intensité est constante. La différence réside
dans le fait suivant : on imagine soit que le capital produira des intérêts à
intensité constante et que les intérêts seront improductifs, soit que le capital
et les intérêts produiront des intérêts avec une même intensité, prise comme
moyenne. Il ne s’agit pas de deux cas différents, mais de deux interprétations
différentes de la même réalité. Chacun pourra choisir l ’une ou l ’autre, et la
préférer, ou s’en tenir à l ’interprétation considérée comme une approximation
(n° 69).
On remarquera que pour expliciter la dernière interprétation, il est naturel
de désigner le paramètre de la capitalisation simple par S ; ceci est particulière
ment utile si l’on veut comparer celle-ci avec la capitalisation composée fondée
sur une série exponentielle. Ceci n’empêche pas que, en d ’autres occasions,
on désigne le même paramètre par i. On remarquera cependant que dans la
capitalisation simple, le paramètre a en même temps la valeur d ’une « intensité »
(référée au capital, interprétation donnée au n° 72) et d’un « taux annuel »
(ceci mise à part l’unité de mesure : soit année-1 soit nombre pur). Il est parti
culièrement recommandable d ’utiliser la lettre i quand la capitalisation simple
(comme c ’est ordinairement le cas, cf. n° 69) s’applique à l ’intérieur de périodes
annuelles. Dans l ’interprétation fondée sur deux comptes, compte de capitaux
et compte d ’intérêts, ceci revêt une signification concrète et claire. A la fin
de chacune de ces périodes annuelles, le compte intérêts est clôturé et son solde
est versé au compte capitaux. De cette manière, les intérêts commencent
automatiquement à partir de ce moment-là à produire eux-mêmes des intérêts
qui deviennent partie intégrante du capital; on dit dans le langage de la compta
bilité que les intérêts ont été « capitalisés » (mais l’on doit cependant noter
qu’il y a un risque d ’ambiguïté entre cette capitalisation au sens d ’un verse
ment au compte capitaux, et la capitalisation au sens des mathématiques finan
cières, c’est-à-dire « le report à un instant ultérieur », soit l ’inverse de
« l’escompte »).
Disons enfin que l ’on pourrait interpréter de manière analogue l’escompte
commercial, en distinguant un compte capitaux et un compte d’escompte
(le premier productif et le deuxième non productif). Cela est cependant plus
artificiel. Au moment de verser C = M( 1 — dt) en échange de M à l’intérieur
d ’une période t, je devrais enregistrer non pas C, mais M dans le compte capi
taux et l ’escompte M — C = C dt (avec le signe opposé) dans le compte
d ’escompte. Si le compte capitaux produit des intérêts avec une intensité d,
et que j ’imagine de faire affluer au compte d ’escompte cet intérêt, au bout de
la durée contractuelle t, l ’intérêt a atteint le niveau du montant initial C dt
du compte d’escompte, et il reste uniquement le montant M au compte capi
taux, qui s’annulera avec l’encaissement du montant M dû à cet instant-là.
EXERCICES SUR LE CHAPITRE VI
C1) Selon deux conventions différentes, on pourra supposer un an = 365 jours (« année civile »)
ou bien un an = 360 jours (« année commerciale »). Dans ce dernier cas, les mois (« commerciaux »)
ont tous 30 jours; et il est évident que si l’on prend comme unité de mesure le mois, on se place
dans cette hypothèse.
(2) De nombreux calendriers indiquent pour chaque jour de l’année le nombre de jours écou
lés depuis le 1er janvier et le nombre de jours restant jusqu’au 31 décembre.
AUTRES CAS QUE LA LOI EXPONENTIELLE 261
Imprimé en France.
Suite du premier rabat
MONNAIE ET FINANCEMENT
Essai de théorie
dans un cadre de comptabilité économique
PAR
J. DENIZET
PRÉFACE DE
V alé ry G IS C A R D D ’E S T A IN G
LES CHOIX
FINANCIERS ET MONÉTAIRES
Théorie et technique modernes
PAR
S.-Ch. KOLM
Ancien élève de l’École polytechnique
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Associé de recherches en économie à l ’ Université Harvard
Professeur d’économie politique associé à l’ Université Stanford
340 pages 16x25, avec 40 figures. 1967. Relié toile sous jaquette............. 63 F