Revue des Études Grecques

Auguste Diès. La définition de l'Être et la nature des idées dans le «

Sophiste » de Platon.
Albert Rivaud

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Rivaud Albert. Auguste Diès. La définition de l'Être et la nature des idées dans le « Sophiste » de Platon.. In: Revue des
Études Grecques, tome 23, fascicule 105,1910. pp. 472-473;

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 472 COMPTES RENDUS BlBLÎOGttAPMlQL'JËS
soumettent les conceptions de leurs
devanciers à une critique sévère qui
semble ruiner la spéculation mystique
(p. 80) dont quelques traces survivent
cependant même chez les atomistes.
Mais, avec Empédocle nous voyons
reparaître l'ancienne doctrine. L'idée
maîtresse d'Empédocle est que tous les
êtres ont un commun principe divin
(p. 97). La doctrine d'Empédocle,
scientifique et naturaliste par tant de côtés,
a, dans l'ensemble, une allure
mystique (p. 103). Le Sphairos originel
n'est pas seulement la matière, c'est
une divinité bienheureuse, dont les
êtres individuels se séparent à regret.
Ce travail intéressant et
consciencieux, dans lequel M. D. a été guidé
par le beau livre de Jane E. Harris-
son, soulève des diflîcul tés graves. Le
sujet n'est pas nettement circonscrit et
délimité. M. D. parle d'une « religion
classique». Les références de son
premier chapitre montrent qu'il entend
par là une partie des croyances de
Tàge homérique. Mais peut-on
identifier l'âge homérique à un âge
classique? Quelques explications étaient
indispensables. Les questions relatives
à l'Orphisme sont si complexes que
toute tentative de systématisation est
encore prématurée. Notamment, ce que
M.. D. nomme « l'orphisme rituel »
nous est encore bien mal connu et il
.
était difficile d'en faire état. Bref, le
sujet abordé par M. D. était le plus
complexe peut-être que puisse aborder
un historien de la philosophie grecque.
11 ne faut pas s'étonner, dans ces
conditions, que le travail de M. D. n'ait
point dans toutes ses parties la
précision et l'exactitude désirables. Tel quel,
il peut rendre des services, par
l'abondance des textes cités, et grâce au soin
avec lequel il a été composé.
Albert Rivaud.
60. Auguste U1ÈS. La définition de
l'Être et la nature des Idées dans le
« Sophiste » de Platon. Paris, Alcan,
1909. In-8°, vn-137 p.
On admet souvent, depuis Bonitz, que
Platon, dans le Sophiste, fait subir à la
théorie des Idées une transformation
plus ou moins complète. Selon les uns,
Platon remplace les Idées par des âmes;
selon les autres, il se borne à introduire
dans le monde des Idées, le mouvement
et la vie. M. Diès se propose d'examiner
en détail les interprétations modernes
du Sophiste et de donner une réponse
précise à cette question : la théorie
des Idées a-t-elle vraiment subi, dans
le Sophiste, une transformation? Pour
y parvenir, il examine successivement
les cinq questions suivantes : 1° Quel
est le rôle de la notion du mouvement
dans le Sophiste? 2° Comment Platou
a-t-il pu définir l'être par la δυναμις ?
3° Quelle sorte de mouvement
appartient à l'être? 4° Que signifie la
formule : παντελώς 3ν ? 5° Que faut- il
entendre par la communauté des genres
affirmée par Platon ? Afin de pouvoir
donner des réponses nettes, M. D.
analyse avec soin tous les textes du
dialogue qui se rapportent à chacune de
ces questions, et il discute les diverses
interprétations qui en ont été
proposées.
Voici les principaux résultats de son
étude.
1. L'objet du Sophiste est de
démontrer la réalité du non-être, et par suite
d'établir qu'il existe une communauté
des genres, sans laquelle le non-être
ne pourrait exister. Les discussions
sur le mouvement ne jouent pas le rôle
principal : elles servent à la
démonstration générale ; mais le Sophiste n'a
pas pour but de constituer une doctrine
du changement (p. iv, 16, 126).
2. Platon, dans le Sophiste (p. 247 E),
définit l'être parla puissance (δυναμις).
Mais il ne faut pas attacher à cette
définition, qui se retrouve dans d'autres
dialogues (Lâches, Phédon, Cratyle,
Théétète, Parménide) une importance
excessive (p. 29-35) Elle est seulement
 COMPTES HEN DUS BÎBLlûGftAttîtQUËÎs
provisoire et sert d'intermédiaire dans
la démonstration qui a pour objet
d'établir la réalité du non-être.
3. Dans un texte célèbre (248 E-249 A),
Platon attribue à l'être, le mouvement,
la vie, l'âme et la pensée. Si on
rapproche ce passage du contexte, on voit
d'abord que le mouvement de l'être
résulte du fait que cet être est objet de
connaissance, peut être connu (p. v,
p. 41-48). De plus l'argumentation de
Platon est dirigée contre certains
philosophes, ceux qu'il nomme les « amis
des Idées »; elle ne porte pas contre
des formes antérieures de la doctrine
platonicienne elle-même (p. 54-63). M.
D. estime (p. \ 29-131}, qu'il est très
difficile, sinon impossible d'identifier avec
précision ces amis des idées.
4. Dans la doctrine platonicienne
elle-même, le -χντϊλώς ό'ν seul possède
le mouvement actif, la vie et la pensée.
Le ΐΐαντίλώς ôv ne doit être confondu
ni avec l'être immobile des « amis des
Idées », ni avec les Idées
platoniciennes. 11 a tous les caractères que le
Phèdre, \e Philèbe et le Timée accordent
au monde sensible, à l'univers visible
(p. 73-83).
5. En somme, le Sophiste, pour
démontrer la réalité du non-être, affirme
la communauté des genres. Les
dialogues antérieurs, surtout le Phédon,
développaient déjà une doctrine analogue.
La Parménide ne donne pas, à ce sujet,
des indications très-précises , mais
(p. 97 et sq.) il énonce le problème
que le Sophiste va résoudre. Ce
problème se posait nécessairement. 11
fallait expliquer le langage, et par suite
l'inhérence et Terreur (p. 107-115). La
solution généralisée pourra servir aussi
à faire comprendre comment,
l'immutabilité des Idées restant sauve, le
devenir est possible. Mais la nature
même des Idées n'est pas modifiée par
les démonstrations dû Sophiste (p. 116).
Les Idées ne deviennent ni des êtres
pensants, ni des pensées.
Ce travail très précis, très
méthodique, témoigne d'études approfondies.
473
M. Diès connaît à peu près toute la
littérature moderne relative au Sophiste:
Surtout il a du texte même de Platon
la connaissance la plus sûre. Les
analyses qu'il donne du contenu du Sophiste
sont à la fois très fidèles et
parfaitement claires. Dans l'ensemble, les
résultats du travail atteignent à la
vraisemblance la plus grande que l'on puisse
espérer en un tel sujet. Même après
C. Ritter, M. D. apporte la contribution
la plus utile à l'interprétation de ce
difficile dialogue.
Albert Rivald.
61. Lewis Richard FARNELL. The Cuits
of the Greek States, vol. V. Oxford,
Clarendon Press, 1909. In-8°, vi-
495 p., 61 pi.
Le présent volume termine cette
belle publication, dont nous avons eu
l'occasion d'entretenir nos lecteurs en
leur présentant les volumes III et IV
(t. XX, p. 385). L'auteur étudie cette
fois le culte d'Hermès, celui de
Dionysos et les cultes des divinités mineures,
telles que les forces de la nature, Hé-
lios, les Nymphes, les Horai et les
Charités. Il observe toujours le même
plan : il précise autant que possible
l'histoire et les différents caractères de
chaque divinité, puis fait apparaître à
nos yeux les monuments élevés en son
honneur et suit le développement du
type idéal qui la figure. Le groupement
des références, le registre géographique
qui les accompagne, les nombreuses
planches qui donnent l'illustration
archéologique et numismatique du texte,
un index suffisamment fourni font que
ce livre agréable à lire est aussi utile
et commode à consulter.
Toutefois l'auteur lui-même, arrivé
au bout de la carrière qu'il se
proposait de parcourir, s'adresse deux
reproches. Pour l'un il a une bonne
réponse ; pour l'autre il trouve une
excuse qu'on peut ne pas admettre. 11
s'aperçoit qu'il n'a pas rempli complè-