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Dossier scientifique

Diagnostic anténatal des infections virales


materno-fœtales
Christelle Vauloup-Fellous*
AP-HP, Hôpital Paul Brousse, Groupe Hospitalier Universitaire Paris-Sud, Service de Virologie, Centre national de référence associé
Rougeole-Oreillons-Rubéole, Université Paris-Sud, INSERM U1193,Villejuif, France,
« Groupe de Recherche sur les Infections pendant la grossesse »,Velizy, France.
*Auteur correspondant : Christelle.vauloup@aphp.fr (C. Vauloup-Fellous).

© Crystal light/stock.adobe.com
RÉSUMÉ
Les principaux virus responsables d’infections acquises in utero sont le cytomégalovirus (CMV), le virus de la rubéole, le
parvovirus B19, le virus de la varicelle et du zona (VZV), et le virus Zika. Au cours de la grossesse, la transmission de cer-
tains virus au fœtus et leur retentissement embryo-fœtal est très variable selon l’agent causal et l’âge gestationnel auquel
la mère s’est infectée. Les conséquences les plus sévères pour le fœtus sont majoritairement observées au cours des
primo-infections maternelles survenues en première moitié de grossesse. Le diagnostic prénatal de ces infections virales
congénitales est actuellement possible grâce à des outils biologiques dont la fiabilité est souvent proche de 100 %. L’objectif
de cet article est de faire le point sur les outils du diagnostic anténatal et leurs indications.

MOTS CLÉS ABSTRACT


◗ diagnostic anténatal
◗ infections virales
Prenatal diagnosis of viral maternofetal infections
materno-fœtales Viruses that can be transmitted from mother to fetus during pregnancy are mainly
◗ prise en charge
rubella virus, cytomegalovirus, varicella zoster virus, parvovirus B19 and Zika virus.
Congenital infections may lead to severe damage of the fetus or the newborn
KEY WORDS depending on the infectious agent and the term of pregnancy where the infection
◗ management occurred. Symptomatic congenital infections more likely occur in case of maternal
◗ prenatal diagnosis primary infection in the first half of pregnancy. Prenatal diagnosis mainly relies on
◗ viral materno-fetal PCR on amniotic fluid, and is usually very reliable. The aim of this article is to des-
infections cribe biological tools available for prenatal diagnosis, and management of congenital
viral infections.
© 2019 – Elsevier Masson SAS
Tous droits réservés.

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Infections materno-fœtales

Introduction Le 2nd objectif est de dépister une éventuelle primo-


infection qui serait survenue entre le premier dépis-
Plusieurs virus peuvent être transmis d’une femme tage et la 20e semaine d’aménorrhée (SA). C’est cette
enceinte à son fœtus, et être à l’origine (selon l’agent sérologie qui est le plus souvent le point d’appel
d’une infection rubéoleuse maternelle car le dia-
responsable et la période de contamination) : d’un
gnostic clinique est peu fiable en raison des signes
avortement spontané, d’une embryopathie (malfor-
cliniques inconstamment présents et peu spécifiques.
mation congénitale), de pathologies fœtales, d’at-
Le pronostic de l’infection rubéoleuse congénitale
teintes du nouveau-né (naissance d’un enfant mort-
est étroitement corrélé à l’âge gestationnel auquel
né ou maladie néonatale clinique), ou avoir des la mère s’est infectée. En cas d’infection maternelle
conséquences post-natales différées de quelques avant 12 SA, la fréquence de l’infection fœtale est de
mois à quelques années alors que l’infection était 90 % et le risque d’anomalies fœtales majeures est
inapparente à la naissance. Les principaux virus res- très important (de l’ordre de 90 %). L’atteinte virale
ponsables d’infections acquises in utero sont le cyto- au cours de l’embryogenèse se traduit essentielle-
mégalovirus (CMV), le virus de la rubéole, le parvovi- ment par des malformations cardiaques, une dimi-
rus B19, le virus de la varicelle et du zona (VZV), et le nution de l’audition, une atteinte oculaire (microph-
virus Zika. Les circonstances du diagnostic de talmie, cataracte, rétinopathie, glaucome,
l’infection fœtale sont variables : diagnos- opacités cornéennes), et peut s’accom-
tic de l’infection maternelle à l’occa- pagner d’atteintes du système ner-
sion d’un dépistage systématique veux central (microcéphalie, retard
ou de signes cliniques maternels, En cas d’infection mental) [1]. Certaines lésions
ou obser vation d’anomalies restent longtemps évolutives
échographiques. Les techniques maternelle après la naissance et le pronos-
diagnostiques permettant de avant 12 SA, tic à long terme d’une rubéole
confirmer une infection congé- congénitale malformative est
nitale dans la période prénatale la fréquence très réservé, surtout en ce qui
sont aujourd’hui relativement de l’infection fœtale concerne l’avenir psychomoteur.
fiables sous réserve de respec- est de 90 % En cas d’infection maternelle
ter un certain nombre de règles. entre 12 et 18 SA, la fréquence
Enfin, la prise en charge des infec- des anomalies est variable et les
tions virales materno-fœtales, sou- séquelles le plus souvent constatées
vent difficile, repose sur l’évaluation des sont auditives (perte d’audition, qui peut
risques encourus par le fœtus/le nouveau-né, se développer tardivement après la naissance).
et doit s’effectuer au sein d’une équipe pluridiscipli- En cas d’infection maternelle après 18-20 SA, ce
naire de diagnostic prénatal (CPDPN). risque malformatif est quasi-nul [2].
Le diagnostic prénatal de l’infection fœtale repose
soit sur la mise en évidence des IgM rubéoleuses
Virus de la rubéole dans le sang fœtal, soit sur la mise en évidence du
génome viral dans le liquide amniotique (LA) par
Grâce à la vaccination, la séroprévalence vis-à-vis RT-PCR [3-4]. La spécificité de ces deux procédures
de la rubéole chez les femmes en âge de procréer est voisine de 100 % et leur sensibilité supérieure à
en France est supérieure à 95 %. Toutefois, afin de 90 %, à condition :
maintenir cette couverture immunitaire optimale, la ◗ qu’un délai d’au moins 6 semaines entre l’infection
HAS a, en 2009, émis les recommandations suivantes : maternelle et la ponction de LA soit respecté ;
« …il est recommandé qu’une sérologie rubéoleuse soit ◗ que les prélèvements soient effectués à partir de la
proposée à l’occasion de la première consultation préna- 21e SA ;
tale, en l’absence de preuve écrite de l’immunité et sauf ◗ que le sang fœtal soit conservé et transporté à
si deux vaccinations contre la rubéole documentées ont +4 °C au laboratoire mais qu’impérativement le LA
été antérieurement réalisées, à seule fin de déterminer soit conservé et transporté congelé (en effet, le virus
le statut immunitaire vis-à-vis de la rubéole… Chez les de la rubéole est un virus enveloppé fragile et les
femmes enceintes séronégatives, une nouvelle sérologie RNases présentes dans le LA détruisent très rapide-
rubéoleuse devra être proposée uniquement à 20 SA, à la ment l’ARN viral)
recherche d’une éventuelle séroconversion ». Le 1er objec- En raison des difficultés de prélèvement de sang fœtal,
tif de cette sérologie effectuée pendant la grossesse le diagnostic prénatal de la rubéole congénitale est,
est donc de dépister les femmes enceintes séroné- aujourd’hui, essentiellement réalisé par la détection de
gatives afin de les vacciner après l’accouchement. l’ARN viral sur le LA.

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En dehors de l’âge gestationnel auquel survient la les plus fréquemment observées sont des déficits de
rubéole maternelle, aucun facteur prédictif de sévérité l’audition et des déficits cognitifs d’apparition parfois
n’a été établi. On peut résumer la prise en charge de tardive, qui justifient une surveillance pédiatrique spé-
la façon suivante : cifique pendant les premières années de vie. À côté de
◗ avant 18 SA : la fréquence des infections fœtales étant ce tableau gravissime, on estime que, dans 90 % des cas,
très importante, une interruption de grossesse pour l’infection congénitale à CMV est asymptomatique à la
raison médicale peut être acceptée, en particulier si naissance. Néanmoins, pour ces enfants une surveillance
l’infection a eu lieu avant 12 SA ; cependant, un examen clinique est indispensable car, parmi ces formes initiale-
échographique détaillé et une recherche de l’ARN ment silencieuses, 5 à 10 % des enfants développeront
viral dans le LA sont recommandés. Si la grossesse est des séquelles neuro-sensorielles à type de surdité le
poursuivie sans recherche virale en prénatal, un exa- plus souvent. Partielle ou totale, cette surdité peut ne
men pédiatrique et la recherche des IgM rubéoleuses pas se manifester dès la naissance et se développer
chez le nouveau-né à la naissance sont indispensables ; ultérieurement au cours des premières années de vie.
◗ après 18 SA : il sera proposé une simple surveillance Au total, parmi les enfants infectés in utero, environ 80 %
échographique. Un examen pédiatrique à la naissance, ne garderont aucune séquelle de cette infection.
incluant la recherche des IgM rubéoleuses chez le Les risques encourus par le fœtus lors d’une infection
nouveau-né, est souhaitable afin de vérifier maternelle secondaire sont moins bien connus.
l’absence d’infection. Si un nouveau-né est Les études rapportent que, même si une
effectivement infecté, un suivi pédia- immunité préexistante à la grossesse
trique et notamment ORL et neuro- confère une certaine protection, celle-
logique peut être proposé même Les infections ci n’est pas suffisante pour empê-
si le pronostic de ces infections à cytomégalovirus cher la transmission du CMV ou
congénitales est excellent. pour prévenir la survenue d’ano-
représentent la malies plus ou moins graves chez
Cytomégalovirus première cause le fœtus. En effet, les dernières
d’infections études montrent que le risque de
On estime que les infections à déficit auditif est équivalent que
CMV représentent la première
congénitales dans les l’infection congénitale soit consé-
cause d’infections congénitales dans pays développés cutive à une primo-infection ou une
les pays développés et serait la prin- infection secondaire maternelle.Toute-
cipale cause de handicaps neurosenso- fois ce déficit semble plus sévère en cas
riels consécutifs à une infection congénitale. de primo-infection [9].
Il y aurait chaque année en Europe environ 0,4 % Le dépistage systématique de l’infection à CMV
des nouveau-nés qui auraient acquis cette infection in pendant la grossesse n’est actuellement pas recom-
utero [5-7]. La transmission materno-fœtale du CMV mandé dans la plupart des pays, et de nombreuses
résulte d’une primo-infection maternelle péri- ou post- infections à CMV au cours de la grossesse passent
conceptionnelle, ou d’une infection secondaire mater- inaperçues. Toutefois, en présence d’anomalies écho-
nelle (réactivation ou réinfection). graphiques évocatrices [retard de croissance intra-uté-
Le risque de séquelles pour le fœtus est maximum rin (RCIU), anomalies cérébrales, oligoamnios, intestin
(20-60 %) lorsque l’infection maternelle survient avant hyperéchogène, anarsaque…], une infection congénitale
la 20e SA et moindre par la suite. Les manifestions cli- à CMV doit être envisagée (mais uniquement si la mère
niques observées peuvent être une microcéphalie, une est séropositive pour le CMV : IgG positives quel que
hydrocéphalie, une hypotrophie, une hepatosplénomé- soit le titre) et recherchée.
galie, des calcifications cérébrales ou intra-hépatiques… L’indication du diagnostic prénatal suite à une primo-
Les atteintes fœtales les plus graves se traduisent par infection maternelle, mais sans signe échographique, est
la maladie des inclusions cytomégaliques qui s’accom- discutée dans la mesure où les traitements pouvant
pagne d’une mortalité de 30 % à court/moyen terme, être proposés en cas d’infection fœtale, sont encore
et en cas de survie induit des dommages qui peuvent en cours d’évaluation, tandis que le risque de l’amnio-
persister et occasionner dans 80 % des cas de lourdes centèse n’est pas nul. De plus, en l’absence d’anoma-
séquelles à long terme [8]. L’amélioration de la qualité lies échographiques, il est encore difficile actuellement
des échographes et de la résolution de l’IRM permet d’évaluer le risque fœtal car il n’existe pas de para-
maintenant de diminuer le nombre de cas où la gravité mètres fiables pour faire la distinction entre un fœtus
de l’atteinte neurologique ne peut pas être appréciée infecté et un fœtus cliniquement atteint.
en anténatal. La souplesse quant au délai de recours à La vérification de la négativation de la virémie mater-
l’interruption de grossesse pour raison médicale, dans nelle, avant de pratiquer un diagnostic anténatal, est sou-
notre pays, contribue à diminuer le nombre de nou- haitable pour éviter tout risque d’infection fœtale iatro-
veau-nés naissant sévèrement atteints. Les séquelles gène même si ce risque est probablement exceptionnel.

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Infections materno-fœtales
En effet, le virus peut persister dans le sang pendant ou son nouveau-né (en cas d’infection maternelle dans
plusieurs semaines expliquant qu’une infection acquise le peri-partum). La varicelle se caractérise par une
dans les semaines précédant la conception puisse éruption vésiculaire généralisée prurigineuse, associée
entraîner une infection fœtale. à de la fièvre. Les formes asymptomatiques chez l'adulte
Le diagnostic d’infection fœtale est réalisé par la mise étant rares, le diagnostic de l’infection maternelle est le
en évidence du génome viral (par PCR) dans le LA. La plus souvent uniquement clinique.
spécificité de la PCR est proche de 100 % et sa sensibi- Le risque malformatif lié au VZV lors d’une infection
lité est supérieure à 95 % si l’amniocentèse est réalisée survenant avant 20 SA est de moins de 2 % [12]. Par
au moins 6 semaines après l’infection maternelle et à ailleurs, les fœtopathies consécutives à des infections
partir de la 21e SA, ou dès la constatation des anomalies maternelles entre 20 et 28 SA sont rarement rappor-
échographiques. Une meilleure sensibilité de la PCR tées dans la littérature tandis qu’après 28 SA le risque
par rapport à la culture dans ce contexte a clairement semble être proche du nul. La fœtopathie varicelleuse
été démontrée dans la littérature [9]. La recherche du est de pronostic sévère et le tableau clinique comprend
génome viral est constamment positive si le CMV est des lésions cutanées cicatricielles pigmentées suivant
responsable des anomalies échographiques observées. une distribution en dermatome (70 % à 100 % des cas),
Toutefois, en l’absence d’anomalies échographiques, des anomalies neurologiques (50 à 60 % des cas) de type
la présence du virus dans le LA ne préjuge microcéphalie avec atrophie corticale, des ven-
en rien du degré de l’atteinte clinique du triculomégalies, ainsi que des calcifications
fœtus. La ponction de sang fœtal, en intracrâniennes pouvant entraîner des
vue de la recherche des IgM ou de crises d’épilepsie ainsi qu’un retard
l’ADN viral n’est pas recomman- Le risque mental. L’hypoplasie des membres
dée car, quelle que soit la tech- malformatif lié au et d’autres anomalies squelet-
nique utilisée, elle ne permet pas tiques sont rapportées dans 37 %
de détecter avec une sensibilité virus de la varicelle à 70 % des cas, des calcifications
suffisante l’infection à CMV. et du zona lors d’une hépatiques/abdominales/tho-
Quoi qu’il en soit, lorsqu’une raciques dans 37 % des cas, un
primo-infection maternelle à
infection survenant
retard de croissance intra-utérin
CMV est diagnostiquée avec certi- avant 20 SA est de dans 22 % des cas, et des anoma-
tude, le fœtus doit bénéficier d’une moins de 2 % lies génito-urinaires dans 12 % des
surveillance échographique étroite cas. Les anomalies ophtalmologiques
et répétée (en général mensuelle) dans peuvent se manifester par une atrophie
un centre spécialisé en médecine fœtale du nerf optique, une cataracte congénitale,
car cela reste un examen performant pour une microphtalmie, et/ou une choriorétinite
détecter les atteintes fœtales, l’existence/l’évolution des [13-14]. Les anomalies congénitales sont imputées au
signes échographiques ayant une bonne valeur pronos- caractère neurotrope du VZV et à la perturbation du
tique. Cette surveillance doit être poursuivie jusqu’à la développement du système nerveux central au moment
fin de la grossesse, les signes échographiques pouvant de l’infection disséminée à VZV in utero.
apparaître tardivement. L’infection fœtale peut être diagnostiquée en prénatal
par la recherche du VZV par PCR dans le LA [15]. La
culture du VZV, dans cette indication, ne devrait plus
Virus de la varicelle être utilisée en raison de sa plus faible sensibilité. La
et du zona ponction de LA doit être effectuée au minimum 1 mois
après l’infection maternelle afin de limiter le risque
En France, où la vaccination généralisée des jeunes de faux négatif, et après la négativation de la virémie
enfants vis-à-vis du virus de la varicelle et du zona maternelle afin d’éviter les faux positifs (contamination
(VZV) n’est pas recommandée, la varicelle survient du LA par le sang maternel au moment du geste). Les
habituellement avant 10 ans, et la séroprévalence dans IgM dans le sang de cordon ne sont pas un marqueur
la population générale après 15 ans est de plus de 90 %. fiable de l’infection congénitale. Il y a aucune étude sur
L’incidence de la varicelle étant plus faible dans les pays les valeurs prédictives positive et négative de la PCR
tropicaux, les femmes en provenance de ces pays sont VZV dans le LA, mais compte tenu de l’excellente sen-
donc plus à risque de faire une primo-infection à l’âge sibilité et spécificité de la PCR, et par analogie avec
adulte [10]. L’incidence en France de l’infection pendant les autres agents infectieux responsables d’infections
la grossesse est méconnue mais on estime que moins congénitales, elle permettra, en cas de négativité, de
de 800 femmes enceintes seraient infectées par an [11]. rassurer les parents sur l’absence de risque de varicelle
Chez la femme enceinte, l’infection par le VZV peut être congénitale [16-17]. Toutefois, le risque de syndrome
à l’origine de complications sévères pour elle-même, de varicelle congénitale étant faible, et le pronostic de
son fœtus (en cas d’infection maternelle avant 20 SA) l’infection fœtal reposant sur la nature des anomalies

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échographiques, il peut être proposé de ne pas faire nelle et l’apparition des premiers signes d’anasarque
de diagnostic invasif mais d’effectuer uniquement un à l’échographie.
suivi échographique spécifique et répété et éventuelle- Le diagnostic d’anasarque est échographique. Elle est
ment une IRM [17-19]. Comme il a été rapporté pour définie par la présence d’au moins 2 signes fœtaux
d’autres infections congénitales, il est possible que (ascite, épanchement péricardique, épanchement pleu-
l’échographie seule ne soit pas un outil diagnostique ral, œdème sous-cutané > 5 mm mesuré perpendicu-
optimal, et que sa valeur prédictive positive puisse êtrelairement au niveau du front), ou d’un signe fœtal et
améliorée si l’infection congénitale est avérée (PCR d’un signe annexe (œdème placentaire, hydramnios). La
positive dans le LA). prise en charge d’une anasarque fœto-placentaire est
une situation d’urgence. La recherche de signes indirects
d’anémie fœtale est réalisée par mesure Doppler de la
Parvovirus B19 vitesse systolique dans les artères cérébrales moyennes
fœtales. Cette évaluation indirecte du taux d’hémoglo-
En France, environ 50 % à 60 % des femmes en âge bine fœtale permet d’orienter éventuellement vers une
de procréer sont immunisées vis-à-vis du parvovirus transfusion fœtale in utero. Cette procédure invasive est
B19. Il n’existe pas de politique de dépistage séro- le plus souvent l’occasion de prélever du LA ou à
logique systématique des femmes enceinte, défaut (en cas d’anamnios) du sang ou de l’as-
et le diagnostic maternel (confirmé par cite fœtale afin d’y rechercher le génome
la sérologie) est donc le plus sou- viral. Bien que l’on puisse diagnosti-
vent évoqué soit en cas de signes quer l’infection congénitale même en
maternels évocateurs (éruption l’absence de signes fœtaux, ce dia-
maculo-papuleuse, arthralgies), La plupart des
gnostic n’est en général pas requis
soit à l’occasion d’une épidé- infections congénitales dans les cas d’infection mater-
mie (30-50 % des infections sont nelle soupçonnée ou confirmée si
asymptomatiques). Le diagnostic à parvovirus B19 se
l’échographie fœtale est normale.
fœtal est quant à lui évoqué lors résolvent spontanément Le diagnostic prénatal de l’infec-
de la découverte d’une anasarque tion fœtale à Parvovirus B19 s’ef-
à l’échographie de façon fortuite, sans séquelle
fectue par recherche du génome
ou au cours de la surveillance écho- viral par PCR dans le LA ou le sang
graphique instaurée après notion fœtal (éventuellement l’ascite fœtale).
d’infection maternelle. La recherche d’IgM dans le sang du fœtus
En cas de primo-infection en cours de prélevé par cordocentèse n’est pas suffisam-
grossesse, le risque de transmission de l’infec- ment fiable car sa sensibilité n’est que de 50 %
tion à parvovirus B19 de la mère au fœtus est de [23-24].
l’ordre de 30 % et existe tout au long de la grossesse
à partir de 7-8 semaines d’aménorrhée [20]. La plu-
part des infections congénitales à parvovirus B19 se Virus Zika
résolvent spontanément sans séquelle. Lorsqu’il sur-
vient, l’anasarque foeto-placentaire s’explique notam- Bien que connu depuis de nombreuses années, le virus
ment par l’anémie fœtale. Une insuffisance cardiaque Zika a été à l’origine d’une épidémie massive en Amé-
liée à la myocardite virale peut également être un rique du Sud et centrale ainsi que dans les Caraïbes
facteur d’anasarque. Les connaissances actuelles ne courant 2015-2016. À cette occasion le potentiel téra-
semblent pas indiquer que l’infection à parvovirus togène du virus a pu être confirmé [25]. Par analogie
B19 soit responsable d’anomalies congénitales. Tou- aux autres virus tératogènes, certainement que suite
tefois, une anémie grave peut constituer un facteur à l’infection maternelle, seuls certains fœtus seront
indépendant de risque de séquelles neurologiques infectés et que parmi ceux-ci, une fraction seulement
à long terme. C’est au 2nd trimestre de la grossesse développera une fœtopathie sévère tandis que d’autres
que l’infection par le parvovirus B19 semble la plus resteront asymptomatiques. Les données actuellement
redoutable. Il est alors responsable de fausse couche disponibles tendent à montrer que le risque de trans-
spontanée ou d’une anasarque dont la fréquence est mission serait plus élevé en cas d’infection maternelle
de l’ordre de 30 à 40 % en cas de passage transpla- au 1er trimestre de la grossesse même si ce risque per-
centaire dans les infections de la première moitié de siste toute la grossesse [26-27]. Parmi les enfants nés
la grossesse [21-22]. Une femme infectée au cours de mères ayant été infectées en cours de grossesse, la
de sa grossesse bénéficie en général d’échographies proportion d’enfants ayant des atteintes neurologiques
hebdomadaires, ou toutes les deux semaines pendant en lien avec une infection congénitale à virus Zika est
8 à 12 semaines après l’infection afin de déceler la probablement de l’ordre de 5-7 % bien que des chiffres
présence d’anasarque. Il existe une période de latence plus alarmants (jusqu’à 42 %) aient pu être publiés au
d’environ 6 semaines entre la séroconversion mater- début de l’épidémie [28-29].

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Infections materno-fœtales
L’infection a virus Zika est le plus souvent asympto- Une surveillance échographique rapprochée avec
matique ou se manifeste par un syndrome algo-éruptif mesure du périmètre céphalique (évalué avec les mêmes
bénin spontanément résolutif. En conséquence, pour courbes biométriques à chaque examen) doit être réa-
les patientes ayant séjourné au cours de leur grossesse lisée et une IRM discutée au moindre doute sur l’exis-
dans un pays d’endémie, seules des sérologies permet- tence d’une infection par le virus Zika (voyage en zone
tront de savoir si elles ont été exposées au virus. En d’endémie en cours de grossesse) ou en cas d’infection
cas d’IgM ZIKA maternelle positive, de virurie/virémie maternelle confirmée.
positive chez la mère, ou en cas d’anomalie échogra-
phique, un diagnostic prénatal de l’infection congénitale
peut être envisagé. Conclusion
La PCR Zika peut être réalisée sur LA sans que l’on
connaisse, pour l’instant, la sensibilité et la spécificité de D’une façon générale, le diagnostic d’infection virale
ce test. Par analogie aux autres infections virales congé- fœtale est réalisé par la mise en évidence du génome viral
nitales, il est actuellement empiriquement recommandé (par PCR) dans le LA. Pour le virus de la rubéole, le CMV
d’effectuer l’amniocentèse au moins 6 semaines après et leVZV, la spécificité de la PCR est proche de 100 % et sa
l’infection maternelle et à partir de la 21e SA. Si sensibilité est supérieure à 95 % si l’amniocentèse
en général la PCR est positive en cas d’in-
est réalisée au moins 6 semaines après
fection congénitale, il a toutefois été
observé quelques cas de négativa- l’infection maternelle et à partir de
tion de la PCR dans le LA et le sang la 21 e SA, ou dès la constatation
fœtal chez des fœtus cliniquement
La PCR Zika peut des anomalies échographiques.
atteints. Bien qu’un faux néga- être réalisée sur liquide Concernant l’infection à virus
tif ne puisse être formellement amniotique sans que l’on Zika, et contrairement aux autres
exclu, il apparaît de façon tout à infections congénitales virales, il
fait exceptionnelle (par rapport connaisse, pour l’instant, faut garder à l’esprit qu’une PCR
aux persistances prolongées du la sensibilité et la négative dans le LA ou le sang
virus de la rubéole ou du CMV en
spécificité de ce test fœtal n’exclut pas formellement
cas d’infection acquise in utero) que
dans le cas d’une infection congéni- l’infection congénitale. En revanche,
tale à virus Zika, le virus puisse être pour toutes ces infections congénitales
éliminé du sang fœtal et du LA sans tou- virales, une PCR positive confirme
tefois qu’il y ait guérison puisque l’ADN viral a l’infection congénitale sans toutefois présager
été retrouvé post-mortem dans les biopsies cérébrales du caractère éventuellement symptomatique ni de la
de ces fœtus. Ces observations soulèvent le problème sévérité à court ou moyen terme de cette infection. QQ
du moment idéal pour faire l’amniocentèse, et de la
valeur prédictive négative de cet examen [31]. La même Liens d’intérêts : l'auteure déclare ne pas avoir de liens
étude rapporte également une virémie transitoire chez d'intérêts.
certains fœtus. En revanche, il semble qu’un titre élevé
d’IgM totales dans le sang fœtal ait été observé dans
tous les cas y compris chez les fœtus ayant « éliminé » le
virus. Les travaux sont encore peu nombreux et portent
sur de petites séries ce qui incite à rester prudent quant
à la sensibilité et la spécificité de ces examens. De plus,
Points à retenir
les études ayant pour l’instant été réalisées chez des ◗tLe diagnostic d’infection virale fœtale est en général
fœtus symptomatiques, on ne connaît pas les perfor- réalisé par la mise en évidence du génome viral (par
mances des outils biologiques pour le diagnostic des PCR) dans le LA.
infections congénitales asymptomatiques, et, de même ◗tL’amniocentèse doit être réalisée au moins 6 semaines
aucune donnée n’est pour l’instant disponible sur la après l’infection maternelle et à partir de la 21e SA, ou
dès la constatation des anomalies échographiques.
valeur pronostique d’un résultat de PCR positif dans le
LA en l’absence de signe échographique. Il n’y a donc ◗ t Concernant l’infection à virus Zika, une PCR négative
pas actuellement d’éléments permettant de définir les dans le LA ou le sang fœtal n’exclut pas formellement
l’infection congénitale.
indications de l’amniocentèse (en l’absence de signes
◗tUne PCR positive dans le LA ou le sang fœtal confirme
échographiques) chez une patiente ayant contracté l’infection congénitale sans présager du caractère
l’infection en cours de grossesse ni les conditions opti- symptomatique ni du pronostic de cette infection.
males pour la réaliser (délai entre infection maternelle ◗tLe diagnostic prénatal par la recherche des IgM fœtale
et la ponction, âge gestationnel pour réaliser la ponction, n’est fiable que pour le virus de la rubéole.
durée de la présence du virus dans le LA/sang fœtal).

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Dossier scientifique

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34 REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES • N° 509 • FÉVRIER 2019

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