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LE NOMBRE D'OPERATIONS A DOUBLE EN CINQ ANS

Chirurgie de l'obésité :
gare aux dérives une complication susceptible d'être amélio-
rée par la chirurgie : diabète, hypertension,
etc. Les interventions sont soumises à un
accord préalable de l'assurance-maladie, qui
repose notamment sur l'IMC des patients.
Mais le médecin peut indiquer ce qu'il veut.
Le recours au bistouri pour maigrir est de plus en plus fréquent. «Les personnes qui veulent se faire opérer
à tout prix trouvent toujours un chirurgien
Parfois à tort et, surtout, pas sans risque. Texte Isabelle Verbaere pour le faire, même si elles ne répondent pas
au critère de corpulence », confie le Dr Boris
Hansel, médecin nutritionniste et endocri-

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ean-Charles, la trentaine, a perdu digestive, dont une majorité, encouragée par
58 kg en un an grâce à une interven- une demande forte, applique des dépasse- nologue à l'hôpital Bichat-Claude Bernard
tion appelée bypass qui a réduit la ments d'honoraires. «C'est maintenant une à Paris. Un constat partagé par un médecin
taille de son estomac et court-circuité part très importante de l'activité de beaucoup réanimateur : « Ces opérations représentent
une fraction de son intestin. «Je pesais 150 kg de mes confrères, constate le Dr Patrick une manne pour certains chirurgiens, qui
pour 1,80 m, confie-t-il. Après une période Bergevin, qui exerce cette spécialité au centre opèrent sans respecter les indications. C'est
difficile, il y a une dizaine d'années, j'étais an- hospitalier du Montgardé à Aubergenville ainsi que les patients aboutissent parfois en
goissé et je mangeais pour compenser. Pour (Yvelines)». Comme par hasard, c'est dans réanimation avec des complications graves.»
finir, j'ai arrêté toute activité physique alors les régions où ces spécialistes sont les plus Autre recommandation : avant de passer
que j'étais hypersportif. J'ai pris 20 kg en trois nombreux que l'on dégaine le plus souvent au bloc, le patient doit avoir essayé de perdre
mois,puis 10 l'année suivante.» Jean-Charles le bistouri, comme en Provence-Alpes-Côte du poids en changeant son hygiène de vie et
suit plusieurs régimes, mais reprend à chaque d'Azur. C'est pourtant l'une des régions où ses comportements alimentaires. Or, certains
fois plus de poids qu'il n'en perd. « J'ai la proportion d'obèses est la plus faible sont d'autant moins motivés à le faire qu'ils
consulté un nutritionniste qui m'a appris à (11,7 % contre 15 % au niveau national). sont persuadés que le bistouri les fera maigrir
équilibrer mes repas, j'ai repris le sport, sans rapidement, sans effort et définitivement
résultat. Je ne pouvais m'empêcher de gri- Une manne pour ceux qui opèrent Pour les mêmes raisons, ils ne comprennent
gnoter.» Sa corpulence devient un handicap sans respecter les indications pas pourquoi, lorsqu'ils ont décidé d'être
et, en 2011, il opte pour la chirurgie. « Ces chiffres interrogent sur la pertinence opérés, ils ne le sont pas dans le mois qui
En France, 42 000 personnes ont été opé- du recours à la chirurgie bariatrique», s'in- suit... «La chirurgie de l'obésité ne relève
rées pour maigrir en 2013. Les premières quiète l'assurance-maladie dans un rapport pas de l'esthétique, martèle le Pr Nocca. Elle
techniques, comme l'anneau et le bypass, sont de février 2013. Pourtant, la HAS a fixé des comporte des risques importants.» La mor-
arrivées des Etats-Unis depuis une quinzaine conditions d'intervention précises. Le poids, talité opératoire s'élève à environ 1 % (hé-
d'années. Celle du «sleeve» (lire ci-contre) d'abord. La chirurgie doit être réservée aux morragie, anesthésie générale). Des compli-
est plus récente. En France, entre 2006 et cas d'obésité massive (indice de masse cor- cations peuvent aussi apparaître après
2011, le nombre d'interventions a doublé. porelle [IMC*] supérieur à 40) ou sévère l'intervention, notamment des fuites au ni-
Pourquoi ? D'abord parce que l'obésité mas- (IMC >35), quand elle est associée à au moins veau des sutures. Quant à la technique, non
sive touche plus de 550 000 Français (1,2 %).
Ensuite, l'amaigrissement obtenu est specta-
culaire : de 40 à 75 % de l'excès de poids selon
la technique. «La chirurgie s'adresse à des
patients qui ont des dizaines de kilos à perdre,
voire plus, et pour lesquels il n'existe aucune
prise en charge médicale efficace », assure le
Pr David Nocca, du CHU de Montpellier. Ce
médecin a dirigé les recommandations de la
Haute Autorité de santé (HAS) sur la chirur-
gie de l'obésité, publiées en 2009. « L'opéra-
tion les aide à maigrir durablement et aussi
à contrôler diabète, hypertension artérielle, L'anneau gastrique ajustable • par un boitier, installé sous la peau et placé en haut de l'esto-
hypercholestérolémie, apnée du sommeil, mac, délimite une petite poche. Cette technique, la seule réversible, permet la perte de 40 à
souvent associés à l'excès de poids sévère.» 6 0 % de l'excès de poids. Le bypass gastrique O réduit l'estomac et court-circuité une partie de
Enfin, ces interventions constituent une l'intestin, limitant l'assimilation des aliments. Moins 70 à 7 5 % de l'excès de poids. La gastrec-
tomie longitudinale (sleeve) • consiste à retirer les 2/3 de l'estomac, notamment la partie qui
manne pour certains spécialistes de chirurgie sécrète l'hormone de l'appétit (ghréline). Moins 45 à 6 5 % de l'excès de poids après deux ans.

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chirurgicale, du ballon intragastrique, que pensable pour ne pas retomber dans ses (troubles neurologiques) parfois irréversibles.
l'on introduit sousfibroscopiedans l'estomac anciens travers et courir à l'échec.» Des troubles psychologiques apparaissent
par la bouche, elle comporte aussi de nom- Car l'intervention ne protège pas de la parfois, entre autres d'anorexie. Le risque de
breuxrisques,notamment d'occlusion intes- reprise de poids. «Après deux ou trois ans suicide et d'alcoolisme est légèrement majoré
tinale. Un traitement non remboursé car, d'un amaigrissement spectaculaire, deux tiers après l'intervention.
selon l'HAS, son efficacité est insuffisante. des patients reprennent du poids, constate le Pourtant, moins de la moitié des opérés
«Avant une opération, une phase de pré- Dr Hansel. 20 à 30 % sont même en échec bénéficient encore d'un suivi cinq ans après
paration par une équipe pluridisciplinaire car ils ont perdu moins de la moitié de leurs l'intervention. D'abord, parce que de nom-
est indispensable, poursuit le Pr Nocca. Elle kilos de trop. » Et ils retournent chez le breux patients se croyant guéris ne viennent
doit durer au moins six mois. Le patient chirurgien. Ainsi, 24 % des personnes qui ont pas aux rendez-vousfixéspar l'équipe médi-
bénéficie notamment d'un bilan de son état bénéficié de la pose d'un anneau en 2009 ont cale. D'autant que certaines consultations,
de santé, de ses habitudes alimentaires et été réopérées par une autre technique deux notamment celles des psychologues ou des
d'une prise en charge psychologique. Mal- ans plus tard. « Ces réinterventions com- diététiciennes, ne sont pas remboursées.
heureusement, certaines équipes opèrent portent chaque fois des risques plus impor- Ensuite, parce que des services qui proposent
trop vite.» Et le Dr Bergevin de surenchérir : tants et représentent un poids financier cette chirurgie ne sont pas équipés pour
« La préparation est préconisée par la HAS considérable pour la société », souligne le accompagner les patients ou le négligent
mais, en pratique, le plus souvent réduite à Dr Bergevin. En 2013, la chirurgie de l'obé- — les établissements étant rémunérés à l'acte
sa plus simple expression : un coup de tam- sité a coûté 155 millions d'euros à la Sécu. par la CNAM, l'intervention rapporte beau-
pon sur le passeport pour la chirurgie ! Ce coup plus que le suivi.
qui hypothèque fortement les chances de Bypass et sleeve, des techniques Enfin, la France manque de spécialistes
succès de l'intervention.» Car l'obésité est qui exigent un suivi médical a vie pour assurer cette prise en charge post-opé-
souvent un symptôme d'un mal-être plus L'anneau, réversible mais qui peut se dépla- ratoire. Pour pallier cette situation, le Dr Han-
profond : «Manger à l'excès est une tentative cer tout seul, est de plus en plus remplacé par sel a créé un outil de télémédecine pour les
pour résoudre un problème intérieur et des gestes plus invasifs et définitifs. Le bypass patients opérés : «Ils sont invités régulière-
protège le patient d'une souffrance bien plus et la sleeve gastrectomie représentent désor- ment à répondre à des questions sur leur ali-
profonde à ses yeux que celle d'être gros», mais trois quarts des interventions. «Or ces mentation, leur niveau d'activité physique,
souligne Catherine Grangeard, psychologue techniques exigent un suivi médical à vie», leur poids, etc. Si un problème est détecté, on
et psychanalyste, et auteur de Comprendre poursuit le Pr Anne Dutour-Meyer, respon- leur propose de contacter l'équipe qui les a
l'obésité (Albin Michel). «La chirurgie ne sable du Centre spécialisé de l'obésité Paca opérés.» Aujourd'hui, cinq services offrent
dénoue pas ces rapports complexes au corps Ouest. « Car elles exposent à de graves ca- cette prestation qui pourrait être généralisée.
bien que de nombreux patients aient cette rences si le patient oublie de prendre ses vita- Car la HAS préconise quatre consultations
illusion.» Jean-Charles a rencontré une mines.» Les patients opérés, surtout par by- la première année après la chirurgie, et une
psychologue une quinzaine de fois au cours pass, assimilent en effet beaucoup moins les ou deux par an après. Avec 200 000 Français
de sa préparation. «Grâce à ce suivi, j'ai nutriments, car le lieu où se fait cette assimi- déjà opérés, le besoin est énorme. •
compris pourquoi je réprimais mes souf- lation est court-circuité. Ces carences peuvent
frances en mangeant. Cette étape est indis- *L'IMC se calcule en divisant le poids (en kilogramme)
provoquer ostéoporoses ou encéphalopathies par la taille (en mètre) au carré.

DÉCEMBRE 2014 £ S S

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