LE POING
Bulletin d’information de la Fédération syndicale étudiante (AGEP-FSE)
A I X – M A R S E I L L E 1 E N G R E V E - N ove mbre 2010
Réforme des
RETRAITES :
LE COMBAT CONTINUERA !
S o m m aire
Mobilisation sur les retraites, où
en sommes-nous? page 2
Éléments d'analyse du
mouvement. page 3
Retraites, emplois et salaires,
des questions indissociables.
page 3
L'assemblée générale. page 4
Le blocage, une question
récurrente. page 4
Qu'est-ce que la FSE? page 4
Quel impact Peuvent-ils avoir dans Les luttes?
SYNDICAL
En quoi les étudiants sont concernés?
Tout d'abord parce que les attaques sur l'âge de la retraite concernent
tous les salariés et futurs salariés. Les étudiants sont d'autant plus
pénalisés qu'ils arrivent de plus en plus tard sur le marché du travail. Cette
réforme fait que nous devrons cotiser plus longtemps, donc plus vieux.
Exercice difficile quand 23,3% d'entre les 15-24 ans subissent le chômage.
De plus, les étudiants connaissent déjà des conditions d'études et de
vie critiques. Ils subissent depuis des années des attaques répétées du
gouvernement visant à privatiser l'université, son système d'aides sociales
et à accroître la sélection sociale.
Tous les étudiants ne sont pas en lutte :les universités les plus
« huppées », formatrices d'élites ne sont pas prêtes à bouger pour un
combat qui les concerne peu. Nous, la majorité des étudiants, avons
intérêt à entrer dans la lutte générale contre la réforme des retraites. Nous
devons y apporter nos revendications propres : une université gratuite,
publique et ouverte a tous.
Nous sommes aussi concernés parce que les intérêts du patronat
s'opposent à ceux de tous les travailleurs, qu'ils soient en formation
(étudiants, lycéens, apprentis...), en période d'inactivité forcée (chômage,
RSA, invalidité...) ou à la retraite. Le ras le bol général des mensonges et
des attaques antisociales du gouvernement -la casse de tous les services
publics par exemple- est ainsi une preuve de cette divergence d'intérêts.
Cette réforme ne va pas dans nôtre sens, dans le sens de nos intérêts,
voilà pourquoi nous devons nous mobiliser contre cette réforme, aux côtés
des travailleurs et jusqu'à la victoire!
Les étudiants sont une force vive dans les
mobilisations contre le pouvoir. Cette force vient
de notre statut particulier et de notre capacité à
nous mettre en grève sans perte de salaire,
contrairement aux travailleurs. Les mouvements
étudiants, avec les mouvements lycéens,
peuvent être des atouts dans les luttes mais,
pour ce faire, ils doivent converger avec tous les
autres salariés en lutte pour bloquer l'économie,
et instaurer un véritable rapport de force.
 Soldarité
MOBILISATION CONTRE étudiants – travailleurs
LA REFORME SUR LES RETRAITES,
OÚ EN SOMMES NOUS ?
Dès le début, le mouvement contre la réforme des retraites s'est inscrit dans la
perspective d'une mobilisation longue et forte. Amorcé avant les grandes vacances, nombreux
doutaient de sa poursuite à la rentrée. Ajourd'hui, le travail a repris dans les grands bastions
de la grève et les actions comme les blocages économiques ont pris la place des grandes
manifestations nationales. Cependant une question demeure: La lutte peut-elle continuer sous
d'autres formes? Et cette question en implique nécessairement une autre: les lycéens et les
étudiants peuvent-ils être le second souffle de cette lutte?
Ce mouvement a démarré par les ouvriers et les salariés aux Et maintenant?
emplois les plus pénibles, les cheminots, les routiers, dockers, Est-il possible de continuer
éboueurs, les ouvriers des raffineries, employés du commerce... qui, à le combat sans sombrer dans le
eux seuls, peuvent paralyser une grande partie de l'économie romantisme? Pour y répondre, la
capitaliste. Ils ont réussi à ébranler le gouvernement, qui, face à FSE fait ce constat: des facs sont
l'ampleur de la contestation, a pris les mesures répressives habituelles: encore en grève, certaines parfois
envois de CRS, obligations de reprise de travail sous peine de prison... viennent de poser les piquets de
Rappelons aussi que ce mouvement a bénéficié d'un soutien massif de grève. Nous, étudiants ne
la population même si la grève par procuration ne permet pas de perdons pas de salaire, nous
construire un rapport de force victorieux en faveur des travailleurs. pouvons encore être décisifs et
permettre aux salariés de
Malgré l'impopularité de la réforme et la colère des travailleurs, le reprendre la grève. Mais la baisse
gouvernement a fait le choix de passer en force. Ce dernier poursuit sa de régime implique forcément un
politique d'inflexibilité initiée au cours des mouvements sociaux changement des modes de lutte,
antérieurs ( LRU, loi Bachelot, loi Darcos, carte judiciaire...): utilisation nous ne pouvons plus attendre les
du «vote bloqué» 44.3 au Sénat dans le but d'écourter le débat et de grandes journées de mobilisation.
freiner le mouvement. Nous devons bien entendu
travailler autant que possible
Nous ne nous leurrons pas, la lutte semble ralentir cruellement et avec les salariés en participant
ce malgré « les journées de temps fort » auxquelles les grandes aux actions de blocages
centrales syndicales continuent d'appeler. Les salariés reprennent le économiques. Mais aussi
travail. Mais qui pourrait leur en vouloir, après une lutte aussi continuer à informer car cette
acharnée, après tant de journées de salaire perdues? Nous ne sommes lutte, victorieuse ou pas, n'est
pas dupes non plus des stratégies éléctorales des quelques politiciens que le début des attaques
qui accompagnent les leaders syndicaux réformistes dans les cortèges. antisociales des années à venir.

« Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux »
Etienne de la Boétie

CHRONOLOGIE DU MOUVEMENT
 ÉLÉMENTS D'ANALYSE DU MOUVEMENT
Un coût important pour le patronat:
Les blocages économiques ont été la demonstration que ce ne
sont pas les patrons qui amènent de l'essence dans les stations.
Que sans les travailleurs pas de production, pas de profits. Le
patronat a été contraint d'importé de l'essence et de l'éléctricité
alors que la France est un des plus gros pays exportateurs.
Maintenant il accuse le coup et déplore des pertes comprises entre
200 et 400 millions d'euros. Pour rappel : par la réforme des
retraites des cheminots en 2007, l'état avait économisé 3 milliards
d'euros sous prétexte de crise. Il avait dans le même temps baissé
l'impôt sur la fortune, perdant ainsi 15 milliards d'euros!
Des grévistes héroïques:
Pertes de salaires, répressions patronales et policières, les salariés grévistes ont fait preuve d'une
détermination exceptionnelle : 20 jours de grève à Monoprix, 33 jours de grève reconductible pour les
terminaux pétroliers de Fos-Lavera , 20 jours de grève pour les grutiers du port de Marseille, 14 jours pour
les éboueurs de Marseille...
Des petites victoires locales
Si la réforme des retraites n'a pas été retirée, quelques petites victoires
locales ont été arrachées. La première grève de l'histoire des employés
de Monoprix du Prado s'est soldée par l'augmentation des temps partiels,
la requalification des personnels, le paiement de tickets restaurant, la
mise à disposition de place de parking pour le personnel et le paiment
des 20 jours de grève. Cette victoire est due en grande partie au choix
de lutte des employés: grève reconductible, blocage et occupation. Cette
lutte est exemplaire et donne espoir aux salariés du commerce.
Force syndicale et limites d centrales
Dans un premier temps, la CGT et les autres syndicats (CFDT, FO, Solidaire...) ont fait une véritable
démonstration de force dans les manifestations, malgré l'espacement des dates de « temps fort ». Il fallait
être aveugle pour ne pas voir les capacités mobilisatrices des syndicats. Par la suite, des blocages
économiques ont été impulsés par les bases les plus combatives. Il faut néanmoins souligner l'absence de
mot d'ordre au plus fort de la grève et la difficulté d'entrer dans la lutte pour les intérimaires, chômeurs,
retraités... à qui il ne reste que les manifestation comme possibilité de contestation. La difficulté de
s'organiser pour ces catégories de la population est flagrante.
Répression
Les forces de l'ordre sont intervennues -une fois n'est pas coutume- sur les facs, comme à la Sorbonne,
brisant les piquets de grève, accompagnant les étudiants en cours, faisant même comme à Saint-Etienne,
des interpellations. Les lycéens sont les plus touchés, et les victimes de flash-ball nombreuses dans leurs
rangs. Face à la répression: solidarité, mobilisation et justice sociale!

J eune s s e et retraite s m ai s a u s s i e mploi s et s al aire s

Ces questions sont intimement liées car, pour avoir une retraite décente il faut avant tout avoir eu suffisament de
travail cotisé, mais aussi avoir eu un salaire conséquent le long de nos vies. Sur ce point là, la jeunesse voit
l'avenir de manière très incertaine:
- Les années d'étude sont des années perdues au niveau des annuités pour une retraite à taux plein,
- La hausse des annuités promet une sous-retraite aux employés précaires, aux chômeurs occasionnels, aux
personnes âgées en fin de carrière,
- Le taux de chômage est de 25% chez les -25 ans,
- Le taux d'activité est de 40% chez les 55-65 ans (comment travailler plus longtemps?) en raison des départs
anticipés et du taux de chômage des travailleurs de cette catégorie,
- Les revenus réels continuent de baisser par l'augmentation des prix et la stagnation (voir la baisse) des salaires
nominaux.
En bref nous ne nous battons pas car nous refusons de travailler plus car nous ne pourrons en aucune manière
travailler plus. Nous nous battons contre le profit que le patronat essaye de faire de plus en plus sur notre travail.
Car il est clair que cette réforme a pour objectif premièr de réduire la rétribution de notre travail cotisé, c'est à dire
de baisser nos salaires.
 L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (AG)
Les assemblées générales (AG) sont un peu le coeur de la
mobilisation. C'est là que les étudiants peuvent débattre des Le rôle de la FSE
enjeux de l'université, définir leurs intérêts communs, forger Nous avons pour but la
leurs revendications et surtout décider collectivement. Ce n'est défense des intérêts collectifs
pas à des petits groupes ou à des petits chefs de parler en nos tant matériels que moraux des
noms. La FSE est pour des AG ouvertes à tous les étudiants, étudiants, indépendamment de
garantissant la démocratie. leurs opinions politiques,
Tous les points de vue quand à la mobilisation et aux philosophiques ou religieuses, en
ayant comme action
actions envisagées doivent pouvoir être exprimés (sauf discours
l’établissement d’un rapport de
racistes, sexistes, homophobes...). Elle garantit donc un tour de force.
parole, équitablement réparti dans le temps et les thèmes de
discussion. Nous pensons que les
Une AG est décisionnelle. Loin des négociations de couloir, gouvernements ne sont pas
des votes dans les salons ou au Parlement, elle permet à chaque sourds, mais qu'ils nous
étudiant de choisir les modalités de son engagement, et de la méprisent, qu'ils défendent les
mobilisation collective. Les votes de l'AG doivent être les plus intérêts d'une minorité
clairs possibles: ils sont le plan d'action pour la lutte étudiante profiteuse. Face à ce constat,
nous nous devons d'être fermes
jusqu'à la prochaine AG.
et d'organiser des contre-
Une AG casse l'individualisme pour permettre un pouvoirs efficaces, surtout en
rassemblement de tous les étudiants. Alors que le patronat et le cette période de destruction des
gouvernement veulent nous voir isolés, l'assemblée générale droits des travailleurs. Nous ne
permet de nous réunir, de décider ensemble, et de faire vivre la pouvons nous contenter de
solidarité entre étudiants ou avec d'autres secteurs grève symbolique.
professionnels mobilisés.

La position de la FSE sur le blocage: un des moyens d'action de la lutte

Il est avant tout un outil qui permet aux boursiers de participer à la lutte sans perdre leurs bourses et
d'organiser des actions de blocage économique en dehors de la fac. Il permet aussi d'ouvrir la fac aux
débats de société : diffusion de documentaires en amphi, débat sur les informations, débat politique...
Enfin, il est seul moyen qui ait permis de rassembler jusqu'à 2000 personnes (à la fac de lettres en 2008)
pour débattre et agir collectivement , dans une société qui glorifie l'action individuelle et oppose
systématiquement action collective et liberté. Penser que les étudiants peuvent faire grève sans blocage,
c'est penser que la lutte est un choix individuel. Nous entendons régulièrement « si vous voulez faire grève
c'est votre problème », devrions-nous en déduire qu'il faut que nous nous sacrifions pour l'intérêt général?
Loin d'être un objectif ultime, il est simplement une étape indispensable pour mettre en place la grève
EFFECTIVE dans une fac et garantir l'égalité en période de mobilisation. Ce moyen a montré maintes fois
par le passé qu'il était efficace.

« Nos défaites d'aujourd'hui ne prouvent rien, si ce n'est que nous sommes

trop peu dans la lutte contre l'infamie, et de ceux qui nous regardent en
spectateurs, nous attendons qu'au moins, ils aient honte »
Bertolt Brecht

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