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Savadogo Louis. Le traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique. In: Annuaire français de droit international,
volume 40, 1994. pp. 823-847;
doi : https://doi.org/10.3406/afdi.1994.3223
https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1994_num_40_1_3223
Louis SAVADOGO
SOMMAIRE
Introduction
A) Dimensions
1) Dimension matérielle
2) Dimension spatiale
B) Structuration : l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires «OHADA»
1) Organes
2) Fonctions
Conclusion
(3) Bénin, Burkina Faso, Congo, Comores, Côte-d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal,
Tchad. Cf. ministère de la Coopération et du Développement L'harmonisation du droit des affaires
en Afrique («Outil technique de l'intégration économique»), Paris, 1994, 11 p. (spec. p. 5).
(4) La zone franc a été créée en 1939, par décision interne française, pour régir les relations
financières et monétaires entre la France et ses possessions d'outre mer. Depuis 1960, des accords
ont été signés entre les nouveaux Etats et la France relativement à l'organisation et au
fonctionnement de l'espace. Il existe cinq monnaies dans la zone franc : le franc français, le franc CFP
(Communauté financière du Pacifique), le franc comorien, le franc CFA (Communauté financière
africaine) émis par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest « BCEAO » (Bénin, Burkina
Faso, Côte-d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et le franc CFA émis par la Banque des Etats
d'Afrique Centrale « BEAC » (Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Gabon, Guinée Equa-
toriale, Tchad). Cf. Dictionnaire encyclopédique de droit. Afrique. Volume VI, Paris, Bordas Libinter,
1990. Les monnaies de la zone sont librement convertibles entre elles et s'échangent à un taux
fixe qui est passée de 50 à 100 F CFA pour 1 FRF depuis la dévaluation du 12 janvier 1994. En
ce sens notamment : « Dévaluation du franc CFA », Economie internationale, 1994, vol. 58, pp.
3-51; P. Plane «La zone franc sous le choc de la dévaluation monétaire : faits et arguments»,
Reflets et perspectives de la vie économique, 1994, vol. 33 (3), pp. 203-213 ; P. Dhonte « La
dévaluation du franc CFA : premiers résultats », Chroniques économiques, 1994, vol. 48 (3), pp.
263-269.
(5) Des indications peuvent être trouvées dans Harmonisation du droit des affaires en
Afrique. Séminaire de Ouagadougou des 14 et 15 mars 1994. Synthèse des travaux, 93 p. (spec.
p. 12).
(6) Les traités sont, en effet, adoptés au sein de conférences internationales, les négociations
intervenant directement entre Etats dans la phase finale de la procédure. Cf. Y. Daudet, Les
conférences des Nations Unies pour la codification du droit international, Paris, LGDJ, 1968, 352 p.
(7) II est significatif de relever que le Directoire « a été constitué pour coordonner le projet,
pour en réorienter au besoin les directions, compte tenu des instructions que voudront bien lui
donner les Ministres des finances et de la justice ». Cf. le Rapport du Président Abdou Diouf, cité
par le juge K. Mbaye in Harmonisation du droit des affaires en Afrique. Séminaire de Ouagadougou,
op. cit., p. 12.
(8) Les travaux de la Conférence ont fait l'objet d'une excellente présentation dans :
Harmonisation du droit des affaires en Afrique. Séminaire de Ouagadougou des 14 et 15 mars 1994.
Synthèse des travaux, 93 p. Voir également, ministère de la Coopération et du Développement
L'harmonisation du droit des affaires en Afrique («Outil technique de l'intégration économique »)
op. cit., passim.
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 825
A. Dimensions
Pour autant qu'on puisse les séparer, il semble possible de discerner une
dimension matérielle et une dimension spatiale.
1. Dimension matérielle
D'emblée une constatation s'impose : l'obscurité qui enveloppe la matière
régie. On ne peut, en effet, manquer de relever qu'en dépit de leur volonté
de resserrer et de préciser les règles afin de garantir l'autorité et la pérennité
du traité, les rédacteurs ne sont pas parvenus à réaliser un encadrement
complet. Ainsi, le texte ne donne aucune définition précise du «droit des
affaires», ni n'abdique du reste expressément sa compétence sur ce point.
Le Titre I du traité retient le concept, et l'article 2 en donne la définition
suivante :
« Par application du présent traité, entrent dans le domaine du droit des
affaires l'ensemble des règles relatives au droit des sociétés et au statut
juridique des commerçants, au recouvrement des créances, aux sûretés et aux voies
d'exécution, au régime du redressement des entreprises et de la liquidation
judiciaire, au droit de l'arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit
de la vente et des transports, et toute autre matière que le Conseil des ministres
déciderait, à l'unanimité, d'y inclure. »
L'énumération, qui se veut exhaustive, constitue un exercice d'autant
plus risqué que le champ matériel du droit des affaires varie
considérablement dans le temps. La consultation d'un ouvrage comme celui du Professeur
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 827
2. Dimension spatiale
Le traité engendre un espace juridique : celui qu'il entend régir. Dans
une optique strictement légale, la comparaison du point inscrit à l'ordre du
jour des travaux du Directoire en 1992(20) et du Traité de Port-Louis, est
révélatrice de l'évolution subie. Alors que dans le projet, l'œuvre normative
ressortissait clairement de la «zone franc», ce qualificatif va promptement
disparaître. On n'en retrouve plus trace que dans le Préambule qui, dans
son alinéa 3, évoque sans autres précisions «l'appartenance à la zone franc
comme facteur de stabilité économique et monétaire». Est désormais
prescrite une vocation continentale revendiquée par le titre même de la
convention, et par l'article 3 visant la création d'une « Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires» (ci-après dite OHADA).
Cette approche positive appelle commentaires.
Jamais l'existence d'une règle dans le corpus juridique international ne
permet à elle seule d'affirmer son applicabilité dans une affaire concrète
mettant en cause deux Etats déterminés, entre lesquels il faut encore établir
qu'elle fait droit. Sur ce point, force est de constater que l'harmonisation du
droit des affaires en Afrique ne se réduit pas à la seule convention du
(16) G. Ripert et R. Roblot, Droit commercial, Paris, LGDJ, 1991, 1303 p. (spec. p. 1 et s).
(17) O. Hilaire, Introduction historique au droit commercial, Paris, PUF, 1986, 355 p.
(18) J. Schapira et C.H. Leben, Le droit international des affaires, op. cit., p. 15.
(19) Cf. Préambule, alinéa 4 et 5, et article premier de la convention.
(20) L'harmonisation du droit des affaires en Afrique, op. cit., p. 2.
828 LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE
(20 bis) V. le colloque organisé par Unidroit sur l'harmonisation du droit privé et le droit
international privé dans les rapports commerciaux en Afrique, [Rome, ler-8 décembre 1972], Revue
Sénégalaise du droit, juin 1973, n° 13, pp. 87-90.
(21) Traité du 5 juillet 1975 portant création du Bureau Africain et Mauricien de Recherches
et d'Etudes Législatives « BAMREL » [Centrafrique, Côte-d'Ivoire, Gabon, Haute-Volta, Maurice,
Niger, Rwanda, Sénégal, Togo]. L'Organisation qui a à son actif l'élaboration d'un projet de droit
des sociétés, a disparu suite à un certain nombre de difficultés (financières notamment).
(22) Traité portant création d'une Zone d'Echanges Préférentiels pour les Etats de l'Afrique
de l'Est et de l'Afrique Australe [Preferential Trade Area « PTA »], entre les Etats suivants : Angola,
Botswana, Burundi, Comores, Djibouti, Ethiopie, Kenya, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice,
Mozambique, Ouganda, Seychelles, Somalie, Swaziland, Tanzanie, Zaïre, Zambie, Zimbabwe
(Lusaka, Zambie, 21 décembre 1981), ILM, 1982, May, pp. 479-532, Annexe X.
(23) Traité instituant la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale « CEEAC »
entre les Etats suivants : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Rwanda,
Sao Tome et Principe, Tchad, Zaïre (Libreville, Gabon, 18 octobre 1983), ILM, September 1984,
pp. 947 et s., Annece XVII.
(24) Cf. Traité instituant la Communauté Economique Africaine [Abuja, Nigeria, 3 juin 1991].
Commentaire de A. Mahiou « La Communauté Economique Africaine », AFDI, 1993, pp. 798-819.
Tous les Etats membres de l'OUA sont signataires du texte. Article 40.
(25) Traité de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine «UEMOA», signé le 10
janvier 1994 [Bénin, Burkina Faso, Côte-d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo].
(26) «Dans le cadre des orientations prévues à l'article 8 (Principes et objectifs de l'Union),
la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement établit des principes directeurs pour
l'harmonisation des législations des Etats membres. Elle identifie les domaines dans lesquels,
conformément aux dispositions du présent traité, un rapprochement des législations des Etats membres
est nécessaire pour atteindre les objectifs de l'Union » (Article 60, alinéa 1).
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 829
B. Structuration : l'OHADA
Les deux logiques de la construction européenne et de la Convention de
Port-Louis se retrouvent à nouveau confrontées. D'abord parce la première
repose sur un processus de négociation autonome de textes complémentaires
au traité CEE (29), alors que la seconde édicté des actes unilatéraux
obligatoires. Ensuite parce que le Traité relatif à l'harmonisation du droit des
affaires va plus loin en confiant la production du droit des affaires à un
organisme intégré dénommé Organisation pour l'Harmonisation en Afrique
du Droit des Affaires «OHADA». Pour comprendre les mécanismes de l'ordre
juridique établi, il faudra s'émanciper de l'emprise du modèle interétatique
et de la référence familière qu'elle offre, pour s'aventurer dans une
organisation nouvelle obéissant à une autre logique.
1. Organes
Le titre V comporte à la fois des dispositions statutaires, un ensemble
institutionnel très complet, et un mécanisme de règlement des différends
marqués par des aspects novateurs.
a) Dispositif institutionnel
II ne sera pas procédé ici à un examen détaillé des structures de l'OHADA
(Article 3 et Titre V : Les institutions) dont la création est subordonnée à
l'entrée en vigueur du traité. Ce mécanisme est mesuré et ne porte pas
détermination du siège des instances (30). Dans ces conditions, on se limitera
à quelques remarques.
Les structures sont étoffées et présentent de prime abord, une facture
classique (31) :
- un Conseil des ministres, organe exécutif, est chargé notamment
d'adopter les actes uniformes (articles 5, 6, 8), d'approuver les conventions
conclues par l'OHADA avec des Etats ou des Organisations internationales
(article 43 a), d'arrêter les cotisations annuelles des Etats (article 43, alinéa
2) et d'élire les membres de la Cour de justice (article 32) ;
- un Secrétariat Permanent. L'existence de cet organe est la
manifestation principale de la permanence de l'Organisation. Structure très légère
de support logistique, il est dirigé par un Secrétaire Permanent nommé par
le Conseil des Ministres pour une durée de quatre ans renouvelables une
fois (article 40). Ses pouvoirs dérivent de la fonction d'initiative qui lui est
reconnue en matière d'élaboration des actes uniformes (Article 6). De même,
la Convention du 17 octobre 1993 lui confère le droit de «nommer ses
collaborateurs conformément aux critères de recrutement définis par le Conseil
des Ministres et dans la limite des effectifs prévus au budget » (Article 40).
Phénomène plus intéressant, le Secrétaire Permanent constitue un rouage
du mécanisme de recrutement des membres de la CCJA (Article 33).
Au sein des institutions prévues par le Titre V du traité, fonctionne une
Cour Commune de Justice et d'Arbitrage pour le règlement du contentieux
relatif à l'application du droit harmonisé. La nouveauté des dispositions de
l'espèce conduit à leur faire une place particulière (Cf. infra II). Conseil des
ministres, Secrétariat Permanent, mécanismes juridictionnels, sont les
principaux organes de l'OHADA. A ceux-ci s'ajoute l'Ecole Régionale Supérieure
de la Magistrature «ERSUMA», organe par l'intermédiaire duquel sont
assurés la formation et le perfectionnement des magistrats et auxiliaires de
justice des Etats parties (article 41), particulièrement en droit des
affaires (32). Constituant un relais entre les divers établissements nationaux
de formation, l'Ecole contribue à l'approche unificatrice.
Toutefois, il convient de noter ici un certain nombre de traits originaux
dans la composition et le fonctionnement des institutions.
(30) Que le Traité de Port-Louis reste muet sur le siège des organes est typique des actes
de fondation, les négociateurs renvoyant ce sujet ainsi que la répartition des postes à des
conversations ultérieures. La Charte de l'ONU ou les textes institutifs de l'OACI, de l'OTAN et
de l'OCDE obéissent à cette logique.
(31) Cf. notamment L'harmonisation du droit des affaires en Afrique («Outil technique de
l'intégration économique»), op. cit., pp. 8-10.
(32) Cf. M. Kirsch « Exposé sur l'Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature » in
Harmonisation du droit des affaires en Afrique. Séminaire de Ouagadougou des 14-15 mars 1994, op.
cit., pp. 27-29.
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 831
b) Originalité
Le Conseil des ministres est un collège de représentants des
gouvernements ; l'article 27 du traité prévoit qu'il « est composé des ministres chargés
de la justice et des ministres chargés des finances». Les Etats signataires
du traité qui ne l'ont pas encore ratifié pourront (...) y siéger en qualité
d'observateurs sans droit de vote (article 55). La présidence du Conseil est
assurée par rotation par chaque Etat membre, pour une durée d'un an,
suivant un ordre fixé par l'article 27 alinéa 2(33). Les sessions du Conseil,
organe intermittent, sont réunies au moins une fois par an sur convocation
de son Président, à l'initiative de celui-ci, ou à l'initiative du tiers des Etats
parties (art. 28). Le Président du Conseil des ministres arrête l'ordre du
jour sur proposition du Secrétaire permanent (article 28).
Le Conseil n'est pas une conférence diplomatique ordinaire, le Secrétariat
permanent n'est pas un organe purement logistique; ils se partagent les
fonctions normatives et certaines fonctions executives ou administratives.
L'exemple le plus frappant vise le recrutement des membres de la CCJA (cf.
infra II) et la fonction «législative» (Titre II). Ainsi, les actes uniformes qui
constituent dans l'OHADA, l'expression du «pouvoir» normatif, sont des actes
du Conseil. Certes, ils «sont préparés par le Secrétariat permanent en
concertation avec le gouvernement des Etats parties. Mais, ils sont délibérés
et adoptés par le Conseil des ministres après avis de la Cour Commune de
Justice et d'Arbitrage» (articles 5 et sq). Manifestation la plus flagrante
d'une certaine confusion des pouvoirs, le Conseil cumule le pouvoir
«législatif», et le pouvoir «gouvernemental».
Le traité doit être intégralement accepté (article 54). «Ainsi, les réserves,
parfaitement admissibles au sein d'un régime juridique créant entre les
parties un réseau de relations bilatérales qui peuvent n'être pas uniformes,
sont impraticables quand il s'agit, non plus de poser des règles matérielles,
mais de créer une organisation, c'est-à-dire une institution disposant de
pouvoirs qui lui permettront de définir à son tour de telles règles » (35). Elles
seraient, par nature, non conformes à l'objet et au but du traité. On voit
mal, en effet, comment assurer Y «harmonisation» et le fonctionnement
régulier de l'organisation si tous les Etats membres ne respectent pas les
mêmes règles.
Compte tenu de l'entreprise communautaire, il est normal que le traité
réserve l'adhésion aux Etats membres de l'OUA (article 53 alinéa 1)(34).
Conformément à la pratique dégagée dans l'Union Européenne, l'admission
d'un nouveau membre ne postule pas une renégociation de l'acte de création.
«A l'égard de tout Etat adhérent, le traité et les actes uniformes adoptés
(33) « La présidence du Conseil est exercée à tour de rôle par chaque Etat partie pour une
durée d'un an, dans l'ordre suivant : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores,
Congo, Côte-d'Ivoire, Gabon, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo. Si un Etat
partie ne peut exercer la présidence du Conseil des Ministres pendant l'année où elle lui revient,
le Conseil désigne, pour exercer cette présidence, l'Etat venant immédiatement après dans l'ordre
prévu ci-dessus ».
(34) Ainsi, si l'on excepte les négociateurs initiaux, quatre nouveaux Etats ont signé
l'instrument à la date du 31 décembre 1994 : Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, République
Centrafricaine. A observer que des Etats francophones non membres de la zone franc (Maroc,
Tunisie), ont manifesté leur intérêt pour le texte et sont susceptibles de s'engager. Cf. ministère
de la Coopération et du Développement L'harmonisation du droit des affaires en Afrique (« Outil
technique de l'intégration économique»), op. cit., p. 5.
(35) J. Combacau et S. Sur, Droit international public, Paris, Montchrestien, 1993, 821 p
(spec. p. 719).
832 LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE
(35 bis) G. Isaac, Droit communautaire général, Paris, Masson, 1994, 4e éd. 328 p. (spec. p.
33).
(36) Sur l'incertitude terminologique qui empreint les deux notions, voir J. Schapira, G. Le
Tallec, J.B. Blaise, Droit européen des affaires, Paris, PUF, 1994, 752 p. (spec. pp. 34-35) ; A.
Cammilleri, Les techniques de droit public d'intégration des systèmes sociaux dans le droit
communautaire, Thèse (Dir. Pr. R. Drago), Université Panthéon-Assas (Paris II), 1991, 439 p. (spec, pp
47-55).
(37) Voir G. Cornu (éd.) Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 1992, 862 p. Voir également le
travail effectué par le Professeur R. David, « Les méthodes de l'unification », in Le droit comparé.
Droits d'hier, droits de demain, Paris, Economica, 1982, 362 p. (spec. pp. 305-318).
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 833
(38) Sur ce point, voir les débats théoriques autour des notions de « rapprochement »,
« coordination » et « harmonisation » : R. Monaco, « Le rapprochement des législations nationales
dans le cadre du Marché Commun », AFDI, 1957, pp. 548-558 ; B. Goldman, « Le rapprochement
des législations » in Droit des Communautés européennes, Bruxelles, Larcier, 1969, pp. 882-884 ;
P. Van der Elst, Les instruments de rapprochement des législations dans la CEE, Bruxelles, Institut
d'études européennes de l'Université de Bruxelles, 1976 ; J. Boulouis, Droit institutionnel des
Communautés européennes, Paris, Montchrestien, 1993, 382 p. (spec. pp. 227-231); D. Vignes, «Le
rapprochement des législations mérite-t-il encore son nom ? in L'Europe et le droit. Mélanges en
hommage à Jean Boulouis, Paris, Dalloz, 1991, 556 p. (spec. p. 533-546).
(39) V. supra note 25.
(40) Traité de Rome du 25 mars 1957 instituant la Communauté Economique Européenne
- Chapitre 5 : Les politiques communes - III. Le rapprochement des législations, article 100 : «Le
Conseil statuant à l'unanimité sur proposition de la Commission, arrête les directives pour le
rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats membres,
qui ont une incidence directe sur l'établissement ou le fonctionnement du marché commun (...) ».
Texte chez L. Dubouis et C. Gueydan, Grands textes du droit communautaire, Paris, Dalloz, 1993,
3e
éd., 840 p. Diverses études ont été consacrées à la question. Cf. notamment N. Catalano, «La
Communauté Economique Européenne et l'unification, le rapprochement et l'harmonisation des
droits des Etats membres», Revue internationale de droit comparé, janvier-mars 1961, pp. 5-17;
R. Rodiere, « L'harmonisation des législations européennes dans le cadre de la CEE », Revue
trimestrielle de droit européen, 1965, pp. 336-357 ; R. David, « L'avenir des droits européens :
unification ou harmonisation », in Le droit comparé. Droits d'hier, droits de demain, op. cit., pp.
295-303.
(41) L'article 4 alinéa 4 du Traité portant création du Bureau Africain et Mauricien de
Recherches et d'Etudes Législatives dispose : « Le BAMREL prépare, soit à la demande du Conseil
des Ministres de la Justice, soit à l'initiative du Directeur, tout projet de Code, ou tout projet de
loi uniforme destinés aux Etats».
834 LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE
(45) Des projets d'actes uniformes ont été élaborés dans les domaines suivants :
- Droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique ;
- Sûretés, procédures collectives d'apurement du passif, procédures de recouvrement et voies
d'exécution ;
— Droit commercial général ;
— Droit comptable.
Cf. Harmonisation du droit des affaires en Afrique. Séminaire de Ouagadougou des 14 et 15
mars 1994, op. cit., pp. 35-63.
(46) Pour reprendre l'analyse du Professeur G. Isaac, Droit communautaire général, op. cit.,
p. 126.
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 837
IL - L'UNIFICATION DU CONTENTIEUX
(47) Les deux autres membres sont recrutés parmi «les avocats inscrits au barreau de l'un
des Etats parties et les professeurs de droit ayant au moins quinze ans d'expérience
professionnelle » (article 31, § 2 et 3).
838 LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE
(48) Ainsi, « aucun membre de la Cour ne peut exercer des fonctions politiques ou
administratives. L'exercice de toute activitée rémunérée doit être autorisée par la Cour» (article 37 in
fine).
(49) Confiée à M. G. Guillaume, juge à la CIJ, la rédaction du règlement intérieur de la
CCJA est en cours.
(50) Ces règles sont exposées dans le Chapitre III du Statut de la Cour et sont complétées
par le règlement intérieur que la Cour est habilitée à adopter et à modifier en vertu de l'article
30 du Statut (texte initial du 6 mai 1946, amendé en 1972 et 1978).
(51) Aux termes de l'article 188, alinéa 3 «la Cour de justice établit son règlement de
procédure. Ce règlement est soumis à l'approbation unanime du Conseil ».
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 839
(article 55) (52), l'adoption d'un tel instrument n'incombe pas à la CCJA,
mais au Conseil des ministres (article 19, alinéa 1). Première juridiction
régionale dont le but est «l'interprétation et l'application communes» d'un
droit harmonisé (article 14, alinéa 1), la Cour inquiétait dans la mesure où
sa fonction impliquait une intervention dans les affaires intérieures des Etats
membres. Les partisans de l'organe n'ont obtenu gain de cause qu'en apaisant
les réserves de certains gouvernements à l'égard des règles de procédure.
De manière plus précise, l'objectif est d'éviter que le libéralisme du
règlement (53), n'habilite la CCJA à «faire le droit». C'est pour ne pas consacrer
tout pouvoir «créateur» de cette nature, ou un «gouvernement des juges » (54),
qu'est prévu le contrôle politique ci-visé. En l'occurrence, les normes régissant
le procès devant la Cour la rapprochent de la CJCE(55).
Pour autant, l'analogie avec le mécanisme européen n'est guère avérée
s'agissant de l'institution du juge ad hoc. L'examen de cette question ne
suscite pas d'amples développements, tant il est devenu banal de constater
que son intervention revêt un caractère coutumier certain (56). Lorsqu'une
des parties qu'oppose un différend devant la Cour n'a pas sur le siège un
juge de sa nationalité, elle a la faculté de désigner une personne de son
choix, nationale ou non, pour exercer les fonctions de juge au titre de
l'instance en cause (article 56, al. 2)
Procéduralement, l'« incompétence manifeste de la CCJA peut être
soulevée d'office ou par toute partie au litige in limine litis» (article 17). La
Cour est juge de sa propre compétence en vertu des termes de l'article 18
du traité. En cas de contestation sur le point de savoir si elle est compétente
«la Cour se prononce sur sa propre compétence par un arrêt (...)». Largement
inspirée de celle qui est en usage devant les juridictions administratives
françaises et plus particulièrement devant le Conseil d'Etat, la procédure
devant l'organe judiciaire est contradictoire et publique. Symétriquement, le
ministère d'un avocat est obligatoire (article 19, alinéa 2). On relèvera
toutefois qu'en dépit de leur caractère fondamental, ces prescriptions restent
muettes quant à l'existence d'un barreau propre à la Cour.
(57) Sont parties à la convention les Etats suivants : Afrique du Sud, Algérie, Bénin,
Botswana, Burkina Faso, Cameroun, Côte-d'Ivoire, Djibouti, Egypte, Ghana, Guinée, Kenya,
Lesotho, Madagascar, Maroc, Niger, Nigeria, Ouganda, République Centrafricaine, Tanzanie, Mali,
Sénégal, Tunisie, Zimbabawé. V. ONU Traités multilatéraux déposés auprès du Secrétaire Général
de l'ONU. Etat au 31 décembre 1994, Doc. ST/LEG/RER. E/ll-12.
(58) Cf. texte dans RTNU, vol. 330, p. 3. Commentaire de B. Goldman, « La convention de
New York du 10 juin 1958 », in Jurisclasseur du droit international, Fasc. 586-4.
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 841
(59) « II y a lieu à remplacement d'un arbitre lorsqu'il est décédé ou empêché, lorsqu'il doit
se démettre de ses fonctions à la suite d'une récusation ou pour tout autre motif, ou lorsque la
Cour, après avoir recueilli ses observations, constate qu'il ne remplit pas ses fonctions
conformément aux stipulations du présent titre (Arbitrage), ou du règlement d'arbitrage ou dans les délais
impartis ».
(60) On peut noter sur ce point que d'autres institutions connaissent un interventionnisme
identique. En ce sens : Ph. Kahn, « Le contrôle des sentences arbitrales rendues par un tribunal
CIRDI », in La juridiction internationale permanente, Colloque de Lyon de la Société française
pour le droit international (29, 30 et 31 mai 1986), Paris, Pedone, 1987, 439 p. (spec. 363-382).
(61) Cf. l'article 21 du Règlement intitulé «Examen préalable de la sentence par la Cour
Internationale d'Arbitage ». Le texte est ainsi libellé : « Avant de signer une sentence partielle ou
définitive, l'arbitre doit soumettre le projet à la Cour internationale d'Arbitrage. Celle-ci peut
prescrire des modifications de forme. Elle peut, en respectant la liberté de décision de l'arbitre,
appeler son attention sur des points intéressant le fond du litige. Aucune sentence ne peut être
rendue sans avoir été approuvée par la Cour ». Cf. Règlement de Conciliation et d'Arbitrage de
la Chambre de Commerce Internationale (modifié en vigueur à dater du 1er janvier 1988, Paris,
Chambre du Commerce Internationale, publication n° 447-3.
842 LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE
(62) Nous reprenons ici la distinction opérée par le Professeur G. Isaac s'agissant de la
CJCE et certaines des analyes qui l'accompagnent. Cf. Droit communautaire général, op. cit.,
p. 224.
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 843
(63) J.P. Gridel, Introduction au droit et au droit français, Paris, Dalloz, 1994, 803 p. (spec.
pp. 568-570).
LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE 845
CONCLUSION
(64) L'UCC est un recueil de onze articles relatif au droit commercial promulgué en 1952.
Il unifie le droit pour tout le pays et abroge les règles juridiques antérieures dans les domaines
qu'il recouvre. Aboutissement d'un long travail de codification, l'instrument a été adopté par tous
les Etats de l'Union, Louisiane exceptée. Cf. A. Levasseur, Droit des Etats-Unis, Paris, Dalloz,
1994, 388 p. (spec. p. 15 et Chapitre 14, pp. 181 et sq).
(65) Les Etats parties aux trois instruments sont les mêmes que ceux de l'OHADA.
(66) En l'état actuel de la société internationale, toute justice internationale est
essentiellement volontaire, consentie. Tel est le cas de la Cour Internationale de Justice, organe judiciaire
principal de l'ONU (article 92 de la Charte), dont la juridiction est dans son principe volontaire.
Seule une minorité d'Etats fait usage de la clause d'option ou clause facultative de juridiction
obligatoire (article 36, § 2 du Statut de la Cour).
846 LE TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT EN AFRIQUE
marché» fondé pour l'essentiel sur une zone de libre échange. Ainsi, la
comparaison de l'organe avec les instances des traités SADC(67), CEA,
CEEAC et PTA(68), ou encore avec l'ALENA (69), et l'Espace Economique
Européen «E.E.E.»(70), fait apparaître des différences fondamentales. Ces
accords vont en effet beaucoup moins loin que le traité de Port-Louis du
point de vue juridique.
Les ressemblances de l'OHADA sont plus grandes avec l'Union
Européenne, même si ses attributions restent fonctionnelles et ne visent qu'une
unification partielle et sectorielle. Plus radicalement, au moins quatre
constructions africaines (Communauté d'Afrique Orientale, Communauté
Economique de l'Afrique de l'Ouest « CEAO », Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine «UEMOA», Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale « CEMAC »), sont conçues sur le modèle général du Traité
de Rome. En particulier, y sont transposés le dispositif institutionnel
(Conseil, Commission, Parlement, Cour de justice) (71), la nomenclature des
sources du droit dérivé (règlement, directives, décisions,
recommandations) (72) et certaines caractéristiques (immédiateté mormative et
juridictionnelle) des Communautés. A noter toutefois que ces constructions ont, soit
purement et simplement échoué et ont été démantelées (Communauté
d'Afrique Orientale (73), Communauté Economique de l'Afrique de
l'Ouest) (74), soit demeurent à un stade initial (UEMOA, CEMAC).
(75) L'article 52 alinéa 2 déclare que « le traité entrera en vigueur soixante jours après le
dépôt du septième instrument de ratification » exprimant le consentement, auprès du gouvernement
de la République du Sénégal, dépositaire (article 63). Au 1er janvier 1995, six Etats ont accompli
cette formalité : Burkina Faso, Cameroun, Mali, République Centrafricaine, Sénégal, Tchad. La
Côte-d'Ivoire et le Togo sont en voie de s'engager, de même que le Niger, où la procédure est en
suspens consécutivement à la dissolution de l'Assemblée Nationale.