ème
12 Congrès de Mécanique 21-24 Avril 2015 Casablanca (Maroc)
GENERATION DE MOUVEMENTS
VIBRATOIRES INDUITS PAR LES
SEISMES A PARTIR DE SPECTRES
CIBLES
BOUDINA A.*, HAMMOUTENE M.** ET
TILIOUINE B.***
*Faculté des Sciences et de Technologie, Université
Khemis Miliana,
**LGSDS, École Nationale Polytechnique, Alger,
*** LGSDS, École Nationale Polytechnique, Alger,
Email : boudinaenp@gmail.com
Email : hammoutene_m@yahoo.fr
Email : tiliuoine_b@yahoo.fr
Résume – Dans ce travail, il est présenté une procédure
itérative efficiente pour la génération d’accélérogrammes
compatibles avec des spectres de réponse cibles. Par la suite,
une méthode itérative subséquente, basée sur la
superposition des ondes sismiques, est utilisée pour
synthétiser le signal temporel. Les phases sont sélectionnées
en utilisant les fonctions de densités de probabilité des
dérivées de phases. Les résultats de la procédure de
simulation sont analysés à travers l’usage de spectres de
réponse calibrés pour différents paramètres géotechniques et
sismologiques. Enfin, les résultats obtenus sont analysés et
commentés et des conclusions générales ainsi que des
recommandations d’utilités pratiques sont déduites à
l’attention des ingénieurs de bureaux d’études et de
conception.
1. Introduction
Malgré l’extension de réseaux d’enregistrement des forts
vibrations du sol à travers le monde, il reste que les bases de
données actuelles réels ne couvrent pas toutes les conditions
d’enregistrements pour leur utilisation dans la conception
des structures dans les zones de forte sismicité (manque de
données en champ proche, etc...). La nécessité de simuler
des accélérogrammes synthétiques s’est très vite faite
ressentir, mais néanmoins, la définition de signaux réalistes
reste une tâche relativement difficile compte tenu de
l’importante variabilité des caractéristiques qui peut
apparaître pour des signaux enregistrés dans des conditions
identiques.
Plusieurs études disponibles proposent des formes
spectrales "standards" pour les mouvements en champ libre
(spectre de Fourier) ou bien directement pour la réponse
structurale (spectres de réponse) [2]. L'état de l'art a
actuellement progressé au point de proposer des expressions
explicites donnant les coordonnées spectrales en fonction de
la magnitude, de la distance épicentrale et des conditions
locales du sol [8].
Dans ce travail, il est proposé de générer des accélérations
sismiques compatibles avec des spectres de réponse
règlementaires cibles associés au Règlement Parasismique
Algérien (RPA99 version 2003 [5]. La statistique des pics
ordonnés est utilisée dans un premier temps pour
développer des fonctions de densités spectrales de puissance
(DSP) compatibles avec ces spectres de réponse
règlementaire cibles.
Par la suite, une procédure de génération des
accélérogrammes synthétiques est développée en utilisant la
méthode de superposition des ondes sinusoïdales, dont les
amplitudes sont reliées aux densités spectrales d’énergies
définies suivant la méthodologie retenue ci-dessus.
Le caractère non-stationnaire des vibrations synthétiques,
dans le domaine temporel, est assuré en générant les valeurs
aléatoires des phases suivant une distribution des dérivées
de phases dont les paramètres sont compatibles avec les
données sismologiques considérées.
L’applicabilité de la procédure de simulation ainsi
développé, est appréciée en utilisant des spectres cibles
caractérisant des mouvements forts réels.
La procédure ainsi développée, a permis de proposer des
accélérogrammes réglementaires prenant en considération
les conditions hypothétiques de calcul imposés par la
réglementation algérienne en vigueur de nos jours
(RPA2003). De tels accélérogrammes sont d’une utilité
absolue, pour le dimensionnement des structures complexes
et/ou à comportements non-linéaires et qui nécessitent
l’évaluation de la réponse dans le domaine temporel.
Enfin, les résultats obtenus sont analysés et commentés et
des conclusions générales et des recommandations
d’utilités pratiques sont déduites à l’attention des
ingénieurs de bureaux d’études et de conception.
2. Statistiques des pics ordonnés de la réponse
Si les N pics d’une fonction aléatoire a(t), normalisés par
la moyenne quadratique des amplitudes arms, sont arrangés
dans un ordre décroissant, la fonction de densité de
probabilité du nème ordre pour un seuil  s’écrit [2] :
dF n   N
 n    P    1  P   
n 1 N n
f  n     p  
d n (1)
Dans l’équation (1), N est le nombre total de pics de a(t) et
p() la fonction de densité des maximums locaux de (t).
La valeur attendue de l'amplitude du nème pic ordonné
normalisé est obtenue, pour un degré de probabilité désiré,
comme suit [2]:

E  n   E a n arms     f n   d
 (2)
à partir de l’équation (1).
3. Génération de DSP compatible avec un spectre de
réponse
Le spectre de réponse associé à une vibration forte du sol
correspond, pour une valeur d'amortissement donnée, à la
réponse maximale d'un ensemble d'oscillateurs à un degré
de liberté (SDOF) de fréquences différentes. Il intègre
implicitement les effets de nonstationnarité du mouvement
et du caractère transitoire de la réponse. Le calcul de la DSP
compatible avec ce spectre inclura, par conséquent,
automatiquement l’effet de la non-stationnarité de
l’excitation dynamique ainsi que la nature transitoire de la
réponse pour les longues périodes.
Soit G() la DSP compatible avec un spectre de réponse
donné. La DSP de la réponse en déplacement d’un
oscillateur de pulsation n et pour un pourcentage
d'amortissement critique  peut s'écrire comme suit :
GDn    G   H n (, T )
2
(3)
 ème
12 Congrès de Mécanique 21-24 Avril 2015 Casablanca (Maroc)

H n (, T ) est la fonction de transfert transitoire de spectre de réponse cible

l’oscillateur évaluée à un temps t égal à la durée totale T du
mouvement fort [8]. Pour avoir une première
approximation des moments statistiques m0, m2, m4 de la
DSP de la réponse en déplacement, on remplace H n (, T )
par la fonction de transfert Hn() dont la valeur Hn()2
Dans cette partie, nous générons des mouvements
vibratoires synthétiques dont les amplitudes des ondes
constitutives sont celles de la DSP estimée par la procédure
analytique développée [1].

Accélération, cm/sec²
300
est approximée par un rectangle de hauteur 1 42 4n et de TD = 11.98 sec
largeur n, centré sur la valeur n. On procède aussi à 150
une approximation de G() sur une bande à fréquence 0


étroite à partir de n  n
1
2  jusqu'à   n
1
2 
n par une -150

valeur constante G0(n). -300

On en déduit aisément l'expression de arms comme suit : 0 2 4 6 8 10 12
(a)
G0  n 
Temps, sec
a rms  (4) Figure 1. Composante N90W d’un enregistrement de la réplique
4 n3 d'El-Attaf du séisme d’El- Asnam du 10/10/1980.
De manière analogue, on détermine l'amplitude normalisée
maximale max , du plus grand pic de la réponse à partir de 75

DSP, cm²/sec3
60
l'équation (2) pour n = 1.
45
La valeur attendue de la réponse maximale peut être 30
interprétée comme celle d’un oscillateur de pulsation n et 15
d'amortissement critique  et représente donc, par 0
définition, l’amplitude attendue du spectre de réponse 0 20 40 60 80 100

SD  n ,   . La valeur moyenne théorique PSV  n ,   des

Fréquence, rad/sec
100
cible
amplitudes du pseudospectre de vitesse sera alors donnée
PSV, cm/sec
calculé
par :
G0   n  10
PSV  n ,    n SD  n ,    n  max arms  max (5)
4n
En égalant cette valeur avec la valeur correspondante
PSV(n,) du spectre de réponse cible, on peut déduire la 1
première approximation de la DSP : 0.01 0.1 1 10
(a)
2 Période, sec
 
4 n  PSV  n ,    Figure 2. DSP théorique obtenue par la méthode itérative et
G0  n   (6) comparaison des spectres de réponse calculés aux spectres de
  _  réponse cible (=5%) associé à la réplique d’El-Attaf du séisme
 max  d'El Asnam 10/10/1980.
Cette première approximation est ensuite utilisée de
manière itérative en vue d'obtenir de nouvelles valeurs de Comme explicité ci-dessus, cette procédure confère
plus en plus précises des amplitudes spectrales attendues implicitement le caractère non-stationnaire en fréquence au
PSV  n ,   . L'expression de la DSP pour la jème itération signal artificiel ainsi obtenu. La non-stationnarité dans le
domaine temporelle est obtenue en attribuant au signal
sera alors [2,8]: synthétique des phases aléatoires dont la fonction de
 PSV  n ,   
2
distribution de probabilité est contrôlée par les trois
G j    G j 1     (7) premiers moments de l’enveloppe temporelle du signal à
 PSV j 1  n ,    simuler [3].
Cette procédure itérative sera répétée jusqu'à convergence
des valeurs des amplitudes du spectre théorique vers celles T1 Ts T
3
du spectre cible. 1
env(t)

Td(M=7,R=40km,sol rocheux) = 46.71 sec

4. Validation de la procédure de la génération de DSP 0.5
L'applicabilité de la méthode présentée est examinée sur la
base des résultats obtenus à partir des enregistrements 0
T1 T2 Td
d’accélération de mouvements vibratoires du sol : La temps (sec)
composante N90W d’un enregistrement de la réplique d'El- Figure 3. Forme de l’enveloppe temporelle.
Attaf du séisme d’El- Asnam du 10/10/1980 (Fig.1).
L’utilisation de la méthode conduit à l’obtention Afin de conférer aux mouvements sismiques synthétiques les
d’amplitudes spectrales compatibles avec celles des spectres caractéristiques de l’environnement sismologique dans
de réponse cibles réels. Cette approche sera retenue pour lequel a eu lieu le mouvement vibratoire réel, on attribuera
l’évaluation des DSP dans la suite de notre étude. à ses amplitudes trois formes fonctionnelles [1,4,6,7,9]
caractérisant respectivement l’arrivée du train d’ondes
5. Générations d’accélérogrammes compatibles avec un sismiques de hautes fréquences de durée T1, la phase de
 ème
12
mouvement fort de durée Ts et la phase des vibrations libres
basses fréquences du sol de durée T3 est prolongée jusqu’à
attendre une amplitude de mouvement égale à 2% de
l’amplitude maximale de la phase des mouvements forts.
L’enveloppe ainsi obtenue est illustrée dans la Figure.3.
6. Génération des accélérogrammes compatibles avec les
spectres réglementaires
Les spectres de réponse moyens correspondant à 15
accélérogrammes simulés sont comparés avec les formes
spectrales données par le code algérien [5] considérées
comme cibles. On a considéré ici, pour des sites localisés
en zone III que le sol de catégorie S2 correspondant à la
classe de sol ferme. Les accélérogrammes synthétiques, les
Fonctions de Densités Spectrales (DSP) et les pseudo-
spectres de réponse en accélérations (PSA), calculés pour le
cas d’une structure en acier dense ( =5%) classée ‘‘ouvrages
d’importance vitale’’, sont représentés sur la Figure 4.
Figure 4. Accélérogrammes compatibles aux spectres de réponse
du règlement RPA99version2003 et comparaison des spectres de
réponse calculés aux spectres de réponse cibles, (a)
accélérogrammes simulés, sol ferme, (b) DSP compatibles, (c)
Comparaison PSA-simulé avec PSA-cible.
Les formes des DSP font ressortir l’influence du type de sol
caractérisé par des amplitudes spectrales qui croissent.
Les accélérogrammes synthétiques exhibent des PGA dont
les valeurs sont voisines de celles suggérées par le
Congrès de Mécanique 21-24 Avril 2015 Casablanca (Maroc)
RPA2003 à savoir la valeur (1.25Ag) du spectre de calcul
pour T=0 (Zone III, Groupe 1A) correspondant à
l’amplitude du spectre de calcul en accélération pour la
période T=0 (A=0.40, structure implantée en zone III et
appartenant au groupe d’importance 1A).
Les mêmes observations sont mises en relief pour les autres
catégories de sols relatives à chacune des zones I, IIa et IIb.
Pour des raisons d’espace, non n’avons pu illustrer ces
résultats.
7. Conclusions
Une approche numérique a été développée pour la
génération artificielle de mouvements vibratoires du sol
compatibles avec des spectres de réponse cibles.
L’efficience de cette procédure a été testée en utilisant des
enregistrements d’excitations sismiques réelles. Par la suite,
la méthodologie a été appliquée pour la génération de
mouvements vibratoires forts du sol compatible avec des
spectres issus du règlement Algérien RPA99ver2003. Les
résultats obtenus ont montré une excellente compatibilité
entre les mouvements artificiels et réels. La procédure a
permis d’intégrer implicitement les effets des paramètres
d’environnement traduisant l’aléa de la région ainsi que
ceux relatifs au contexte sismologique de la zone sismique.
Un travail est actuellement en cours afin d’intégrer les
aspects de la variabilité spatiale des mouvements sismiques
d’une part et les aspects fiabilistes des structures d’autre
part.
REFERENCES
[1]Boudina, A. (2010). Simulation d’excitations sismiques à
partir de spectres cibles. Thèse de magister ENP Alger.
[2]Gupta, I.D. and M.D. Trifunac (1998a). Defining equivalent
stationary PSDF to account for nonstationarity of earthquake
ground motion. Soil Dynam. & Earthquake Eng., 17, 8999.
[3]Hammoutene, M. (1995). Simulation nonstationnaire et
bidimensionnelle des enregistrements de tremblements de
terre. Thèse de doctorat d’état ENP Alger.
[4]Preumont, A. (1980). A Method for the generation of artificial
earthquake accelerograms, Nuclear Engineering and design,
59, 357-368.
[5]Règles Parasismiques Algériennes RPA99 version 2003,
(2003). Centre National de Recherches Appliquées en Génie
Parasismique, D.T.R.-B.C.-2.48, Alger.
[6]Sibson, R.H. (1989). Earthquake faulting as a structural
process. Journal of structural geology, 11, 1-14.
[7]Tiliouine, B., M. Hammoutene, P.Y. Bard (2000). On the
phase content modelling of earthquake strong ground
motions. European Earthquake Engineering, International
Journal of Earthquake Engineering and Engineering
Seismology, Vol. 1, 27 – 34.
[8]Tiliouine, B., S. Zermout, A. Mebarki et C. Soize (2003).
Génération de spectre de puissance pour l'analyse
stochastique de la réponse sismique des structures. Proc. VIe
Colloque National AFPS, Génie parasismique : Aspects
dynamiques et vibratoires en Génie Civil, Palaiseau, France,
1, 107114.
[9]Zerva, A., T. Harada (1997). Effet of surface layer
stochasticity on seismic ground motion coherence and strain
estimates. Soil Dynam. & Earthq. Eng., 16, 445-457