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L'ENQUETE DE ÇA M'INTERESSE

Alors que l'Etat soutient la construction de logements collectifs pour densifier

Vivre en pavillon : du A cause de la hausse des prix du chauffage et de l'es-


Rodolphe
Dodier, géo-
sence, l'idéal pavillonnaire vire à la désillusion pour les
graphe,
professeur à
plus démunis. Heureusement, les emplois se rapprochent
l'université
d'Aix-Marseille
et de nouvelles solidarités s'organisent. Texte isabeiieverbaer
et auteur de

I
Habiter les ls en avaient soupé de la promiscuité, de aussi de se tenir à distance des autres.
espaces péri- la pollution, du bruit de la circulation, de «Quand on a vécu en appartement et subi
urbains (PUF). l'argent jeté par les fenêtres dans les le bruit des voisins, on souhaite par-dessus
loyers. Alors, il y a quatre ans, ils ont réa- tout être indépendant », appuie Xavier.
lisé le rêve le mieux partagé par les Français : Le pavillon connaît un essor spectaculaire
acquérir une maison. «Nous avons quitté le à la fin du xixc siècle. La révolution indus-
centre-ville de Rouen où nous travaillons trielle fait s'entasser les ouvriers dans les
pour nous installer à une quinzaine de kilo- villes. Ainsi l'agglomération parisienne voit

Les faits mètres, à Malaunay,dans un lotissement en


bordure de forêt », se félicite Xavier, un cadre
de 39 ans. Le rêve a
sa population passer de 2 à 5 millions entre
1865 et 1920. Dans les centres de plus de
50 000 habitants, un
8 Français sur 10 rêvent
d'être propriétaires d'un pavillon
un prix : un endette-
ment sur vingt-cinq Un idéal rendu tiers des ménages vit
dans des conditions

possible grâce au
ans et, à deux. 70 km indignes. Les spécu-
(sondage Nexity/lfop). Depuis par jour p o u r se lateurs immobiliers
les années 1970, grâce aux aides
crédit et à une
rendre au bureau. flairent l'aubaine. Ils
En F r a n c e , ce acquièrent des ter-
publiques à l'accession à la goût pour la vie en rains en petite cou-
propriété, plus de la moitié
des ménages l'est devenue.
pavillon est bien
ancré. En 1945 déjà,production à la ronne et les lotissent
en parcelles pour les

Mais avec l'explosion du prix de


75 % des Français
souhaitaient deve- chaîne des maisons vendre aux ouvriers
et employés en leur
l'immobilier, les classes popu- nir propriétaires
d'un logement individuel. Une aspiration
promettant eau cou-
rante, électricité et tout-à-legout. Ces opé-
laires ont dû s'installer de plus qui s explique sans doute par le passé rural rations vite menées provoqueront, au milieu
en plus loin de la ville-centre, de notre pays. La majorité de la population des années 1920, l'affaire dite des mal-lotis,
ces acheteurs privés de tous les services
a des grands-parents paysans. En France,
qui concentre 9 0 % des emplois. il a fallu attendre 1949 pour que la popu- promis. «Des milliers d'honnêtes familles de
La part des déplacements lation des villes égale celle des campagnes, prolétaires et d'employés, désireuses de
devenir propriétaires, campent dans la boue,
des décennies après l'Angleterre ou l'Al-
dans leur budget a augmenté de lemagne. «Toutefois, l'idée qu'une vie trompés par les lotisseurs », précise Annie
5 0 % en 40 ans. Et la hausse réussie doit être consacrée à devenir Fourcaut, professeur d'histoire contempo-
raine à l'université Paris 1 Panthéon-Sor-
du coût de l'énergie les fragilise propriétaire de sa maison a aussi été
diffusée par les politiques publiques à bonne. La loi Louchcur. votée en 1928, ins-
car les pavillons sont souvent travers les aides à l'accession à la pro- taurant des prêts à 2 % sur une très longue
des passoires thermiques. priété, par les médias avec l'image qu'ils
donnent du bonheur, et par les construc-
durée, permettra à de nombreuses familles
modestes de devenir propriétaires, et à
teurs eux-mêmes et leur matraquage 100 000 mal-lotis banlieusards d'échanger
ENTREPRISES & MARCHÉS leur bicoque contre un pavillon en pierre
publicitaire»,estime Rodolphe Dodier,
géographe, professeur à l'université meulière. La population d'un village comme
Le déplacement domicile - travail : une plaie d'Aix-Marseille. Et le pavillon, bâtisse Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) est
béante plantée au milieu d'une parcelle, multipliée par 6 entre 1921 et 1931.
est le modèle de construction qui Au lendemain de la Seconde Guerre mon-
chauffer son logement
Boulogne : lorsque répond le mieux à l'idéal des diale, l'urgence de reloger la population
ménages qui rêvent d'un jardin conduit durant deux décennies les pouvoirs
\ où faire griller des brochettes et publics à privilégier habitat collectif et loge-
5 planter des tomates, d'une place ments à bas coût. Ainsi s'érigent les fameux
sécurisée pour leur voiture, mais «grands ensembles». Il faut attendre 1976
a
banlieues, les Français privilégient la maison individuelle

êve au cauchemar ?
ir que le nombre de pavillons bâtis rede- génération née en 1908 à 34 ans pour celles vont se structurer pour former un groupe de
me supérieur à celui des appartements, née en 1952 ! » 30,4 % des ménages rembour- pression dont l'action en faveur de l'habitat
lusieurs facteurs vont permettre au plus saient un crédit immobilier en 2012 (source individuel sera déterminante, poursuit Ro-
nd nombre, et notamment aux classes Fédération française bancaire). dolphe Dodier. Plusieurs décisions prises par
:mlaires, d ' e x a u c e r leur rêve d ' u n La production des maisons sur un mode les pouvoirs publics l'attestent.» Les gouver-
im'suffit ». L'accès aux crédits, d'abord. La industriel a, elle aussi, facilité l'accès à la pro- nements successifs vont ainsi multiplier les
e en place du marché hypothécaire en priété. Murs de parpaings, charpentes préfa- mesures pour faciliter l'accès à la propriété :
6 permet de gager son emprunt sur le briquées, plaques de plâtre cartonnées font crédit d'impôts sur les intérêts d'emprunt,
ti acheté ; les ménages peuvent dès lors baisser le coût des matériaux et divisent par 3 prêts à taux zéro. Près d'un ménage sur cinq
srunter presque sans apport. « Ce recours le délai de construction qui est aujourd'hui devenu propriétaire entre 2002 et 2006 a
emprunt a complètement modifié la d'environ un an. Cette industrialisation est bénéficié de ce dispositif. L'offre de logement
nière et le moment dont on devient pro- soutenue à la fois par les industriels du béton pour les familles est ainsi devenue en majo-
kaire », détaille François Madoré, profes- et du verre, et par les promoteurs spécialisés rité pavillonnaire. «Certes, les Français
r de géographie à l'université de Nantes, dans la vente sur catalogue, qui apparaissent peuvent aspirer u de tout leur être" à une
âge moyen d'accès à la propriété a forte - dans les années 1960 — l'un des plus célèbres maison»,remarque Marie-Christine Jaillet,
nt diminué, passant de 56 ans pour la étant la société Phénix. «Les constructeurs géographe, directrice de recherche au CNRS
à Toulouse. « Mais constatons qu'on les y in-
cite fortement.» Les constructeurs ne sont
ie forme d'habitat prisée, mais coûteuse dans la durée pas les seuls à en avoir profité. Les équipe-
mentiers fournissant isolation, fenêtres, vo-
Shift Projet (TSP), un club de réflexion consacré à l'énergie, a mené une étude prospective lets roulants ont largement bénéficié de cette
les dépenses énergétiques. En 2012, 2 7 % des foyers consacrent plus de 5 0 % de leur budget expansion, tout comme les grandes surfaces
dépenses contraintes (remboursement du prêt+chauffage+transports). Dans vingt ans, ils
>nt 6 8 % ! Une menace, estime TSP, qu'il faudrait d'ores et déjà prendre en compte. de bricolage ou les jardineries.

surcentage des foyers selon la part de leur budget Des villages submergés
inçacré aux dénenses contraintes par une ci marée de pavillons»
Dernier facteur à avoir joué un rôle déter-
minant : la généralisation de l'automobile.
30 % des familles en possédaient une dans
les années 1960, plus de 80% aujourd'hui.
30 % en ont même deux (en 2012). «Les
salariés ont profité de cette mobilité nouvelle
pour aller s'installer là où les terrains
n'étaient pas trop chers et où ils trouvaient
une vie plus tranquille », constate Eric Le
Breton, sociologue, chercheur à l'université
de Rennes 2 et auteur de Domicile-travail :
les salariés à bout de souffle. L'amélioration
des routes a aussi contribué à ce phénomène.
La population qui vit en périphérie des villes,
au-delà de la banlieue et de ses grands en-
sembles, a doublé ces quarante dernières
années pour dépasser les 10 millions en 2006.
Cet espace est appelé périurbain car une
large majorité des actifs qui y habite travaille
en ville. Il occupe aujourd'hui un tiers de
l'Hexagone : 1 Français sur 6 y vit et, selon
les prévisions de l'Insee, ils seront plus de la
moitié en 2030. Le pavillon y est le mode
d'habitat privilégié et représente 8 logements
sur 10 (source : Commissariat général au
développement durable, 2012).
« Les villages aux alentours des villes ont
jusqu'en de 1949 de 1975 de 1982 de 1993 de 1997
ainsi été pour beaucoup "submergés" par une
1948 à 1974 à 1981 à 1992 à 1996 à 2001
"marée de pavillons" souvent bien peu m m m
* :

m
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L'ENQUÊTE DE ÇA M'INTÉRESSE 3-1 \ |I Bnk
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V '
« a s organisée et contrôlée », décrit Marie- neuves a augmenté de 5,8 % par an en
Christine Jaillet. Et Philippe Schmit, délégué moyenne. Pour voir leur rêve de pavillon se
général adjoint chargé de l'urbanisme à réaliser, les ménages ont dû faire des com-
l'Association des communautés de France promis : acheter plus petit, accepter de
(AdCF),de préciser : «On incrimine les lotis- passer tous les jours des heures dans les
sements, mais le grignotage des espaces natu- bouchons, s'endetter plus longtemps. « Nous
rels périurbains s'est fait aussi et surtout de rêvions d'une maison de 110 m 2 avec un
façon insidieuse et quasi invisible en délivrant sous-sol, reconnaît Xavier. Mais avec notre
des permis de construire au coup par coup.» budget pour réaliser ce projetai aurait fallu
46 % des maisons bâties en 2011 l'ont été en nous expatrier à 25 km du centre-ville. On
dehors d'opérations d'aménagement. s'est finalement résolus à acheter un pavillon
Toutefois, les communes périurbaines se de 90 m2, plus petit mais plus près.» Ils ne
sont bien gardées de s'étendre au point de regrettent pas ce choix. «A Malaunay, il y a
se toucher. Vue d'avion, cette vaste nappe encore des petits commerces, des profession-
de maisons apparaît en effet discontinue, nels de santé, le tissu associatif est dense, et
chaque village étant séparé de ses voisins une ligne de bus qui passe près de chez nous
par une bande non construite de champs, de dessert directement le centre de Rouen,
bois. « Cette ceinture verte est essentielle, ajoute Xavier. Nous n'aurions pas bénéficié
car elle conforte les habitants dans l'idée d'une telle offre de service si nous avions
choisi de nous installer dans une
petite commune plus éloignée.»

10% des Français


Les prix de l'immobilier ont ainsi
^ ^ ^ créé un périurbain à plusieurs vi-
V tesses. La distance à la ville-centre,

font plus de 30 km V
v les services, l'offre de transports en
commun, la qualité du paysage déter-
eu les moyens de s'installer ailleurs, il fait
moins bon vivre. Parce que les communes
par jour pour se v
v minent l'attractivité des communes, les
prix des pavillons et le profil des gens qui
qui s'y trouvent subissent parfois des nui-
sances importantes, avec la proximité d'un

rendre au travail W
f
y vivent. « Dans l'ouest de l'Ile-de-France,
les villages situés à moins de 40 km de
Paris se caractérisent par une forte propor-
aéroport ou d'une décharge... Mais aussi
parce qu'elles sont loin de tout. Des emplois
mais aussi des services qui ont eu tendance
tion de cadres (21 %), observe Lionel Rougé. à s'éloigner et se raréfier ces dernières années
qu'ils vivent dans un village entouré de na- Ensuite, plus on s'éloigne, plus cette propor- avec la fermeture des bureaux de poste, des
ture», explique Eric Charmes, sociologue, tion décroît régulièrement. Au-delà de cabinets médicaux, etc. La distance à vol
directeur de recherche à l'université de Lyon 80 km, les cadres ne r e p r é s e n t e n t plus d'oiseau des commerces et des établisse-
et auteur de la Ville émieîtée (PUF). «Que que 1 ménage sur 10, plus de la moitié sont ments scolaires, par exemple, y a augmenté
les zones bâties des différentes communes des ouvriers ou des retraités.» Exemple : à respectivement de 29 % et 22 % entre 1994
se rejoignent, et ces derniers ont vite le Châteaufort, le revenu moyen d'un couple et 2008 (source Insee). C'est «la France
sentiment quils sont rattrapés par la ban- avec deux enfants s'élève à 70 000 € par an. moche», comme l'a qualifiée Télérama en
lieue qu'ils ont fuie !» Pour protéger leurs Il faut dire que ce village des Yvelines, situé février 2010, une France de lotissements
ceintures vertes, les maires restreignent dans le parc naturel régional de la vallée de standardisés, de ronds-points en cascades et
l'ouverture à l'urbanisation. «Arrivés à un Chevreuse, offre à ses 1 400 habitants un de «boîtes à chaussures» (les hangars) aux
certain seuil de population, ils arrêtent de cadre de vie très agréable tout en étant enseignes criardes. « Partout la même trilogie
délivrer des permis de construire», précise proche de zones d'emplois importantes — infrastructures routières, zones commer-
Lionel Rougé, géographe et chercheur à comme le plateau de Saclay. Dans le péri- ciales, lotissements — concourt à l'étalement
l'université de Caen. C'est ainsi que la de- urbain des classes populaires qui n'ont pas urbain le plus spectaculaire d'Europe», dé-
mande de pavillon nonce l'hebdomadaire.
d a n s la p r e m i è r e Dans ces territoires excentrés, l'offre de
couronne entourant Le prix des terrains s'envole transports en commun est quasiment inexis-

i«faire
les grandes villes a
t r è s vite d é p a s s é
Is ont été 158 000 et réclamant des 210 € en IdF. Pour tante. Il faut prendre sa voiture pour conduire

l'offre. Les prix se


foyers en 2013 à aides de l'Etat. Pre- s'adapter, les mé- les enfants à l'école, acheter le pain et surtout

sont envolés et, par


construire», mière raison : ren- nages diminuent leur rejoindre son travail. 10 % des Français par-
courent plus de 30 km par jour pour se rendre
conséquent, les mé- selon les chiffres du chérissement des parcelle (1072 m2) au bureau ou à l'atelier. Et parmi eux. les
nages se sont instal- ministère de l'Ecolo- terrains à bâtir, dont pour une surface salariés les plus précaires, intérimaires et
lés plus loin. gie. C'est 14 000 lo- le prix a doublé en moyenne de plancher C D D sont surreprésentés. Ainsi, de nom-
L'explosion des
gements de moins moins de dix ans de 125 m2. Le terrain breuses familles modestes installées dans la
tarifs de l'immobi- qu'en 2012. L'Union dans certaines ré- compte pour un tiers lointaine périphérie des villes ont été ame-
lier, déconnectée de des constructeurs, gions (Ile-de-France, dans le prix d'achat, nées à faire des arbitrages difficiles. « Il n'est
l'évolution des reve- l'une des fédérations PACA, Centre...). qui atteint 210 000 € pas rare que les femmes renoncent à travail-
nus, a elle aussi pesé professionnelles, fait Coût moyen du ter- en moyenne. 27% ler étant donné le coût des transports et de
sur cet exode rural à grise mine, déplorant rain en France : des acheteurs étaient garde des enfants, observe Rodolphe Dodier.
l'envers. Depuis la fin les difficultés des 66 €/m2, avec un déjà propriétaires; Elles deviennent en quelque sorte prison-
des années 1990, le jeunes couples à ac- écart allant de 36 € 49% étaient loca- nières de leur pavillon et ne s'y sentent pas
prix des m a i s o n s céder à la propriété, en Bourgogne à taires hors HLM. nécessairement bien.»
Des commerces en enfilade
Une proximité retrouvée Les magasins sont posés le long des
Dans le périurbain se nouent des routes pour en faciliter l'accès en
solidarités, d'autant que les habitants voiture, rarement en transports en
restent davantage chez eux le week- commun. Pourtant, un tiers des
end et pendant les congés : l'« effet visiteurs en sortent les mains vides.
barbecue», disent les chercheurs.

Les fins de mois sont d'autant plus difficiles lages-dortoirs. « Beaucoup d'entreprises se Issoudun (36), Dinan (22), Pont-Sainte-
que les dépenses de chauffage grèvent aussi sont délocalisées en périphérie des villes afin Maxence (60), Sablé-sur-Sarthe (72)... Ces
fortement les budgets. La facture s'élève à de payer moins d'impôts et de bénéficier de territoires devraient bénéficier d'une mobi-
1 700 € par an en moyenne en Ile-de-France. plus d'espace », souligne Lionel Rougé. Le lisation renforcée de l'ensemble des poli-
Beaucoup de pavillons se révèlent être des périurbain a ainsi gagné un million d'emplois tiques publiques de l'Etat, en faveur de
«passoires thermiques» car ils ne sont pas dans le commerce, les transports et les ser- l'emploi, de l'éducation, des transports et de
isolés par les logements voisins et disposent vices entre 1999 et 2010.35 % des personnes programmes de renouvellement urbains.
de surfaces vitrées plus importantes. Ils qui y vivent y travaillent aussi, ce qui réduit Lorsque Xavier et son épouse ont choisi
consomment 10 à 15 % d'énergie en plus leur budget transport. « Elles se rendent ra- Malaunay pour s'installer, ils n'ont pas évalué
qu'un appartement à dimensions égales. Ceux rement dans la ville-centre et profitent de l'impact que ce choix aurait sur leur budget,
construits jusqu'au milieu des années 1970, l'offre de services offerte par les bourgs si- la part des transports notamment. «Pour la
avant que ne soit adoptée la première régle- tués près de chez eux qui sont ainsi redyna- plupart des acquéreurs, les coûts du chauf-
mentation thermique (en 1975) s avèrent par- misés, ajoute Lionel Rougé. Ce périurbain fage et des déplacements sont invisibles, ils
u
ticulièrement mal isolés. Pour ne rien arran- archipel''constitué de plusieurs pôles d'em- ne pèsent pas dans l'arbitrage lorsqu'ils
ger, trois quarts des maisons situées en zone ploi et d'activités et qui privilégie la proxi- achètent leur logement, regrette Maizïa
périurbaine sont chauffées à l'électricité, l'une mité, c'est l'avenir.» Mindjid. C'est après qu'ils se font sentir. En
des énergies les plus chères. « C'est une ano- Ces zones pavillonnaires seraient égale- Allemagne, certaines banques intègrent ces
malie française, dénonce Maïzia Mindjid, pro- ment propices à l'entraide entre voisins. « Les coûts de l'énergie dans l'évaluation de la
fesseur à Polytech Tours. Afin d absorber la habitants du périurbain ne vivent pas tous solvabilité des personnes qui sollicitent un
surcapacité des centrales nucléaires, les mé- recroquevillés dans des pavillons et beau- crédit immobilier.» Ce n'est pas encore le
nages ont été encouragés à équiper leur mai- coup recherchent au contraire une sociabilité cas en France. Toutefois des outils Internet
son en tout électrique,» locale dense», remarque Eric Charmes. pour évaluer ces charges se développent.
Lionel Rougé a aussi observé cette convivia- Ainsi, la calculette éco-déplacements de
Les zones pavillonnaires excentrées lité. « Ils partagent leur voiture pour faire les l'Ademe est déjà disponible. Elle permet de
sont propices à l'entraide courses, troquent fruits et légumes cultivés comparer les coûts et les impacts sur l'envi-
Pour bien des ménages modestes installés dans leurs jardins.» Cette stratégie d'échange ronnement des allers-retours domicile-travail
loin des villes-centres, la vie rêvée en pavillon de services peut aider les familles modestes en fonction du moyen de transport choisi.
pourrait virer au cauchemar avec l'envolée à passer les caps difficiles, a fortiori lors- Pour un trajet de 30 km par exemple, prendre
du prix de l'énergie amorcée depuis 2008. qu'elles ont déjà remboursé leur maison. le train plutôt que la voiture permet d'éco-
Les fermetures d'usines qui se succèdent Enfin, l'Etat semble avoir pris la mesure nomiser 5 576 € par an. De quoi rêver d'un
enfoncent encore le clou. 15 à 20 % des fa- du risque de relégation qui pèse sur ces pavillon... près d'une gare ! •
milles qui vivent dans le périurbain des territoires durement frappés par la crise. Les
grandes villes comme Lyon, Marseille, Bor- crédits de la politique de la ville, concentrés
deaux sont considérées comme vulnérables jusqu'alors sur les banlieues, devraient désor- POUR ALLER PLUS LOIN
à la hausse du prix des carburants. Les mais bénéficier à tous les quartiers concen-
transports dépassent déjà 18 % de leurs reve- trant de la pauvreté, qu'ils soient situés en
I Livres bas», Aymeric Patricot,
nus. Une nouvelle envolée de l'énergie zone urbaine ou à la campagne. Une centaine • « Fractures françaises », édition Plein Jour.
pourrait les faire basculer dans le rouge ! de nouvelles communes prioritaires ont ainsi Christophe Guilluy, • « La Ville émiettée,
Ce scénario noir n'est toutefois pas inéluc- été identifiées, notamment des petites et éd. Flammarion. essai sur la clubbisation
table. D'abord, les communes du périurbain moyennes villes comme Auch (32), Guéret • « Les Petits Blancs, un de la vie urbaine»,
ressemblent de moins en moins à des vil- (23), Villeneuve-sur-Lot (47). Joigny (89), voyage dans la France d'en Eric Charmes, PUF.

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