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Sécurité sanitaire des aliments

par Marc CHAMBOLLE


Institut national de la recherche agronomique (INRA)
Direction scientifique Nutrition humaine et Sécurité alimentaire

1. Appréciation des risques ....................................................................... F 1 110 - 2


1.1 Définition et contexte .................................................................................. — 2
1.2 Identification et caractérisation .................................................................. — 3
1.3 Évaluation de l’exposition........................................................................... — 5
1.4 Caractérisation des risques......................................................................... — 6
2. Gestion des risques ................................................................................. — 6
2.1 Définition et contexte .................................................................................. — 6
2.2 Action des autorités politiques et administratives ................................... — 6
2.2.1 Organisation administrative .............................................................. — 6
2.2.2 Élaboration des réglementations ...................................................... — 7
2.2.3 Mesures contractuelles reconnues par les pouvoirs publics.......... — 8
2.2.4 Contrôle et action contentieuse et judiciaire.................................... — 8
2.2.5 Gestion des risques en situation de crise......................................... — 9
2.3 Action des entreprises................................................................................. — 9
2.3.1 Contexte et nécessité d’une gestion intégrée .................................. — 9
2.3.2 Le système HACCP ............................................................................. — 9
2.3.3 Traçabilité ............................................................................................ — 11
3. Communication sur les risques ........................................................... — 12
3.1 La perception du public............................................................................... — 12
3.2 Une stratégie de communication ouverte et transparente ...................... — 12
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. F 1 110

écurité sanitaire est, pour les aliments, un terme d’apparition récente, dont
S l’emploi a été consacré par une loi du 1er juillet 1998 qui a institué une
« Agence française de sécurité sanitaire des aliments ». Le champ de la sécurité
sanitaire ne fait pas encore l’objet d’une définition précise et universellement
admise. Nous proposons que l’on considère, dans le cadre de cet article, comme
relevant de la sécurité sanitaire l’ensemble des connaissances, procédures et
actions grâce auxquelles on évalue et on maîtrise les risques pour la santé de
l’homme, induits par les propriétés des aliments résultant de leur préparation et
de leur transformation, tout au long de la chaîne alimentaire depuis la produc-
tion de matières premières jusqu’à la consommation.
« Sécurité sanitaire des aliments» est parfois remplacé par « sécurité
alimentaire », terme qui peut être source de confusion, car il désigne plutôt la
sécurité de l’approvisionnement des populations en aliments (en anglais « food
security »). « Sécurité sanitaire des aliments » correspond en fait à l’anglais
« food safety », parfois traduit par « salubrité », dont le sens est à vrai dire un
peu différent (« caractère de ce qui est favorable à la santé des hommes »
d’après le Petit Robert, édition de 1998).
La sécurité sanitaire des aliments est d’abord un enjeu de santé publique. Il est
difficile de dénombrer les décès, maladies et troubles passagers plus ou moins
graves directement imputables aux aliments, et plus encore à l’alimentation
prise dans son ensemble : la surveillance et le diagnostic sont malaisés car les
effets peuvent être disséminés dans l’espace, différés dans le temps, et non spé-

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cifiques. En outre, des aliments parfaitement sains peuvent entrer dans des régi-
mes déséquilibrés responsables à terme de maladies cardio-vasculaires, de
diabète, d’obésité... Pour les seules infections microbiennes d’origine alimen-
taire et à souches connues, le nombre de décès en 1994 en France a été estimé
à 160 (rapport du sénateur Huriet). Aux États-Unis, ce nombre a été estimé à
9 000 par an, et celui des malades entre 6,5 et 33 millions (rapport au Président,
mai 1997). Quoiqu’il en soit, ni l’opinion publique, ni les gouvernants responsa-
bles de la santé publique ne peuvent admettre que la qualité sanitaire des ali-
ments ne soit pas aussi élevée qu’il est raisonnablement possible de l’espérer.
La sécurité sanitaire des aliments est aussi un enjeu économique et
commercial : les entreprises responsables de la mise sur le marché d’aliments
qui se sont révélés dangereux risquent leur réputation et même leur existence,
et les crises qui se développent dans des épisodes comme ceux de la « vache
folle » (encéphalopathie spongiforme bovine, ESB) ou lors de toxi-infections
d’origine microbienne peuvent atteindre toutes les entreprises d’une branche
devenue suspecte dans son ensemble. Les coûts pour la collectivité des mesures
correctives et ceux de la mortalité et de la morbidité humaines peuvent atteindre
des sommes considérables : les autorités britanniques estiment à 3, 5 milliards
de livres le coût de la crise de l’ESB entre 1996 et 2000, et des estimations amé-
ricaines (United States department of Agriculture, 1997) chiffrent entre 3,3 et
27,2 milliards de dollars par an les coûts médicaux et les pertes de productivité
engendrés par les principales toxi-infections d’origine microbienne (avec une
« valeur » de la vie « statistique » d’un homme pouvant monter jusqu’à 5 mil-
lions de dollars...). Par ailleurs, les critères de sécurité sanitaire des aliments
prennent une importance croissante dans le commerce international, où ils sont
certes un outil pour la protection des consommateurs, mais aussi le cas échéant
une « barrière non tarifaire » aux échanges et une arme de concurrence
commerciale. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a affirmé sa vigi-
lance pour s’assurer que les critères retenus par les opérateurs reposent sur des
arguments scientifiquement fondés.
L’ingénieur et le technicien de l’industrie agroalimentaire ne peuvent plus
ignorer les questions relatives à la sécurité sanitaire des aliments, qui interfèrent
désormais dans toutes les opérations de conception, d’approvisionnement en
matières premières, de production et de distribution des aliments. La sécurité
sanitaire des aliments est justiciable d’une démarche d’analyse des risques, ana-
logue à celle qui est de mise dans toute production industrielle. L’analyse des ris-
ques est un processus comportant trois volets : l’appréciation des risques, la
gestion des risques et la communication sur les risques. Ce sont les points qui
sont examinés dans cet article.

1. Appréciation des risques dans un aliment, ou un état de cet aliment pouvant avoir un effet
adverse pour la santé ». Le risque est quant à lui « fonction de la
probabilité d’un effet adverse pour la santé et de sa gravité, du fait
de la présence d’un danger dans un aliment ».
1.1 Définition et contexte L’appréciation des risques se fait à partir des connaissances
acquises dans diverses disciplines : toxicologie, chimie analytique,
microbiologie, épidémiologie, biométrie, etc. Elle implique donc la
L’appréciation des risques sanitaires des aliments est un pro- réalisation d’expertises qui doivent nécessairement être collectives,
cessus à base scientifique comprenant les étapes suivantes : pluridisciplinaires, soumises à révision périodique et conduites par
l’identification des dangers, la caractérisation des dangers, des instances qui assurent l’indépendance des experts. Chaque
l’évaluation de l’exposition, la caractérisation des risques. pays développé s’est doté d’instances scientifiques consultatives
pour procéder à l’appréciation des risques pour la sécurité sanitaire
des aliments. En France, le Conseil supérieur d’hygiène publique
Selon la définition du Codex Alimentarius (programme mixte de (CSHPF) a rempli un rôle important, en s’appuyant sur les travaux
la FAO, Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, et de d’une section spécialisée en alimentation et nutrition. D’autres
l’OMS, Organisation mondiale de la santé, ou en anglais World commissions scientifiques ont aussi à connaître des questions qui
Health Organization, WHO, sur les normes alimentaires), on entend touchent à la sécurité sanitaire des aliments, par exemple celles qui
par danger un « agent biologique, chimique ou physique présent donnent des avis sur l’alimentation animale, sur les médicaments

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vétérinaires, sur les amendements et produits phytosanitaires, sur de la production et de la transformation, les matières premières
la dissémination d’organismes génétiquement modifiés, etc. La alimentaires et industrielles aussi bien que les produits finis.
mise en place de l’Agence française de sécurité sanitaire des
aliments (prévue pour début 1999) devrait renforcer la cohésion et ■ La caractérisation des dangers est l’évaluation qualitative et
les moyens de ce dispositif, qui prend place dans un contexte de quantitative de la nature des effets adverses pour la santé associés
plus en plus international. Dans l’Union européenne, l’expertise sur aux dangers définis précédemment. Elle nécessite le recours à
la sécurité sanitaire des aliments est conduite par des comités scien- l’expérimentation animale et à des essais avec diverses doses pour
tifiques, dont le domaine de compétences et le fonctionnement ont déceler et mesurer l’intensité des effets adverses. Il n’y a pas de pro-
été redéfinis en 1997, pour remédier à des dysfonctionnements que tocole universel s’appliquant à toutes les substances, mais on
la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine avait mis en considère qu’un minimum d’études doivent être réalisées : toxicité
évidence. Huit comités scientifiques sur des matières liées à la santé aiguë, toxicité chronique, études de reproduction et de tératogéni-
des consommateurs ont été mis en place auprès de la direction cité, cancérogénèse, mutagenèse, études métaboliques et pharma-
générale XXIV « Politique des consommateurs et protection de leur cocinétiques, allergénicité, méthodes d’analyses et définition des
santé » qui est la plus à l’abri des pressions de la part des intérêts spécifications de pureté...
économiques. La sécurité sanitaire des aliments concerne en prio- La seule évaluation qualitative, qui se limiterait à la constatation
rité le comité scientifique de l’Alimentation humaine et celui des et à la description des effets adverses, ne serait pas suffisante, car
Mesures vétérinaires en rapport avec la santé publique ainsi que, elle donnerait peu d’indications utiles pour la gestion des risques
dans une moindre mesure, ceux qui traitent de l’alimentation inhérents à l’alimentation. C’est pourquoi la caractérisation des
animale, de la santé animale, des plantes et de l’environnement. Au dangers comporte l’évaluation de la relation dose-réponse, c’est-à-
niveau mondial, la FAO et l’OMS ont institué depuis longtemps des dire la détermination de la relation entre le degré d’exposition
comités mixtes pour les Additifs alimentaires et les Contaminants (dose) à un danger et la fréquence et la gravité des effets adverses
(Joint Expert Committee on food additives, JECFA) et pour les pour la santé.
Résidus de pesticides (Joint Meeting of FAO and WHO Expert Group
on pesticide residues, JMPR). Ces organisations internationales La relation dose-réponse est plus facile à établir avec des animaux
interviennent également dans le cadre du Codex Alimentarius qui d’expérience, sur lesquels des études d’exposition à long terme
travaille à établir des normes pouvant être adoptées par les États, peuvent être conduites, que sur l’homme. Les toxicologues sont
par exemple sur l’hygiène alimentaire (aspects microbiologiques). conduits à extrapoler à l’homme des résultats obtenus sur des
L’OCDE (Organisation de coopération et de développement écono- animaux. Ils ont mis au point le concept de dose journalière admis-
mique) a pour sa part produit des lignes directrices pour l’évaluation sible pour l’homme (DJA), initialement utilisé pour les additifs
des substances chimiques, applicables mutatis mutandi à l’évalua- alimentaires, mais qui peut être étendu à toute substance chimique
tion toxicologique des composants de l’alimentation. définie. Il s’agit de la quantité de cette substance qui peut être
ingérée quotidiennement pendant toute la durée de la vie sans
Bien que l’appréciation des risques soit d’abord l’affaire des entraîner de risque appréciable pour la santé des consommateurs,
experts, les responsables de l’industrie alimentaire doivent être sur la base des fait connus au moment de sa fixation. Elle est géné-
en mesure d’en comprendre les modalités et surtout les indica- ralement exprimée par rapport au poids corporel. La DJA est établie
tions pour déterminer les mesures de gestion des risques appli- à partir de la dose sans effet (DSE), qui n’a entraîné aucun effet
cables à la situation particulière de leurs entreprises. toxique détectable sur les animaux d’expérience (appartenant de
préférence à plusieurs espèces différentes). Pour passer de la DSE à
la DJA, on applique un facteur de sécurité, généralement de 100 : il
tient compte de la différence possible de sensibilité entre les
1.2 Identification et caractérisation animaux d’expérience et l’homme (facteur estimé à 10) et de la diffé-
rence de sensibilité entre individus de même espèce (facteur estimé
à 10 également). Le facteur de sécurité peut être plus ou moins élevé
■ L’identification des agents biologiques, chimiques et physiques, si on dispose d’arguments expérimentaux pour le modifier. Pour les
présents dans un aliment ou un groupe d’aliments et pouvant pro- additifs alimentaires, on peut attribuer une DJA non spécifiée
voquer des effets adverses pour la santé, repose sur des connais- lorsque les données toxicologiques ne révèlent pas de risque pour
sances scientifiques documentées. Ces connaissances proviennent la santé quand ils sont employés aux concentrations nécessaires
essentiellement de trois types d’études : pour obtenir l’effet souhaité.
— des études épidémiologiques, qui établissent des corrélations De par sa définition, qui fait appel à des facteurs de sécurité forfai-
entre des événements pathologiques et la consommation d’ali- taires sinon arbitraires, la DJA ne peut pas être considérée comme
ments ou de composants d’aliments de composition connue ; une valeur mathématique marquant une nette séparation entre
— des études toxicologiques, menées principalement chez l’ani- l’innocuité et le risque avéré pour la santé. On admet en particulier,
mal, mais aussi in vitro, reliant des effets cliniques ou anatomo- pour les additifs alimentaires, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter d’un
pathologiques à l’exposition à des constituants définis des dépassement accidentel ou limité en valeur. Pour les contaminants,
aliments ; on utilise généralement le concept, voisin de celui de DJA, de dose
— des études de relation entre la structure chimique et l’activité tolérable provisoire : on considère en effet qu’il n’y a pas lieu
toxique, qui permettent de suspecter ou au contraire d’accepter d’« admettre » la présence de contaminants, qu’on ne peut que
comme sans risque notable des substances pour lesquelles aucun « tolérer ». La dose journalière n’ayant pas de signification pour des
effet néfaste n’a encore été observé. substances dont la présence est aléatoire et les effets le plus
souvent cumulatifs, les doses tolérables provisoires sont des doses
Les agents biologiques, chimiques et physiques qui constituent
hebdomadaires (DHTP).Pour les micro-organismes pathogènes, la
des dangers sont extrêmement variés. Beaucoup sont d’origine
question qui se pose est celle de dose minimale infectante (ou infec-
naturelle, qu’il s’agisse de constituants des aliments eux-mêmes, de
tieuse, DMI). Il est très difficile de déterminer une telle dose qui
toxines sécrétées par des organismes vivants, ou de composés qui
aurait une portée générale pour des individus se trouvant dans des
se forment spontanément du fait des procédés de fabrication. Il n’y
conditions physio-pathologiques très variées, et pour des espèces
a donc pas lieu de focaliser toute son attention et toutes ses craintes
dont la virulence peut connaître des différences considérables entre
sur le « chimique », l’« artificiel » ou la contamination accidentelle
souches.
par l’environnement. Le tableau 1 propose quelques exemples,
choisis parmi les plus significatifs mais qui sont loin d’être exhaus- Le tableau 2 présente, pour illustrer la caractérisation de dangers
tifs, de dangers liés à l’alimentation. On notera en particulier la liés à l’alimentation, quelques exemples de DJA, de doses toléra-
variété des « agents chimiques », qui concernent l’environnement bles et de doses minimales infectieuses.

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Tableau 1 – Identification des dangers : quelques exemples


Catégories d’agents Quelques exemples Quelques aliments critiques
• bactéries pathogènes — Salmonella sp. — volailles, œufs, viandes
— Listeria monocytogenes — fromages, charcuteries
Agents biologiques
• virus — hépatite A, Norwalk — fruits de mer, eau, légumes
• parasites — trichine — porc, cheval
• constituants « naturels » — alcaloïdes toxiques — champignons, p. de terre
des aliments — antitrypsiques — légumineuses (fèves…)
— allergènes — arachide, œufs, lait
• contaminants — pesticides — fruits et légumes
— résidus médicaux — produits animaux
vétérinaires
— métaux lourds — poissons, abats
Agents chimiques — matériaux d’emballages — produits humides, liquides
• constituants associés — toxines bactériennes — divers aliments
— mycotoxines — céréales, fruits secs
— amines biogènes — poissons, vins
• constituants ajoutés — additifs alimentaires — nombreux aliments
• constituants néoformés — hydrocarbures polycycliques — grillades
— carbamate d’éthyle — spiritueux
• corps étrangers — verre brisé, débris — aliments emballés
Agents physiques
• radioactivité — Cs137 , I131 — divers aliments

Tableau 2 – Caractérisation des dangers : quelques exemples de seuils d’innocuité


Seuils d’innocuité Source
Agents biologiques
• E. Coli O157:H7 DMI : 2 à 2 000 cellules — littérature scientifique
• Listeria monocytogenes DMI : 100 germes par gramme d’aliment (?) — littérature scientifique
Agents chimiques
• Allergènes — pas de seuils déterminés — littérature scientifique
• Pesticides :
lindane — DJA : 1 µg/kg de masse corporelle.jour — JMPR (FAO/OMS), 1997
malathion — DJA : 0,3 mg/kg de masse corporelle.jour — JMPR (FAO/OMS), 1997
phosalone — DJA : 20 µg/kg de masse corporelle.jour — JMPR (FAO/OMS), 1997
• Médicaments vétérinaires
— DJA non spécifiée — JECFA (FAO/OMS), 1998
Somatotropine bovine (BST)
• Contaminants :
plomb — DHTP : 25 µg/kg de masse corporelle.semaine — JECFA (FAO/OMS)
cadmium — DHTP : 7 µg/kg de masse corporelle.semaine — JECFA (FAO/OMS)
dioxines — DJA : 1 pg/kg de masse corporelle.jour — CSHP France, 1991
• Additifs :
acide citrique — DJA non spécifiée — JECFA (FAO/OMS)
sulfites — DJA : 0,7 mg/kg de masse corporelle.jour — JECFA (FAO/OMS)
rocou (colorant) — DJA : 65 µg/kg de masse corporelle.jour — JECFA (FAO/OMS)
Agents physiques
• radioactivité — Équivalent de dose : 1 mSv/personne.an — CIPR, 1990
DHTP : dose hebdomadaire tolérable provisoire
DJA : dose journalière admissible pour l’homme
DMI : dose minimale infectante (ou infectieuse)
CIPR : commission internationale de protection radiologique
CSHP : conseil supérieur d’hygiène publique
JECFA : Joint Expert Committee on food additives
JMPR : Joint Meeting of FAO and WHO Expert Group on pesticide residues

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1.3 Évaluation de l’exposition Les informations sur la consommation des aliments doivent dans
l’idéal porter sur les seuls aliments pouvant présenter un danger
donné. Ce n’est pas toujours le cas, car les catégories d’aliments
Il s’agit ensuite de procéder à l’évaluation qualitative et si possible dont les consommations sont connues ne correspondent pas forcé-
quantitative de l’ingestion probable des agents représentant des ment à ces seuls aliments. En outre, il est souhaitable de connaître
dangers par le biais des aliments (sans oublier l’eau de boisson). non seulement la consommation moyenne sur une durée de préfé-
rence longue, mais aussi les niveaux de consommation des plus
Il faut tenir compte également des voies autres que l’alimentation forts consommateurs, ou de groupes de population « à risque » du
par lesquelles le consommateur peut être exposé à l’agent (par fait de leurs habitudes alimentaires ou de leur spécificité physiolo-
exemple le cadmium par la fumée de tabac, des polluants atmos- gique (exemples : enfants, femmes enceintes, diabétiques, etc.). Il
phériques divers). se peut en effet que la dose admissible d’une substance ne soit pas
L’évaluation de l’exposition demande deux types de données : dépassée en moyenne, mais qu’elle le soit pour une certaine partie
des données sur la concentration en substances à évaluer dans les de la population vis-à-vis de laquelle il faudra décider de la conduite
aliments potentiellement dangereux, et des données sur la consom- à tenir. C’est pourquoi on cherchera à estimer la consommation à
mation de ces aliments. divers « percentiles » : la consommation d’un aliment au
Les données sur la concentration en substances représentant des 95e percentile est celle qui n’est dépassée, pour cet aliment, que par
dangers ne peuvent être connues que par la constitution de bases 5 consommateurs sur 100. On retient généralement pour caracté-
de données comprenant des résultats analytiques, obtenus soit sur riser les forts consommateurs le 95e ou le 97,5e percentile, plus rare-
un grand nombre d’échantillons (par exemple lors de contrôles ment le 99e percentile.
systématiques), soit lors d’enquêtes limitées (notamment par leur Les données complètes nécessaires à l’évaluation de l’exposition
coût) sur des échantillons qui ne sont pas toujours représentatifs. La étant rarement disponibles, on procède généralement par approxi-
répartition des concentrations, qui suit rarement une loi normale, mations successives. Le tableau 3 résume les principes des métho-
est utile à connaître. des utilisées dans le cas de substances définies.

Tableau 3 – Méthodes pour l’évaluation de l’exposition à des substances définies

Type de méthodes par degré de précision croissante Hypothèses sur la consommation et les teneurs

• c : concentration de la substance étudiée


• Q : quantité d’aliment considérée
1. Consommation potentielle théorique,
méthode du budget (« danois ») c : concentration maximale (autorisée ou d’usage)
Q : maximum physiologique d’ingestion, tous aliments solides
et liquides
2. Consommation potentielle théorique
au niveau permis par la qualité des données de consommation :
moyenne, 95e percentile, etc. c : concentration maximale (autorisée ou d’usage)
Q : somme des consommations estimées de tous les aliments
où la substance peut se retrouver
3. Consommation potentielle corrigée
• 3.1 - pas d’emploi connu dans certains aliments où la substance
est autorisée c : concentration maximale (autorisée ou d’usage)
Q : somme des consommations estimées des seuls aliments
contenant réellement la substance
• 3.2 - niveau d’emploi de la substance connu et inférieur c : concentration au niveau d’emploi réel
aux maxima autorisés
Q : somme des consommations estimées des seuls aliments
contenant réellement la substance
4. Estimation de la consommation réelle pour la population générale
• 4.1 - au niveau moyen de concentration connue c : concentration moyenne au niveau d’emploi réel
Q : combinaison des consommations mesurées des seuls aliments
contenant réellement la substance
• 4.2 - en tenant compte de la distribution des concentrations
(méthodes probabilistes) c : distribution des concentrations au niveau d’emploi réel
Q : combinaison des consommations mesurées des seuls aliments
contenant réellement la substance
5. Consommation réelle observée pour des groupes de population c : concentration mesurée dans les aliments du régime des individus
« à risque » « à risque »
Q : combinaison des consommations mesurées des seuls aliments
contenant réellement la substance

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Lorsque les méthodes les moins précises, qui sont aussi les plus La mise en œuvre de la gestion des risques en général, et des
simples et les moins coûteuses, sont suffisantes pour conclure à risques sanitaires des aliments en particulier, doit suivre une
une absence de risque, on peut s’en satisfaire. Dans le cas contraire, approche structurée en quatre étapes :
on est conduit à mettre en œuvre une méthode plus évoluée, en — l’évaluation du risque (distincte de l’appréciation du risque
passant par exemple d’une consommation potentielle théorique à examinée précédemment) ;
une consommation potentielle corrigée. C’est la démarche qui est — l’évaluation des options de gestion des risques ;
suivie en France par l’Observatoire des consommations alimen- — l’application des décisions de gestion des risques ;
taires qui effectue, principalement à la demande des pouvoirs — le contrôle et la révision éventuelle des mesures de gestion
publics, des estimations des consommations de diverses subs- des risques.
tances dotées de doses toxicologiquement admissibles (additifs
alimentaires, contaminants). Il utilise pour cela diverses sources sur L’évaluation du risque comporte l’établissement d’un « profil de
la consommation des aliments (enquête INSEE, données de panels risque » (risk profile) qui décrit et synthétise le contexte et la nature
de consommateurs, enquêtes de consommations individuelles d’un problème de sécurité des aliments, ses conséquences poten-
représentatives) et, pour les teneurs, les données fournies aussi tielles (sanitaires, économiques) pour les différentes parties concer-
bien par les pouvoirs publics que par les industriels. nées, la perception qu’en ont les consommateurs, etc. Ce profil aide
à fixer un degré de priorité pour un risque donné, à arrêter la façon
L’évaluation de l’exposition aux dangers induits par les micro- de procéder à son appréciation. Contrairement à la phase d’appré-
organismes est encore plus difficile, à cause des incertitudes sur la ciation des risques, qui est un processus scientifique, l’évaluation
fréquence et l’importance de la contamination par des populations des risques fait intervenir des considérations sur les « valeurs » et
de germes pathogènes. La microbiologie prédictive, qui s’est beau- les choix politiques de la société exposée à ces risques.
coup développée dans les équipes de recherche et dans les entre-
prises au cours des dernières années, a pour objet de mettre au Pour choisir une option de gestion d’un risque donné, il faut tenir
point des modèles qui permettront de mieux prévoir, en vue de le compte des résultats de l’évaluation du risque faite précédemment,
réduire, le développement des populations de germes pathogènes de la faisabilité technique et de l’efficacité des diverses options
dans les aliments. Les études épidémiologiques, comme celles qui possibles. Mais il faut aussi avoir déterminé le niveau du risque
sont réalisées en France par des instances administratives (direction acceptable, qui peut être par exemple le « risque zéro » avec des
générale de la Santé, réseau national de Santé publique, services critères du type de la DJA, ou un niveau de risque non nul si on
vétérinaires et autres services de contrôle) pour les toxi-infections retient des critères de valeur guide ou « aussi faible que cela est
alimentaires collectives (TIAC) resteront de toutes façons indispen- raisonnablement possible » (en anglais as low as reasonably
sables pour mesurer l’importance et les effets de l’exposition aux achievable, ALARA).
risques microbiologiques liés à l’alimentation. L’évaluation des options de gestion des risques débouche sur des
décisions d’action, dont l’application constitue la troisième étape du
processus. La mise en œuvre des décisions doit être suivie de
mesures de contrôle, pour vérifier leur bonne exécution et surtout
1.4 Caractérisation des risques leur efficacité. La révision éventuelle de l’ensemble des mesures
prises fait intégralement partie de la gestion des risques, qui est un
Selon l’OMS (1995), « la caractérisation des risques a pour objet processus continu devant tenir compte des enseignements de
d’estimer la probabilité d’effets indésirables sur la santé des popu- l’expérience et des faits nouveaux générés par le progrès social et
lations humaines exposées. Elle s’effectue en prenant en compte les scientifique.
résultats de l’identification des dangers, de leur caractérisation et de Les gestionnaires du risque sont non seulement des responsables
l’évaluation de l’exposition. En ce qui concerne les substances pour politiques et administratifs mais aussi des responsables (techniques
lesquelles il existe un seuil, le risque pour la population est caracté- et économiques) d’entreprises qui interviennent dans la chaîne de
risé par comparaison de la DJA (ou d’un autre paramètre) avec production alimentaire. On examinera successivement la façon dont
l’exposition. Dans ce cas, la probabilité d’effets néfastes sur la santé les uns et les autres doivent prendre et exécuter, au nom du groupe
est théoriquement égale à zéro lorsque l’exposition est inférieure à social qui les mandate, des décisions de gestion des risques sani-
la DJA. Lorsqu’il n’existe pas de seuil, le risque est le produit de taires des aliments.
l’exposition par l’activité ».
Comme l’identification et la caractérisation des dangers, la carac-
térisation des risques relève de la compétence et de la responsabi- 2.2 Action des autorités politiques
lité d’experts. C’est à d’autres responsables qu’il revient de conduire
les phases suivantes, qui sont des opérations de gestion des et administratives
risques.
Les autorités politiques et administratives interviennent principa-
lement par quatre types de mesures :
— l’organisation administrative des services contribuant à
2. Gestion des risques l’appréciation et à la gestion des risques ;
— l’élaboration de réglementations ;
— la mise en place ou l’accompagnement de mesures contrac-
tuelles ou « quasi réglementaires » ;
2.1 Définition et contexte — le contrôle et l’action contentieuse et judiciaire.
Les pouvoirs publics ont évidemment un rôle important dans la
gestion des risques en situation de crise, qui mérite d’être exposé
brièvement.
Selon la terminologie du Codex Alimentarius, on appelle
« gestion des risques le processus consistant à mettre en
balance les différentes politiques possibles compte tenu des 2.2.1 Organisation administrative
résultats de l’appréciation des risques et, au besoin, à choisir et
à mettre en œuvre les mesures de contrôle appropriées, y com- Un principe fondamental de l’organisation administrative des
pris les mesures réglementaires ». opérations relevant de l’analyse des risques s’est dégagé à l’usage,

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notamment à l’occasion de situations de crise, et acquiert mainte- — les procédures d’appréciation des risques et le contenu des
nant l’autorité que lui donne sa formulation par le Codex Alimenta- dossiers scientifiques exigés pour l’autorisation de mise sur le
rius (1997) : « Il doit exister une séparation fonctionnelle entre marché ;
l’évaluation des risques et la gestion des risques, tout en reconnais- — l’interdiction d’emploi de certaines matières premières ;
sant que certaines interactions sont indispensables à une approche — l’obligation d’employer des procédés ou des substances expli-
pragmatique ». citement autorisés (principe de la « liste positive ») ;
La Commission des Communautés européennes a de son côté — les critères d’identité et de pureté de substances employées en
rappelé, dans une communication sur « Santé des consommateurs alimentation ;
et sûreté alimentaire » (avril 1997), trois principes généraux pour — la fixation de teneurs limites maximales ou de limites maxima-
« une véritable politique alimentaire qui accorde une attention les de résidus (LMR) ;
primordiale à la protection et à la santé des consommateurs : — l’établissement de critères microbiologiques ;
— les conditions des contrôles officiels, les obligations des opé-
— premièrement, la séparation entre les responsabilités législati-
rateurs en matière d’autocontrôle ;
ves et celles pour la consultation scientifique ;
— les moyens et procédures permettant d’assurer la traçabilité
— deuxièmement, la séparation entre les responsabilités législa-
des denrées alimentaires (exemple : marquage sanitaire des den-
tives et celles du contrôle ;
rées d’origine animale), etc.
— troisièmement, le renforcement de la transparence et de la dif-
fusion de l’information tout au long du processus décisionnel et des Chacun de ces points pourrait être abondamment développé et
actions de contrôle ». illustré par l’existence de très nombreux textes réglementaires, fran-
çais ou communautaires. Celui qui exerce des responsabilités tech-
En France, le principe de séparation fonctionnelle entre l’évalua-
niques dans les opérations de préparation, de transformation et de
tion des risques et la gestion des risques doit trouver sa concrétisa-
distribution de denrées alimentaires ne peut pas connaître dans le
tion dans la mise en place de l’Agence française de sécurité
détail le corpus considérable des réglementations qui concernent
sanitaire des aliments, créée par la loi du 1er juillet 1998. Voici
ses activités. L’important est qu’il ait conscience de leur existence et
l’exposé de ses missions, dont la rédaction détaillée illustre la
qu’il sache à qui s’adresser, dans son entreprise ou auprès de
nécessité de prendre en compte la totalité de la chaîne alimentaire
consultants extérieurs, pour savoir à quelles obligations légales il
dans l’évaluation des risques : « Dans le but d’assurer la protection
doit répondre en matière de sécurité sanitaire des aliments. Il lui
de la santé humaine, l’agence a pour mission de contribuer à
sera également utile d’être informé sur les textes en projet, pour
assurer la sécurité sanitaire dans le domaine de l’alimentation,
pouvoir anticiper les adaptations techniques et organisationnelles
depuis la production des matières premières jusqu’à la distribution
nécessaires au respect de futures réglementations.
au consommateur final. Elle évalue les risques sanitaires et nutri-
tionnels que peuvent présenter les aliments destinés à l’homme ou On se limitera à un commentaire sur les réglementations qui
aux animaux, y compris ceux pouvant provenir des eaux destinées fixent des teneurs limites en certains constituants. Ces réglementa-
à la consommation humaine, des procédés et conditions de produc- tions sont des outils de gestion du risque, qui peuvent tenir compte
tion, transformation, conservation, transport, stockage et distribu- d’autres facteurs que ceux qui relèvent de la seule appréciation des
tion des denrées alimentaires, ainsi que des maladies ou infections risques. Par exemple, on a coutume d’utiliser, pour certains conta-
animales, de l’utilisation des denrées destinées à l’alimentation minants (pesticides, médicaments vétérinaires), le concept de
animale, des produits phytosanitaires, des médicaments vétéri- limites maximales de résidus (LMR). Voici la définition qu’en donne
naires, notamment les préparations extemporanées et les aliments le Codex Alimentarius pour les pesticides : « on entend par limite
médicamenteux, des produits antiparasitaires à usage agricole et maximale de résidu (LMR) la concentration maximale d’un résidu de
assimilés, des matières fertilisantes et supports de culture, ainsi que pesticide que le Codex Alimentarus recommande d’autoriser légale-
des conditionnements et matériaux destinés à se trouver en contact ment dans ou sur un produit alimentaire. La limite est exprimée en
avec les produits susmentionnés. ». parties pondérales de résidu de pesticide par million de parties de
l’aliment ou du produit alimentaire. En général une limite maximale
Le tableau B (Doc. F 1 110) présente de façon simplifiée l’organi- de résidu se rapporte au résidu résultant de l’emploi d’un pesticide
sation administrative, en France et au niveau de l’Union euro- dans des circonstances ayant pour objet de protéger l’aliment ou le
péenne, des principales fonctions de l’analyse des risques. Il illustre produit alimentaire contre les attaques de ravageurs en conformité
la nécessité de collaborations entre des services dont l’action pour- avec les bonnes pratiques agricoles ». En d’autres termes, on peut
rait, si l’on n’y prenait garde, se chevaucher, et celle de la vigilance accepter – et c’est de la responsabilité du pouvoir politique et de
pour l’application du principe de subsidiarité entre ce qui relève de celle des administrations qui préparent et exécutent ses décisions –
l’Union européenne et ce qui relève des prérogatives des États de fixer des limites réglementaires qui ne présentent pas la garantie
membres. de la sécurité sanitaire maximale pour les consommateurs, en
considérant que d’autres impératifs jugés plus importants (par
exemple la sécurité des approvisionnements en quantité suffisante
2.2.2 Élaboration des réglementations pour la population) doivent être privilégiés. Ces cas restent toutefois
en nombre limité.
Les principes de base de la réglementation tendent à subir une
Les réglementations qui ont pour objectif l’amélioration de la évolution. L’esprit de la réglementation française était plutôt de fixer
sécurité sanitaire des aliments sont de types et de portées très des obligations de résultats : critères généraux et particuliers à
variés. Sans chercher à être exhaustif, on peut citer par exemple des respecter en terme de teneurs, de qualité microbiologique, etc. La
règlements de diverses natures (lois, décrets, arrêtés pour la régle- tendance à développer des obligations de moyens, déjà sensible
mentation française ; directives, règlements, décisions, recomman- dans la réglementation vétérinaire dérivée de la loi du 8 juillet 1965,
dations pour la réglementation communautaire) portant sur : devient de plus en plus nette. On le voit par exemple dans la régle-
— l’agrément des installations et des personnels manipulant des mentation communautaire relative à l’hygiène des denrées alimen-
produits dangereux et des denrées alimentaires ; taires (directive 93/43 du 14 juin 1993). Cette directive introduit une
— les conditions hygiéniques de production, de transformation, approche voisine de celle qui avait été développée dans le domaine
d’emballage, de stockage et de distribution des denrées de la sécurité des produits industriels. Elle consiste à ne maintenir
alimentaires ; dans la réglementation que des exigences fondamentales de sécu-
— la déclaration obligatoire de maladies de l’homme ou des rité, en renvoyant à des pratiques d’application volontaire les
animaux ; moyens d’assurer le respect de ces exigences. Il revient alors aux
— les spécifications des procédés et matériels utilisés pour la pré- entreprises du secteur alimentaire de suivre des « prescriptions
paration d’aliments ; générales » sur les locaux, les équipements, l’hygiène personnelle,

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etc., et de mettre en œuvre des « procédures de sécurité appro- le domaine d’application de la norme. En France, les normes sont
priées en se fondant sur les principes utilisés pour développer le préparées et publiées par l’AFNOR (Association française de norma-
système HACCP » (voir paragraphe 2.3.2 la définition du système lisation). Un effort important d’harmonisation est accompli au
HACCP). Cette approche est aussi celle qui domine dans les travaux niveau mondial, notamment au sein de l’ISO (Organisation interna-
du Codex Alimentarius, qui inspirent les règles préconisées par tionale de normalisation). Sur le plan européen, la normalisation a
l’Organisation mondiale du commerce. acquis une importance accrue depuis la « nouvelle approche »
Pour illustrer l’ampleur du champ de la réglementation relative à adoptée en 1985 par la Commission des Communautés euro-
la sécurité sanitaire des aliments, le tableau C (Doc. F 1 110) péennes, qui confère aux normes européennes la propriété d’être
mentionne pour la plupart des domaines concernés et à titre des présomptions de conformité aux directives communautaires. Le
d’exemple les principaux textes de l’Union européenne et leurs prin- CEN (Comité européen de normalisation) est l’organisme qui
cipales dispositions. Les réglementations nationales des États élabore les normes relatives aux denrées alimentaires. Les normes
membres peuvent comprendre d’autres textes sur des points qui ne peuvent être homologuées, ce qui constitue une reconnaissance
font pas l’objet d’une harmonisation communautaire. Celles des officielle des pouvoirs publics pour des documents servant de réfé-
pays tiers peuvent présenter des dispositions différentes de celles rence dans des réglementations, pour des marchés publics, ou lors
de l’Union européenne, même si l’on assiste à un mouvement vers de litiges. L’homologation est publiée au Journal officiel. Les
une certaine harmonisation s’inspirant des normes du Codex normes ayant un rapport avec la sécurité sanitaire des aliments ont
Alimentarius, sous l’influence de l’Organisation mondiale du des domaines d’application assez variés. Le tableau E (Doc. F 1 110)
commerce. en donne un aperçu.
Les guides de bonnes pratiques d’hygiène sont des documents de
référence, d’application volontaire, conçus par les branches profes-
sionnelles d’une filière. Ils sont élaborés au sein des organisations
2.2.3 Mesures contractuelles reconnues professionnelles de la filière, en liaison le cas échéant avec les
par les pouvoirs publics centres techniques et en concertation avec les administrations de
contrôle. Chaque guide de bonnes pratiques d’hygiène rassemble
les recommandations spécifiques au secteur alimentaire auquel il se
À côté de la réglementation proprement dite, les pouvoirs publics réfère : moyens, méthodes, procédures dont la mise en œuvre doit
reconnaissent des textes qu’ils n’ont pas élaborés comme ayant une aboutir à la maîtrise des exigences sanitaires réglementaires. Ces
valeur réglementaire ou plutôt, car un certain flou reste de mise, guides sont validés par les pouvoirs publics, après avis des
« quasi réglementaire ». En cas de contrôle par exemple, le fait que instances scientifiques consultatives. Cette validation est rendue
les opérateurs connaissent et respectent des pratiques décrites dans publique par le Journal officiel. Les services de contrôle considèrent
de tels textes peut être considéré, sinon comme une preuve de que l’application effective des guides validés est un moyen privi-
respect des obligations réglementaires de sécurité, du moins légié pour justifier du respect des obligations réglementaires en
comme une preuve de bonne foi. De même les tribunaux prennent- matière d’hygiène alimentaire. Mais leur intérêt réside aussi dans la
ils dans certains cas en considération l’existence et le respect de valeur pédagogique de leur élaboration et de leur mise en place, en
telles dispositions n’ayant pas par elles-mêmes la valeur juridique particulier pour les entreprises artisanales. Comme l’indique le
d’une réglementation officielle, et leur confèrent ainsi une valeur tableau D (Doc. F 1 110), de nombreux guides de bonnes pratiques
jurisprudentielle. d’hygiène actuellement publiés ou en cours de validation concer-
Cette situation n’est pas nouvelle et se rattache à une longue nent des professions artisanales assurant elles-mêmes la prépara-
tradition reconnaissant l’importance des « usages loyaux et tion et la vente de leurs produits.
constants » qui s’imposent aux opérateurs en l’absence de toute
autre disposition plus contraignante. De même que l’on a constaté
plus haut une tendance à développer des obligations de moyens
plutôt que de résultats, on constate une tendance au développe- 2.2.4 Contrôle et action contentieuse et judiciaire
ment de dispositions contractuelles qui en viennent à prendre le pas
sur des dispositions strictement réglementaires. Là encore cette
tendance est alimentée par le caractère international des échanges Les services officiels de contrôle relèvent en France de trois
alimentaires, et supranational des règles qui régissent ces départements ministériels (voir tableau B). Ces services sont inéga-
échanges. À cet égard, la directive 93/43 relative à l’hygiène des lement répartis entre les agents du ministère de l’Agriculture (vété-
denrées alimentaires contient des considérations très éclairantes : rinaires inspecteurs et techniciens vétérinaires, Protection des
« considérant qu’il convient que les États membres incitent et végétaux), les plus nombreux, les agents du ministère chargé de la
contribuent à l’élaboration des guides de bonnes pratiques Consommation (DGCCRF) et les agents du ministère de la Santé qui
d’hygiène à laquelle les entreprises du secteur alimentaire pourront interviennent pour le contrôle des eaux. On estime à 5 000 équi-
se référer, fondés, le cas échéant, sur les codes d’usage internatio- valents temps plein l’effectif du personnel consacré aux contrôles
naux recommandés en matière d’hygiène – principes généraux alimentaires.
d’hygiène alimentaire du Codex Alimentarus ; L’hygiène et la microbiologie des denrées d’origine animale
« (...) considérant toutefois que les exploitants d’une entreprise constituent le premier secteur d’intervention des services vétéri-
du secteur alimentaire sont responsables des conditions d’hygiène naires. C’est ainsi qu’il y a une présence systématique d’agents des
qui y règnent ; que la directive n’impose pas, dès lors, le respect des services vétérinaires ou de vétérinaires praticiens mandatés par
bonnes pratiques d’hygiène, qui n’ont pas force de loi ; l’État dans les abattoirs. Les services de la Protection des végétaux
interviennent notamment auprès des 13 000 établissements imma-
considérant que, en vue de la mise en œuvre des règles générales triculés au sens du dispositif « Passeport phytosanitaire ». Les
d’hygiène des denrées alimentaires et des guides de bonnes prati- agents des directions départementales de la Concurrence, de la
ques d’hygiène, il convient de recommander l’application des Consommation et de la Répression des Fraudes (DDCCRF) contrô-
normes de la série EN 29000 (ISO 9000) ». lent quant à eux à la fois les critères de qualité et la sécurité des
Ce texte du Conseil des Communautés européennes cite les deux denrées alimentaires.
principales catégories de textes auxquels les pouvoirs publics Les agents de contrôle ont des pouvoirs qui leur permettent de
reconnaissent souvent une valeur « quasi réglementaire » : les rechercher les produits et les services portant atteinte à la sécurité
normes et les guides de bonnes pratiques. des consommateurs. Ils bénéficient d’un droit de visite des entre-
Une norme est un référentiel élaboré de façon consensuelle par prises. Ils peuvent consulter tous les documents en rapport avec
des experts issus de tous les secteurs économiques concernés par l’activité de l’entreprise, dont les responsables sont tenus de fournir

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tous les éléments d’information nécessaires pour apprécier le carac- Exemple : la toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est une des
tère potentiellement dangereux d’un produit ou d’un service. Ce crises de sécurité sanitaire des aliments les plus fréquentes, bien
contrôle « à la production » peut s’exercer chez les transformateurs, qu’avec des degrés de gravité variés.
les grossistes, les importateurs et les distributeurs ainsi que, dans Elle se définit par l'apparition d'au moins deux cas groupés similaires
certaines conditions, dans les entreprises agricoles. Des saisies d'une symptomatologie, en général digestive, dont on peut rapporter la
peuvent être faites en application du code rural (article 259) et de cause à une même origine alimentaire. Les TIAC figurent dans la liste
l’article L. 215-6 du code de la consommation : « les saisies ne des maladies à déclaration obligatoire (décret du 10 juin 1986). L'article
peuvent être faites, en dehors d’une ordonnance du juge d’instruc- L 12 du code de la santé précise que la déclaration à l'autorité sanitaire
tion, que dans le cas de flagrant délit de falsification, ou dans les cas (DDASS ou services vétérinaires) est obligatoire « d'une part, pour tout
où les produits sont reconnus corrompus ou toxiques, à la suite des docteur en médecine qui en a constaté l'existence, d'autre part, pour le
constatations opérées sur place ou de l’analyse d’un échantillon en principal occupant, chef de famille ou d'établissement, des locaux où
laboratoire. Dans le cas de produits reconnus corrompus ou toxi- se trouve le malade ». Une brochure publiée par le Journal officiel a été
ques, la saisie est obligatoire. Dans ce dernier cas, l’agent peut rédigée en vue de servir de guide à ceux qui sont amenés à intervenir
procéder à leur destruction, à leur stérilisation ou à leur dénatura- en cas de toxi-infection alimentaire collective (TIAC).
tion. Les opérations sont relatées et justifiées dans un procès- Le tableau 4, inspiré de cette brochure, résume les actions recom-
verbal ». Les produits susceptibles d’être corrompus ou toxiques mandées quand une intoxication alimentaire survient.
peuvent être consignés, dans l’attente des résultats des contrôles
nécessaires.
Les conditions de prélèvement d’échantillons par les services de 2.3 Action des entreprises
contrôle sont fixées par la procédure, ainsi que les conditions
d’analyse par les laboratoires propres des administrations ou par
des laboratoires agréés par elles. 2.3.1 Contexte et nécessité d’une gestion intégrée
Une partie des interventions des services de contrôle se fait dans
le cadre de plans de contrôle prédéfinis, parfois au niveau commu- L’action des autorités politiques et administratives est importante,
nautaire, et ayant un caractère systématique (par exemple en santé parce qu’elles sont garantes de la santé publique et à ce titre
animale, dans les abattoirs, etc.). Les services de contrôle réalisent conduites à remplir un rôle majeur dans les diverses phases de
aussi, avec leurs laboratoires, des plans de surveillance qui n’ont l’analyse des risques, y compris dans la gestion des risques. Mais il
pas pour objectif de vérifier le respect des réglementations mais est évident que les acteurs économiques sont au premier plan pour
d’identifier des dangers et d’apprécier le niveau d’exposition aux la gestion des risques. Les entreprises attachent beaucoup d’impor-
risques. Il existe ainsi des plans de surveillance réguliers sur les tance (et de plus en plus en ce qui concerne les entreprises agro-
mycotoxines et les anabolisants dans les aliments du bétail, sur les alimentaires et agricoles) à la sécurité sanitaire. C’est certes pour
résidus de pesticides dans les fruits et légumes, sur la contamina- faire face à leurs obligations légales relatives à leur responsabilité
tion microbienne de denrées alimentaires à risque, sur les radionu- quant à la sécurité de leurs produits ; mais les entreprises le font
cléides artificiels dans les aliments, sur les résidus physico- tout autant pour répondre aux attentes des consommateurs. Pour
chimiques dans les viandes (médicaments vétérinaires, antibioti- l’alimentation, la qualité, terme qui résume ces attentes, est classi-
ques et activateurs de croissance, métaux lourds), etc. quement décrite par quatre composantes, parfois appelées
« les 4 S » : Sécurité, Satisfaction (saveur, texture, etc.), Service
Exemple : les résultats 1996 du « plan de surveillance de la conta- (préparation, emballage, etc.), Santé. La sécurité sanitaire est consi-
mination des viandes de boucherie par des résidus de substances dérée comme une obligation absolue, pour tous les produits et tous
chimiques » (ministère de l’Agriculture) montrent que les délais les producteurs. C’est sur les autres composantes de la qualité que
d’attente des médicaments vétérinaires (intervalle de temps entre la la diversité et la concurrence sont légitimes.
dernière administration d’une substance et l’abattage des animaux) Il ressort clairement de la définition de la gestion des risques (voir
sont globalement bien respectés en France. Les teneurs trouvées en paragraphe 2.1) que les responsables d’entreprises doivent tenir
cadmium justifient par contre le maintien de la décision prise en 1993 compte d’un très grand nombre de facteurs, dont certains leur
de retirer de la consommation humaine les foies et les reins des che- échappent en partie (l’établissement d’un « profil de risque » qui
vaux de plus de deux ans, quelle que soit leur origine. comprend des aspects indépendants de l’activité de chaque entre-
prise), alors que d’autres sont sous leur contrôle exclusif. Les outils
Les procès-verbaux établis par les services de contrôle qui font utilisés pour la gestion des risques sont de même très diversifiés,
apparaître des infractions pénales sont transmis au parquet. On les uns de portée générale, d’autres spécifiquement conçus pour
entre alors dans la phase judiciaire, qui est identique pour les chaque activité et même pour chaque site (de production ou de
produits alimentaires à ce qu’elle est pour tout autre domaine. distribution). C’est pourquoi il faut parler de gestion intégrée de la
qualité sanitaire des aliments. La figure 1 schématise les facteurs et
les outils à prendre en compte et leurs interrelations. Un autre
aspect de cette gestion intégrée est, comme on l’a déjà vu à propos
2.2.5 Gestion des risques en situation de crise de la gestion des crises, la nécessité de travailler en étroite concer-
tation avec d’autres acteurs, qu’il s’agisse des autres entreprises
participant à la même chaîne de production alimentaire ou des auto-
En cas de crise, les pouvoirs publics ont un rôle capital à remplir.
rités administratives concernées par la sécurité sanitaire des
Il leur faut en effet procéder dans l’urgence à une appréciation des
aliments.
risques et prendre des mesures de gestion des risques dont on
attend des résultats, curatifs et préventifs, rapides et efficaces. Cela
implique bien entendu une communication adaptée, proportionnée 2.3.2 Le système HACCP
à l’ampleur du risque, sinon de la crise qui peut prendre des dimen-
sions considérables, y compris sur les plans économique et poli- Les entreprises doivent mettre en œuvre pour la gestion des
tique (la « maladie de la vache folle », ESB, en a fourni dans les risques sanitaires des aliments un ensemble de mesures de carac-
années 1996-1997 un exemple des plus démonstratifs). tères très variés. Pour être certain que ces mesures (moyens techni-
La gestion d’une crise amène obligatoirement des échanges ques et activités opérationnelles) sont bien choisies, effectivement
d’informations et une concertation approfondie entre tous les mises en œuvre et efficaces, il est conseillé de les concevoir et de les
acteurs, quels que soient leur position et leur statut. C’est notam- contrôler avec méthode. C’est une telle méthode que le système
ment le cas pour les divers services publics concernés. HACCP propose.

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Tableau 4 – Schéma d’alerte et d’intervention en cas d’intoxication alimentaire par un produit commercialisé [1]
Phase 1. Déclaration de l’intoxication/information épidémiologique

Acteurs Intervention Résultat Action


— Thérapeutique
Intervention médicale — Diagnostic clinique — Caractérisation
1. Apparition de l’intoxication — Déclaration
(médecin, hôpital) — Examens biologiques de l’intoxication
à la DDASS
2. Enquête épidémiologique DDASS — Enquête sur l’importance du phénomène : cas isolé, foyer (cas multiples)
Autres administrations — Enquête alimentaire — Source ciblée — Identification de la
(DDSV, DDCCRF) — Enquête des restes — Source suspectée nature de l’aliment,
de sa provenance, de
son lot
— Source indéterminée — Action impossible
3. Retour des informations — aux administrations centrales et aux autorités administratives du lieu de production ou d’importation

Phase 2. Alerte et intervention


Localisation : lieu de production, d’importation Coordination : autorité administrative du lieu de production
ou de distribution ou d’importation
1. Au niveau de la production ou de l’importation :
— vérification des informations ;
— inventaire physique du lot incriminé ;
— recherche du produit dans le circuit commercial ; 2. Alerte des départements touchés par le produit 3. Mesures de sécurité
— Consignation
— Prélèvement
pour analyses
— Saisie
— Rappel du produit
par le producteur
Phase 3. Information du public
1. Alerte des médias, modulée selon les cas en fonction de la gravité, de l’impact des mesures de sécurité, etc.
2. Information localisée sur les points de vente (avec la collaboration des producteurs et des distributeurs)

Gestion de la qualité sanitaire


définition Politique
Objectifs

Normes de la
série ISO 9000
Organisation
pour la qualité
sanitaire
(système qualité)

Codes ou guides de
Maîtrise bonnes pratiques
Critères de de la qualité (dispositions
sécurité (sanitaire) techniques)
sanitaire orientation
(chimiques, Assurance
microbiologiques) de la qualité

HACCP ou
méthode
équivalente
vérification Évaluation des
performances
Figure 1 – Conception de la gestion
intégrée de la qualité sanitaire [2]

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1. Constituer une équipe HACCP

2. Décrire le produit 3. Déterminer son utilisation


prévue

4. Établir un diagramme 5. Confirmer sur place


des opérations ce diagramme

6. Énumérer les dangers potentiels


Effectuer une analyse de risque
Effectuer une analyse de risque

7. Déterminer les CCP 8. Fixer un seuil critique 9. Mettre en place la


(points critiques) pour chaque CCP surveillance de chaque CCP

10. Prendre des mesures correctives


pour rectifier les écarts éventuels

11. Appliquer les procédures


de vérification

12. Constituer les dossiers et Figure 2 – Séquence logique


tenir les registres d’application du système
HACCP [3]

HACCP est l’abréviation, devenue d’usage courant même en fran- La démarche HACCP convient bien aux entreprises. Elle a d’abord
çais, de hazard analysis and critical control points, que l’on traduit été appliquée pour maîtriser la qualité (et donc la sécurité) microbio-
par analyses des risques-points critiques pour leur maîtrise. On logique. Mais elle s’applique tout aussi bien aux autres dangers
entend par « point critique pour la maîtrise » (CCP) tout « stade décrits au paragraphe 1.2. Par ailleurs, quand on porte remède à des
auquel une surveillance peut être exercée et est essentielle pour points critiques pour la salubrité, on améliore aussi, ou au moins on
prévenir ou éliminer un danger menaçant la salubrité de l’aliment ne diminue pas, les autres qualités des aliments. De ce fait, le
ou le ramener à un niveau acceptable ». Le système HACCP est système HACCP est compatible avec les systèmes qui visent à
codifié, notamment dans le cadre du Codex Alimentarius qui obtenir la « qualité globale», en particulier ceux qui sont conformes
prépare une norme dont l’emploi sera reconnu dans des réglemen- aux normes NF EN ISO 9000.
tations nationales et dans des contrats de commerce international. Sans entrer dans le détail du système HACCP, la séquence logique
On a vu que le système HACCP est déjà cité dans la directive 93/43 de son application est schématisée dans la figure 2.
relative à l’hygiène des denrées alimentaires.
Selon le document du Codex Alimentarius ALINORM 97/13 [3], le
système HACCP « définit les dangers spécifiques et indique les 2.3.3 Traçabilité
mesures à prendre en vue de les maîtriser et de garantir la salubrité
de l’aliment. C’est un outil qui permet d’évaluer les dangers et de
mettre en place des systèmes de maîtrise axés davantage sur la Si le système HACCP convient bien aux entreprises pour leur
prévention que sur l’analyse du produit fini. Tout système HACCP organisation permanente et leur activité quotidienne, des procé-
doit être capable d’évoluer et de tenir compte des progrès accom- dures spéciales sont nécessaires en cas de crise. Les crises qui
plis, par exemple dans la conception du matériel, les méthodes de touchent à la sécurité sanitaire des aliments peuvent avoir des
transformation ou les innovations technologiques. Le système causes diverses : par exemple la contamination accidentelle par une
HACCP peut être appliqué d’un bout à l’autre de la chaîne alimen- substance indésirable, l’emploi d’une matière première devenue
taire, depuis la production primaire jusqu’à celui de la consomma- suspecte sans avoir été écartée préalablement des fabrications, le
tion et sa mise en application doit être guidée par des preuves développement de germes pathogènes, la fragilisation des embal-
scientifiques de risques pour la santé humaine ». lages, etc. Les entreprises doivent collaborer avec les autorités

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administratives qui interviennent comme on l’a vu dans de telles — le risque est celui d’une situation que l’on subit et non d’une
situations, mais elles sont amenées à prendre des initiatives activité que l’on a choisie ;
propres, comme le rappel des produits dangereux ou suspects. Il — le risque est ressenti comme inéquitable (les uns en souffrent,
s’agit là d’une mesure qui réduit considérablement, si elle est d’autres en tirent des bénéfices) ;
réussie, les risques courus par les consommateurs. Une des condi- — on ne peut pas se soustraire au risque par des précautions
tions indispensables pour que les rappels soient possibles, et individuelles ;
limités aux seuls produits et denrées le justifiant, est que ceux-ci — la cause du risque est d’apparition nouvelle ou n’est pas
soient identifiables en tous points après la sortie du lieu de la familière ;
dernière opération de fabrication. Cela implique ce qu’on désigne — le risque est artificiel (introduit par l’homme) et pas « naturel » ;
par traçabilité. — les dommages sont invisibles et irréversibles ;
— les dommages concernent les enfants ou les générations
futures ;
La traçabilité est la possibilité de suivre le devenir d’une — les victimes sont identifiables et non noyées dans l’anonymat ;
matière première ou d’un ingrédient depuis sa première appari- — les connaissances scientifiques sur les risques et les domma-
tion jusqu’au lieu et au moment de sa consommation en tant ges sont limitées ;
qu’aliment. — il y a des affirmations contradictoires entre les personnes
considérées comme expertes ou responsables.
La détermination des points critiques pour la maîtrise est la condi- Ces facteurs aggravants de la perception du risque sont pour la
tion préalable pour la mise au point des modalités de la traçabilité : plupart présents dans le cas des dangers liés à l’alimentation, en
il faut pouvoir en effet, dans l’idéal, remonter aux points où se sont tout cas des dangers apparaissant comme nouveaux. Leur impact
produits des événements qui ont altéré la sécurité de l’aliment, est renforcé par le caractère particulier de l’aliment, l’un des seuls
même si cette altération n’a produit ses effets néfastes qu’en un produits de consommation (avec les médicaments, dont on attend
temps et un lieu éloignés de ceux de la cause initiale. La traçabilité des bénéfices qui en compensent les risques) que l’on ingère, que
suppose aussi une parfaite collaboration entre tous les partenaires l’on incorpore et que l’on ressent de ce fait comme capables de
successifs, « de la fourche à la fourchette », ce qui peut poser de devenir un constituant de soi-même.
difficiles problèmes lorsque les matières premières sont par
exemple livrées en lots importants constitués de mélanges de
produits de diverses origines. Les enjeux sont cependant tels (santé
publique, limitation au strict nécessaire des coûts engendrés par 3.2 Une stratégie de communication
des événements accidentels, confiance dans la qualité revendiquée ouverte et transparente
par le producteur, optimisation de l’emploi des matières premières
selon leurs caractéristiques particulières, etc.) que l’on peut
s’attendre dans les années à venir à des efforts accrus pour De plus en plus d’autorités administratives et d’entreprises ont
améliorer la traçabilité dans la chaîne alimentaire. mis en place une réflexion et quelquefois des structures ad hoc pour
préparer et prendre les nombreuses décisions qui s’imposent en cas
de crise. Ces « cellules de crise » se préoccupent évidemment de la
communication dans de telles circonstances. Mais il ne faudrait pas
3. Communication s’en tenir là : il y a lieu de développer une communication de fond,
de façon à améliorer les connaissances du public – et celles des
sur les risques médias – sur les risques sanitaires, sur les moyens et les résultats
en matière d’appréciation des risques, sur les mesures de gestion
des risques prises par les pouvoirs publics et les entreprises.
Il y a sans aucun doute de grands progrès à faire en France pour
3.1 La perception du public améliorer la communication sur les risques sanitaires des aliments.
Par exemple, diffuser largement et sous une forme accessible les
résultats de plans de surveillance ou les avis de comités scientifi-
Alors que les spécialistes de l’alimentation et de la sécurité ques ne fait pas encore partie des habitudes. L’expérience du passé
alimentaire estiment en général que « les aliments sont de plus en devrait pourtant donner des raisons de montrer moins de frilosité.
plus sûrs », l’opinion publique semble de plus en plus inquiète. Dans les années 1975-1978, c’est la question des additifs alimen-
C’est ce qui ressort des enquêtes d’opinion dont les résultats sont taires qui occupait le devant de la scène de la sécurité alimentaire
repris dans le tableau A (Doc. F 1 110). dans la presse écrite et radiodiffusée, pour les organisations de
Les produits ressentis comme étant « à risque » sont variables en consommateurs, avec la diffusion en boule de neige de tracts alar-
fonction de l’actualité. L’enquête du CREDOC, faite en juin 1997, mistes (la « liste de Villejuif », 1976). C’était probablement la consé-
place la viande rouge et la viande de bœuf en tête des produits quence de la généralisation de l’étiquetage des denrées
alimentaires présentant des risques pour la santé, loin devant les alimentaires, qui faisait apparaître l’emploi de nombreux additifs
fruits et légumes, les additifs chimiques et encore plus loin devant désignés par des codes, emploi dont la très grande majorité des
les graisses, le sucre, la charcuterie qui en d’autres temps auraient gens n’avait pas conscience auparavant. Avec l’information qui s’est
été considérés comme plus préoccupants. Un tel classement est faite sur les additifs, par tous les partenaires et à tous niveaux, avec
évidemment en relation avec l’épisode de la « vache folle » (ESB), aussi un certain nombre de mesures d’encadrement réglementaire
qui a attiré l’attention sur la viande de bœuf, et en a d’ailleurs fait et de réduction du nombre et le cas échéant des quantités d’additifs,
chuter la consommation. cette question a pris au début des années 1980 un tour moins
Le public a plus ou moins conscience qu’il n’existe pas de « risque passionnel (elle explosait par contre en Grande-Bretagne, en retard
zéro », tout en adhérant généralement au « principe de précaution » de quelques années sur la France pour la mise en œuvre de l’étique-
selon lequel il faut s’abstenir de toute initiative pour introduire des tage de la composition des aliments...).
produits ou des procédés nouveaux tant que la preuve qu’ils sont L’ouverture et la transparence de l’information, allant jusqu’à
sans danger n’a pas été apportée. Les attitudes à l’égard des risques favoriser le débat contradictoire, sont certainement des conditions
sont bien connues par l’expérience. Les facteurs qui contribuent à essentielles pour créer et maintenir la confiance des Français dans
rendre un risque mal accepté sont les suivants : leur alimentation au niveau qui doit être le sien.

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F 1 110 − 12 © Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire

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