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par
Novopress
L’ouvrage de Philippe Conrad qui vient de paraître est donc d’une absolue nécessité
pour comprendre à quel point la représentation idéalisée d’Al-Andalus est une
escroquerie intellectuelle. Auteur d’une Histoire de la Reconquista éditée aux PUF dans
la collection « Que sais-je ? », Philippe Conrad est un fin connaisseur de cette période
de l’histoire européenne.
Le mythe d’Al Andalus trouve ses racines dans la légende noire espagnole forgée par la
propagande anglaise et néerlandaise au XVIème siècle. La Reconquista et l’Inquisition
qui l’a suivi ont été diabolisées dans la cadre de la lutte entre protestants et catholiques.
Plus tard, l’exotisme orientalisant en vogue au XIXème siècle a pleuré un monde «
raffiné et tolérant » rayé de l’histoire par des barbares venus du nord. Ces dernières
décennies, la propagande multiculturelle et la nostalgie de musulmans pour cette
conquête passée ont ravivé le mythe. Plusieurs historiens espagnols ont dégonflé ces
rêveries multiculturelles dans plusieurs livres universitaires qui font référence :
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Le terrible sort des dhimmis
Les populations vivant dans la péninsule espagnole n’ont dans un premier temps pas été
massacrées, chassées ou converties de force. Au moment de la conquête, les effectifs
arabes et berbères n’étaient pas suffisants pour faire fonctionner le pays. Soumettre la
population autochtone afin de l’exploiter était bien plus profitable.
Les non musulmans étaient soumis à une loi différente, des impôts plus lourds et à de
nombreuses mesures vexatoires et humiliantes. L’ensemble constituait un système de
conditionnement redoutable qui n’offrait que deux alternatives, la soumission ou la
conversion :
Face à une telle oppression, les révoltes sont nombreuses dès les débuts de l’occupation
arabe. En réaction, le massacre et la déportation des mozarabes (chrétiens vivant sur le
territoire d’Al-Andalus) étaient courants.
Loin d’être un paradis multiculturel, Al-Andalus était une prison à ciel ouvert où les
humiliations et les persécutions des non musulmans étaient érigées en système.
Philippe Conrad en moins de 100 pages livre un ouvrage agréable et rapide à lire. Il
s’agit d’un condensé de livres brillants mais exigeant une culture universitaire. Il est
donc un outil de combat efficace à diffuser et offrir autour de vous.
Jean-David Cattin
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