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Adolf Hitler
Adolf Hitler
Naissance 20 avril 1889
Braunau am Inn, Autriche-Hongrie
Nationalité [1]
Autrichienne jusqu’au 7 avril 1925
Allemande depuis le 25 février 1932
Jeunes années
L'un des rares hommes dont on peut affirmer sans conteste que sans
eux, l'histoire du monde aurait connu un cours radicalement différent
(selon les mots de Ian Kershaw, l'un de ses biographes), Adolf Hitler
reste largement une énigme, notamment en ce qui concerne sa
jeunesse et surtout la formation de sa personnalité et de sa mentalité
nationaliste, antimarxiste, raciste et antisémite. Très solitaire, le futur
dictateur allemand n'a jamais tenu un journal intime de sa vie, il
correspondait peu et écrivait peu, et il n'a livré dans Mein Kampf
(1925) qu'une autobiographie en bonne part reconstruite.
Origines et enfance
Adolf Hitler naît le 20 avril 1889 dans l’auberge Gasthof
zum Pommer, Vorstadt Nr. 219, à Braunau am Inn, une
petite ville de Haute-Autriche près de la frontière
austro-allemande. Il est le quatrième des six enfants
d’Alois Hitler et de Klara Pölzl. La plupart des enfants
meurent en bas âge ; seule sa sœur cadette Paula (†
1960) lui survivra.
en politique.
Le combat politique
À sa sortie d’hôpital en novembre 1918, Hitler retourne dans son régiment de Munich. Plus
tard, il écrira que la guerre avait été « le temps le plus inoubliable et le plus sublime »[6] .
Hitler en 1919
Bien qu'Hitler ait écrit dans Mein Kampf avoir décidé de
s'engager en politique dès l'annonce de l'armistice de 1918,
il s'agit là surtout d'une reconstruction rétrospective.
Comme le note Ian Kershaw, Hitler s'abstient encore de
s'engager dans les premiers mois de 1919, ne songeant
nullement par exemple à rejoindre les nombreux Corps
francs - des unités paramilitaires formées par les anciens
Carte de membre du NSDAP
d'Adolf Hitler, 1920.
combattants d'extrême-droite pour écraser les insurrections
communistes en Allemagne puis la jeune République de
Weimar elle-même. Sous l'éphémère République des conseils de Munich, il est resté discret
et passif, et a probablement fait extérieurement allégeance au régime[7] .
Depuis le 9 novembre 1918, la Bavière est en effet alors entre les mains d’un gouvernement
révolutionnaire, la Räterepublik ou « République des conseils », proclamée par le
social-démocrate Kurt Eisner et virant de plus en plus à gauche après l'assassinat de ce
dernier début 1919. La propre caserne de Hitler est dirigée par un soviet (« conseil »).
Dégoûté, Hitler quitte Munich pour Traunstein. Cependant, en 1919, alors que le pouvoir
est hésitant entre communistes du KPD et sociaux-démocrates du SPD, il se fait élire
délégué de sa caserne, une première fois lorsque le pouvoir en Bavière est aux mains du
SPD, puis une seconde fois en tant que délégué adjoint sous l’éphémère régime communiste
(avril-mai 1919), juste avant la prise de Munich par les troupes fédérales et les Corps
francs. Il n'a pas cherché à combattre ces régimes, sans pour autant avoir adhéré à aucun
de ces partis, et il est probable que les soldats connaissaient ses opinions politiques
nationalistes[8] ,[9] .
Hitler reste théoriquement dans l’armée jusqu’au 31 mars 1921. En juin 1919, alors que la
répression de la révolution fait rage en Bavière, son supérieur, le capitaine Karl Mayr, le
charge de faire de la propagande anticommuniste au sein de ses camarades (« l'homme qui
inventa Hitler » mourra résistant socialiste à Buchenwald en février 1945, deux mois avant
le suicide du Führer). C'est au cours de ses conférences parmi les autres soldats qu'Hitler
découvre vraiment pour la première fois ses indéniables talents d'orateur et de
propagandiste, et que pour la première fois, un public se montre spontanément séduit par
son charisme.
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Hitler dote son mouvement d'un journal, le Völkischer Beobachter, lui choisit le drapeau à
croix gammée pour emblème, fait adopter un programme en 25 points (en 1920) et le dote
d'une milice agressive, les Sturmabteilung (« Sections d'assaut » ou SA).
Au départ, Hitler se présente comme un simple « tambour » chargé d'ouvrir la voie à un
futur sauveur de l'Allemagne encore inconnu. Mais le culte spontanément apparu autour de
sa personnalité charismatique dans les rangs des SA et des militants le fait vite se
convaincre qu'il est lui-même ce sauveur providentiel. À partir de 1921-1922, la conviction
intime qu'il est désigné par le destin pour régénérer et purifier l'Allemagne vaincue ne le
quitte plus[10] ,[11] .
Son narcissisme et sa mégalomanie ne font en conséquence que s'accentuer, comme sa
prédominance absolue au sein du mouvement nazi. C’est ce qui le différencie d'un
Mussolini, au départ simple primus inter pares d'une direction collective fasciste, ou d'un
Staline, qui ne croit pas lui-même à son propre culte, fabriqué tardivement pour mieux
asseoir sa victoire sur Trotski et sur la vieille garde bolchevique.
Inspiré par la lecture du psychologue Gustave Le Bon, Hitler met au point une propagande
hargneuse mais efficace.
« L'idée centrale de Hitler est simple : lorsqu'on s'adresse aux masses, point n'est
besoin d'argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le
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Les 8 et 9 novembre 1923, il conduit avec le maréchal Erich Ludendorff le coup d'État
avorté de Munich connu comme le Putsch de la Brasserie. Le complot bâclé est facilement
mis en déroute, et lors d'un heurt de ses troupes avec la police devant la Feldherrnhalle,
Hitler est lui-même blessé tandis que sont tués 16 de ses partisans, promus ultérieurement
« martyrs » iconiques du nazisme.
Le NSDAP est aussitôt interdit. En fuite, Hitler est arrêté le 11 novembre, inculpé de
conspiration contre l’État, et incarcéré à la prison de Landsberg am Lech. À partir de cet
instant, il se résoudra à se tourner tactiquement vers la seule voie légale pour arriver à ses
fins.
Mais dans l'immédiat, il sait exploiter son procès en se servant de la barre comme d'une
tribune : la médiatisation de son procès lui permet de se mettre en vedette et de se faire
connaître à travers le reste de l'Allemagne. Les magistrats, reflétant l'attitude des élites
traditionnelles peu attachées à la République de Weimar, se montrent assez indulgents à
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son égard. Le 1er avril 1924, il est condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour «
haute trahison », dont il purgera moins d'une année, à la prison de Landsberg am Lech.
qui mettent plus qu’Hitler l’accent sur le côté socialiste du nazisme et souhaitent l’alliance
avec l’URSS contre les « ploutocraties » occidentales. Face à ces derniers, ses seuls
concurrents sérieux pour la direction du parti, Hitler renforce son autorité personnelle.
C’est à partir de cette date qu’il impose comme obligatoire dans le parti le salut nazi
prononcé bras tendu — Heil Hitler ! ou, si l’on est face à lui, Heil mein Führer ! —, un
rappel permanent de sa suprématie. C’est de cette époque aussi que date l’entrée en scène
de Joseph Goebbels, Gauleiter de Berlin, l’un de ses plus fidèles soutiens — lequel, proche
des frères Strasser au départ, avait d’abord traité Hitler de « petit-bourgeois » et demandé
son exclusion du parti, avant de succomber à son charisme en 1926.
Les SA, la brutale milice du parti qui s’illustre dans les agressions et les combats de rues,
posent plus de problèmes à Hitler par leur recrutement plébéien assez large et par leur
discipline souvent incertaine. La base des SA est partisane d'une « seconde révolution » et
exaspérée par les compromis que doit faire le Parti nazi dans sa conquête du pouvoir. Leurs
sections berlinoises, commandées par Walter Stennes, iront même jusqu'à saccager à
plusieurs reprises les locaux du parti nazi entre 1930 et 1931[16] . Dès 1930, confronté à
cette grave mutinerie de leur part, Hitler rappelle de Bolivie son ancien complice du putsch
de 1923, Ernst Röhm, qu’il avait mis lui-même sur la touche en 1925 : ce dernier reprend
leur tête et rétablit en partie l’ordre dans leurs rangs.
Mais pour permettre à Hitler d’équilibrer la puissance des SA, c’est dès 1925 qu’Heinrich
Himmler crée pour lui la SS : chargée de sa garde personnelle, cet « ordre noir », futur
instrument de la terreur policière et génocidaire, est une élite beaucoup plus dévouée à la
personne même du Führer que les SA. Hitler a toute confiance dans « le fidèle Heinrich »,
comme il qualifie cet exécutant à l’obéissance aveugle, qui lui voue une admiration
notoirement fanatique.
Hitler, dont le train de vie personnel ne cesse de s'embourgeoiser, s'attache aussi à se
rendre respectable et rassurant aux yeux des élites traditionnelles. Pour rallier celles-ci,
mieux se distinguer des frères Strasser et faire oublier son image d'agitateur plébéien et
révolutionnaire, il se prononce par exemple pour l'indemnisation des princes allemands
expropriés en 1918 au référendum de 1927. Le magnat de la Ruhr Fritz Thyssen lui apporte
ainsi son soutien public.
En 1928, le NSDAP marque le pas et peine à remonter la pente : seuls 2.6% des votants lui
accordent leur confiance aux élections législatives du 28 mai, et il compte moins de 180000
membres. Mais il n’a plus de concurrent sérieux à l’extrême-droite, car de multiples
groupuscules et petits partis de la mouvance völkisch (« nationale-raciste ») ont périclité
après 1924-1925, tandis que le vieux maréchal Ludendorff, ancien participant du putsch de
la Brasserie qu’Hitler avait habilement poussé à se présenter à la présidentielle de 1925,
s’est disqualifié par son score médiocre.
En 1929, pour mieux mener campagne contre le plan Young sur les réparations de guerre
dues à la France, le magnat de la presse et chef nationaliste Alfred Hugenberg s'est allié à
Hitler, dont il a besoin des talents oratoires, et a financé la campagne de propagande qui a
permis au Führer des nazis de se faire connaître dans toute l'Allemagne.
Les fruits de la réorganisation portent à partir de cette date, quand le contexte général
devient favorable avec le début d'une grave crise politique et économique.
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Hitler réussit à faire l'unité d'un électorat très diversifié. Contrairement à une idée reçue,
ce ne sont pas les chômeurs qui ont mis leur espoir en lui (c'est parmi eux que Hitler fait
ses moins bons scores), mais les classes moyennes, qui redoutent d'être les prochaines
victimes de la crise[20] .
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Si l'électorat féminin votait fort peu à l'extrême-droite dans les années 1920, la popularité
bien connue du Führer auprès des femmes s'est jointe au rapprochement structurel entre
vote féminin et vote masculin pour lui assurer des renforts de voix supplémentaires après
1930. Les protestants ont davantage voté pour lui que les catholiques, mais une bonne part
du vote de ces derniers était fixé par le Zentrum. Les campagnes, éprouvées par la crise et
soumises en Prusse à la rude exploitation quasi-féodale des Junkers, se sont servies du vote
envers Hitler à des fins protestataires. Les ouvriers ont moins voté nazi que la moyenne,
même si une part non négligeable a été tentée. Quant aux fonctionnaires, aux étudiants ou
aux médecins, leur haut niveau d'instruction ne les a pas empêchés d'être sur-représentés
dans le soutien au doctrinaire de Mein Kampf[21] .
Allié à la droite nationaliste, bénéficiant du discrédit du Zentrum et de l'obligation pour le
SPD de soutenir l'impopulaire Von Papen « pour éviter le pire », Hitler multiplie aussi les
déclarations hypocrites où il se pose en démocrate et en modéré, tout en flattant les élites
traditionnelles et jusqu'aux Églises par un discours plus traditionaliste qu'avant. Les
communistes du KPD, qui réduisent Hitler à un simple pantin du grand capital, lui rendent
service en combattant avant tout les socialistes, au nom de la ligne « classe contre classe »
du Komintern, et en refusant toute action commune avec eux contre le NSDAP. Le KPD va
jusqu'à coopérer avec les nazis lors de la grève des transports à Berlin en 1932[22] .
Fin 1932, la situation se dégrade encore sur les plans économique et social (plus de 6
millions de chômeurs à la fin de l’année). L’agitation et l’insécurité politique sont à leur
comble, les rixes avec implication de SA hitlériens sont permanentes. Le gouvernement très
réactionnaire de Franz von Papen est incapable de réunir plus de 10 % des députés et des
électeurs.
Engagé dans un bras de fer personnel avec Hitler, le président Hindenburg refuse toujours
de le nommer chancelier : le vieux maréchal prussien, ancien chef de l’armée allemande
pendant la Grande Guerre, affiche son mépris personnel pour celui qu’il qualifie de « petit
caporal bohémien » et dont il affirme qu’il a « tout juste l’envergure pour faire un ministre
des Postes ». Toutes les tentatives de conciliation échouent.
Fin 1932, le mouvement nazi traverse une phase difficile. Sa crise financière devient aiguë.
Les militants et les électeurs se lassent de l’absence de perspectives, des discours à
géométrie variable de Hitler et des contradictions internes du programme nazi[23] . Bien
des SA parlent de déclencher tout de suite un soulèvement suicidaire dont Hitler ne veut à
aucun prix, et Gregor Strasser menace de faire scission avec l’appui du chancelier Kurt von
Schleicher. Enfin, les élections législatives de novembre 1932 ont consacré une baisse de
popularité du NSDAP qui perd 2 millions de voix et 40 sièges.
C’est le moment où Léon Blum, de France, écrit dans Le Populaire que la route du pouvoir
est définitivement fermée pour Hitler et que toute espérance d’y accéder est pour lui
révolue. Pourtant, ces revers n’entament en rien sa détermination.
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De nombreux morts marquent les rencontres des partis d’opposition, notamment du SPD et
du KPD. Des opposants sont déjà brutalisés, torturés voire assassinés.
L’énigmatique incendie du Reichstag, le 27 février, permet à Hitler de suspendre toutes les
libertés civiles garanties par la Constitution de Weimar et de radicaliser l’élimination de ses
opposants politiques, notamment des députés communistes du KPD, illégalement arrêtés.
Le NSDAP remporte les élections du 5 mars 1933 avec 17 millions de voix, soit 43,9 % des
suffrages. Dans les jours qui suivent, dans tous les Länder d’Allemagne, les nazis
s’emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 20 mars, au cours d’une grandiose
cérémonie de propagande sur le tombeau de Frédéric II de Prusse à Potsdam, où il s’affiche
en grand costume aux côtés de Hindenburg, Hitler proclame l’avènement du Troisième
Reich, auquel il promettra ultérieurement un règne de « mille ans ». Le 23 mars, grâce aux
voix du Zentrum auquel le chancelier a promis en échange la signature d'un concordat avec
le Vatican, et malgré l'opposition vaine du seul SPD, le Reichstag vote la Loi des pleins
pouvoirs qui accorde à Hitler les pouvoirs spéciaux pour quatre ans. Il peut désormais
rédiger seul les lois, et celles-ci peuvent s'écarter de la constitution de Weimar que Hitler
ne se donna même pas la peine de jamais abolir formellement.
C’est une étape décisive du durcissement du régime.
Sans même attendre le vote de la loi, les nazis ont
ouvert le premier camp de concentration permanent le
20 mars à Dachau, sous la houlette de Himmler. Ce
dernier jette en Allemagne du Sud, tout comme Göring
en Prusse, les bases de la redoutable police politique
nazie, la Gestapo. Le 2 mai, vingt-quatre heures après
avoir accepté de défiler devant le chancelier, les
syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Le 10 mai,
le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside à Des étudiants nazis brûlent les livres
Berlin une nuit d’autodafé où des étudiants nazis proscrits en public le 10 mai 1933.
brûlent pèle-mêle en public des milliers de « mauvais
livres » d’auteurs juifs, pacifistes, marxistes ou psychanalystes. Des milliers d’opposants, de
savants et d’intellectuels fuient l’Allemagne. Le 14 juillet, le NSDAP devient le parti unique.
Hitler met fin aussi rapidement aux libertés locales. L’autonomie des Länder est
définitivement supprimée le 30 janvier 1934 : un an après son accession à la chancellerie,
Hitler devient le chef du premier État centralisé qu’ait connu l’Allemagne.
En tout, entre 1933 et 1939, de 150000 à 200000 personnes sont internées, et entre 7000
et 9000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d’autres doivent fuir
l’Allemagne[27] .
Les nazis condamnent l’« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou
dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques. Le programme pour «
purifier » la race allemande est également très tôt mis en œuvre. Une loi du 7 avril 1933
permet à Hitler de destituer aussitôt des centaines de fonctionnaires et d'universitaires
juifs, tandis que les SA déclenchent au même moment une campagne brutale de boycott des
magasins juifs. Hitler impose aussi personnellement à l'été 1933 une loi prévoyant la
stérilisation forcée des malades et des handicapés : elle est appliquée à plus de 350000
personnes[28] . Détestant particulièrement le mélange des populations (qualifiées de «
honte raciale »), le chef allemand ordonne de stériliser en particulier, en 1937, les 400
enfants nés dans les années 1920 d’Allemandes et de soldats noirs des troupes françaises
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d’occupation.
En novembre 1933, le nouveau dictateur fait plébisciter
sa politique quand 95 % des votants approuvent le
retrait de la Société des Nations et que la liste unique
du NSDAP au Reichstag fait 92 % des voix.
Les SA de Röhm exigent que la « révolution »
nationale-socialiste prenne un tour plus anticapitaliste,
et rêvent notamment de prendre le contrôle de l’armée,
ce qui compromettrait dangereusement l’alliance nouée
entre le chancelier et les élites conservatrices
traditionnelles (présidence, militaires, milieux
d'affaires). Des faux documents forgés par Heydrich
achèvent aussi de persuader Hitler que Röhm complote
contre lui. Le 30 juin 1934, durant la Nuit des Longs
Couteaux, fort du soutien bienveillant de l’armée et du
président Hindenburg, Hitler fait assassiner plusieurs
Le plébiscite de novembre 1933
centaines de ses partisans et de ses anciens ennemis
entérine la fin de la démocratie en
politiques. Parmi eux, Gregor Strasser et Ernst Röhm, Allemagne
chef de la SA, mais aussi le docteur Erich Klausener,
chef de l’Action catholique, ou encore son prédécesseur à la chancellerie, Von Schleicher,
ainsi que Von Kahr, qui lui avait barré la route lors du putsch de 1923. Ne comprenant pas
ce qui lui arrive, Röhm meurt fusillé en criant : Heil Hitler !
Le 2 juillet, le vieil Hindenburg félicite Hitler, qu'il apprécie de plus en plus, pour sa
fermeté en cette affaire. Sa mort le 2 août tranche le dernier lien vivant avec la République
de Weimar. En vertu de la constitution, le chancelier exerce temporairement les pouvoirs
du président défunt. Le même jour, le Reichstag vote une loi de fusion des deux fonctions
en une seule : Hitler devient Führer und Reichskanzler. Un plébiscite du 19 août (90 % de
oui) achève de donner au Führer le pouvoir absolu.
considéré sincèrement comme l’homme providentiel par ses partisans, puis par la masse
des Allemands sous le Troisième Reich.
Alors que le culte de Staline a été imposé tardivement et artificiellement au parti bolchevik
par un apparatchik victorieux mais dépourvu de charisme et de rôle particulier dans la
révolution d'Octobre, le culte de Hitler a existé dès les origines du nazisme, et y occupe une
importance primordiale. L’appartenance au Parti nazi signifie avant tout une allégeance
absolue à son Führer, et nul n’occupe de place dans le Parti et l’État que dans la mesure où
il est plus proche de la personne même de Hitler. Hitler veille d’ailleurs personnellement à
renforcer son image de chef inaccessible, solitaire et supérieur, en s’abstenant de toute
amitié personnelle, et en interdisant à quiconque de le tutoyer ou de l’appeler par son
prénom – même sa maîtresse Eva Braun doit s’adresser à lui en lui disant Mein Führer.
D’autre part, pour les intentionnalistes, sans le caractère redoutablement cohérent de
l’idéologie (la Weltanschauung) qui anime Hitler, le régime nazi ne se serait pas engagé
dans la voie de la guerre et des exterminations de masse, ni dans le reniement de toutes les
règles juridiques et administratives élémentaires qui régissent les États modernes et
civilisés.
Par exemple, sans son pouvoir charismatique d’un genre inédit, Hitler n’aurait pas pu
autoriser l’euthanasie massive de plus de 150000 handicapés mentaux allemands par
quelques simples mots griffonnés sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3
septembre 1939). De même, Hitler aurait pu encore moins déclencher la Shoah sans jamais
rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais,
justement, à voir un ordre écrit : un simple ordre du Führer (Führersbefehl) était suffisant
pour faire taire toute question, et entraînait l’obéissance quasi-religieuse et aveugle des
bourreaux.
L’école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat) a cependant nuancé
l’idée de la toute-puissance du Führer. Comme elle l’a démontré, le Troisième Reich n’a
jamais tranché entre le primat du parti unique et celui de l’État, d’où des rivalités de
pouvoir et de compétence interminables entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du
gouvernement du Reich. Surtout, l’État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement
de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C’est le principe de la « polycratie »
(Martin Broszat).
Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement, et décide peu. Fort peu
bureaucratique, ayant hérité de sa jeunesse bohème à Vienne un manque total de goût pour
le labeur suivi, travaillant de façon très irrégulière (sauf dans la conduite des opérations
militaires), le Führer apparaît comme un « dictateur faible » ou encore un « dictateur
paresseux » selon Martin Broszat. Il laisse en fait chacun des rivaux libre de se réclamer de
lui, et il attend seulement que tous marchent dans le sens de sa volonté.
Dès lors, a démontré le biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis
des écoles intentionnalistes et fonctionnnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque
bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère, et essaye d’être le premier à réaliser les
projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C’est ainsi que la persécution
antisémite va s’emballer et passer graduellement de la simple persécution au massacre puis
au génocide industriel. Ce qui explique que le Troisième Reich obéit structurellement à la
loi de la « radicalisation cumulative », et que le système hitlérien ne peut en aucun cas se
stabiliser.
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Malgré son interdiction et la violente répression qui s'abat sur ses membres, le KPD
parvient à conserver une organisation clandestine organisé autour de l' « Orchestre rouge
», qui diffuse tracts et brochures et infiltre les sommets de l'appareil d'État allemand[31]
,[32]
.
Toutefois, la terreur ne suffit pas à expliquer le caractère indéniablement tardif et limité de
la résistance allemande à Hitler.
Son antisémitisme et son racisme faisaient écho à des préjugés très répandus, mais sauf
pour une faible minorité, ils ne motivèrent pas le vote Hitler ni le soutien à sa dictature - ils
n'eurent guère non plus d'effet dissuasif.
La large popularité du Führer avant-guerre provient surtout du rétablissement brutal de
l'ordre public, de son anticommunisme, de son opposition au « Diktat » de Versailles, des
succès diplomatiques et économiques obtenus (notamment l'importante réduction du
chômage) et de sa politique de réarmement.
Encore qu’il ne faille pas oublier ni les conditions sociales et politiques dans lesquelles les
améliorations économiques ont été obtenues, ni les pénibles situations de pénurie
alimentaire, l'imposition d'ersatz de pauvre qualité en remplacement des importations
Adolf Hitler 20
Les Églises en tant qu'institutions ont peu cherché à s'opposer à un chancelier pourtant
néo-païen et antichrétien. Malgré maintes tracasseries infligées, Hitler s'est toujours bien
gardé de mettre en application les projets d'éradication du christianisme nourris par son
bras droit Martin Bormann ou l'idéologue du parti Alfred Rosenberg. Il a joué sur
l'anticommunisme, l'antiféminisme et les aspects réactionnaires de son programme pour
séduire les électorats religieux. La signature du concordat avec le Vatican, en juin 1933, a
été un triomphe personnel, qui a lié les mains à l'épiscopat et renforcé sa stature
internationale. Se défendant de « faire de la politique », évêques, curés et pasteurs ne
s'opposaient que sur des points matériels ou confessionnels et terminaient leurs sermons en
priant « pour la patrie et pour le Führer ». L'encyclique antinazie du pape Pie XI, Mit
Brennender Sorge (1937), interdite de diffusion par la Gestapo, ne mentionne pas le nom de
Hitler, et ne condamne que partiellement son régime, ni lui ni aucun de ses partisans
n'étant jamais menacés d'excommunication.
Contrairement à une légende, Hitler n'était avant 1933 ni le candidat ni l'instrument des
milieux d'affaires. Mais le grand patronat s'est vite rallié à lui, et a amplement bénéficié de
la restauration de l'économie puis du pillage de l'Europe, allant jusqu'à se compromettre
Adolf Hitler 21
achevée. La coupole du nouveau Palais du Reichstag aurait été 13 fois plus grande que
celle de la basilique Saint-Pierre de Rome, l’avenue triomphale deux fois plus large que les
Champs-Élysées et l’arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l’arc de
triomphe parisien (40m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, discerne à travers
ces projets mégalomanes une « architecture de mort » (Albert Speer, Perrin, 2001).
En pleine guerre, Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitent
pour l’après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg,
Munich ou Linz. Dans son bunker, il lui arrivera de rêver de longues heures immobiles
devant une maquette de Linz telle qu’il la voulait reconstruite.
La diplomatie hitlérienne
La diplomatie du Troisième Reich est essentiellement conçue et dirigée par Hitler en
personne. Ses ministres des Affaires étrangères successifs (Konstantin von Neurath puis
Joachim von Ribbentrop) relayent ses directives sans faire preuve d’initiatives personnelles.
La diplomatie hitlérienne, par son jeu d’alliances, d’audaces, de menaces et de duperies, est
un rouage essentiel des buts stratégiques que poursuit le Führer. Ses discours tonitruants
au Reichstag ou aux congrès nazis de Nuremberg scandent les crises diplomatiques qu’il
provoque successivement ; ils alternent avec ses interviews hypocritement rassurantes aux
journaux étrangers, ou avec ses entretiens accordés aux représentants étrangers.
Assimilant complètement son destin personnel au destin de l’Allemagne, et identifiant le
cours biologique de sa vie avec la destinée du Reich, Hitler est obsédé par la possibilité de
son vieillissement prématuré, et il veut donc pouvoir déclencher sa guerre avant de fêter
ses 50 ans. Le regard porté par le dictateur sur lui-même a donc un rôle direct dans
l’accélération des événements par lesquels il conduit l’Europe à la Seconde Guerre
mondiale.
Paris-Soir, Jean Prouvost, interdit la diffusion de l’article, qui est demandée par le président
du conseil Albert Sarraut. Finalement, l’article est publié, le lendemain du vote dans le
journal Paris-Midi du vendredi 28 février[39] .
Quel était le but des Allemands ? Faire retarder la publication pour ensuite dire que les
bonnes intentions d’Hitler avaient été cachées aux Français et ainsi adopter des
contres-mesures. Pour cette fois-ci, il s’agira de la violation du traité de Versailles et des
accords de Locarno par la remilitarisation de la Rhénanie le 7 mars 1936[40] .
Ce que dira Hitler dans son interview dans Paris-Midi est calibré pour le public français et
représentatif de ses talents de manipulateur. Il dit ainsi sa « sympathie » pour la France et
expose ses volontés pacifiques : « La chance vous est donnée à vous. Si vous ne la saisissez
point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants ! Vous avez devant vous une
Allemagne dont les neuf dixièmes font pleine confiance à leur chef, et ce chef vous dit :
"Soyons amis !" »[41] .
Les réactions à cette interview sont toutes convergentes à travers l’Europe, de Londres à
Rome en passant par Berlin. Tous les commentateurs saluent les paroles de paix d’Hitler et
chacun y voit le début d’un rapprochement à quatre[42] .
Dès le 7 mars 1936, Hitler revient sur ses paroles de paix en remilitarisant la Rhénanie,
violant une nouvelle fois le traité de Versailles ainsi que les accords de Locarno. C’est un
coup de bluff typique de sa méthode personnelle. Hitler a donné comme consignes à ses
troupes de se retirer en cas de riposte de l’armée française. Cependant, bien que l’armée
allemande, à ce moment-là soit bien plus faible que ses adversaires, ni les Français, ni les
Britanniques ne jugent utile de s’opposer à la remilitarisation. Le succès est éclatant pour
Hitler.
Complaisances à l’étranger
La fascination exercée par Hitler dépasse largement à l’époque les frontières de
l’Allemagne. On compte même à l’étranger plusieurs cas de femmes ayant voulu se suicider
par amour désespéré pour sa personne.
Pour de nombreux sympathisants du fascisme, il incarne l’« ordre nouveau » qui
remplacera les sociétés bourgeoises et démocratiques « décadentes ». Certains
intellectuels font ainsi le pèlerinage du congrès de Nuremberg, comme le futur
collaborationniste Robert Brasillach. Le journaliste Fernand de Brinon, premier Français à
interviewer le nouveau chancelier en 1933, sera un militant proche du nazisme, et le
représentant du régime de Vichy en zone nord dans Paris occupé. Le 13 juin 1933, le
premier ministre fascisant de Hongrie, Gyula Gömbös, est le premier chef de gouvernement
étranger à rendre une visite officielle au nouveau chancelier allemand.
Adolf Hitler 25
Le 2 janvier 1939, Hitler est élu Homme de l’année 1938 par le Time Magazine.
Les alliances
En juillet 1936, Hitler apporte son soutien aux
insurgés nationalistes du général Franco lors de la
guerre d’Espagne. Il fait parvenir des avions de
transports pour permettre aux troupes coloniales du
Maroc espagnol de franchir le détroit de Gibraltar
lors des premiers jours cruciaux de l’insurrection.
Tout comme Mussolini, il envoie ensuite du matériel
militaire ainsi qu’un corps expéditionnaire, la
Légion Condor, qui permettra de tester les
nouvelles techniques guerrières, notamment les
Timbre à l'effigie d'Hitler et de Mussolini,
bombardements aériens terroristes sur les
célébrant l'alliance des deux fascismes.
populations civiles, lors de la destruction de
Guernica en 1937.
Adolf Hitler 26
L’Anschluss
Afin de réaliser l’Anschluss, rattachement de l’Autriche au Troisième Reich interdit par le
traité de Versailles, Hitler s’appuie sur l’organisation nazie locale. Celle-ci tente de
déstabiliser le pouvoir autrichien, notamment par des actes terroristes. Un coup d’État
échoue en juin 1934, malgré l’assassinat du chancelier Engelbert Dollfuss. L’Italie a avancé
ses troupes dans les Alpes pour contrer les velléités expansionnistes allemandes, et les
nazis autrichiens sont sévèrement réprimés par un régime autrichien de type fasciste.
Début 1938, l’Allemagne est davantage en position de force et est alliée avec l’Italie. Hitler
exerce alors des pressions sur le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, le sommant,
lors d’une entrevue à Berchtesgaden en février, de faire entrer des nazis dans son
gouvernement, dont Arthur Seyss-Inquart au ministère de l’Intérieur. Devant la menace
croissante des nazis, Schuschnigg annonce en mars l’organisation d’un référendum pour
confirmer l’indépendance de l’Autriche.
Hitler lance alors un ultimatum exigeant la remise complète du pouvoir aux nazis
autrichiens. Le 12 mars, Seyss-Inquart est nommé chancelier, et la Wehrmacht entre en
Adolf Hitler 27
Autriche. Hitler franchit lui-même la frontière par sa ville natale de Braunau am Inn, puis
arrive à Vienne où il est triomphalement acclamé par une foule en délire. Le lendemain, il
proclame le rattachement officiel de l’Autriche au Reich, ce qui est approuvé par
référendum (99 % de oui) en avril 1938. Le Grossdeutschland (« Grande Allemagne ») était
ainsi créé, avec la réunion des deux États à population germanophone. Rares sont alors les
Autrichiens à s’opposer à la fin de l’indépendance, à l’image de l’archiduc Otto de
Habsbourg, exilé.
En Autriche annexée, la terreur s’abat aussitôt sur les Juifs et sur les ennemis du régime.
Un camp de concentration est ouvert à Mauthausen près de Linz, qui acquiert vite la
réputation méritée d’être l’un des plus terribles du système nazi. Le pays natal de Hitler,
qui se targua après la guerre d’avoir été la « première victime du nazisme » et refusa
longtemps toute indemnisation des victimes du régime, s’est en fait surtout distingué par sa
forte contribution aux crimes du IIIe Reich. L’historien britannique Paul Johnson[43]
souligne que les Autrichiens sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime
(outre Hitler lui-même, on peut citer Adolf Eichmann, Ernst Kaltenbrunner, Arthur
Seyss-Inquart ou Hans Rautter, chef de la Gestapo aux Pays-Bas occupés) et qu’ils ont en
proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des
Einsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des
principaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5090
criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, on compte 2499 Autrichiens.
Et vous allez avoir la guerre. » De fait, Hitler rompt sa promesse à peine quelques mois plus
tard.
En mars 1939, la Slovaquie, encouragée par Berlin, proclame son indépendance ; son
leader, Jozef Tiso place son pays sous l’orbite allemande. Hitler, lors d’une entrevue
dramatique à Berlin avec le président tchécoslovaque Emil Hácha (remplaçant le président
démissionnaire Edvard Beneš), menace de bombarder Prague si la Bohême et la Moravie ne
sont pas incorporées au Reich. Le 15 mars, Hácha cède, et l’armée allemande entre à
Prague sans combat le lendemain. La Bohême et la Moravie deviennent un protectorat du
Reich, dirigé par Konstantin von Neurath à partir de novembre 1939, puis de 1941 à son
exécution par la résistance tchèque en mai 1942, par le haut chef SS Reinhard Heydrich,
surnommé « le boucher de Prague ».
En mettant la main sur la Bohême-Moravie, le Reich s’empare par la même occasion d’une
importante industrie sidérurgique et notamment des usines Škoda, qui permettent de
construire des chars d’assaut. En annexant des populations slaves et non plus allemandes,
Hitler a jeté le masque : ce qu'il poursuit n'est plus le pangermanisme classique mais, ainsi
qu'il l'avoue sans fard à ses généraux le 23 mai 1939, la conquête d'un espace vital illimité.
des juifs allemands vers la Palestine. Quant au Grand Mufti, sa stratégie est guidée par le
principe selon lequel l’ennemi de ses ennemis (en l’occurrence les Anglais et les Juifs) doit
être son allié[46] . Du point de vue hitlérien, il s’agit essentiellement d’ébranler les positions
de l’empire britannique au Moyen-Orient devant l’avancée de l’Afrikakorps et de permettre
le recrutement d’auxiliaires, notamment pour lutter contre les partisans, alors que
l’hémorragie de l’armée allemande devient problématique.
En particulier, la défaite rapide de la France en juin 1940 est un véritable triomphe pour
Hitler, qui est acclamé par une foule massive à son retour à Berlin en juillet. Cependant, cet
éternel joueur de dés remet tout en jeu en agressant l'URSS le 22 juin 1941, décision à
terme fatale.
Adolf Hitler 31
La guerre radicalise son régime et lui fait prendre ses traits les plus meurtriers. De même
que l'attaque de la Pologne donne le signal du massacre des handicapés mentaux ou de la
répression de masse contre les peuples slaves, c'est dans la guerre d'extermination
(Vernichtungskrieg) planifiée contre les populations soviétiques que s'élabore notamment la
Solution Finale. Toute l'Europe occupée est livrée à la terreur et au pillage, avec des degrés
divers selon le sort qu'Hitler réserve à chaque "race" et à chaque pays.
alors les 300000 soldats britanniques, ordre qualifié plus tard de « miracle de Dunkerque ».
Le 22 juin, dans la clairière de Rethondes, lors de l'Armistice franco-allemand qu'il a
symboliquement exigé de voir signer dans la même clairière et le même wagon qu'en 1918,
Hitler esquisse de joie un célèbre pas de danse.
Avant l’invasion de la Russie un an plus tard, l’Allemagne hitlérienne domine donc l’Europe,
ajoutant au printemps 1941 la Yougoslavie et la Grèce à son empire, envahis pour venir en
aide à Mussolini, jaloux des succès de Hitler mais lui-même vite empêtré dans les Balkans.
Avec ses succès militaires et la disparition de l’influence française en Europe centrale, la
Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie (dont les champs de pétrole sont une obsession
continuelle pour Hitler durant la guerre) et la Bulgarie, en adhérant au Pacte tripartite,
tombent dans l’orbite de l’Allemagne, mettant à sa disposition des bases pour de futures
actions.
Entre juin 1940 et juin 1941, le seul adversaire de l’Allemagne nazie reste le Royaume-Uni,
appuyé par le Commonwealth. Hitler est plutôt enclin à des relations cordiales avec les
Anglais, considérés racialement comme proches des Germaniques. Il espère que le
gouvernement britannique finira par négocier la paix et qu’il acceptera de se contenter de
son empire colonial et maritime sans plus intervenir sur le continent. Hitler compte sur
l’action de la Luftwaffe, puis les attaques des sous-marins contre les convois de
marchandises (bataille de l’Atlantique), pour faire plier le Royaume-Uni.
Mais sur ce point, la détermination de Winston Churchill, arrivé
au pouvoir le 10 mai 1940, contraste avec les atermoiements de
ses prédécesseurs. Refusant toute paix de compromis, galvanisant
la population britannique, il contrarie les plans du Führer. Dès le
15 septembre 1940, la bataille d'Angleterre est virtuellement
perdue, l’héroïsme des pilotes de la Royal Air Force ayant fait
échec aux rodomontades de Göring, maître de la Luftwaffe, dont
la semi-disgrâce auprès du Führer commence.
En 1942, en représailles aux premiers grands raids britanniques sur les cités allemandes,
Hitler ordonnera encore de détruire une à une les villes d’art britanniques par les airs (les «
raids Bädecker », du nom d’un guide touristique célèbre), de même qu’il déchaînera en
1944 les V1 et les V2 sur l’Angleterre. Sans plus de succès.
Par ailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche le Royaume-Uni des États-Unis,
soucieux de la liberté de commerce et de navigation. Hitler commence à considérer que la
guerre avec l’Amérique, foyer du capitalisme juif à ses yeux, devient inéluctable.
Adolf Hitler 33
Sa première grave erreur a été d’ouvrir un deuxième front, en envahissant l’immense Union
soviétique sans avoir terminé la guerre contre le Royaume-Uni. Toujours persuadé d’avoir
une tâche monumentale qu’il aura du mal à réaliser en une seule vie, il souhaite attaquer
l’URSS, principal réservoir d'"espace vital" et ennemi principal doctrinal, dans des délais
rapides. À partir de décembre 1940, il planifie une guerre d'extermination terroriste à l'Est
: il ne s'agit pas seulement de détruire le bolchevisme, mais au-delà, comme déjà en
Pologne asservie, de détruire l'État, de réduire les populations civiles à l'état d'esclaves et
de sous-hommes, de vider par les massacres et les déportations les territoires conquis de
leurs Juifs et de leurs Tziganes, afin de laisser la place à des colons allemands.
Le 10 juin 1942, suite à l'exécution de son fidèle Heydrich par la résistance tchèque, Hitler
ordonne la destruction totale du village de Lidice.
Le 17 juin 1944, quand le maréchal Rommel lui demande de faire passer en jugement les
responsables du massacre d'Oradour-sur-Glane, préjudiciable aux relations avec Vichy,
Hitler se contente de le rabrouer en lui ordonnant de ne pas se mêler de politique.
Adolf Hitler 37
Au même moment, Rommel est chassé d'Afrique du Nord par les Alliés, et le refus obstiné
de Hitler d'évacuer la Tunisie coûtera encore 250000 prisonniers à l'Axe en mai 1943.
Très réservé sur l'offensive de Koursk - sa dernière sur le front de l'Est, et la plus grosse
bataille de blindés de l'Histoire - Hitler ne fait aucune difficulté pour l'arrêter, le 13 juillet
1943, quant à son échec flagrant vient s'ajouter le débarquement allié en Italie, qui l'oblige
à dégarnir le front russe et qui précipite le renversement de son collègue Mussolini. Ce
dernier, l'un des rares hommes pour qui Hitler conserve un sentiment de camaraderie, est
libéré par un commando SS sur ses ordres, mais il n'est plus désormais qu'un collaborateur
des nazis, à la tête d'une République de Salo fantoche.
Adolf Hitler 38
Intoxiqué par les services alliés (opération Fortitude), Hitler retarde l’envoi de
Panzerdivisionen pour rejeter les forces débarquées, pensant que l’opération Overlord est
une diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieu dans le Pas-de-Calais. Il ne
changera pas d'avis avant la fin de la bataille de Normandie. En août 1944, il ordonne au
général von Kluge d’effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée des
troupes américaines à Avranches. Cependant, les troupes allemandes engagées dans cette
opération ne peuvent avancer jusqu’à leurs objectifs en raison des bombardements massifs,
et elles sont prises dans une nasse refermée par George Patton et Montgomery, dans la
poche de Falaise où 50000 Allemands sont fait prisonniers.
S'il est devenu évident pour tous, jusqu'au sein même de ses serviteurs, que la défaite est
inéluctable et qu'Hitler mène l'Allemagne à la catastrophe, aucune cessation des combats
n'est possible tant qu'il reste en vie. Or en Allemagne même, Hitler exerce une lourde
répression après avoir survécu à l'attentat du 20 juillet 1944.
assassiné par pendaison à l’approche des Alliés, aux côtés du pasteur Dietrich Bonhoeffer.
En tout, plus de 5000 personnes sont arrêtées et assassinées au cours de la répression. En
vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective, et se référant aux antiques
coutumes de vengeance des peuplades germaniques (Sippenhaft), Hitler fait envoyer les
familles des conjurés dans des camps de concentration. Les conjurés, maltraités et
ridiculisés, sont traînés devant le Tribunal du Peuple de Roland Freisler, qui les abreuve
d’injures et d’humiliations au cours de parodies de justice n’essayant même pas de
respecter les apparences élémentaires du droit, avant de les envoyer à la mort. Beaucoup
périssent pendus à des crocs de boucher à la prison berlinoise de Plotzensee. Hitler fit
filmer les exécutions pour pouvoir les visionner avec ses fidèles dans sa salle privée, bien
qu’il semble que les films ne furent finalement jamais projetés.
Aux abois
Les ordres de Hitler à ses troupes deviennent de plus en plus irréalistes compte tenu de
l’écrasante supériorité de l’Armée rouge et des Alliés. Les réunions entre Hitler et son chef
d’état-major (depuis juillet 1944) Heinz Guderian sont de plus en plus houleuses et ce
dernier finit par être renvoyé le 28 mars 1945.
Devant ses proches, Hitler déclare que les « armes
miracles » vont renverser la situation (dont les V1 et
V2, les premiers missiles, assemblés notamment dans le
tunnel mortifère du camp de concentration de
Dora-Mittelbau, ou encore les premiers chasseurs à
réaction Messerschmitt Me 262), ou encore que de
même que son héros Frédéric II de Prusse avait jadis
été sauvé par un retournement d’alliance in extremis,
de même les Alliés arrêteront de combattre le IIIe Reich
pour s’attaquer à l’Union soviétique.
« Hitler doit mourir pour que
En fait, depuis la conférence de Casablanca en janvier l'Allemagne vive » : graffiti sur une
baraque du camp de la mort de
1943, les Alliés sont sans ambiguïté sur l’exigence
Buchenwald, libéré par l'armée
d’une capitulation sans condition et sur la américaine, avec Hitler pendu en
dénazification de l’Allemagne et le châtiment des effigie (avril 1945).
criminels de guerre. Quant aux « armes nouvelles »,
elles auraient été tout à fait insuffisantes, et Hitler a lui-même gâché ses dernières chances
en affichant longtemps son mépris pour les « sciences juives » dont la physique nucléaire
(une des causes du retard pris aux recherches sur la bombe atomique), ou encore en
exigeant, contre l’avis de tous les experts, de construire les avions à réaction non pas
comme chasseurs, ce qui aurait pu faire basculer la guerre aérienne, mais comme
bombardiers - pour pouvoir reprendre la destruction des villes anglaises.
Dans les derniers mois du conflit, Hitler, dont la santé décline rapidement, n’apparaît plus
en public, ne parle plus guère à la radio, et reste la plupart du temps à Berlin. C’est Joseph
Goebbels, le chef de la propagande, par ailleurs commissaire à la défense de Berlin et
responsable de la Volksturm, qui se charge d’exhorter les troupes et les foules. Le lien
entre les Allemands et le Führer se distend. Hitler n’a jamais visité une ville bombardée ni
un hôpital civil, il n’a jamais vu aucun des réfugiés qui fuient l’avancée de l’Armée rouge
Adolf Hitler 41
par millions à partir de janvier 1945, il ne se rend plus de longue date au chevet de soldats
blessés, et a cessé depuis fin 1941 de prendre ses repas avec ses officiers ou ses soldats. Sa
glissée hors du réel s’accentue.
Convaincu que le peuple allemand ne mérite pas de lui
survivre puisqu’il ne s’est pas montré le plus fort, Hitler
ordonne le 19 mars 1945 une terre brûlée d’une
ampleur inégalée, incluant la destruction des
industries, des installations militaires, des magasins et
des moyens de transport et de communications, mais
aussi des stations thermiques et électriques, des
stations d’épuration, et de tout ce qui est indispensable
à la survie élémentaire de ses concitoyens. Cet ordre ne
sera pas respecté. Albert Speer, ministre de l’armement Officier nazi de la Volksturm suicidé
et architecte du Reich, a prétendu devant le tribunal de auprès d'un portrait lacéré du Führer,
Nuremberg qu’il avait pris les mesures nécessaires printemps 1945
En avril 1945, le Reich est aux abois : le Rhin franchi par les Occidentaux le 23 mars, les
villes matraquées par des bombardements quotidiens, les réfugiés fuyant en masse de l’Est,
les Soviétiques approchant de Vienne et de Berlin. Dans les rues assaillies de ces deux
villes, les SS pendront encore en public ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir.
Sur des cadavres de civils pendus à des lampadaires, des pancartes précisent par exemple :
« Je pends ici parce que j’ai douté de mon Führer », ou « Je pends ici parce que je suis un
traître ». Les dernières images d’Hitler filmées, en pleine bataille de Berlin, le montrent
décorant ses derniers défenseurs : des enfants et des pré-adolescents.
Le 23, Albert Speer revient en avion dans Berlin assaillie pour refaire ses adieux à Hitler. Il
lui avoue avoir saboté la terre brûlée, sans réaction du dictateur, et s'en va en n'ayant
obtenu qu'une molle poignée de main de son idole.
Les dernières crises internes du régime ont lieu quand le soir du 25, Hermann Göring,
toujours nominalement héritier de Hitler, lui envoie de Bavière un télégramme lui
demandant s'il peut prendre la direction du Reich conformément aux dispositions de 1941.
Persuadé par Bormann d'y voir à tort un ultimatum et un coup de force du Reichsmarshall,
Hitler, furieux, destitue Göring et le fait assigner à résidence par les SS.
Sa fureur redouble le 27 quand la radio alliée lui apprend que son fidèle Himmler a tenté à
son insu de négocier avec les Occidentaux[55] : aussitôt, il fait arrêter et fusiller dans les
jardins de la chancellerie le propre beau-frère d'Eva Braun, le responsable SS Hermann
Fegelein, agent de liaison de Himmler.
Dans la nuit du 29 avril, après avoir épousé Eva Braun, Hitler dicte à sa secrétaire Traudl
Junge un testament privé puis politique, exercice d'autojustification où il nie sa
responsabilité dans le déclenchement de la guerre. Curieusement, le texte ne dit mot du
bolchevisme, au moment même où les Soviétiques s'emparent de Berlin. Par contre,
l'obsession antisémite de Hitler y apparaît toujours intacte. Il exclut Himmler et Göring du
NSDAP, écarte Speer, Ribbentrop et Keitel, promeut Goebbels à la chancellerie et confie la
tête de ce qui reste du Reich au grand amiral Karl Dönitz.
Le 30 avril vers 15h30, alors que l’Armée rouge n’est plus qu’à quelques centaines de
mètres, Adolf Hitler se suicide en compagnie d’Eva Braun. On suppose généralement que le
poison utilisé par Eva Braun était du cyanure de potassium, mais Ian Kershaw soutient que
le poison fourni à tous les occupants du bunker était de l’acide prussique. Hitler se donne la
mort d'une balle dans la bouche. On retrouvera son arme de service à ses pieds.
Une affirmation fréquente est qu'il aurait mordu la capsule juste avant ou presque en même
temps qu’il se tira une balle dans la tempe[56] , mais Kershaw affirme qu’il est impossible de
tirer juste après avoir mordu un tel poison, et que le corps de Hitler n'ayant pas dégagé
l'odeur d'amande amère caractéristique de l'acide prussique et constatée sur celui d'Eva
Braun, il faut conclure à la mort par balle seule ; de nombreuses autres thèses circulent,
impliquant parfois qu’un autre ait tiré la balle, mais elles sont classées comme fantaisistes.
Pour ne pas voir son cadavre emporté en trophée par l'ennemi (Mussolini a été fusillé le 28
par les partisans italiens et son corps pendu par les pieds devant la foule à Milan), Hitler
avait donné l'ordre de l'incinérer. C'est aussitôt chose faite par son chauffeur Erich Kempka
et son aide de camp Otto Günsche, dans un cratère de bombe près du bunker. La pluie
d'obus soviétiques labourant Berlin a presque certainement détruit l'essentiel des deux
corps.
Adolf Hitler 43
Legs historique
Personnage impitoyable et déshumanisé, dictateur
totalitaire, raciste et eugénique, Adolf Hitler a été
surtout le principal responsable du conflit de loin le
plus vaste, le plus destructeur et le plus traumatisant
que l'humanité ait jamais connu, à l'origine de près de
40 millions de morts en Europe, dont 26 millions de
Soviétiques. Environ 11 millions de personnes ont
directement été assassinées sur ses ordres, en raison
Discours d'Adolf Hitler au Reichstag en des pratiques criminelles systématiques de son régime
avril 1941
et de ses forces armées, ou en application de ses
projets exterminateurs prémédités. Parmi elles, les trois
quarts des Juifs de l'Europe occupée. « Jamais dans l'Histoire, pareille ruine matérielle et
morale n'avait été associée au nom d'un seul homme » (Ian Kershaw)[58] .
L'image de Hitler a été définitivement fixée, en particulier, lors de la découverte des camps
de la mort lente en avril-mai 1945, avec leurs monceaux de cadavres décharnés, leurs
survivants squelettiques et hagards, leurs expériences pseudo-médicales et leurs chambres
à gaz doublées des tristement célèbres fours crématoires. Cette révélation macabre a
achevé de trancher les débats antérieurs entre adversaires et partisans du personnage et
de son régime[59] . La redécouverte de la Shoah, depuis les années 1970, a recentré
l'attention sur la spécificité du judéocide qu'il a inspiré, tout en confirmant la nature
intrinsèquement criminelle de son action et de son système.
Adolf Hitler 44
L'Allemagne même, dont Hitler avait prétendu faire la raison de son combat politique et de
son existence, disparaît en tant qu'État au terme de l'aventure nazie. Elle ne retrouve son
indépendance qu'en 1949 (sans la pleine souveraineté au début) et son unité qu'en 1990.
Berlin, l'une des villes qui avait le moins voté pour Hitler et que le Führer n'avait jamais
aimée, n'en subira pas moins une division de 40 ans, matérialisée après 1961 par le célèbre
Mur de Berlin. En représailles aux exactions massives du IIIe Reich, plus de 8 millions
d'Allemands présents depuis des siècles ont été chassés en 1945 des Sudètes, des Balkans
et de toute l'Europe centrale et orientale. Sans oublier la déportation en Sibérie, en 1941,
des Allemands de la Volga vus par Staline comme une cinquième colonne potentielle de
Hitler. Le territoire actuel de la RFA est inférieur d'un quart à celui du Reich de 1914.
Albert Speer a su renouveler les machines et enterrer les usines : le potentiel industriel de
l'Allemagne est largement intact après-guerre, ce qui a permis de se demander si Hitler
n'était pas le père inavouable du miracle économique allemand d'après-guerre[62] .
Les pillages, les bombardements, les représailles et la
terre brûlée ordonnées par Hitler ont dans l'immédiat
largement aggravé le bilan matériel inégalé de la
guerre. Des milliers de villes, de bourgs et de villages
ont été détruits par la Wehrmacht et les SS dans toute
l'Europe. Minsk a été ainsi détruite par Hitler à 80 %,
Varsovie à 90 %. L'URSS compte au moins 25 millions
de sans-abris et l'Allemagne 20 millions[63] . 30 millions
de réfugiés et « personnes déplacées » errent sur les
routes d'Europe en mai 1945, en majorité en
Allemagne.
Soldat et graffiti de l'Armée Rouge
Le combat contre le « bolchevisme », dont Hitler avait
dans le Reichstag en ruines, peu après
fait un fondement de sa mission et un de ses thèmes de la mort d’Hitler
propagande les plus porteurs, s'achève sur un fiasco
total. C'est en repoussant l'agression hitlérienne que l'Armée Rouge pousse jusqu'à Berlin
et que l'URSS peut imposer le communisme et sa domination à la moitié de l'Europe pour
plus de 40 ans. Devenu le principal vainqueur de son ancien allié Hitler, Staline retire aussi
de sa victoire sur ce dernier un immense prestige dans sa population et dans le monde
entier.
Spoliés et exterminés, les Juifs d'Europe ont vu disparaître à jamais les foyers les plus
brillants et prospères de leur culture, avec l'éradication sans retour des fortes
communautés de Berlin, Vienne, Amsterdam, Vilnius ou Varsovie. Les trois quarts des
locuteurs du yiddish ont péri. En Europe de l’Est, les rares survivants des camps sont
souvent insultés voire assassinés à leur retour, en particulier par ceux qui ont pris leurs
biens en leur absence. Il n'est pas rare alors d'entendre des Polonais ou des
Tchécoslovaques se plaindre à haute voix que « Hitler n'a[it] pas fini le travail »[65] .
Adolf Hitler 46
La seule exception partielle notable est celle de Albert Speer, ancien confident et ministre
du dictateur, mais son complexe de culpabilité, exposé dans ses mémoires sur le IIIe Reich,
se mêle à une fascination persistante pour Hitler, qui témoigne que le charisme du
personnage faisait encore effet bien au-delà de sa mort et de la découverte de ses
forfaits[67] .
Hitler a brisé la continuité de l'histoire allemande. Il a mis en question jusqu'à la
permanence et au sens même de la civilisation. Un des peuples les plus cultivés et les plus
développés du monde s'est révélé en effet capable d'engendrer un Hitler, et de le suivre
jusqu'au bout sans grande résistance, y compris dans des entreprises d'une barbarie à cette
heure unique dans l'Histoire[68] . Dès lors, la conscience allemande et européenne n'a cessé
d'interroger les responsabilités du passé allemand dans l'avènement de Hitler, celle de la
culpabilité des Allemands ayant vécu sous le Führer (Schuldfrage), mais aussi la
responsabilité morale qui échoit en héritage aux générations ne l'ayant pas connu. Selon le
mot de Tony Judt, « demander à chaque nouvelle génération d'Allemands de vivre à jamais
dans l'ombre de Hitler, exiger qu'ils endossent la responsabilité de la mémoire de la
culpabilité unique de l'Allemagne et en faire l'aune même de leur identité nationale était le
moins qu'on pût exiger... mais c'était attendre beaucoup trop[69] . »
Adolf Hitler 47
Hitler est aussi revenu hanter périodiquement les mémoires collectives des autres pays.
Surtout à partir des années 1960-1970, on redécouvre un peu partout que le plus grand
criminel de l'Histoire a bénéficié jusque chez soi de soutiens indispensables, de relais, de
délateurs - ou tout simplement d'indifférences, de passivités et de complaisances plus ou
moins lourdes de conséquences humaines et morales. La France ne reconnaîtra qu'en 1995
la responsabilité de l'État pétainiste dans les déportations de Juifs. Même des États neutres
tels que la Suisse ou le Vatican ont vu mettre âprement en question les ambiguités de leur
attitude face à l'Allemagne nazie.
Même à l'Ouest, la guerre contre Hitler n'avait jamais été conçue comme une guerre pour
sauver les Juifs. La spécificité raciste et exterminatrice de son action avait rarement été
perçue des contemporains. Les pouvoirs publics et l'opinion s'étaient plus attachés, dans
l'après-guerre, à célébrer les résistants et les soldats qui avaient combattu le dictateur
(perçu d'abord comme l'agresseur étranger et l'oppresseur de la nation) que ses victimes,
souvent réduites au silence. Ce n'est qu'après le procès Eichmann en 1961 et avec la
redécouverte de l'unicité de la Shoah, dans les années 1970, que le monde occidental
comprend le génocide des Juifs comme le principal crime du Führer[71] .
Paradoxalement, l'auteur de Mein Kampf a sans doute été le fossoyeur involontaire du vieil
antisémitisme européen : largement répandu avant-guerre comme une opinion parmi
d'autres, l'antisémitisme est, après lui, devenu définitivement un tabou dépourvu de tout
droit de cité en Occident, ainsi qu'un délit passible des lois.
À travers tout l'Occident, un vaste effort de pédagogie à travers l'école, les medias, les
productions littéraires et culturelles, les témoignages de survivants, a permis de
familiariser le grand public avec l'ampleur des méfaits du IIIe Reich. Aussi le nom de Hitler
évoque-t-il spontanément et durablement, dans les masses, l'idée même du criminel absolu.
Adolf Hitler 48
Théories racistes
Dans ce livre, Hitler expose ses théories racistes, impliquant une inégalité et une hiérarchie
des races, et son aversion particulière pour les Slaves, les Tsiganes, et surtout les Juifs.
Présentés comme des races inférieures, ils sont qualifiés d’Untermenschen (« sous-hommes
»).
Selon Hitler, les Juifs sont une race de « parasites » ou de « vermine » dont il faut
débarrasser l’Allemagne. Il les rend responsables des évènements du 9 novembre 1918[72]
et donc de la défaite et de la révolution allemandes, ainsi que de ce qu’il considère la
décadence culturelle, physique et sociale de la prétendue civilisation aryenne.
Mein Kampf recycle la théorie du complot juif déjà développée dans les Protocoles des
Sages de Sion. Hitler nourrit son antisémitisme et ses théories raciales en se référant à des
idéologies en vogue en son temps. À Vienne, durant sa jeunesse, les Juifs, bien intégrés
dans l’élite, sont souvent accusés de la décomposition de l’empire d’Autriche-Hongrie. La
haine des juifs est exacerbée par la défaite de la Première Guerre mondiale. Quant à ses
idées sur les races humaines, Hitler les tient essentiellement de Die Grundlagen des
neunzehnten Jahrhunderts (« Genèse du dix-neuvième siècle », 1899) du Britannique
d’expression allemande Houston Stewart Chamberlain, dont les thèses reprenaient
elles-mêmes celles de l’Essai sur l'inégalité des races humaines (1853) du racialiste français
Gobineau. Hitler s’inspire également du darwinisme social de Herbert Spencer tel que le
prônait la Deutsche Monistbund (« Ligue moniste allemande ») fondée par Ernst Haeckel.
Hitler reprend aussi dans Mein Kampf les vieilles doctrines pangermanistes visant à
regrouper dans un seul État les populations allemandes dispersées, mais il y ajoute,
notamment sous l'influence du théoricien nazi Alfred Rosenberg, la revendication d’un «
espace vital » (Lebensraum) en Europe de l’Est. Les territoires allemands doivent être
indéfiniment élargis surtout en Europe centrale et en Ukraine (déjà convoités par les
couches dirigeantes allemandes au temps du Kaiser Guillaume II), car jugés trop étroits au
regard des besoins matériels de leurs populations et dans une position stratégique
inconfortable entre des puissances hostiles à l’ouest et à l’est.
Hitler cible enfin deux adversaires fondamentaux : les communistes et la France,
considérée comme dégénérescente (car dirigée par les Juifs et créant un Empire colonial
multiethnique), et contre qui l’Allemagne doit se venger de l’humiliant traité de Versailles.
Adolf Hitler 49
Adolf Hitler est obsédé par l’idée de pureté d’une prétendue race aryenne, la « race
supérieure » dont les Allemands sont censés être les dignes représentants, au même titre
que les autres peuples nordiques (Norvégiens, Danois, Suédois). Dans le but d’asseoir
scientifiquement cette notion de race aryenne, des recherches pseudo-anthropologiques
sont entreprises et des cours d’université dispensés. (Himmler crée un institut scientifique,
l’Ahnenerbe). En fait, les Aryens étaient un groupe de peuplades nomades vivant en Asie
centrale au IIIe millénaire av. J.-C. et sans liens aucun avec les Allemands. Toujours est-il
que la notion d’« aryen » devient avec Hitler un ensemble de valeurs fantasmagoriques que
les scientifiques nazis ont tenté de justifier par de prétendues données objectives.
La « race aryenne » est assimilée aux canons esthétiques de l’homme germanique: grand,
blond et athlétique, tel que le représente Arno Breker, le sculpteur favori d’Hitler.
Parallèlement, Hitler développe un intérêt particulier pour le paganisme nordique
pré-chrétien, plus conforme à ses théories raciales qu’un christianisme à racine hébraïque,
trop humaniste et trop universaliste. La religion des dieux Wotan et Thor avait notamment
été glorifiée par les opéras de Richard Wagner, dont Hitler était un fervent admirateur.
Heinrich Himmler fut le fidèle hitlérien qui poussa le plus loin cette passion, et on retrouve
ce symbolisme mythologique dans l’uniforme et les rituels des SS, « chevaliers noirs » du
Troisième Reich.
De la persécution antisémite à la «
Solution Finale »
Le château de Hartheim en Bavière, où
Dans l’Allemagne nazie, les juifs étaient exclus de la furent gazés 18269 malades incurables
communauté du peuple allemand et 5000 détenus politiques.
(Volksgemeinschaft). Le 1er avril 1933, les docteurs,
avocats et commerçants juifs sont l’objet d’une vaste campagne de boycott, mise en œuvre
notamment par les SA. Ces milices créées par Hitler avaient déjà perpétré, dès le début des
années 1920, des actes de violences contre les juifs. Le 7 avril, deux mois après l’arrivée
d’Hitler au pouvoir, la Loi « pour le rétablissement d’une fonction publique professionnelle
» exclut les juifs de tout emploi dans les gouvernements (sauf les anciens combattants et
ceux qui étaient en service depuis plus de dix ans).
Les dirigeants nazis ont longtemps envisagé, parmi d’autres « solutions » comme la
création de zones de relégation, d’expulser l’ensemble de la communauté juive allemande
sans l’exterminer, mais aucune phase de réalisation concrète n’a été enclenchée. Des
projets d’installation des juifs en Afrique (Plan Madagascar) ont notamment été envisagés.
Le déclenchement de la guerre radicalise les persécutions antisémites au sein du Troisième
Reich. La prolongation de la guerre contre le Royaume-Uni ne permet plus d’envisager ces
déportations, de même qu'est abandonnée l’idée d’un déplacement des juifs d’Europe en
Sibérie — qui aurait déjà suffi en lui-même à provoquer une hécatombe en leur sein.
L’occupation de la Pologne en
septembre 1939 a placé sous
contrôle allemand plus de 3000000
de juifs. Ceux-ci sont rapidement
parqués dans des ghettos, dans les
principales villes polonaises, où ils
sont spoliés et affamés, et réduits
à une misère inimaginable.
L’attaque contre l’Union
soviétique, à partir du 22 juin
1941, place sur un même plan la
conquête du Lebensraum et
l’éradication du «
judéo-bolchévisme ». Des unités de Une femme juive et son enfant fusillés par les Einsatzgruppen à
Ivangorod, Ukraine, 1942
la SS, les Einsatzgruppen, souvent
secondées par des unités de la
Wehrmacht et de la police, aidées parfois d'habitants et de collaborateurs locaux,
fusilleront sommairement de un et demi à près de deux millions de juifs, femmes, bébés,
enfants et vieillards compris, sur le front de l’Est.
Le 18 septembre 1941, une circulaire secrète de Himmler annonce que le Führer a décidé
de déporter tous les Juifs d'Europe occupée à l'Est, et que l'émigration forcée n'est plus à
l'ordre du jour. C'est le premier pas vers un génocide à l'échelle cette fois du continent
entier. Fin 1941, les premiers « camions à gaz » sont utilisés à l'est, tandis que les camps
d'extermination de Chelmno et de Belzec sont déjà construits et commencent leur œuvre
d'assassinat de masse.
Adolf Hitler 53
La date précise de la décision prise par Hitler n’a jamais été cernée de façon précise
puisqu’il n’a jamais formellement écrit un ordre, mais il l'a élaborée au cours de l'automne
1941. La radicalisation immédiate et préméditée de la violence nazie avec l'invasion de
l'Union soviétique, le ralentissement puis l'échec des opérations en URSS, la perspective
bientôt concrétisée de l'entrée en guerre contre les États-Unis, ont sans doute précipité la
décision de Hitler de réaliser sa « prophétie » de 1939[74] .
Le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, 15 responsables du Troisième Reich,
sous la présidence du chef du RSHA Reinhard Heydrich, entérinent la « solution finale au
problème juif » (Endlösung der Judenfrage). L’extermination totale des Juifs en Europe va
revêtir un caractère bureaucratique, industriel et systématique qui la rendra sans
équivalent à cette heure dans l'histoire humaine. Hitler n'est pas là en personne, mais les
mesures prises respectent ses objectifs généraux.
Au sommet de l'État, immédiatement après Hitler, ce sont Himmler, Heydrich et Göring qui
ont pris la part la plus importante dans la mise en place administrative de la Shoah au
sommet de l’État. Sur le terrain, l’extermination des juifs a été souvent le fait d’initiatives
locales, allant parfois au-devant des attentes et des décisions du Führer. Elles ont été
notamment l'œuvre d’officiers de la SS et de gauleiters fanatiques pressés de plaire à tout
prix au Führer en liquidant au plus tôt les éléments indésirables dans leurs fiefs. Les
gauleiters Albert Forster à Dantzig, Arthur Greiser dans le Warthegau ou Erich Koch en
Ukraine ont ainsi particulièrement rivalisé de crautés et de brutalités, les deux premiers
concourant entre eux pour être chacun le premier à tenir leur promesse verbale faite à
Hitler de germaniser intégralement leur territoire sous dix ans[75] . Deux proches
collaborateurs d’Hitler, Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, et Alfred
Rosenberg, ministre des Territoires de l’Est, ont également pris une part active au grand
massacre.
Adolf Hitler 54
Personne au sein de son système ne découragea donc Adolf Hitler de procéder à la Shoah.
En 1943, l'épouse de son ancien ministre Konstantin von Neurath, choquée de ce qu'elle
avait vu du camp juif de Westerbrok en Hollande occupée, osa exceptionnellement s'en
ouvrir au Führer : ce dernier la rabroua que l'Allemagne avait assez perdu de soldats pour
qu'il soit obligé de se soucier de la vie des Juifs, et la bannit à l'avenir du cercle de ses
invités.
Dans l'ensemble, les chefs et opinions alliés, le pape Pie XII ou une partie de la Résistance
européenne ne prirent pas conscience de la gravité spécifique du sort des Juifs, et
gardèrent plutôt le silence sur leur sort, ce qui aida sans doute indirectement Hitler. De
même que la non-résistance d'une partie importante des Juifs affamés, désorientés et
ignorants du destin qu'il leur réservait. En avril-mai 1943, en revanche, la révolte du ghetto
de Varsovie plongea Hitler dans une colère prolongée, mais ses ordres furieux et répétés
n'empêchèrent pas une poignée de combattants juifs de faire échec plusieurs semaines à la
reconquête SS.
Après l’été 1941, Himmler retint le procédé d’exécution massive par les chambres à gaz
testé à Auschwitz. Au total, près de 1700000 juifs, surtout d’Europe centrale et orientale,
Adolf Hitler 55
ont été gazés à Sobibor, Treblinka, Belzec, Chelmno et Maïdanek. Dans le seul camp de
concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, 1000000 de juifs ont péri.
Les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée — 5 à 6 millions d'êtres humains dont 1.5
million d'enfants, tous n'ayant commis que le crime d'être né juif et ne représentant aucune
menace sinon imaginaire — ont donc péri dans une entreprise de nature sans précédent.
Sur les 189000 Juifs qui vivaient à Vienne avant Hitler, un millier survivent en 1945, tout
comme seulement une poignée des Juifs restés en Allemagne en 1940. Les Pays-Bas ont
perdu 80 % de leurs Juifs, la Pologne et les pays Baltes plus de 95 %. En deux ou trois ans à
peine, l'extermination a fait disparaitre des familles entières. Dans une large part de
l'Europe, c'est en fait toute une culture, tout un univers qu'Adolf Hitler a fait assassiner
sans retour.
supérieur polonais ont péri, ou des milliers d'hommes d'Église, d'aristocrates et d'officiers.
En comptant les 3000000 de juifs polonais, exterminés à plus de 90 %, c’est 15 à 20% de la
population civile polonaise qui a disparu.
Les nazis firent aussi fermer les théâtres, les journaux, les séminaires, l’enseignement
secondaire, technique et supérieur. Du 1er août au 2 octobre 1944, avec l’accord de Hitler,
Himmler orchestra la répression de l’insurrection de Varsovie, avec pour but la destruction
totale de la capitale, foyer le plus actif de la résistance polonaise. Avec la complicité passive
de l’Armée rouge qui, stoppée par les Allemands aux portes de la ville, ne parachuta aucune
aide aux insurgés, les nazis détruisirent la ville à 90 %, et la vidèrent de ses derniers civils
après avoir causé la mort d’environ 200000 personnes.
Avec l’agression de l’URSS, Hitler a prémédité une guerre d’anéantissement contre les
populations soviétiques, des experts réunis par Göring ayant notamment prévu que « nos
projets devraient entraîner la mort d’environ 10 millions de personnes ». Le but est de
piller toutes les ressources du pays, de démanteler toute l’économie, de raser les villes, et
de réduire les populations à l’état d’esclavage et de famine. La répression contre les Slaves
prend donc une tournure encore plus massive, bien que certaines populations, notamment
les nationalistes baltes et ukrainiens aient été initialement disposées à collaborer contre le
régime stalinien.
Le traitement des prisonniers soviétiques capturés par les Allemands a été particulièrement
inhumain : 3700000 d’entre eux sur 5500000 meurent de faim, d’épuisement ou de maladie,
parfois après avoir été torturés ou suppliciés ; des milliers d’autres sont conduits dans les
camps de concentration du Reich pour y être abattus au cours de fusillades massives. Les
commissaires politiques sont systématiquement abattus au nom du « décret des
commissaires » (Kommissarbefehl) signé par Keitel dès avant l’invasion. Des millions de
femmes et d’hommes, parfois des enfants et des adolescents, sont raflés au cours de
chasses à l’homme dramatiques pour être transférés dans le Reich comme main-d’œuvre
servile.
Les actions des partisans sont l’occasion de représailles impitoyables sur les populations
civiles, aussi bien en URSS qu’en Pologne, en Grèce et en Yougoslavie. Environ 11500000
civils soviétiques meurent ainsi pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’obsession personnelle de Hitler à réduire ces peuples à l’état de sous-hommes a privé la
Wehrmacht de nombreuses aides potentielles parmi les populations soumises au joug
soviétique. Elle a également eu un rôle mortifère direct, comme lorsque Hitler interdit
d’enlever d’assaut la ville de Leningrad, qu’il soumet délibérément à un blocus meurtrier
responsable, en mille jours de siège, de plus de 700000 morts de civils. À ses yeux, la ville
qui avait vu naître la révolution de 1917 devait être affamée puis rasée au sol.
De même, Hitler a cautionné les expériences pseudo-médicales visant à mettre au point un
programme de stérilisation massive des femmes slaves, perpétré sur des milliers de
cobayes humains de Ravensbrück et d’Auschwitz. Et les premières victimes de gazages au
Zyklon B à Auschwitz furent des prisonniers soviétiques[82] .
Adolf Hitler 58
Monument aux
victimes
homosexuelles de
Hitler, Amsterdam
l’unanimité chez les historiens[89] . Que le IIIe Reich ait promulgué les plus importantes
législations qui soient à l’époque touchant la protection de la nature et des animaux[90] est
essentiellement due à la frénésie législative nazie[91] (destinée à masquer l'illégalité
installée). La volonté propagandiste de cette législation laisse peu de place au doute, le
régime nazi souhaitant soigner son image chez les déjà puissantes associations écologistes
allemandes (regroupées dans une structure nazifiée) et selon Élisabeth Hardoin-Fugier, qui
a écrit l’essai La Protection législative de l’animal sous le nazisme, celle-ci n’était pas
vraiment suivie dans la pratique et ne servait qu’à des fins de propagande[92] .
À l'image de ses idées sur l'humanité, Hitler ne reconnaissait pas une égalité entre les
animaux. S'il était admiratif des chiens-loups (notamment de sa chienne berger allemand
Blondi), il n'avait que du mépris pour les bichons d'Eva Braun. Quant à l'"éthique" du
régime nazi envers les animaux, elle était bien sélective en concernant essentiellement les
animaux de compagnie et en ce que ces derniers, s'ils avaient appartenu à des juifs, étaient
massacrés après l'arrestation de leurs maîtres[93] .
Ne connaissant guère d'autres passions que celle du pouvoir, Hitler ne buvait ni ne fumait
(le tabac était rigoureusement proscrit en sa présence), il mangeait généralement
végétarien (cf. infra pour précision), et sa vie sentimentale et sexuelle n'a jamais été que
réduite au strict minimum. Se présentant à son peuple comme mystiquement marié à
l'Allemagne, pour justifier et instrumentaliser son célibat, il a caché aux Allemands
l'existence d'Eva Braun pendant toute la durée du IIIe Reich, négligeant souvent celle-ci et
lui interdisant de paraitre en public voire de venir à Berlin, et la confinant le plus possible
en Bavière. Sa jeune nièce Geli Raubal, avec laquelle il avait eu une liaison, s'était suicidée
en 1931 dans sa chambre de Munich. Pour Ian Kershaw, en choisissant des femmes
nettement moins âgées que lui (16 ans de moins dans le cas d'Eva Braun), et en conservant
la distance (sa future épouse d'un jour ne devait l'appeler que mein Führer), Hitler
s'assurait de pouvoir garder intacte sa domination narcissique et égoïste sur elles.
Adolf Hitler 60
Cela ne l'empêchait pas de régner sur son entourage et sur les masses par son charisme et
son indéniable talent de séduction, et d'inspirer des dévouements aveugles allant jusqu'au
fanatisme. Les célèbres colères effroyables qu'il pouvait piquer, contre ses généraux
notamment, n'étaient en réalité pas très fréquentes, et survenaient surtout quand la
situation échappait à son contrôle[94] .
Les images célèbres de l'orateur Hitler en train de vociférer ou d'éructer avec force gestes
frénétiques ne doivent pas non plus donner une idée réductrice de ses talents
propagandistes. En réalité, avant d'en arriver à ces points d'orgue fameux qui électrisaient
l'assistance, Hitler savait varier les tons, construire sa progression et doser son débit,
lequel ne s'accélérait que graduellement.
Autodidacte, son instruction hâtive a toujours laissé à désirer. Sa bibliothèque contenait
1500 volumes (contre 20000 pour celle de Staline), dont fort peu d'ouvrages
authentiquement scientifiques ou philosophiques[95] . Il n'a jamais lu Marx, a persécuté
Freud (décimant aussi sa famille), et a déformé grossièrement la pensée de Nietzsche afin
de mieux faire cadrer ses lectures avec son idéologie personnelle. Il ne connaissait aucune
langue étrangère, son interprète attitré Paul Schmidt se chargeant de lui traduire la presse
extérieure ou l'accompagnant dans toutes les rencontres internationales. Myope, mais
refusant par vanité de porter des lunettes, il fallait lui présenter chaque matin la presse
allemande dans une édition aux caractères spécialement grossis pour lui. Prompt à exalter
et à embrigader le sport, il ne faisait jamais le moindre exercice de culture physique.
Incapable de se contraindre au travail régulier et suivi depuis sa jeunesse bohême de
Vienne, le « dictateur paresseux » (Martin Broszat) n'avait pas d'horaires de travail fixes,
négligeait souvent de réunir ou de présider le conseil des ministres, était parfois
longuement introuvable même pour ses secrétaires, et ne faisait le plus souvent que
survoler les dossiers et les rapports. Au contraire du très bureaucratique Staline, Hitler
détestait la paperasserie, et n'a de sa vie rédigé qu'un seul memorandum, celui sur le Plan
de Quatre Ans (1936), qu'il n'a d'ailleurs fait lire qu'à deux ou trois personnes dont Göring
et le chef de l'armée Von Blomberg. Ses directives étaient souvent purement verbales ou
rédigées en des termes assez généraux pour laisser à ses subordonnés une assez grande
marge de manœuvre [96] .
Détaché du catholicisme dès son enfance, et devenu un doctrinaire antichrétien, Hitler n'a
jamais assisté à une cérémonie religieuse de toute sa vie politique, même s'il faisait souvent
référence en public à une vague « Providence » dont il se sentait l'instrument. Malgré des
tracasseries et des surveillances, il a toujours eu l'habileté de ménager globalement les
Églises allemandes, évitant un conflit ouvert dangereux pour l'adhésion des populations à
Adolf Hitler 61
sa personne. Ni lui ni ses partisans n'ont jamais été excommuniés, et l'encyclique antinazie
du pape Pie XI, Mit Brennender Sorge (1937), évite prudemment de mentionner le nom de
Hitler. Cyniquement, Hitler n'a jamais rédigé de déclaration de sortie de l'Église catholique
et se prêtait à la simagrée de continuer à payer ses impôts d'Église[97] .
Sa santé n'a cessé de se dégrader dans les dernières années de la guerre. Déprimé et
insomniaque, vieillissant, voûté et tremblant (peut-être atteint sur la fin de la maladie de
Parkinson), bourré de médicaments par son médecin le Dr. Morrell, Hitler était surtout
absorbé par les opérations militaires et hanté en son sommeil, de son propre aveu, par la
position de chacune des unités détruites sur le front de l'Est. C'est bien avant de passer à
l'acte qu'il évoquait devant ses proches le suicide comme la solution de facilité qui
permettrait d'en finir en un instant avec ses ennuis.
Hitler a pris comme symbole pour son mouvement le svastika (croix gammée), déjà symbole
de diverses organisations racistes (en allemand « völkisch ») comme la Société Thulé. Le
svastika est à la base indien, et est un signe de vie. Le symbole nationaliste utilisé dès la fin
du XIXe siècle l’a repris à l’identique, mais en sens inverse, comme pour en retourner aussi
la signification (le « Viva la muerte » des phalanges espagnoles n’était pas loin) ; le salut
que Mussolini, repris par la suite par Hitler à partir de 1926, demandait de ses troupes
était exactement celui des légionnaires de l’empire romain saluant l’Empereur, mais aussi
des gladiateurs qui l’exécutaient avant de mourir (le fameux rite du « Ave Caesar, morituri
te salutant »).
Point que certains jugent négligé par la plupart des historiens : les doctrines mystiques
dans lesquelles Hitler et d’autres responsables du nazisme auraient puisé leur inspiration
pour l’élaboration de la politique national-socialiste, et les rapports que le Führer aurait
entretenus avec l’univers des sciences occultes (source : Louis Pauwels et Jacques Bergier,
Adolf Hitler 62
Anecdotes et rumeurs
• Adolf Hitler serait aux origines de Volkswagen (« La
voiture du peuple » en allemand, le mot Volk
désignant à la fois le peuple et la race) et notamment
de la Coccinelle. Adolf Hitler aurait rencontré
Ferdinand Porsche à ce propos et lui aurait parlé
d’une voiture populaire pouvant transporter 5
personnes, atteindre une vitesse de croisière de
100km/h, consommer environ 7 litres pour 100km et
ne coûtant pas plus de 1000 Reichsmarks dans le but
que chacun puisse s’offrir une voiture. Le prototype
fut appelé KdF-Wagen (Kraft durch Freude).
• Une rumeur récurrente prétend que Hitler était seulement peintre en bâtiment ; une
caricature féroce de Sennep a peut-être contribué à ancrer la légende. Il a en fait laissé
des aquarelles, estimées au nombre de 2000, certes sans génie particulier, mais qui
témoignent, au moins, du fait qu’il était capable d’en peindre et qu’il possédait en tout
cas de très bonnes bases dans cette technique. En revanche, pendant ses années de
galère, après avoir échoué à l’examen d’entrée aux Beaux-Arts, Hitler occupa un emploi
de manœuvre, comme il l’a mentionné dans Mein Kampf.
• Cinquante faux Carnets d'Hitler furent publiés en Allemagne par le magazine Stern en
1983, alors qu’ils avaient été réalisés par un faussaire nommé Konrad Kujau. Paris Match
Adolf Hitler 63
Regards de contemporains
• Brouillé avec Hitler, le maréchal Ludendorff adresse une lettre prophétique à son ancien
collègue Hindenburg, peu après le 30 janvier 1933 :
« En nommant Hitler chancelier du Reich, vous avez remis notre sainte patrie
allemande entre les mains d’un des plus grands démagogues que nous ayons
jamais connus. Je vous prédis solennellement que ce funeste personnage conduira
notre Reich dans l’abîme et plongera notre nation dans une misère inconcevable.
Les générations à venir vous maudiront dans la tombe pour ce que vous avez
fait[111] . »
• Benito Mussolini déclara à Ostie, en août 1934 au cours d’un entretien avec la presse et
des amis autrichiens :
« Hitler est un affreux dégénéré sexuel et un fou dangereux. Le
national-socialisme en Allemagne représente la barbarie sauvage et ce serait la
fin de notre civilisation européenne si ce pays d’assassins et de pédérastes devait
submerger le continent. Toutefois, je ne puis être toujours le seul à marcher sur le
Brenner[112] . »
• Erwin Rommel en octobre 1938 après avoir accompagné et assuré la sécurité du Führer
durant l’annexion des Sudètes:
Adolf Hitler 65
« Hitler possède un pouvoir magnétique sur les foules, qui découle de la foi en
une mission qui lui aurait été confiée par Dieu. Il se met à parler sur le ton de la
prophétie. Il agit sur l’impulsion et rarement sous l’empire de la raison. Il a
l’étonnante faculté de rassembler les points essentiels d’une discussion et de lui
donner une solution. Une forte intuition lui permet de deviner la pensée des
autres. Il sait manier avec habileté la flatterie. Sa mémoire infaillible m’a
beaucoup frappé. Il connaît par cœur des livres qu’il a lus. Des pages entières et
des chapitres sont photographiés dans son esprit. Son goût des statistiques est
étonnamment développé : il peut aligner des chiffres très précis sur les troupes
de l’ennemi, les diverses réserves de munitions, avec une réelle maestria qui
impressionne l’état-major de l’Armée. »
• Léon Degrelle interviewé en 1981[113] , décrit Hitler qu’il rencontra à l’été 1933 :
« Hitler n’était pas un homme comme les autres, il ne ressemblait en rien aux
politiciens que j’avais eu l’occasion de rencontrer jusque-là. C’était un homme
extrêmement simple, vêtu simplement, parlant simplement, très calme,
contrairement à tout ce qu’on a pu raconter. Il était plein d’humour et très drôle
dans sa conversation. Sur toutes les questions, politiques, économiques, sociales
ou culturelles, il était porteur de vues absolument neuves, qu’il exprimait avec
une clarté et une conviction qui entraînaient l’adhésion de ses auditeurs. Il savait
conquérir les individus et les foules par le rayonnement étrange de sa
personnalité. »
• Baldur von Schirach, ancien chef de la Hitlerjugend et gauleiter de Vienne, écrira en
1967, peu après sa sortie de prison :
« La catastrophe allemande ne provient pas seulement de ce que Hitler a fait de
nous, mais de ce que nous avons fait de Hitler. Hitler n'est pas venu de
l'extérieur, il n'était pas, comme beaucoup l'imaginent, une bête démoniaque qui
a saisi le pouvoir tout seul. C'était l'homme que le peuple allemand demandait et
l'homme que nous avons rendu maître de notre destin en le glorifiant sans limites.
Car un Hitler n'apparaît que dans un peuple qui a le désir et la volonté d'avoir un
Hitler[114] ».
Interprétation psychanalytique
Fondateur d’un État totalitaire, doctrinaire raciste et antisémite, responsable de la partie
européenne de la seconde guerre mondiale ayant fait entre quarante et soixante millions de
morts[115] , et inspirateur du génocide des Juifs et de crimes contre l’humanité sans
précédent ni équivalent à cette heure dans l’histoire humaine, le personnage d’Hitler a
cristallisé une telle animosité qu’il est devenu aux yeux des Occidentaux la figure
archétypale du criminel, sinon la figure même du « mal absolu ». Aussi les interprétations
de son comportement revêtent-elles nécessairement un enjeu considérable, et aussi est-il
nécessaire de les considérer avec beaucoup de recul.
Adolf Hitler 66
Au cinéma
• Triumph des Willens (Le Triomphe de la volonté), film datant de l’époque nazie (1935),
tourné par Leni Riefenstahl. Film à caractère propagandiste, sans narration, filmé pour
donner la meilleure image possible d’Hitler au congrès de Nuremberg, du 30 août au 3
septembre 1933. On y voit des scènes où Hitler est filmé de très bas baignant dans la
lumière, lui donnant un air majestueux. Pour l’époque, des innovations y ont été
introduites comme les travellings circulaires lors des discours, et de très grands plans
lors de parades. Il remporte un prix d’honneur en France comme meilleur documentaire
de l’année. Ce film a précédé les lois de Nuremberg et le début de la politique raciale du
IIIe Reich, ce qui explique en partie son succès à l’étranger.
• Parmi les nombreuses représentations au cinéma, Charlie Chaplin ridiculisa Hitler dans
son film de 1940 Le Dictateur (The Great Dictator) : le dictateur en question a en effet
pour sosie un petit coiffeur juif qui prendra sa place et terminera le film sur un discours
humaniste émouvant. Pour la petite histoire, Hitler fit interdire le film en Allemagne,
mais s’en procura une copie qu’il se fit projeter en privé à deux reprises. Chaplin était né
la même semaine que le tyran, ce qui le marqua toute sa vie. Aux États-Unis, suite à des
pressions de la United Artists, ce film ne put sortir que six mois après la fin de son
tournage.
• La Fin d'Hitler, un film de Georg Wilhelm Pabst sorti en 1955, (titre original : "Der Letzte
Akt"), une reconstitution des derniers moments vécus par Hitler et ses proches dans
l'abri souterrain en avril 1945.
• Les Dix derniers jours d'Hitler, un film de 1973, où le dictateur est incarné par Alec
Guinness.
• En 1999, le réalisateur russe Alexandre Sokourov place Hitler au début de sa trilogie sur
le pouvoir dans le film Moloch, le récit impressionniste d’un week-end au Berghof du
couple Hitler-Eva Braun.
Adolf Hitler 67
• Mrs Meitlemeihr, court métrage de 2002 avec Udo Kier dans lequel Hitler a survécu à la
guerre et se cache à Londres déguisé en femme.
• En 2003, Hitler - la naissance du mal (Canada / États-Unis), donne un éclairage sur la
jeunesse d’Hitler et sa montée au pouvoir (jusqu’en 1934). Ce film, envers lequel les
historiens seront sans doute critiques, a le mérite de montrer la genèse du dictateur, et
l’Allemagne telle qu’il l’a connue au moment où il met en place son « combat », alors qu’il
n’est encore qu’un « aspirant » en politique. À noter que le film a été censuré par TF1
(environ quarante minutes de scènes coupées) qui a acquis les droits pour la France.
• En 2003 Max, réalisé par Menno Meyjes, narre l’histoire entre Adolf Hitler (joué par
Noah Taylor), à l’époque jeune artiste, et Max, artiste juif amputé du bras droit. Max
encourage Hitler à exorciser sur la toile ses colères, ses haines et ses peurs. Petit à petit,
Hitler devient haineux envers les juifs ce qui conduira à l’horreur que l’on sait.
• En 2005 sort La Chute (Der Untergang), réalisé par Oliver Hirschbiegel, avec dans le rôle
d’Hitler, l’acteur suisse Bruno Ganz. Ce film narre les derniers jours du Führer dans son
bunker.
Lors de sa sortie, ce film a attisé la polémique. On lui a notamment reproché de montrer
un visage trop humain du dictateur de l’Allemagne.
• Mon Führer - La vraie véritable histoire d'Adolf Hitler sorti en 2007 présente Hitler
comme un sujet comique.
• Walkyrie sorti en 2009 retrace le complot du 20 juillet contre Hitler.
parallèle la vie d’Hitler avec celle qu’il aurait eue s’il avait été admis.
• Un Château en Forêt : Le Fantôme de Hitler, de Norman Mailer est une biographie de
Hitler, où un SS posséderait des informations secrètes sur l'enfance et la vie du Führer et
les livrerait au lecteur.
• Lors de l'inauguration du musée de cire "Madame Tussauds" de Berlin le 5 juillet 2008,
un visiteur berlinois a décapité la tête de la statue de cire d'Hitler. Celle-ci sera retirée
afin d'être réparée[117] .
Mandats politiques
Notes et références
[1] (de) Hitler renonce à sa nationalité autrichienne (http:/ / www. ns-archiv. de/ personen/ hitler/ oesterreich/
staatsbuergerschaft. php) (7 avril 1925)
[2] Son biographe Ian Kershaw, dans la préface à son Hitler (t. I, Flammarion, 2000), analyse ainsi la singularité
historique d’Hitler, dont le nom est devenu de fait dans la conscience universelle un synonyme du « Mal » :
outre qu’il a sévi bien au-delà des frontières de son pays, il s’agit d’un conquérant qui « n’a laissé que des
ruines derrière lui », ainsi qu’un immense traumatisme moral. L’historien note aussi que même les derniers
défenseurs d’Hitler n’osent pas assumer frontalement ses actes (négationnisme). L’historiographie
contemporaine a enfin amplement démontré et souligné la singularité de la Shoah, génocide mené contre la
totalité d’un peuple désarmé et dispersé, selon des méthodes industrielles et bureaucratiques sans équivalent à
cette heure dans l’Histoire humaine. De même, il a été régulièrement souligné la spécificité de ses projets
d’exterminations racistes ou de la destruction méthodique et radicale de la personne humaine dans les camps
de concentration. Cf. p. ex. Henry Rousso, « La violence congénitale du nazisme », in Nazisme et stalinisme.
Histoire et Mémoire comparées, Complexes, Bruxelles, 2000.
[3] Kimberly Cornish, Wittgentsein contre Hitler. Le Juif de Linz, PUF, 1997. Une photo de classe montre les deux
garçons à peu de distance. La thèse très controversée du livre suppose qu'ils se connaissaient et qu'Hitler
aurait nourri pour Wittgenstein une aversion à l'origine de son antisémitisme et donc de la Shoah. Elle n'est
généralement pas retenue des historiens, pour qui il n'existe d'ailleurs pas de signe d'un antisémitisme familial
ni personnel chez Hitler avant qu'il n'arrive à Vienne.
[4] Un cliché pris sur Odeonplatz à Munich le 2 août 1914 le montre dans la foule assemblée voir (en) Pictures of
Hitler - Hitler Celebrating the Declaration of WWI (http:/ / history1900s. about. com/ library/ holocaust/
blhitler14. htm)
[5] Lionel Richard (dir.), D’où vient Adolf Hitler ?
[6] Mein Kampf, chapitre V "La guerre mondiale".
[7] Ian Kershaw, Hitler, tome I, Flammarion, 2000, suppose que Hitler a même très probablement arboré alors le
brassard socialiste comme tous les soldats.
[8] Cf. Hitler, tome 1 de Ian Kershaw, et 'Hitler de Heiden
[9] Dans Mein Kampf, Hitler donne de cet épisode un récit plutôt elliptique, mais assez clair quant à sa vision du
monde :
2e régiment d’infanterie.
Ce fut ma première fonction active à caractère politique. »
[10] Ian Kershaw, Hitler. Essai sur le charisme en politique
[11] Ian Kershaw, Hitler, tome I.
[12] En 1932, de passage à Munich, l'ancien ministre britannique Winston Churchill accepta par curiosité un
rendez-vous avec le leader nazi, mais ce dernier annula l'entrevue avec son futur vainqueur quand ce dernier
demanda à son intermédiaire pourquoi Hitler en voulait tant à des gens qui n'avaient fait que naître juifs.
[13] Pierre Milza, « Hitler et Mussolini », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 112
[14] François Bédarida, Le Nazisme et le génocide, Pocket, souligne la spécificité de l’idéologie d’Hitler :
parfaitement cohérente, sincèrement ressentie, cette Weltanschauung est unique au monde car aucune autre
n’a entraîné par son application de crimes aussi vastes et singuliers.
[15] Serge Berstein, « La prise du pouvoir par Adolf Hitler », in L'Histoire. L'Allemagne de Hitler, Points-Seuil,
1991, p. 26.
[16] Robert O. Paxton, Le Fascisme en action, Seuil, p. 173-174.
[17] Voir en particulier l'ouvrage de Detlev J. Peukert, La République de Weimar, 1997.
[18] Serge Berstein, loc. cit., p. 29.
[19] Lionel Richard, Goebbels, Portrait d'un manipulateur, Bruxelles, André Versaille éditeur, 2008
[20] Philippe Burrin, « Qui était nazi? », in L'Allemagne de Hitler, op. cit.
[21] Philippe Burrin, « Qui était nazi? », in L'Allemagne de Hitler, op. cit.
[22] Robert O. Paxton, Le Fascisme en action, p.162.
[23] « La conquête du pouvoir par Hitler résulte largement de l'usage cynique qu'il sut faire d'une propagande
fondée sur le mépris : mépris de ses camarades politiques dont il abandonnait le programme à sa guise et dont
il trahit les préoccupations ouvriéristes ; mépris de ses concitoyens auxquels il promet toute chose et son
contraire, changeant de style selon les lieux, les moments et les publics. Les seuls constantes des discours
hitlériens sont l'antisémitisme et la xénophobie. », Henri Burgelin, Les Succès de la propagande nazi, op. cit., p.
127.
[24] Ian Kershaw, Hitler, t. I, op. cit.
[25] De même Alan Bullock conclut que Hitler est arrivé au pouvoir par une « conspiration d'escalier de service. »
dans Hitler :A Study in Tyranny, Londre, Odhams, 1952, p. 203.
[26] Philippe Burrin, « Le Grand capital a-t-il soutenu Hitler ? », in L’Histoire, L’Allemagne de Hitler, Points-Seuil,
1994
[27] J.M. Argelès, « La terreur en Allemagne avant 1939 », in Une si longue nuit, dir. St. Courtois, 2003.
[28] Jean-Pierre Azéma, « Les victimes du nazisme », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 312
[29] Günter Weisenborn, Une Allemagne contre Hitler, 1947.
[30] Inge Scholl, La Rose blanche. Six Allemands contre le nazisme, éd. de Minuit, 1953, rééd. 1998.
[31] Gilles Perrault, L'Orchestre rouge, Fayard, 1989
[32] Léopold Trepper, Le Grand Jeu, Albin Michel, 1993.
[33] Atlas du IIIe Reich, coll. Autrement, 1998
[34] Ian Kershaw, Hitler, Flammarion, 2000, passim
[35] Peter Reichel, La Fascination du nazisme, Hambourg, 1997
[36] Philippe Burrin, « Le grand capital a-t-il soutenu Hitler ? », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 149-167
[37] Götz Ally, Comment Hitler a acheté les Allemands, Flammarion, 2007
[38] Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ?, 1988, Seuil, coll. Points. (pour les rapports du nazisme à l'économie)
[39] Barbara Lambauer, Otto Abetz et les Français, Fayard 2001, page 96
[40] Bertrand de Jouvenel, Un voyageur dans le siècle, Robert Laffont 1979, page 256
[41] Extrait plus large de l'interview :
« ...Vous vous dites : "Hitler nous fait des déclarations pacifiques, mais est-il de
bonne foi ? Est-il sincère ?" N’est-ce pas un point de vue puéril que le vôtre ?
Est-ce qu’au lieu de vous livrer à des devinettes psychologiques, vous ne feriez
pas mieux de raisonner en usant de cette fameuse logique à laquelle les Français
se déclarent si attachés ? N’est-il pas évidemment à l’avantage de nos deux pays
d’entretenir de bons rapports ? Ne serait-il pas ruineux pour eux de
s’entre-choquer sur de nouveaux champs de bataille ? N’est-il pas logique que je
veuille ce qui est le plus avantageux à mon pays, et, ce qui est le plus avantageux,
n’est-ce pas évidemment la paix ?
...C’est bien étrange que vous jugiez encore possible une agression allemande !
Adolf Hitler 70
Est-ce que vous ne lisez pas notre presse ? Est-ce que vous ne voyez pas qu’elle
s’abstient systématiquement de toute attaque contre la France, qu’elle ne parle
de la France qu’avec sympathie ?
...Jamais un dirigeant allemand ne vous a fait de telles ouvertures si répétées. Et
ces offres émanent de qui donc ? D’un charlatan pacifiste qui s’est fait une
spécialité des relations internationales ? Non pas, mais du plus grand nationaliste
que l’Allemagne ait jamais eu à sa tête ! Moi, je vous apporte ce que nul autre
n’aurait jamais pu vous apporter : une entente qui sera approuvée par 90 % de la
nation allemande, les 90 % qui me suivent ! Je vous prie de prendre garde à ceci :
Il y a dans la vie des peuples des occasions décisives. Aujourd’hui la France peut,
si elle le veut, mettre fin à tout jamais à ce "péril allemand" que vos enfants de
génération en génération, apprennent à redouter. Vous pouvez lever l’hypothèque
redoutable qui pèse sur l’histoire de France. La chance vous est donnée à vous. Si
vous ne la saisissez point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants !
Vous avez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmes font pleine
confiance à leur chef, et ce chef vous dit : "Soyons amis !" »
Extrait de l’interview de Bertrand de Jouvenel paru dans le journal Paris-Midi du vendredi 28 février 1936 Page
1 et 3/ Ref. BNF MICR D-uc80
[42] Ibid., samedi 29 février 1936, p. 3. Toutefois, du fait que cette interview intervienne après la ratification du
pacte franco-soviétique, certains commentateurs allemands auront des paroles dures à l’égard d’Édouard
Herriot, d’Albert Sarraut et de Flandrin, leur reprochant d’avoir signé avec les Soviétiques
[43] Une histoire des Juifs, Robert Laffont, 1986
[44] Ian Kershaw, Hitler, t. I, op. cit.
[45] Cité par K. Timmerman, op. cit., p. 109
[46] Compte rendu de l’entretien entre le Führer et le grand Mufti de Jérusalem le 30 novembre 1941, Documents
on German Foreign Policy, 1918-1945, cité dans Walter Laqueur, The Israel-Arab Reader, Penguin Books, 1970,
pp. 106-107.
[47] Historia hors série N°13, juin 1969 ; Paris ville ouverte par Pierre Bourget / Charles Lacretelle
[48] Le choc de 1940 / Jean Cau
[49] Une saison noire Le massacre des tirailleurs sénégalais mai-juin 1940 par Raffael Scheck (http:/ / www.
histoforum. org/ histobiblio/ article. php3?id_article=473)
[50] Ulrich Herbert, Hitler's foreign workers, Cambridge, 1997
[51] Larousse de la Seconde Guerre mondiale, dir. Claude Quétel, Mémorial de Caen, 2004, p. 321-322
[52] Olivier Wieviorka, Histoire du Débarquement en Normandie, Perrin, 2007
[53] "Est-ce un hasard si plusieurs de ceux qui allaient en devenir les plus farouches adversaires, un Niemöller, un
Stauffenberg, un Hans Scholl, ont commencé par éprouver pour lui de l'attirance avant de s'en détourner avec
horreur ?" in L'Allemagne de Hitler, collection L'Histoire, Points-Seuil, 1991, introduction, p. 15
[54] Raymond Cartier, La Seconde Guerre mondiale, Hachette, 1964, t. II, p. 67
[55] Pour Himmler cependant, certaines recherches récentes forment l'hypothèse qu’il aurait négocié avec les
Alliés sur ordre de Hitler lui-même. Cf. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome III, p. 205, et les travaux
de François Delpla.
[56] Les derniers jours de Hitler, par Édouard Husson (http:/ / www. histoire. presse. fr/ content/ recherche/
article?id=282) ; c’est également ce que laisse entendre le film La Chute, même si le double suicide lui-même,
faute de témoin, n'est pas mis en scène.
[57] Raymond Cartier, La Seconde Guerre mondiale, Larousse, 1964, t. II, p. 346
[58] in conclusion finale de Hitler, Flammarion, 2000
[59] François Furet, Le Passé d'une illusion, 1993
[60] Tony Judt, Après-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, Armand Colin, 2007, chapitre premier «
L'héritage de la guerre ».
[61] Tony Judt, op. cit, p. 34
[62] cf. Tony Judt, op. cit., p. 425
[63] Tony Judt, op. cit., p. 30
[64] La France du maréchal Pétain, ainsi, a nourri l'illusion coûteuse que le Führer était prêt à faire de la France
un pays partenaire dans sa « nouvelle Europe », d'où une collaboration à sens unique qui a permis à Hitler
d'atteindre à moindres frais ses objectifs de pillage, répression ou déportation. Cf. Robert Paxton, La France de
Adolf Hitler 71
Raubal, qui le lierait aux « extravagances sexuelles de Hitler », en l'occurrence « l'ondinisme », mais juge
qu'elle manque de fondement.
[102] Les affirmations sur l'impuissance de Hitler ont été démenties par Heinz Linge, valet de chambre de Hitler.
Voir Michel Beauquey, J. V. Ziegelmeyer, Le disparu du 30 avril, Productions de Paris, 1964, 294 pages, p. 131.
[103] Paul Simelon, Hitler, comprendre une exception historique?, Paris, L'Harmattan, 2004, 156 pages, p. 35
(ISBN 2-7475-6272-7), qui s'appuie sur Norman Finkelstein.
[104] Ron Rosenbaum, « Pour en finir avec la théorie d'un Adolf Hitler à une seule couille », in Rue89.com, 30
novembre 2008 (http:/ / www. rue89. com/ 2008/ 11/ 30/
pour-en-finir-avec-la-theorie-dun-adolf-hitler-a-une-seule-couille)
[105] Kevin Moore, Museums and Popular Culture, Continuum International Publishing Group, 1997, 182 pages
(ISBN 0-7185-0227-2), parle, p. 119, d'une « well-known wartime anti-German ditty: "Hitler has only got one
ball, Goering has two but very small, Himmler has something similar, but poor old Goebbels has no balls at all."
»
[106] L'attribution du Prénom Adolphe Année par Année (http:/ / tf1. notrefamille. com/ v2/ services-prenom/
prenom. asp?firstname=adolphe& x=26& y=1)
[107] (Ludwig von Mises, Omnipotent Government, The Rise of the Total State and Total War)
[108] « c’est le soutien direct apporté au Führer par les industriels et les milieux d’affaires qui a fait pencher la
balance de son côté » (Pierre Milza, Les Fascismes, Imprimerie Nationale, 1985, p. 231).
[109] Entente qualifiée de « mythe favori » des marxistes par Claude Polin dans Le totalitarisme, PUF, coll. « Que
sais-je ? », 1982, 127 pages, p. ? (ISBN 2130376150).
[110] « Les milieux d'affaires, jusqu'alors réticents en raison de l'anticapitalisme initial du NSDAP, commencent à
voir en lui le rempart le plus sûr contre la poussée révolutionnaire » à la suite des élections présidentielles de
1932. « Les principaux représentants de la grande industrie rhénane (Krupp, Thyssen, Kirdorf) décident de
soutenir Hitler pour mettre fin au désordre croissant. Le chef du parti nazi les rassure en leur expliquant que
ses diatribes anticapitalistes ne visent que les banquiers juifs en leur promettant une politique d'armement
favorable à la grande industrie lourde. Une rencontre avec l'ancien chancelier von Papen et un groupe de
banquiers à Cologne, le 4 janvier 1933, achève de sceller l'accord entre les milieux d'affaires et Hitler ». Voir
Jean Guiffan, Jean Ruhlmann, Histoire de l'Europe au XXe siècle, Paris, Éditions Complexe, 1995, 252 pages, p.
138-139 (ISBN 287027551X).
[111] In Philippe Bouchet, La république de Weimar, Ellipses, 1999, p. 83. Ian Kershaw met aussi la citation en
exergue du chapitre "Hissé au pouvoir" de son Hitler, t. I, op. cit.
[112] Chroniques de l’histoire, (ISBN 290596992X)
[113] Interview recueillie par Jean Kapel, Histoire magazine, n° 19, septembre 1981.
[114] Baldur von Schirach, J'ai cru à Hitler, Hambourg, 1967, cité in L'Allemagne de Hitler, collection « L'Histoire
», Points-Seuil, 1991, p. 13.
[115] Marc Nouschi, Bilan de la Seconde Guerre mondiale, Le Seuil, 1996
[116] http:/ / gouloufoufou. free. fr/ images/ stories/ stockage/ 1973_06. jpg
[117] 24 heures (http:/ / www. 24heures. ch/ pages/ home/ 24_heures/ l_actu/ monde/ monde_detail/ (contenu)/
242561)
Voir aussi
Articles connexes
• Shoah
• Conférence de Wannsee
• NSDAP
• La nuit de cristal
• La nuit des longs couteaux
• Peintures d'Hitler
• Résistance allemande au nazisme
Adolf Hitler 73
Bibliographie
: Source utilisée pour la rédaction de l’article
Biographies générales
• François Delpla, Hitler, Grasset, 1999, (ISBN 978-2246570417)
• Joachim Fest, Hitler, Tome 1 : Jeunesse et conquête du pouvoir, Gallimard, 1973
• Joachim Fest, Hitler, Tome 2 : Le führer, Gallimard, 1973
• Joachim Fest, Les Derniers Jours de Hitler, Perrin, 2005, (ISBN 978-2262023294)
• Ian Kershaw, Hitler, tome 1, 1157 pages, Flammarion, 1999, (ISBN 978-2082125284)
• Ian Kershaw, Hitler, tome 2, 1632 pages, Flammarion, 2000, (ISBN 978-2082125291)
• Ian Kershaw, Hitler : Essai sur le charisme en politique, Folio Histoire, 2001, (ISBN
978-2070419081)
• Ron Rosenbaum, Pourquoi Hitler, Lattès, 1998, (ISBN 9782709619134)
Aspects particuliers
• Brigitte Hamann, La Vienne de Hitler. Les années d'apprentissage d'un dictateur, Paris,
Édition des Syrtes, 2001.
• Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands, Flammarion, 2005, (ISBN 2082105172)
• Sir Alan Bullock, Hitler et Staline, Albin Michel, 1994, (ISBN 2226064915 et ISBN 2226064923)
• Gerhard Boldt La Fin de Hitler, Corréa, 1949
• Henrik Eberle et Matthias Uhl, Le dossier Hitler, Presses de la Cité, 2006
• Bernd Freytag von Loringhoven et François d'Alançon, Dans le bunker de Hitler : 23
juillet 1944 - 29 avril 1945, Perrin 2005, (ISBN 2262024782)
• David Garner, Le dernier des Hitler, Patrick Robin Éditions, 2006, (ISBN 2352280044)
• (de) S. Haffner, Anmerkungen zu Hitler, Munich, 1978.
• Ian Kershaw, Le Mythe Hitler, Flammarion, Paris, 1987.
• Gérard Letailleur, Les secrets du chancelier (préface de Christian de La Mazière),
Éditions Dualpha, coll. « Vérités pour l’histoire », 2005, (ISBN 2915461392)
• Philippe Masson, Hitler chef de guerre, Perrin, 2005, (ISBN 2262015619)
• Lionel Richard, D’où vient Adolf Hitler ?, Autrement, 2000, (ISBN 978-2862609997)
• (en) William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, Simon & Schuster, 1990,
(ISBN 0-671-72868-7)
• Giulio Ricchezza, La Vie fantastique d’Adolf Hitler, 3 t., Famot, 1974
Souvenirs et témoignages
• Hermann Rauschning, Hitler m’a dit, Hachette, 2005, (ISBN 978-2012792395)
• Bénédicte Savoy (trad.), Un attentat contre Hitler, Procès verbaux des interrogatoires de
Johann Georg Elser, préface de Gilles Perrault, Solin Actes Sud, 1998, (ISBN 9782742716548)
• Rochus Misch, J'étais garde du corps d'Hitler, Le Cherche-Midi, 2006, (ISBN 2749105056)
Fictions
• La Part de l'autre, Eric-Emmanuel Schmitt, Albin-Michel, 2005
• Un Château en Forêt : Le Fantôme de Hitler, Norman Mailer, 2007.
Adolf Hitler 74
Liens externes
• (en) Hitler à Odeonplatz Munich, août 1914 (http:/ / history1900s. about. com/ library/
holocaust/ blhitler14. htm)
• (fr) Archives de l’INA : Entrevue entre Hitler et Franco à Hendaye en octobre 1940 (http:/
/ www. ina. fr/ archivespourtous/ index. php?vue=notice& id_notice=AFE85000178)
• (fr) Article et dossier à télécharger sur les archives US concernant Hitler, les enquêtes
du FBI et les données relatives à un complot américain destiné à le supprimer en 1933
(http:/ / www. armees. com/ Pour-le-FBI-Hitler-etait-vivant. html)
• (fr) Le double langage dans l’hitlérisme (http:/ / www. diploweb. com/ p7dura2. htm) par
Guy Durandin, professeur honoraire de psychologie sociale à l’université
René-Descartes-Paris V.
Adolf Hitler 75
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User:W.wolny
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License Contributeurs: Bobby, G.dallorto, Mtsmallwood, R-41, 1 modifications anonymes
Fichier:Nuremberg-1-.jpg Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Nuremberg-1-.jpg Licence: Public Domain Contributeurs: (en)
Fichier:Buchenwald Samuelson 62779.jpg Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Buchenwald_Samuelson_62779.jpg Licence:
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2.5 Contributeurs: Dralon
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1911)
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1. APPLICABILITY AND DEFINITIONS
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herein. The "Document", below, refers to any such manual or work. Any member of the public is a licensee, and is addressed as "you". You accept the
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A "Modified Version" of the Document means any work containing the Document or a portion of it, either copied verbatim, or with modifications and/or
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A "Secondary Section" is a named appendix or a front-matter section of the Document that deals exclusively with the relationship of the publishers or
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(Thus, if the Document is in part a textbook of mathematics, a Secondary Section may not explain any mathematics.) The relationship could be a matter
of historical connection with the subject or with related matters, or of legal, commercial, philosophical, ethical or political position regarding them.
The "Invariant Sections" are certain Secondary Sections whose titles are designated, as being those of Invariant Sections, in the notice that says that the
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The Document may contain zero Invariant Sections. If the Document does not identify any Invariant Sections then there are none.
The "Cover Texts" are certain short passages of text that are listed, as Front-Cover Texts or Back-Cover Texts, in the notice that says that the Document
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A "Transparent" copy of the Document means a machine-readable copy, represented in a format whose specification is available to the general public,
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suitable for input to text formatters. A copy made in an otherwise Transparent file format whose markup, or absence of markup, has been arranged to
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text. A copy that is not "Transparent" is called "Opaque".
Examples of suitable formats for Transparent copies include plain ASCII without markup, Texinfo input format, LaTeX input format, SGML or XML using
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The "Title Page" means, for a printed book, the title page itself, plus such following pages as are needed to hold, legibly, the material this License
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A section "Entitled XYZ" means a named subunit of the Document whose title either is precisely XYZ or contains XYZ in parentheses following text that
translates XYZ in another language. (Here XYZ stands for a specific section name mentioned below, such as "Acknowledgements", "Dedications",
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according to this definition.
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2. VERBATIM COPYING
You may copy and distribute the Document in any medium, either commercially or noncommercially, provided that this License, the copyright notices,
and the license notice saying this License applies to the Document are reproduced in all copies, and that you add no other conditions whatsoever to
those of this License. You may not use technical measures to obstruct or control the reading or further copying of the copies you make or distribute.
However, you may accept compensation in exchange for copies. If you distribute a large enough number of copies you must also follow the conditions in
section 3.
You may also lend copies, under the same conditions stated above, and you may publicly display copies.
3. COPYING IN QUANTITY
If you publish printed copies (or copies in media that commonly have printed covers) of the Document, numbering more than 100, and the Document's
license notice requires Cover Texts, you must enclose the copies in covers that carry, clearly and legibly, all these Cover Texts: Front-Cover Texts on the
front cover, and Back-Cover Texts on the back cover. Both covers must also clearly and legibly identify you as the publisher of these copies. The front
cover must present the full title with all words of the title equally prominent and visible. You may add other material on the covers in addition. Copying
with changes limited to the covers, as long as they preserve the title of the Document and satisfy these conditions, can be treated as verbatim copying in
other respects.
If the required texts for either cover are too voluminous to fit legibly, you should put the first ones listed (as many as fit reasonably) on the actual cover,
and continue the rest onto adjacent pages.
If you publish or distribute Opaque copies of the Document numbering more than 100, you must either include a machine-readable Transparent copy
along with each Opaque copy, or state in or with each Opaque copy a computer-network location from which the general network-using public has
access to download using public-standard network protocols a complete Transparent copy of the Document, free of added material. If you use the latter
option, you must take reasonably prudent steps, when you begin distribution of Opaque copies in quantity, to ensure that this Transparent copy will
remain thus accessible at the stated location until at least one year after the last time you distribute an Opaque copy (directly or through your agents or
retailers) of that edition to the public.
It is requested, but not required, that you contact the authors of the Document well before redistributing any large number of copies, to give them a
chance to provide you with an updated version of the Document.
4. MODIFICATIONS
You may copy and distribute a Modified Version of the Document under the conditions of sections 2 and 3 above, provided that you release the Modified
Version under precisely this License, with the Modified Version filling the role of the Document, thus licensing distribution and modification of the
Modified Version to whoever possesses a copy of it. In addition, you must do these things in the Modified Version:
1. Use in the Title Page (and on the covers, if any) a title distinct from that of the Document, and from those of previous versions (which should, if there
were any, be listed in the History section of the Document). You may use the same title as a previous version if the original publisher of that version
gives permission.
2. List on the Title Page, as authors, one or more persons or entities responsible for authorship of the modifications in the Modified Version, together
with at least five of the principal authors of the Document (all of its principal authors, if it has fewer than five), unless they release you from this
requirement.
3. State on the Title page the name of the publisher of the Modified Version, as the publisher.
4. Preserve all the copyright notices of the Document.
5. Add an appropriate copyright notice for your modifications adjacent to the other copyright notices.
6. Include, immediately after the copyright notices, a license notice giving the public permission to use the Modified Version under the terms of this
License, in the form shown in the Addendum below.
7. Preserve in that license notice the full lists of Invariant Sections and required Cover Texts given in the Document's license notice.
Licence 79