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Extrait 2 de l’article de Ball a propos de l’hallucination

Il en est de même de ces sensations viscérales qui font croire aux aliénés que leur corps est habité
par des esprits immondes, par des animaux de toute espèce, par des hôtes étranges, par des curés,
par un concile. Des lésions anatomiques parfaitement évidentes ont été plus d’une fois rencontrées
chez ces malades, au point précis où, pendant la vie, ils localisaient leur sensation morbide.
Il en est ainsi, selon toute apparence, chez les sujets qui sont victimes d’hallucinations génitales.
Sans doute, il est quelquefois difficile de saisir le point d’origine d’une sensation voluptueuse ;
mais, dans certains cas, l’idée d’une irritation locale des organes génitaux s’impose avec une
évidence au-dessus de toute contestation.
Un excité maniaque, que j’ai observé pendant quelque temps, dans mon service il l’hôpital Saint-
Antoine, était persécuté par des ennemis imaginaires, qu’il appelait des pompiers, et qui, par des
manœuvres coupables, provoquaient chez lui des sensations voluptueuses qui aboutissaient à
l’éjaculation. Lorsqu’il était pris de ces accès, il entrait dans d’épouvantables fureurs qui le
rendaient très dangereux et voulait absolument tuer ces ennemis de son repos qui épuisaient ses
forces et tarissaient les sources de la vie.
Il est difficile de ne point admettre qu’il y avait chez cet homme quelque lésion matérielle des
organes génitaux, source constante d’excitations involontaires et qui donnait naissance aux
accidents que nous venons de décrire. Il serait difficile de ne point voir dans cette observation autre
chose qu’un phénomène purement psychologique, une idée projetée au dehors.
Mais, dira-t-on, avec les sens d’ordre inférieur on a beau jeu pour nier l’origine purement
intellectuelle du phénomène, Parlez-nous maintenant des sens supérieurs, de ceux qu’on peut
vraiment appeler les sens de l’intelligence, de l’ouïe, de la vue. Est-il possible d’expliquer, dans
l’hypothèse que vous soutenez, les hallucinations dont ils peuvent être affectés ?
Nous allons prendre cette objection corps à corps, et nous chercherons à prouver que rien dans les
hallucinations d’ordre supérieur ne diffère essentiellement des autres.
Rappelons d’abord que, pour l’ouïe et la vue, comme pour les autres sens, il existe des
hallucinations élémentaires, des bruits, des bourdonnements, des flammes, qui peuvent être
expérimentalement provoquées, soit par le courant galvanique, soit par d’autres moyens
d’excitation. Fait remarquable, et qui se rattache directement à la théorie que nous discutons, les
sens paraissent, dans certaines hallucinations, se remplacer les uns les autres. Une excitation portée
sur le sens de la vue détermine une hallucination de l’ouïe, et réciproquement. Un homme sujet à
des hallucinations auditives demeure parfaitement tranquille dans l’obscurité ; dès qu’on apporte
des lumières, des paroles grossières viennent frapper son oreille. Kahlbaum, qui s’est beaucoup
occupé de cet intéressant phénomène, lui donne le nom d’hallucination réflexe. On peut [p. 1033,
colonne 1] y rattacher quelques faits observés chez des individus en pleine santé. Müller nous
apprend que le célèbre micrographe Henle présentait cette particularité individuelle, qu’en se
passant légèrement le doigt sur la joue, il excitait un bruissement dans l’oreille. J’ai constaté le
même phénomène chez un de mes élèves ; mais, chez ce jeune homme. Il n’existe que d’un seul
côté (à gauche). Voici donc des sensations plus ou moins élémentaires, des perceptions ne répondant
à aucun objet extérieur, que l’on peut provoquer pour ainsi dire à volonté. Rapprochons de celle
première donnée l’un des faits les plus intéressants que nous révèle l’étude clinique. Nous voulons
parler des hallucinations de la vue et de l’ouïe qui se produisent chez les aveugles et les sourds. On
connaît l’histoire de ce prêtre aliéné qui passait ses journées à écrire sous la dictée de l’archange
saint Michel ; or ce malade était absolument sourd. On connaît aussi l’observation de cet aveugle,
qui, pendant sa vie, était constamment tourmenté par des apparitions terrifiantes. A l’autopsie, on
trouva une dégénération complète des deux nerfs optiques. Ces faits, autrefois invoqués contre
l’origine des hallucinations, viennent, au contraire, à l’appui de cette doctrine. On comprend en
effet que bien souvent un nerf malade frappera l’encéphale d’impressions morbides qui, chez un
sujet prédisposé, seront faussement interprétées et donneront naissance à des hallucinations. Ce sont
en pareil cas de véritables névralgies du nerf optique ou du nerf acoustique, dont le point de départ,
suivant une règle bien connue, est rapporté par le malade à l’extrémité terminale du nerf. Les
expériences de Brenner viennent confirmer cette manière de voir. Il a constaté, en faisant passer un
courant continu à travers l’oreille, une véritable hyperesthésie du nerf acoustique chez plusieurs
individus et plus particulièrement chez ceux qui sont atteints d’une surdité plus ou moins complète.
On a même constaté chez plusieurs malades le phénomène de la réaction paradoxale, c’està-dire
qu’en excitant l’une des deux oreilles, le malade entend aussi des bruits du côté opposé. C’est là une
véritable hallucination réflexe.
Mais nous sommes restés jusqu’ici sur le terrain des phénomènes élémentaires ; il nous faut aborder
maintenant la question des hallucinations plus compliquées, les voix, les discours, les apparitions,
les tableaux. Comment expliquer ces manifestations morbides d’un ordre beaucoup plus élevé, et
dans lesquelles l’Intelligence semble jouer un rôle prépondérant ?
Ici se place l’intervention évidente de l’automatisme cérébral. Au début de la vie, lorsqu’en entrant
dans le monde, l’enfant se voit assailli pour la première fois par des sensations diverses, il
n’éprouve tout d’abord que des impressions isolées, des sensations indépendantes et qu’il est hors
d’état d’associer. Il faut une longue éducation pour qu’il apprenne non seulement à voir les objets,
mais à juger la distance à laquelle ils sont placés, pour que certains sons éveillent en lui certaines
idées, et pour qu’il sache enfin comprendre ce qu’il aperçoit.
Condillac, cherchant à justifier la fameuse doctrine d’après laquelle les idées ne seraient que des
sensations transformées, [p. 1033, colonne 2] se met en présence d’une statue tenant une rose à la
main ; puis il lui accorde un sens, celui de l’odorat à l’exclusion de tous les autres. Pour nous qui
l’observons, c’est une statue qui sent une rose, mais pour la statue elle-même le senti ment de
l’existence n’est représenté que par une agréable odeur.
Le jeune enfant ressemble, à ses débuts dans le monde, à la statue de Condillac. Pour lui, les odeurs
ne sont que des odeurs et les impressions sensorielles existent isolément sans se combiner entre
elles ; mais pour l’adulte, il en est bien autrement. Toute sensation est immédiatement interprétée
par le jugement, et celte opération est tellement rapide que le plus souvent nous n’en avons point
conscience. On nous permettra d’en citer un exemple familier. Lorsque nous parcourons des yeux
une page imprimée, le sens des mots, les idées qu’ils expriment captivent seuls notre intelligence,
et, pour apercevoir les fautes typographiques que renferme le texte, il faut une attention toute
spéciale. Nous ne voyons donc pas les mots tels qu’ils sont placés devant nos yeux, mais, par l’effet
d’une longue habitude, ils nous arrivent tels que nous les concevons. Le contraire a lieu pour
l’homme qui apprend péniblement à lire, et qui, tout préoccupé de l’assemblage des caractères, ne
comprend plus le sens général du texte.
Il en est de même pour la plupart des sensations habituelles : voilà pourquoi, grâce à certains
artifices de perspective, il est facile de nous tromper sur la distance, la forme et le relief des objets.
Que faut-il donc pour qu’une impression élémentaire devienne le point de départ d’une
hallucination compliquée ? La réponse est facile. Il faut un terrain préparé, dans lequel la semence
morbide puisse aisément germer ; il faut un cerveau doué d’une impressionnabilité spéciale chez
lequel les trésors accumulés par l’imagination et la mémoire puissent aisément jaillir au dehors,
sous l’influence d’une excitation imprévue. Nul ne sait en effet combien est grande sa richesse en
idées et en souvenirs, aussi longtemps qu’une expérience inattendue ne vient pas lui en apporter la
révélation. Certains physiologistes qui s’intéressent à la psychologie ont prouvé qu’on ne saurait
jamais rien oublier. Les traces des impressions antérieurement perçues s’accumulent dans nos
cellules cérébrales où elles restent indéfiniment latentes, jusqu’au moment où une influence
supérieure les évoque pour ainsi dire de la tombe où elles dormaient ensevelies. L’expérience
journalière de la vie nous fournit d’innombrables exemples de ce travail intime qui s’accomplit sans
cesse dans les profondeurs de notre intelligence sans la participation de la volonté. Lorsqu’au milieu
d’une conversation animée on cherche à se rappeler un nom, une date, un fait, le renseignement
cherché bien souvent nous échappe et c’est quelques heures plus tard, le lendemain peut-être,
lorsque nous pensions à tout autre chose, qu’il vient spontanément s’offrir à nous. Comment
expliquer cette révélation inattendue ? C’est qu’un secrétaire mystérieux, un automate habile a
travaillé pour nous pendant que l’intelligence, occupée à d’autres soins, négligeait ces minces
détails ; et, tout à [p. 1034, colonne 1] coup, sans être provoqué, il vient nous offrir le fruit de ses
recherches.

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