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Annales.

Economies, sociétés,
civilisations

Villes africaines anciennes : une civilisation mercantile pré-négrière


dans l'Ouest africain, XVIe et XVIIe siècles

Abstract
Ancient frican cities mercantile pre-slave-trade civilization in West Africa during the 16th and 17th Centuries.

Cities, in black Africa as elsewhere, fostered dynamic social complexes. Contacts with the Islamic world in the North and with
Europeans in the South were at the outset more dynamic than destructive. The case of the Ghanaian back-country suggests the
development of mercantile autochthonous civilization, both protected from and open to the outside world. A remarkably dense
urban network combined regional bartering of food crops with the exploitation of gold and thus encouraged the growth of
monetary system. Only later did the destructive force of the slave-trade favor the creation of bureaucratic military capital city by
the great agrarian slave-owning families. This model, with variations, is applicable to other societies from the castles and
"Creole" culture of the coast to the Yoruba cities of Nigeria. The mestizo culture, as well as architectural borrowings bear,
witness to way of life that succeeded, for time in combining its own roots with elements received from the outside world : but
what traces were left by these urban realities and fantasies ?

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Villes africaines anciennes : une civilisation mercantile pré-négrière dans l'Ouest africain, XVIe et XVIIe siècles. In: Annales.
Economies, sociétés, civilisations. 46ᵉ année, N. 6, 1991. pp. 1389-1410;

doi : https://doi.org/10.3406/ahess.1991.279016

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1991_num_46_6_279016

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AFRIQUE XVI XVIII6 SI CLES

VILLES AFRICAINES ANCIENNES

UNE CIVILISATION MERCANTILE PR -N GRI RE

DANS OUEST AFRICAIN XVIe ET XVIIe SI CLES

CATHERINE COQUERY-VIDROVITCH

Les écrits récents sur histoire urbaine africaine celle-ci ailleurs souvent
abordée en chapitre liminaire par de solides études géographiques1 ont eu ten
dance mettre accent sur les phénomènes hypertrophie urbaine contem
porains issus de la colonisation Or non seulement urbanisation africaine sub
saharienne est ancienne des découvertes archéologiques récentes ont notam
ment démontré elle préexistait influence musulmane2) mais elle pu
dans certains cas présenter des formes mercantiles relativement complexes bien
antérieures au fait colonial
influence occidentale est hui évidente sur architecture des villes
côtières On ne parle pas ici de urbanisme récent mais de ce que on qualifie
ordinairement une fa on assez vague architecture coloniale objet
de cet article est entre autres de faire pressentir quel point en réalité les
racines de ce modèle sont antérieures la colonisation stricto sensu Certes les
colonisateurs ont su utiliser et adapter et ont aussi généralisé et codifié partir
de la fin du xixe siècle la maison dite véranda favorable une meilleure venti
lation Nombre anciennes villes coloniales présentent encore malgré leur
délabrement élégantes rues portiques et balcons qui ne remontent
exceptionnellement avant cette époque Saint-Louis du Sénégal Grand-
Bassam en Côte Ivoire Porto-Novo au Bénin Bathurst en Gambie Mom-
basa ou Dar-es-Salaam sur océan Indien ancienne île du Mozambique
hui reliée au continent non loin de Nampula etc Mais aussi ailleurs
dans le monde Port-Haïti au nord où débarqua Christophe Colomb ou
Jacmel au sud de la république du même nom ex-Saint-Domingue) Ormuz
dans le golfe Persique Goa au large de Inde et Salvador de Bahia au Brésil.
Ces analogies nous mettent déjà sur une piste insuffisamment explorée
présent celle de extraordinaire diffusion de modèles qui remontent sans
doute peu ou prou au moins pour certains entre eux époque des grandes

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Annales ESC novembre-décembre 1991 n0 pp 1389-1410
AFRIQUE XVI -XVIII SI CLES

découvertes au temps où les seigneurs des mers colonisées étaient ni les Bri
tanniques ni les Fran ais mais les peuples marins de la péninsule Ibérique au
premier chef sur les côtes Afrique les Portugais
Cet article traitera un peu architecture urbaine sur laquelle nous dispo
sons encore de trop peu indices mais surtout de la diffusion des formations et
des modèles sociaux plus ou moins liés ces formes habitat Le plus intéres
sant est pas influence européenne directe telle elle est exercée sur les
côtes Afrique depuis le xve siècle le constat est évident et la réponse mieux
étudiée Ce que on connaît beaucoup moins en revanche est la fa on dont
certains peuples de arrière-pays qui ne furent touchés indirectement par
action occidentale ont su tirer parti de ces nouveaux apports économiques et
culturels Pendant plusieurs siècles et surtout avant au xvnie siècle les
ravages négriers tendent emporter des sociétés mercantiles et des réseaux
urbains se sont mis en place ou se sont épanouis une fa on aussi remarquable
autochtone Très méconnu il peu le développement urbain afri
cain des xvie et xvi siècles recèle encore des surprises En tous les cas les
quelques exemples étudiés sont révélateurs un mode de vie qui avait déjà su
faire usage la fois de ses racines propres et des éléments captés ailleurs il
agisse du nord méditerranéen arabe ou du monde atlantique et souvent des
deux la fois pour ébaucher une civilisation urbaine incontestable
La première remarque importance est que le contact avec les Européens
doit être périodisé Contrairement une image trop fréquemment répandue il
ne peut ses débuts être identifié la seule traite négrière pour une raison
bien simple celle-ci même si elle fut pratiquée dès origine le fut de fa on
limitée et économiquement fort secondaire au milieu du xvne siècle au
moins La cause en est connue exigence une force de travail servile corres
pondit un projet économique précis celui de extension parallèle des planta
tions de canne sucre dans le Nouveau Monde Or celle-ci entreprise dans
quelques îles au large de Afrique dès le xvie siècle ne amor au Brésil que
dans la deuxième moitié du xvne siècle passa vers la fin du siècle dans les
Antilles anglaises Jamaïque et Barbades) gagna les Antilles fran aises Guade
loupe Martinique et surtout Saint-Domingue perle des Antilles dans la
première moitié du xvnie siècle se propagea de là vers Cuba principal produc
teur au tournant du xixe siècle3 Enfin en période interdiction officielle de la
traite le relais fut pris par les plantations de coton du sud des tats-Unis
Autant dire que la traite négrière domina de fa on quasi-exclusive les relations
entre Europe Afrique et Amérique peu près entre 1680 et 1830 mais sur
tout au xvine siècle où on estime que furent traités la moitié du total des
esclaves embarqués vers Atlantique4 Auparavant les contacts économiques
furent avec Afrique une certaine fa on plus complexes et certainement
plus dynamiques que destructeurs comme ils le devinrent par la suite où la
nécessité de tenir compte de cette rupture qui on va le voir rejaillit fortement
sur histoire urbaine interne

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COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

Les forts côtiers

Leur essor correspondit extension de la traite négrière mais innovation


fut antérieure et est cette phase pionnière que nous nous attacherons sur
tout ici On sait que la découverte des côtes Afrique par les Portugais étala
sur plus un demi-siècle depuis le franchissement du cap Bojador au large du
Maroc et arrivée sur île Arguin en 1443 sur les franges méridionales du
Sahara celui du Cap des Tempêtes alors rebaptisé Cap de Bonne-
Espérance par Vasco de Gama en 1498 Cette lente progression accompagna
de la fondation une série de petits établissements côtiers moins destinés
prendre pied dans le pays assurer approvisionnement et le commerce
afférant nécessaires pour les expéditions suivantes
Le cas extrême fut celui des îles du Cap-Vert parce arrivée des Portu
gais 1460-1462 ne trouvait une population clairsemée insuffisamment
implantée pour opposer leur installation Celle-ci démarra surtout partir
de 1466 date laquelle le roi Alfonso octroya son frère qui re ut les îles
en donation et quelques Portugais et Italiens privilégiés la charte qui leur
conférait le contrôle de tous les Maures Noirs ou blancs libres et esclaves
de la côte de Guinée est-à-dire du fleuve Sénégal au Sierra-Leone) condi
tion ils fussent chrétiens avec le droit perpétuel du commerce et de la traite
des noirs Ainsi fut favorisé un commerce intense entre les côtes africaines
Europe et les Indes occidentales pour lequel archipel du Cap-Vert devait
servir de relais où le choix du site de Ribeira Grande hui Cidade
Velha) la première ville de archipel dans île de Santiago entrée une
large embouchure et une rade abritée comme ud de la navigation trans
atlantique point escale de ravitaillement et entrepôt Un siècle plus tard
était une petite villa florissante siège de la capitainerie générale et de évêché
dotée de plusieurs églises un almoxarifado trésorerie) une factorerie de
nombreuses résidences européennes entrepôts Avec des pierres importées du
Portugal ce qui deviendra une habitude des forts portugais de la côte) on avait
déjà construit une agglomération coloniale avec place pelurinko sorte de
colonne exposition destinée aux châtiments publics) le tout protégé par un
bastion et des murailles Elle attirait les colons commer ants aventuriers mais
aussi immigrés nobles chevaliers et honnêtes hommes du Portugal qui
venaient chercher fortune5 Ses quelque 500 habitants possédaient 700
esclaves6 La ville de Praia escale reconnue depuis 1515 lui ravit la première
place au milieu du xvne siècle avec épanouissement de la traite négrière
Sur les côtes africaines proprement dites les établissements portugais furent
habituellement beaucoup plus modestes Encore faut-il distinguer la côte occi
dentale où les forts furent créés de toutes pièces de la côte orientale où les
Portugais après les avoir conquis bénéficièrent établissements antérieurs
déjà largement impliqués dans le commerce de océan Indien Au xvie siècle en
effet ils reprirent progressivement les postes alors fréquentés par les
Arabes de île du Mozambique au début du siècle suivant ils disputèrent
âprement aux Hollandais Zanzibar Pemba et Mombasa au nord
Très vite malgré le monopole portugais proclamé par le pape dès les pre
mières années du xvie siècle le commerce interlope des autres nations euro-

1391
AFRIQUE XVI -XVIII SI CLES

péennes avides de concurrencer les premiers découvreurs intervint son tour


surtout Ouest Dans les deux siècles qui suivirent partir du moment où
chaque tat européen eut ur de concurrencer ses voisins aide une
compagnie nationale privilégiée dite charte au moins neuf nations occi
dentales intervinrent différentes époques et selon des succès inégaux7 Le
résultat fut de jalonner les côtes établissements dont étude globale
présent été rarement entreprise8
Si on décompté 43 forts principaux sur la côte ouest-africaine Arguin
Ouidah donc Nigeria exclu)9 le nombre total des établissements fut bien plus
élevé La côte de la Mine célèbre par la poudre or on pouvait pro
curer fut entre toutes le point de ralliement et de concurrence des commer ants
européens 32 forts furent concentrés plus une centaine avec les postes
secondaires Plusieurs entre eux changèrent plusieurs fois de mains souvent
occasion des guerres commerciales que se livraient ailleurs les Européens
est ainsi que le fort Elmina créé en 1482 par les Portugais sous le nom de
Saint-Georges de la Mine connut un épisode hollandais avant être finalement
occupé par les Britanniques10 Au large du Cap-Vert îlot de Goree fut pris et
repris peut-être une dizaine de fois parfois pour seulement quelques mois
entre le xvne et le xixe siècle. Nous entendons pas ici faire histoire de ces
forts en elle-même qui présente peu intérêt pour notre propos .La question
est de déterminer dans quelle mesure ils ont ou non exercé une influence sur les
réalités et imaginaire urbains des peuples environnants Car leur rôle fut la
fois économique commercial et culturel ils permirent aux marchands de
intérieur entrer en contact avec les blancs ainsi pour les Ashanti qui trai
tèrent avec les forts de la côte une centaine années avant que la première
ambassade britannique eût atteint leur capitale Kumasi en 1817
Ce qui est évident est autour de ces points situés exclusivement sur la
côte ou sur des rivières navigables non loin compte tenu de incapacité des
Européens acclimater au-delà) interaction culturelle travaillé pendant
presque un demi-millénaire Doit-on en conclure comme Lawrence que nulle
part ailleurs des communautés de marchands aussi restreintes et transitoires
ont modifié ce point le mode de vie de peuples étrangers environnants 12
Ce que on sait des langues et des cultures créoles qui sont développées tend
le confirmer Mais quels en furent la chronologie et les éléments déterminants

Une architecture encore féodale

Après Arguin qui ne fit que végéter le premier fort construit sur la côte
Afrique dont il été conservé trace fut celui Elmina en 1482 Le dernier fut
édifié en 1784 et même reconstruit en 1847 une époque où le principe même
une telle conception architecturale était évanoui Il agissait en effet de
créer des stations dont les objectifs la fois économiques et militaires étaient si
imbriqués on ne saurait dire lequel primait sur autre la raison être du
poste était de pratiquer un commerce lucratif exportation Mais il fallait aussi
le protéger contre les concurrents cette époque de capitalisme mercantile
ceux-ci étaient bien davantage les autres Européens compagnies charte
étrangères puis de plus en plus marchands interlopes dont certains étaient

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COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

riches et puissants que les habitants du lieu La concurrence était telle que
certaines localités comptaient trois ou quatre forts de nationalité différente
Ainsi Ouidah le roi Abomey devenu souverain côtier par la conquête de
1727 reconnut-il les trois principaux forts établis depuis le siècle précédent le
fran ais créé en 1671 la suite dit-on de la mission un agent de Colbert
auprès du roi Allada13) le portugais en 1680 et le britannique ou Fort Wil
liam Les trois bien entendu se surveillaient un autre étroitement..
Très vite le mot fort perdit sa connotation purement militaire Ce devint un
héritage des temps de la découverte transformé dans la plupart des cas dès le
xvne siècle en établissement privé tenu par un marchand une petite équipe
qui excluait pas une garnison pour sa défense mais qui dépendait des localités
avoisinantes pour sa main uvre piroguiers cultivateurs domestiques
pour son approvisionnement en vivre en eau en bois Non seulement en règle
générale la station était construite avec accord des chefs riverains mais la
terre sur laquelle elle était édifiée continuait être possédée par les Africains
auxquels une rente était versée Dans ces conditions les pillages ils existèrent
furent assez rares Il est vrai que progressivement la garde de stocks esclaves
de plus en plus nombreux parqués parfois plusieurs mois durant dans les barra-
cons de la côte exigea des mesures de sécurité strictes Le groupe africain envi
ronnant devint aussi de plus en plus inféodé la nation européenne dominante
sur la côte mais cette évolution vers le protectorat fut lente et tardive elle ne
se précisa vraiment que vers la fin du xixe siècle précolonial Mis part la main
mise portugaise sur les îles du Cap-Vert et arrière-pays de Loanda partir du
xvie siècle les colonies anglaises du Cap et du Natal en Afrique du Sud dès le
xixe siècle et le cas particulier de la colonie de la couronne britannique créée en
1807 sur la île de Sierra-Leone pour accueillir les esclaves libérés des
navires de traite arraisonnés exemple le plus précoce en fut celui des Fanti de
la côte de or la future colonie de Gold-Coast dans le deuxième quart du
xixe siècle14
Auparavant le poste de commerce devait pour subsister vivre en bonne
intelligence avec les populations environnantes Elles lui fournissaient sa main
uvre les produits de traite et aussi tout bonnement les vivres frais néces
saires la survie du groupe en dépit des réserves originaires Europe prévues
théoriquement pour plusieurs mois voire une année ou davantage15 En
échange le fort fournissait les marchandises occidentales et garantissait aussi sa
protection en temps de troubles une large cour intérieure offrait refuge aux
habitants en cas de besoin Car toute guerre soit entre tribus soit entre nations
européennes soit ce qui était fréquent impliquant la fois les unes et les
autres était dommageable ensemble la communauté du fort et celle des
Africains regroupés autour elle craignaient par-dessus tout interruption du
commerce Ces guerres locales en furent pas moins nombreuses Elles furent
encore accentuées par le fait que la plupart des sociétés accueil intéressaient
surtout apport européen en armes et en munitions utilisées affermir leur
emprise sur leurs voisins ou tenter de le faire si tant est que ceux-ci étaient
pas leur tour soutenus par le commerce une autre nation européenne
Tout ceci explique pourquoi architecture importée origine contem
poraine de la fin du Moyen Age resta tardivement bloquée sur le modèle du châ
teau fort On distingua ailleurs bientôt en fonction de la taille et de la

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AFRIQUE XVI -XVII SI CLES

prétention trois types de bâtiment les deux premiers le château castle et le


fort ne différaient que par la dimension Leur forme ne varia que peu du
modèle initial adaptant les innovations défensives mises au point par les ingé
nieurs italiens en Méditerranée Le tout constituait un ensemble massif généra
lement rectangulaire isolé sur un promontoire ou sur une hauteur protégé par
un fossé et une enceinte extérieurs Le pont-levis de règle origine se rédui
sait souvent comme pour le fort fran ais de Ouidah un pont de planche que
on se bornait enlever le soir16 Les murs intérieurs étaient épais renforcés
aux angles par des tours en saillie dont une la plus haute servait de vigie pour
surveiller arrivée des bateaux et peut-être assaillants Devant une large cour
servait en temps normal de place de commerce et en temps de guerre espace
de repli arrière un espace plus restreint et moins protégé était utilisé
comme zone de service On trouvait aussi souvent une prison des esclaves Un
additif inévitable était la tourelle réservée la cloche qui scandait les travaux et
parfois une citerne souterraine pour recueillir les eaux de pluie absence fré
quente de celle-ci compris dans de grands forts ne peut expliquer que par le
manque de matériaux et de technique introuvables sur place ces constructions
étaient le plus souvent pavées et voûtées en briques mais la technique garantis
sait rarement une bonne étanchéité17
Cette pénurie est probablement origine de la non-diffusion interne du
modèle architectural Car les artisans aussi bien que les matériaux et les usten
siles venaient Occident En 1482 expédition portugaise chargée de cons
truire le fort Elmina comportait 600 hommes dont une centaine de ma ons et
autant de charpentiers bien un autre témoignage parlât de cent artisans seu
lement pour cinq cents soldatsls Une fois le château achevé on renvoya les
artisans au Portugal exception de soixante hommes et de trois femmes.
Ultérieurement les Portugais formèrent sur place des équipes esclaves spécia
lisés
On apporta par bateaux le bois de charpente la pierre déjà taillée une
grande quantité de chaux des tuiles et des briques des clous en masse et des
outils de toutes sortes Seuls semble-t-il les Portugais allèrent
importer de la pierre En revanche une fa on durable les briques largement
utilisées dans la construction étaient transportées comme ballast des navires
La chaux était le deuxième poste principal importation mais sur place les
responsables du fort ne savaient pas toujours en servir la plupart du temps
le personnel était peu compétent les matériaux manquaient et le nombre
esclaves qualifiés était insuffisant Les Portugais préoccupés surtout par
leurs travaux de fortification investirent peu dans les bâtiments de magasins ou
habitations Les Brandebourgeois et les Hollandais furent les meilleurs bâtis
seurs Les Anglais qui souffraient un manque chronique argent ils préfé
raient investir en Inde ou ailleurs) étaient connus pour leurs constructions
médiocres Quant aux Fran ais ils construisirent si peu en dur que rien ou
presque en est resté exception de rares fortifications style Vauban dans
îlot de Corée Le fort fran ais de Ouidah ou plutôt ce il en restait cons
truit en terre de barre et couvert origine de chaume plus tard de briques
rouges fut démoli en 1908 pour dégager une place consacrée quelques années
plus tard 1933 au monument aux morts
absence de diffusion des techniques et des matériaux explique en partie

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COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

par le nombre très réduit de ces petites colonies où le personnel blanc se limitait
le plus souvent au gouverneur un ou deux adjoints et quelques soldats uni
vers clos du fort replié sur lui-même faisait le reste Le caractère monumental
du modèle ne correspondait aucune tradition locale il fallait être une force
de la nature comme le roi Henri-Christophe Haïti pour vouloir imposer
adoption autochtone de telles forteresses au prix un effort humain
incroyable compte tenu de absence des moyens techniques et financiers
nécessaires19

Le troisième type de bâtiment ou lodge était un dérivé du portugais loja ou


grande boutique il se multiplia avec extension des affaires et pouvait
être que très modérément ou pas du tout fortifié est la raison pour laquelle
cet édifice plus modeste donc plus souple et souvent construit faute de res
sources européennes avec les matériaux et les techniques du cru fut sans
doute avec le temps le modèle architectural qui resta
En tous les cas le lodge comme le fort répondait bien sa fonction la
fois magasin et logement quelquefois étage intérieur était partagé en
pièces rectangulaires par des cloisons légères parfois en pierre on trouvait
aussi des charpentes en bois et des linteaux de bois au-dessus des portes le tout
couvert de chaume De ces dizaines peut-être centaines entre eux il ne reste
aucune trace ainsi ce lodge anglais Anashan décrit en 1709 comme une
maison toit de chaume tenue par deux hommes de garnison 20 Ou bien
encore cet autre sur la rivière Gambie décrit par Francis Moore qui avait
édifié en 1733 en banco et en paille21 Il comportait une répartition en plusieurs
pièces Une salle commune la plus grande correspondait aux exigences de la
vie collective un groupe pièce de repas bureau salle de réunion elle combi
nait tout la fois Elle occupait le centre ouverte sur extérieur par les deux
seules portes du bâtiment une avant autre arrière Mais elle comman
dait aussi le passage entre trois magasins sur la droite et deux logements sur la
gauche Le plus remarquable est que la maison présentait une fa ade en
véranda alpendre en portugais exemple sans doute inspiré un modèle
portugais classique est apparemment un des premiers connus de ce qui
deviendra le type même de la maison de traitant la fin du siècle Doit-on rap
procher ce modèle une inspiration analogue de plus vaste dimension évo-
quée dans la description que fit Barbot de Cape-Coast-Castle une balustrade
continue courant le long du premier étage avec assez gracieux escaliers exté
rieurs de chaque côté permettant une meilleure communication entre les
logements de la garnison et sous le balcon un ensemble de boutiques22
Trouverait-on là la filiation recherchée entre le fort portugais et la maison
véranda de type afro-brésilien ou bien encore le bungalow anglaise Car
il paraît erroné de faire de ces deux derniers types architecturaux des importa
tions tardives de type immédiatement précolonial de voir en particulier dans
le bungalow seulement une adaptation britannique transplantée de habitat
originel indien sans établir le lien avec les probables contaminations anté
rieures directes via le Portugal Il est plus légitime de penser que sous la
double influence portugaise et anglaise ce type habitat pu prendre forme
au Brésil pour revenir ensuite en boomerang sur la côte africaine où son
adoption extraordinairement rapide tout au long du xixe siècle précolonial ne

1395
AFRIQUE XVI -XVIII SI CLES

expliquerait que par une sorte de retour aux sources le fait est ils sont
devenus dans certaines régions comme en pays Yoruba ou au Togo-Bénin le
modèle architectural de la grande majorité des habitations et surtout des trai
tants23
Il est étonnant de noter il faut attendre cette date pour trouver trace
une tentative adaptation des modèles architecturaux européens aux condi
tions climatiques tropicales La conception des forts toute militaire ne témoi
gnait en effet aucune recherche aération au contraire les logements
adossés par sécurité au mur enceinte sont étouffants et même étage le
chemin de ronde était protégé par un parapet qui entravait la ventilation est
ailleurs bien la preuve on se situe dans une phase de transition vers un
nouveau système le fort en tant que bâtiment représentatif de économie
mercantiliste devient obsolète face au libéralisme du xvn siècle Sur la côte de
or les Hollandais liquidèrent les leurs dès la fin du siècle les Anglais trente
ans plus tard en 1822 une fois la traite négrière définitivement évacuée Forts
danois et hollandais transformés en factoreries furent revendus aux Anglais
en 1850 et 187224 la plupart étaient plus en activité depuis longtemps même
si les troubles de la conquête coloniale virent une certaine résurgence de leur
rôle militaire ainsi le fort de Ketä fut-il assiégé deux reprises en 1847 et en
1878 mais cette fois-ci par des Africains Les Anglais eux-mêmes avaient
depuis longtemps cédé leur fort de Ouidah la maison Goedeit de Hambourg25
Quant au fort portugais de Ouidah il fut maintenu au travers de la colonisa
tion fran aise un résident portugais le commandait encore en 1946) est
titre de symbole Le gouvernement indépendant mit fin en 196l..

La vie sociale une amorce de vie urbaine exemple de la côte de or

est évidemment sur la Côte de Or fig et 2) la plus étudiée que on


possède les renseignements les plus probants Tout laisse penser que arrivée
des Portugais sur la côte donné la vie locale un coup de fouet mais comme
on le verra plus loin la vie urbaine autochtone est développée sauf exception
plus librement et plus brillamment dans arrière-pays proximité immé
diate des forts européens Il plus de vingt-cinq ans Marion Johnson sans
les précisions dont on dispose hui le pressentait déjà ce passage pré
coce dès le xvie siècle une société devenue un des principaux centres expor
tateurs or du monde ne pouvait être redevable la seule action une poignée
de commer ants européens Le changement culturel majeur était le passage
une civilisation rurale une culture urbaine et reposait non pas sur quelques
mouvements de peuples traditionnels mais sur arrivée concertée une
quantité étrangers Africains entend et non pas seulement Européens
attirés par les opportunités offertes commer ants artisans et migrants de
toute origine venaient offrir leur travail et leurs services26 Cette proposition
été récemment confortée par une analyse aussi précise que nouvelle sur organi
sation interne de la région aux xvie et xvne siècles Elle est due aux investigations
un historien africaniste américain dans des archives présent quasi
ignorées celles des fonds néerlandais sur Afrique époque où les Provinces-
Unies comptèrent parmi les toutes premières puissances maritimes du monde27

1396
FIG arrière-pays de la Côte de Or ouest de la Volta au xvine siècle après
op cit. 31

1397
Illustration non autorisée à la diffusion

FIG arrière-pays de la Côte de Or ouest de la Volta et les forts côtiers après une
carte nautique de 1746 Source op cit. 29

Le port le plus peuplé durant toute cette période fut Elmina la ville
aurait eu vers le milieu du xv siècle près de quatre kilomètres deux miles de
circonférence et la population serait passée entre 1621 et 1628 de ou 000
habitants 15 ou 20 000 Après une phase dépressive en fin de siècle 1682-
1702) due la fois une épidémie de variole et intensification des conflits
militaires entre cités voisines la ville apparaît nouveau vers 1709 comme la
plus peuplée de la côte Mais cette situation semble tout fait exceptionnelle
la fin du xvne siècle aucun autre port ne semble avoir atteint plus de
000 habitants et aucun ne couvrit une superficie supérieure 25 km2
un mile2 Le seul autre port vraiment actif Axim Ouest débouché du
pays Assinie tenu par les Portugais au xvie siècle puis par les Hollandais au
siècle suivant ne suivait Elmina que de très loin était une bourgade
peine cinq cents habitants en 1631 de cent cinquante maisonnées en 1638 soit
peut-être 000 habitants chiffre nouveau attesté en 1690 000 rési
dents dont 300 soldats En outre aucun de ces deux ports étaient auto
nomes ils dépendaient de capitales intérieures qui se trouvaient un jour ou un
jour et demi de marche Même Cape-Coast-Castle joyau britannique repré-

1398
COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

sentait peu de chose 20 maisons en 1555 montées 200 un demi-siècle plus


tard vers 1607 plus de 500 en 1680 soit un maximum probable de ordre de
000 habitants mais une époque où la traite négrière prenait définitivement
le dessus Ce qui est sûr en somme est que entre 1550 et 1650 activité des
ports anciens ne fit que croître tandis que de nouveaux points accostage ne
cessaient leur tour de se développer avec des indices suggérant accroisse
ment significatif une population urbaine non agricole
Les dimensions limitées de ces ports sont autant plus surprenantes que le
trafic augmenté dans des proportions considérables le tonnage est passé
de ordre de 000 tonnes par an au début du xvie siècle plus de 10 000 au
milieu du xvi est-à-dire la veille de essor du trafic négrier essentiel
était évidemment provoqué par ouverture internationale sur Atlantique
mais combiné des activités intenses de cabotage côtier de port port et de fort
fort Mais depuis arrière-pays intervenaient aussi les réseaux internes de dis
tribution dont nous reparlerons tout heure reliés vers le nord au com
merce musulman soudanais lié expansion dyula dont les derniers soubre
sauts venaient aboutir la côte Le commerce côtier était caractérisé par sa
variété et sa polyvalence Au début seulement les Portugais recherchaient
surtout la poudre or époque Eustache de la Fosse 1479-1480) seuls les
ports offrant le minerai précieux disposaient un marché périodique Mais les
Européens perdirent vite illusion avoir découvert en Afrique un domaine de
haute profitabilité dès que la route maritime fut définitivement ouverte sur
Asie infiniment plus rentable
Un siècle plus tard les activités demeurées modestes étaient en revanche
fort diversifiées vers 1660 tous les ports avaient un marché quasi quotidien
Ils étaient devenus des points de passage obligés et un lieu de rencontre pour
gens et marchandises de toutes provenances qui débarquaient et embarquaient
Certains ports acquirent progressivement chacun son type de spécialisation
artisanale ou agricole Takoradi était connu pour son travail du métal pour la
fabrication des pirogues que on trouvait aussi au Cap des Trois Pointes)
pour la production du sel offert aussi Sega et de produits vivriers exporta
tion compris le petit bétail Winneba était spécialisé dans la volaille et
bientôt dans les esclaves mais ce trafic avant être transatlantique fut
abord une activité de cabotage local destination des centres régionaux les
plus actifs Elmina outre or bien sûr était connu pour la fabrication des
perles Au début sauf exception les ports secondaires ne se livraient un
petit commerce sans grande valeur poisson sel artisanat et leur portée était
limitée aussi bien en cabotage que vers intérieur où ils ne pénétraient pas plus
loin une trentaine de kilomètres 20 miles Mais vers 1680 on décompte au
moins 25 30 ports exportateurs or Certains acquirent des fonctions judi
ciaires et administratives avec la présence un collecteur de taxes et exten
sion de villages et de hameaux dépendants leur fréquence sur la côte accrût
au début du xvne siècle ils étaient en moyenne distants de vingt trente kilomè
tres 72 16 miles Cette distance se trouve la fin du siècle réduite une dou
zaine de kilomètres seulement miles)
Le trafic vivrier fut cette époque intense et rémunérateur car il fallait
nourrir tous ces voyageurs commer ants artisans ou encore boutiquiers Le
commerce de cabotage des vivres travers la lagune poisson séché et sel marin

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AFRIQUE XVH-XVIII SI CLES

peut-être igname et la fabrication des pirogues furent sans doute plus impor
tants que le commerce atlantique proprement parler fait de poudre or un
peu ivoire et esclaves pour les entrepôts côtiers ou les plantations de canne
sucre expérimentées dans les îles On ne dispose évaluations malheureuse
ment que pour la fin du xvne siècle vers 1660 Vers 1700 surtout en saison
sèche le marché de Mouri devait remplir cent pirogues de vivres par jour de
huit tonnes chacune soit un total de 800 tonnes quotidiennes destination
Axim et Accra28 Au début du xvne siècle on peut subodorer un port
importance secondaire devait importer 300 tonnes ou davantage de produits
agricoles de son hinterland vers 1610 il en existait au moins une dizaine de ce
type et deux fois plus la fin du siècle Cape-Coast-Castle eut une évolution
analogue puisque 80 peut-être de ses 000 habitants est-à-dire au
moins 500 personnes dépendaient du marché régional pour son alimentation
en 1709 on parle une ceinture urbaine de jardins autour de la ville de ordre
de km de circonférence Vers 1720 elle avait doublé cela signifie que
partout la consommation urbaine dépendait de la production rurale
environnante les ports existaient et ne pouvaient vivre que grâce aux réseaux
organisés dans arrière-pays est aussi évident pour or qui exigeait depuis
origine des réseaux lointains remontant au Nord Bighu ou Begho et
au-delà dès la fin du xve siècle utilisation de poids musulmans pour la pesée
de la poudre or est bien la preuve de ancienneté des ramifications inté
rieures29
évolution un petit port comme Mouri est de Cape-Coast paraît
significative Les Hollandais construisirent un fort en 1612 Ils entrete
naient en 1618 300 soldats et 500 esclaves Autour eux gravitait une popu
lation active non agricole environ 500 personnes pêcheurs piroguiers arti
sans traitants. En 1667 on comptait 100 200 marins en 1690 300 400
pirogues de pêche mais seulement cent soldats la fin du xvne siècle la bour
gade comptait parmi les plus actives avec peut-être 000 habitants au total
Elle était devenue typique de ces petits centres qui activaient autour des com
mer ants blancs mercantiles aux xvie et xvne siècles prêts virer au poste
esclavagiste au tournant du xvnie siècle Mais on malheureusement que peu
indices sur les éléments de vie sociale ainsi concentrés La population non
agricole se regroupait là pour être employée comme serviteurs ou artisans Elle
devait rapidement être concurrencée par utilisation esclaves qui fournis
saient essentiel de la force de travail utilisée par les blancs Kay pu calculer
que dans la deuxième moitié du xvne siècle ce trafic voyait passer probable
ment plusieurs millions de dambas or qui ne échappaient pas toutes et de
loin vers le trafic atlantique international routes et réseaux de caravanes vers
la côte amplifièrent et se diversifièrent est pourquoi la vie marchande et
urbaine africaine proprement dite se développa avec ampleur non pas sur la
côte mais sur une ligne intérieure dans arrière-pays portée la fois des
opportunités du Sud et du Nord est là que épanouirent non seulement les
réseaux approvisionnement mais les centres producteurs villes capitales qui
contrôlaient les activités portuaires et avaient su en tirer avantage tout au
moins avant que la traite international ne vint tout ravager

1400
COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

Les réseaux urbains de arrière-pays ghanéen

Le nombre habitants des micro-régions densément peuplées


Ce qui est donc passionnant cette époque est la vision une organisa
tion interne très vivante de réseaux de villes petites et moyennes plus ou moins
organisées en cités- tats ou en systèmes politiques de taille moyenne que on
pourrait en somme toutes choses égales ailleurs comparer émergence de
économie mercantile urbaine dans la France de la fin du Haut Moyen Age si
judicieusement analysée par Guy Bois dans un ouvrage récent30 compte tenu
du décalage chronologique et de la diffusion des pratiques commerciales portu
gaises par le truchement de traitants africains créolisés on pourrait même
oser quelques analogies avec ce que Fernand Braudel décrit de Europe mer-
cantiliste de époque moderne en faisant néanmoins attention de ne pas pré
tendre en exagérer ampleur Ce qui apparaît en tous les cas est un cadre éco
nomique nouveau dominé par la primauté de articulation ville-campagne
Dans cette évolution les nouvelles possibilités de cabotage développées sur
la côte servirent de détonateur Mais elles se greffaient sur des réseaux bien
plus anciens Le facteur septentrional fut essentiel31 Ce furent origine les
Dyula de Djenné qui diffusèrent leurs réseaux vers le sud Ils furent origine
de la ville-marché de Begho et de là de contacts durables des zones méridio
nales avec le bassin du Niger
Au sud du pays les fouilles archéologiques32 confirment les assertions des
récits de voyage de époque portugais hollandais ou anglais le centre poli
tique de ensemble était visiblement composé des villes de arrière-côte les
plus grandes et les mieux organisées politiquement celles qui pouvaient le
mieux bénéficier la fois des courants issus du nord et de ceux en provenance
de la côte Leur nombre et leur taille augmentèrent sensiblement entre le début
du xve et la fin du xvne siècles On comptait déjà dans la première moitié du
xvne siècle au moins trente capitales de petits tats séparées par des distances
variant entre une quinzaine et au maximum une cinquantaine de kilomètres
distances raisonnables si on songe que tous les transports se faisaient pied
Réalise-t-on en effet suffisamment quelle révolution représente sur le plan
des échanges ce semis de petites villes ou de bourgs marchands qui établit
dans la région un peu partout33 Dans le xe siècle fran ais médiéval Guy Bois
estime que les 30 km qui séparaient les bourgades de Lournand et de Ma on
entourées de surcroît une barrière de relief constituaient alors un obstacle
insurmontable établissement de relations denses et régulières entre une et
autre Les paysans africains affrontaient certes un relief moins accidenté Ils
ne connaissaient pas animaux de bât dans la région seuls des ânes et encore
furent utilisés plus tard et surtout plus au nord dans arrière-pays Esclaves
mâles et surtout femmes esclaves ou non marchaient vite et portaient tout
sur leur tête partir du moment où les producteurs ne se trouvaient plus
une quinzaine de km au plus du marché le plus proche tout était changé ils
pouvaient rendre et en revenir dans la journée la symbiose ville-campagne
pouvait enfin se réaliser est-à-dire en fait la primauté de la ville sur son
arrière-pays

1401
AFRIQUE -XVIII SI CLES

II eut sans doute ainsi deux cents petits centres administratifs


divers Ceci dit il ne faut pas les imaginer comme des villes denses certains
voyageurs parlent de dizaines voire davantage de quartiers ou wards Mais
chacun entre eux correspondant plus ou moins une ou plusieurs larges
familles lignages ou sections de lignages) pouvait être fort distant des autres
espace urbain était occupé par de vastes portions en friche ou cultivées ces
fameuses villes-jardins décrites par les missionnaires de époque au Kongo
est aussi pourquoi ces villes paraissaient si étendues
Great Komenda Akessim ou Great Accra couvraient chacune près de km2
plus de mile2 Mankessim Agoua ou Great Accra purent compter entre 10 et
20 000 habitants Une tradition attribue même Great Accra entre 40 et 50 000
habitants Ce fut probablement la plus grande sur le site de ses ruines
extrême fin du xvne siècle on aurait encore mesuré plusieurs km de circonfé
rence La ville Fanti Abora un peu plus tardive qui bénéficia entre 1680 et
1700 du déclin de Kwaman et de Mankessim aurait encore contenu au début
du xvnie siècle 10 000 habitants La plupart des autres centres variaient de 300
000 habitants On comptait au moins au milieu du xvne siècle quinze cen
tres politiques sub-côtiers entre le cap Apollonia et la Volta de la Côte Ivoire
au Bénin actuels) contenant chacun une moyenne de 000 habitants ce qui
ferait un total au moins 60 75 000 citadins la carte Texeira de 1602 décrit
pour sa part une trentaine de villes intérieures ce qui pourrait signifier un total
de 120 150 000 citadins est beaucoup est peut-être même trop si on
songe que les estimations de Guy Bois pour son semis urbain du Ma onnais
excèdent pas 1000 500 âmes pour la plus grande Ma on en incluant
les ruraux vivant dans des courtils intra muros 34
On ignore malheureusement tout de la population rurale environnante que
on peut estimer de 70 90 du total après exemple de tat Accra
avant sa conquête et son dépeuplement de la fin du xvne siècle 1677-1681) on
peut imaginer côté une capitale entourée de 14 villes secondaires de quelque
000 habitants chacune une population urbaine totale proche de 100 000 habi
tants ce qui ne représentait pas loin de la moitié de la population totale du
territoire
tat Akyem semble aussi avoir été au xvne et encore au début du
xvnie siècle fortement urbanisé sur une population totale de ordre de 120
peut-être 200 000 habitants avant la série de désastres démographiques qui
atteignit la région après 1740) on comptait au moins 17 centres de ordre de
000 habitants chacun dont le total constituait au moins le quart de la popula
tion de ensemble
On connaît moins bien la situation plus au nord sur les franges de la forêt
environ une journée une journée et demie de marche au nord des centres poli
tiques où des villes-marchés assuraient le relais avec Begho Les villes qui
étaient pourtant des centres essentiels de production en or et sans doute en
esclaves semblent avoir été plutôt modestes de rares exceptions près elles
ne devaient guère excéder 10 000 habitants et la moyenne se situait proba
blement entre et 000 la ville Adumangya est dite avoir possédé 77 obron
quartiers densément peuplés une tradition attribue la ville Abotakyi
entre 70 et 75 000 habitants prêts porter les armes mais elle est sûrement très
exagérée

1402
COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

Tout ceci pose évidence une série de questions non seulement sur la
multifonctionnalité et hétérogénéité socio-économique interne de la ville mais
aussi sur les relations ville-campagne nécessaires entre les citadins entrepreneurs
et leurs producteurs de vivres Cela pose aussi la question de savoir ce il en
était pour les zones sur lesquelles nous avons pas de sources de cette qualité
les sociétés étaient-elles toujours aussi inorganisées aussi traditionnelles
que on veut bien le supposer fondées quasi exclusivement sur la subsistance
Des indices laisseraient supposer que la territorialisation des anciens empires
sahéliens Mali Songhan etc.) est-à-dire organisation de liens intrinsèques
entre villes et campagnes par exemple autour de Segou35 était beaucoup moins
floue on ne le croit..

hétérogénéité sociale urbaine

Comme dans les villes Afrique centrale les pôles régionaux étaient sur
aire ghanéenne peuplés un nombre important de notables Une maisonnée
prospère incluant ses clients dépendants esclaves domestiques de toutes
sortes etc. pouvait compter quelque cent cinquante personnes était
le cas de Jantie Snees qui sa mort survenue en 1675 laissa quarante femmes
14 filles et 12 gar ons et au moins cent esclaves dont des cuisiniers des joueurs
de tam-tam des porteurs épée autres armes ou de boucliers des sonneurs
de cor des gardes et bien sûr des cultivateurs chargés de pourvoir approvi
sionnement de tout ce monde Mais la grande différence des centres politiques
Afrique centrale la même époque les activités socio-professionnelles
étaient nettement plus diversifiées côté en somme de ce que on pourrait
qualifier de grands exploitants terriens il avait surtout des agents de admi
nistration de économie et de la religion fonctionnaires administratifs et mili
taires et miliciens mais surtout marchands logeurs traitants artisans piro
guiers pêcheurs producteurs de sel et man uvres et tâcherons de toutes sortes
Tous ces gens-là travaillaient beaucoup plus pour le commerce interrégional
que pour la subsistance du groupe local
La plupart des habitants des villes étaient donc pas engagés directement
dans la production agricole Les grandes familles ceux qui vivaient du revenu
de leurs affaires de leurs tenanciers et du tribut constituaient environ 60 de
la population urbaine Les autres hommes libres comme artisans organisés en
guildes réglementées) colporteurs man uvres étaient loin être tous
esclaves Employés comme serviteurs ou artisans au service des grandes
familles ils fournissaient un surplus réalisé pour la plus grande partie sous la
forme de poudre or et non en nature qui servait bel et bien de monnaie 40
70 des habitants des villes de intérieur achetaient leurs vivres au marché et
on vu ci-dessus combien importance interrégionale du commerce de ces
vivres était devenue grande

1403
AFRIQUE XVI -XVIII SI CLES

Les progrès de integration ville-campagne

Autrement dit selon Kea les rapports ville-campagne devinrent cette


époque des rapports exploitation directe de la paysannerie Bien entendu les
notables approvisionnaient abord sur leurs propres terres où un système
esclavage ou tout le moins de servage existait largement Mais la produc
tion mercantile emportait encore sur la production esclavagiste aux xvie et
xviie siècles Kea se livre un calcul relativement simple fondé sur la consom
mation moyenne nécessaire par citadin dans ces agglomérations relativement
importantes raison de 15 20 tiges de mil par habitant et par jour avec une
production de ordre de 40 boisseaux environ 36 par arpent acre ou
04 ha) un port comme Mouri qui comptait au début du xvne siècle environ
500 habitants approvisionné par quelque deux cents paysans consommait
annuellement près de 000 boisseaux ce qui revient une production sur
800 ha de terre 000 000 acres Comme chaque famille rurale utilisait déjà
pour sa propre subsistance environ 12 ha acres) nourrir la ville exigeait un
total de 450 500 ha au moins et pour la famille rurale obligation de tra
vailler sur 35 ha de terre au lieu un seul
On aucune information sur la taille des exploitations rurales mais les
témoignages concordent pour certifier entre les centres de Mouri et
Asebu distants de 12 km environ miles) agriculture locale apparaissait
aussi intensive que possible compte tenu des techniques existantes est-à-dire
étendue et fortement consommatrice de main uvre Même constat pour les
villes de intérieur bien sûr il existait proximité des villes des communautés
villageoises fortement dépendantes spécialisées dans tel ou tel type de produc
tion soit artisanale potiers forgerons tanneurs fabricants de pirogues arti
sans de ivoire etc.) soit producteurs de sel ou bien encore éleveurs de bétail
Par exemple Nkyenefo situé ou km quatre miles au nord de Cape-
Coast produisait 000 caisses chests de sel par an 36 dambas or
une soit au total 181 000 dambas 36 Même si la moitié des résidents
une cité-capitale obtenait le produit partir de leurs propres fermes et de la
corvée paysanne le reste des citadins devait bien acheter quant aux produc
teurs de sel ils utilisaient environ la moitié de leurs gains acheter eux-mêmes
des vivres et un quart au moins pour payer la taxe le reste les laissait pauvres
et exploités mais néanmoins susceptibles leur tour de participer la circula
tion monétaire
or devint par excellence le mode exploitation de la famille paysanne
La ville Accra au xvne siècle apparaît cet égard la plus typique et la plus
convaincante car sa dimension même en faisait un centre obligé importer
pour une population urbaine importante toute année une production rurale
considérable donc draînée assez loin alors que les ventes de poudre or
excédaient pas un million de dambas entre 1640 et 1670 ses 25 000 habitants
devaient pour se nourrir importer dans le même temps entre trois et cinq mil
lions de dambas de mil autrement dit toute une hiérarchie de marchés régio
naux organisa où le commerce des vivres contre or enrichit une catégorie
considérable intermédiaires Les paysans de intérieur offraient leur pro
duction contre du sel produit sur la côte quelques articles artisanat des biens

1404
COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

importés et un peu or Car eux aussi avaient besoin de monnaie pour payer
leurs impôts dès la fin du xvie siècle et au xvne siècle les autorités politiques
urbaines exigeaient eux une véritable taxe foncière payable en or qui put être
considérable Une partie non négligeable de cet or accumulait entre les mains
du collecteur de taxes fonctionnaire délégué par la ville capitale par exemple
en 1601 le chef une capitale de district de Mouri per ut en une seule fois dix
douze onces or soit la valeur de 000 boisseaux de mil ou de quoi
nourrir entre et 000 personnes pendant un an impôt en question corres
pondait une superficie de 30 50 ha 80 100 acres de terre et représentait
entre le quart et la moitié des revenus de la production rurale annuelle on est
bel et bien en face un régime exploitation rurale par le biais de la rente fon
cière et de la circulation de la monnaie La plupart des paysans misérables
endettèrent certains passèrent de la paupérisation au banditisme il existe
quelques indices exploiter dans ce sens)37 Mais le système comme ailleurs
encouragea surtout émergence de distorsions sociales Au milieu du
xvie siècle il avait plus de village sans marché périodique où les transac
tions faisaient aussi appel la poudre or et plus de lieu rural où la commu
nauté ne se soit trouvée désormais incorporée au système ambiant est-à-dire
un réseau hiérarchisé la fois économique et politique de la région dominée
par sa ville capitale essor de la mobilité favorisa émergence une culture
matérielle relativement homogène sur une assez vaste superficie
Les échanges ville-campagne étaient devenus bilatéraux Avec augmenta
tion du taux de commercialisation de la production rurale le paysan incité
produire plus et vendre ses excédents était aussi conduit venir en ville pour
se procurer certains biens introuvables chez lui la croissance urbaine impli
quait désormais une pénétration progressive de espace rural est-à-dire un
élargissement de son marché environnant38 Quelques paysans plus habiles ou
plus chanceux que autres firent même assez de profits sur les marchés locaux
pour investir dans les affaires rentables de époque ils descendirent vers les
ports et installèrent leur tour comme marchands et traitants
Ce transfert net de capital des campagnes vers les villes fit de or le revenu
privilégié de la classe dirigeante concentré par définition dans les villes on est
bien mutatis mutandis dans un système de capitalisme mercantile une
échelle certains égards picrocholine mais indiscutable

Une culture urbaine avortée par le fait négrier

Un problème-clé est de savoir dans quelle mesure ce qui est probant pour la
Côte de Or peut être étendu autres zones est-à-dire la mise en place
possible ou réelle de réseaux régionaux de capitalisme mercantile articulés sur
des villes-centres pôles économiques aussi bien que politiques Certes le cas de
la côte de or fut privilégié par la présence et usage interne du métal précieux
qui joua un rôle de catalyseur La poudre or était en passe devenir en
pas douter un instrument monétaire Mais autres sondages permettent de
subodorer une évolution analogue put exister ailleurs ainsi dans ce qui est
devenu le Nigeria actuel les cités- tats Hausa au Nord et la culture urbaine
Yoruba Ouest laissent présumer un réseau diversifié et hiérarchisé de

1405
AFRIQUE XV -XVIII6 SI CLES

villes est mis en place très tôt avant intrusion des Européens mais non sans
relations et contacts même indirects aussi bien avec la zone sahélienne au Nord
avec le sud forestier voire côtier La conjonction de enquête documen
taire des fouilles archéologiques et du recueil des traditions anciennes per
mettra en pas douter de révéler plus une surprise cet égard39
Le drame est que cette émergence ancienne un mercantilisme urbain ne
résista pas aux siècles suivants aux traumatismes et aux destructions engendrés
par la généralisation de la traite négrière Certes au démarrage économie ser
vile encore peu développée avait joué un rôle plutôt dynamique esclavage
source grandissante de profits externes avait donné parallèlement naissance
un système de production sociale car élite marchande utilisait alors le travail
servile des activités productrices soit dans le commerce portage etc.) soit
directement dans la production or de sel ou dans agriculture
Mais plus la traite atlantique se développa plus les razzias de traite contri
buèrent entraver essor urbain de arrière-pays en affirmant la primauté du
militaire sur le marchand40 est la bordure atlantique qui sous autres
formes en tira avantage les forts côtiers primitifs épanouirent Une multitude
de petits centres adjoignirent sur la côte des esclaves est de la Côte de Or
proprement dite Kéta Aneho Grand-Popo Ouidah Offra et Jakin est-à-
dire depuis le pays Ewé Togo embouchure du Niger fig 3) installa
tion un lodge ou la présence un fort négrier attira de plus belle toute une
armée de petits peuples espérant tirer profit des activités secondaires de la traite
piroguiers portefaix courtiers marchands crieurs publics ou encore porteurs
venaient installer autour de établissement européen et ne le quittaient plus
Ainsi édifièrent au fil des xvn et xixe siècles des quartiers danois hollandais
anglais portugais ou fran ais selon le nombre et la nationalité des compagnies
installées dans ces villes41 On connaît assez bien par exemple la configuration
et histoire du comptoir fran ais de Ouidah débouché sur Atlantique du
royaume Abomey annexé par le roi Agadja en 172742
En revanche intérieur la vie urbaine fondée sur un mercantilisme
régional effondra la différence des réseaux urbains décrits précédemment
qui impliquaient une société assez nettement différenciée on se trouve dès lors
en présence une activité économique étroitement contrôlée par un système
étatique autoritaire et centralisé même restreint dans le cas des cités- tats
Car économie désormais centrée sur la traite négrière import-export est
devenue inséparable de la guerre qui régit les rapports entre peuples voisins
ordinairement les plus liés la côte par leur proximité ou leur habileté assu
rent le monopole du marché atlantique ils approvisionnent de leurs dépréda
tions sur les peuples de arrière-pays sans compter les guerres de rivalités com
merciales ils se livrent entre eux Abomey contre Kétou contre Abéokuta
contre Bénin-city contre les Ashanti)
La crise des tats mercantiles se traduisit dans les campagnes par essor du
banditisme qui fragilisa les circuits antérieurs du commerce43 Les défriche
ments mirent accent sur la production agricole expansion territoriale fut
dorénavant liée la force militaire et aux domaines patrimoniaux essor
Ashanti tat militaire qui assura la consolidation de la fédération par des
guerres incessantes vers la fin du xvne siècle serait né de cette mutation pro
fonde la fois économique et sociale de arrière-pays de la Côte de Or la

1406
COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

Illustration non autorisée à la diffusion

FIG Les villes négrières de la Côte des Esclaves est de la Volta au xvi siècle
après GAYIBOR op cit

constitution un centre politique centralisé Kumasi capitale impériale sus


cita la bureaucratisation une hiérarchie administrative et non plus commer
ciale offices tenus en mains par les grandes familles agrariennes44 Le pro
cessus accéléra du même coup le déclin ou même la disparition des centres mar
chands antérieurs des marchés périodiques et des foires On assista en somme
sous la pression atlantique une véritable régression politique et sociale45 Une
révolution occidentale était bloquée
Catherine COQUERY-ViDROVITCH
Université Paris- VII/C.N.R.S

1407
AFRIQUE XVI -XVIII SI CLES

NOTES

Celles-ci sont trop nombreuses pour être toutes citées ici Rappelons par exemple Guy LAS-
SERRE Libreville la ville etsa région Paris Colin 1968 Marc PAIN et René de MAXIMY Kinshasa
la ville et la cité et Kinshasa ville en suspens 1984 Pour une bibliographie urbaine en principe
exhaustive voir COQUERY-VIDRO VITCH The process of urbanization in Africa from the ori
gins to independence an overview paper African Studies Review vol 33 1991 pp 1-99
Cf Susan et Roderick MC NTOSH Prehistoric investigations in the region of enne
Mali study in the development of urbanism in the Sahel Oxford BAR 1980
Sur ce thème voir par exemple Dale TOMICH Slavery in the circuit of sugar Marti
nique and the world economy 1830-1848 Baltimore the John Hopkins University Press 1990
Pour un exposé succinct des correspondances chronologiques entre traite négrière et économie
de plantation américaine voir COQUERY-VIDRO VITCH Les conditions de la dépendance his
toire du sous-développement africain Review ix 1985 pp 85-110 rééd in COQUERY-
VIDROVITCH et REST eds Décolonisations et nouvelles dépendances Presses Universitaires de
Lille 1986 pp 25-50
Cf Paul LOVEJOY Thé volume of the Atlantic slave-trade synthesis Journal of
African History 23 1982 pp 473-501 Voir aussi Charles BECKER Note sur les chiffres de la
traite atlantique fran aise au xvine siècle Cahiers Etudes africaines 104 xxvi-4 1986
pp 633-679 et Serge DAGET Note de lecture La traite des noirs par Atlantique depuis 1988
Revue Fran aise Histoire Outre-Mer II 292 1991 pp 397-404
Cabo verde Boletim de Informa Propaganda année ix no 106 1958 Voir
Elisa ANDRADE-SiLVA La formation des îles au Cap-Vert et Jo ESTEV Peuplement et
phénomènes urbanisation au Cap-Vert pendant la période coloniale 1462-1940 Michel
CAHEN éd Bourgs et villes en Afrique lusophone Paris Harmattan 1989 pp 23-62
Jean BOUL GUE Relation de Francisco Andrade sur les îles du Cap-Vert et la côte occi
dentale Afrique 1582 Bulletin de IFAN-B XXIX 1-2 1967
Portugais bien entendu et Espagnols par union entre 1580 et 1604) mais aussi Hollandais
partir de 1596 Anglais Fran ais Brandebourgeois Suédois Danois dont il ne faut pas oublier
ils constituèrent au xvine siècle le plus grand empire maritime Europe du Nord Les
marchands danois visitèrent pour la première fois la côte de Guinée sous le règne de Christian II
1588-1644) où ils rapportèrent un peu ivoire or et de sucre En 1656 Frédéric III créa la
compagnie charte africano-guinéenne est en 1659 que les Danois achetèrent leur premier
emplacement sur la Côte de Or Fredericksberg en 1666 ils acquirent Christianborg-Accra
Puis ils établirent une série de postes de commerce ou lodges dans le delta des Volta Les activités
danoises se poursuivirent sur la côte africaine jusque vers 1850 Jean GROVE et
JOHANSEN The historical geography of the Volta Delta Ghana during the period of Danish
Bulletin de IFAN-B XXX no 1968 pp 1376-1377
Cf A.W LAWRENCE Trade castles and forts of West Africa Londres Jonathan Cape
1963 Fageed new checklist of the forts and castles of Ghana Transactions of the his
torical society of Ghana IV 1961 65 Van DANTZIG et PRIDY short history of the
forts and castles of Ghana Accra 1971 GAYIBOR Les villes négrières de la Côte des Esclaves
au xvine siècle dans COQUERY-VIDRO VITCH éd Processus urbanisation en Afrique Paris
Harmattan 1988 pp 50-58
LAWRENCE op cit
10 BALLONG-WEN-MEWUDA Saint-Georges de la Mine Elmina et son contexte socio-histo
rique pendant occupation portugaise 1482-1637) Thèse de 3e cycle Université Paris 1984
11 Un certain nombre de monographies existent et ont été plus ou moins reprises par des
textes modernes Voir par exemple LOPEZ Jo Batista de Ajuda Lisbonne 1939
Cf aussi notes 10 13 42
12 Op cit. 29
13 Casimir AGBO dit Alidji Histoire de Ouidah du XVe au XXe siècle Les Presses Universi
taires 1959 cette chronique commen être rédigée en 1945)

1408
COQUERY-VIDROVITCH LA CIVILISATION URBAINE

14 Voir sur histoire de la progressive prise en main du protectorat Fanti par les Anglais
KIMBLE political history of Ghana The rise of Gold Coast nationalism 1850-1928 Oxford
Clarendon Press 1963
15 En 1682 la compagnie du Brandebourg donnait ordre que les stocks soient prévus pour
dix-huit mois incluant pain et farine huile sel savon brandy viande et charcuterie chaussures
chaussettes chapeaux chemises et autres vêtements LAWRENCE op cit. 86
16 Casimir îâî op cit
17 La plus grande connue se trouve Elmina de facture portugaise révélée par les grandes
briques rouges utilisées et la section rectangulaire des tuyaux qui amenaient eau captée des toits
voisins travers les rigoles courant le long des pavements de la cour ouverture percée
dans la voûte de la citerne LAWRENCE 91
18 Ibid. 104 Le premier témoignage est de Pina le second de Barros qui écrivait vers
1550 Cf Asia de Jo de Barros Dos feitos que os Portugueses fizeram no descrobrimento
conquista dos mares terras de Oriente 6e éd Lisbonne Ministère des Colonies 1945)
19 Voir la Citadelle Henri construite de 1808 1820 au nord Haïti et jamais achevée. Mais
il agissait aussi un tat en fait le premier tat indépendant de histoire américaine qui
venait proprement parler de réussir sa guerre de libération nationale
20 Cité par LAWRENCE op cit. 85
21 Francis MOORE Travels into inlands parts of Africa Londres Cave 1738
22 John BARBOT description of the coast of North and South Guinea Londres 1732
23 Cf Anthony KING The bungalow The production of global culture Londres Rou-
tiedge and Kegan Paul 1984 Marianno CAMEIRO da CUNHA et Pierre VERGER From slave quar
ters to town houses Brazilian architecture in Nigeria and the Republic of Benin
Paulo Nobeli Edusp 1985 Les deux auteurs attachent souligner expansion rapide au
xixe siècle de ces formes architecturales en Afrique mais en dépit de leurs analogies sans penser
les rattacher ni une autre au passé ancien
24 Le fort danois de Ouidah fut revendu la maison Fabre de bonne heure
25 La société fut expulsée du Dahomey occasion de la première guerre mondiale Casimir
AGBO op cit
26 Marion JOHNSON Indigenes or invaders Antiquity 39 1965 pp 59-60
27 Il en somme fallu une conjoncture anecdotique heureuse le mariage un chercheur afri
caniste américain avec une Néerlandaise pour fabriquer cet oiseau rare un historien de
Afrique occidentale familier des archives de ce pays où les recherches outre-mer ont plus naturel
lement tendance privilégier aire Asie-Pacifique. Voir Ray Trade and polities in the
XVIIth century Gold Coast Baltimore The University of John Hopkins Press 1982 On trouvera
dans cet ouvrage une part des références utilisées ci-dessous tirées donc pour la plupart des
archives néerlandaises ouvrage est une remarquable richesse documentaire bien que les maté
riaux accumulés soient agencés une fa on parfois indigeste
Voir aussi POSTMA J.-M. The Dutch in thé international slave trade 1600-1815 Probs-
thain Londres 1990
28 Cf William BOSMAN new and accurate description of the coast of Guinea 1725 4e éd.
rééd New York 1967 298
29 Cf Timothy GARRARD Study in Akan goldweights the origins of the goldweight
system Transactions of the Historical Society of Ghana 13 1972
30 Guy Bois La mutation de an mil Lournand village ma onnais de Antiquité au feoda
lisme Paris Fayard 1989
31 Ivor WELKS The northern factor in Ashanti History Begho and the Mande Journal
of African History II 1961 pp 25-34 Kwame ARHIN The structure of Greater Ashanti
1700-1824) Journal of African History VIII 1.1967 pp 65-85
32 Cf par exemple Merrick POSNANSKY Aspects of early West African trade World
Archaeology vol no 1973 Sur Great Accra Paul OZANNE Note of the historic archeo
logy of Accra Transactions of the Historical Society of Ghana no 1963 Sur Asebu

1409
AFRIQUE XVH-XVIlle SI CLES

NuNOO Excavations at Asebu in the Gold Coast West African Science Association
Journal 1957 Pour une revue de synthèse Graham CONNAH African civilisations Precolonial
cities and states in tropical Africa an archaeological perspective Cambridge University Press
1987 chap et
33 Je reprends quasiment ici dessein une phrase de Guy Bois propos de la révolution
urbaine dont il parle dans le Ma onnais partir du xie siècle op cit. 125-126
34 Guy Bois op cit. 127
35 Communication orale de Jean-Loup AMSELLE
36 Source danoise citée par op cit. 107
37 Cf JohnIuFFE The African poor history Cambridge University Press 1987chap 4et6
38 Cf Bois op cit. 144
39 Sur les cités- tats Hausa Griffeth ROBERT Thé Hausa City-State from 1450 to 1804
Griffeth ROBERT et THOMAS Carol G. The City-State in Five Cultures Oxford Clio Press 1984
pp 143-180 Les études sur urbanisme Yoruba ancien qui donné lieu une abondante littéra
ture et de nombreuses controverses il serait trop long exposer ici ont plus ou moins
commencé avec un article de Bascom William Urbanization among the Yoruba American
Journal of Sociology vol LX 1955 pp 446-454 suivi de Urbanism as traditional african
pattern Sociological Review 1959 pp 29-43 Le même auteur résume ses thèses en fran ais
dans Les premiers fondements historiques de urbanisme Yoruba Présence africaine 23
décembre 1958-janvier 1959 pp 22-40 achève actuellement sur ce thème une étude de synthèse
sur histoire des villes en Afrique des origines au XIXe siècle
40 Cf Claude MEILLASOUX Anthropologie de esclavage Le ventre defer et argent Paris
PUF 1986 chap
41 GAYIBOR Les villes négrières de la côte des esclaves op cit Voir dans le même
ordre idées sur la côte du Nigeria actuel Robin LAW Trade and politics behind the slave
coast the lagoon traffic and the rise of Lagos 1500-1800 Journal of African History 24 1983
pp 321-348
42 Cf la première étude par Simone BERBAIN Le comptoir fran ais de Juda Ouidah au
XVIIIe siècle Paris Larose 1942
43 Cf Donald CRUMMEY Bandiry rebellion and social protest in Africa Londres Currey
et Heinemann 1986
44 Ivor WiLKS Asante in the nineteenth century The structure and evolution of political
order Cambridge University Press 1975
45 Sur les détails de cette histoire mouvementée voir entre autres COQUERY-VIDRO-
VITCH Afrique noire Permanences et ruptures Paris Payot 1985 chap et Le manuel de
Serge DAGET et RENAULT P. Les traites négrières Karthala 1985 demeure un précis utile
Consulter également par Dennis CORDELL et Joël GREGORY eds African population and
capitalism historical perspectives Westview Press 1987

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