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DISPARITION

MORT DE CHARLEY
PRIDE, SUPERSTAR
NOIRE DE LA
COUNTRY
Par Olivier Lamm (https://www.liberation.fr/auteur/15495-olivier-lamm)
— 14 décembre 2020 à 15:42 (mis à jour à 15:59)

Originaire du delta où naquit le blues, le


musicien ne jurait que par Hank
Williams et le Grand Ole Opry. Il est mort
du Covid-19 dimanche, à l'âge de 86 ans.
Charley Pride, en 1979. Photo Pictorial press. Dalle

Ce n’est pas un musicien qui lui fit entrevoir «la voie de sortie des
champs de coton» du Mississippi, au cœur du delta où naquit le
blues, mais Jackie Robinson, pitcher de génie et premier Noir de la
Major league de baseball qui ouvrit la voie pour la révolution des
droits civiques. Dès le milieu des années 50, Charley Pride, né
en 1934 au sein d’une fratrie de onze enfants, fit tout pour percer
comme sportif en espérant briser, comme son héros, le plafond de
verre blindé qui le séparait du succès. En vain, jusqu’à un jour plus
heureux que les autres de 1963 où, alors qu’il partageait ses journées
entre les journées à la fonderie de plomb de Helena, Montana, les
matchs au sein d’une équipe semi-pro locale et les concerts dans les
honkytonks avec son groupe, The Night Hawks, il fut repéré par Red
Sovine et Red Foley.

Stentor grésillant et léger vibrato


Les deux néo-cowboys aux costumes impeccables et visages pâles
bien identifiés à la télé, le convainquirent de venir tenter sa chance à
Nashville, d’ores et déjà l’épicentre de la country grâce à la barn
dance radiophonique The Grand Ole Opry, que Charley Pride
écoutait religieusement depuis l’enfance. Là, Pride ne mit pas
longtemps à emboîter le pas d’un autre fana de l’Opry, Ray Charles,
qui avait sorti le révolutionnaire Modern Sounds in Country and
Western Music en 1962. Mais Charles le Géorgien était un chanteur
de soul ; Pride, lui, pas du tout. Son stentor, magnifiquement
grésillant, et son léger vibrato, étaient ceux d’un crooner de cowboy
au grand cœur, mélancolique et soft, comme ceux qui récoltaient des
standing-ovations au Grand Ole Opry chaque samedi soir.

À LIRE AUSSI
Ken Burns : partie de
«Country»(https://next.liberation.fr/musique/2020/12/11/partie-de-
country_1808410)

En d’autres termes, il chantait comme un Blanc ; aussi ses premiers


soutiens à Nashville, Chet Atkins et «Cowboy» Jack Clement, le
marketèrent chez RCA, le label d’Elvis, comme un chanteur onctueux
et discret pour l’imposer par petites étapes, en cachant littéralement
son visage et ses origines dans les textes promotionnels le
mentionnant, pendant plus de deux ans. Au mitan des sixties, bien
sûr, la country music avait été séparée pour de bon, par l’industrie
phonographique américaine, de la «race music» qui résumait pour le
public, peu importe qu’elle soit folk, blues ou pure «hillbilly music»
des Appalaches, la musique jouée par des Noirs. Aux oreilles des
amateurs, les disques de Pride, remplis de standards signés Jim
Reeves ou Hank Williams plein de steamboats, de stetsons et de
freight trains dont l’Amérique raciste s’était convaincue en dépit de
la réalité sous ses yeux qu’ils n’existaient que pour les Blancs, ne
pouvaient être ceux d’un Noir.

Une exception et une anomalie


Alors quand il monta sur scène pour son premier grand concert,
en 1966, à Detroit, le public retint son souffle, estomaqué, et Charley
Pride ne put faire autrement que de plaisanter sur son «bronzage
permanent». Sa première apparition sur la scène du Grand Ole
Opry, en 1967, grâce au succès phénoménal de sa version de Just
Between You and Me qui lui avait valu une nomination aux Grammy
Awards de 1966, est un événement méconnu, hors d’Amérique du
Nord, de l’histoire des Etats-Unis. Pride était seulement le deuxième
musicien noir à monter sur la scène de l’émission, plus de vingt ans
après l’harmoniciste DeFord Bailey. Une fois passée l’épreuve –
deux chansons jouées fébrilement, dont la sublime bluette de son
ami Hank Williams, I Can’t Help It (If I’m Still in Love with You),
Charley Pride devint une superstar et l’étendard idéal, prouvant que
les institutions de la country n’étaient pas racistes. Comme une triste
évidence, il resta jusqu’à la fin de sa carrière, une exception et une
anomalie – la seule institution noire d’un genre meurtri d’avoir été
confisqué, juste après la naissance, de sa diversité. Charley Pride est
mort samedi, à l’âge de 86 ans, des suites de complications liées au
Covid-19.
Charley Pride (I Can't Help It If I'm Still In Love With You )

Olivier Lamm (https://www.liberation.fr/auteur/15495-olivier-lamm)

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