Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
+ L I V R ES
ES(( / L I V R ES ,6 0 ) + SCÈNES(/THEATRE,28)
+ ARTS(/ARTS,99964) + IMAGES(/IMAGES,100296)
+ LIFESTYLE(/VOUS,15) + MODE(/MODE,99924)
+ BEAUTÉ(HTTPS://WWW.LIBERATION.FR/BEAUTE,100215)
+ FOOD(/FOOD,100293)
INTERVIEW
ROBERT LITTELL:
«JOHN LE CARRÉ
ÉTAIT D'ABORD UN
IMMENSE ÉCRIVAIN»
Par Alexandra Schwartzbrod (https://www.liberation.fr/auteur/1945-
alexandra-schwartzbrod)
— 14 décembre 2020 à 14:07
«Je n’ai jamais rencontré John le Carré mais je peux vous raconter
une anecdote. Un jour, mon agent littéraire, Ed Victor, le reçoit dans
son bureau de Londres. Au moment où le Carré s’apprête à partir
pour regagner sa campagne, il demande à Ed s’il n’a pas un livre à lui
donner pour lire dans le train. Alors Ed lui passe un de mes romans.
Une fois arrivé chez lui, le Carré rappelle Ed et lui dit : "C’est trop
compliqué, ton Littell !" Ce qui est un comble car ses romans étaient
eux-mêmes très compliqués !
«Pour moi, il était bien plus qu’un auteur de romans d’espionnage,
c’était un immense écrivain. Son fort n’était pas seulement son
thème de prédilection, c’était surtout son style d’une immense
élégance.
«Il a analysé la guerre froide comme peu d’écrivains l’ont fait car il
avait eu un pied dedans à l’époque où il était un agent des services
secrets britanniques. Il a vu l’ironie, le ridicule de cette guerre froide
qui, pendant cinquante ans, a été un vrai gaspillage de vies humaines
et d’argent.
«A la chute du mur de Berlin, tout le monde a dit que c’en était fini
de la source d’inspiration de le Carré et que la qualité de ses livres
allait s’en ressentir. Mais il a su s’adapter, il s’est engagé sur d’autres
pistes et notamment la corruption internationale. Il avait beaucoup
d’énergie et n’hésitait pas à aller enquêter sur le terrain ou à plonger
dans des archives.
«Depuis longtemps, je n’écris plus et je ne lis plus de romans
d’espionnage. "I moved on". Je suis passé à autre chose…»