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RAPPORT D’ENQUETE
SUR LE COMMERCE
DE LA VIANDE DE BROUSSE
EN PERIODE DE FERMETURE DE CHASSE
SUR LES MARCHES DE POINTE-NOIRE
GECKO
Contexte
La législation congolaise, et plus précisément la loi 48/83 du 21 avril 1983, réglemente tous les
aspects relatifs aux activités cynégétiques.
Ainsi, d’après ces textes, les mois compris entre le 1er novembre et le
1er mai de chaque année sont dédiés à la reproduction des espèces animales
sauvages et ainsi à la reconstitution des populations chassées sous quotas le
reste de l’année.
Il est donc théoriquement interdit de pratiquer la chasse dans un but
commercial durant cette période. Malheureusement, la réalité est tout autre.
En effet, le manque de moyen humain et financier que connaissent les
administrations compétentes, ne permettent pas de contrôles efficaces et
dissuasifs afin d’endiguer le braconnage excessif qui s’exerce (la Direction
Départementale des Eaux et Forêt du Kouilou ne compte que 3 agents dans
le service faune).
Rénatura a souhaité quantifier l’ampleur de ce phénomène et a effectué durant la période de
fermeture de chasse 2005/2006 une enquête sur les divers marchés de Pointe-Noire, région du
Kouilou.
Objectifs :
- Avoir une première estimation de l’ampleur du marché de viande de brousse en période de fermeture
de chasse sur les marchés de Pointe-noire.
- Connaître les espèces les plus touchées par ce braconnage.
1. Matériel et Méthode :
Les marchés enquêtés:
Sept marchés de Pointe-Noire ont été ciblés pour effectuer ses comptages :
- Le Grand Marché, - Le Marché du Quartier Faubourg,
- Le Marché de Tié-Tié, - Le Marché du Quartier Mvou-Mvou,
- Le Marché de Fond Tié-Tié, - Le Marché du quartier de Nkouikou.
- Le Marché du Quartier Mpaka,
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Malgré toutes ces précautions, il a été très difficile d’être réellement précis sur l’espèce exacte
observée. Nous avons donc préféré utiliser dans ce rapport des noms génériques pour désigner les
animaux recensés.
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2. Résultats :
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Marché Faubourg : 19 passages
Viande Viande Marché Mvou-Mvou : 19 passages
Grpes d’espèces Total
fraîche fumée Viande Viande
Grande antilope 57 71 Grpe d’espèces Total
128 fraîche fumée
Cercopithèque 16 27 43 Grande antilope 40 68 108
Potamochère 4 2 6 Cercopithèque 22 15 37
Pangolin 11 7 18 Potamochère 1 3 4
Aulacode 0 34 34 Pangolin 7 4 11
Porc épic 35 41 76 Aulacode 3 35 38
Civette 4 2 6 Porc épic 30 55 85
Céphalophe 36 24 60 Civette 2 2 4
Buffle 2 7 9 Céphalophe 28 24 52
Potto 1 1 2 Buffle 1 1 2
Crocodile 33 30 63 Potto 0 1 1
Python 18 9 27 Crocodile 40 30 70
Varan 8 6 14 Python 20 7 27
Tortue marine 5 3 8 Varan 11 3 14
Tortue d’eau douce 3 0 3 Tortue marine 7 3 10
Tortue terrestre 7 0 7 Tortue d’eau douce 6 0 6
Chimpanzé 1 0 1 Tortue terrestre 13 0 13
Calao 1 0 1 Chimpanzé 0 1 1
Touraco 1 0 1 TOTAL 231 252 483
Lamantin 0 1 1
TOTAL 243 265 508
b. Tableau synthétique :
Nbre total Nbre Moyen
Nbre de
Marché d’animaux d’animaux recensés
passages
recensés par passage
Grand marché 14 1499 107
Tié-Tié 19 832 44
Fond Tié-Tié 18 586 33
Nkouikou 15 509 34
Faubourg 19 508 27
Mvou-Mvou 19 483 25
Mpaka 15 205 14
TOTAL 119 4622 39
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c. Nombre d’individus recensés par groupe d’espèces :
3. Discussion :
Espèces recensées :
Les vendeurs de marchés ne sont souvent que les derniers maillons d’un réseau plus large qui
comprend de nombreux intermédiaires. La méconnaissance de ceux-ci vis-à-vis des espèces exactes
qu’ils commercialisent s’explique alors facilement. Cependant, le nom vernaculaire ainsi que l’aspect
de l’animal présent sur la table a généralement permis d’identifier les genres recensés. Les grands
ongulés, appelés communément “gazelle”, ont cependant posé de nombreux problèmes lors de leur
reconnaissance. Dans un souci de rigueur, ces individus ont été regroupés sous l’appellation “grande
antilope”.
Les espèces inventoriées sont aussi bien des animaux dont la chasse est autorisée que des animaux
partiellement ou intégralement protégés.
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Le Grand marché, situé aux abords de la banlieue de Pointe-Noire, détient tous les records en
matière de viande de brousse. Une moyenne de 107 animaux fumés, frais ou vivants, y a été recensée à
chaque visite.
Extrapolation :
En comptant qu’un marché ferme 2 jours par semaine, que la période de chasse dure 26 semaines
environ et que sur chaque marché on dénombre en moyenne 39 têtes de gibier par jours, ces sept
marchés peuvent avoir accueilli 35 490 animaux sur leurs étals, au cours de la période de fermeture de
chasse 2005/2006,
.
Ce résultat n’est qu’une extrapolation et peut très bien être en dessous ou au dessus de la réalité.
Néanmoins il présente l’intérêt de donner une idée approximative de l’ampleur de ce commerce illicite
dans la ville de Pointe-Noire.
Conclusion
Malgré la réglementation congolaise en matière de chasse, force est de constater que le
braconnage de la faune sauvage est continu durant la période de fermeture de chasse et que la viande
de brousse transite sans trop de problème jusque sur les étales des marchés de Pointe-Noire.
Les chiffres sont alarmants et démontrent un pillage excessif des ressources naturelles durant une
période réservée à la reproduction de ces espèces. Il n’est d’ailleurs pas rare de trouver une femelle en
gestation parmi ces viandes.
Malheureusement ce problème comporte de nombreuses facettes et n’est pas aisé à endiguer. En
effet, la consommation de gibier est une tradition ancestrale, les revenus de ces chasses un moyen de
subsistances pour de nombreuses familles rurales et nombreux sont les intermédiaires qui vivent de
cette ressource.
Pour parer à ce phénomène, il serait donc essentiel d’une part de mener de larges campagnes
d’information sur les raisons de la fermeture de chasse et les risques du braconnage intensif aussi bien
auprès des citadins que des ruraux. D’autre part, il est prioritaire d’augmenter les ressources des
autorités responsables de la réglementation en matière de faune.
Enfin il serait intéressant d’initier des élevages de viande de brousse. Le changement des
habitudes alimentaires est très difficile. Pouvoir proposer aux consommateurs la même viande mais
issue d’un élevage dont les qualités sanitaires peuvent être vérifiées apporterait une alternative
constructive à ces pratiques tout en créant de nouveaux emplois.
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