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ÉTUDES
C E LT I Q U E S
FONDÉES PAR
J. Vendryes
CNRS EDITIONS
15 rue Malebranche – 75005 Paris
COMITÉ DE RÉDACTION
Président :
Pierre-Yves Lambert
Président d’honneur :
Venceslas K ruta
Secrétaire :
Jean-Jacques Charpy
Membres :
Jaccopo Bisagni
Emmanuel Dupraz
Stéphane Fichtl
Brigitte Fischer
Patrick Galliou
Hervé L e Bihan
Jean L e Dû
Thierry L ejars
Secrétaire de rédaction :
Marie-José Leroy
La rédaction remercie chaleureusement Christophe Bailly (AOROC, CNRS-ENS)
pour sa contribution à l’iconographie de ce volume.
Pour tout ce qui concerne la rédaction de la revue et en particulier la soumission d’un article,
s’adresser à
Pierre-Yves Lambert
212 rue de Vaugirard
75015 Paris
lambert.pierre.yves@gmail.com
et
Marie-José Leroy
Laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (CNRS-ENS)
marie-jose.leroy@ens.fr
(Voir aussi « Recommandations aux auteurs » en fin de volume.)
Renseignements :
CNRS ÉDITIONS
15 rue Malebranche
75005 Paris
Tél. : 01 53 10 27 00
Fax : 01 53 10 27 27
par
Jacques LACROIX
1. Meid, 1990.
2. Ibid. Voir aussi Delamarre, 1999.
3. Pokorny, 1959, p. 267.
4. LEIA, Lettre D, 1996, D-163, 164, 168 ; Delamarre, 2003, p. 152.
*dubu-, qui signifiait en celtique « sombre », « noir » (le sens principal n’aurait pas
été affecté, mais des connotations ont dû jouer)5.
Les Dobunni se trouvaient aussi établis au ponant (terme qui désigne étymolo-
giquement « ce qui se pose, se couche ») : essentiellement dans la région de Bristol
et de Gloucester, qui s’ouvre sur l’estuaire de la Severn donnant accès aux côtes de
l’Angleterre, en direction du soleil du soir.
Le peuple légendaire des Fir Domnann aurait- il désigné des « Hommes-
Sombres » ? Des « Hommes-qui-viennent-du-Monde-d’En-Bas » ? On pressent de
nouveau un domaine mythique, difficile à interpréter. Une déesse *Domnū a été
envisagée21 ; elle n’est nulle part attestée. Le Livre des conquêtes de l’Irlande donne
une explication fondée sur la condition servile passée des Fir Domnann : ils étaient
employés aux travaux forcés de la mine, devant creuser la terre toujours plus profon-
dément22. La même interprétation a été avancée pour les Dumnonii, installés dans un
pays riche en gisements stannifères23. Faute d’explication satisfaisante, une majo-
rité d’analystes a tenté d’éclairer la ressemblance des noms entre les Fir Domnann
et les trois peuples des Damnonii, des Dobunni et des Dumnonii par l’existence
de liens ethniques : n ’aurait-on pas affaire à de mêmes populations originaires de
Cornouailles, dispersées pour échapper à la conquête romaine ? En réalité, l’appel-
lation des Fir Domnann se justifie par le fait qu’ils étaient des « Hommes-du-Pays-
du-Soleil-Couchant » : venus habiter l’Irlande, à l’occident du monde celtique. Cette
étymologie serait d’autant moins étonnante que les noms du pays : Ériu > Éire et
Iraland > Irlande, ont été suspectés d’être en rapport étymologique avec un thème
linguistique ayant désigné l’« ouest »24. L. Deroy et M. Mulon évoquent à ce propos
une racine *ier25, qu’on pourrait rapporter au celtique *ēri- à l’origine de l’irlandais
ancien íar, de *eiro-< *epi-pro, « derrière », « à l’ouest », évoqué par X. Delamarre.
Dumnonium28. Nous voyons que ces terres sont parmi celles qui sont le plus à l’ouest
de toute la Grande-Bretagne. Leur dénomination celtique ancienne devait souligner
cette situation, même si l’on note l’appartenance aux Dumnonii, comme dans le cas
précédent.
À l’autre extrémité de la Grande-Bretagne, dans le nord-ouest de l’Écosse, il est
plus étonnant de constater qu’il existait dans l’Antiquité une Dumna insula, citée par
Pline29 puis par Ptolémée30. Elle a été identifiée à Lewis et Harris, île des Hébrides
extérieures31. On a fait de cette Dumna insula une terre « profonde » : jugée secrète,
mystérieuse. Ou une île de la mer « profonde » : terre excentrée, lointaine. Certains
y ont vu le nom d’une divinité, à laquelle on avait déjà recouru sans qu’elle soit
attestée32. D’autres ont évoqué la présence de tourbières dans la partie nord de l’île,
le toponyme étant censé s’expliquer par un gaélique Dubh Moine ou Dubh Monadh,
« tourbe noire ». Toutes ces hypothèses nous semblent à écarter. La Dumna insula
était simplement l’« Île-
du-
Soleil-
Couchant ». Confirmation de ce sémantisme :
aujourd’hui, l’archipel des Hébrides est parfois appelé Western Isles, les « Îles de
l’Ouest ». Cette dénomination n’est que la traduction, l’adaptation moderne du nom et
du sens celtiques anciens.
Remarquons, pour les différents ethnonymes et toponymes cités, le lien des
territoires concernés avec la mer : les populations voyaient le soleil à l’ouest s’en-
foncer « profondément » dans les eaux où il disparaissait. Issus du même radical
indo-européen *dheub- à l’origine des noms cités, le grec βυϑός et l’ionien βυσσός
désignaient la « profondeur de la mer »33. Comme il a dû avoir des rapports avec le
celtique *dubus, « noir », le celtique *dubnos a eu sans doute des connexions avec le
thème voisin *dubron, « eau », et en a reçu des connotations, même si l’apparente-
ment reste incertain34.
Ethnonymes gaulois
gai, « écume », se soit appliqué aux eaux « agitées » de la mer, la peuplade étant dési-
gnée comme « Ceux-des-Flots-du-Couchant » : établie près des rivages de la mer du
Nord. Une explication différente n’est pas à exclure. Un thème celtique *geso-/*gaiso-
nommait un « fer de javeline » (lat. gaesum), mais vraisemblablement aussi, par méta-
phore toponymique, une « pointe de terre », un « cap », une « île à la forme étirée »37. La
peuplade pouvait être installée dans les îles ou presqu’îles de Zélande, vers la limite
des actuels Pays-Bas. Dans les deux hypothèses, elle se trouvait sur la frange occiden-
tale des Nerviens (thème *dumno-), à l’extrémité nord-ouest du peuplement celtique
belge, par rapport à la plaine d’outre-Rhin d’où venaient les migrations.
Dans la Bretagne armoricaine, Strabon, reprenant les indications de Pythéas et
d’Ératosthène, mentionne le peuple des Ὠστιμίοι (Ostimii)38. Or, certains manuscrits
de la Géographie les appellent Ὠστιδάμνιοι (Ostidamni)39. Pour de nombreux celti-
sants, ces Ostidamni ou Ostimii sont l’appellation ancienne des Ὀσίσμιοι (Os[s]ismi),
ethnonyme utilisé par le même Strabon au livre IV40. Au radical -damn- (qu’on trouve
chez l’auteur grec à la place de -dumn-) s’est ajouté un élément Osti-, présent sous la
forme Ossi- dans le nom des Osismes. Il provient d’un celtique *ostimos, « ultime »,
« extrême », comparable au latin postumus41. Les Ostidamni étaient donc le « Peuple-
de-l’Extrémité-des-Terres-du-Couchant », les « Ultimes-de-l’Ouest » : dernier terri-
toire établi à la pointe occidentale de l’Armorique (Finistère nord et Ouessant).
Parmi les petites peuplades de la Gaule Aquitaine, Pline cite les Pinpedunni42.
Les variantes Pinpedumni et Pindedunni révèlent comme second composant l’élément
-dumn-, devenu -dunn- par assimilation. Il suggère une implantation à l’extrémité
occidentale des Pyrénées, près de la bordure maritime (ce qui concorde avec l’exposé
du naturaliste, citant des peuplades périphériques). Le premier élément est identi-
fiable au celtique pempe, « cinq » ; mais on peut aussi y voir une variante du thème
penno-, « extrémité », « tête », « pointe »43. On songera en ce cas à une avancée des
terres dans la mer, près de laquelle la peuplade aurait été établie : cap d’Hendaye ou
cap du Figuier.
Toponymes gaulois
Après des ethnonymes, peut-on trouver trace de toponymes gaulois formés sur le
thème *dubno- ?
Grâce à la correspondance d’Ausone, poète aquitain du ive siècle, nous savons
que son ami Théon possédait sur l’ancien territoire médulle une propriété nommée
37. Lacroix, 2012, p. 73‑74, avec traces toponymiques ; également Lepelley, 1999, p. 18.
38. Géographie, I, 4, 3.
39. Fleuriot, 1980, p. 311 ; Billy, 1993, p. 117.
40. Jullian, 1909, p. 418 ; Fleuriot, 1980, p. 311‑312 ; Abalain, 1989, p. 13‑14.
41. Fleuriot, 1980, p. 312.
42. Histoire naturelle, IV, 108.
43. *Penne-a pu se dissimiler en Pinde- comme Gobann-/Gobenn-s’est mué en Gobe(n)d-sur
l’inscription gauloise d’Alise-Sainte-Reine (L-13).
Ethnonymes gaulois
Comme pour le thème *dubno-, nous trouvons des noms de peuples formés sur le
thème *albio-.
Cités par César et par Pline, les Albici (distingués par Strabon entre ’Αλβιεĩς et
’Αλβίοιχοι, Albiens et Albièques) avaient un ethnonyme fait sur ce thème56. C’était le
« Peuple-du-Pays-Lumineux », peut-être une fédération de peuplades gauloises. Leur
centre principal d’établissement se situait sur des terres entre le Vaucluse actuel
et les Alpes-de-Haute-Provence, dans la région d’Apt57. Leur souvenir se retrouve
dans l’appellation du pays d’Albion, de la montagne d’Albion, du plateau d’Albion,
ainsi que des villages de Saint-Christol-d’Albion (Vaucluse) et de Revest-du-Bion
(Alpes-de-Haute-Provence)58. À une soixantaine de kilomètres plus à l’est, est établie
la localité de Riez, dont l’ancien nom était Alebaece59, ce qui laisse supposer une
présence albique en ces lieux ; à quelques kilomètres, le village d’Albiosc garde vrai-
semblablement trace de ce groupe d’Albici60.
Dans les différents lieux attachés aux noms cités, on a souligné l’idée d’éléva-
tion (contraire à celle de « profondeur » présente dans le thème *dubno-) : ils cor-
respondent à des zones de préalpes. On y a perçu aussi la notion de blancheur (en
opposition aux noms en *dubno-, influencés par l’idée de « noir ») : ce serait une
allusion à la neige recouvrant l’hiver les hauteurs, ou au soleil dont l’éclat se reflète
l’été sur les pierres calcaires61. Ces connotations étaient sans doute agissantes, mais
on avait affaire surtout à des territoires « du-Soleil-Levant » : situés à l’est de la Gaule,
baignés des rayons ascendants de la lumière, comme le couchant était accompagné
des ombres de la nuit.
Albi, dans le Tarn, est appelé Albigensium civitas au ve siècle, ce qui apparenterait
son nom à celui des Albici. La localité ne se montre pas implantée à l’est. Mais on fait
l’hypothèse qu’une fraction des Albiques, jusque-là établis en Haute-Provence, était
partie s’installer chez les Rutènes, dans le secteur d’Albi62.
Territoires d’Espagne
et de Grande-Bretagne celtiques
En dehors de la Gaule, deux appellations de territoires issues du thème *albio-
semblent poser problème, car on les trouve à l’ouest des terres celtiques.
En premier lieu, la peuplade celtique des Albiones, établis dans le nord-ouest
de la péninsule Ibérique63, ce qui semble contredire nos analyses. En fait, comme
nous l’avons vu pour le nom de Roanne et du Renaison, les notions d’ouest et d’est
peuvent s’être appliquées non pas à l’ensemble des peuples d’une nation, mais à
un seul de ses composants. Si, au lieu de toute l’Espagne celtique, on prend en
compte seulement la Galice romaine et la Callaecia qui l’a précédée, force est de
reconnaître que les Albiones se trouvaient sur la côte orientale de ce territoire,
juste contre la frontière est avec les Astures (la rivière Navia ayant dû marquer la
limite)64. Pour les différentes populations galiciennes, les Albiones étaient donc les
« Gens-établis-au-Soleil-Levant ».
La Grande- Bretagne s’appelait jadis Albion : terme attesté chez le Pseudo-
Aristote, Pline l’Ancien, Marcian, chez Avienus, etc.65. Ce nom, rapporté au cel-
tique *albio-, « lumineux », a été expliqué par les falaises crayeuses du Kent, vues
du continent. Plusieurs commentateurs jugent l’étymologie de la « Blanche » Albion
assez improbable : les falaises blanches sont limitées à des zones bien précises ; elles
ne sauraient avoir caractérisé toute l’île de Bretagne ; et on a du mal à croire que tant
de peuples insulaires se soient nommés sur une particularité purement physique66.
W. Meid a proposé de comprendre le nom d’Albion comme ayant signifié le « Monde-
Lumineux », le « Monde-d’En-Haut »67 ; mais quel sens a eu cette désignation ? Si
nous suivons notre interprétation du thème *albio-, nous aboutissons à un résultat
pire encore : comment la Bretagne insulaire aurait-elle été nommée le « Monde-de-
l’Est », alors qu’elle se situe parmi les terres les plus occidentales des Celtes ? En
réalité, il faut prendre comme repère l’Irlande, qui est la dernière terre à l’ouest. On
a vu que cette position pourrait expliquer, pour certains, les noms d’Éire et d’Irlande,
qui seraient à relier à une racine celtique ayant désigné l’« ouest ». Pour les anciens
habitants de l’Irlande, l’île de Bretagne aura été perçue comme une terre placée à
l’est : du côté du soleil levant ; pour les mêmes raisons, l’Écosse a pu être désignée
ensuite par le même nom. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’appellation d’Albion,
délaissée au fil des siècles, est restée longtemps ancrée dans la tradition irlandaise :
il avait dû émaner d’elle.
Outre des noms de peuples, des noms de localités antiques se montrent formés sur
le thème *albio-(exactement comme pour le thème *dubno-).
La localité d’Albacete (jadis Alba Cita) est placée très à l’est dans la péninsule
Ibérique, sa province étant située dans le « Levant espagnol » ; elle devait en outre
se trouver à l’extrémité orientale des Oretani. Un toponyme antique Albonica, noté
dans l’Itinéraire d’Antonin, correspondait à un relais sur la voie de Laminium à
Caesarea Augusta ; on l’identifie à la petite localité d’Alba, à 35 km de Teruel, jadis
chez les Turbolétiens, peuple celtibère complètement à l’orient de la péninsule68.
D’autres établissements ont été implantés à l’ouest de l’Espagne, mais ils semblent
bien avoir été situés à l’est du territoire d’un peuple. Albocela, à Villalazán, près
de Zamora, est citée par Ptolémée (’Aλβόκελα)69 puis dans l’Itinéraire d’Antonin ;
elle pouvait se trouver vers l’extrémité nord-est des Vettones, près des Vaccéens.
*Albucrarum, évoquée chez Pline par ses habitants les Albucrarenses70, correspondait
sans doute à la localité de Tresminas, au nord du Portugal71 ; on était chez les Callaeci
Bracari, vers le sud-est de leurs terres.
66. Doutes exprimés en particulier par Guyonvarc’h, 1962, p. 625, et 1963, p. 371 ; Rivet et
Smith, 1979, p. 248 ; Delamarre, 2003, p. 37‑38.
67. Meid, 1990, p. 435‑436.
68. Roldan, 1975, p. 211 ; Erkoreka, 1997.
69. Géographie, II, 6, 50.
70. Histoire naturelle, XXXIII, 80.
71. Lacroix, 2010, p. 128.
Oronymes
Situé dans une zone géographique où étaient établis une série de peuplades
et de peuples gaulois, le massif des Alpes pourrait avoir un nom à rattacher au
thème celtique *albo-. Il est cité par Polybe sous la forme grecque ’Aλπεις, au
iie siècle avant notre ère78. Son appellation était jugée celtique dans l’Antiquité :
Servius79 affirme que le terme désignait de « hautes montagnes dans la langue des
Gaulois » (de Alpibus quae Gallorum lingua alti montes vocantur). Comme l’a envi-
sagé R. Thurneysen, il est tout à fait possible que le nom latin d’Alpes soit l’adap-
tation d’un celtique *Albos, formé sur le thème *albo-, « haut », « céleste »80. Du
reste, Strabon, dans sa Géographie, rapporte qu’« Alpia ou Alpina se disait autrefois
Albia »81. Le passage du celtique -b- au latin -p- se retrouve dans une série de noms,
comme le gaulois Carbanto- devenu chez les Romains carpentum (à l’origine de
notre « charpente »)82. On a souligné que le sémantisme de « blancheur », superposé
à la notion de « hauteur », s’appliquait on ne peut mieux aux sommets alpins. Mais
les habitants de la Gaule devaient aussi associer ces notions à la lumière du soleil
naissant sur les crêtes rocheuses. « Les ardeurs de Phébus frappent [la montagne
des Alpes] dès son lever », souligne Silius Italicus83. Les Alpes représentaient pour
les peuples gaulois des hauteurs éclatantes établies au levant. À 300 km à l’ouest,
ils pouvaient déjà apercevoir leurs cimes ; à Lyon, on voit de façon très distincte le
mont Blanc.
Nous retrouvons le même thème *alb(i)o- dans d’autres noms de hauteurs
situées à l’est du monde gaulois. Entre les Alpes juliennes et les Alpes dinariques,
une montagne formant un chaînon intermédiaire portait, selon Strabon, l’appellation
d’Albius mons (’Aλβιον), « monts Albiens » ; on l’identifie au massif du Karst84. Le
Jura souabe est une chaîne de montagnes de l’Allemagne, comprise entre Rhin et
Danube. Elle porte le nom allemand de Schwäbische Alb, qui conserve sa dénomina-
tion antique. Ptolémée l’appelle ’Aλπείοις / ’Aλπείων (Alpeion)85 ; Flavius Vopiscus
la nomme Alba86. On y a vu un homonyme du nom des Alpes. Nous y lirons un radical
celtique *alb- ayant désigné un haut massif situé vers l’orient : du côté du soleil
levant.
Dans les Pyrénées, enfin, entre le Languedoc-Roussillon et la Catalogne, s’étend
le massif des Albères. Son nom ancien (monte Albaria en 844) fait remonter à un cel-
tique *Alb-aria. Comment expliquer cette appellation alors qu’on n’était pas à l’est de
la Gaule ? C’est que le massif forme la partie la plus orientale des Pyrénées. Pour les
géographes, il constitue le dernier maillon à l’extrémité est de la chaîne montagneuse ;
pour les historiens, il marquait la limite est du territoire de Ruscino, ancienne terre
des Sordes ou Sordones.
Hydronymes
87. Velleius Paterculus, Histoire Romaine, II, 106, 2 ; Tacite, La Germanie, 41 ; Strabon,
Géographie, I, 14, VII, 292 ; Ptolémée, Géographie, II, 11.
88. Deroy et Mulon, 1992, p. 155.
89. Nègre, 1990, no 2756.
Un troisième et dernier volet de l’enquête sera consacré à étudier la valeur des dif-
férentes dénominations rencontrées. Pour tous les noms de peuples, d’établissements,
de hauteurs, de cours d’eau venant d’être évoqués, doit-on penser qu’ils exprimaient
uniquement une orientation dans l’espace ? (Fig. 1)
Anthroponymes
Théonymes
Une seconde raison, déterminante, conduit à envisager une dimension qui ne soit
pas uniquement géographique : des appellations de divinités celtiques ont été for-
mées sur les deux thèmes linguistiques.
Le radical -dumn- se reconnaît dans le nom divin de Veriugodumnus, attesté
à Amiens sur une pierre en remploi de l’église de Saint-Acheul95. Samarobriva
se situait à 60 km de la côte maritime, directement accessible par le cours d’eau
la Somme ; on parvenait par cette voie fluviale à la limite nord-ouest des terres
ambiennes.
À Champoulet, dans le Loiret, vers 1933, on a découvert dans une cache
un ensemble d’objets en bronze du début du iie siècle de notre ère, qui appar-
tenaient très vraisemblablement à un sanctuaire. Sur des socles de statuettes et
sur une patère, ont été révélées trois dédicaces à Mercure Dubnocaratiacus et
Apollon Dunocaratiacus, plus une quatrième à Rosmerta Dubnocaratiaca, parèdre
de Mercure96. Champoulet se situait à l’extrémité nord-ouest du territoire éduen
(on repère à 11 km, sur la même ligne frontière, la localité de Feins-en-Gâtinais,
dont le nom provient du latin fines, « limite de territoire »). On avait sans doute
affaire à un surnom divin d’emploi topique (muni du suffixe -iacus) et non à une
épithète toponymique tirée d’un anthroponyme. Anvalonnacu, à Autun (L- 10),
est reconnu comme le « Sanctuaire-d’Anvalo », dieu gaulois, non comme le lieu
appartenant à un dénommé Anvalo97 ; Dubnocaratiaco, de composition similaire, a
dû correspondre aussi à un surnom divin (muni du même suffixe -iacus) : lieu du
sanctuaire du dieu *Dubnocaratius, d’où provenaient les statuettes et les dédicaces
divines. Le théonyme a pu s’inspirer de la situation territoriale extrême : le symbole
prend fréquemment appui sur un élément de la réalité qu’il transcende. *Dubno-
caratius désignait en celtique l’« Ami-du-Couchant », comme Iovantu-carus était
l’« Ami-de-la-Jeunesse »98.
À Berne, dans une presqu’île formée par l’Aar, se trouve l’ancien site d’oppidum
de Berne-Engelhalbinsel99. En 1984, une petite tablette de zinc, datée du ier siècle
avant ou après notre ère, y a été exhumée, avec un texte de quatre lignes comportant
le nom Dobnoredos :
ΔΟΒΝΟΡΗΔΟ
ΓΟΒΑΝΟ
ΒΡΕΝΟΔΩΡ
ΝΑΝΤΑRΩR100.
Certains analystes y ont vu un anthroponyme101 ; un avis différent peut être
défendu. Au cœur de l’oppidum, existait dès une époque ancienne une grande zone
sacrée. Les archéologues ont exhumé à La Tiefenau un dépôt d’offrandes de plus
de mille objets, avec exposition de trophées guerriers, témoignant de l’existence
d’un sanctuaire au iiie siècle avant notre ère. Quand la place forte se muera en
vicus, seront élevés, sur une zone voisine, plusieurs temples gallo-romains102. C’est
dans ce secteur où l’on priait les dieux que l’inscription a été trouvée103. La voca-
tion sacrée des lieux renforce la probabilité d’une tablette votive, offerte à un dieu
Dobnoredos.
Le texte comporte à la deuxième ligne le nom ΓΟΒΑΝΟ (Gobano), qui dési-
gnait en celtique un « forgeron ». Nous y verrons non pas la profession d’un qui-
dam dénommé Dobnoredos, dont on aurait ici en quelque sorte la carte de visite,
97. RIG, II. 1, p. 132 ; Lambert, 2003, p. 98, juge cette proposition « à bon droit ».
98. Lambert, 2003, p. 126 ; Delamarre, 2003, p. 107, 191.
99. Pierrevelcin, 2012, p. 13.
100. Lavagne, 1999, p. 700‑701 ; Fellmann, 2001, p. 164‑165, 174 ; Meid, 2007, p. 288.
101. Ainsi, pour Delamarre, 2003, p. 256, 332, on a affaire à « Dubnoredos forgeron, (origi-
naire de) Brennodurum (dans la) vallée de l’Aar ». Zimmer, 2014, p. 387, plaide également pour un
nom de personne, faisant de ΔΟΒΝΟΡHΔΟ un nominatif ; cependant, l’inscription gallo-grecque
de Saint-Chamas (G-28) porte sans conteste un datif dédicatoire ΒΕΛΕΙΝΟ (« datif thématique à
finale gallo-grecque -ο »), sans qu’on puisse alléguer d’abrègement forcé : il y avait la place pour
inscrire à droite d’autres lettres (RIG, I, p. 56‑59 et photo 6).
102. Kaenel , 2012, p. 71‑72, 106.
103. Fellmann, 2001, p. 164. Selon des témoignages oraux, rapportés par P.-Y. Lambert (RIG,
II. 2, p. 301), l’objet aurait été découvert à proximité d’un bâtiment à portique ou galerie paraissant
avoir eu une fonction religieuse.
mais l’appellation d’un second dieu ou un second nom donné au même dieu. Cette
hypothèse est confortée par l’existence de cinq inscriptions à un deo Cobanno,
variante possible de *Goban(n)o, découvertes dans l’Yonne et la Saône-et-Loire104.
L’inscription de l’Yonne a été trouvée en bordure d’un vaste site antique de métal-
lurgie105, ce qui ne doit pas être un hasard pour un dieu forgeron. La mytholo-
gie irlandaise met en scène un divin forgeron Goibniu, au nom issu du même
radical celtique ; au Pays de Galles, les textes anciens évoquent pareillement un
dieu Gofannon106. Mais pourquoi avoir associé sur l’inscription de Berne les deux
divinités ou les deux appellations divines Dobnoredos et Goban(n)os ? Quel est
le lien entre elles ? – Ce doit être le crépuscule rougeoyant : quand le soleil bas
se couche, quand l’obscurité commence à gagner (thème *dubno- connoté par le
thème *dubu-), l’astre embrase parfois le ciel comme le métal rougi au feu de la
forge (thème *goban(n)o-)107. Dans le récit mythologique de La Seconde Bataille de
Mag Tured, on voit le jeune Lugh affronter le vieux géant Balor. Le forgeron divin
Goibniu fabrique pour Lugh une énorme boule de métal incandescente. Lugh en
frappe l’œil de Balor, qu’il aveugle avant de le tuer d’un coup de lance108. Pour
certains mythologues, la boule incandescente qui frappe l’œil pourrait représenter
symboliquement le soleil âgé du soir, à la fin de sa course, le vieux soleil occiden-
tal qui finit par disparaître dans son sang. Un soleil jeune et clair le remplacera à
l’est le lendemain matin109. Berne, où on révérait Dobnoredos, se situait au cœur
du territoire helvète. César nous précise qu’il comportait quatre pagi. Les Tigurins
habitaient au début de l’époque romaine dans la partie occidentale du plateau
suisse. Berne était peut-être proche de la frontière ouest d’un pagus contigu aux
Tigurins. La présence d’un oppidum en ces lieux serait justifiée par la défense du
territoire ; elle expliquerait l’existence d’un sanctuaire comportant des trophées
guerriers.
Parallèlement au thème *dubno-, le thème *albio- se reconnaît dans une série
de théonymes. À Arnay-le-Duc, où a été découvert un sanctuaire gallo-romain, une
aiguière de bronze porte la dédicace deo Albio et Damonae : « Au dieu Albius et à
Damona »110 ; on était près de la limite nord-est du territoire éduen.
En Provence, terre du Sud-Est, se remarque une concentration de noms divins
issus du radical alb- dans le secteur où étaient établis les Albici. Au Barroux,
commune du Vaucluse, une stèle porte la mention Marti Albarino : « Au dieu
Mars Albarinus »111, le nom de la localité (Albaros en 1064) étant, nous l’avons
vu, issu du même radical. À Sablet, aussi dans le Vaucluse, on connaît une autre
stèle dédiée à Marti Albiorigi, « À Mars Albiorix »112. À Saint-Saturnin-lès-Apt,
dans le même département, un troisième petit autel porte à nouveau une dédi-
cace Albioric(i)113. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Montsalier, le nom divin
d’Albiorix se lisait peut-être sur un bloc de calcaire retaillé114. Plus au nord-est,
à 25 km de Briançon, sur le versant italien du mont Genèvre, on a découvert
en 1933, à Sauze d’Oulx, l’emplacement d’un sanctuaire gallo-romain et exhumé
de nombreux vases d’offrande, dont 62 portent une dédicace au dieu Albiorix
(Albiorigi, Deo Albiorigi)115. Albiorix était bien un dieu « de-la-Lumière-de-l’Est »,
un dieu « du-Soleil-Levant ».
Dans d’autres pays anciennement celtes, le même thème se retrouve dans des
noms divins. En Allemagne, dans le Bade-Wurtemberg, à Osterburken – placé
vers 160 près de la frontière est avancée de l’Empire romain –, on connaît par un
autel un Mars Exalbiovix116, le préfixe ex- à l’initiale du théonyme ayant dû sou-
ligner le caractère limitrophe117. À Zülpich, à 35 km de Cologne, on a mention de
Matronae Albiahenae, « Mères Albiennes » : théonyme fait sur le radical celtique
albia-avec un suffixe germanique -a-henae118 ; ces déesses étaient honorées chez
les Ubiens, peuple s’étant installé à l’extrême est de la Gaule. Au Portugal, on a
trace d’un dieu Alboc(elus)119, à Vilar de Maçada, qui devait se trouver au sud-est
du territoire des Callaeci Bracari. Dans le même pays, à Viseu, jadis chez les
Lusitaniens, on connaît un dieu Albucelaincus (Albucelainco Efficaci)120 ; cette
fois il ne correspond pas à un lieu situé au Levant (on était en plein cœur du
territoire lusitanien ; mais peut-être comportait-il des pagi dont nous n’avons pas
connaissance).
Concluons : les différents anthroponymes et théonymes étudiés nous montrent
qu’il y avait dans les appellatifs *dubno- et *albio- une forte résonance religieuse,
un arrière-plan mythique important que les peuples et les habitants des établisse-
ments dénommés sur les mêmes thèmes devaient avoir présents à l’esprit.
noire, se retrouve dans trois cas de dédicaces religieuses. Des théonymes indi-
gènes, faits sur ces thèmes, s’y montrent associés à Apollon, dieu maître de la
lumière, qui a été de plus en plus assimilé à Hélios121 et sans doute relié à Lug122.
On a vu qu’à Champoulet, un des socles de statue marque une offrande au deo
Appolino Dunocaratiaco : « Au dieu Apollon, du lieu consacré à Dumnocaratius »123.
À Amiens, on lit aussi sur la pierre de dédicace Apollini et Veriugodumno : « À
Apollon et à Veriugodumnus »124. Enfin, à Sauze d’Oulx, à côté des 62 vases d’of-
frande à Albiorix, ont été découverts 21 autres vases avec graffite mentionnant un
don au Deo Apollini125.
Dans de nombreuses mythologies indo-européennes, un étalon divin, attelé
parfois à un char céleste, était censé conduire le soleil dans son périple quotidien. Il
en est allé de même pour les pays celtes. Des monnaies gauloises montrent un che-
val monté par un cavalier céleste ou bien un char dirigé par un conducteur rayon-
nant126. Ces conceptions mythiques pourraient rejaillir au plan linguistique. Le
nom de Conconnetodumnos (chef chez les Carnutes, cité dans La Guerre des Gaules)
faisait peut-être allusion au coursier qui menait l’astre au bas de l’horizon, vers le
monde profond : selon H. Birkhan, le gaulois conconneto- se relie à un celtique
*konkos/*kankos, « cheval »127 ; Conconnetodumnos aurait été nommé « Celui-au-
Cheval-du-Monde-Profond », « des-Terres-Basses-du-Couchant ». Epadumnaca (au
Vieil-Évreux)128 a dû porter un nom de même sémantisme et aussi Eppuduno (pour
*Epo-dumno ?), chez les Aulerques Éburoviques129. Caliodubnus (nom attesté à
Molsheim, Bas-Rhin) était surnommé « Sabot-du-Couchant » ou « Sabot-Sombre » :
métonymie pour « Cheval-galopant-vers-le-Ponant »130. Le théonyme Dobnoredos,
à Berne, fait très vraisemblablement allusion au même divin cavalier ou divin
conducteur du monde sombre : la seconde partie du nom comprend le thème redo-,
« chevaucher », « conduire », qui a été utilisé en celtique pour un cheval comme
pour un char (d’où le nom d’Eporedorix, chef éduen, le « Roi-des-Cavaliers », et
l’appellation des Redones, les « Conducteurs-de-Chars »)131. On aurait donc affaire
au divin « Conducteur-du-Char-du-Couchant » ou au divin « Chevaucheur-qui-
mène-le-Soleil-dans-la-Profondeur ». H. d’Arbois de Jubainville pense que le dieu
Veriugodumnus, attesté à Amiens, a désigné « Celui-au-Très-Grand-Joug132 » : dans
ce théonyme se reconnaît le celtique *iugo-, « joug », attesté dans le gallois ancien
iou133. Il s’agirait, selon l’auteur, du « dieu remarquable par le “très grand joug” où
sont attachés les chevaux qui traînent son char134 » ; nous y verrons une allusion à
l’attelage céleste qui conduit le soleil dans les profondeurs (-dumnus). En oppo-
sition, l’anthroponyme Alboinus, attesté dans le Sud-Est, à Apt, pourrait être issu,
suivant l’analyse de X. Delamarre, d’une formation *albo-vinno- < *albo-wegno-,
« Char-céleste »135. Ainsi, d’un côté, il y aurait eu un « Char-du-Monde-Bas », « du-
Monde-Sombre » (Dobnoredos ou Veriugodumnus), et, de l’autre, symétriquement,
un « Char-du-Monde-Haut », « du-Monde-Clair », allusion aux deux moments clés
du lever et du coucher de l’astre dans le ciel (Fig. 1).
Ces différents théonymes et noms théophores en albio- ou dumno-, qui se
trouvaient liés aux chevaux, évoquaient sans doute les deux figures divines que
les peuples antiques liaient à l’apparition et à la disparition de l’astre du jour :
les dieux jumeaux cavaliers appelés selon les pays Aśvins, Dioscures, Castor et
Pollux ou Alci136, divins jumeaux guidant des coursiers ou tirant un char étince-
lant, qui accompagnaient le lever et le coucher du soleil137. L’historien Timée,
aux ive-iiie siècles avant notre ère, atteste que les peuples celtes de l’Ouest – les
Gaulois – les honoraient : « Les Celtes riverains de l’Océan ont une vénération
toute particulière pour les Dioscures138 ». À Paris, ils sont représentés parmi les
divinités sur le pilier des Nautes. La tradition galloise évoque les jumeaux Lleu et
Dylan, le premier surnommé le « lumineux », lié à l’astre du matin ; le second, dit
le « Fils-de-la-Vague », à l’aspect sombre et chtonien, rejoignant rapidement les
flots de l’océan, comme le soleil du soir disparaît dans les eaux139. Lug, l’équiva-
lent irlandais de Lleu, était en rapport privilégié avec l’astre du jour140. Dans La
Fondation du domaine de Tara, il déclare : « C’est moi qui suis la cause du lever du
soleil et de son coucher141 ». Dans La Mort tragique des enfants de Tuireann, on dit
à son sujet : « Venant tout droit vers eux de l’est, il y avait un jeune homme en tête
de la troupe, avec une grande autorité sur chacun. Semblable au coucher du soleil
était l’éclat de son visage et de son front142 ». Or Lugus a été parfois prié sous la
forme plurielle Lugoves (en Helvétie, en Espagne celtique)143. Ce seraient les divins
jumeaux évoqués dans les thèmes *albio- et *dubno-. Non seulement ils réglaient
le rythme des journées, avec les deux moments majeurs du soleil montant dans
le ciel lumineux, puis de l’astre descendant et disparaissant dans la profondeur
et la nuit, mais ils réglaient aussi la succession des saisons claires et des saisons
sombres, et la suite des existences qui apparaissent, disparaissent, pour reparaître
encore (Fig. 2).
Fig. 2. Scène gravée du fourreau en bronze de la tombe 994 du site de Hallstatt,
daté de 450‑400 av. J.- C. (Naturhistorisches Museum de Vienne, Autriche).
Deux personnages tiennent une roue : peut-être les Dioscures dirigeant le lever et le
coucher du soleil. (Dessin de Vincent Rio.)
Conclusion
L’examen des appellatifs *albio- et *dubno- montre qu’ils ont été liés par les
Celtes à l’orientation solaire : lieux au levant, lieux au couchant ; lieux de l’est, lieux
de l’ouest. Un sens symbolique ajoutant ses valeurs au premier sens géographique,
d’autres valeurs cosmogoniques, mythiques, religieuses se sont exprimées à travers
les deux thèmes, portés ou connotés par les idées de haut et de bas, de clair et de
sombre. La vie terrestre se trouvait face à deux domaines inaccessibles aux humains :
la profondeur impénétrable sous la terre et les eaux, où le soleil s’enfonçait à l’ouest ;
la hauteur inconnaissable de l’azur infini, où s’élançait l’astre du jour à l’est. Ces
deux mondes dépassant l’homme organisaient son cadre temporel : la succession des
147. LEIA, Lettre C, 1987, C-196, et Lettre A, 1959, A-42 ; Delamarre, 2003, p. 55.
148. Sterckx, 2009, p. 145‑146.
149. Lambert, 1985, p. 175 ; Delamarre, 2003, p. 50.
150. Sterckx, 2009, p. 152‑153, 161.
nuits et des jours, l’alternance des saisons, la suite des existences qui apparaissent
et disparaissent pour apparaître à nouveau. Les noms de peuples, d’établissements,
de hauteurs, de rivières, que les Celtes se sont donnés à partir des thèmes *albio-et
*dubno-, comme les théonymes correspondants qu’ils ont employés, ont dû célébrer
le mystère divin de cet ordonnancement.
Jacques LACROIX
jacques.lacroix.sens@neuf.fr
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