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4b
( ) - 3 )
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992:

A

B510010

R. F. L. à Faf... Præ . + Loth . & Vir. Prus. Aulia

D E

CONVENTU

GENERALI

LATOMORUM ,

Apud aquas Wilhelminas, prope


Hanauviam .

ORATIO

Cujuſvis bominis eft errare : nullius , niſ


infipientis, in errore perſeverare.
( Cic. Philippic. XII, 2.)

Julu Boy ſumptibus + Lothar,


Mors: omnia æquat.

W
:
E X TR A I T

Des Délibérations du + Préfas


.
de Lor

Du 18 Novembre 1782,

Il a été donné lecture d'un Ouvrage


fait par un des Membres de la Préf.
de Lor. . . , ſur les opérations du Con-.
vent de Wilhelmſbad : Ouvrage qui a

été généralement applaudi ; & il a été


arrêté unanimement , qu'il ſerait imprimé
& envoyé à toutes les différentes Pro
vinces de L'O .

Concordat cum originali ,

F. A FLORE ,

Cancell, Préf. Lotbar.


17:
ROAD
00
ERRA T A.

ET Ouvrage ayant été imprimé pendant mon


CET
abſence , il s'y trouve quelques fautes typo
graphiques dont il eſt indiſpenſable de séparer les
principales.
Page 5 , la note d , ye rapporte à la phraſe qui
précede le renvoi, d.
Page 15 ; ligne derniere, imprime, liſez, imprima .
Page 33, en marge, jer vice, effacez & reporteza
la page juivante, en marge du dernier alinea.
#
Page 26 , note 2, ajoutez, vel ignoto. (Cic. de Offic.
1. I , c . 16. )
Page 28 , ligne 24 , vices , liſez vues .
Page 30 , ligne 22 , mandat , liſez , Mandants.
Page 34 , ligne 7 , poflede , liſez , poffédât.
Page 36 , lignes 20 & 21 , elle ſera d'Etres , lin 1
Jez , elle ſera compoſée d'Etres.
Page 42 , ligne 25, chériffons , liſez , cherchons.
Page 65 , ligne 15 , dérive , liſez , dérivé.
Page 68 , ligne 17 , d'abord pour ce Convent ,
lifez , pour ce Convent d'abord .
Page 79 , ligne 7 , n'eſt -ce pas juger , liſez, n'eſt
ce pas nous juger.
1

3
DE

CONVENTU

G EN Ë R A LI

LATOMORUM ,

Apud aquas Wilhelminas , prope


Hanauviani.

Samaci, da ſpolia; fire fudore & fanguine. (Ennius.)

PEsp eciais
EspeCTONS Les Grands de la terre ;

reſpectons les Philoſophes ; reſpectons les


Sociétés vertueuſes ; reſpectons les Are
A
femblées dont le but eſt d'anéantir , ce
qui eſt mauvais , de perfectionner ce qui
eſt défectueux ; de fonder ce qui eſt utile ,
honnêre & juſte : mais n'oublions pas que
les Grands de la terre , que " les Philo
fophes, font hommes , que les hommes
ſont ſujets à fe tromper : gardons - nous
de jurer ſur leur parole . N'oublions pas
que les Sociétés les plus vertueuſes , que
les Allemblées même des Législateurs
ſont comp oſ ée s d'hommes , que les,hom
mes ſont ſujets à ſe tromper : gardons
nous de jurer ſur leur parole : n'imicons
pas ces perſon ne s indole nte s qui préfe
leni la facilité de céder & de croire , à
la peine d'examiner & de ſe convaincre ;
c'eſt à elles qu'on peut dire : Salmaci ,
da Spolia , fine ſudove & Sanguine .' '
Quant à moi, je ne ferai jamais aſſez
lâche , aſſez parjure, pour mettre bas les
armes ſans avoir combatru. Le genre de
combat que j'ai à ſoutenir eſt bien no
ble , puiſqu'il a pour objet l'amour d'une
aſſociation reſpectable , qui unic intime
ment des individus , dans leſquels on re
cherche moins le clinquant d'une naiſ
fance illuſtre , effet du haſard , que les

qualités eſtimables du cæur & de l'eſprit ,


qui font le fondement inébranlable de la
véritable nobleſſe. Le genre de combar
3

que j'ai à ſoutenir eſt bien noble , puiſ


1
que j'ai à combattre avec les armes vic
torieuſes des Salomon , des Socrate , des
2
Platon , des Ciceron, des Puffendorff , des
Barbeyrac , des Domat & de tous les plus
S
grands , les plus reſpectables Philoſophes
dont le ciel , dans ſa bonté , a fait pré
S ſent a la terre.

Ils diſent & prouvent que rien ne peut


S
être utile , s'il n'eſt honnête ; que l'honnête
& l'utile ſont inhérens à ce qui eſt juſte ;
que l'honnête , l'utile & le juſte ne peu
S
vent être qu'une ſeule & même choſe ,
tellement que ſi l'une de ces trois qua
lités manque , les deux autres ne peuvent

exiſter dans l'objet qui eſt à examiner.


Appliquons ce principe inaltérable aux
opérations du Convent de Wilhelmſbad ,
Z
aux opérations principales de ce Con
ES
vent : car pour les appliquer à toutes , il
le
faudrait entrer dans un examen que ni
5.
ne mon temps, ni l'indulgence de mes Lec
teurs ne pourraient m'accordet.
2
O vous , mes Freres ! qui , dans vos
2
f inſtans de loiſir , parcourrez cet ouvrage

25 arraché à mon amour pour la vérité , n'y


cherchez ni cette éloquence enchante
I,
reſſe qui ſéduit plus qu'elle ne perſuade ,
Ja
je n'ai pas ce talent agréable ; ni cetre
ar
pureté de ſtyle , & même cette préciſion
4
qui demande un temps que ma Patrie a
deſtiné à remplir d'autrs devoirs : j'écris
à la hâte ( a ) , fans aucune prétention ; je
ſuis l'impulfion de mon cæur , que nulle
conſidération ne peut engager à trahir ce
qu'il penſe ; je remplis l'obligation reſpec
table que m'impoſe la confiance de mes
Freres ; je ſerais un traître ſi je me tai
ſais ; je tromperais leur attente. Ne cher
chez dans cet ouvrage ni tableaux , ni
farcaſmes : ſi quelquefois vous y trouvez
des cenfures (je n'ai point cherché à les
rendre ameres ), fongez que je parle de
mes amis, de mes Freres , à mes Freres ,
& à mes amis ; & rappellez - vous que le
plus grand Philoſophe de Rome diſait
que les cenſures font un tribut qu'on
doit à l'amitié ( b ). Si Platon ne m'avait

( a ) Je n'ai eu connaiſſance des opérations du


Convent que le 13 Septembre , je n'ai pu avoir
en ma poſſeſſion ces mêmes opérations que le
19 Octobre , je n'ai donc pu commencer се
travail que le 22 , & il a été fini le 5 Novem
bre , & lu à la † d'Auſtraſie le 13 du même
mois.

( b) Vita autenz', victuſque communis , confilia ,


Sermones cohortationes , confolationes , inter
dum etiam objargationes in amicitiis vigent
Anaximè. ( Cic. de Offric . 1. 1 , c. 17.)
5
pas appris que una Patrie réclamait une
partie de mon temps , que mes amis ré
clamaient l'autre (c) ; croyez - vous que
j'aurais mis la main à la plume , en cou
rant les riſques de déplaire à quelques
perſonnes que je conſidere infiniment ?
Vous ( d) ; qui pourriez me demander
pourquoi j'écris , ignorez -vous que les
hommes , nés les uns pour les autres , doi
vent ſe rendre mutuellement ſervice ( e) ?
Hé ! quel plus grand ſervice puis -je ren
dre à mes Freres , que de les éclairer
ſur leurs véritables intérêts ? que de leur
préſenter le miroir de mon cæur ? Qu'on
ne calomnie.pas mes intentions, elles

(6) Præclare. ſcriptum eft à Platone : non nobiş


folum nati ſumus , ortuſque noſtri partem patria
vindicat , partem amici. ( Cic. ibid. l. I , c. 7.)

( d ). Quam multa enim quce noftrá cauf& nun ,


quam faceremus , facimus caufd amicorum ? ( Cic.
de Amicitia , cap. 16. Tum acerbius in aliquem
invehi , infeftarique vehementius : quæ in rebus
noſtris non fatis honeftè , in amicorum fiunt hoa
neftifimè. ( Ibid.

( e ) Atque ita placet Stoicis, quoe in terris,


gignuntur , ad uſum hominum omnia creari , ho
mines autem hominum cauld elle generatos, ut
iph interſe, aliis alii prodeffe poffent, & c. ( Cic.
ibid .)
6
ſont pures , ſaintes (ſi j'oſe me ſervir de
cette expreſſion ), oui elles ſont ſaintes
comme la Vérité elle-même, c'eſt ſur le

marche-pied de ſon autel que j'écris , &


à la clarté de ſon flambeau.
Pour mettre quelque ordre à cet ou
vrage , je le diviſerai en quatre parties .
Dans la premiere , je chercherai les
principes qui ont dû diriger ceux qui ont
aſſiſté au Convent : ainſi en conſidérant
la Franc-Maçonnerie comme Société , j'é
tablirai les préceptes & les loix qui conf
tituent une Société bien ordonnée.

Dans la ſeconde partie , je parlerai fom


mairement de ce qui a précédé le Con
vent de Wilhelmſbad.

Dans la troiſieme, j'examinerai les prin


cipales opérations du Convent.
Je tirerai les conſéquences qui réſul
tent de ces opérations , dans la quatrieme
partie.
Je prouverai peut-être alors la nécel
fité de renoncer à beaucoup de ces opé
rations. Mais j'aurai fait un bien infini
ment plus grand , ſi je parviens à ouvrir
des bouches que la prudence force de
reſter clauſes pour un temps. Quel bien
n'aurai- je pas fait , fi mes réflexions font
aſſez puiſſantes pour déterminer des Fre
res reſpectables, dépoſitaires de ſecrets
7
qu'ils n'oſent avouer , à les confier à des
Freres zélés , dignes de leur eſtime & de
leur confiance? Ceux qui s'offenſeront de
ma franchiſe , je leur dirai : Cujus axres
veritati claufie ſunt , ut ab amico verum
audire néqueat , bujus falus defperanda eſt.
(Cic. de Amicitia , c. 24. )

NB . On trouvera plus particuliérement


des citations de Cicéron , pour appuyer

mon opinion : c'eſt que , comme le diſait


le Cardinal du Perron , il y a plus en

deux pages de Cicéron , qu'en dix de Séne


que : il aurait pu ajouter qu'en dix de tous
Philoſophes. J'ai même cħoiſi par préfé
nu ſous
rence ſon Traité des devoirs , con
le nom des Offices, parce que c'eſt ce
lui de ſes ouvrages où l'on trouve plus
ſpécialement les préceptes ſuivis des de
voirs que tout homme doit remplir . Ces
Offices , comme l'a très - bien dit l’Abbé
d'Olivet , doivent être lus es médités d'un
bout d l'autre. Tout y eſt d'une égale né
ceſſité , d'une égale beauté. Tout sy tient.
Un principe anene l'autre , & fouvent a
beſoin de Pautre pour faire ſentir que la
morale ne fait toute entiere qu'un ſeul corps ,
dont les parties font tellement liées , telle
8

ment inſéparables , gu'd bien examinar la


mature de 110 $ devoirs et celle du ceur by.
main , ſi l'on n'eſt pas bonnéte bomme es
tout , il s'enfuit delà qu'on ne l'eff en
rien ( f).

( f) Penſées de Cicéron , par M. l'Abbé d'Oli


vet. Préface , page 9 , édit. 1771.

.
9.

PREMIERE PARTIE .

De la F. : . Maçonnerie conſidérée comme


Société ; ce que c'eſt qu'une Société
bien ordonnée ; principes d'une telle
Société ; vices & dangers d’une Société
mal ordonnée.

Sed omnium Societatum nulla præftantior


eft , nulla firmior , quàm quum viri boni ,
moribus fimiles, ſunt familiaritate con
juneti. Illud enim boneftum ( quod fape
dicimus) etiam fi in alio cernimus , tamen
nos movet , atque illi, in quo id inefle vi:
detur , amicos facit.
(Cic. de Officiis , lib . I , cap. 17.)

Oh , la belle Société ! l'admirable So- F.: M :.con


ciété ! Y a -t- il une Société plus reſpecta- lidérées
Société. comme
ble , plus deſirable , plus folide que celle
qui eſt toute compoſée d'hommes de bien,
que la pureté de mæurs a réunis , & qui
vivent dans une ſainte familiarité ? Hé bien ,
mes Freres ! voilà la Société Maçonnique. Qualités d'un
Effectivement qu'eſt - ce qu'un véritable vrai F., M..
Franc-Maçon ? N'eſt -ce pas un homme
de la probiré la plus fcrupuleuſe , qui
remplit , avec le plus grand zele , ſes de

LYOS
4
10
voirs envers l'Etre ſuprême , envers ſa
Patrie , ſa famille , ſes amis ? Il chérit la
vérité qu'il cherche fans relâche , il fuit
le menſonge & l'impoſture. Il aſpire à la
ſageſſe qu'il fait ne pouvoir trouver que
dans la pratique de la vertu , la vertu qui
eſt une , quoiqu'elle ſe ſubdiviſe en beau
coup de rameaux (a) : il la ſuit dans tou
tes ſes ramifications , ſans gloire , ſans
oſtentarion , pour elle-même, pour lui
même . Bienfaiſant par goût autant que
par devoir , il eſt ſans ceſſe preſſé par le
delir le plus vif de procurer la plus grande
fomme de félicité à ſes ſemblables . Si ,
dans fes méditations & ſes recherches , il
fait une heureuſe . découverte qui puiſſe
tendre au bien & à l'avantage de ſon
Frere , il s'empreſſe de la lui communi
quer ; il court au devant de ceux qui ont
beſoin de ſes ſecours; il les aide de ſes
ſages conſeils , de fa bourſe , de ſes con
ſolations ; il eſt l'ami le plus rendre , le
plus déſintéreſſé ( 6 ). Deux F. : . M . :: ont

(a) Platon , Dialogues , Protagoras.


( 6 ) Homines autem hominum caufa efle genera
tos , ut ipfi inter fe aliis alii prodelle pollent. In
hoc naturam debemus ducem ſequi ; -communes uti
litates in medium afferre , ' mutatione officiorum
II
une reſſemblance de mæurs parfaite , " la
même volonté , les mêmes paſſions , ils
I ne font qu'un , tant l'amitié qui les unit
eſt forte ( c).
Le vrai F .. M . :: s'élance dans le tem

i ple de la juſtice , & défend , par fon élo


quence , l'innocence opprimée ; il veille
dans le cabinet à la gloire de ſa Patrie ,
il vole , les armes en main , à la défenſe
5
de ſes concitoyens : mais s'il n'a pas les
talens de l'éloquence , ceux de la politi
que , ceux du Soldat , il a au moins pour
lui d'être juſte , vrai , bienfaiſant , mo
deſte , tempérant , & il remplit une tâche
bien eſtimable , qui fait oublier les talens
qu'il n'a pas ( d ).

dando , accipiendo , tum artibus ; tum operd , tum


- facultatibus devincire hominum inter homines for
cietatem . ( Cic. de Offic. l. I , c . 7. )
( 1) Nihil autem eft amabilius, nec copulatius
quam morum fimilitudo bonorum . In quibus enim
eadem ftudia. ſunt , eædemque voluntates , in his
fit , ut æque quiſque altero dele&tetur , ac fe ipfo ;
efficiturque , id quod Pythagoras vult in amici
tid , ut unus fiat ex pluribus, (Cic. de Offic. 1. I
C. 17. )
( d ) Si igitur non poterit five "caufas defenfi
tare , five populum concionibus tenere , five bella
gerere : illa tamen præftare debebit , quæ erunt
in ipfius poteftate , juftitiam , fidem , liberalita
Voilà , voilà le véritable F: M. : . Di
tes -moi s il y a une Société plus reſpec
table , plus deſirable , que celle qui eſt
compoſée d'individus ſemblables ?
Cette Société n'aurait pas beſoin d'un
code de loix , elles ſeraient écrites au
fond du cæur de chacun de ſes membres.
Je ne parle pas des loix pénales , elle
n'en pourrait connaître aucune , je ne
parle que des loix morales. Mais il en
eſt de cette Société comme de la Répu
blique de Platon , il n'eſt pas poſſible
quelle ait le degré de perfection que ce
Philoſophe a deſfiné. Chacun des mem
La F... M .. bres de la Société M . :. n'a pas tous les
doit avoir des caracteres qui conſtituent le vrai F. :. M ..
loix .
quoiqu'il ait le deſir de les avoir , quoi
qu'il travaille [ fans relâche à ce grand @ u
vre. Il eſt donc indiſpenſable que cette
Origine des Société ſoit, dirigée comme les autres.
Sociétés & des Or toute Société a fes loix . La Société
Joix . êrre que la famille ,
primitive , qui n'a pu
n'a pas connu d'autre loi que celle du
Pere qui en était le chef ; l'amour pater
nel commandait , l'amour filial prévenait
le commandement ; bientôt la famille ,

tom , modeftiam , temperantiam quo minus ab eo


id , quod defit , requiratur. ( Cic. de Offic. I.
I. c . 33.)
13
devenue nombreuſe , s'eſt diviſée ; & la
République Platonique a diſparu à ja
mais , pout n'être apperçue que d'après le
crayon des ſages, qui en deſſinaient le ta
bleau pout échauffer l'amour de la vertu
dans l'ame de leurs diſciples. L'impuiſ
ſance de ſe ſuſfire à ſoi-même , le beſoin
des perſonnes & des choſes a ' néceſſité la
ſeconde eſpece de Société ( e).
Ces Sociétés , faibles dans l'origine, ont
poſé les fondemens des grandes Républi
ques , des grands Empires. Les follicitu
des maternelles font éclorre l'amour filial,
les careſſes enfantines éveillent l'amour
fraternel ; les jeux de l'innocence excitent
le ſentiment de l'amitié . Mais les ſages
leçons d'un pere embraſent l'ame du feu
de l'amour de la Patrie. Nous voyons
cerre gradation d'attachement qui nous
lie à ceux qui nous ont donné le jour ,
1 puis à ceux qui ont été portés dans les
mêmes flancs , enſuite à ceux qui ont été
! les compagnons de notre enfance , delà à
ceux qui tiennent de nous leur exiſtence ,
: enfin à la mere commune , la Patrie (f).

(e ) République de Platon. Liv. 2 .


1 G Cari ſunt parentes , cari liberi , propin .
qui familiares : Sed omnes omnium caritates par
tria una complexa eft. (Cic. de Offic. l . 1 , c. 17.)
14
Des Sociétés
Au milieu de ces grandes Sociétés , on
diverſes.
en voit naître & croître de plus reſſer
rées ; celles des individus qui s'exercent
au même genre de travail qui leur aſſure
leur ſubſiſtance : tels ſont les Corps d'arts
& métiers ; celles plus nobles qui veillent
au bon ordre ou à la défenſe d'un état ,
tels font les Corps de Magiſtrature & des
Armées ; celles plus pieuſes qui s'adonnent
au culte plus ſpécial de l'Etre ſuprême .
Toutes ces Sociétés n'ont pu ſubfifter fans
loix ; & le malheur de la faibleſſe humaine
a voulu que ces loix ne fuſſent pas bor
nées au fimple moral ; à côté de la loi
des meurs , on a été forcé de tracer ,

avec un ſtyle de fer ; la loi pénale.


Fondement Toutes les loix qu'on a inventées , ont
des loix ,
éré puiſées dans une ſource primitive ,
dans le ſentiment de juſtice que l'Etre ſu
prême a inſpiré à tous les hommes ; c'eſt
ce qu'on appelle la loi naturelle. Tant
que l'homme a écouté la voix divine qui
lui rappellait ce ſentiment , il n'a pas eu
beſoin d'autres loix. Mais dès qu'une fois
la corruption eut gagné ſon cæur ; dès
que l'envie , la jalouſie , la haine, l'ava
rice , la cupidité , l'incontinence , l'in
tempérance , eurent bouché les oreilles
de l'homme , avec leur cent mains infer
nales , il a ceſſé d'entendre cette fainte
IS
voix ; il s'eſt livré à tous les excès des
paſſions effrénées. Plus de ſûreté publique,
plus de tranquillité particuliere; le champ
cultivé par la main laborieuſe a été ré
colté par la main pareſſeuſe ; le plus fort
a chaffé le plus faible de deſſous fon toit
de joncs ; le plus ruſé a enlevé le bétail
du plus confiant; & lorſque les forces
étaient égales , on a vu l'homme répan
dre le ſang de l'homme pour lui enle
ver les peaux qu'avait jointes avec la plante
fibreuſe une femme tendre , pour celui qui

partageait ſa natte ; on a vu le ſang hu


main ruiſſeler pour aſſouvir une paſſion
brutale : tels furent les premiers forfaits
de l'homme , auxquels fuccéderent bien
tộc les atrocités commiſes par attroupe
mens.
Il a fallu réprimer ces affreux brigan
dages , fixer les limites des poſſeſſions, en
aſſurer la jouiſſance , contenir par la force
& la menace l'homme entreprenant, lui
1
mercre un mors , un frein , comme à un
3
cheval fougueux; & pendant que l'homme
S
ferme dietait la loi pénale , le vieillard
$
reſpectable rappellait l'homme égaré par
les paſſions, aux ſentimens gravés dans
ſon cæur par le doigt du Créateur ; &
ES
- pour donner plus de puiſſance à cet acte

te méritoire, Dieu imprima le caractere faw


16
cerdotal ſur le front de celui qui , le
premier , exerça ce pieux miniſtere.
Telle eſt l'origine des loix poſitives' (g ).
Ces loix ſimples n'avaient pas beſoin alors
de plus d'extenſion que les beſoins phyfi
ques & moraux de la Société ; & il y en
avait peu ; on ſe fit des beſoins , & les
diſputes ſophiſmatiques ont compliqué le
recueil des loix. De la loi la plus ſimple ,
la plus claire , on en a vu naître cent
autres; & les Docteurs , par leurs com
mentaires , ont embrouillé cette même
loi pour en expliquer & le ſens & les
corollaires. Quand , dans une forêt, on ſe
dévoie de la route droite , on eſt bien
du temps avant de la retrouver : & l'on
n'eſt pas encore parvenu à fimplifier nos
loix , quoiqu'on diſe ſans ceſſe , moins il
y a de loix , plus elles ſont ſimples &
conciſ , meilleures ſont-elles.
es
Caracteres Il n'eſt pas difficlie à celui qui connaît
des bonnes l'eſſence de la juſtice , de faire de bonnes
loix ,
loix . L'honnête & l'utile conſtituent cette

eſſence de la juſtice. Bien peu de per


ſonnes s'appliquent à cette étude du juſte ,
de l'honnêre & de l'utile ; ils mécon
naiſſent même leur caractere diſtinctif : ils

( g ) Monteſquieu Eſprit des Loix , 1. I , ch . 3.


Cic. de Offic. I. 2 , . 12.
ignorent
17
ignorent que tout ce qui eſt juſte eit hon
nête & utile , que rien n'eſt utile s'il n'eſt
honnête & jufte ( b ). Les Sophiſtes dans
leurs diſputes caprieuſes ſoutenaient que
ce qui eſt utile n'eſt pas toujours honnête: De lhométe
Socrate s'élevait contre cette affertion & de Potile .

fauſſe , & il prouvait à ces Rhéreurs dan


gereux , par les argumens les plus ſim
ples & les plus convaincans , l'abſurdité
de leur theſe ( 1). Les Epicuriens qui vou
laient prouver leur ſyſtème voluptueux ,
aſſuraient que l'honnête & l'utile étaient,
quelquefois contraires , mais on leur re
prochait la fauſſeté du principe , en leur
diſant que tout dans la nature étant régi
7
par des loix immuables , tout ce qui in
tervertir ( k ) l'ordre de ces loix , inter
1
Verrit l'ordre de la nature , que l'inter
1

[
( h ) Cui quidem ita furst Stoici afcenfi , ut quid
$ quid honeftum effet; id utile elſe cenferent, nec
e utile quidquam quod non honeftum . ( Cic. de
Offic . l. 3 , c . idem , ibid . l. 3 , c . 21 , & l. 3 ,
C, 7 )
1
(6) Platon Repub. 1. 5 .

S ( k ) Ubi turpitudo fit , ibi utilitatem effe non


poile. ( Cic. de Offic. de 3 , c. 8. ) Povertunt
homines ea quce ſunt fundamenta nature , quum
li utilitatem ab honeftate fejungunt. ( Idem , ibid .
1, 3 , c . 38.)
B
18
verſion eſt un trouble, que le trouble eſt
le contraire de la tranquillité & de la
paix, ſans laquelle il n'y a point de bon
heur. Donc l'homme qui cherche la paix ,
le bonheur , ne dérangera pas l'ordre de
la nature : donc il vivra conformément

aux loix de la nature ( 1). Qu'il rentre


dans lui – même , qu'il conſulte la loi pri-,
mitive , qu'il réfléchifle , & il fentira
que la volupté qui laiſſe un'vuide dans
l'ame , qui ſouvent eſt accompagnée de
dégoût , preſque toujours de remords ,
ne peut être la ſource du bonheur. Ou
il faut avouer que ce vuide de l'ame , ces
dégoûts ,ces remords , font de l'eſſence
du bonheur ; ce qui est abſurde .
O vous ! qui doutez de cette vĆ
ricé , que je n'ai pas le talent de vous ren
dre aſſez ſenſible , que rien n'eſt honnêre
qui ne ſoit utile , que rien n'eſt utile
s'il n'eft honnête ; conſultez les Ora
cles de la Philoſophie ( m ) , ils vous di
ront que les contraires répugnent à la
nature , que ce qui eſt honteux répugne

( 1) Convenienter' naturæ vivere. (Idem , ibid .


1. 3 , c . 3. )

( m ) Cic. de Offic. l. 3 , c. 8.
199
à la nature ( n ), que la nature vous pouſle
à deſirer ce qui eſt utile : or , en vous y
excitant , elle ne peut vous exciter à de
ſirer une choſe honteuſe , puiſque le hon
feux lui répugne; le contraire du hon
teux eſt l'honnêre : donc , en vous exci
tant à deſirer l'utile , la nature vous ex
cirera à defirer une choſe honnête. Donc
ce qui eſt vraiment utile eſt auſſi vérita
blement honnêre. Et par une ſuite d'ar
gumens , les mêmes Oracles de la Philo

ſophie vous prouveront que ce qui eſt


honnêre eſt toujours utile (0) , ce qui eſt
bien plus facile à ſaiſir,
Pourquoi la nature nous pouſſe -t - elle
à deſirer ce qui eſt utile & honnête ?
C'eſt qu'elle nous conduit ſans ceſſe vers
1 la route du bonheur. Mais nous ne l'écou
tons pas , nous ne la ſuivons pas.
Du jufte.
Ce n'eſt pas aſſez d'avoir diï que ce
qui eſt utile eit honnête , que ce qui eſt
honnête eſt utile ; il faut encore prou
1 ver que rien n'eſt honnête & utile s'il
n'eſt juſte ( p ). Les loix de la nature font

1
( 1 ) Idem , ibid . I. 3 , c. 28. Platon Repub.
1. 4.
( ) Cic. Ibid. l. 3 , c. 10.
( ) Cic. lbid. l. 1 , c. 19. Nihil enim hoa
neftum effe poteft quod juſtitiá vacat.
В 2
20

immuables , elles ne ſont immuables que


parce qu'elles ſont fondées ſur la juſtice.
Mais qu'eſt-ce qu'une loi immuable ? N'eft
ce pas une regle qui dirige & oblige tout
ce qui exiſte ( 9) ? or une regle peut-elle
être fondée ſur l'injuſte ? Ce qui eſt juſte
eſt bon , ce qui eſt injuſte eſt mauvais ;
mais l'ucile & l'honnête ſont auſſi bons :
donc l'utile & l'honnête s'allient avec le
juſte , car le bon & le mauvais érant
contraires , ils ne peuvent s'accorder ; on
ne peut donc pas dire que l'injuſte ſoit
honnêté & utile : donc ce qui eſt juſte .
ſera utile & honnête ; tel eſt le raiſon
nement de Socrate ; ce raiſonnement
frappe moins que l'idée que nous nous
formons de la juſtice , par laquelle il
implique de poſer que ce qui eſt juſte ne

( 9) La définition de la loi donnée par les


Auteurs , n'eſt que la définition de la loi qui
aſtreint les hommes. Puffendorff , jus nature ,
1. 1 , c. 6. Barbeyrac ſur Puffendorff , devoirs
de l'homme & du citoyen , l. 1 , c. 2. Montel
quieu , eſprit des loix, l. 1 , c. 1 , &c. , &c. , & c.
La loi , dit Pindare , en me ſervant du lan
gage d’Amyot, traducteur de Plutarque , la loi
eſt la Royne de tous mortels & immortels .
Oeuvres morales , chap. qu'il eſt requis qu'un
Prince ſoit favant.
21
ſoit pas honnêre, ne ſoit pas utile ; cette
implicance forme donc la preuve la plus
ſenſible de l'union intime qui lie ces trois
qualités , juſte , honnête & utile ; union
ſi intime qu'on peut dire , avec vérité ,
que ſi l'on trouve une de ces qualités
dans une loi , les deux autres s'y trou .
veront néceſſairement. Et que toute loi
qui a ces qualités eſt bonne, de même
qu'elle ſera mauvaiſe ſi l'on n'y trouve
pas une de ces qualités, car les deux au
tres n'y ſeront pas , on n'en appercevra
r
que l'apparence (r).
Il était néceſſaire de poſer ces princi- De la Société
pes pour pouvoir établir ce qu'on doit en- bien ordon .
tendre par une Société bien ordonnée , née

Mais je ne parlerai que des Sociétés par


ticulieres qui font partie de la grande So
ciété , pour ne pas donner une trop
grande étendue à cette diſſertation ; les
principes ſont les mêmes , ils s'appliquent
à plus ou moins de détails,
La Société
N'appellerons-nous pas une Société bien
ordonnée , celle dont toutes les parties bien ordonnée
$ ſeront combinées ſi parfaitement, que rien a de bonnes
n'en pourra troubler l'ordre & l'harmo- loix ,

( r ). Puffendorff & Barbeyrac , devoirs de


l'homme & du citoyen . (l. I , 6. 2 , 5 , 7 , 8.)
1 Domat , traité des loix.
nie ? Ces combinaiſons naîtront des rap
ports , & ces rapports ſeront différens.
Iº . rapport d'individus à individus , qui
ſe diviſent en rapport de l'égal à l'égal ,
du ſupérieur à l'inférieur, de l'inférieur
au ſupérieur. 20. Rapport de l'individu à
la maſle. 30. De la maſſe à l'individu.
Ainſi , lorſque dans une Société les Mem
bres ſe rendront réciproquement ce qu'ils
ſe doivent , lorſqu'ils rendront au Corps
l'obéiſſance qu'il a droit d'exiger , lorf
que le Corps rendra aux individus la pro
tection qu'ils ont droit d'attendre , la So
ciété fera bien ordonnée.
Pour qu'un chacun connaiſſe l'étendue
de ſes obligations, il ſera néceſſaire d'an
noncer quelles ſeront les regles qui diri
geront le Corps , & qui en obligeront
les Membres . La regle qui dirige & qui
oblige, s'appelle loi ; pour qu'une loi ſoit
bien faite , il faut qu'on y trouve le juſte ,
l’utile & l'honnête : ainſi les loix qui di
rigeront la Société , ſeront des, loix diri
gées elles --mêmes par le juſte , l'honnêre
& l'utile.
Cette So Le Corps de la Magiſtrature a pour
ciété a un bu' . but de conſerver à chacun ce qui lui
appartient , le Corps Militaire a pour but
de défendre la Patrie contre ſes enne
mis , toutes les Sociétés en général ont
$
23
-D & doivent avoir un bur. On ne ſe réiinit
ns.
pas inutilement ; il ſera donc encore de
qui l'eſſence d'une Société bien ordonnée
al
qu'elle ait un but. Ce but doit être hon
eur
nête , utile & jufte ; car s'il n'avait pas ces
1 à
qualités , s'il était appuyé ſur les con
Hu
traires , la Société ceſſerait d'être bien
Em ordonnée... Il y a des vérités ſi ſimples
qu'elles n'ont beſoin que d'être propoſées.
IPS Si toute Société a un but auquel ten
orf dent toutes les actions des individus qui
10 la compoſent, il faut néceſſairement que
90 'ces individus le connaiſſent fans quoi

il ne leur ſera pas poſſible de diriger leur


du! conduite d'après ce but ; il eſt donc en
an core de l'eſſence d'une Société bien or
ti donnée que fes Membres connaiſſent le
ont but qui les raſſemble.
- Mais ſi cette Société était de nature Vices d'une
Société mal
fot que tous ceux qu'elle admet dans ſon ordonnée .

iten fein ne duſſent connaître ſon but qu'a . rer. vice.


près un long apprentiſſage , pendant le

din quel on étudierait le caractere de cha

nete que individu ; & fi pendant ce long ap


prentiſſage on appercevait de la négli
DOUT gence , de la tiédeur , un eſprit léger,
lui fuperficiel', ne faudrait - il pas alors ar
bu rérer dans ſon chemin cer Aſpirant cu
rieux qui ne deviendrait jamais un Mem
ne
Oni bre utile à la Sociéte ? Et fi quelques - uns
24
de ces Aſpirans avaient des qualités hon
nêres , des mæurs douces , & cependant
pas aſſez de capacité pour remplir le but
de la Société , ne faudrait - il pas leur
aſſigner une place dans laquelle ils fe
raient utiles à la Sociétré, à leurs Amis &
à la Patrie ? Et ſi parmi ces Afpirans il y
en avait qui puſſent être utiles à la Pa
trie , à la Société en prenant des che
mins différens , ne ſerait - il pas impor

tant d'établir différentes claſſes , afin


que chacun pût apporter ſon contingent
d'utilité ? N'eſt - ce pas ainſi qu'on voit
dans quelques Ordres Religieux , les uns
propres à l'inſtruction de la jeuneſſe ,
les autres au faint Miniſtere , ceux ci
avoir le talent de la Chaire , ceux là

les talens de l'adminiſtration des biens ,


&c. , &c. , & c. ?
Enfin fi l'Afpirant a toutes les qualités
qu'on peut deſirer , ne faudra - t - il pas
l'admertre & l'initier aux myfteres de la
Société ? Une fois admis & initié , ne fau
dra - t - il pas lui donner toutes les connaiſ
ſances qu’on ay afin qu'il puiſſe ſe rendre
utile aurant qu'il dépendra de lui ?
Mais fi celui qui eſt chargé de procu
rer les connaiſſances , n'en enſeignait
qu'une partie à ceux qui ont été admis ,
cette conduite ferait - elle juſte & hon
25 .
nêre ( s), fur - tout fi ces connoiſſances
étaient telles qu'il pût les donner fans
éprouver le moindre préjudice ? Ne pour
rait - on pas le comparer à l'homme qui
indiquerait un chemin faux à celui qui
s'égare , ou qui refuſerait de laiſſer pren
dre de la lumiere à fon flambeau ( t ) ?
Ne dirait - on pas avec juſtice que l'hon
nête homme doit ſe rendre utile autant

qu'il lui eſt poſſible , faire tout le bien


qui dépend de lui ( u ) , & ne jamais trom
per (x) , qu'il vaut mieux ſe conduire avec
honnêteté que d'avoir l'eſprit le plus bril
lant ( y)?

( s ) Et omnes aliud agentes , aliud fimulantes ,


perfidi , improbi, malitiofi funt. Nulluus igitur
fačtum eorum poteft utile effe , cum fit tot vitiis
inquinatum . ( Cic. de Offic . 1. 3 , c . 14.)

( t ) Homo qui erranti comiter monſtrat viam ,


Quaſi lumen de ſuo lumine accendat facit ;
Nihilominus ut ipfi luceat , quum illi accenderit,
Ennius.

( w ) Jam fe ipfe doceat , eum virum bonum


elle , qui proſit quibros poſit. ( Cic. de Offic ..
1. 3 , c . 19.)
(a ) Ut inter bonos bene agere oportet , Sole
fine fraudatione. ( Idem , ibid. 1. 3. , c. 17.)

( y ) Ita fit ut agere conſiderate pluoris fit,


quàm cogitare prudenter. ( Id. l. 1 , C , 45.)
26
2e , vice . Et fi trois ou quatre perſonnes de cette
Société avaient découvert des connaiſ
ſances ou ſecrets , & fi ces ſecretes con
naiſſances étaient telles qu'elles duſſent
tendre au bonheur des autres Membres
de la Société , & qu'en les у faiſant par
ni
ticiper elles n'en éprouvaffent ni perre ,
dommage ( 2 ) , pourraient - elles garder le
ſecret de ces connaiſſances , & refuſer de .
les enſeigner à ceux de leurs camarades
qu'on aurait admis ; le caractere d'une
bonne Société devant être de contribuer
aux agrémens, à l'avantage , au bonheur
de fes Membre s ( a) ?
Nous avons dit qu'une Société bien
ordonnée devait être fondée ſur les prin
cipes de la ſageſſe & de l'ordre , qu'elle
devait avoir de bonnes loix ( b ). Ces loix
doivent êrre obſervées par tous les indi

( 2 ) Quidquid fine detrimento poflit commodari


id tribuatur.

. ( a ) Semper aliquid ad communem utilitatem


afferendum . ( Cic. de Offic . l. 1 , c. 17.)
Communes utilitates in medium afferre. ( Idem ,
ibid . 1. 1 , c. 7.)
Profit quibus poflit. ( Idem , ibid. l. 3 , c. 19.)

( b ) Sapientiam enim & difciplinam qui abjicit


infelix eft. ( Salomon , l. fap. c. 3 , v . 11.)
27
vidus de la Société (c ). Il eſt contre l'or
dre qu'un Membre d’une Société fe pré
tende diſpenſé d'obéir à la loi ; car toute
loi étant juſte , ce ſerait diſpenſer quel
qu'un d'un acte de juſtice que de le diſpen
ſer de l'obſervation de la loi:

A qui appartient - il d'être Législateur ?


C'eſt ſans doute à celui qui eſt le Maî
tre ; ainſi , dans un Erat Monarchique, fi
le Roi fait des loix , dans un Etat dont
tous les individus ſont égaux comme dans
une République, ce ſera le corps de la 1
Nation qui les fera. Si toutefois il y
avait dans la République quelques per
fonnes prudentes , pénétrées des devoirs
de la législation , qui fuſſent parfaitement
appercevoir le juſte, l'honnête & l'utile ;
il ſerait bien plus fage de leur confier la
rédaction des loix , & l'on ſerait aſſuré
d'en avoir d'excellentes. Cette voie fe
fait préférable à celle de convoquer le
Corps , on ſe diſpenſerait d'entendre les
propoſitions abſurdes des Alcibiades qui
ont la fureur de ſe croire capables , fans
jamais être rentré en eux -mêmes , pour

( c ) Leges funt inventæ quæ cum omnibus ſenza


per und atque eadem voce loquerentur. (Cic. de Of
fic, 1, 2 , c . 12. Platon Rep. 1. 2 , 3.)
28
fcruter l'étendue de leur connaiſſance ; il
faut les renvoyer à l'école de Socrate . ( d ).
Si cependant on n'avait pas pris cette
voie ſi fage, fi l'on avait dit : „ nous for
» mons une République , nos loix , .juſ
» qu'à préſent n'ont pas été concordan
» tes , notre but n'eſt pas le même pour
3) tous , nous varions juſques dans les
» formes : déterminons le but , venez ,
i , enſeignez , apprenez , faites de bonnes
» ; loix , mais peſez attentivement ce que
9.Vous avez à faire , je vous adreſſe le

23 réſumé des opérations auxquelles vous


vous livrerez , & pour que vous vous
» .entendiez , communiquons - nous mu
aj tuellement nos réflexions. “ Alors ,
comme la fin de l'aſſemblée convoquée
ſerait de déterminer le but de la Société,
de faire des loix . & de bonnes loix , de
régler enfin tous les objets qui intéreſ
ſent la Société , chacun travaillera avec
zele , & comme ce qu'on a annoncé &
promis on doit le tenir , on ſe commu
niquera ſes vices & ſes opinions aſſez à
1
temps pour qu'on puiſſe fe décider ſur le
parti qu'on a à prendre , adopter certai
nes opinions , en réfuter d'autres, enfin

( d ) Platon , Dialogues , premiere Alcibiade.


29
choiſir dans la maſſe ce qui eſt juſte ,
honnête & utile , rejetter ce qui ne l'eſt
pas.
Mais ſi l'on avait choiſi un centre de 3e. vice,
cominunication , & ſi ce centre avoit rout
abſorbé fans faire parvenir aux différens
points de la circonférence les opinions di
verfes , ſoit de deſſein prémédité , ſoit
par négligence , ne ſera- t - il pas vrai de
dire au premier cas que c'eſt une mau
vaiſe foi inſigne , & au ſecond cas qu'il
faut néceſſairement que l'aſſemblée ſoit
retardée ?

Suppoſons la Société fi étendue que 46. vice .


tous ſes Membres ne puiſſent contenir.
dans un lieu quelconque, ou que de ces
Membres une partie ſoit occupée de ma
niere à ne pouvoir ſe rendre à l'aſſem
blée générale; comme ils ont tous un
droit individuel d'y aſſiſter , ils . nomme
ront un de leurs aſſociés pour opiner en
leur lieu & place , il pourra même arri
ver qu'un aſſocié ſera muni des pouvoirs
de vingt , de frente de ſes confreres ; ne
ſerait - il pas abfurde de propoſer que la
voix de celui qui fera porteur de cin
quante fuffrages ne vaudrait pas plus que
celle de celui qui ne ſerait porteur que
de dix ? Ne ſerait - il pas plus abſurde en
core d'accorder à celui qui ne ſerait por
30
teur que de ſon fuffrage une prépondérance
qui équivaudrait aux ſuffrages de cent af
ſociés ? Pour mieux faire ſentir cette ab

furdité, propoſons une comparaiſon.


Un moribond legue - ſon bien à tous
ſes parens . Il laiſſe 100,000 livres , il y
à cent parens , cela fait 1000 livres par
têre. Tous ces légataires ne peuvent pas
venir recueillir la ſucceſſion , dix chargent
de leur pouvoir un de leurs parens , cinq
en chargent un autre , quinze en com
mettent un troiſieme, ainſi des autres ;
quatre ou cinq viennent pour eux -mêmes
fans aucun mandat ; ils ſe trouvent vingt
pour procéder au partage. Donnera -t - on

à chacun de ces vinge le vingtieme de ces


100,000 ? Le partage ne ſerait - il pas d'une
inégalité révolcante ? Puiſque celui qui
viendroit pour lui ſeul emporterait sooo
livres , tandis que le mandataire de vingt
n'en aurait pas d'avantage, ce qui ferait
que chacun de ſes mandat n'aurait que
250 livres.
Le
partage d'une ſomme pécuniaire
peut - il être comparé à l'acte reſpectable
de ſe faire des loix qui doivent obliger
un chacun des Membres d'une Société ?
On peut ſe conſoler d'une perte d'argent ,
c'eſt l'accident d'un moment ; ſe conſo
lera - t -on d'avoir de mauvaiſes loix , qui
31

à chaque inſtant vous obligent & vous


dirigent , dont à chaque inſtant on a.d
déplorer la funeſte exiſtence ?
Mais , comment recueillir ces ſuffrages
diviſés ? Rien de plus ſimple. Je ſuis port .
Je ſuis
teur de vingt ſuffrages ? Ecrivez mon nom ,
& portez , comme dans un livre de compre ,
le nombre vingt à la colonne des voix ;
celui qui parle pour lui ſeul n'aura que
le nombre un à cette même colonne ; &

alors , au lieu d'additionner ſur ſes doigts


juſqu'au nombre dix - huit , un Arithméti:
cien un peu plus habile , fera , fans s'ef
frayer , l'addition plus conſidérable, avec
fa plume. Qu'on trouve une maniere plus
ſimple & auſlī juſte , & il faudra l'adopter.
Si le deſpotiſme s'était introduit dans 5e, vice.
une Société d'égalité, fi , à l'aide d'une
opération ſourdement préparée , artifi
cieuſement préſentée, légérement approu
vée , on avait ſupprimé le but de la So
ciété, ſans en indiquer un autre , ne pour
roit - on pas dire avec Ciceron ( e ) , que ne
ne nous laiſſiez - vous comme nous étions,
nous favions ce que nous étions ?

( e ) Utinam Reſpublica fetiſſet quo coeperat


Aatu , nec in homines non tam commutandaruns
rerum quam evertendarum cupidos incidiſet. (Cic.
. de Offic . l. 2 , c. 1. )
Si quelques individus de la Société
avaient cru trouver le vrai but , ou an
noncé un but plus honnête , plus utile ,
plus juſte ; ſi , en conſéquence , ils avaient
fait ſupprimer l'ancien but ( f ) , & ce
pendant s'étaient obſtinés à tenir ſecret
ce nouveau but , ne pourrait -on pas ſoup
çonner que ce but n'eſt pas honnête ,
qu'il eſt par conſéquent contraire à la
juſtice ? Et on leur dirait , avec Platon ,
votre but, votre ſcience n'a pas la juf
tice pour baſe ( g ).
Et ſi leurs connoiſſances étaient véri
tablement utiles , ne fera -ce pas un vol
fait de la ſubſtance d'autrui , puiſque ce
qui eſt utile appartient à tout le monde ,
dès que celui qui a découvert cette uti
lité n'en fouffre aucun préjudice ( b ) ? Ne
ſera-ce pas méconnaître l'eſſence de l'ami

(f) Quò eft deteſtabilior iflorum iinmanitas ,


qui lacerarunt omni fcelere Patriam Ey in ed
funditus delendi occupati Ego funt Si fuerunt.
( Cic. de Offic. l . 1 , c. 17.)

( g ) Non solim fcientia quæ eft remota d juf


titiâ , calliditas potius quam ſapientia eft appel
landa , &c. (Cic. de Oífic. 1. 1 , c. 19. )

( h ) Quidquid fine detrimento pollit commodari


id tribuatur vel ignoto. ( Idem , ibid , C. 16.)
tié,
.

33
3 tié , qui établit la communauté des cho
ſes apartenantes aux amis ( i) ? C'eſt Pi.
1 thagore qui le dit. N'y a - t - il pas de l'inhu
71 manité à refuſer une choſe honnête &
utile , quand on peut le faire ſans qu'il
en coûte rien (k) ? Obſervez que je parle
toujours de ceux qui ont droit à ces con
naiſſances , & non de ces eſprits légers &
1 ſuperficiels qui n'en feraient aucun uſage;
de ces eſprits ſarcaſmatiques qui en abu
ſeraient , de ces eſprits faux & dange
reux qui en feraient un uſage repréhen
ſible , enfin de ceux qui n'ont pas ac
compli le temps de leur apprentiſſage.
2 Il y a beaucoup d'autres vices , qui ,
dérangeant l'Ordonnance d'une Société , R
la déchirent & l'anéantiſſent; bornons
nous aux ſix principaux que nous venons

de propoſer , qui , diviſant l'eſprit de la


Société , feront qu'une de ſes branches
partira d'un but , l'autre d'un différent ,
& qu'ils n'arriveront pas à la même fin .
-1 Mais , pourquoi trouve- t - on , dans
certaines Sociétés , des individus qui

(1) Amicoruiii effe omnia communich ( Idem


ibid )
( Á ) Quæ funt is utilid , qui accipiunt , danti
= non moleftu. ( Idem , ibid .)
34
s'obſtinent à tenir cachées des connaiſ
fances qu'ils ſe vantent d'avoir , quoi
qu'ils puiſſent les communiquer fans ef
ſuyer le moindre dommage ? Ne ſerait- il
pas affligeant que ce fût la fureur de do
miner, le démon du deſpotiſme, qui les
poſſede ? Il arrive qu'on veut exercer un
empire, qui échappera , ſi l'on découvre que
la ſcience eſt , ou étrangere à la conſti
tution de la Société , ou qu'elle n'y eſt
pas eſſentiellement inhérente ; on préfere
de la laiſſer cachée ſous le voile du myf
tere , &c. &c. & c.

Réſumons- nous, & convenons de bonne


foi, premiérement, que les individus eſſen
tiels d'une Société qui n'en connaiſſent pas
le but , ne peuvent concourir au bien de
cette Société , ne peuventpas diriger leur
conduite vers l'eſſence du but de cette So
ciété, & conſéquemment qu'ils marchent
au haſard, comme ſi la Société n'avait
pas de but, ce qui eſt contraire aux prin
cipes conſtituans la Société bien ordon
née.

20. Qu'une Société dans laquelle l'éga


lité doit exiſter , ceſſe d'être ce qu'elle
doit être, lorſqu'on y écabit des loix d'iné
galité, qui y introduiſent le deſpotiſme.
Société mal ordonnée ! .

3 °. Qu'une Société dont les Membres


ne s'entendent pas , eſt une Société de 1
diviſions , de troubles , d'inimitié , de
diſcorde Société mal ordonnée !

| 4 ?. Qu’une Société dont les Agens prin


cipaux ne connaiſſent pas les principes
de l'honnête ; du juſte & de l'učile , eſt
une Société où l'ignorance croupit dans
la fange. Société mal ordonnée !
5º. Qu'une Société dontles Agens prin
cipaux connaiſſent les principes du juſte,
de l'honnête & de l'utile , mais ne veu
lent pas agir d'après ces principes (1) , eft
une Société de corruption , de mauvaiſe
foi, de trahiſon ; Société dangereuſe, abo
minable , qu'il faut diſſoudre , qu'il faut
anéantir , annihiler. Société horriblement
mal ordonnée !

6 ^ . Qu'une Société d'hommes égaux ,


parmi leſquels on rencontre des eſprits
turbulens , inquiets , novateurs , embraſés
par le feu de la domination , dont la
dent deſpotique déchire tout , eſt une so
ciété ténébreuſe ( m ) , infàme, il faut la-

(1) Hinc ficæ , hinc venena, kino falja tebie


monia nafcuntur : hinc furta , peculatus; ex
pilationes , direptione que Sociorum & Civiusin
( Cic. de Offic . k 3 , c . 8.)

(m ) In liberis Civitatibus regnandi exiſtunt


C 2
36
néantir , l'annihiler. Société mal ordon
née ; indignement mal ordonnée !
7. Qu'une Société infectée des vices
dont le tableau vient d'être tracé , ne
pourra , ou né voudra faire de bonnes
loix .

8. Qu’une Société qui n'aura pas un


bút déterminé, bien connu de ſes indi
vidus , qui n'aura pas de bonnes loix, qui,
conſéquemment, n'en aura que de mau
vaiſes , dont les Agens principaux fe con
duiront d'après un penchant décidé pour
le deſpotiſme , qui ne connaitra pas les
principes fondamentaux qui doivent di
riger toute Société , dont les Membres
ſeront déſunis par l'ignorance des prin
cipes & la diverſité des caracteres; qu'une
telle Société ne pourra jamais convenir
à des perſonnes raiſonnables. Que, par
une conſéquence impérative , elle fera
d'Etres qui , n'étant pas raiſonnables, fe
ront alors le rebut de l'eſpece humaine ,
qu'elle reſſemblera donc à ces Sociétés
de mal -faiſans , malfaiteurs , ſur leſquels
le glaive de la juſtice eſt ſans ceſſe ſuf

cupiditates , quibus nihil nec tetrius , nec foe


dius excogitari poteft. (Cic. ibid. )
37
pendu , lorſque ſon fouet ne, peut les
chaſſer.
Par la raiſon des contraires , toute So
ciété qui aura un but honnêre , utile &
juſte , qui aura de bonnes loix qui déri
vent de ce but , dont les individus hon
.nères , doux , vertueux par nature & par
deſir , ennemis d'un gouvernement con
1 traire à la conſtitution ſociale , n'aime

ront que des loix ſages & une concorde


bienfaiſante , reſpecteront ces loix ſages,
leur obéiront , entretiendront cette con
i corde ; cette Société fera reſpectable &
reſpectée , deſirable & deſirée ; les Sou
i verains la protégeront dans leurs Etats ,
parce qu'il eſt intéreſſant qu'un Etat ſoit
peuplé de Sujets vertueux , Omnium So
cietatum nulla præftantior eft , nulla fir
mior , quam quum viri boņi, moribus fimi
les , ſunt familiaritate conjunkti. Illud enim
boneſtum ( quod fæpe dicimus) etiamfi in
alio cernimus, tamen nos movet , atque

illi, in quo id inefle videtur , amicos fa


çit ( 12 )
Telle eſt3 l'eſſence de la Société Ma
çonnique ; teile ſera cette Société reſpec
table , ſi jamais elle ne reçoit dans ſon ſein

( W ) Cic. de Offic. 1. I, C. 17.


* 38
que des hommes vertueux , ou qui deli
rent vivement de l'être ; ſi ſon but eſt
honnête , utile & jufte ; fi ce but eſt
connu de tous ceux qui ſont admis à
l'adminiſtration de la Société, ou qui ont
acquis le droit d'avoir la connaiſſance in
time du but de l'O ; ſi les loix qui la di
rigent font fondées ſur le juſte, l'hon
nête & l'utile. Si elle a le courage de
fermer les portes de fes Temples à ces
eſprits faux , turbulens , novateurs , im
poſteurs , deſpores , hypocrites , & tous
autres êtres vicieux & dangereux , qui
troubleraient le bonheur d'une aſſocia
tion douce , honnête , bienfaiſante, amié
de l'humanité.

C'eſt d'après tous ces principes que le


Peuple Maçon , aſſemblé à Wilhemf
bad (o) , a dû diriger les opérations,

(6 ) J'appelle Peuple Maçon , cette partie du


Corps M .: qui fe vante d'en être la partie
d'en être
faine , qui croit avoir le véritable but de la
M .., qui annonce le defir formel d'être d'une
utilité effentielle au genre humain. Comme
tous les M .. y étaient convoqués ou devaient
l'être d'après les deux premieres circulaires , on
pouvoit , à plus juſte titre , appeller cette af
ſemblée le Peuple M.:
39
! qu'il a dû fixer le véritable but, former
d'excellentes loix.
Nous examinerons dans les troiſieme
& quarrieme Parties s'il a fait ce qu'il a
pu , ce qu'il a dû , pour y parvenir.
Avant d'entrer dans ce dérail, qu'on
me permette de jerter quelques réflé
xions ſur la nature de l'homme, & quel

: ques vérités bien intéreſſantes qui déri


vent de ces réflexions.

Contemplons le ſpectacle de la nature.


Les altres diſpoſés à des diſtances diffé
i rentes , ſont cependant , pour ainſi dire ,
enchaînés , & ne ſe dévoyent pas de la
route qui leur eſt tracée ; & ne voyons
nous pas , ſur notre Globe , le cedre qui
s'éleve fiérement ſur la cime du Libanº,
obombrer la plante faible qui croît &
rampe autour de lui ; l'aigle dirige ſon
vol vers l'aſtre du jour, tandis que l'au-.
truche s'éleve à peine au -deſſus de la ſur
face de la terre ; une foule d'animaux ha
bitent l'air , une foule vit au fond de
l'eau ; la terve eſt peuplée d'animaux in
nombrables qui parcourent ſa ſurface ,
tandis que d'autres naiſſent , vivent &
meurent dans ſon ſein ; il y a des ani
maux d'une grandeur , d'une groſſeur ef
frayante , il y en en a d’une petiteſſe im
perceptible ; les uns féroces déchirent
1

40
& dévorent tout ce qu'ils rencontrent ,
les autres doux & timides broutent l'herbe

de la plaine. Cette variété immenſe , qui


'étonne dans l'ordonnance majeſtueuſe de
l'univers , cette variéte ſe trouve dans
l'homme avec des caracteres fi frappans ,
que des Philofophes Pont appellé le petit
monde. Si les hommes , pour remplir les
vues de l'Etre fuprême, ont entr'eux des
rapport communs, ils ont auſſi des diffé ,
rences caractériſées. Par un décret du

Dieu de la nature , la conſtruction phy


fique de l'homme influe fur fa conſtitu
tion morale d'une maniere fi impérative
& fi marquée, que l'on trouve dans les
hommes la réunion de tout ce qui ſe
trouve diviſé dans les autres animaux : ils
font féroces comme le tigre , doux comme
le mouron , fiers comme le lion , hum
bles comme le chameau , laborieux comme
ļa fourmi , fainéans comme l'àne , chaftes
comme l'éléphant , impudics
comme le
bouc , induſtrieux comme le caftor , imi
tateurs comme le ſinge , vigilans comme
le coq , ruſés comme le renard ; enfin on
trouve dans les hommes toutes les bons
nes , toutes les mauvaiſes qualités qu'on
trouve éparſes dans les autres animaux,
Nous cirerons de cette vérité une regle
utile pour les aſſociations d'hommes , &
41
ſur- tout pour l'aſſociation M ... Après
avoir poſé une ſeconde (vérité bien con
ſolante par les conſéquences qui en dé
rivent , c'eſt que l'homme a pardeſſus
tous les animaux une intelligence ſpiri,
tuelle, qui lui donne la force de domp
ter ſes penchans pervers; en forte que
l'homme le plus vicieux , qui ſe conduit
d'après cette intelligence qu'on appelle
raiſon , devient le modele le plus reſpecs
table de la vertu , Socrate avouait qu'il
était né avec toutes les inclinations les
plus déſordonnées , & Socrate était le

fage, le ſeul fage auquel on n'ait jamais


reproché aucun écart. C'eſt un exemple
bien frappant de cette vérité touchante
qu'on peut ſe rendre maître de ſes paſ,
fions. Tous ceux qui me liront , s'ils ren
trent en eux -mêmes , s'ils promenent
leur mémoire ſur les faits de leur vie ,
conviendront que plus d'une fois cette
5
intelligence fpirituelle les a détournés de
commettre une action dont ils auraient
eu à rougir. c'eſt l'intéreſſante
Rougir !
preuve de la vérité que je dis. La raiſon

a broyé ſur la palette de la vertu ce


rouge dont elle colore le front de
l'homme qui ſe repent. de n'avoir pas
écouté ſa voix .
e
Venons à la regle que nous avons an
noncée.
42
Les hommes étant deſtinés à vivre en
Société ; les hommes , par leur conſtruc
tion phyſique, étant aſſujettis à une dé
termination qui les porte au vice ou à
la vertu ; les hommes ayant en eux un
principe agiſſant, qui les détourne du
vice & les dirige vers la vertu , on doit
réveiller ſans ceſſe le principe agiſſant,
afin de faire tendre toutes les actions des
hommes à l'avantage & au bien de la
Société ; mais ſi l'on ne peut obtenir que
ce principe agiſſant opere avec effica
cité ſur toutes les paſſions de l'homme ;
alors , ou ces paſſions que la raiſon n'aurą
pas pu dompter , rompraient , d'une ma
niere dangereuſe , le næud fociał, & il
faudra éliminer de la Société le vicieux
incurable ; ou ces paſſions ne porteraient
aucun préjudice notable à la Société, &
alors il faudra en diriger l'action de forte
qu'elles tendent à l'avantage de la So
eiété ; c'eſt ainſi que le militaire ambi
tieux eſt conduit par mille périls au but
de ſon ambition,
Si nous chériſſons l'utilité de cette

regle pour la Société M. , nous trouve


rons qu'il ſera utile à cette Société de
ne pas admettre dans ſon ſein des ca
racteres faux , méchans , perturbateurs ,
defpotes, & fpécialement tout homme
43
qui ſe livrera aux excès , honteux des
vices déshonorans; & fi l'on avait ou
vert le veſtibule du Temple à des Aſpirans
de cette trempe , il faudra les laiſſer dans
ce veſtibule , ſi l'on ne pouvait pas ( ce
qui n'eſt pas admiſſible , ce qui prouve
rait l'ignorance des remedes propres à
dégoûter un Aſpirant de la ſainteté des
travaux M. :: ) , ſi l'on ne pouvait pas
leur interdire l'entrée même de ce veſti

bule. Si, au contraire , ces Aſpirans ont


de ces goûts , de ces paſſions, dominan
tes, ſur leſquels la raiſon ſera impuiſſante ;
ſi ces goûts , ces paſſions, ne ſont pas
deſtructeurs du ſentiment de bienfaiſance
& d'humanité (vertus fublimes , ſi inco
hérantes avec la nature de l'homme ) ;
alors il faudra profiter de ces goûrs , de
ces paſſions pour le bonheur des hommes
en général, & de la Société M. , en par
ticulier. C'eſt ainſi que pluſieurs faibleſſes
réunies procureront une maſſe de force
qu'on n'aurait pas eue de la diviſion ,
: Le but M.; eft caché de tous côtés
par des allégories & des emblêmes ; ces
emblêmes, ces allégories , quelque ex
preſſifs qu'ils ſoient , ont le vice de ce
genre' myſtérieux , de n'être pas telle
ment, propres à exprimer une choſe de
terminée , qu'ils ne puiſſent convenir à
44
expliquer telle autre choſe , ſouvent dia
méralement contraire. Auſſi , parmi ceux
5
qui ont cherché à pénétrer le véritable
but de la M. : . ; les uns ont cru voir tel
bur, & d'autres ont cru en découvrir un
autre . Il y a au moins douze fyſtèmes
différens. La plupart ; à la vérité , mar
chent ſur les mêmes traces, ſur les tra
ces de la vertu , & voient de même un

but général , celui du plus grand bien de


l'humanité ; mais ce but général , ſans ſe
perdre par les routes diverſes que l'on
prend , ſe voic différemment, & cela dé
pend de la conſtruction phyſique, que
nous avons dit influer avec tant de force
ſur la conſtitution morale. De ces douze
fyftêmes, onze certainement font dans
l'erreur ; mais ſi cette erreur ne préju
dicie pas au bonheur des hommes , fi
elle n'arrête pas la ſource de la bienfai
ſance , les efforts actifs & énergiques de
l'amour de l'humanité , faudra - t - il de
truire ces onze ſyſtémes intéreſſans, dont
les partiſans n'auraient pas cette portion
de lumiere , ce jugement précieux , né

ceſſaire pour ſentir le mérite & la préé .


minence excluſive du douzieme ſyſtême ?
Mais alors ceux - ci ne pourront - ils pas
dire , vous rejettez notre ſyſteme, pour
quoi le rejettez - vous ? Prouvez - nous
/
45
l'excellence du vôtre par des preuves éga
les à celles qui vous ont déterminé à re
jetter le notre ? Et cela amenera la dir
ſertation ſur la nature des preuves à
admettre pour appuyer la ſolidité d'un
fyftême : diſſertation importante , mais
ſuſ cep tib le d'u ne diſcuſ ſio n des plus år
dues .
Plus je conſidere l'ordonnance de l'u

nivers , plus je compare. l'analogie des


parties avec le tout , plus j'apperçois d'a
nalogie ſpéciale entre l'homine & l'uni
vers , & plus je ſuis convaincu que la
véritable ordonnance M.. doit être cal
quée ſur l'ordonnance de cet univers. Ef
en conſéquence l'harmonie que je trouve
dans les trois regnes , m'indique une re
gle fondamentale qui dirige tout , & n'ex
clue rien ; la terre nourrit le chêne an :
tique ; & la fleur qui ne dure . qu'un

jour ; le poids du lourd hippopotame ne


dérange pas plus fon équilibre que celui
de la mite ; le vautour carnacier n'a pas
plus de droit à l'air que la mouche; le
diamant ou le grain de fable , l'or ou
le minéral le moins précieux , ont tous
leur place dans la terre , & ne ſont pas
inutiles. Pourquoi ( fur - tout d'après l'in
certitude ſur l'explicacion préciſe des em
blêmes M.::) ne pas adopter l'ordre éra
46
bli par l'Auteur de toutes chofes , pour
chacune de ces choſes en particulier , &
pour l'enſemble de toutes ces choſes ?
Pourquoi ne pas admettre tous les fyſ
têmes M . : ? Rangez-les chacun dans une
claſſe ; les plantes , les arbres , les miné
raux , les animaux ſont claſſés ; les nerfs ,
les, arteres , les veines font claſſés. Clat.

fez auſli les fyftêmes de la M .. A moins


que vous ne puiſſiez prouver , par une
démonſtration à l'abri de toute critique ,
par une démonſtration que tous les M .:
puiſſent entendre & comprendre , que le
vrai but de la M. :. eſt tel; vous ſerez
forcé , vous qui admirez l'ordre & lhar
monie de l'univers , vous ſerez forcé par
les loix de la raiſon , de la juſtice & de
l'utilité publique & particuliere, d'adopter
le plan majeſtueux qui s'attire votre vé
nération ; vous admetrrez donc tous les
fyîtêmes qui ne ſeroni pas deſtructeurs
de cet ordre & de cette harmonie .

Je m'arrêté à regret ; je m'arrache à


la contemplation d'objets fi dignes de l'at
tention de l'homme ! je vais m'occuper
d'objets qui vont me paraître bien minu
tieux. Il ont cependant leur importance :
& je dois remplir la tâche que je me
fuis preſcrire.

Fin de la premiere Partie.


47

SECONDE PARTIE .

Examen ſommaire de ce qui a

précédé le Convent de Wil

helmsbad .

Ad quos tanquam ad mercaturam


bonarum artium fis profectus ,
inanem redire turpiſſimum eft',
dedecorantem Urbis auétorita

tem Magiſtri.

(Cic. de Offic. l. 3 , c. 2. )

Lorsque le Sme . G4 Sup.de l'O a


envoyé ſa premiere circulaire ( a ) , qui
n'eſt parvenue à beaucoup d'étabiſſemens
que plus de deux mois après ſa dlare , il
a recommandé qu'on lui envoyât le ré
ſultat des réflexions avant la fin de l'an
née ; en ſorte qu'on avait à peine un
: mois pour examiner , réfléchir , combi

( a ) Du 9 Septembre 1780 ..
48
ner & rédiger ce réſultat. On ne pou
vait guere ſe promettre un ſuccès heu
reux d'une entrepriſe fi précipitée ; di
verſes circonſtances ont fait proroger le
terme , & on a eu le temps ſuffiſant pour
préparer la matiere & ſe déterminer ſur
le parti qu'on avait à prendre ; on avait
le temps de faire une étude louable de l'art
de raiſonner , de celui de faire des loix.
Un petit cours de logique , un cours
plus érendu des préceptes de la morale >
& une lecture réfléchie des Auteurs qui
ont raiſonné ſur les bonnes législations;
voilà , ſans doute , à quoi on aurait pul
employer le temps intermédiaire , afin de
paraître au Convent avec les diſpoſitions
& les talens néceſſaires. Nous verrons à

la ſuite juſqu'à quel point on a pouſſé


ces études.
A cette époque ' la Maçonneriel lan
guiſſante en France , jetait au haſard
quelques actes de bienfaiſance qui ſe per
daient preſqu'auſſi-tôt dans la nuit de l'ou
bli . Les réunions Maçonniques étaient
plutôt des réunions de plaiſirs & de
folies que de véritables Loges. Un luxe
destructeur, luxe dans les Temples, luxe
dans les vêtemens, luxe dans les banquets,
luxe dans les fères dévorait l'aliment

de la bienfaiſance , & volait la ſubſtance


qu'on
1 49
U qu'on avait promiſe à l'humanité gémiſ:
i. fante. Ce luxe s'était introduit juſques

le dans les diſcours Maçonniques , dans leſ


quels l'art des mots ſuppléait aux con
naiſſances de l'Aſſociation .

at On entendait les voûtes de nos Tema


It ples retentir du beau mot de bienfaiſance ;
X il femblait que fon Autel fût au milieu
TS des Loges : la cherchait-on ? On trouvoic
dans nn recoin un ſquelette informe

u que l'amour propre careſſait; qu'encen


fait l'orgueil, que les paſſions humaines
couvraient de quelques lambeaux.
+ Cependant quelques reſpectables
fecouerent le joug de l'habitude, la raia
1 ſon dardant les rayons de fa lumiere ſur
ces atteliers, les Membres qui s'y réuniſ
ſaient ſentirent que des goûts frivoles ne
7 pouvoient être le bui d'une Société qui
-1 exiſtait depuis tant de fiecles ; que ces

goûts . frivoles devaient néceſſairement


produire la diſſolution de la M.-. Ainſi,
vit - on entr'autres; la T R: des amis
réunis à l'O. de Paris , pouſſer fes recher
ches auſſi loin qu'on pouvait l'attendre
d'unes dont les conſtitutións étaient
fi modernes : elle cherche dans les diffé
gi
rentes parties des connaiſſances Mac ..:)
la mere branche d'où les autres tirent
1
leurs ſubſtances. Le travail opiniâtre au
D
50
quel cette eſtimablė ſe livre , doia
exciter la vénération de tout bon Ma
con : & tout bon Maçon doit ambition
ner l'avantage de contribuer à ſes pro
grès , en l'enrichiſſant de ſes lumieres &
& ſes découvertes.

- En Allemagne , en Suede , en Pruſſe ,


&c. on a vu des zélateurs de l'O. M. :: ;
préſenter la M. ſous des faces diverſes.
Les uns y virent des ſciences abſtraites ,
d'autres une fcience (morale , ceux - ci des
vérités hiſtoriques , ceux-là un mélange
d'hiſtoire & de ſcience : enfin il n'y a
point de connaiſfances au phyſique, au
moral , utiles ' ou -abſurdes , qui ne ſoient
devenues. l'objet de la ſpéculation & des
recherches du Peuple Maçon.
: L'origine de la M.. , a été l'objet des
recherches les plus ſérieuſes ; & chacun
la poſée ſuivant le calcul qu'exigeait ſon
fyftême. Le lieu où elle a pris naiſſance
a de même occupé ceux qui ont fait une
étude un peu approfondie de la M.':,
On en a recherché : les traces en Alie ,
en Afrique , dans les pays tempérés, &
même juſques près de la zoné glaciale.
Il n'eſt pas étonnant , . fi, dans cette
efferveſcence , il s'eſt trouvé des eſprits
exaltés, qui ont cru, voir des choſes in
croyables ; il eſt encore moins, étennant

0
ST
1 qu'il ſe fơit trouvé des impoſteurs qui
22 aient fait de la M ... un objet de ſpécue
lation financiere : on a vu auſſi des per
- fonnes ſuperficielles & légeres , douées de
quelques bluettes d'eſprit , privées de ju
gement , écouter & recevoir de bonne
foi ce qu'on leur diſoit , ce qu'on leur
2 donnait ; confondant alors tout ce qu'on
-S. leur avoit appris , communiquer leur ga
limatias à d'autres perſonnes de leur
es trempe. On a vu des ſyftêmes ou des
fables ſoutenues par des ſermens , des
& promeſſes s promeſſes frivoles , éteintes:
BU faute de pouvoir êrre accomplies: Tour
à - cour trompé , trompeur , retrompé , on
3 n'a plus ſu à quoi s'en tenir ; : l'incerti
tude , en tâtonnant ; s'eſt aſlisé dans nos
Temples, & les Maçons de bon ſens ont
31 pris place près d'elle.
1 Pendant que des charlatans vendaient
leur drogues à tous venans & à roue
e prix les établiſſemens Français, réunis
au régime de Dreſde ; ſe font aſſemblés
en Convent national pour corriger les
& imperfections de ce régie: fans toucher
au but , ils ſe font bornés à le purifier ,
te à y adapter d'autres formes , & èe qu'ils
TS ont ſupprimé, ils ont prouvé qu'il de
11 vait l'être ; & ce qu'ils y ont ajouté, ils
ont- prouvé qu'il s'accordait parfaitement
D2
52
au but conſidéré. relativement au génie ,
& aux mœurs de ce ſiecle. Ils ont auſli
fait un code de loix , mais avec trop de pré
cipitation : c'eſt pourquoi on ne les trouve
ni affez claires , ni aſſez préciſes , ſouvent
confondues les unes dans les autres ; &

cela , parce qu'on n'a pas voulu y mettre


quelques jours de plus. Il ſemble que
l'ouverture d'un Convent appelle à grands
eris fa clôture. Ne vous aſſemblez donc
pas , ſi vous ne voulez pas terminer tout
ce que vous vous êtes propoſé de faire ,
ou vous courrez les riſques de voir les
Rédacteurs patricoter des grades à leur
gré , embrouiller vos loix les plus claires ,
& changer dans l'un & dans l'autre l'ef
prit des délibérations pour y ſubſtituer le
leur. Au ſurplus le Convent des Gaules
m'a appris que pour faire de bonnes loix ,
il fallait qu'elles fuſſent propoſées par une
feule perſonne , qui en eût dirigé l'ordre,
viſées , corrigées par une commiſſion de
quelques Membres, & ſeulement après
préſentées à l'aſſemblée générale , pour
qu'elle pût en éloigner ou y ajouter ce
que la négligence ou la précipitation au
rait ou admis ou laiſſé dans l'oubli.
Il ſerait à ſouhaiter que la loi qui
doit dirigér & obliger des perſonnes qui
parlent des langues différefices, fût dans un
53
idiôme commun à toutes , afin que toutes
puſſent vérifier ſi la traduction eſt ex acte.
Tel eſt l'idiome latin .
Ces opérations des M .: Français ten
daient a provoquer un Convent géné
ral ; on n'a pas été trompé dans ſon at
tente : la premiere circulaire du Sme, Gd,
Şup , n'a paru guere plus de deux ans
après les dernieres opérations du Convent
des Gaules terminées.
Cette circulaire , qui a fait une ſenſa
tion fî frappante dans l'eſprit de tout
bon Maçon , mérite d'être luę avec atten
tion ; parcourons-en les objets principaux ,
& reportons-nous au troiſieme alinéa :
Ire Circul. Extrait .
Io. Le S. G. S. an
Iere page , ze alinéa.
nonce qu'il eft perſuadé Je laiſſerois tomber
qu’un Convent général si je n'etais perfuade
eſt le moyen de ſauver qu'il nous reſteencore
un moyen de ſauver
L'O . , de l'ai donner une l'Ordre , de luidonner
forme plus adaptée à no- tée notre fiecle & a
tre fiecle Egad nos maurs al nos meurs , de le ré.
duire à ſes vrais prin.
de le réduire à ſes vrais cipes, & de conduire
principes , & de conduirela barqueà bon port,
je veux dire , une aſ,
ba barque à bon port. Il ſemblée fraternellegée
nérale de toutes les
ne connaît que ce moyen grandes Loges Ecofo
Pour l'employer avec faiſes ,
profit , il faut convenir
de ces principes vrais de
l'Ordre. Et c'eſt annon
54
E X TRAIT
cer qu'on les connaît, que
de la premiere Circulaire
de dire que c'eſt le jezel
moyen qui reſte · Er lorf
qu'il eſt ajouté qu'on y
parviendrą par une afem ,
blée f aternelle générale de
toutes les grandes i
n'eſt - ce pas dire que

ceux qui affifteront à


cette aſſemblée , doivent
jy développer leurs con
naiſſances , fans aucune
réſerve , ou la phraſe
n'aura plus aucun ſens ;
qu'ils doivent établir les
principes vrais de 10., ou
que l'O . eſt perdu ? Il eſt
indiſpenſable , en fait de
connaiſſance , que la com
3 munication foit faite :
1
ſans cette communication ,
ferait - il poſſible de s'inf
truire ? Pluſieurs des Ff.

qui me liront , connair


ſent . Swedenborg ; cets
homme fameux par la
pureté de ſes meurs,
plus fameux encore par
les graces qu'il aſſure lui
lavoir été accordées par
56
” Etre fuprêmé. Quelle , EXTRAUT,
de la premiere Circulaire.
que ſoit l'opinion qu'on
aît de ſes æuvres , j'en tire
rai des citations morales ,
auxquelles on ne pourra
refuſer de rendre hom
mage. Or Emmanuel de

Swedenborg nous parle


ainſi : „ Ne voulez - vous
i donc fairę aucun uſage
03 de vos connaiſſances ?
" : iii Elles ſont faites
» pour être miſes en pra
į tique; c'eſt la fin pour
i laquelle leur Auteur
» veut que l'on s'en inf
» truiſe; elles ſont com
2 muniquables ; c'eſt un
‫ رو‬bien dont vous devez
12 faire part aux autres ,
1 pour le ur
leur avantage. oc
Et plus bas en parlant
de ces gens
ces myſtérieux :
» Qui veut acquérir la vé
» ritable ſageſſe , doit en
- agir tout autrement ;
92 les ſciences , les con
w naiſſances de toutes ef

☺ peces , font des moyens


» pour chercher & pour
56
EXTRAIT „ découyrir ce qui peut
de la premiere Circulaire,
11 , être utile dans la vie. (
( Swedenbord. Terres ,
PĻAM, & Aſt, N. 18.)
Jbid tage 2 , od alinéa
L'incertitu de. & les 20. Une aſſertion bien
dutes ſur notre fyr précieuſe eſt celle que le
téme actuel, fon ori. S. G , S. nous donne des
ontconduitdesFreres découvertcs faites
zélés & entendus à des par des
recherches , quipeut- Freres zélés & entendus ,
atre n'ontpas tout à ſur l'origine & la légalité
fait été fans Success
dę ?? Q , On a donc eụ
droit de s'attendre que

çeş Freres feraient part


de leurs découvertes en
plein Convent ; car ce
ſerait ſe jouer indécem
ment des Membres eſti
mables d'un Ordre ref.
pectable , que de leur an ,
2
noncer une découvertę
intéreſſante , la plus in ,
téreſſante , & refuſer en
fuite de la leur commu

niquer. Auſſi ceux qui


ont lu cette affertion , fe
font écriés : graces ſoient
rendues à l'Eternel ! Nous

ne voguerons plus ſur les


flots incertains d'une

mer agitée.
57
f 3 , Cette affertion s'eſt| EXTR A I 7 .
prouvé conſolidée par ce dc le premiere Circulaire
Ibid. page zde.
qu'a ajouté le S, G , S. , Peut- être n'eſt - ce
que nous étions en état qu'aujourd'hui feule
ment que nous ſommes
3 de comparer les réſultats en état de comparer
des différentes rechercbes . tialité , les réſultats des
Il les connaiſſait donc différentes recherches
& de déterminer , jųf
S ces réſultats ? Mais pour qu'àun certain degré
pouvoir comparer ces ré de certitude, ce que
nous devons être , pour
Jultats, on devait s'atten- répondre aux attentes
dre à "leur communica- du Public,
tion : car il n'eſt pas pof
ſible de comparer des ob
jets différens, fans une
connaiſſance de ces dif
férens objets,
Ibid. paga 2de.
40. Avec
quelle ſagen eft de la premiere
néceffité de nous en
précaution n'a -t-on pas tendre ſur les princi
enſuite développé tous pes généraux qui doi
les objets à examiner dans vent fervir de bale a
notre édifice
le Convent futur ? D'a
bord il poſe la néceſſité
de nous entendre ſur les
principes généraux : ce qui
annonçait encore une né
ceſſité de communiquer
les opinions diverſes fur
les principes généraux,
5. La premiere quef N. I , queſtion ' a )
Devons- nous regar ..
tion qu'on propoſait à der l'on comme une
58
R X TRA I T
examiner ( c'était vrai.
de la preiniere Circulaire.
Société purement con ment la premiere , la fon
ventionnelle , ou bien damentale ) , était celle de
fon origine d'une so- l'origine de l’O. , ce que
ciété ou d'un O. plus c'eſt que l'O. Si l'on avait
ancien , & quel eſt cet été d'accord ſur la nature
Q. ?
de l'O . il eût été plus fa
cile de trouver ſon ori

ginę; mais le Corps M. '.


reſſemble à un arbre , il
a ſes maîtreſſes branches ,
d'où partent encore d'au
tres branches. Il fallait
avoir une connaiſſance

profonde de tous les ſyſ


têmes de la M.'.', pour

pouvoir les ramener à un


point unique , au tronc
de l'arbre , & partir de là :
pour en chercher l'ori
gine; il fallait conſéquem
ment appeller au Convent
les ſectateurs de tous les
ſyſtêmes. Il fallait de la
part de ces ſectateurs une
confiance urile à la cauſe
coinmune ( b) , communi.

(b) Iere Circulaire , page 3.


T E pre
quer ſans aucune réjerve de la TR
X mie re AI
CirculT
aire,
Or
ſes propres liées , fou
- baits: & projets. Les a- t
220 on convoqués ? On a lieu
d'en douter ; c'eſt ce que
ur nous démontrerons ail
fo leurs.
6. A la ſuite de la
No. 1 , Lett.be
1: queſtion principale on lit Ayons nous des Sa.
1 périeu
celle acceſſoire des Su - Jexif rss? act
t-u uellen ent
Quifuntces

es périeurs de l'Ordre , qui, Superieurs ?


diviſée en deux parties 2
?
ne font qu'une ſeule &
même queſtion ; car
décidant qui ſovit ces Su
périeurs , c'eſt décider qu'il
y en a ; mais pour con
naître ces Supérieurs, que
fallait - il faire ? Prendre
les voies ſûres pour qu'ils
11 fuſſent informés du deſir
31 qu'on avait de les con
ES naître ; ce qui ne pou

18 vait être qu'en convo


77 quant les ſectateurs de
tous les ſyſtèmes M .. ,
. parce que s'il y a des Su
périeurs , ils doivent être
connus d'une des bran
ches de la M .. Si cepen
60
EXTRAIT Idant aucune des diviſions
de la premiere Circulaire de la M .: ne connaiſſaiç

de Sup. Gón, , alors une


triple ſommation de hui
taine à autre , faite à la
porte de la ſalle du Con

vent , ſuppléait à l'impof


fibilité de la fignification
à un inconnu,
Ibidem . 7 .. Il était naturel qu'a
Comment définir un
Supérieur de l'O . ? Après avoir pris des ren ,

t- il d'autorité de com . ſeignemens fur l'exiſten


la faculté. d’inftruire ? ce ou non exiſtence d'un

Sup. Gén. , on procédât


à définir ſa qualité , à
limiter ſon aụtorité; c'eſt
çe qu'on a . ,, avec tant de
fageſſe, propoſé à la ſuite
de la queſtion de ſon exif
tence :
Paffons fous. ſilence
toutes les autres queſ
tions propoſées dans cette
circulaire , nous aurons à
en parler ailleurs ; il ne
faut pas trop ſe répé
ter. Obſervons ſeulement
qu'elles ſont en partie
d'une ſageſſe eſtimable
Tque d'autres ſuppoſent des
61
5 talens & des connaiſſan EX.TR ALT
de la premiere Circulaire.
ces bien ſupérieures , mais
qu'il n'était pas impoſſible
de les trouver parmi l'é
lite. du Peuple Maçon ,
qui devait former la ref
pectable aſſemblée géné
rale. Ibid . page 56.
2 Nous ne parviens
80. Nous trouvons dans drons jamais à former
un emiemble des inaté
cette circulaire une nou- riaux niſperſes ; ſi nous
velle preuve de la nécef ve vilons nous com
muniquer reciproquea
ſité d'une confiance in- ment nos idees:
time, d'une communi
cation réciproque. Le S:
G. S. était fi pénétré de
cette vérité ; qu'il ne
croyait pas devoir ne pas
inſiſter ſur cette commu
nication réciproque. Il
Pa recommandée avec inf
tance implicitement ;
ainſi que nous l'avons
démontré dans les quatre

premiers paragraphes de
cette diſſertation fur la
circulaire ; explicitement
ainſi que nous l'avons
yu dans les § . 5. & 8. Et
pout engager à ce témoi
gnage de confiance ,
EXTRAIT offre de travailler avec
de lapremière Circulaire
ſes Ff. , il offre de s'expli
Dernier alinéa.
quer avec clarté : la part
que vous y voudrez pren
dre (Ivec moi , ne pourra
qu'augmenter mon attit
chement , & C . Si vous voti
lez bien travailler avec

moi, TC. , je me verrai


en état de m'expliquer ;
plus clairement avec vous
c.
Admirons , mes Free
res ; certe noble façon de
penſer & d'agir ; elle eſt
digne du ſang illuſtre qui
coule dans les veines des

Brunſwię ; digne du Hé =
ros qui s'eſt ille !
tête des armées.
Il ne manquait à cette
excellente circulaire qu'u
ne lettre concomitante
adreſſée à toutes les me
res des autres régi
mes , pour les inviter à

concourir , par leur pré


rence & leurs lumieres ;

au bien , à la gloire de
l'O
63
Cette premiere circu - L, EXTRAIT
de la ſeconde Circulaire
laire en ayant annoncé di 18 Juin 17*1.
20 alinéan
une ſeconde , celle - ci n'a
tardé à paraître qu'au
tant que le S. G., S. n'a
pas reçu les réponſes que
demandait få premiere.
Si les ſentimens des
Onapperçoit dans cette F. ne fontpas ta
ſeconde circulaire que les tous points les mêmes,
& li l'O. eit enviláge,
opinions des établiſſe- de differens points de

mens & des Ff. qui vi- vue.


Vent ſous la réunion , ne

ſont pas concordantes ;


qu'ils ſe font formé des
idées différentes ſur l'ef
ſence & l'origine de 10 .;
mais que tous s'accor
dent ſur les principes fiz
damentaux ; parce qu'ef
fectivement tout bon M.-.

doit , regarder la vertu


comme la baſe fondamen
tale de l'O.; que tous doi
vent le faire tendre au
plus grand bonheur del
l'humanité. Si c'eſt cela

ce qu'on appelle princi


pis fondamentando , il ne
devait pas y avoir diver
fité d'opinion .
64
EX T Ř À Í Ť Cette ' feconde cir
it la ſeconde Circulaire.
7e alinéa culaire développe aveè
Je ſuis afluré que adreſſe le myſtere caché
les vrais hiéroglyphes
& allégories de la M .: dans la première ; on y
( faiſant abſtraation de voit les efforts confians
celles qui ne ſe rapporo
tent qu'a l'hiſtoire de avec leſquels on croić
des chofes; ou, ſi l'on pouvoir diriger les el
veut ,a des vérités & prits vers unfyftême ſe
connaiſſances, leſquel
les , ſans ſe trouver 'cret qui eſt encore der
dans aucun ſyſtème riere le voile ; c'eſt ſur
diane ſcience quel
conque , & fans être tout au feptieme alinéa
du nombre de ces
qu'alternativement on
charlatáneries trop
communes aujourd'hui, apperçoit & on perd
h'en font que plus cer- la lune au travers d'un
taines , ſublimes &
conſolantes , & plus nuage tantôt plus , tan
invariables & plus an- tôt moins épais. C'eſt un
que le reſte desſcien - mêlange de lumiere &
ces hunraines. de ténebres ; & ſur - tout
une contradiction dans les

termes: par exemple , les


vérités , les connaiſſances
font une ſcience ; cepen
dant on vous parle de
vérités ; de connaiſſan
ces qui ne fe trouvent
dans aucun ſyſtême d'une
( cience quelconque
quoique toute ſcience

áīt un ſyſtème, dépende


d'un ſyſteme. Un fyf
tême
65
tême ( s ) n'eſt - il pas l'af- , EXTRAIT
de la ſeconde Circulaire.
ſemblage de pluſieurs pro
poſitions , de pluſieurs
principes vrais ou faux
liés enſemble , & des con
3
ſéquences qu'on en tire ,
& ſur leſquels on établit
une opinion , une doc
trine, un dogme, &c. ?
Le S. G. S. parle de cho
fes , de vérités de con
naiſſances au pluriel , c'eſt
donc un aſſemblage de
vérités & connaiſſances :

or ce mot fyſtême dérivé


du
grec Syſterna ( d ) , ſigni
fie compoſition , affem
blage (e) : donc ces vé
rités , ces connaiſſances
ſont un ſyſtême dans le
ſens philoſophique ; & ces
vérités , ces connaiſſan
ces devait dériver de
principes , ſeront encore

©) Dictionnaire de l'Académie Françaiſe.


( d ) Ducange , Diet, mot ſyftena.
( e) Encyclopédie , mot fyftême. ( Philof.).
E
66
EXTRAIT ún fyftême dans le ſens
de la ſeconde Circulaire.
méthaphyſique ( f).
Nous examinerons en
ſon lieu , ſi l'on a pu faire
un ſecret de ces connaiſ
ſances ſublimes & conſo
lantes , & de quel wil on
doit regarder celui qui
vous appelle ſon frere ,
ſon ami , & qui vous fait
un myſtere de connaiſ

ſances conſolantes ( g ).
Quant à préſent nous
comparerons les deux
circulaires , & nous di
rons: dans la premiere on
a demandé la communi .
cation de tous les ſecrets ,
on a promis de travailler
en commun , de s'expli
quer clairement, dans une

(f ) Encyclopédie , mot fyftême. Méthaph.)

(g) “ Les Anges s'empreſent même , par


es charité , de communiquer toutes les véri- ..
,, tés & tout le bien dont ils jouiffent , parce
» qu'ils trouvent leur fatisfaction à en procurer
aux autres. " ( Swedenbord , , Terres , Plan .
Es Af . , N. 15.
67
feconde circulaire ; ce qui EXTRAIT
de la ſeconde Circulaire.
n'était point du tout clair.
Avançons & voyons fi Se alinéa .
on s'expliquera plus clai
rement : point du tout ,
puiſque je lis ces mots
remarquables : je ne ſau
rois même , dans ce mo
ment , vous en donner
d'autres preuves , que ma
propre conviction ; j'eſpere
que ceux qui peuvent gui.
der vos recherches avec
ſûreté , ne manqueront pas
de le faire.
Eit - ce donc ainſi qu'on tient ce qu'on

a promis ? Je ne ſaurais dans ce moment!


Prenons patience ; le moment favorable
ſera ſans doute celui du Convent géné
ral. Sans doute auſſi que ce n'eſt pas fans
raiſon qu'il ſe trouvera des perſonnes qui
ne manqueront pas de guider dans les re
cbercbes.
Puiſque nous ne trouvons pas dans
cette feconde circulaire ce que la pre

miere avait promis , abandonnons le reſte


de ce qu'elle contient ; admirons cepen
dant l'art avec lequel on a retourné les
agenda poſées dans la premiere circul
laire.
E 2.
689
Obſervons auſſi que cette ſeconde cir
culaire annonçait l'ouverture du Convent
pour le 15 Octobre 1781. Cette date n'eſt

pas à négliger.
Une croiſieme circulaire a paru deux
mois après , qui prorogeait le Convent
au temps de Pâques de l'année 1782 .
Une quatrieme la fixé au 16 du mois de
Juillet , temps des récoltes les plus inté
reſſantes pour le Gentilhomme cultiva
temps où les Magiſtrats', en
teur ;
France , & preſque dans toute l'Europe ,
ſont le plus occupés des devoirs de leur
état (b) ; temps des évolutions militai

res ( i).
Par quelle fatalité donc eft - il arrivé
qu'on ait choiſi d'abord pour ce Convent
le mois d'Octobre , enſuite le temps de

( h ) On fait que c'eſt le temps le plus favo


rable pour prendre les eaux , conféquemment
jes Magiſtrats d'une fanté faible , qui ſont obligés
d'y aller , diminuent le nombre des Juges ; on
fait que les Parlamens en France entrent en
vacance au 25 Août : les Procureurs , en con
ſéquence, s'empreſſent de faire juger les af
faires de leurs cliens . '

6 On fait que les ſemeſtres accordés aux


Militaires commencent au premier “ Octobre ,
pour finir au mois d'Avrll.
69
Påques , & qu'on ait fini par préférer le
mois de Juillet ; comme ſi l'on avait eu
1
deſſein d'empêcher les Magiſtrats, les Mi
litaires & les Gentilhomme cultivateurs
d'affifter au Convent ?

Si nous voulions comparer les pré


[
ceptes que nous avons poſés dans la pre
.
miere partie à ce qui a été fait juſqu'à
ce moment , combien de fois faudrait - il

répéter : eſt - il honnêre ?, eſt - il utile ? eſt


il juſte d'avoir fait cela ? de promettre
]
& de ne pas tenir , de demander des lu
mieres & de n'én pas communiquer , de
de choiſir un temps qui exclut des per
ſonnes intéreſſantes ? Mais , dira -t- on , c'eſt

l'effet du plus grand haſard . Du plus


grand haſard ! Mais avant de fixer cette
époque , il fallait examiner s'il était utile ,
juſte & honnête de la fixer ainſi. Cer
examen aurait fait naître des réflexions
néceſſaires ; ces réflexions néceſſaires euf
ſent appris qu'il falloit choiſir le temps le
plus convenable pour tous , ou tout au
moins pour la plus grande partie , & peut
être la partie qui n'eſt pas la moins eſtima
ble , & par l'état civil, & par la naiſſance,
& par les connaiſſances au phyſique & au
moral. Attribuons , attribuons cela au ha

fard , il ſerait trop affligeant d'avoir à


croire que des M :: euſſent eu des vues
en ſuggérant cette époque. Il faudrait
qualifier cette conduite , cela ſerait plus
douloureux encore .

Je paſſe ſous ſilence auſſi pluſieurs cir


conſtances & anecdotes particulieres &
qui fourniraient trop de ma
fingulieres ,
tieres à une cenſure amere : approchons
nous de Wilhelmsbad , c'eſt - là où nous
trouverons de quoi nous occuper .
Le Convent était convoqué pour le
16 Juillet; pluſieurs Freres ont anticipé
cette époque au moins de huit jours , &
on nous aſſure que ce n'a pas été fans
deſſein , & que ce temps a été employé
à plus d'un objet , & entr'autres à étudier
& rédiger un réglement ſous ce titre :
. » Articles préliminaires propoſés aux dé
>» putés pour l'ouverture du Convent
» général de au Mardi 16 Juillet
l’O . ,
1782 , à Wilhelmsbad. "
Qu'on ne perde pas ſon temps à devi
ner ce que ſignifie ce titre ; fi ces arti
cles ont été propoſés à des députés choiſis
pour les approuver ( on n'en avait pas
choiſi 2 rien ne l’annonçait ); ſi ces ar
ticles ne font que pour l'ouverture du
Convent , tandis qu'ils reglent la marche
à tenir pendant la tenue du Convent ;
fi des articles n'ont été propoſées qu'au
Mardi 16 Juillet , tandis qu'à l'article 32
7I
ai 14 Juillet ,
on voit qu'ils ont été ſignées le
LIS. s'ouvrir que
quoique le Convent ne dût
le 16 , quoiqu'on ne dûr les propoſer
1. qu'immédiatement avant l'ouverture des
&
conférences ( k ).
74 Ce qu'on ne croira jamais , ce qui eſt
IS
vraiment incroyable , c'eſt que quelques
US perſonnes , oubliant leur qualité de Ma
çon , le titre de frere , d'ami, d'égal,
le ayant oſé faire une loi non écrire (l ) qui
interdit l'entrée du Convent à quiconque
n'aura pas ſigné ces articles préliminaires.
2S Interdire l'entrée à des Ff qui avaient
droit de faire leurs obſervations ſur ces

articles , qui avaient droit de participer


à leur rédaction ; à des Freres auxquels
on liſait dans huit minutes ce qu'on avait
1 été huit jours à faire ! C'eſt donc ainſi
que le deſpotiſme preparait fon trône
dans l'aſſemblée future !

S
(k) Seconde circulaire , page 4 , §. rer.
S
( 1) On m'objectera que cette loi eſt écrite
dans l'engage ment de diſcr étion : oui, oui, elle
]
y eſt, je le fais bien ; mais c'eſt pour cet
e engagement de diſcrétion , & les fignatures
qui font au bas de cet acte prouvent la très
grande bonhommie de ceux qui ont figné ,
fans voir le piége caché ſous les feuilles,
O vous! qui avez ſigné ces articles
avec une confiance fi honnête , conſidé
rez ce que vous avez ſigné ; & voyez
dans la troiſieme partie comme on ſavoit
s'en écarter ou le faire obſerver ſuivant
que cela convenait aux Rédacteurs de ces
loix inſidieuſes. Tremblez après cela de
figner légérement à l'avenir ; mais lorf
que votre ſignature aura été appoſée au
bas de quelque loi , ayez du moins le
courage d'en réclamer l'exécution , fans
qu'aucune conſidération vous arrête.
Il n'eſt pas étonnant ſi parmi ces arti
cles il y en a qui ne ſoient pas ſuſcepti
bles d'ètre critiqués ; je ne ſoupçonne
même aucune adreſſe dans leur intercala
lation . Arrêtons- nous aux articles 5 & 6 ,

& rappellons-nous : que le S. G. S. a dit :


Articles préliminaires,
Article 5 Et comme je : Soubaite
L'atis b ce génerale ardemment que même ceux
neſera compotce quede nos ff. M .. qui
jul
resde
Officier 8) des grand qu'à préſent n'ont pas fait
das Provinc s,
des gens Prieurs & partie des Loges unies ,
tan , des grandes to:/participent également à
ges Eceffail es ou Pre- ¡cet te entrep riſe , & à une
fećtures
jetp : tive.
ment reconnues & réunion fraternelle & fo
avouees ,
lide des différentes parties
de l'Ordre , &c. ( m ).

(m) Premiere circulaire , page 5 .


73
5
Souvenons - nous qu'ily Articles préliminaires.
a dit encore : Article 6 .
Et ſi peut Tous les députés &
.
être ces g qui ne font reprétentans deſtinés a
1
point encore partie des generale, devront être
séunies , trouveraient Membres de l'O .in
5 térieur , & le faire re
À propos de nous envoyer connaitre pour tels
2 leurs repréſentans ou man - préalablement
reau des vecifica
autions
bu

dataires , C. , pour éloi- proviſoires, des ti


gner aufi tout obſtacle à lites perſonelles ,afin
une réunion avec ces Ff. libremene & fans
l'on puille in
traiter
d'un régime différent du diſcrétion dans la dite
nôtre , pour prévenir matieres convenables

toute ſorte de diſputes , concernant tant 10 .


de méfiance Maçannique
& de méfin- interieur. que l'O .
telligence , Soun vu les queſ
tions depuis long - tensps >

agitées ſur l'origine , la


filiation & la dénomina
tion de notre 0. , j'eſpere
que vous ſerez tous d'ac
cord ; mes Ff. ( en åtten
dant ces queſtions
que ces
foient décidées à l'entrée
du Conve nt ) de vous , af.
· ſembler ſous un titre gé
néralement reconnu
Sa
voir celui de ſimples Fr.
Maçons , & de déter
miner par le fort, le rang
& la place de Votans
74
fans déroger d'ailleurs
Ifans
aux droits des Prov . ou
\ Prfres (n ).
Qui pourrait s'imaginer qu'après des
termes auſſi clairs , auſſi expreſſifs , faits
pour inſpirer la plus grande confiance
aux = d'un autre régime; les Rédac
teurs des articles préliminaires en aient
pu & oſé tracer les cinquieme & fixieme ?
N'eſt - ce pas là le comble de l'injuſtice &
de la mal -honnêteté ? Expoſer des M...
reſpectables à faire un voyage diſpendieux ,
appellés par les deux circulaires , qu'on
était autoriſé à leur communiquer , pour

être renvoyés indignement ! Peut - il y


avoir une contradiction plus frappante
que celle qui exiſte entre les deux cir
culaires & ces deux articles ?
Mais voyons qui de l'Auteur des cir
culaires , ou de ceux des articles préli
minaires a vrạiment choqué la raiſon :
car entre deux contradictoires 2 l'un eſt
juſte & l'autre eſt injuſte,
D'après quoi s'aſſemblait - on à Wil
helmsbad ? D'après les circulaires du S.
G. S. C'eſt donc dans ces circulaires que

( 5 ) Seconde circulaire , page jere , ſ. 56


& 6.
75
nous devons trouver les motifs qui nous
24 raſſemblaient ?

Quels étaient ces motifs ? Le premier ,


de trouver l'origine de l'O. (o ) ; en con
ſéquence réſoudre les queſtions & doutes
Jur l'origine , la filiation & la dénomina
tion de 1o. , tourner ' en même temps

nos regards vers fosz eſſence (p ).


Avec qui fallait - il chercher cet origine ?
N'était - ce pas avec tous ceux qui pou
vaient la connaître ? Or qui ſont tous

ceux qui ſont cenſé connaître l'origine


de la M. :: , fi ce ne ſont tous ceux qui
en ont fait une étude particuliere , qui
ont le plus acquis par leurs recherches ?
Avec qui fallait - il . 1éſoudre les queſtions
& doutes ſur l'origine , la filiation & la
dénomination de PO ,, ſi ce n'eſt avec
tous ceux qui auraient pu répondre à
çes queſtions, diſcuter les doutes ? On fait
que la M . :. eſt enviſagée ſous beaucoup
de points de vue différens , qui forment
autant de ſyſtêmes divers ; il fallait donc
ouvrir les portes du Cenvent aux Theur

( 0 ) Premiere circulaire (1) a.

( P ) Seconde circulaire , S. 14 .
76
giſtes & Goëtiſtes (9) ' , aux Pythagori
ciens , aux Socratiſtes , aux Platoniens ,
aux Pythagore Platonico - cabaliſtes, aux
deux claſſes de la Philoſophie hermétique ,
aux Théofophiſtes , aux Gnoſtiques , aux
T. ſimplement dirs , aux T. Pythagori
ciens, aux T. Théofophiſtes , aux Illu
minés, enfin à tous ceux qui adaptent les
emblemes de la M .., au ſyſt
ſyſtêême
me qu'ils
croient trouver dans ces emblêmes . Eux

ſeuls pouvaient diſcuter la matiere , pro


duire les preuves authentiques ou mora
les , d'après leſquelles on devait décider ;
& en ſuppoſant même qu'ils n'euſſent
pas apporté chacun un degré de lumiere
ſuffiſant , au moins de cette maſſe de lu
mieres réunies , on aurait eu une clarté

plus vive (r).

( 9 ) Ceux qui pourraient ignorer le genre


d'étude de ces différens fyftêmes , peuvent
avoir recours à tous , les Dictionnaires &
ſur - tout au Dictionnaire raiſonné des ſciences
& arts , il leur donnera des notions ſuffiſantes
pour avoir une connaiſſance paſſable de chaque
fyftême.
( r) Lorſqu'au 4 Juin 1782 , on F. :. eſti
mable m'écrivait pour me demander s'il ſe .
rait admis au Convent', lui , qui , loin de te
77
1
C'était avoir une grande opinion de
foi que de croire qu'on pouvait ſeul
3
décider une queſtion de cette nature ;
vous ne l'avez trairé que ſuperficielle
ment ; vous l'avez traité ſans connair

ſance de principes ; vous n'en avez exa


miné qu'une partie. Mais n'anticipons
pás , revenons à notre propoſition ,
&
voyons qui des Rédacteurs des deux pre
mieres circulaires ; ou de ceux des arti
cles préliminaires , ont raiſonné le plus
ſagement ; les premiers ont dit : il
faut déterminer le vérirable ſyſtême de
la M . : . , ou au moins le plus propable ;
il faut donc appeller tous ceux qui fone
en état d'établir les preuves ou les pro
babilités de chaque fyftême; ouvrons nos
portes à tous ceux qui profeſſent ces

nir à la réforme, eſt à la tête d'un régime


particulier qui fait un eſpece de ſchiſme, lorf
qu'il me diſait que s'il était éconduit, ou non
admis, cela ſerait facheux & ridicule : quelle
a été ma réponſe ? N'y allez pas. Et pour
€ quoi l'ai-je fait ainſi ? C'eſt que je ſavais que
les dire des circulaires étaient le fait d'un
homme qui n'aurait, lors du Convent , que
ſa voix , & que je croyais entrevoir que cette
voix ne ſerait pas celle de la pluralité.
78
fýſtêmes différens. Les ſeconds ont agi
comme s'ils avaient dit : on veut exa

miner les preuves ou les probabilités des


différens ſyſtèmes ; il ne faut pas conſé
quemment admettre ceux qui peuvent
apporter ces preuves ou probabilités ; car
dire que nul n'aura entrée , s'il n'eſt de
l'O. intérieur , c'eſt exclure ceux qui n'en
ſont pas & qui ſuivent un ſyſtême dif
férent: c’eſt donc vouloir juger d'une
choſe fans la connaître , refuſer de la
connaître & en vouloir juger !. Si c'eſt
ainſi que la logique apprend à raiſonner ,
il faut convenir que c'eſt une ſcience bien
ridicule .
Si l'on diſait aux Rédacteurs de ces
articles : vous n'avez exclu les ſectateurs

des ſyſtèmes différens du vôtre, que parce


que vous avez craint quils n'apportaſſent
des connaiſſances , des lumieres , des

preuves ou des probabilités telles qu'elles


euſſent fait rejetter un ſyſtême que vous
vouliez faire prévaloir. Je crois vos in
tentions pures ; mais tous vos Ff. ne vous
connaiſſent pas, & ne peuvent vous juger
que d'après vos actions, & la rédaction
de ces articles parle contre vous. Je ne
dois pas vous taire ce que j'ai entendu ;
& l'on a dit : pour faire prédominer l'é
gitimement un ſyſtème , il faut l'expli- ,
79
quer à ceux qui font appellés ( s) pour
faire le choix le plus utile , dans le cas .
où ils ne trouveraient pas le plus yral.
Pourquoi donc s'envelopper dans le man
teau du ſilence ? Ne nous a-t-on pas af

ſuré que le voile du myſtere était levé .


pour nous ? N'eſt -ce pas juger bien peu
fraternellement que de ſe méfier de notre
prudence & de notre diſcrétion ? N'eſt
ce pas nous juger bien ſévérement , pour
ne pas dire indécemment , que de nous
replonger dans une mer de myſteres, que
d'uſer avec nous d'une circonſpection of
fenſante ? On nous parle de vérités , de
vérités confolantes , certaines , Sublimes (t) :
fi tout homme a droit d'y participer; à
plus juſte titre un Maçon , & un M. :. con
duit , promené , leurré , &c. , & c ., & c.
On a cru trouver dans vos aſſertions quel
ques traits de la doctrine de Pythagore ,
& l'on a ajouté : prend- on des voies ror
wuleuſes ou tout au moins obliques ,

parce que Pythagore enſeigne de choiſir


les ſentiers & de ne pas ſuivre la route

( s ) Premiere circulaire , $ . 3 . Seconde circu


laire g . 2 , 13 , & c.

( t) Seconde circulaire, $. 7 .
80
battue ? Queſt - ce que Pythagore veut dire
par la ? Ne ſuivez pas la route frayée &
battue par le peuple ignorant , mais le
chemin des perſonnes ſages & inſtruites ,
& ce chemin n'eſt qu'un ſentier , parce
qu'il y a bien peu de perſonnes inftruites
& qui méritent le titre de ſage; mais en
ſuivant le grand chemin de l'honnêre
homme , on eſt auſſi très -aſſuré de ne pas
s'égarer (u)
Pourquoi , diſait -on encore , tous les
Maçons ont -ils été appellés ? Pourquoi
tant de Maçons exclus ? Craignait-on l'æil
du Philoſophe, de l'homme de la loi ,
de l'homme de la
religion ? Laiſſons ,
laiſſons cette crainte aux preſtigiateurs.
Si nous ne pouvons pas ſouſtraire des
annales M. : . deux loix auſſi contraires aux
principes de l'honnête , du jufte & de
l'utile , écrivons à la marge de ces loix :

( u ) Le temps ne me permet pas d'entrer


dans un détail plus circonſtancié des obſerva
tions & des plaintes qu'ont fait naître & ces
articles préliminaires & d'autres circonſtances
aflligeantes qui ſont parvenus aux Ff. de la f
de Lorraine , qui ont gémi d'avance ſur les
opérations qui devaient naitre dans une aflem
blée préparée ſous des auſpices auffi fàccheuſes.
erreur
81
TE
a erreur d'un bonnéte bomme, écart di t'éfi
prit humain. Ces deux loix ne ſont point
honnêtes , parce qu'il n'eſt pas honnête
d'engager quelqu'un à venir , & de lui
fermer fa porte; elles ne ſont pas juſtes ;
parce qu'il ne l'eſt pas d'expoſer quel
21
qu'un à faire une dépenſe conſidérable
pour lui faire une mal - honnêrecé; elles
ne ſont pas utiles , parce qu'elles privaient
le Convent de la préſence de Ffi; donc
on pouvait eſpérer de recevoir des lua
i mieres.
1 Je paſſe ſous ſilence les articles 7 , 8, Art.9 ; 85 6
9 & 10 , on peut en eſtimer la valeur ; && 10.
ſi les 5 & 6 n'avaient pas été dictés , on eût
été diſpenſé d'écrire ceux-ci.
Article II
3 Après avoir fait des
Si quelque F..M ..
I loix auſſi ſingulieres que qui ne ſerait pas Mem
celles qu'offrent les arti- bre de l'O intérieur,
ſe préſentait au C.
cles 5 & 6 ; on devait ilnepourra v être ad
mais il ſera auffi
être embarraſſé ſur la tốt nommé un Comité
conduite qu’on tiendrait particulier petur l'ena

1 envers les M .:: d’un ré - i port qui sera fait cena


gime différené de celui con il decidera a la
connu ſous les noms de pluralité des ſuffrages,
li le M ... qui ſe préa
régime de Drelde , régi- cente pourra être ada
me réformé, régime re- mis à quelques unes
ctifié. Appellés par deux niques.
circulaires , on devait s'at
tendre qu'il s'en préſen
F
8
Articles préliminairés. ( terait quelques - uns des .
autres régimes. Les cir
culaires étaient un ti

tre pour ſe préſenter , &


une fauve - garde contre
tout refus. A - t - on cruz

i qu'à l'aide des équivoques


que renferme l'art. II
on laverait la tache inef

façable qu'imprimaient
ſur le projet de la police
du Convent , les art. 5
& 6 ? A - t -on cru ſe for
ger unégide aſſez fort
pour ſe garantir des traits

aigus de l'amour propre


offenſé, de la probité vio
lée ? Sont - ce donc des

hommes qui ont fait ces


articles préliminaires ?

On† - ils été éclairés par


ces eſprits de Mercure
dont parle Swedenborg ,
qui excellent par la mé .
moire , mais ne brillent

pas par le jugement , qui


n'aiment pas à tirer des
|conſéquences ( x ) ? Pour

( c ) Swedenborg , Terres Plan, & Aft. N. 17 ,


83
ES
quoi , dans cet article. It Articles préliminaires:
ne parler que d'un. M . ::
qui ne ſerait pas de
l'O . intérieur ? Pourquoi
ca
ne pas parler des M . ::
u eri général ? Il ſemble
qu'on ne ſe ſoit fervi
1 de termes ambigus ,

qu'on ne ſe ſoit exprimé


avec fi peu de clarté que

pour pouvoir interpréter


à fon gré , ſuivant les
circonſtances. Si ce n'ai

pas été là l'intention )


pourquoi en a - t -on vu
l'effet ? Et ſi l'on doit ju
ger l'une par l'autre , cer
tes l'intention n'eſt
pas
5 louable ; ou on l'a livrée
à la merci des conjectu
res:
Les articles 12 ; 13 ; Art. 12 ; igí 14 ,

14 ; 15 & 16 font de la is & 16:


catégorie des 7 ; 8 ; 9 &
To ; on eri aurait pu abré
j ger le volume des arti
5 cles préliminaires ‫ز‬, ſi l'on
avait obſervé avec plus de
fidélité ce qui avait été
propoſé & accepté dans
É
84
Articles préliminaires. la feconde circulaire (y ),
ſi l'on avait adjugé les
places au ſort.
Article 17. Enviſageons l'article 17
Tous les Ff... : fous deux points de vue ,
Leſquelles ( propofi.
tions) devront être & d'abord convenons que
protocolées par les
deux Secrétaires.Ge. tout ſemblait prévu dans
néraux , pour y être les deux premieres circuí.
itatué dans l'aſſemblée
du lendemain , ſuivant laires. Si l'on avait adreflé
quirang
le aura des matieres à tous les établiſſemens
été détermine

pour fixer l'ordre du les réponſes qui avaient


jour.Il en réſultera que été envoyées, les Votans
temps d'étudier la pro- euſſent été inſtruits de
poſition, & de donner
dans un conclavelruv. tout ce qui était à trai
un avis réfléchi.
ter , & dans ce cas cet

article 17 devenait inu


I tile ; mais cette opération
fi précieuſe ayant été né
gligée , malgré les pro
meſſes les plus formel
les ( 2 ) , il convenait d'y .
fuppléer , & c'eſt ce qu'on
à fait en rédigeant l'ar

( y ) Seconde circulaire , § . 6.

( a ) Premierecirculaire g. Vous conviendrėž , mes


Ff., que tes réponſées , & c. Ibid. §. fuivant. Se
conde circulaire , $. Ier.
85.
ticle 17. En ſort e
En ſorte que| que Articles préliminaires,
cet article offre un moyen
es
ſage pour éviter les déli

-bérations précipitées &


les ſuffrages ſans examen,
Et ſi quelqu'un penſait &
le
diſait que c'était ſe four
78
nir une occaſion de pou 1
voir pratiquer les Votans,
manier & retourner les
ES
eſprits , pour parvenir à
3
amener la pluralité des
5
ſuffrages, on lui répon
drait qu'il n'y a point de
loi , même la plus fage
qui n'aît ſon flanc quiprête
à l'abus, Gardons - nous
donc de penſer qu'on ait
cherché à tendre des pié
' ges .
Je ne parlerai pas des Art. 18 , 19 , 80 ,
21 & 24.
articles 18 , 19 , 20 , 21
& 22. J'ai trop'à dire fur
le 2ze pour m'attacher àl.
des objets minutieux ou
de peu d'importance .
Article 23.
J'ai lu , j'ai relu ce 23e
article, je Pai encore lu Quel que
1 ſoit le nom
avec une plus grande at- Grands-Oficiers &Re”
tention une troiſiemechacuned'ellesn'aura
.86
Articles préliminaires fois , & j'ai toujours cru
que trois f ffrag s té Pavoir mal lu ' ou mal
finitits , dont l'un ap
partiendra perſonnelle compris. En ai - je bien
ment au ChefProv. o Taifi le ſens ? Eft - il bien
à son Repréſentant , &
deux autresappariien- vrai qu'on accorde à un
dront à la totalitc des individu le droit d'un ſuf
autres vignitaires,Gds
Off. & Députés réunis, frage perſonnel , tandis
que ſiquelqu'une d'el que les ſuffrages réunis
les n'avait dans les de peut -être quatre cens
préſentant pour toutes I de ſes confreres , ne fe
les parties qui la cont
tituent, celui- là devra ront réputés valoir que
avoir à luifeuttris deux ſuffrages ?
fuffrages auſſi diſtincts
que celle qui ſerait re
préſentée par plu
ſieurs , ce qui parait le
ſeul inoyen de conſer
ver l'égalité des ſuffra.
ges à laquelle chaque
Prov. droit.
Lorſque des enfans réunis dans une
prairie , font en diſpute pour déterminer
s'ils s'amuſeront à tel ou tel jeu , alors,
que le haſard décide, ou que le maître or
1
donne , qu'ils joueront à cligne - muſette
plutôt qu'aux quatre coins: mais s'il s'agit
de régler la marche d'une armée , de fta
tuer ſur la forme des procédures , de cal
culer les forces politiques d'un Etat , nę
prendra -t -on pas les précautions les plus
ſages pour parvenir à fon but , par une
collection préciſe des avis de tous les dé
libérans ?
Pourquoi tant de perſonnes étaient
87
TU elles aſſemblées à Wilhelmſbad ? Et ces

perſonnes n'étaient - elles pas recomman


dables , ou par leur naiſſance , ou par leur
état civil , & par leur âge , & par leur
qualité ? Erait -ce pour des objets d’amu
ſemens frivoles ? Non ſans doute. Con
cluons donc qu'elles devaient apporter
tous leurs foins pour remplir dignement la
tâche qu'elles s'étaient impoſée.
Cette réunion célébre de Maçons de
tant de Provinces, avait pour premier ob
jet de déterminer irrévocablement le véri
table but de la M. :: , caché ſous des em
blêmes qui pouvaient s'expliquer de beau
coup de manieres. Et dans le cas que les
preuves ou les probabilités n'euſſent pas
été aſſez pondérantes , qu'elles euſſent
été égales pour pluſieurs fyftêmes, de réu
nir le tout en un ſeul & même corps ,
pour corroborer la maſſe des forces qui
euſſent contribué au ſoutien de l'édifice.

Le ſecond objet était de fondre les loix


diverſes qui formaient une bigarure dans
Padminiſtration , pour en tracer de nou
velles qui euſſent pu convenir au Peuple
Maçon , épars ſur preſque toute la fur
S
face de la terre.
3 Le premier objet , celui de déterminer
le but véritable de l’O . , pouvait - il être
rempli par les ſeuls Cheſs & Repréſentans
88
des Trovinces , en prenant ce terme dans
le fens qu'il préſente , & tel qu'il eſt dé
fini par les articles 5 ) 6 , 9 , 10 , II ,
13 & ſur-tout le 14e du cahier des ar
ticles préliminaires du Convent ? Il me
ſemble que j'ai déja fafiſamment prouvé
le contraire , & qu'il fallait accorder l'en :
trée aux M. ' qui ſuivent les fyîtêmes,
différents de la M .:.
Mais ſuppoſons que ceux qu'on appelle
les Membres de l'O . intérieur , aient la
çonnoiſſance la plus parfaite , les docu
mens les plus ſûrs , les preuves les plus
completes de tous les fyftêmes de la
M . :; cette loi était encore vicieuſe : vi,
cieuſe! ce n'eſt pas aſſez dire , nous prou
Verons qu'elle eſt monſtrueuſe , après
avoir diç deux mots ſur le ſecond objet
de l'aſſemblée de Wilhelmſbad , celui de
faire un corps de loix . . , Faire des loix !
de bonnes loix ! Connaiſſait - on toute l'é

endue de cette entrepriſe ? . Ce ne ſont


pas des loix pour un Peuple qui occupe
une portion de la terre circonſcrite , &
dont les limites ſont fixes , qui vit fous
un climar qui exige une autre nature de
loix que le Peuple qui habite un climat
différent. Le Peuple Maçon eſt répandu
ſur toute la ſurface de la terre ; les Su

jets Maçons vivent ſous la zone glaciale


89
15 on en trouve fous la ligne ; ils font ré :
pandus entre les tropiques & les cercles
polaires ; voilà déja une diverſité de cli;
mats. Premiere combinaiſon de loix . Les
F .:: M ::. font ſoumis , par le fait de leur
naiſſance 2 aux Puiſſances de leur liey
1 natal , ils ſont aſtreints conſéquemment
3 aux loix de leur Patrię ; les loix M .:: ne
doivent pas contrarier ces loix. Seconde
combinaiſon de loix . Les F. M. :. n'ont
1 pas tous le même érat çivil , & chaque,
état civil à ſes obligations particulieres,
5 Troiſieme combinaiſon de loix . Il eſt donc
néceſſaire que celui qui oſe entreprendre
de faire un code de loix M .:: , bonnes
pour tous les M .; aît une connaiſſance
parfaite de la législation de tous les Pays ,
des ſtatuts de tous les Corps, des cauſes
e phyfiques qui operent ſur les individus
- des climats divers , & plus ſpécialement
encore qu'il fache ce que c'eſt qu'une
bonne loi , quelle eſt ſa nature , quel doit
être ſon effet , quelles font les qualités
qui doivent la conſtituer ; & encore alors

S ſe trouvera - t- il preſſé par des embarras


inexprimables : car dans les codes des loix
nationales , il en rencontrera des vicieu- ,
ſes , des abſurdes , des véxantes , & il ſera ,
1
obligé de les reſpecter , & de veiller à
.
ce que celles qu'il ſe propoſe de rédiger
90
ne contrarient pas ces mêmes loix qu'il
ne peut eſtimer. Croit -on , d'après cela ,
1
qu'il ſoit fi facile de faire des loix ?
Abrégeons , & prouvons la monſtruo
fité de la loi que préſente le 23 ° article;
cette loi a été dictée par quelques indi
vidus qui l'ont fait figner , preſque par
force , à tous ceux qui ſe font préſentés
au Convent. Et d'abord quel droit aviez
vous de faire cette loi ? Qui vous avait
donné ce droit ? Etiez -vous des Monar
ques , des Deſpotes ? La convocation était
inutile. Etiez-vous les égaux de vos Fre
res , les Freres de vos Freres ? Il fallait

les conſulter pour tracer cette loi , & ils


vous euſſent dit : il eſt auſſi important
pour nous , qu'il l'eſt pour les Membres
du Convent , de connaître le genre des
preuves & des probabilités qu'on doit ap
porter pour faire choix d'un but pour
notre aſſociation : nous avons donc autant
de droit qu'eux pour décider quel ſyſteme
on adoptera . C'elt pour cela que nous avons
envoyé des Repréſentans ; ces Repré
fentans nous les avens envoyés à grands
frais , pour vous porcer nos væux & nos
deſirs; nos væux étaient appuyés ſur les
connaiſſances que nous avions ; nos defirs
avaient pour baſe l'amour du bien , du
mieux & de la vérité : ainſi nos væux
ſubordonnés à nos deſirs , laiffaient à nos

Repréſentans une plus grande liberté de


fuffrage. C'eſt mutiler nos droits que de
mutiler nos ſuffrages , c'eſt mutiler nos
ſuffrages que de les reſtreindre en frac
1 tions , & c'eſt vraiment les reſtreindre
en fractions que de reſtreindre une Pro
3 vince à deux ſuffrages , tandis qu'elle en
envoyait fix , huit , dix ou douze : c'eſt
3 ne plus avoir que le ſixieme, le cin
quieme , le quart ou le tiers d'un fuf
frage. Cette loi eſt d'une inégalité d'au
tant plus criante , que la Province , qui
n'a qu'un établiſſement trouvait ſon
1
S fuffrage doublé, tandis que celle qui en
a douze , trouvait les ſiens réduits au
fixieme de leur valeur.

S Vos Freres , vos égaux , vous euſſent


.encore dit : vous voulez faire des loix

1 nouvelles , c'eſt-à -dire , conſerver celles


des anciennes qui font bonnes , retran
cher celles qui ſont mauvaiſes , corriger
celles qui font défectueuſes , ajouter cel
les qui manquent ; or , n'avons-nous pas
§ plus d'intérêt a cette opération , que les

6 M. Prov. auxquels vous accordez une


voix perſonnelle ? Puiſque , ſoumis à la
§ loi , on nous forcera avec rigueur à ſon
u obſervance ; tandis que la complaiſance
pu tout autre motif , fermera les yeux ſur.
92
la conduite du Chef de la Province ; &

fi ce Chef a intérêt à augmenter ſon au


torité , n'avons-nous pas le nôtrę bien
plus puiſſant de contenir cette autorité
dans des bornes légitimes ? D'après ces
vérités fi conftantes , comment a - t - on

pu accorder une fi grande influence à


l'opinion & à la déciſion d'un ſeul homme ?
Objectera-t-on la confiance que l'on avait
au mérite particulier des Mes . Prov. ?
Mais , Į " on a donc étendu cette con
fiance même ſur les Repréſentans de ces
Ms. Prov . ? 2 " . Connaiſſait -on particu

liérement ces M -s. Prov. & leurs Repré


fentans ? Les connaiſſait -on par ſoi-même
ou par autrui ? Et dans ce dernier cas
quel danger d'en croire à des relations
que l'amitié , le reſpect , la facilité & le
chapitre des conſidérations pouvaient ren
dre' ſuſpectes ! 3º. Vous , Mes . Prov .,
hommes que je conſidere & que je reſ
pecte infiniment; vous , Repréſentans des
Chefs des Prov. , que je chéris bien cor
dialement , parlez , parlez avez vérité ;
vous n'en ferez que plus reſpectables , &
plus eſtimables , & plus chers ; dites -nous
ſi vous avez la connaiſſance parfaite de
tous les fyſtèmes de la M. :: ; fi vous con
naiſſez les preuves phyſiques ou morales
qui fervent d'appui à ces ſyſtèmes ; fi
. 93
vous connaiſſez tous les ſens des ſymbo
les & emblêmes Maçonniques, des carac
teres & nombres myſtérieux : autant de
connaiſſances néceſſaires pour réſoudre les

queſtisBS & doutes ſur l'origine , la filia.


tion & la dénomination de PO . , tourner
en même temps nos regards vers ſon effen
ce (a) ? Reliſez la premiere circulaire ,
& dires -nous ſi vous avez fait les recher
ches néceſſaires pour répondre à la pro
poſition cotée b, fous le N: ݺr de la
premiere circulaire (b) ; aux propoſitions
cotées c , ( c ) , d , ( d ) & f (e) du même

( a ) Seconde circulaire , S. 14:

(6) Avons -nous des Supérieurs actuellement


exiſtans ? Qui ſont ces Supérieurs ?

(c) Y at- il peut- être d'antres Sociétés ou In


dividus qui , fans affecter le titre de Supé
rieurs , ont d'ailleurs les mêmes ou de ſemblables
qualités ?

(d ) Qui font ces Sociétés ou Individus qui ;


par leur reſſemblance avec nous , plus ou moins
éloignée , ou par la conformité de leur origine
avec la nôtre , méritent notre attention , &
quels rapport devons- nous établir vis - a - vis
d'eux ?

( *) Quelle eſt la coordination , & c. ?


94
No ; à celle cotée c ( ), ſous le N °. V.
Je vous entends , Freres verrueux & ref
pectables , Freres dignes de la confiance
qu'on vous à témoignée ; lorſqu'on vous a
mis à la tête de vos Freres ; je vous en
rends dire : arrêteż , n'allez pas plus loin ,
ne nous en demaudez pas davantage:
Je reprends mon raiſonnement arith
métique , & je dis que le but qu'on s'était
propoſé, en convoquant une aſſemblée
générale intéreſſait tous les Individus
du Corps Maç. Tous avaient donc un
intérêt égal à faire un bon choix , ſoit du
but de l'Oi , ſoit de ſes loix. Tous ne
pouvaient pas s'y rendre ; il fallait donc
y envoyer des députés , & chaque dé
puté devait repréſenter un des établiſſe
iments de l'O . ; j'entends une Grande
Ecoff. , le nombre des Membres
d'une Grande Ecc.; n'étant pas le

même par-tout , il en réſultait que le


député de tel établiſſement qui comptait
vingt Membres , devait avoir un fuffrage
proportionnel équivalant à vingt ; tandis
qué le député d'un établiſſement de dix;
ñe devait avoir qu'un ſuffrage équivalanë

( 1) Y a -t -il certaines ſciences dont l'Orde eſt


feul dépoſitaire, & c.
95
à dix , ainſi que nous l'avons établi dans
notre premiere Partie , pages 30 & 31.
Et pour n'avoir pas ſuivi cette propor
e tion ſi conforme aux principes du juſte ;
de l'honnête & de l'utile , on s'eſt expoſé
aux dangers des opérations les plus fauſſes;
en voici ' un de ces dangers : Je ſuppoſe
qu'une Province n'aît que deux Préf., le
M.Prov: a une voix & la Province en
a deux ; mais comment ſe recueillent les
voix d'une Province ? Dans un comité

particulier , dans lequel votent & les


Grands Officiers de la Prov. & les Re
préſentans des Grandes Ecc.; & par
uu autre & ſemblable abus , le Viſit. Gé
néral & le Chancelier - Prov. ont alors
leurs voix perſonnelles ; en ſorte que leurs
voix contrebalançant les voix des deux
Grandes Ecc. , il en réſulte que les
voix de ces deux Grandes Ecc. fourni
ront une des voix de la Prov. , & les deux
Grands Officiers auront l'autre ; & fi le fuf:

frage des Grands Officiers s'accorde à celui


du M. Prov. nous aurons le calcul ſuivant:

Le Me Prov. i i ſuff. pour l'affirm ;


Les 2 G. Off. Í Idem .

Et les 2G BEcc . i . fuiff. pour la nég:

Et ſi chacune de ces Grandes Ecc.


eſt compoſée de trente Membres , il en
.96
réſultera que ſoixante feront d'un avis ;
que trois ſeront d'un avis contraire , &
que cependant l'avis de trois l'emportera
ſur celui de ſoixante.
Je le demande à tous les M. . ; à tous
les hommes : y a - t - il quelqu'un qui vous
Iût confier le jugement d'une portion
cule de la fortune à un Tribunal qui
emploierait cette méthode pour recueillir
les voix ?
Je conviens que c'eſt flatter infiniment
l'amour propre des Mes. Prov. que de
leur accorder une voix perionnelle ;

N'eût - il pas été plus flatteur encore


qu'on rendît hommage à leur juſtice ? Je
le demande , aux Mes . Prov . ; & ils ne
me ſauront pas mauvais gré ſi je leur fais
tant de queſtions , je leur demande s'ils
ont la préſomption de croire qu'ils ont
autant d'eſprit , de connaiſſance , de ca
lens . que deux cens de leur Freres ? Ils
font trop juſtes pour le penſer , trop. vé
ridiques pour le dire ; & cependant lorf
qu'on leur accorde le tiers des ſuffrages
d'une Province , n'eſt-ce pas comme ſi on
leur diſait : quoique nous ſoyons quatre
cens Membres dans la Province , nous
vous croyons un mérite tel qu'il équivaut
à celui de deux cent de nous , & en con

ſéquence , nous vous accordons un ſuf


frage
97
frage équivalant à celui de deux cens
de, nous; cela n'eſt - il pas , ou bien fade ,
ou bien inepte ?
Poſons une hypotheſe qui n'attaque
TOI aucun des Mes . Prov. actuels. Ne pourrait
il pas arriver que lors de l'élection d'un
Me. Prov ., on s'attachât moins aux ta
lens , qu'à la naiſſance , au rang, & ſur
tout à l'aménité , qui eſt une qualité fi né
ceſſaire à un Chef? Mais ni la naiſſance ,
mon!
ni le rang , ni l'aménité , ni même tout
dé trois réunis , ne font pas des qualités ſuf
ce; fiſantes pour juger ſainement , pour dé. ,
cider d'un point délicat & important ,

pour faire de bonnes loix : & c'eſt ce

pendant un tel Me. Prov. qui aura une fi


grande influence dans la déciſion d'ob
jets de la plus grande difficulté !
Ce que j'ai dit dans ma premiere Par .
tie ( g ), ce que je viens d'expoſer , ne
ſuffiſent - ils pas pour convaincre toute
perſonne qui a une idée faine du juſte , de
l'honnête & de l'utile , du vice de la loi
contre laquelle je viens de m'élever ?
0
Qu'on ne m'objecte pas l'approbation
1 générale des Membres du Convent , ap

( g) Pages 17 , 18 , 19 , 20 , 29 , 30 &
31 .
G
98
probation prouvée par leur ſignature; car
je demanderais comment ont été appo

ſées ces ſignatures, & l'on ſerait obligé


de convenir de la légéreté avec laquelle
elles ont été accordées , & tous les éta
bliſſemens ſeraient obligés de proteſter
contre celles de leurs députés. C'eſt à
larricle 32 que nous éclaircirons ce fait.
Et pour ne pas trop m'étendre , je paſſe
fous ſilence les articles 24 , 25 , juſqu'au

31e excluſivement ; ce que j'aurais à dire


ſur ces articles ſe trouve déja dit.
L'article 32 annonce que les préfens
articles ont été communiqués aux Ff. Dé
putés Repréfentans , & agréés par eux
à la pluralité des voix , & par la ſigna.
ture individuelle de chacun d'entr'eux , avant
Pouverture du Convent ; & il eſt ajouté
qu'ils feront regle pour tous , &c. : cela
eſt ſigné du 14 Juillet ; ce qui n'eſt pas
à négliger. Voilà ce qui eſt écrit ; voyons
ce qui eſt vrai : & fi l'on oſe me contre
dire , je prouverai ce que j'avance ; ce
n'eſt pas ſur la foi d'un ſeul des dépu
tés ", c'eſt ſur les plaintes de pluſieurs
qu'eſt rédigée cette anecdote.
Le Convent était convoqué pour le
16 Juillet : pluſieurs Freres d'un zèle
éprouvé ſe font rendus à Wilhelmsbad
huit jours avant ce terine ; les uns pen
99
ſent que c'était fimplement le deſir de
0
ſe procurer un logement commode qui
leur avait fait naître l'idée de devancer

leur voyage ; les autres diſent , ils fone .


plus , ils ſoutiennent qu'une convocation
ſecrerte avertiſfait ces Bien - aimés Freres
de ſe rendre plutôt au rendez - vous.

Quoi qu'il en ſoit , ils n'ont pas voulu ,


de
ſans doute , perdre de temps ; & comme
le S. G. S: avait dir : je me réſerve auſſi
de vous1 faire , immédiatement avant tou
verture de nos conférences , telles propoſi
1
tions que je jugerai convenables pour le
maintien du bon ordre de l barmonie
fraternelle dans 720s délibérations ( b ); ils

fe font occupés à rédiger ces propoſitions,


3
& ils ont écrit le cahier des articles pré
3 liminaires qui ont ſi peu répondu à l'at
tente du Prince reſpectable qui a préſidé
$
le Convent, puiſqu'ils n'ont pas contribué
5 au maintien du bon ordre , ni à celui de
Pharmonie fraternelle. Les Rédacteurs de
ces articles les ont ſignés : obſervons que
les Députés arrivaient ſucceſſivement ; à
chaque arrivant on préſentait ces arti
cles à figner , & chaque arrivant . qui

(h ) Seconde circulaire , . 24 , ou page 4 ,


jer alinéa.
G 2
LUOTTA

DE
100

voyait déja les ſignatures de ceux qui


l'avaient précédé , après une lecture ra
pide , appoſait auſſi fon nom au bas de la
pancarte : plus les ſignatures fe multi
pliaient , plus on ſignait avec confiance :
& !lorſque le nombre des ſouſſignés s'eſt
trouvé aſſez conſidérable , on a changé
la maniere de préſenter la choſe , & l'on
a dit très - ſéchement, fignez ces articles ,
ou les portes vous ſeront fermées. Cela pa
raît difficile à croire ; mais il y a tant de
chofes difficiles à croire , & qui cepen
dant ſont vraies , comme nous le ver
rons dans la ſuite , qu'il faut bien ſe ré
ſoudre à ajouter foi à cette anecdote >
d'autant plus que nous trouvons une par
tie de la vérité dans les écrits mêmes
de ce Convent .
10. Le S. G. S. s'était réſervé de faire
des propofitions immédiatement avant l'ou .
verture des conférences : cette ouverture
était fixée au 16 ; c'était conſéquemment
au 16 qu'on devair donner lecture de ces
propoſitions, & elles ont été arrêtées &
fignées dès le 14. Premiere contraven
tion .

20. Ce n'était que des propoſitions


qu'annonçait le S. G. S. Or une propo
Sition n'eſt pas une loi : une propoſition

ſuppoſe toujours une choſe à diſcuter


IOI
ou tout au moins à examiner. Il fallait

14 donc préſenter la propoſition à tous ceux


qui avaient droit de l'examiner, non fé
parément , mais réunis ; & comme ils
n'étaient cenſés devoir être réunis que
le 16 aų matin , c'était le 16 au matin

qu'on devait préſenter les propoſitions ;


& parce qu'on a pris les conſentemens in
dividuels avant leur réunion , on a com
mis une contravention qui bleſſe les re
gles de la faine logique, en même temps
qu'on ne s'eſt pas conformé à ce qui
avait été annoncé dans la ſeconde circu
laire. Seconde contravention .
3 ? On s'aſſemblait pour ſe former un
plan d'adminiſtration plus fage que ceux
qui exiſtaient, &c.; ceux qui s'aſſem
5 blaient étaient Membres d'une Sociéré
d'égaux ; s'ils avaient tous droit à la ré
2
daction du plan , &c.; ils avaient auſſi
tous droit à régler ce qui devait con
tribuer à la perfection de ce plan ; ils
avaient donc tous droit d'examiner les
propoſitions que devait faire le S. G. Ş.:
donc la rédaction des articles préliminai
res arrêtée le 142 eſt un acte qui bleſſe
la raiſon . Troiſieme contravention .
Enfin une derniere preuve de la vérité
du fait que pluſieurs Freres ſe font rendus
à Wilhelmſbad, près de huit jours avant
102
l'ouverture du Convent , fe trouve au Sa
9 de la 3e. Sefſion , où lon voit qu'il eſt
fait mention d'une motion débattue dans
les conférences préliminaires , & qui n'a
pu être arrêtée alors , & ne ſe trouve
pas conſéquemment dans ces articles (1).
Or puiſque les articles ont éte arrêtés le
14 , qu'ils ont exigé néceſſairement plus
de deux jours pour leur examen , que
leur propoſition a dû n'être faite qu'a
près un travail de pluſieurs jours, & qu'en
fin il a fallu encore au moins, un jour
pour leur rédaction & leur derniere ap
probation ; il doit être bien vrai que le
comité des Prédiligés a dû s'aſſembler
huit jours avant le jour fixé pour l'ouver
-ture du Convent , fur -tout ſi nous con
fidérons qu'il a fallu encore du temps
pour rédiger l'engagement de diſcrétion ,
& le tourner de façon à ce qu'il obtienne
une approbation univerſelle.
Puiſque nous parlons de cet engage
ment, laiſſons de côté les articles préli
minaires, & fupprimons toutes autres ob
-fervations ( k).

: (i) . Il s'agiſſait de décider le nombre des


voix qui devait former la pluralité des fuf
frages. Actes du Convent , 3e. feffion , ſ. 9.)
( k ) On pourra faire beaucoup de réflexions
103
Tout F .: M .., avant d'être reçu ,
ef
prêté le ſerment de garder le ſecret le
plus abſolu ſur tout ce qui regarde la
D
M .:: ; par une précaution ſans doute bien
17
ſage , on rappelle ſouvent ce ferment à
0
ceux qui l'ont prêté, & à chaque récep
tion de nouveau grade, on le lui fait re
nouveller. Le ſecret eſt -il donc un fardeau
123
fi peſant qu'on ne puiſſe pas s'empêcher
de s'en débarraſſer ? Il n'y a point de
1.
Corps qui n'exige de ſes Membres te
ſecret de ſes délibérations; il n'y a point

de Corps qui ne ſe plaigne de l'indiſcré


tion de ſes Membres ; & l'on a bien de
la peine à remonter à la ſource du par
jure. Il n'eſt donc pas étonnant ſi l'on a
cru devoir ſe prémunir contre le danger
de l'indiſcrétion ; & l'on a dreſſé un acte
ſolemnel que l'on a fait lire & figner à
tous ceux qui ſe ſont préſentés au Con
vent ; & cer acte ainſi ſigné a été dé
poſé dans les archives , comme un gage
précieux qui devait ſervir à l'O . de ga
rantie de l'inviolabilité du ſecret. Hélas !

nous avons la preuve de ſon inutilité ;


tour tranſpirait ,journellement , & fi ja

fur la valeur de ces mots : les préſens articles


ont été agréés à la pluralité des voix .
104
mais on ſe permet de convoquer un nou
veau Convent , on ſe diſpenſera de la
peine de la rédaction d'un acte qui n'o
pere pas un meilleur effet. Mais pour

quoi tout tranſpirait - il ? Liſez , liſez les


circulaires du S. G. S.; liſez , liſez les ar
ticles préliminaires ; liſez , liſez enfin les
actes du Convent , & vous ceſſerez d'être
étonné des indiſcrétion multipliés.
Si l'on avait obſervé ce qui avait été
propoſé; ſi l'on avait tenu ce qui avait
été promis ; ſi l'on n'avait pas détruit
la confiance , l'amitié , la concorde , par
des réſerves indiſcrettes; ſi l'on avait
évité ces conciliabules clandeſtins & fuf

pects ; ſi l'on avait mis de l'aménité ; fi


l'on n'avait pas regardé fes Freres avec
la lunette du myope ; enfin ſi l'on avait
pratiqué les véritables vertus M .., la
famille n'aurait pas murmuré , les parois
de la ſalle n'euſſent pas répété les mur
mures , l'amour propre offenſé n'eût pas
proféré de plaintes ; on aurait eu trop
à méditer pour avoir le temps de parler ;
on ſe ſerait occupé d'objets trop inté
reſſans , pour penſer à ces petits détails
d'où l'on voit preſque toujours éclore les
diſſertations.

Mais j'anticipe ſur l'examen des opé


rations du Convent; c'eſt la troiſieme
IOS

Partie que je me ſuis propoſé d'exami


ner ,

N. B. Ceux qui deſireront ſavoir ce


que veut dire cette phraſe de la circu
laire du 18 Août 1781 : J'emploierai cet
intervalle à me procurer des informations
plus poſitives ſur certaines choſes qui pour
Taient avoir de l'influence dans nos dé
libérations , Sc., pourront s'adreſſer au
Sme . P. Ch. de H .; on m'a aſſuré qu'il
en connaiſſait toute la valeur ; ce P. eſt
on ne peut pas plus honnête ; il joint à
l'honnêteté, le deſir le plus ardent d'ap
prendre , & la bonté d'enſeigner ; voilà
le portrait qu'on m'en a fait. Je m'em
preſſe de faire l'éloge le moins ſuſpect ,
puiſque je n'ai pas de liaiſon particuliere
avec lui , & que même je n'ai pas l'avan
tage de le connaître.

Fin de la ſeconde Partie.


106

TROISIEME PARTIE .

Des principales Opérations du


Convent.

Omnes enim trahimur & ducimur ad cognitio


nis & fcientiæ cupiditatem : in qud excellere
pulchrum putamus , labi autem errare , nef
cire , decipi , & malum , & turpe ducimus.
In hoc genere, & naturali , & honefto , dup
vitia , vitanda ſunt: unum ne incognita pro
cognitis habeamus , hiſque temerè affentiamur ;
quod vitium effugere qui velit , omnes autem
velle debent , adhibebit ad confiderandas res ,
@ tempus , & diligentiam . Alterum eft vitium ,
quòd quidam nimis magnum ftudium , mul
tamque operam in res obſcuras atque dificiles
conferunt, eafdemque nos neceſarias. Quibus
vitiis declinatis , quod in rebus honeftis & co
gnitione dignis operæ curæque ponetur ; id jure
laudabitur,
( Cic. de Offic. l. 1 , e. 6.)

us avons lu de belles promeſſes )


NoOUS ( a ),
nous avons vu le plan charmant d'un édi

( a ) Premiere circulaire , à la fin .

1
1
107
fice fuperbé ( b ) ; voyons quel ſera l'effet
de ces promeſſes : & après avoir parcouru
les défauts du plan , examinons l'enfem
ble & les détails de ce Temple auguſte,
que tant d'ouvriers', de tant de pays di
Vers 2 ſont venu élever à la gloire de
l'Etre ſuprême. Ne nous atrachons pas
à ces imperfections légeres qui annon
cent la faibleſſe de l'homme le plus grand ;
ſongeons qu'on n'a pas mis la derniere
main à ce monument fameux. Portons
un cil attentif juſques dans ſes décom
bres ; nous trouverons, peut -être, de
quoi fatisfaire notre curioſité : l'ouvrier
qui travaille ſur un métal précieux , laiſſe
tomber des parcelles de ce métal,
Nous allons donc dépouiller cette liaſſe
volumineuſe , intitulée : Convent général
tenu à Wilbelmsbad. Ne nous arrêtons
pas aux objets minutieux , aụx incorrec
1 tions de ſtyle , aux points de forme , aux
logomachies. ( Il eſt fi difficile , en differ
tant ſur les choſes , de ne pas diſſerter plus
encore ſur les mots .) La premiere pièce tre . Stane.
qui ſe préſente , eſt le diſcours d'ouver
ture prononcée par le S. G. S,

(6 ) Seconde circulaire , Nos. I , II , III , IV


& V.
108

Eft - ce bien là ſon ouvrage ? Eft-ce lui


qui parle ? Y trouve - t - on ſa belle ame ?
L'ame généreuſe de Ferdinand ? C'eſt
donc lui qui, après nous avoir demandé
la communication de nos connaiſſances ,
après nous avoir promis de nous dévelop
per ſon opinion , de nous éclairer , nous
à dit dans une circulaire poſtérieure , &
nous répete ici , qu'il eſt aſſuré que les
hiéroglyphes M. :. ſe rapportent à des con
naiſſances certaines , ſublimes , invaria
bles , confolantes ; mais qu'on ne doit pas
attendre de lui qu'il révélera ces ſecrets
importans ? Non , ce n'eſt pas lui qui
parle; il eſt capable de manquer à ſes
promeſſes ; & quand même il n'aurait rien

promis , il a l'ame trop généreuſe pour


cacher des choſes , des vérités, des con
naiſſances confolantes. Il n'eſt pas poſſible
qu'il reſſemble à ces eſprits de Mercure ,
dont parle Swedenborg , qui veulent qu'on
leur apprenne tout ce qu'on fait , mais
ne communiquent ce qu'ils ſavent qu'à
ceux de leur Société intime (c ). Il ref

ſemble plutôt à ces eſprits dont le grand


plaiſir eſt de travailler à procurer aux
autres la félicité dont ils jouiſſent ( d ).

( c) Terres Planétaires & Aſtrales , No. 36 .

( d ) Swedenborg , de cælo & inferno , No. 450 .


109
mes Ff. ! ' voyez combien on a abuſe
de la facilité du S. G. S. , & avec quelle
mal - adreſſe on le fait parler : Je me
99 flatte que beaucoup , j'oſerais dire le
plus grand nombre des Ff. que j'ai la
ſatisfaction de trouver ici aſſemblés

» comprendront le ſens de ce que je viens


de dire , & c. “ Le plus grand nombre
des Ff. avaient donc la connoiſſance de
ces vérités conſolantes ? & ces vérités font
voilées ſous les emblêmes de la M .:. ? Er
ces emblêmes cachent ces vérités conſo
lantes : eh ! pourquoi était -on donc aſſem
blé ? Recourons aux circulaires , j'y trou
ve : réduire l'O. à ſes vrais principes (e ).
> Vues & but de l'O . ( f ). Tourner nos
» regards vers l'eſſence de l'O. (g ), ce
» ſera , je crois , le premier objet de nos dé.
libérations. « Des véritési confolantes ſont
l'eſſence de l'Ordre , cachées ſous les ſym
boles M '. Le premier objet des délibé
rations doit être l'examen de l'eſſence de
l'O . ; & cependant on fait dire à un Prince
aimable & vertueux , bienfaiſant & génés

( ) Premiere circulaire , $. 3.
( f ) Ibid . No. V.
( g ) Seconde circulaire , J. 14 .
IIO

reux , qu'on ne doit pas le trouver injufte,


s'il refuſe de s'expliquer ſur ces vérités
conſoantes, : qu'il ne peut pas être notre
inſtructeur en partant de principes qui ne
ſont pas des principes, à moins qu'on n'é
tabliſſe que le mal , que le faux, a auſſi
fes principes ; mais ce n'eſt pas tout ,....
ce n'eſt pas tout ? Je m'arrête par ref
pect, non pour le titre de Prince , mais
par reſpect pour les qualités morales d'un

M. : . qui mérite encore plus à ce titre qu'à


celui dont la volonté de 1 Etre ſuprême
a ordonné qu'il jouir dans ce monde. Mais
en reſpectant ce que le S. G. S. a pro
noncé, j'oſe le ſommer de déclarer , ſous
le ſerment de ſa probité , s'il n'avait pas
1 intention loyale de faire participer ſes
Ff. à ces connoiſſances conſolantes ; s'il
n'avait pas cette fainte intention avant que
des impulſions étrangeres lui euſſent, pour
ainſi dire , ſcellé les levres. J'oſe vous por
ter le défi, mon Prince , de le nier ; telle
eft l'opinion que j'ai de vous , que je ſuis
aſſuré que toutes les vérités que j'ai éta
blies dans ma premiere partie ( b ) , font

( h ) Page 10 , note - 8. Page 16 , 17 & fùi


yantes . Page 26 , notesz & a , Page 32 ,
nore g. Page 33 , note i & k.
JIT

profondément gravées dans votre cæur;


je ſuis aſſuré que vous avez été pénérré de
la vérité de cette aſſertion . qui ſe trouve
dans un livre que vous devez connaî
tre ( i ); tout Supérieur ne peut employer
fon pouvoir que pour le bien de l'homme
qui lui eſt ſoumis , & pour son vrai bon
beur. Oui, Prince eſtimable , ceux qui
vous ont inſinué, perſuadé que vous ne
pouviez ni ne deviez être notre Inſtruc
teur , ignorent les principes du juſte , de
l'honnêre & de l'utile ; ils ont oublié que
VOUS , en votre qualité de notre Supé
lieur , vous deviez travailler pour notre
bien , pour notre vrai bonbeur ; que des
vérités confolantes ſont de l'eſſence de ce
vrai bonbeur. : Je ſuis même preſque con
vaincu que ceux qui vous ont donné ce
conſeil perfide, ſont des Ff. d'un mérite
rare ; & certe conviction me fait faire de

triſtes réflexions ſur les écarts du génie ,


& ſur les erreurs dans leſquelles la fai

bleſſe humaine entraîne les eſprits les plus


clairvoyans. Détournons les yeux de def
ſus cet affligeant -tableau , & commençons
à entrer dans l'examen des opérations que
nous nous ſommes propoſé d'analyſer,

() Des erreurs & de la vérité ; page 312.


112

L'ordre que nous avons à ſuivre , doit


être naturellement celui qu'offre le vo
lume des actes du Convent , c'eſt - à-dire ,
de chercher dans chaque ſéance ou ſeſſion ,
ce qu'on aura traité de plus ou de moins
important : & fi nous ſommes forcé d'in
tervertir cet ordre , ce ne ſera que pour

pouvoir donner plus de clarté & de pré


ciſion à cet examen .

PREMIERE SÉANCE.

Nous avons annoncé que nous paſſe


rions fous ſilence les objets de forme;
& puiſqu'après le diſcours d'ouverture on
ne s'eſt occupé que de ces objets (k) ,
nous ne nous occuperons plus de cette
ſeſſion.

SECONDE SEANCE.

Cette fefſion n'offre réellement que


deux points à examiner , ſur leſquels on

(k) Les autres objets propoſés : ont été ren


voyés aux ſéances ſuivantes , à l'exception
d'une motion ſur laquelle il a été ftatué con
formément à l'engagement de diſcrétion dont
elle faiſait partie.
113
a ftatué; & fi l'on y trouve deux autres
objets ; le premier ne préſentant que la
queſtion de ſavoir ſi le † de direction
des S de Ruſſie aurait entrée dans l'al
ſembice pour s'inſtruire & rendre compte
à ſes Commettans , & fans voix délibé
rative , ne mérite pas qu'on s'y arrête.
Le ſecond étant une motion d'un Frere
qui n'a été traitée définitivement que
dans la troiſieme ſéance , il convient d'en
fuſpendre l'examen pour le reprendre dans
cette troiſieme ſéance.
Le S. & R. F. à S. V. avait érigé
la Suede en Province de l'O. & lui avait

alligné le neuvieme rang. Cet acte n'avait


pas obtenu une approbation générale ; c'eſt
pourquoi on a mis en délibération ſi l'on
reconnaîtrait la reſtauration de la neu
vieme Province en faveur de la Suede.

C'eſt la premiere queſtion qu'on a exa


minée ; mais comment a- t- elle été préſen
tée ? Conformément à la matricule , l'Italie
faiſait partie de la huitieme Province : dès
1 la premiere ſéance les Ff. d'Italie ont
demandé la diviſion de la huitieme Pro
vince en deux , & ont ſollicité le rang
de la neuvieme Province ; & pour l'ob
tenir ils ont établi un droit , ſans doute ,
d'un grand poids ; le voici mot pour mor:
Que, dès ce moment , cette illuſtre af
H
114 '
„ ſemblée , au nom de l'O . entier , pro .
„ nonçant & déclarant abuſive & comme
„ non avenue la reſtauration faite d'une

neuvieme Province , par le S. & R. F.


à S. V. prononce & déclare les deux
w grands Priés d'Italie & d'Allemagne ,
» &c. , & c. Ils ont demandé d'être re
connus pour la neuvieme Province . Voilà
deux queſtions certainement très - impor
tantes , & qui demandaient une diſcuſ

fion des plus approfondies , préſentées


bien confuſément , & jugées bien légé
rement. Le S. F. à S. V. n'avait - il pas
autant de droit d'ériger la neuvieme Pro
vince que le F. ab Enfe de reſtaurer les
ſeptieme , huitieme , ſeconde , troiſieme
& cinquieme (car nous connaiſſons , en
partie , l'hiſtoire du F. ab Enſe ) ? Il fal
lait donc , avant de décider la queſtion
de fait , approfondir celle de droit : &
certes , le S. F. à S. V. méritait à bien

des égards qu'on lui témoignâr un peu


d'honnêteté ; & fi ce reſpectable Frere n'a
vait pas pu prouver ſon droit , on aurait
pu lui prouver qu'on connoiſſait ce qui était
dû à ſa naiſſance , à ſon rang ; & en con
damnant l'excès de ſon zele , on aurait peſé
dans la balance de la juſtice le mérite des
Ff. de ce Diſtrict, & fait pour eux ce qu'on
a fait pour d'autres. Mais en cédant aux
IIS
Ff. d'Italie , en ſupprimant , en caſſant ,
en annullant l'opération du Duc de
Sudie , on a ' exercé un acte d'autorité ,

& pour certaines perſonnes c'eſt un grand.


bonheur.
On a donc arrêté & conclu ( & ce qui
eſt triſte ) , per unanimia , que l'érection
de la Suede en Province & tranſlation en
ne xvieme Province (pour me ſervir des pro
pres termes ) ſoit déclarée nulle , illégale
& abuſive ; on a diſtrait l'Italie de la hui
rieme Province pour l'ériger en neuvie
me ; & ce qui eſt encore plus bizarre , on
a reconnu un Maître Provincial , qui
n'ayant pas pu être élu ayant le Convent ;
puiſqu’on ignorait ſi on ſe prêterait aux
deſirs des Ff. d'Italie , n'a pas pu l'être
au monient du jugement , puiſque les Ff.
d'Italie , ayant droit de voter pour cette
élection , n'étaient pas à Wilhelmſbad .
Au ſurplus on a décidé ces deux quef
tions d'après deux loix , ſavoir : Io.

qu’une Province ne pouvait être érigée


que du conſentement de celles qui font
en activité. 2 ?. Qu’un Convent général
pouvait changer la matricule , & diviſer
une Province pour en former pluſieurs.
Mais comme on écait aſſemblé pour faire
des loix , corriger les anciennes , en ſup
primer , en conſerver , il fallait commen
H 2
1
116
cer par établir les loix avant de ftatuer
ſur des queſtions qui devaient étre ju
gées d'après les loix ; car c'eſt une mar
che vicieuſe que celle qui fait dériver le .
principe du fait ; & lorſqu'un fait doit dé

river d’un principe , il faur que le principe


ſoit conſtant & reconnu .

On prétend qu'il était important, pour


certaines perſonnes , d'avoir des voix pour
faire prédominer leur ſyſtême ; qu'étant
aſſuré des ſuffrages des Ff. d'Italie , ne
l'étant pas de ceux de Suede , ou ceux
ci ne comparaiſſant pas , il était avanta
geux d'adhérer à leur demande ; que ,
par la même raiſon , on a atrendu très.
long - temps pour faire droit ſur la de
mande des Ff. de Septimanie , qui récla
maient le droit du triple ſuffrage , & fur
la demande des Ff. de M. dont le ſuf
frage pouvait influer ſur les déciſions du
çonclave de la cinquieme Province. Quant
à moi , j'aime mieux attribuer cette déi
ciſion à l'ignorance des principes ou à la
légéreté , quà une manæuvre indécente &
ridicule.
Ne ferait -ce donc pas ici le cas d'ob
ſerver que ſi l'on avait retardé ce fameux
Convent de quelques ſemaines , on au
rait pu éviter le reproche d'une déciſion
auſli irréguliere ? Parce qu'alors quelques
1

117
Freres , du nombre de ceux que nous
avons dit dans la ſeconde Partie de cet

Ouvrage, avoir été empêchés de fe trou


ver au Convent , par les devoirs de leur
état civil , ayant pu ſe rendre à Wilhelmſ
bad , auraient auſſi pu faire des obſerva
tions ſur la complication de la propoſi
tion , ſur la néceſſįté d'entendre ou le
S. F. à S. V. ou les Ff. de Suede ( 1 ) ,
& enfin ſur la néceſſité d'établir la loi

avant de juger ; parce que pour juger con


formément à une loi , il faut que la loi
exifte.
J'ai promis de ne m'attacher qu'aux dé
ciſions importantes ; je ne parlerai donc
pas des S. 5 & 6 , & je , traiterai le 7e
dans la 3e Seſſion ,

TROISIEME SÉANCE.
1

CETTE troiſieme Séance préſente des


délibérations bien importantes & des faits
bien bizarres , bien peu réfléchis ; & d'a
bord la motion du F. à Cap. Gal. , pro

( 1 ) Qui ſtatuit aliquid , parte inaudită altera ,


æquum licèt ftatuerit , haud æquus fuit. ( Séne
que . )
118

poſée dans la Séance précédente ( in ) &


retirée dans celle-ci ( n ) ; comme s'il était
permis à un Repréſentant de faire une
propoſition , puis de s'en déporter. Man
dataire , tout ce qu'il propoſe eſt cenſé
propoſé par ſes Mandans , eux ſeuls peu
vent l’autoriſer à ſe rétracter. J’arguë la
conduite d'un Frere eſtimable , & je me
flatte que ma franchiſe ne l'offenſera pas.
Je n'aurais pas relevé cette irrégularité, fi
elle n'avait pas été accompagnée d'un
abus bien plus repréhenſible ; abus qu'on
a vu naître & renaître preſqu'à chaque
Séance du Convent.

Pour comprendre l'objet de la motion


du F. à Cap. Gal . , il faut ſe reſſouve
nir qu'à l'exception de trois Freres , tous
ceux qui ont aſſiſté au Convent étaient
munis des pouvoirs de leurs Commettans.
Pluſieurs de ces Freres étaint d'un mé
rite fi reconnu , avaient des connaiſſances
ſi étendues , que leur Commettans ayant
mis en eux la confiance la plus abſolue ,
Jeur avaient délivrés des pouvoirs par
leſquels ils annonçaient qu'ils s'en rap
porteraient entiérement à eux : ces pou

( m ) Seconde Séance , § . 7 .
( 0) Troiſieme Séance , S. 3.
119
voirs étaient donc illimités. Mais comme

la confiance abſolue eſt un acte libre qu'il


eſt difficile d'accorder indifféremment ;

d'autres Commettans , en rendant une juf


" tice pléniere aux talens de ceux qui con
ſentaient à facrifier leur temps au bien
de l'O. , leur ont fait délivrer des pou

voirs par leſquels ils ſe ſont réſervé le


droit & la faculté d'adhérer ou non aux

délibérations du Convent ; c'eſt ce qu'on

a appellé des pouvoirs limités. Je n'entre


prends pas de juſtifier juſqu'à quel point
ces pouvoirs limités avaient approché le
terme précis du juſte , de l'honnête & de
l'utile ; il me fnffit d'obſerver que ces
pouvoirs obviaient aux abus de la com
plaiſance , de la brigue , de la laſſitude
même : effectivement ſouvent on cede

parce qu'on eft las de diſputer ; & l'on


voit preſque toujours les poumons les
plus forts dompter les plus faibles , & l'o
piniâtreté vaincre la raiſon fatiguée.
Il y avait donc des pouvoirs illimités ;
il y en avait de limités : ce qui a fait
naître la queſtion , ſi les porteurs de
pouvoirs limités auraient voix délibéra
tive. On a ſoupçonné des vues à ceux qui
ont , je ne dis pas propoſé , mais fait
éclore cette queſtion . Quoi qu'il en ſoit ,
il y a eu de grandes diſcuſſions ſur cette
120
matiere ; ſur laquelle on aurait pu con
ſulter la ſeconde circulaire (m ) dans laquelle
on lit : > Ịl y a des Ff. qui ont fou- .
haité
que je joigniſſe à cette circulaire ,
» une formule de compromis , par lequel
» tous les + devaient s'obliger d'avance
» à l'obſervance des déciſions & laix à .
émaner de l'aſſemblée générale. Une
„ demande de cette nature ne pouvait
» être faite que par des F f. qui ont
vraiment à ceur l'union & le bien de

l'O . , je dois les en aimer


aimer davan
» tage ( P ) . Mais tout charmé que je fe
» rais , ſi tous les + t voudraient ſigner
» un pareil compromis par un motif auſſi
» noble , je ne ſaurais pas l'exiger comme
» devoir (q ). Je ſuppoſe en outre , &
» je ſuis preſque aſſuré que ſi les déci
. fions du Convent font bonnes & ana
„ . logues à l'eſſence & l'eſprit de l’O . ,
» tous les Ff. bien intentionnés & ani

( 0) Seconde circulaire , page 3 , f. 22. '

(p) Ces mots qui ſont en lettres italiques


dans l'original , doivent , ſans doute , être
d'un grand poids , puiſqu'on a pris la pré
caution de les diſtinguer ſi ſpécialement. Qui
poteft capere , capiat.

(9) Ces mots font auſſi en lettres italiques.


121
2
més d'un vrai rele ne manqueront

» pas d'y ſouſcrire de propre mouvement ,


» Si , au contraire , elles font attaquées
e d'un vice intérieur & radical , e com
l
» promis le plus ſolemnel ne pourra les
22 ſoutenir , & elles auront le fort de tou
tes les loix mauvaiſes dans leur prin
ce cipe & inconſéquentes dans leur appli
» cation . "

Convoqués d'après des termes auſſi


précis , il n'eſt pas douteux que les tt
pouvaient délivrer des pouvoirs limités ou
illimités. Comment donc appeller ceux
EI qui ont fait éclore la difficulté ? N'eſt
ce pas avec bien de la vérité qu'un des
Ff. a dit , ſoit qu'il fę ſoit rappellé le
foir que
paſſage de la ſeconde circulaire
la force du vrai l'ait frappé : » Que les
. >2 loix qui émaneront du Convent, de
„ vant ſervir au plus grand bien des
hommes , ſi elles ſont bonnes & uti
„ les , ſeront acceptées avec joie & uni
» verſellement approuvées , tandis qu'elles
sécrouleront fi elles ſont mauvaiſes ,
» ſans qu'aucune Puiſſance puiſſe les tenir
$
e i en vigueur. “
( v) Ne relevons pas la variété bizarre
1

( s ) Actes du Convent, ſeconde Séance , No


7. Avis du F. de Kortum .
122
des opinions ſur une matiere ſi ſimple ;
obſervons , en paſſant, que la juſtice a
enfin dicté le jugemeni , & venons à
l'acceſſoire facheux de ceite queſtion .
Pendant que l'on diſcurait ſur la nature
des pouvoirs , ſur la nature de ceux qu'on
appellait illimités , après que le R. F. i
Fuizz irrigu'n eut établi l'avis par lequel il
était facile de concevoir que les pouvoirs
illimités ne l'étaient pas véritablement ;
puiſque ces pouvoirs ne pouvaient pas
forcer ceux qui les avaient donnés à
obéir à des loix véritablement mauvaiſes.

Au lieu de ſaiſir l'eſprit de ſon avis , qui


tout au moins l'enſemble de cet avis , fix
Freres ſe levent ; & ce qui eſt plus ſin
gulier encore , ſix Freres , parmi leſquels
il y en avait du plus grand mérite & du
jugement le plus fain , frappés des der
nieres paroles du F. à fonte irriguo is ) ,
déclarent avoir voix & Juffrage avec poul.
voir illimité. Le F. à Cap. Gal. ſe leve à
ſon tour, & dit qu'il était en état de prou
ver que les pouvoirs des F. ab Eremy &
à Serpente n'étaient pas illimités.

( s) Que toutes inſtructions limitant néceſſai


rement les pouvoirs , il y aurait peu ou point
de fuffrages illimités. ( Ibid. feconde Séance ,
No. 7. )
: 123
Le F. ab Eremo était porteur de let
tres qu'il avait reçues depuis peu , il offrit
de les communiquer aux Sés, G. S. & F.
.
à Leone reſurgento. Quant au F. d Ser
pente , les actes ne relatent pas s'il a
23. parlé , & il n'a plus été queſtion de lui
dans ce glorieux combat ; & Meſſieurs les
1 Députés ont agréé unanimement les offres
IS du F. ab Eremo !
* , Mais , ou ces lettres , comme inſtruc
tions avaient rapport aux opérations du
2
Convent , ou ces lettres ne regardaient
que les affaires du F. ab Eremo ; au pre
mier cas , elles dérogeaient à l’illimitation
II
des pouvoirs ; au ſecond cas , il était inu
7 tile d'en parler & de les communiquer.
Reprenons la premiere hypotheſe ; fi
elles avaient du rapport avec les opéra
tions du Convent ( & certes elles devaient
en avoir , puiſqu'on offrait de les com
muniquer ) , alors pourquoi ne les com
i myliquer qu'à deux Membres du Con
1 vent ( je fais abſtraction de leur qualités
5 civiles & morales ) ? Ne' devaient- elles
pas érre communiquées en plein Con
vent ? Il y a dans cette conduite un myf
: tere que preſque l'on croirait impéné
t trable , & qui le fera même pour ceux
qui ne le compareront pas à celui qu'offre
une conduite pareille que l'on rencontre
124
plus d'une fois relatée ou voilée dans les
actes du Convent. Mais de quelles triſtes
réflexions n'eſt - on pas frappé lorſqu'on
médite ſur les faits de cette nature ! , Com
ment ſe fait - il que dans une Société d'a
mis , de Freres , dans laquelle tout ce qui
peut concerner la Société , doit néceſſai
rement en intéreſſer tous les Individus ,
comment ſe fait -il qu'on choiſiſſe . tel &
tel pour les dépoſitaires du ſecret com
mun , de la choſe qui touche tous les

Membres , tandis que le ſecret eſt la


pierre fondamentale de la M .., que ce
qui ſe dit dans le Temple Maçonnique
eſt ſi bien concentré dans ſon enceinte ,
qu'aucune Puiſſance n'ait la force de l'en
faire ſortir ; tandis que pour aſſeoir plus
folidement l'aſſurance du fecret , on avait
renouvellé le veu de diſcrétion , & cor
roboré ce væu par l'appoſition des ſigna
ſures au bas de l'acte qui contenait ce
væu ? On n'y croyait donc pas à ce ſer
ment ſolemniſé par la ſignature des Mem
bres du Convent ? Il eſt donc bien vrai

que les hommes les plus eſtimables don


nent dans des écarts bien repréhenſibles!
Tous pétris de limon , nous nous ſentons
de la vaſe qui a ſervi à former l'enveloppe
de notte ame ; & l'ame , cet être ſpiri
tuel , n'eſt pas aſſez dégagée de la matiere
125
pour bien voir , bien ſentir , bien enten
dre & paraître toujours avec tout l'éclat,
de fa perfection ( 1) .
En propoſant la motion des pouvoirs
limités & illimités , on a fait une choſe
déraiſonnable , mais on en a fait une in

tolérable , en ſe choiſiſſant deux Juges dans


] vingt qui avaient le droit de juger &
qui avaient fait deux ou trois cent lieues
pour juger , qu’on avit conſtitués Juges
de toutes les matieres qui ſeraient propo

ſées. Ces Juges ont trompé l'attente de


leur Conſtituans , en conſentant à ce que
deux de leur Collegues viſſent , exami
naſſent & jugeaſſent ſeuls , à leur exclu
ſion .
3
Je voulais borner à ces obſervations la
diſcuſſion de cette mariere ſi importante ;

co mais on defire que j'apprenne à mes Ff. que


les S. Ff. d Etoria & à Leo e refuge: te ,
étaient initiés dans le ſecret du ſyſteme

LE du F. ab Eremo , & que c'eſt par cette rai


ſon qu'il les a choiſis pour Juges , & que
conſéquemment les lettres du F. ab Ereino's
VE
DI

2 ( t ) Corpus enim quod corrumpitur aggravat


animam , & terrena inhabitatio deprimit fenfuns
multa cogitantem , ( Salom . lib. fap , c. 9 , V.
15. )
ef
126

avaient rapport à ce ſyſtême. Je pourrais


donner quelques notions ſur ce ſyſteme
en ce moment , mais je crois qu'il con
vient de ne pas anticiper & de n'en parler
que lorſque nous ſerons parvenus aux ob
jets qui y ont un rapport ſpécial. Je ne
trahirai pas un ſecret , puiſqu'il ne m'a
pas été confié : ce ſera le fruit de mes
combinaiſons que je propoſerai. De plus,
fi je ne me ſuis pas trompé , on me ſaura
gré d'avoir dévelopqé des idées qui peut
vent tendre à la ſatisfaction de quelques
individus ; ſi je me ſuis trompć , on n'a
rien à craindre de mon indiſcrétion : car
1 c'eſt une indiſcrétion , & une indiſcrétion
blamable de trahir le ſecret d'autrui , ſoit
quils nous ſoit confié , ſoit que nous l'ayons
furpris. Mais ſerai -je vraiment coupable
d'indiſcrétion ? Je ne le crois pas , je dis
1
plus , je ne le ferai pas , parce que tout ce
qui peut être donné ou appris fans qu'un
tiers en ſouffre , doit être donné ou ap
pris (u) ; c'eſt ce que jai démontré dans ma
premiere Partie ( x ). Effectivement , n'eſt

( 6 ) Quidquid fine detrimento pofitcomsnodari ,


id tribuatur vel ignito. ( Cic. de Offic . , l. 1 ,
c. 16 .
( x ) Pages 24 & ſuivantes , & ſur- tout pages
26 , 32 & 33.
127
il pas odieux de refuſer des connaiſſances
utiles à ceux à qui on les donne , & qu’on ,
peut donner fans éprouver le moindre
dommage (y) ?. N'eſt-il pas contre tous
les principes du juſte & de l'honnêre de
2 refuſer des conna: Jonces , des vérités cer
Izines , co: Solan -es , ſublim :s , inviables ,
qui doivent êrre le but véritable , cerrain ,
5 ſublime , invariable de la Mi , à ceux
2 auxqnels on a aſſuré qu'on leur donnait le
but véritable & invariable de la M . : , la
quelle faveur on leur a accordé pondere
metali , après les inquiſitions les plus fé
veres ſur leurs mæurs , leurs vertus & leur
caractere. Or , puiſque dans l'opinion des
Ff. initiés dans le ſyſtême du S. F. d Vic
15 toria , j'ai , en ma qualité de Préſident
d'une G. Ecc. , induit en erreur les
Ff. que j'ai reçus ; puiſqu'en ma qualité
de Viſiteur du Prince d'Auſtraſie , j'ai con
12 tribué à induire en erreur les Ff. de ce
D Prie. , puiſque je jn’ai ni la poſſibilité,
la ni la faculté de réparer le mal que je ſuis
ſenſé avoir fait en ſuivant l'eſprit du fyf
tême du S. F. à Viet , in , en initiant
ceux que je dois avoir égarés du vrai che
!
!

( y) Quæ funt iis . vtilia , qui accipiunt , danti


non molefta. (Cic. de Offic. l. 1 , c. 16.)
128
min , en leur donnant communication de
Pinſtruction ſyſtématique ; il eſt au moins
de mon devoir que je leur indique les
ſources où ils doivent puiſer , que je leur
apprenne la nature & les propriétés des
eaux de cette ſource , le régime qu'il faut
qu'ils ſuivent pour boire de ces eaux ſans
danger, & enfin que je leur montre le
ſentier qui y conduit.
je ne préſume pas que les initiés de ce
fyítême m'en ſachent mauvais gré , s'ils
font attention que ceux qui déſireront
participer à leurs connaiſſances, s'y prépa
reront , d'après mes inſtructions , en épu
rant leur mæurs , en pratiquant & la
vertu & les préceptes de notre ſainte Re
ligion : que ceux , au contraire , qui ne
pourront en concevoir la ſublimité , ne
les importuneront pas ; & que s'il leur
arrive de chercher à les toutner en ridi

cule , ce ſera une plaiſanterie du mo


ment , qui , même ne parvenant pas juf
qu'aux initiés , ne choquera en aucune
maniere fleur délicateſſe.
Qu'on me pardonne cette longue di
grellion , j'aurais deſiré la ſupprimer ;
mais je ſuis jaloux de l'eſtime de
mes Ff :. il faut qu'on me connaiſſe à
fonds , afin qu'on ne me ſoupçonne pas
d'être un dépreſſeur opiniâtre & incom
mode
139
mode ( z ) ; & que l'on ſoit convaincu de
la pureté de mes intentions & de l'hon
nêteté de mes procédés.
On trouve dans le §. 4 de la troi ze . Seffion.
9. .
fieme Séance que le S. G. S. a pro

poſe de ſuſpendre , pendant quelque


temps, toute correſpondance de la part

des Mandataires avec leurs commettans ,
ſous précexte que le Convent s'attirait
l'attention du public. Loi en conſéquence
$
dictée dun.conſentement unanime. On

croit généralement que cette loi a été


ſuggérée au S..G. S .; que ceux qui
l'ont ſuggérée' avaient leur raiſon pour em
pêcher les Commettans de pouvoir don
ner des inſtructions poſitives ſur l'objec
important qui devait être traité dans cette

reſpectable aſſemblée , & que ceux qui


1!
l'ont ſuggérée , eſpéraient que préſentée
par le S. G. S. , qui mérite là tant de titres
notre confiance reſpectueuſe , on n'en
I
7

( 2 ) Je fais qu'on a cherché à donner cette


opinion de moi , qu'on a inſinué que c'était
le ton de la of de Lorraine , de ce très - petit
point de l'O.; mais & cette * & moi nous le
pardonnons à l'inventeur de cette calomnie ;
} qu'il fache cependant que nous le connaiſſons,
3 & que nous ne le nommerons pas.
I
130
examinerait pas fcrupuleuſement les con
ſéquences.
Abſtraction faite de cette opinion , exa
minons ſi la loi devait être faite ; & fi
le motif qui l'a fait rendre était ſuffi
Lant.
La loi devait - elle êrre faire ? Etait
elle honnête , utile & juſte (a) ? car nous
avons prouvé (b ) que c'était ce qui conf
tituait une bonne loji Je crois qu'elle
n'était ni honnête, ni juſte : il s'agiſſait
d'objets ſi importans pour la Communauté ,
qu'il était néceſſaire que les Mandataires
puſſent éclairer leurs Commettans ſur les
dérails fur leſquels ils pouvaient douter ,
de même qu'il était important pour les
Commetrans de connaître les principes
ſur leſquels on fondait les opinions pour
pouvoir fournir les réponſes, en cas que
ces opinions leur éuſlent paru en méciter,
La fenưe du Convent fixée au mois

de Juillet , on n'était pas maître de choiſir


les Mandataires ; il fallait avoir obliga
tion au zele des Ff. qui pouvaient ou
youlaient ſacrifier leur temps & leur in

( a) In femita juſtitiæ vita. (Sål. prov. č . 12 ,


v . 28.)
( 6 ) Premiere Partie , page 16 & ſuivantes.
131
té et particulier au bien géiéral ; mais ce
zele ne ſuppoſait pas toutes les connaiſ
fances néceſſaires ; une correſpondance lui :
vie devenait donc indiſpenſable. Et il
n'était pas juſte de priver les Commer
tans de cette reſſource à laquelle ils avaienc
droit de s'attendre . Il y a plus , la loi

3 n'était pas même utile , puiſqu'elle pri


vait le Convent de lumieres qu'on devait
deſirer .

Le prétexte dont on a coloré la né:


cellité de la loi, n'eſt que ſpécieux. Il ne
s'agiſſait pas d'interrompre la correſpon .
dance ; mais d'empêcher qu'elle ne fût
interceptée. Or il y avait un moyen bien
I.
ſimple . La Ville de Francfort, aux portes
de laquelle on était , eſt une ville d'une
érendue conſidérable ; un grand nombrò
UI
de Commerçans du pius grand crédit , de
la plus grande importance , l'habitent ;
intersepter leurs lettres , ferait violer le
is
droit le plus précieux pour leur fortunes
11 car le commerce à ſes ſecrets de correl.
pondance ; qui font d'un grand prix , &
tel Marchand payerait cher le livre d'a
dreſſes de ſon voiſin. 11 n'eſt donc pas
douteux qu'aucune autorité ne voudra

troubler la tranquillité précicufe des Néa


gocians ; on ſe gardera bien de commet
tre ce péché énorme de politique. Parmi
es
I 2
" 132
ces Négociars il y en a , à coup ſûr, qui
font F .. M.: ; Mais quand il n'y en au
rait pas ; il n'yl a pas un Négociant qui
n'eût rendu le ſervice ſi peu coûreux de
ſon enveloppe , pour faire parvenir , avec
ſûreté , les lettres à Wilhelmſbad ; & à
l'égard de celles qu'on aurait envoyées ,
tout le monde connaît les reſſources qu'on
peut avoir , qui, fans porter aucun pré
judice à la Ferme des Poſtes , font ar
river les lettres à leurs adreſſes fans au

cun riſque d'indiſcrécion .


On a remis ſur le tapis la fameuſe queſ.
tion des pouvoirs limités , & illimités, &
Même Seffion , le réſultat des opinions a ſervi à prouver
No. Si
que la queſtion n'était pas admiffible , &
que le véritable objec de la queſtion était
de ſavoir combien de temps on donne.
rait aux 7. pour adhérer aux opérations
du Convent. On a arrêté , pour terme ,
le 24 Juin de l'année 1783. Poftérieure
ment on a vu la néceſſité de proroger ce
terme juſqu'au 25 Décembre .
Le s. 6 nous offre le premier exemple
d'un Sous- Prieuré exempt en faveur des
Ff, Palatins ; perſonne ne s'y eſt oppoſé,
No. 6. parce qu'il eſt vrai qu'on doit conſidérer
la poſition politique des arrondiſſemens:
A l'exemple des Ff. Palatins , ls Ff.
de Brême ont demandé à être érigés en
133
Préfecture exempte : c'eſt le premier exem- No. 7.
ple de ce genre , fondé aulli ſur les cir .
conſtances locales.
2
Le F. à Cruce . cerulea a fait une mo .

tion , qu'il a retirée preſque au même inf


tant , ſans qu'elle aité.é jugée par les No. 8.
$
Votans. Ce n'était donc qu'une queſtion
21
d'inſtruction , & dans ce cas il ne devait
pas la laiſſer rédiger parmi les actes ; ou
IP:
fi ce F. regardait la motion comme im .
li
portante , il ne pouvait la retirer ; ce n'é.
tait plus fon bien, c'était celui de ſes
Commettans, & il fallait recueillir les voix .
&
Si l'on dit que ce n'écait pas comme Man
dataire, mais en ſon nom qu'il avait fait
&
la motion , je répondrai qu'il n'en avait
at
pas le droit , & que fa motion ne devait
20
pas être enrégiſtrée (6 ).
013
Tout ce que j'ai dit juſqu'à préſent pou. No. 9 , 10 ,
e,
vant s'appliquer du plus au moins aux 11 & is
quatre articles ſuivans , je m'abſtiendrai
ce
de me répérer.
Une des premieres & des plus impor. No. 13.
!
tantes opérations du Conyent , était de

( c) Argue ſapientum & diliget te. ( Sal prov .


C, 9 , v. 8.)
Fatuus ftatim indicat iram fuam . ( Ibid, a.
12 , v . 16. )
134
dérerminer le vrai but de la Maçonnerie ,
ſon origine prouvée par une filiation pré.
çile ; & au défaut de démonſtration par
pieces probantes , il était naturel de choi
fir , parmi les probabilités, la plus frap
pante , la plus apparente , la plus concor
dante aux allégories M.: . Or comme i
était impoflible de parvenir à cette fin
fans diſcuter ſéparément les degrés de,
preuves ou de probabilité de chaque fyf
tême , pour enſuite les poter ſur la balance
du jugement ; il fallait néceſſairement
commencer par un des ſyftêmes de la M .::;
c'eſt ce qu'on a fait dans l'article 13 ; le
S. G. S. a ouvert cette motion : Quelle

preuve apportera- t- on pour légitimer la


filiation de l'O . du T ..?
Nous verrons , dans les Seſſions ſuivan ,
tes, comment on a procédé à cet examen ;
mais nous verrons aulli, avec douleur ,
qu'il n'a point du tout été queſtion des
autres ſyſtèmes M. ,

QUATRIEMĘ SÉANCE ,

& ſuivantes , juſqu'd la quinsieme.

Dans les 4 , 5, 6e Séances & fuivantes,


juſqu'à la 149 incluſivement, on a traité
la queſtion de la filiation des T. Des
13:52
faits, des motions ou analogues , ou
étrangeres , coupent perpétuellement le
fil de l'examen de cette queſtion Poup
mettre de l'ordre dans nos obſervations,
nous ne parlerons de cette queſtion
fameuſe , qu'après avoir dit quelques
mots ſur les faits & motions ſucceſſives
qui ſe ſont prélentées . Nous parlerons
d'abord des motions digreſſives , de cel;
les qui n'ont aucun rapport à la queſ:
ţion ; enſuite de celles qui y ont rapport ;
pour delà paſſer aux digreſſions ſur la ma
tiere , ſoit qu'elles y aient rapport ou non ;
& je finirai par l'examen de la queſtion
principale.
D'après ce plan , la quatrieme Séance Motion
n'offrant ni faits ni motions étrangeres Maduronnediese
à la queſtion , nous en chercherons dans
la cinquieme, dans laquelle on voit qu'on se Séance
a décidé que , pour pouvoir donner en
trée au Conyent à quatre Ff. députés des
s nationales des Etats d'Autriche, il
fallait qu'ils fuſſent dans l'Ordre inié.
rieur, & on a décidé qu'ils y ſeraient
admis dans le jour.

C'était juger quatre choſes : 1 °. que le


Convent avait droit de procéder à des ré
ceprions , dans l'O. intérieur ; 20 , de çece
voir des Ff. de quelque Diſtrict qu'ils fuſ
lent; 3 °, de leur donner diſpenſe d'interl,
136
tice ;' 4º. qu'il fallait décidément être mem
bre de lo. intérieur pour entrer au Con .
vent. Et d'abord ſur ce quatrieme objet ,
on voit que j'ai eu raiſon d'avancer ce que
j'ai dit dans ma ſeconde Partie , pages 81 ,
82 & 83 , article is des Articles prélimi
naires, On n'a pas ſuivi pour ces Freres
ce qui a été arrêté par cet article 11 , on
s'eſt donc écarté d'une loi dont on avait

ſigné l'obſervance ; on ne s'écarte jamais


d'une loi quand elle eſt vraiment ſage,
& une loi doit être pour tous , & ob
ſervée par tous ( d ). Au ſurplus cette ob
fervation ne tend qu'á démontrer que
vraiment la loi nje des Articles préli
minaires était une loi mal rédigés , &
peut-être même plus mal imaginée .

Je crois qu'un Convent général peut pro


céder à des récepțions ; compoſé de l'élite
des Membres de l'Ordre , repréſentant le
Corps entier , il peut faire ce que les par
ties de ce même Corps peuvent faire. Je
crois , en ſecond lieu , qu'il peut recevoir
des Ff. de tout Diſtrict , parce qu'il repré
ſente tous les Diſtricts. Je crois enfin, qu'il

(d ) Leges fient inventæ , quæ cum omnibus


ſemper und , atque eadem voce loquerentur. ( Cic.
de Offic. l. 2 , c . 12.)
137
peut donner des diſpenſes d'interſtices ,
parce qu'il ne les accordera que pour de
bonnes & juftes raiſons , & parce que les
établiſſemens de l'Ordre qui ſont de petits
Convents, peuvent les donner ; ce ſont de
ces prérogatives fondées ſur. l’eſtime, la
conſidération & la confiance qu'on doir
accorder à ces Aſſemblées reſpectables qui
repréſentent le grand tout. J'aurais deſiré
qu'avant de faire décider qu'on recevrait
ces Ff. , on eût arrêté, qu'un Convent gé
néral pouvait recevoir dans l'O. un F. de
quelque Diſtrict qu'il fût, & même donner
des diſpenſes d'âge & d'interſtice , s'il le
juge convenable. C'était faire dériver le
fait du principe, & non le principe du fait.
On lit dans la huitieme Séance , qu'un se Séance .
des Grands- Secrécaires préſenta , au nom
du Comité , une déclaration ſignée par tous
les Ff. qui le compoſoient , qui fut lue &
dépoſée aux actes. Mais on ne voit pas ce
que c'eſt que cette déclaration . Pourquoi
ce filence ?
A la dixieme Séance ſe préſente le F. de 10e Séance.
Bel... de la mere Loge de la croiſſante
aux trois clefs de Ratiſbonne. On oublie

pour ce Mandataire la loi 11e des Articles


préliminaires. On n'a point fait en fa fa
veur ce qu'on avait fait pour le Comte de
Salm Reifferſcheid , de Kollowrath - Cupf
138
tein , de Wirzay & de Bocdeker. On ne
l'a pas reçu dans l'ordre , & on n'a pas
nommé de Comité, ainſi qn'il était voulu
par l'article 11 . Le S. G , S. fit donner la

réponſe verbale que ſi cette ofera con


naitre de plus près les principes qui la di
rigcnt , Ege qu'elle reconnaiträ avec nous un
Chef commun en fa perſonne , il lui Joit
donne communication des actes du Convent.

Cette réponfe bien ; feche n'écait pas


concordante avec ce qui avoit éé an
noncé dans les circulaires ; voilà donc un
Député qui arrive avec confiance , & qui
doit partir bien humilié , emportant avec
Jui une opinion bien peu favorable des.
opérations du Convent! Voilà peut - être.
un grand rayon de lumiere écarté ! Enfin

à quoi bon s'être donné la peine de faire


les Articles préliminaires , les avoir fait
figner, puiſqu'on ne voulait pas les ob .
ſerver ?

Je ne parlerai pas du diſcours ſur la bien


faiſance du F. à Circulis , il doit paraître
inceſſamment imprimé .

Tels ſont les principaux faits & motions


qui ont interrompu l'examen de la queſtion
primitive, & qui, comme on le voit, n'y
avaient aucun rapport.

Motions reo Nous allons tracer , ſous un même point


latives la de vue, les motions relatives à la queſtion
queſtion prin
cipale .
139
pofée d'abord dans la lettre circulaire fous
ces quatre faces :

Devons-nous regarder , G. (c) . 1


Puis fous cette ſeconde face :
Qui ſont ces Sociétés, & c. ( f )
Enſuite fous cette troiſieme face :

Qui fost les Sociétés , ETC. ( g ) .?


Et enfin fous cette quatrieme :
Si jamais une reſtauration , C. ( b ).
Ces queſtions ont changé de forme
preſqu'à chaque Séance , & l'on voit l'em,
barras des Ff, pour établir la propoſition
la plus ample , comme j'eſpere le démon
trer. Mais qu'on me permette de rap
porter toutes ces varjations,
10, à la troiſieme Séance , le S. G. S.
a préſenté la queſtion en ces termes allez Nyo.sesetion,
134
lịmples : Quelle preuve apportera - ţ · 01
pour légitimer la filiation de l'Q. du T. ?

La même propoſition lae à la quatrieme 46. Séancć.


Sellion , il ſemblait que la ſeule choſe
qu'on dûr faire, était de décider du genre
des preuves. Or ces preuves pouvaient être.
ou littérales ou morales. Les premieres euf

(6 ) Premiero Circulaire , No, I , let. an


(f) No. I , let. di
( g ) No. I , let. e .
( 1 ) No. IV , let, be ..
.140
ſent levé tout doute ; quant aux morales ,
elles ne pouvaient être fondées que ſur les
probabilités. Tout le monde fait qu'une
preuve eſt la démonſtration de la certitude
d'une choſe ; or de ces démonſtrations les
unes exiſtent dans une ſuite d'acte probans,
c'eſt ce qu'on appelle la preuve littérale ; les
autres exiſtent dans la réunion de toutes

les probabilités , & eiles équivalent à une


preuve littérale. Effectivement, fi nous
ſuivons la méthode des Géometres , qui di.
ſent , d'après les principes de la Logique ,
que la certitude eſt un tout , dont les pro
babilités ſont les parties , il eſt certain que
la réunion de toutes les probabilités for
meront la certitude la plus convaincante ;
tandis qu'on certain nombre de probabi
lités ne formeront qu'une portion de cer
titude , plus ou moins convaincante , rela
tivement au nombre des probabilités.
Ainſi la propoſition du S. G , S. était
fimple , naturelle , & ne concernait pas
l'eſſence de la queſtion de la filiation , ma's
voulait que l'on ftatuar ſur le genre de
preuve qui ferait admiſlible. Sans ftatuer
ſur la motion , dont on n'a pas ſaiſi le ſens,
on l'a étouffé par onze autres, dont voici
le dérail.
46 Se fliion 1 °. Réſoudre les queſtions & doutes
ſur l'origine , la filiation & la dénomina
141
tion de l'O. , & tourner nos regards veis
ES fon ellence ; ce ſera, je crois , le premier
objet de nos délibérations ( i ).
20. Que ſommes - nous ? Eſſence de
l'O .
ES
Depuis quand ſommes - nous ? Ori

gine de l'O. (k),

S 30. D'où la M. , tire- t -elle ſon origine ?


Si , ſelon la plus grande quantité des

S ſyſtêmes connus ou parvenus à notre con.


naiſſance , elle vient de l'O des T.; com
ment peut- on prouver la filiation , ou la
ſuppoſer venir juſqu'à nous & à notre
fyftême ( 1) ?
40. La recherche de la filiation de l'O .
des T. doit ſervir d'échellon pour exa
miner progreſſivement l'origine de la M .:.,
les événemens plus récens devant préſen
ter quelque fil pour remontrer, à lon aide,
dans les temps antérieurs ( m ).
sº. L'inſpection des pieces doit précé.
der la diſcuſſion de ces objets (n) .
S
$

(i) Motion du S. G. S.. d'après la ſeconde


circulaire , $. -14.
( k ) Prof oſition du F. à Cruce eerulea .
( 1) Idem , du F. à Leone reſurgenté.
(m) Du F. d Serpente.
( n ) F. d Fonte irriguo.
142
6°: Parmi ces propofitions lé Gon .
vent préféra celles du F. « Leone reſurgintes
en en intervertiſſant l'ordre , & commen
çant par la ſeconde propoſition , pour finir
par la premiere
se. Séance.
5o À la cinquieme Séance ön pro
propoſa cette nouvelle motion : Devong
houis abolir ou conſerver , en l'adaptant

aux vues qui nous animent, le ſyſtéme que


nous trouvons contraire à notre con
ſcience ( n) ?
be. Šéance . 8° Nouvelle motion à la ſixieme
Séance. Si même nous pouvions obtenir
les preuves de la légitimité de l'O . ; vou.
drions - nous , après tout ce que nous fa
vons de l'O . , continuer le Syſtême pré
fent du T .; & la reſtauration de l'O . des
T. é : ant un des ſyſtèmes dominans dans
l'aſſociation M .. ; une branche majeure
qui defire dans ce moment à ſe réunir aux
aurres rameaux du même tronc , ne ſerait .
il pas néceſſaire de ſe procurer des éclair
ciffemens ſur le ſyſtème de ( Zinnendorff )
la nationale de Berlin ; qui embraſſe
une grande parcie de l'Allemagne (9 ) ?

(0 ) Arrêté du Convent.
( ) F. d Lilio convellium .
( 9) F. d Leone reſurgenter
143
1 Même motion décaillez par le F. ab
Ereino .
1 La neuvieme motion eft d'un
genre
nouveau .

99. Qui voulons -nous être ? Ou plutôt ;


que devons -nous être ( r) ?
10 %. A la huitieme Séance on en a pro
poſé une , qui a eu un ſuccès de quatre
jours.
1
19. La filiation de l'O. des. T. avec no
tre fyſtême actuel eſt - elle légitimée , ou
ne l'eſt - elle pa
pass (1)
+
2°. Dans le premier cas , eſt - il prudent
& convenable de conſerver notre fýſtême
dans la forme actuelle ; & dans le ſecond,
devons - nous y renoncer abſolument ?

NS 3 °. Quel eſt le ſyſtème le plus convena .


: ble pour réunir , le plus poſſible & fans
danger ; les parties
conſtituantes de l'O:
en un ſeul & même régiine ?

4º. Quel intérêt avons- nous à l'examen


des queſtions relatives à l'Ordre des T. ? &
4
à quel titre devons- 'nous examiner plus
ſérieuſement la légitimité de notre filiaa
tion avec lui ?

1
( R. F. ab Hedera.
( s) R. F. ab Eremo.
144
Cette motion a éte adoptée par le Con

vent.
12e. Séance. 11 °. On lui a cependant donné une
nouvelle forme ; quatre Commiſſaires ont
été nommés pour ce travail; & voici de
finitivement le plan que l'on a ſuivi ( t) .
1 °. Eſt- il prouvé que nous ſommes les
vrais & légitimis ſucceſſeurs des T. ?
2 °. L'O . des Maçons a -t- il des rapports
avec l'Ordre des T ..?
30. Conſervera - t- on le ſouvenir de l'O,
des T. dans la M.. , ou y ſera -t - il toca
lement aboli ?
4°. Conſervera - t-on la forme de l'O.
des T. tel qu'il a éte fixé dans les derniers

Convents d'Allemagne ?
5 °. En renonçant aux noms , qualités
: & prétentions des T. , conſerverons-nous

des rapports avec cet O. ?


6º. Les rapports ſeront- ils conſervés
dans un Grade de Chev ., ou conſignés
dans une inſtruction hiſtorique ?
On voit par ce décail combien de pei
nes on a eu pour s'entendre , & cela parce
qu'il y avait un parti qui voulait ab
ſolument détruire & qui ſe trouvait

( 1) Arrêté des quatre Commiſſaires du Con

vent.
oppoſé
1
145
oppoſé à deux autres partis , d'ont l'un
voulait conſerver , & l'autre examiner.
Dans toute diſcuſſion , quand on n'a
pas pour but de s'éclairer, mais de faire
prévaloir ſon avis , le combat eſt aſſez
-1 inégal, parce qu'alors ou l'on abandonne

$ le champ de bataille au plus opiniâtre , ou


l'on ſe retire ſans qu'il y ait rien de dé
cidé.
Perſonne n'uſe de cet avantage , comme

les Protagoras anciens ou modernes, car


ils ſont tous entachés des mêmes vices ;
on les voit éluder la queſtion dont ils ne
peuvent donner la ſolution , ſubſtituer
adroitement ou maladroitement une pro
S
poſition en place d'une autre ; changer un
ou pluſieurs mots de la propoſition , ce
S
qui lui donne un ſens ou plus étendu , ou
S
plus vague , ou plus obſcur , & leur pro
çure la facilité de noyer dans une mer de
3
mots la propoſition qui, dans l'origine ,
était la plus ſimple. Mais parmi ces Mef
fieurs , il y en a qui raiſonnent pour le
tourment de la raiſon : eſprits durs , en
têtés , opiniâtres , vains juſqu'au ridicule ,
ignorans , ou n'ayant qu'une ceinture lé
I gere de la ſcience; la raiſon , ni la vérité
même ſi elle deſcendait des cieux , ne
pourraient les convertir : ambitieux à l'ex
cès ; ils ont un orgueil inſoutenable ca
K
146
ché ſous le voile de la modeſtie & de l'hu
milité ; mais comme le moindre ſouffle
agire ce voile , alors on voit à découvert
l'hypocrite : en vain , pour réparer le dé
ſordre , emploient-ils tout l'art de leur
métier; le Pere de la Comédie françaiſe
nous a appris les ſecrets de cet art ( u ).
Méfiez - vous donc de cette eſpece de gens,
ils ſont aiſés à reconnaître , ils parlent peu ,
c'eſt leur grand art ; ce qu'ils diſent eft
prononcé avec un ton ſententieux & im
poſant, ou affectueux juſqu'à la fadeur.
Ils ſont les diſtraits , pourparaître ab
ſorbés dans les contempl atio ns les plus
importantes. Sont -ils obligé de répondre
à une propoſition un peu ardue ? ils vous
écoutent les yeux fermés , le corps im
mobile , puis après trois a quatre mouve
mens d'une tête qui s'éleve & s'abaiſſe
en s'alongeant en diagonale , leurs yeux
s'ouvrent , ſe tournent vers le ciel , & de
leur bouche forrent des mots entrecou
pés qui , réunis , forment la ſolution
ſouvent la plus entortillée & plus ſouvent
encore la plus inepte. Si vous en trou
vez ſur votre chemin , dites - leur poliment :

( w) Moliere , Comédie du Tartufe .


147
que Dieu vous béniſſe , Meſſieurs les So
phiſtes ( 2x ).
Une ſeconde eſpece de perſonne , eſt
celle pour laquelle on a dit , ne jurez pas
ſur la parole de votre maître ; celles - ci
font dans la bonne foi , elles prennent
pour principes les axiomes erronés de
leur maître ; elles y font , pour ainſi dire ,
clouées ; on a exercé leur mémoire & non
leur jugement ; on a obftrué leur diſcer
au lieu de le développer.
nement Frappées
de l'éclar d'une propoſition artificieuſe
5 ment préſentée, elles ſe profternent &
admirent . Demandez -leur raiſon de leur
admiration , elle eſt , diſent- elles , dans
leur cæur ; mais elles ne peuvent en dire
davantage. Ne vous obſtinez pas à cher
cher la vérité avec elles, vous n'en re
cevrez aucune inſtruction & vous ne les

perſuaderez pas. Plaignez -les, mais ne vous


affociez pas à elles.

2
( a ) Sophiſte vient du mot grec ODICHE , ima
- poſteur , trompeur. Encyclopédie , mot Sophifte.
Autrefois cette épithete était donnée aux fages ,
parce qu'on la faiſait dériver du mot 00005
fageffe. Gloſſaire de Ducange , mot Sophiſtoe.
Mais depuis que les faiſeurs d'argumens fubf
tils & captieux ſe font fait appeller Sophiftes
on a cherché l'étimologie de ce mot dans ce
lui σοφισης.
K 2
148
Gardez -vous bien , mes Ff. , de cher
cher les originaux des portraits que je viens
de deſſiner ; j'ai dit au commencement de
cet Ouvrage (y) que je ne voulais ni pein
dre , ni offenſer perſonne. Les tableaux
que j'ai tracés ſont dans la collection de
ceux que je copie depuis plus de vinge
années (2)
En général toute perſonne ne raiſonne
pas juſte, qui, 1. prouve ce qui n'eſt pas
en queſtion ( ) ; qui , 20. fuppofe vrai ce
qui eſt en queſtion ; qui, 3º . prend pour
cauſe ce qui n'eſt pas une cauſe ; qui, 4 ' .

( y ) Page 4.

( 2) J'ai entendu dire dans ma jeuneſſe que


la face de l'homme était l'image de ſon ame ,
que ſes yeux en étaient le miroir ; j'ai étudié
la vérité de cette affertion , & j'ai fait , en
conféquence , un recueil de mes obſervations
priſes ſur des originaux dont je connaiſſais
d'après un examen fcrupuleux , le caractere . Je
me ſuis convaincu , par l'expérience , que , non
ſeulement la phyſionomie , mais encore la ma
niere d'être & de ſe tenir , avaient le rapport
le plus frappant avec le caractere de l'homme;
& que l'on pourrait faifir les nuances de ces
caracteres.

(a) Ariſtote appelle ce genre de ſophiſme ,


ignoratio elenchi.
149
ne conſidere pas toutes les manieres dont
une choſe peut être , ou peut arriver ,
qui , 5º.juge d'une cauſe par ce qui ne
lui convient que par accident , ou qui
prend les ſimples occaſions pour les véri
tables cauſes ; qui , 6º . confondent le ſens
diviſé avec le ſens compoſé , en paſſant
de l'un à l'autre ; qui , 7" : paſſe de ce qui
eſt vrai à certains égards, à ce qui eſt vrai
ſimplement; qui, 8. enfin ſe ſert de mots
ambigus, pour en abuſer enſuite ( ). Si

ce'ſt de bonne foi qu'on raiſonne ainſi ,


c'eſt preuve d'un caractere d'ignorance ;
ſi c'eſt ſciemment , c'eſt preuve d'un ca
ractere d'impoſture. On fera revenir le
premier de ſon erreur , s'il a le jugement
droit & le deſir d'être éclairé. Le ſecond
ne
perſiſtera dans ſes argumens inſidieux ; évi
tez de diſſerter avec lui.

Si nous comparons ces principes de la


B faine logique avec ce qui a été dit dans
onze Seſſions du Convent , combien de
fois ne pourra- t -on pas dire : que de ſo
phiſmes ! N'en relevons que quelques-uns
pour ne pas abuſer de la patience d'un

; Lecteur même indulgent.

(b) Logique du Port -Royal , & c. Scrave

1 zande , &c. Dictionnaire Encyclopédique , au


mot fophiſme.
150
Le véritable but de l'O." & ſon origine,
avaient fait naître beaucoup de doutes &
d'incertitudes ( c ) ; douze ſyſtèmes qui ſe
perpétuaient dans la Maç.. prétendaient
chacun au droit d'être le véritable ſyſtéme.
Quelle était l'eſſence de 10. ( d ) ? Voilà
la premiere queſtion qu'on devait traiter ;
elle ne pouvait l'être qu'après qu'on au
rait pris connaiſſance des différens fyſtê
mes ; alors élagant ceux qui viſiblement
ne pouvaient pas conſtituer 10., il fallait
comparer les autres ſyſtèmes . Or, pour pou
voir les comparer & juger de celui auquel
on donnerait la préférence , il fallait dé
cider le gen
re de preuve ou de probabi
lité qui feraient néceſſaires. Et c'eſt po
ſitivement ce qu'avait propoſé , avec tant
de fagelle , le S. G. S. quoiqu'il l'eût
propoſé pour un ſeul ſyſtême, la même dé
ciſion devait s'adapter à tous. D'après ces
vérités bien certaines , nous concluerons
I ' , que ce n'eſt que l'eſprit de ſophiſme,
qui a exclu de l'aſſemblée des Ff. qui
n'étaient pas de l'intérieur , & que c'eſt
un homme droit , ennemi du ſophiſme ,

( ) Premiere circulaire,

(d ) Seconde circulaire , $. 14.


ISI
& qui penſait juſte , qui a écrit le g. 6
de la ſeconde circulaire (e). Nous con
cluerons 2º . que , devant décider d'abord
du mérite des preuves ou probabilités à
admettre , c'était propoſer de prouver ce
qui n'était pas en queſtion , que de pro ,
poſer de réſoudre les queſtions & doutes
ſur l'origine & la filiation de l'O. ( A).
Il en eſt de même de toutes les autres
motions qui dérivaient de cette premiere,
qui avait induit à perdre de vue la mo
tion préliminaire .
Mais une fois la motion de réſoudre

les queſtions & doutes ſur l'origine & la


filiation de l'O . poſée , ne trouverons
nous pas que c'eſt réunir preſque tous les
vices du fophiſme , de dire : il ne s'agit
point de réſoudre les queſtions & doutes
fur l'origine & la filation de l'O. , mais
il faut décider ce que nous voulons être ,
ou plutôt ce que nous devons être ( 0)
Cerre propoſition ne pouvait convenir que
lors de la formation d'une Société nou

Seconde circulaire , §. 6. Pour éloigner ,


&c.

G Quatrieme Séance , premiere motion.

( 8 ) Septieme Seance , neuvieme motiou .


152
Velle. La motion propoſée d'après la thefe
poſée , 1 °. tendait à prouver ce qui n'était
pas encore en queſtion ; 2 °. ſuppoſait vrai
ce qui n'était qu'en queſtion ; 3º . ne
conſidérait pas toutes les manieres dont
la choſe pouvait être ; 4 : elle tendait à
prendre une ſimple occaſion pour la cauſe ;
5 . elle paſſait du ſens compoſé au ſens
diviſé , &c. , &c.
Ce trois exemples, pris au haſard , ſuf
fiſent pour prouver combien on s'eſt dé
voyé des vrais principes d'un raiſonne
ment fain . J’abrege ſur ce point & je
viens au troiſieme objet que je me ſuis
propoſé de parcourir , ſavoir , les digref
Digreflions ſions ſur la matiere , foit qu'elles aient eu
jur la matiere .
quelque rapport ou non à l'objet à traiter.
La premiere ( b ) a eu pour but d'être
inſtruit des points qui caractériſent l'iden
tité des principes des établiſſemens de
1'0 . ſur ſon but & fon - effence.

On ne fait par quelle fatalité, malgré


les ordres du S. G. S., les réponſes de
tous les établiſſemens n'ont pas été com
muniquées. On ne peut ſoupçonner que
deux motifs : le premier , la négligence ;
le ſecond , la mauvaiſe foi : or dans la

( h) Quatrieme Séance R. F. d Serpente.


153.
poſition des choſes , s'agiſſant de percer
l'obſcurité dans laquelle était enveloppé
j le vrai but de l'O . , il fallait un concours
& une communication de lumieres , il

fallait connaître la maniere de penſer des


différens établiſſemens, il fallait pouvoir
répondre aux objections des uns , Ou
* ſe rendre aux raiſons déterminantes des

autres : ce qui ne pouvait pas ſe faire par


le défaut de communication des réponſes.
Donc la négligence , dans ce cas , eſt un
crime auſſi impardonnable que la mau
vaiſe foi.
La ſeconde (i) excurſion a eu rapport aux
recherches faites par les Ff. d'Italie , ſur
un fait hiſtorique, la mort de Charles de

Mont-Carmel: on a prétendu que dans les


regiſtres mortuaires de la Ville de Caſal,
ainſi que dans ſes archives , on ne trou
vait aucune trace de ce fait ; d'où l'on
tirait une conſéquence de doute , qui ap
prochait parfaitement de la négation du
fait. Pour réponſe , il ſuffit de demander
fi , parce qu'on ne trouve pas dans les
regiſtres mortuaires d'aucune Ville , la
mort de Thiébaut Guidin , connu plus
particuliérement ſous le nom du Moine

( Ibid
154
Gaudini , avant dernier Grand-Maitre de

l'O . du T. , on peui en conclure qu'il n'a


pas ex iſté .
exiſté. Si , parce qu'un fait qui s'est
paſſé dans un Cloître , il y a plus de quatre
cens ans , & qui n'intéreſſe nullement le
corps d'une Ville , ne ſe trouve pas dans
les archives de cette Ville ; on peut en con
clure contre la vérité du fait. Enfin ſi,

parce qu'on ne trouve dans aucune Egliſe


les regiſtres mortuaires de Moines morts il
y a quatre à cinq cens ans , ni leur nom
dans les archives d'une Ville , on peut en
conclure qu'aucun Moine n'a exiſte &
n'eſt mort il y a quatre à cinq cens ans.
En partant de cette maniere de voir il

faudrait rejetter toute tradition , & l'on


boulverſerait bien des choſes. Il n'y au
rait point eu d'Alexandre ni de Titus. 1
Mais , dira - t -on , les livres nous parlent
de ces grands Hommes. Mais les livres
nous bercent auſſi de contes de Fées ; &
le pieux Archevêque de Florence , Saint
Antonin , nous a auſſi raconté des hiſtoires
bien abſurdes ( k). Voici un argument plus

(k) Je n'entends pas affirmer la vérité du fait


hiſtorique dont il s'agit : mais ne voyant au
cune raiſon pour douter de ce fait , je me
borne à dire ce que fait n'eſt point effentiel
pour l'hiſtoire de l'O ., ni pour expliquer le
troiſieme Grade.
155
fort : la liſte des Grands - Maîtres , donnée
2
par le F. ab Enſe., parle d'un Thieri
( Terricus) ;, non comme ayant été Grand
Maître de l'Ordre , mais ayant ſeulemenç
dirigé l'Ordre pendant la captivité de Gé
rard de Riderfort. Toutes les autres listes ,

celles de Ducange , celle de Roman Zapa


ter , celle des Bénédictins , celle du ma
nuſcrit d'Etival , &c. , mettent ce Terric
au nombre des Grands - Maîtres ; en con
1
cluera - t -on contre la liſte du F. ab Enſe ?
1
On aura tort , parce qu'il n'eſt pas prouvé
1
dans l'hiſtoire que jamais Terric eût été
Grand - Maître ; & le titre de Magnus
.
Præceptor Ordinis qu'il avait à l'époque
de la captivité de Gérard de Riderfort ,
a induit à erreur les Hiſtoriens moder
nes , qui n'ont pas examiné avec aſſez
d'attention les Hiſtoriens Contempo
qui n'ont pas voulu voir que
rains ( 1) ; qui
5 fi , en l'année 1185 , Gérard de Rider ,
fort avait été fait priſonnier , étant Grand
Maître, il n'érait pas poſſible que Terric
6
le fût & qu'il n'eût abdiqué le Magiſter
qu'en 1187.
Il y a des erreurs dans ceIqu'a donné

(1 ): Vide hiſt. Hieroſol. Item , yac. de Vic


triaco . Item , Sanut , et
156
le F. ab Enſe , comme il y a des erreurs
dans toutes les chroniques & annales des
Ordres Religieux , quoique faites par des
Religieux de ces mêmes Ordres.
Cette excurſion du F. à Serpente a
produit une narration hiſtorique ( m ) de
ce qui s'eſt paſſé dans l'Ordre , en Alle
magne , depuis 1766 , qui a dû nécef
ſairement intéreſſer les Ff. qui ont eu
l'avantage de l'entendre. Cette Hiſtoire
de la M .: en Allemagne , mériterait bien
d'être imprimée.
: Une troiſieme digreſſion , eſt l'opinion
du même R. F. à Lilio convallium (n) ,
fur ce qu'eſt de nos jours l'O. des T. qui
a fait la matiere d'un dialogue pour la for
mation duquel pluſieurs Freres ont fourni
leur contingent de lumieres.
Cette digreſſion aurait pu être diſcu
tée comme motion , ſi on avait reconnu
que l'O . des T. était vraiment le but de
la M.
Quatrieme digreſſion (). Le R. F. •

( m ) Par le R. F. à Lilio convallium , qua


trieme & cinquieme Séances.

(n) Cinquieme Séance.

( Sixieme Séance.
157
Leone reſurgente avait annoncé qu'il avait
des connaiſſances particulieres ſur une
S branche de l'O. des T. Invité par le S.
G. S. de ſatisfaire l'attente des Ff.; il n'a
voulu conſentir à le faire qu'en faveur
2 d'un Comité , & ce Comité aéré compoſé
de huit Freres . Pour ne point me répéter ,
je me réſerve de faire mes obſervations
1
ſur cette digreſſion lorſque je parlerai
d'une motion du R. F. ab Orno , qui
2 s'y rapporte (0 )
Cinquieme digreſſion (9). Le R. F. ab
. Erewo qui a toujours témoigné le plus
grand deſir de connaître la vérité ( v), a
ouvert l'avis ſage, que , le but étant de
réunir toutes les branches de l'O. M .. en
une ſeule même aſociation , il paraiſ.
fait important de conaître les ſyſtèmes
particuliers de chacun , comme étant le pre
I miere moyen de ſe réunir . Il fallait fe pro
2 curer des connaiſſances ſur le ſyſteme
Zinnendorfien , ſon origine , fa partie
T

( 0 ) Septieme Séance.

( 9 ) Ibid. Sixieme.

( v ) in primiſque hominis eft propria veri in


quifriro atque inveſtigatio. (Cic. de Offic. liv, I ,
C. 4.
158
hiſtorique , & tout enfin ce qui en peut
intéreſſer le Convent & les Commettans.
Cette motion du R. F. ab Eremo eft
bien précieufe, & quoiqu'il ſe ſoit trompé
'en diſant que le but était de réunir tou
tes les branches de l’O . M . :: ; puiſque le
vrailzbut étaitļde connaître le vrai ſyſteme
de la M .., fa véritable origine , & que
le but dont parle le R. F. ab Ereno , n'é

tait qu’un plan fécondaire pour le cas où


le défaut de preuves & l'égalité des pro
babilités euſſent forcé à reſter dans l'in
certitude ſur le but véritable de la M. :.
Cette motion eft , comme je le diſais ,
bien précieuſe; elle poſe ſur la baſe la
pius reſpectable , ſur l'utilité , l'honnêteté,
la juſtice & les principes d'une faine lo
gique ; fi toutes les motions euſſent été
de cette nature , & ſi l'on en avait ſuivi
Tes plans , qu'on eût fait une excellente
beſogne ! Comme ce que j'ai à dire ſur
cette motion doit ſe reproduire plus d'une
fois , je ne m'étendrai pas d'avantage ,
quant à préſent , fur les idées qu'elle
préſente à développer.
Sixieme digreſſion ( s) du R. F. ab Orro ,
elle a deux parties; la ſeconde étant re

(s) Septieme Séance.


159
lative à la non communication des ré
ponſes aux circulaires , je la paſſerai fous
ſilence. La premiere eſt conçue en ces
termes : Cu'étant au Convent, au nom de
ſes Commettans , d'après l'invitation de la
circulaire du S. G. S., dans l'eſpoir d'y
puiſer les connaiſſances précieuſes ( t) & les
vérités conſolantes , annoncées dans cette
circulaire , il s'était mis au fait de ces vé .
rités , pour apprendre à diſtinguer le vrai
d'avec le faux (u ) Egr voir par ſes propres
yeux ; que tous les Députés des grandes
Ecc. étant invités , en qualité d'arbi
tres , ils ne pouvaient arbitrer qu'ils ne
foient inſtruits (1 ) , & qu'ils ne pouvaient
donner leur voix à moins que ces obſta
cles ne fuſſent levés ; concluant à ce que
les notions communiquées aux . Ff. du Co

( t ) Cognitionemque rerum aut occultarum , aut


admirabilium ad beate vivendum neceſariam du
cimus. (Cic. de Offic. liv. I , c. 4. )

( u ) Omnes enim trahimur & ducimur ad co


gnitionis & ſcientice cupiditatem , in qua excel
lere pulchrum putamus , labi autem , errare , nel
cire , decipi , & malum , & turpe ducimus. ( ibid.
1. I , c . 6. )

( x ) Fundamentum eft juſtitiæ fides. (Id. c. 7. )


Ut communi utilitati forviatur. ( Id. c . 1o.)
160

mité (y) , foient communiquées en plein


Convent compoſé de Ff. qui ont la con
fiance de leurs commettans, & qui doi
vent décider à la pluralité, l'objet de la
conſervatioii & filiation des T.
Me permettrai- je de commenter ce
qu'a dit ce R. F. ? Hé ! que pourrai -je
dire qui puiſſe ajouter à ſa propoſition
judicieuſe ? Tout eſt compris dans peu de
mots , & le meilleur commentaire qu'on
puiſſe faire , c'eſt d'adapter les préceptes
à chacun de ces mots ; tout le monde peut
le faire : auſſi j'ai cru devoir me borner
à mettre en notes les paſſages du Phi
loſophe de Rome , qui ont rapport à
preſque toutes les phraſes de la motion
de l'homme eſtimable , qui joint à des
connaiſſances profondes ſur la M .., l'art
de raiſonner avec juſteſſe.
Qui croira que dans une aſſemblée auffi
reſpectable que celle de M., dont

(y) Quum quod tu ſcias , id ignorare einoix


menti tui caufa velis eos , quorum interfit id
Icire. Hoc autem celandi genus quale fit , &
cujus hominis quis non videt ? Certe non aperti ,
non Jinsplicis, non ingenui , non juſti, non viri
boni, verfuti, potius , obſcuri, aſtuti, fallacis ,
malitioſi , callidi , veteratoris , vafri. ( Cic. de
Offic. l. 3 , c. 13.)
une
161

une des loix fondamentales, eſt de garder


le ſilence le plus abſolu ſur les choſes qui
font confiées ; qui croira que dans cette
aſſemblée une propoſition telle qu'elle avait
été faite par le R. F. ab Orno, n'a pas été
C
accueillie ? que le S. G. S. a . dit que

ſon diſcours d'ouverture devait ſervir de


regle , qu'il s'était expliqué diſtinctement
ſur les ouvertures que le Convent aurait
0
à attendre ? Arrêtons -nous ici . Vous vous

trompez , Prince ; votre diſcours ne pou


vait être une loi. La confiance de vos Ff.
vous a mis à leur tête pour veiller à
l'obſervation des loix , pour en propoſer,

mais non pour en faire & en ordonner


l'exécution . Vous réuniſſez les qualités
25
eſtimables du ceur & de l'eſprit , vous
It
vous faites aimer par votre aménité &
votre candeur : prenez garde de vous laiſ
1
ſer réduire par les appas d'une autorité
I
deſpotique. Vous n'en avez pas beſoin
pour obtenir de vos Ff. tout ce qui ſera
juſte ; de vos Ff. auxquels toute idée d'aul
torité abſolue répugne , parce que cette
autorité ferait dangereuſe , qu'elle eft con
traire aux droits des différens Souverains
M ſous leſquelles vivent ceux qui vous ont
choiſi pour leur Chef , pour ce qui regarde
ſimplement la M .., parce qu'ils në peu
vent pas ſe diſpenſer de ſe ſoumettre àleur
1
L
162
Souverain légitime. On ne peut obéir à
deux maîtres dans un même genre de com
mandement. Il faut donc , non ſeulement
ne pas aſpirer à une autorité abſolue ,
mais même éviter juſqu'à l'ombre de cette
autorité ; de ſorte qu'on ne puiſſe pas
même ſoupçonnerune entrepriſe qui ne
ſaura it guere être indiff érente aux Gouver
nemens , pour me ſervir de vos propres
termes ( z ).
Cette erreur du moment dans laquelle
vous a jetté un zele craintif , voyez , mon
Prince , quel mal elle a fait. Elle laiſſe
des ſoupçons, des doutes à vos Ff ; il y
à donc, diſent- ils , des ſecrets qu'on nous
cache. On nous a admis au dernier de

gré des connaiſſances , on nous l'a dit du


moins , & on nous trompe. Quelle foi
pouvons-nous accorder à la parole de ceux
qui nous dirigent ? Nous ſommes donc
dans un Société d'hommes trompeurs ou
trompés ? La M .:. eſt donc une Société
vicieuſe ? Fuyons le menſonge, & cher
chons ailleurs la vérité & le bonheur.
Voyez , mon Prince , quel mal votre
erreur a fait. Votre crédit & votre liai
ſon avec quelques - uns de vos Freres, les

(
( 2 ) Premiere circulaire , No. IV , 1. b.
163
ont enchaînés à votre opinion , & vous
avež privé le Convent & l'O. enrier de
connaiſſances qu'il avait droit d'attendre.
Voyez , mon Prince, quel mal vous
avez fait. Votre opinion a arrêté la com
2
munication d'autres objets qu'il était fi
intéreſſant à l'O de connaître. En vain
dites- vous que la conviction des vérités
conſolantes , que vous aviez fait entrevoir ,
eſt dans votre cæur. Que nous fait -elle ,
cette conviction ? Nous perſuade -t-elle ?
Non , parce que nous ne la connaiſſons
pas. Et ſi ces vérités ſont conſolantes ,
pourquoi nous dérober un bien auquel
vous devez nous faire participer par bonté,
par humanité, par juſtice ? En homme
droit & bien intentionné, vous ne pouvez
pas manquer aux loix ſacrées de l'huma
1
nité & de la juſtice. Votre belle ame ne
1
peut blâmer ma franchiſe : les plus grands
1 hommes ſont ſujets à ſe tromper quel

quefois ( a) , & ils ne ſont jamais plus


grands , que quand on leur préſente le
miroir de la vérité.

(a) Cujuſvis hominis eft errare. ( Cic. Phil.


12 , 2. )
(6 ) Nullius nifi infipientis , in errore perfe
verare. ( Idem , Ibidem .)
L2
164
J'ai parlé comme je l'ai dû au S. G. S.
Il ne me reſte plus rien à dire au F.

a Leone rifu ? e12 e.


Le R. F. ab Orno avait perſiſté en
partie à ſa motion .
Le R. F. ab Erem ) a dévoyé de cette
motion pour demander ſi un F. ayant com
muniqué un fait , pouvait être autoriſé à
demandler 112 Comité pour en alıniniſtrer
la preuve ; c'eſt -à -dire , ſe diſpenſer d'ap
porter les preuves du fait à ceux aux
quels il a cru devoir communiquer le fait :
ce qui a fait oublier la motion du R. F.
ab urno , par une ſeptieme digreſſion.
Ma réponſe eût été celle du R. F. ab
Orno ; mais le Convent a décidé contre
toute idée de juſtice , contre tous les
principes qu'on pouvait confier à un cer
tain nombre de perſonnes , la preuve d'une
vérité qui en intéreſſait beaucoup d'autres.
Qu'elle pitoyable logique! C'eſt à ce
lui qui avance un fait à le prouver : il
doit la prouver à ceux auxquels il avance
le fait.
Le R. F. ab Eremo , qui a fait la pro
poſition , a opiné- en faveur de l'affirma

6. Séance . tive , lui qui avait dit la veille qu'il était


important de connaitre les Sysèmes parti
culiers de chacul ??, comine étant li trimnier
moyen de ſe réunir. Motion approuvée.
165
Connaître ,c'eſt ne pas avoir une idée
vague & confuſe d'une choſe , mais avoir
tous les degrés de certitudes de cette
20 connaiſſance : auſſi le F. ab Eremo con
naiſſait - il fi parfaitement la valeur du mor
mi connaître , qu'il réclamait toutes les circonf.
țances qui pouvaierit intéreſser , Esc. Or ,
quelle circonſtance, pour la la certitude
d'un fait , eſt plus intéreſſante qu'une
P preuve , que des preuves ?
x Le F. ab Eremo, qui , le 23 Juillet ,
voulait une confidence fans réſerve ;
I qui le 242 ne voulait qu'une demi
M confidence , voulait encore le 26 une

confidence ſans réſerve , lorſqu'il diſait :


'a » on n'a pas fatisfait ſur ma motion du
es ;).23 , il manque quelque choſe ; “ tous
21 les Mi. qui ſe réunillent en Convent , doi
vint communiquer librement le cabiers de
leurs différens Grades, c'eſt - à - dire , toutes
leurs connaiſſances , & tout ce qui a rap
1 port à un fyftême quelconque; & il avait
raiſon ,
Comment arrive - t - il qu'un homme
ſage, comme le R. F. ob Eremo, voie
un jour d'une façan ,. & le lendemain d'une
autre , & le ſurlendemain comme la pre
miere fois ? cherchons- en la raiſon dans
1 notre triſte conſtitution ; hélas ! le juge
ment le plus fain eſt ſouvent dérangé par
166

fi peu de choſe ! Un mal -être phyſique


influe ſur le moral ( c ).
Le Convent qui avait , au 23 Juillet ,
approuvé la morion du R. F. ab Eremo ,
comment a - t -il pu , au 24 , approuver la
motion contraire du même F. ?

Bornons notre examen à ces ſept di


greſſions, les autres ſont abſolument
ſemblables & relatives à celles que nous
venons d'extraire. Paſſons à la queſtion
principale, ſur laquelle je dirai bien peu
de choſes.

Queſtion prin- · Nous avons vu que le Convent avait


cipale .
adopté fix propoſitions, la premiere con
que en ces termes : „ Eft - il prouvé que
» nous ſommes les vrais & légitimes fuc
» ceſſeurs des T. ? "

J'ai dit , en commençant mon examen


de la quatrieme Séance , qu'il y avait
deux ſortes de preuves : les unes preuves

phyſiques , qui conſiſtaient en actes -au


thentiques qui aſſuraient la vérité du fait ;
les autres morales ou probabilités. Il était
difficile qu'on pût prouver la filiation de
l'O . des T. par le premier genre de preu
ves ; on fait combien la Nobleſſe négli

( 6) Argue sapientem & diliget te. (Sal. Prov .


6. - 9 , v . 8. )
1

167
geait les fciences dans le quatorzieme
fiecle ; elles étaient reléguées dans les
1 Cloîtres ; les Clercs ou Gens de loi , les
1 Eccléſiaſtiques & les Gens de calcul ,
étaient preſque les ſeuls qui fuſſent écrire ,
les Militaires ne ſavaient pas même ſigner
leur nom.
D'ailleurs en ſuppoſant vraie
i
la perpétuation de l'O . des T. ils ont dû
S
plutôt penſer à la choſe en elle -même,
n
qu'à préparer des preuves de la choſe
u
pour les fiecles à venir. De plus , il y
aurait eu de l'imprudence à eux de con
figner des preuves de leur exiſtence dans
un temps où l'on pourſuivait les T. dé
guiſés ( d ) , où même l'on tremblait de
porter une barbe (e ) , pour n'être pas
pris pour T. Nous ne devions donc pas
2
eſpérer de trouver des preuves de ce

5 genre , au moins de l'époque du quator

( d ) On trouve , dans les actes de Rymer , un


s
ordre du Roi d'Angleterre d'arrêter ce T.
déguiſés. ( Rymer , T. I , Part. 4 , ad annúna
1309 , p. 163.)

(e ) Pierre Auger avait fait van de porter


la barbe, il craignit qu'on ne le prît pour T.
& qu'on ne l'arrêtât , il s'adreffa au Roi d'An
gleterre , qui lui fit expédier des Lettres ( Ry
mer . T. I, Part. 4 , fol. 184 , Edit. de la Haye . )
1

168
zieme ſiecle . Les ſeules qu'on a dû laiſ
ſer exiſter , devaient être des caracteres
énigmatiques, tels que des emblêmes , des
hiéroglyphes, des lertres,initiales , des ini
tiations clandeſtines, énigmatiques , pré
cédées d'épreuves, des nombres myſté
rieux. : Si l'on ajoute à ces probabilités
d'un grand poids, une multiplicité de
grades obſcurs , une tradition , une opi
nion preſque générale , n'aura - t - on pas
une grande maſſe de probabilité , preſque
équivalente à une preuve phyſique ?
A défaut de preuves phyſiques, il fal
lait recourir aux probabilités , & les exa-,
miner avec une attention ſcrupuleuſe,

C'eſt ce qu'on a ſans doute fait , puiſ


qu'on a trouvé unanimement des rapports
intimes entre 10. des T. la M., de l'a .
nalogie & des rapports , ſuivant les uns ( ),
des rapports réels Es incinteſtables, ſuivant
les autres ( g) , prouvés par une tradition
conſtante & par des niomimens autbeati
ques. La conſéquence qui réſulte de
cette uniformité d'opinion , c'eſt qu'on

(1) Avis de la troiſieme, ſeptieme, huitieme


& neuvieme Province.

( g ) Avis de la feconde & cinquieme Pro


yince,
169 :
a mal énoncé le réſumé des avis ſur la

premiere queſtion ; & comme l'a fage


S ment dit le S. G. S. , fi la ſucceſſion lé
gale n'était pas prouvée , le contraire ne
l'était pas d'avantage. Ainſi ſur cette pre
miere queſtion : eſt - il prouvé que nous :
ſommes les vrais & légitimes ſucceſſeurs des
T. , la réponſe concordante aux opinions :
était : Nous n'avons pas d'actes , Ge pret
ES ves littérales ; mais des rapports fi intimes ,
prouvés par une tradition conſtante , par
des monumens authentiques & par des bie :
roglypbes si frappans , que ſi d'un côté nous
ne pouvons pas affirmer poſitivenient , de i
Pautre côté il eſt impoſſible de nier que la
M ’ , ne ſoit le vile qui cach : liz perpé
tration des 7. Ce n'était pas répondre
cathégoriquement à la queſtion , mais il
-) n'était pas pollible de répondre autre
1 ment , à moins de dire : u122 foule de pro
babilité, nous autoriſe à le croire. Une des
principales regles des probabilités , eſt que
dans l'incertitude , on doit ſuſpendre à
ſe déterminer & à agir , juſqu'à ce qu'on
ait plus de lumieres.
Mais ce n'était pas ce qu'on voulait ;
il fallait fapper la queſtion , & faire dire
non : & comme on n'a pas pu obtenir
ce non abfolu , on s'eſt contenté d'une
réponſe. vague , qui pouvait équivaloir à
170
ce non , & l'on a rédigé ainſi la déter
mination : Nous ne pouvons pas nous dire
les vrais & légitimes ſucceſſeurs des T.
Queſt -ce que nous pouvons nous dire ?
Qu'eſt - ce que nous ſommes ? D'où
venons - nous ?

Voilà des queſtions qu'il faudrait ré


foudre .

Mais n'anticipons pas , & voyons la dé


ciſion des autres queſtions.
La premiere queſtion décidée , nous ne
ſommes pas T.; la troiſieme n'en faiſait
plus une , il ne fallait plus conſerver la
forme de ce qu'on n'était plus.
La quatrieme queſtion devenait éga
lement ſuperflue; à quoi bon conſerver
le ſouvenir de 10. des T. ? Que fait à
la M. :: , fi elle n'eſt pas la perpétuation
de l'O. des T. , d'en faire une commé
moraiſon ? Y a - t -il un Ordre quelconque
qui faſſe commémoraiſon d'un Ordre
éteint ? Il a cependant été arrêté qu'on
conſerverait ce ſouvenir inutile.
L'opinion du S. G. S. était analogue à
ſon opinion , la preuve directe n'eſt pas
completement faite , mais il n'y a pas de
preuve contraire ; il y a des probabilités
frappantes , n'aboliſſons pas , mais modi
fions; cela s'appelle raiſonner conſéquem
ment; & d'autant plus conſéquemment ,
171
que nous verrons qu'on n'a rien ſubſti
tué à ce qu'on a détruit.
Cinquieme & ſixieme queſtions. Il a
été arrêté qu'une inſtruction hiſtorique,
annexée au dernier Grade , ſerait les ſeules
& les derniers fleurs qu'on jetterait ſur
la tombe d'un Ordre auſſi fameux par fes

exploits & ſes vertus que par ſes malheurs.


Réſumons. Il n'eſt plus queſtion de l'O.
des T. , & pour en conſolider l'effet , un
2 acte authentique ſigné de tous les Ff. en
t a aſſuré la vérité. Un acte ! il ne faut
1 vous rien cacher 22 mes Ff. , il y en a
deux , deux du même jour , qui ſe: con
trediſent de la maniere la plus frappante.
Par un de ces actes on aſſure que c'eſt

par méchanceté & fauſſement qu'on im


pute à l'Q. d'avoir eu pour but la ref
tauration de l'Q . des T. , & l'on ſe plaint
amérement des calomniateurs . Par le fe
cond , on avoue que l'Q . eſt la perpé
tuation de celui des T. , & que ceux qui
y étaient reçus , étaient appellés Chevaliers
du T.; mais que reconnaiſſant l'erreur , en
avouant les rapports réels avec cet 0. ,
on y renonce formellement.
Ces actes ſont deſtinés , dit- on , pour

notre tranquillité & pour celle des Gou


vernemens.

Pour celle des Gouvernemens ! Mais..


172
I. ſuppoſons qu'un Gouvernement pût
en prendre ombrage : ſi on lui montre
le du Nat . , le précis hiſtorique
Rituel
& le premier de ces actes , ne dira - t - il
pas : Meſſieurs , vous êtes des importeurs ?
Si , d'un côté , vous ' criez contre la calom
nie ; de l'autre , vos initiations louches
prouvent aſſez qu'il n'y a point de ca
lomnie. Si enſuite on lui montre le fe
cond acte , il dira : c'eſt inentir bien im
pudemment , de dire dans un acte que ja
mais on n'a eu pour but la reſtauration
de l' O. des T. , & d'avouer dans l'autre
que les Membres de l'O, étaient reçus
Chevaliers du T.
2 '. C'eſt avoir les idées bien rétrécies ,
que de s'imaginer qu’un Gouvernement
fage s'inquiete de votre reſtauration. Un
Erat est une famille , le Souverain en eſt
le pere , les Sujets en font les enfans ,
& les Administrateurs ont ſoin des enfans.
On laiſſe les bonnes bercer les enfans ,
pour que leurs cris n'importunent & n'in
quietent pas ; on donne à ces enfans des

jouers , autant pour les occuper , afin de


n'en pas être tourmenté , que pour les
amuſer : & le bon pere , du coin de ſon
feu , ſourit de ces amuſemens enfantins,
Une preſcription de près de cinq fiecles
aſſure aux poſſeſſeurs des biens des T. ,
173
une jouiſſance abſolue; ces biens ſont dé
naturés par des échanges , &c. : on ne
peut donc avoir d'inquiétude ſur la pré
tention de rentrer dans ces biens ; vous
ne l'avez pas cette prétention ; & fi
} vous l'aviez , les Gouvernemens ont de

ES très - bons remedes pour guérir cette


2 maladie . Reſte donc la reſtauration pour
ainſi dire nue ( car on eſt revenu des
ridicules & pitoyables accuſations dont ,
en un fiecle demi - barbare , on a cherché
2
à voiler le véritable motif de la condam
nation ) ; en quoi peut - elle inquiéter ? Si

2S l'on parvient à accumuler autant de ri


cheſſes qu'en ont eu jadis les T. , tant
mieux pour l'Etat , il en ſera plus opu

I lent , & le tréſor public en profitera ( je


démontrerai peur - erre un jour le grand
1
mal politique qu'a cauſé la ſuppreſſion des
T.). Si , au contraire , vous n'avez jamais
ces richeſſes , il en réſultera que vous ne
$
vous réunirez jamais en Corps légal.
Enfin , tant que l'on verra que vous ne
vous mêlez pas de l'adminiſtration , que
s
vous ne portez aucun trouble dans l'Etat,
dans votre enthouſiaſme vous exer
que
cez des actes de généroſité , que le pau
1
vre bénir votre bienfaiſance , que vous
5. vous occupez à épurer les mæurs &
quelquefois à former l'eſprit ; loin de vous
124
troubler dans vos travaux utiles , le Gou
vernement ſera plutôt tenté de donner
la fanction à votre inſtitut.
Ne ferme- t -il pas les yeux , dans les
grandes Villes , ſur des vices , pour évi
fer des malheurs ? Ne protege -t- li pás les
Théâtres , ne tolere -t -il pas les Baladinis
orduriers qui font rire le Peuple , &c. ,
&c. & c ? Pourquoi cela ? parce que tan
dis que les enfans s'amuſent avec leurs
joujous , ils ne penfent pas à caſſer les
fenêtres de la maiſon . Er dans le choix ,
le pere aimera mieux voir ſes enfan
s'amuſer à des jeux qui formeront leur
mémoire , leur eſprit , leur cæur , leur ju
gement , qu'à la main - chaude ou au jeu
de l'oie .
Retranchez donc un de vos deux actes ;
& fi vous m'en croyez , pour l'honneur de
votre jugement , ſupprimez - les tous deux.

QUINZIEME SÉANCE ( b ).

Il eſt convenu que la M . :. renfermait

dans ſon ſein des Membres qui ſuivaient,


ſur ſon eſſence & ſon origine, des ſyf

(t . La quatorzieme Séance n'offre rien d'im


portant
175
têmes différens : après en avoir anéanti
un , celui qui prétendait à la filiation des
T. , il convenait d'examiner de même les
$ autres , & les forcer tous à démontrer ,
par preuves authentiques , leur légitimité.
§ C'eſt ce qu'on n'a pas fait. Il ſemble
§ qu'on n'ait eu d'autre but que d'anéan
tir un ſyftême. Mais encore puiſque nous
ne ſommes plus T .; apprenez - nous ce
que nous ſommes : je vous annonce qu'on
eſt déterminé à vous pourſuivre jusqu'à ce
que vous l'ayez appris ; on dit qu'on a
Ś droit de vous demander ce que nous ſom
r mes , & depuis quand nous ſommes &
que quand vous nous l'aurez appris , on
aura encore le droit de vous en deman

der les preuves & de rejetter , à votre


exemple , les probabilités .
Au lieu de continuer d'examiner ce que
nous étions , & depuis quand nous étions,
on s'eſt occupé de la lecture du Rituel
du premier Grade , pour le régime de la
M .: rectifiée au Convent géneral de l'O .
Un Rituel Maçonnique doit contenir
quatre parties. La premiere , la décoration
des appartemens; la ſeconde , la prépara
tior du Récipiendaire ; la troiſieme , le
cérémonial de la réception ; la quatrieme,
l'inſtruction .

La décoration comprend la tenture


176
d'une , le nombre des lumieres , l'él
pece des emblêmes , la deſcription du
tapis , & les choſes néceſſaires pour une
réception , la tenture & les emblêmes de
la chambre de préparation. Tous ces ob
jets doivent avoir une relation ſymbo
lique avec le but de la M .:.
La préparation du Récipiendaire &
fa réception doivent avoir une relation
énigmatique avec ce même but.
Enfin l'inſtruction des premiers Grades
eſt l ? explication exotérique de ces em
blêmes préſentée ſous les points d'une
morale pure & intéreſſante.
Voilà , ſi je ne metrompe , l'idée que
tout M .:. inſtruit s'eſt formée d'un Ri
tuel de M .:: Si cette idée eſt juſte , il le
ſera auſſi de dire que le Rituel du F. ab
Eremo doit être concordant à ce plan ; que

tout , dans ſon Riquel , doit être dirigé


vers le but de la M. : ; alors on lui de
mandera : 1 °. quel eſt ce but ? On a de
truit le ſyſtême du T. , il en faut un au
tre. On ne répondra pas que c'eſt la bien .
faiſance ; on fait mieux que moi que la
bienfaiſance n'eſt qu'un acceſſoire un
chaînon de la grande chaîne de la
vertu , de la vertu qui n'eſt qu'une , quoi
qu'elle ſe ſubdiviſe en beaucoup de ra
meaux ; que pour exercer la bienfaiſance,
OU
177
ou pour inſtruire de ces préceptes , on
n'a beſoin ni de nombres myſtérieux , ni
de lettres énigmatiques , ni d'emblêmes
hiéroglyphiques, ni de forme bizarre. Dire
que la M. . n'eſt une Société que de bien
faiſance , ce ſerait dire une choſe qu'au
cun M .. même du premier Grade , ne
croira ,
ou il nous regardera comme des
extravagans ou des enfans bienfaiſans. Si

les Rituels Maçonniques ſont le recueil


énigmatique de la vérité Maçonnique , ou
du but de la Maçonnerie , il en réſultera
que le fabricateur de ces Rituels n'a pu
les faire qu'avec la connaiſſance de cette
vérité , de ce but ; & nous dirons , 29. au
Comité : ou votre Ricuel eſt le recueil

énigmatique de notre but , & alors vous


le connaiſſez , & nous vous ſommons,
nous qui avons acquis droit à cette con
naiſſance , nous vous ſommons de le con
fier & de le prouver , ou vous ſerez ces
hommes qu'a peint Ciceron dans ſon
Traité des devoirs , Livre III. Chapitre
lo
‫ܕ‬ 13 , & alors plus de commerce entre nous ;
l' ou vous ne connaiſſez pas le but de la M ..,

} & alors comment avez - vous pu faire un


Rituel allégorique , énigmatique , hiéro
glyphique ? Votre travail eſt donc inad
miffible. Si l'on ne peut pas expliquer les
P
allégories , les hiéroglyphes, les énigmės ",
M
178
ils ſeront inutiles dans votre Rituel , car
nous ne voulons rien que nous ne puiſi
fions comprendre .
Il faudra donc voir ce Rituel pour pou
voir juger de fa bonté.
Dire que le premier Grade eſt la baſe
de l'édifice , c'eſt éluder la queſtion ; toute
baſe tient à un fonds , à un fonds ſoli $ de :

on demandera toujours ce que c'eſt que


ce fonds , ce fonds ſolide de la M.. , fub
lequel on a poſé la baſe de l'édifice .

SEIZIEME SEANCE .

Une queſtion très -importante , propo


fée dans la premiere circulaire ( i ), était
de ſavoir ſi nous avions des Supérieurs
actuellement exiſtans , & qui étaient ces
Supérieurs ?
On ne voit pas dans les actes du Con
vent qu'on ait traité cette queſtion ( k )
ni qu'on air fait ce qu'il fallait faire pour

< (1) NO, I , lettre b .

( k ) Cat la digreſſion ſur le Pce . Stuart , étair


étrangere ; d'ailleurs , en poſant en fait qu'il n'eft
pas Supérieur , n'en peut-il pas pas exifter d'au
tres ?
179
s'aſſurer ſi nous avions des Supérieurs exiſ
tans. On dénature', dans cette Séance

1
. le væu des Provinces était d'avoir un
Grand - Maître - Général. Ce devait être le

væu ; mais il fallait faire des recherches


3 pour tâcher de découvrir s'il y avait des
e
Supérieurs.
1: Or voici une marche qu'on aurait pu
7 ſuivre : faireune circulaire pour tous les
établiſſemens M. '. de quelque régime qu'ils

fuſſent, pour les inviter à concourir au


grand travail de la perfection de la M. :.
& à la découverte du but vérirable , &

en cas d'impoſſibilité ., à la réunion des dif


férens ſyſtèmes honnêtes de la M .: ; in

3 viter tous les ſyſtêmes à venir avec cet


eſprit de confiance & de bonne foi nám
ceſſaire pour opérer un bien commun ,
On aurait ſuſpendu la convocation finale
juſqu'au moment où tous les matériaux
euſſent été prêts. Je ſuis perſuadé qu'il
n'y à aucun régime qui ſe ferait refuſé
à accéder au deſir de la M. réunie ; &
alors il n'y a pas un Supérieur , s'il en
exiſte , qui eût pu prétendre cauſe d'i
gnorance. D'où l'on aurait tiré la confé
quence qu'aucun ne ſe préſentant, c'était
parce qu'il n'en exiſtait pas , ou parce qu'ils
n'avaient pas de titres qui conſtaraflent
M 2
180
leur prétention : voilà le cas où la queſ
tion de droit doit ſe décider par le fait ;
tandis que la marche qu’on a ſuivie n'a
pas pu procurer l'éclairciſſement qu'on ar
tendait.
Eh ! qui ofera ſoutenir qu'il n'exiſte pas
un véritable Grand - Maître ? Peut - être
attendait - il le moment de ſe préſenter ;
il était peut - être à votre porte ; il étaie
peut - être au milieu de vous , non dans
vos aſſemblées M .., mais dans le cercle

de la ſociété civile ; il a eu peut- être con


naiſſance de vos délibérations ; il a ſu que
vous aviez dérruit ſans rétablir , & il ſe
fera dit , je n'ai rien à faire ici , retour
nons auprès des vrais M .. , de ceux qui
ont le véritable ſecret de la M .. Mais

on avait , fans doute , déja pris un parti:


eu lieu donc de faire ſtatuer ſur la motion

de la premiere circulaire, on s'eſt occupé ,


dans cette Séance , à former un Comité ,
pour rédiger les droits qui devaient ap
partenir à un Grand -Maître. Et le 13 du
mois d'Août , lors de la dix - huitieme
Séance ; on a élu pour Grand -Maître celui
que l'inclination & la confiance des Ff.
devaient choiſir , celui que tous les caurs
de la M. :. réunie avaient déſigné long
temps avant la tenue du Convent , enfin
le S. P. à Victoria qui , depuis dix ans ,
181
conduiſait", avec tant de ſageſſe , la bare
que M. : . Et le 20 du mois d'Août on a
arrêté la capitulation qui ſtatue ſur ſes
droits.
Si l'on eût pu deſirer de ne point trou
yer de Supérieur , c'était , ſans doute ,
3 pour pouvoir donner un témoignage d'a
mour au S. G. S.
Jugez , mes Ff., de l'efferveſcence des
! têtes. On était aſſemblé pour réſoudre ?
V entr'autres queſtions, celle- ci : Avons -nous
des Supérieurs actuellement exiſtans ? Qui
ſont ces Supérieurs ? On ne fait aucune
perquiſition , on ne prend aucun moyen
ſage pour le découvrir ; & pour mettre
i le comble à l'inconſéquence , en faiſant
$ une élection d'un Grand -Maître , on ar
rête qu'il s'engagera à régfter à toute in
finuation qui pourrait lui être faite en
aucun temps , en faveur d'aucun autre

Grand - Maître , ou Supérieur inconnu ,


ſoit de l'O . des T. , ſoit d'aucun autre
] O. , &c.
Mais ſi la M .: cache un O. , fi cet O.
a un Grand -Maître ou Supérieur , lesma
chinations enfantines de Wilhelmſbad

3 pourront - elles jamais enlever à ce Grand


Maîrre le caractere dont il eſt revêru ?

1 On n'a donc pas réfléchi que pour l'élec


tion d'un Grand - Maître - Général de la
1
182
M .,, il fallait le concours général des
M .: ., & qu'on avait exclu tous ceux qui
ne fuivaient pas le régime réformé ? On
a encore moins réfléchi qu'en poſant pour
but de la M .: une Chevalerie bienfai

fante , on faiſait ce qu'on ne pouvait pas


faire , puiſque toutes les perfonnes inté
reſſées n'étaient pas admifes. On n'a pas
fait attention qu'en fixant un but abfolu
ment nouveau , qui n'était connu d'aucune
branche M .: , ce n'était pas décider quel
eſt le but de la M .., mais donner un but
à ceux qui ſuivaient le régime réformé :

que c'était ſortir du Temple M. :. pour


entrer dans la carriere chevalereſque. A
t - on fait attention que renoncer à toute
recherche , à toute découverte d'un Grand
Maître réellement exiſtant > c'était re

noncer véritablement à la M .. ? qu'établir


un but nouveau à la M. :. , c'était renon
cer à la M .: ancienne , à route M . : ? que
renoncer à la M... & conſerver ſes rits
& coſtumes , & fe dire M . : , c'eſt une dé
termination d'une inconſéquence rebu
tante , & c. , &c. , &c. ?
Je m'attends que MM. les Protagoras ,
à Paide de fophiſmes bien alambiqués ,
donneront une ſolution des plus fubtiles :
j'avoue que je n'aurai pas le temps de
teur répondre ; j'invite les Ff. zélés
183
qui auront la patience de me lire , d'en
trer en lice avec eux , & je les préviens
Dn qu'il ne faudra que les premiers élémen's
de la logique ;" avec un grand fond de
patience pour ſortir de combat avec hon
neur ; ſur-tout ſi ils élaguent tout ce qui
é ſera étranger à la theſe.
Dans cette même ſeizieme Séance on

a lu le travail intéreſſant de la regle


Maçonnique (1 ) , qui a été approuvée.
On a vu auſſi le travail du Comité fur
T le Code Maçonnique , dont on a lu l'in
' troduction ( m ). Les trois premieres Par
1 ties ont été généralement accueillies. Je
ſuis convaincu que ce genre de travail
ne peut être qu’infiniment utile , & les ta
lens du Rédacteur doivent aſſurer qu'il
remplira fa tâche,

] DIX - SEPTIEME SÉANCE.

5 Il eſt impoſſible de juger ce qu'on ne


connaît pas ; ainſi l'inſtruction du premier
Grade lụe par le F. ab Eremo , que n'ont
pu comprende de très -anciens Maçons,

}
: *** ( 1 ) Par le F. à Flumine .
Ć
( m ) Rédigé par le F. d Circulis.
184
dont d'autres n'ont pu faiſir la vérité , ne
devrait pas être l'objet d'une diſcuſſion
pour moi ; cependant quelques mots là
chés par le F. ab Eremno m'ont frappé.
Le myſtere , dit -il , dont il eſt queſtion
dans le catéchiſme , fe rapporte à la triple
nature de l'homile , com oſé d'eſprit , ame
& corps. Mais il n'a pas tout dit , & je
parierais que ſon eſprit eſt de l'eſprit
fidéré , ou bien ſon eſprit redeviendra
l'ame , & alors plus de triple nature .
Mais Paracelfe ( qui vivait dans le com
n
avant le F. ab Eremo : qu’on diſtinguait
dans l'homme deux eſprits, l'un fidéré du
firmament , l'autre qui eſt le ſouffle de
l'Etre fuprême; & ailleurs que l'homme
était compoſé d'un corps mortel , de l'ef
prit ſidéré & de l'ame immortelle. Et ail
leurs encore , il y a trinité & unité dans
l'homme ainſi que dans Dieu ; il eſt un
en perſonne , il eſt triple en eſſence , il
á le fouffle de Dieu , ou l'ame , l'eſprif
fidéré & le corps .

Valentin Weigel a dit que le corps


était d'eau & de terre , l'ame d'air & de
feu , & l'eſprit d'une ſubſtance aftrale ,

( n ) Né en 1493, mort en '1541.


185
Les deux Vanhelmont ont auſli falc

cette diſtinction , mais d'une maniere plus


alambiquée.
Le R. F. ab Eremo nous découvre un

des caracteres de la Théoſophie ; mais on


fait que la Théoſophie a pluſieurs branches.
On connaît ce Théofophe, (o) qui, après
avoir gardé les vaches , s'eſt fait Cordon
nier , puis Théoſophe , & qui a enfanté des
2
rêveries fi contraires aux principes du
chriſtianiſme, C'eſt de lui que Sweden

borg a dit : c'eft un bon homme , il eſt dom

mage qu'il ait gliſſé dans ſes écrits quel


ques erreurs , particuliérement ſur la Tri
.
nité (P).
Si nous ſuivons Paracelſe , nous verrons
des Nymphes , des Gnomes , des Sylphes,
des Zonnets, des Spectres , des Satyres ,
des Salamandres , &c. &c. &c.
Faudra - t - il lire Sperber (9) ? nous ferons
Platonico - Pithagorico -Péripatico -Paracel

( 0) Jacob Boehm ou Bæehmius , né en 1575 ,


mort en 1624.
( 0 ) Obſervations aux notes fur Swedenborg ,
dans le livre des Merveilles du Ciel & de
l'Enfer , & c. , p. 78. édit. de Berlin , 1782.
· ( 9) Iſagoge in veram triunius Dei & natura
cognitionem .
/

186
fico -Chrétiens. Les Roſecroix ſont à -peu
près tout cela , & encore plus que cela.
Enfin choiſirons -nous la Théoſophie de
pouillée de toute idée de cabale , de ma
gie , & c. &c. ? Définiſſons la Théofophie ;
ce mot eſt dérivé de deux mots grecs ,
qui ſignifient ſageſſe de Dieu ; les Théo
ſophes ſeront donc ceux qui auront la fa
geſſe de Dieu , ce n'eſt pas un titre ab
ſolument humble ; auſſi les Théofophes dé
daignent la raiſon , ils diſent qu'elle ne
vous montre la vérité qu'enveloppé d'un
voile épais ; que fa lumiere eſt factice &
trompeuſe; qu'ils ſont inſpirés par un prin
cipe intérieur , furnaturel & divin , qui les
éleve aux connaiſſances les plus ſublimes :
que lorſque ces principes ne les éclairent
pas , alors ils ſont imbécilles comme les
autrès hommes; car ils regardent les hom
mes qui ne ſuivent pas leur philoſophie ,
comme des imbécilles , des machines, des
animaux d'une claſſe bien différente de
peu
celle des brutes. Le Théoſophe cft concen
tré en lui-même ; il eſt ſobre , afin que la
partie animale de ſon tour ne dérange pas
la partie ſpirituelle ; il eſt plus en contem
plation qu’occupé à s'inſtruire d'après les
autres; il examine tout , il cherche les rap
ports; de tout , il compare tout , &c. & c.
Que de chofes il faut pour être Théoſo
187
To
phe! Car il ne faut pas appeller Théofo
phés nos petits génies ignorans , qui ont
vu la Théoſophie par le trou d'une bou
reille , pour me fervir d'une comparaiſon
qui leur convient. . Mais je m'appers
çois que trois mots du F , ab Ereno m'ont
conduit plus loin que je ne voulais. Je
vais tâcher de n'être pas fi long ſur une
autre de ſes phraſes, la voici, La Mia

conduit de tout temps , par le myſtere da


l'ancien TER NAIRE , à un développement
des plus grandes umieres. Nous voilà dono
dans le fyftême des nombres.
Les Théoſophes (v ) ont auſſi dit : il y a
trois principes des chofes , il y a trois cieux
dans l'homme, il eſt citoyen des trois mon.
DI des , la nature eſt diviſée en trois claſſes,
k Mais celui qui a le plus parlé des nom
1 bres , c'eſt Pythagore , qui diſait que ce
lui qui ſaurait parfaitemenr l'arithméti
que , poſſéderait le fouverain bien ; qu'il
y avait une liaiſon entre les nombres &
les dieux ; tous les Pythagoriciens , après
! jui , diſaient que le nombre eſt la cauſa
de l'ordre & de fa durée ( s). Le nombre
eſt la raiſon premiere de l'enchainement
des chofes : les nombres ont leurs vertus,

(r ) Paracelfe.
( 1 ) Agrippa
188
teur efficacité bien ou malfaiſantes ; &
pour expliquer ces vertus , ils diſaient : l'u
nité eſt le principe & la fin de tout , le
nombre binaire eſt mauvais , le TERNAIRE
eſt parfait, il repréſente Dieu , l'ame du
monde, l'eſprit de l'homme , &c. Il y a
trinité dans Dieu , trinité dans l'homme ,
& c. , & c .; l'homme eſt abandonné à trois

démons ; l'ame eſt compoſée de l'eſprit ,


de la raiſon , de l'idole , voilà encore le
nombre ternaire ; le corps eſt compoſé
également de trois parties.
On trouve ce nombre ternaire dans la
théologie Payenne : leurs Dieux avaient
un triple pouvoir ; Cerbere avait trois
têres ; le ſceptre de Neptune , trois poin
tes '; trois Furies , trois Graces , trois

Parques ; c'eft fur le trépied qu'à Delphes


la Prêtreffe rendait ſes oracles. Enfin ,

juſques dans les cérémonies les plus re


ligieuſes , dans les initiations, dans les luf
trations, on adaptait le nombre ternaire ;
il y a bien peu de perſonnes qui n'ait une
teinture de ces choſes. Mais où le F. ab
Eremo & le Comité, ont- ils trouvé que
la Maçonnerie avait conduit, de tout temps ,
par ce myſtere de l'ansien ternaire , un
développement des plus grandes lumieres ?
Vous avez chaſſé du ſein Míaçonnique le
fyftême de la reſtauration des T. , parce
- 189
.
qu'il n'y avait que des probabilités qui
puſſent le faire conjecturer ; probabilités,
2
ſelon vous , du plus grand poids , fon
£
dées ſur une tradition conſtante , ſur des
LU
monumens authentiques; mais il n'y avait
point d'actes publics. Or avez - vous des
23
actes publics , en bonne & due forme ,
bien authentiques , qui nous prouveno
que la M.Ö. a conduit de tout temps ,
par le myſtere de l'ancien ternaire , à un
développement des plus grandes lumieres,
& l'on me charge de vous dire qu'on vous
1 croira. Prouvez par des vieux parchemins
que la M . :. eſt un ſyſtême philoſophique ,
& l'on vous croira .

On prétend avoir le droit d'exiger


$ pour s'aſſurer de la vérité de vos affera
3 tions le même genre de preuve que
1 vous exigez des autres . Ovous ! qui vous
enfoncez dans les nombres , tremblez
tremblez ; j'apperçois à la porte de nos
Temples le nombre ſénaire , & vous le
pouſſez dedans. Il faillait conſulter les Ora
cles de la prudence.
Je ne dirai rien de la diverſité des opis
1 nions pour accepter , refuſer. cette inſtruc
1 tion , pour ſuſpendre ſon jugement , & c .
J'ai dit (1) que je donnerais des no

() Page 126 .
190
tions du ſyftême du F. ab Eremo , lorſ,,
que je ferais parvenu aux objets qui y
ont un rapport fpécial ; ce que je viens de

dire ſemblera peut - être à quelques -uns


de mes Freres , être le cannevas de ce
fyftême , OLL tout . an moins indiquer
fa fource : mais on ſe tromperait ſi on le
croyait ;ce n'eſt aucun des ſyſtèmes des
Auteurs que je viens de citer , c'eſt un
peu de chacun d'eux ; & je vais donner
des éclairciſſemens plus étendus , en rap

prochant , ſous un même point de vue ,


les ſemences de la doctrine qui ſe trou
yent jerrées dans les actes de Wilhelmſ
bad , comme dans un champ fertile.
On a vu à Wilhelmſbad , un F. ren

dre le ſervice de porter beaucoup d'exem :


plaires d'un livre intitulé : TABLEAU NA
TUREL DES RAPPORTS QUI EXISTENT
ENTRE DIEU , L'HOMME ET L'UNIVERS ,
avec cette épigraphe: Expliquer les choſes
par l'Homme Son 101 l'Homme par les
cboſes. Cette épigraphe eſt tirée d’un livre
qui a pour titre: DES ERREURS ET DE
LA VÉRITÉ , OU LES HOMMES RAPPELLÉS
AU PRINCIPE UNIVERSEL DE LA SCIENCE.
Voilà déja deux livres où l'on trouve une
partie des connaiſſances du ſyftême pré
dominant; mais ces deux ouvrages ſup
poſent d'autres connaiſſances qui en fa
191
cilitent la compréhenſion . Quel eſt donc
le genre de ces connaiſſances ? Rappro
chons ce qui a été dit ſur cette matiere.
NS 1
D'abord pour ce qui eſt dit dans la
C
premiere circulaire eſt très -vague. Quoi
de plus vague en effet que cette phraſe :
!
Je ſuis perſuadé que l'ü . a de quni fa .
tisfaire à notre eſprit & à notre cæur ; qua
les occupations Ege les travaux des vrais M.
font dignes d'un homme vertuelix , Soy qu'il .
- les doivent néceſſairement contribuer au bien
de l'humanité. Nous trouverons ailleurs

des paſſages moins obſcurs.


Je lis dans la ſeconde circulaire du S.
G. S. ( u ) ces paragraphes que nous avons
trouvé ſi inintelligibles ; mais dont en ce
} moment nous faiſirons le ſens.
. 7. „ Je ſuis aſſuré, mes Ff., que les
» vrais hiéroglyphes & allégories de la
» Maçonnerie ( faiſant abſtraction de celles
» qui ne fe rapportent qu'à l'hiſtoire de
l'O .) ; font relatives à des choſes , ou
fi l'on veut , à des vérités & connaiſ
ſances , leſquelles , ſans ſe trouver dans
» aucun fyftême d'une ſcience quelcon
» que , & ſans être du nombre de ces

„ charlataneries trop communes aujour

€ ) Seconde circulaire , $. 7 , 8 , 9 & 12.


192
dhui pour être inconnues , n'en font
» que plus certaines , ſublimes & conſo .
» lantes . & plus invariables & plus an
» ciennes peut-être que le reſte des ſcien
j ces humaines. Dans ce ſens , mes Ff.,
» la Maconnerie eſt fondée ſur des loix iné
branlables au - deſſus de la conve; ance.
52 Mais en tant que le dépôt de ces véri
» rés s'eſt trouvé ou ſe trouve encore
préférablement chez telle ou telle So
), ciété ou Ordre , cette Société ( ſujette
is elle-même aux viciſſitudes de toutes les
choſes humaines ) peut avoir pris diffé
. rentes formes & dénominations dans
le cours des liecles , & duns ce ſens , on
vj. ne ſaurait guere nier que la Maçınnerie ,
o quant à ſa forme extérieure ſa dénomic
nation compoſition les liens de la

jy Société, etc. Sc. ne ſoit conventiownelle ,


» de ſorte que ſon eſſence reſte toujours
la même; mais elle ſe préſente , ou peur
ſe préſenter ſous des formes différen .
» tes , adaptées au fiecle , aux mæurs &
» même aux préjugés. <<
§. 8. » Je ſuis très - éloigné, mes Ff., de
jn vous donner pour loi ce qui n'eſt qu'un
» aveu ſincere de ce que je penſe ſur cette
>> matiere. Je ne ſaurais même , dans ce
» moment , vous en donner d'autre preu
» Ve. que -ma propre conviction ; mais , je
ſoumets
193
ſoumets mon opinion ( ſi c'en eſt une )
à votre examen & jugement, & j'eſpere
» que ceux qui peuvent guider vis recher
» cbes
avec ſûreté , ne manqucront pas de
» le faire. «
§. 9. „ Si mon opinion ne vous paraît
» point deſtituée de fondement , il ne
» vous fera pas difficile de prendre des
réſolutions uniformes & tendantes au
> même but , & une conſidération atten
» tive de cette double face de l'O . , peut
» vous fournir des matériaux pour l'inſ
» truction de vos Députés , & vous ſervir,
lieu de délibératoires que vous attendez
» peut - être de moi. "

9. 12. „ Tâchons , mes Ff. , de réparer


» le mal par une application redoublée.
h Tâchons de ramener notre O. à ſon état
hi
primitif , autant que le fiecle d'aujour
» d'hui nous le permet Que l'extérieur de
1 » , notre Société réponde à l'objet ſublime
1 „ qu'elle renferme & repréſente que
27 l'O. ne ſoit plus profané par des ames
» viles & vicieuſes ; ET ſi elles s'y trouvent
1 » déja , tâchons de les corriger , s'il eſt pof
1 » ſibie que le nom de Maçon foit ſyno .
1 » nyme'avec celui d'un vrai chrétien , d'un
bomme vertueux - commençons par

perfectionner l'extérieur de l'O ., &


nous trouverons le chemin vers ſon in.
N
194
intérieur & la lumiete qu'il renferme
„ que la meilleure partie du public
» nous reſpecte , & que les hommes vi
w cieux & corrompus ne trouvent plus
de goût à nos aſſemblées — que l'O.
ſoit la Société la plus reſpectable par
> ſes effets extérieurs , & ſans avoir égard
oj aux connoiſſances qu'elle peut renfer
» ; mer , & nous n'en deviendrons que plus
» , dignes. L'Q . dans ſon état corrompu ,
» , peut avoir des Ff. doués du plus baut
i degré de lumiere ; mais ce ſont ces indi
u vidus qui ſeuls en goûtent la ſatisfaction ,
, & la Société ;comme tille , en reſte ex
clue. Une étude réfléchie de l'hiſtoire

de l’O . , peut nous prouver cette vé


» rité. «

C'eſt -à - dire , que le but de la M. :. eft


de connaître l'origine de l'homme, la rai
ſon & la fin de ſa création ; ce qui exige
une étude , une application , qui ne reſfein
blent pas à l'étude & à l'application que
l'on donne aux connoiſſances de toutes les

autres choſes qui font réduites en fyſtê


mes , puiſqu'il eſt impoſſible de parvenir à
cette connoiſſance fans ſe former l'idée
majeſtueuſe de la Divinité , & ſans cher
cher à pénétrer
ſes adorables décrets.
Pour y parvenir , il faut néceſſairement
une ſainteté de meurs , une humble &
195
reſpectueuſe contemplation , le dépouiller
du vieil homme , pour me ſervir des ter
mes propres , & fe revêtir du nouveau. II
faut que l'ame faſſe l'abſtraction la plus
2 abfolue de la machine groſſiere & maté
rielle qui l'enveloppe , pour ſe livrer toute
entiere à la fpiritualité de l'objet qui doit
l'occuper , afin d'obtenir de l'Etre ſuprême
la grace ſpéciale d'être éclairée dans le tra
vail contemplatif auquel elle ſe livre. Il
doit néceſſairement ſuccéder à cette con
naiſſance , celle ſecondaire de la création
des différentes planetes , aſtres , & de tou
tes les autres choſes qui ſont ſur la terre ,
de leurs rapports & correſpondances , de
leurs propriétés. Voilà ce qu'on appelle
la ſageſſe , cette ſageſſe qu’ont obtenu Sa
+ lomon & quelques autres êtres privilégiés ;
c'eſt par elle qu'on doit connaître l'expli
cation des myſteres du Livre ſaint, de la
Bible , des paraboles & des miracles de
notre Rédempteur ( x ). On ſent combien

( x ) ‫ وفي‬La véritable loi de l'adoration du Chi ,


» , ne conſiſte que dans les méditations , dans
. „, l'éloignement de ſes paſſions & dans une
5
» parfaite apathie. Celui qui eft parvenu à la
plus grande perfection dans cette loi , après
» s'être abymé dans de profondes contempla
N 2
196
il eſt impoſſible que tous les hommes ob
tiennent cette faveur. La loi indiſpenſa
ble de ſe procurer le néceſſaire phyſique ,
eſt un obſtacle inſurmontable qui empê

» tions , peut ſoumettre les eſprits , aller au


»; milieu des déſerts , parcourir les révolutions
», des quatre Ti, méditer ſur les cinq Phi
lofophes', & particuliérement ſur Kino - Chit
Fu , & enfin paſſer par les différens degrés
de fainteté que l'on acquiert en pratiquant
la loi. “ ( Traduftion du Suche - Ulh - Tebam
King , livre Indien traduit en Chinois. Hiſtoire
des Huns. Recherches ſur les Philoſophes appellés
Samanéens , par M. de Guines. )
L'union des différentes parties qui com
, poſent le corps de l'homme , n'eſt détruite
„ que par notre négligence & par la trop
„ grande liberté que nous laiſſons à notre ame
„ de ſe livrer à toutes ſortes de paſſions , aux
plaiſirs du monde , à la table , aux femmes.
, Abandonnez toutes ces choſes , ne vous laiſ
fez point abattre par le fommeil , ne VOUS
, entretenez pas même de choſes inutiles , con
tentez - vous du néceſſaire , gardez en tout un
„ juſte milieu , & vous parviendrez à rétablir
cette union . alors vous deviendrez
» comme un génie capable de voler dans les
, airs , & c. * ( Traduction de l'Anbertkend , lin
ure Indien . Recherches ſur les Samanéens , &c.)
‫ ܕܪ‬Le devoir du Rhiloſophe eſt de chercher
» quel eſt le premier principe de l'univers ;
197
che les uns de ſe livrer à cette ſainte érude';
les devoirs d'un état civil arrêtent les au

tres ; la fougue des paſſions , le goût des

9 comment les caufes générales & particulieres


99 en font émanées ; quels ſont leurs effets ;
», qu'eſt - ce que l'homme , relativement à fon
» corps & à ſon ame ; quelle eſt la deſtinée
de chaque homme ; quels ſont les moyens
,, de la connaître. “ ( Encyclopédie , mot Chi
nois , S. principes des Philoſophes Chinois du
moyen âge , & c.
7 Eft - il poſſible de trouver une plus grande
analogie avec le ſyſtème du F. W. ? Donc fi
ce ſyſtème eſt véritablement le but de la M .. ,
il faut convenir que le grand Fo , que 0. T ¢zo
Po -ti , Mohanan - Tum - Chi , Kiao - Chin - 3. &
2 Chelie - Kiaki , étaient F.. M . :. ; que confu
cius l'était que tous les lettres de la Chine
le font:;: & l'origine de la M. :. ſe porterait au
moins à 2300 ans , fi nous. ſuivons le calcul
de certains Auteurs , & à 2800 , fi nous en
conſultons d'autres. Et même nous remonterons
plus haut , car Foto fignifie Mercure , & la
conformité qu'on trouve entre la religion In
! dienne & celle de l'Egypte , nous autoriſera à
faire « remonter la M .. à 4000 ans & plus.
1
Mais le premier point à prouver , c'eſt que le
fyftême philoſophique du F. W. fort du vé
ritable but de la M. Voyez D'ORIGNY , fur
1 l’Egypte ancienne , T. I. Chap. 7 , 8 & 9 ; &
i T. II , Chap. 12 , 13 , 17 , 18 & 19. )
198
plaiſirs frivoles , la faim dévorante des
connaiſſances humaines , la fureur de
l'ambition , l'inertie de l'indolence , le
peu de conception , la tiédeur en fait de
religion , l'ignorance de ce genre d'é
tude ,. &c. , &c. , &c. , ſont autant de
barrieres qui ferment l'entrée du cirque ,
& autant de motifs qui ont pu empêcher
les initiés dans ce ſyſteme de le déve
lopper ; parce que connaiſſant les hom
mes , ils ont dit entre eux : ceux qui ne

ſont pas propres à cette étude , jugeront


de la choſe d'après leur maniere de voir
les choſes ordinaires ; ne pouvant y at
teindre , ils lanceront leurs ſarcaſmes &
leurs fottes plaiſanteries ſur un objet qui
fe trouve ſi fort élevé au - deſſus de leur

ſphere. Auſſi ont - ils dû voir avec peine


l'ouverture confiante du S. F, Fer .
à Viktoria , & les eſpérances données
dans la ſeconde circulaire ; c'eſt pourquoi ,
fans doute , on a vu ce S, F, tenir un
langage fị ſingulier dans ſon diſcours d'ou
verture dų Convent , & cependant dans
ce diſcours on trouve encore des traces

du ſyſtème que je viens de développer,


Comme il ne ſera pas généralement connu ,
je vais le tranſcrirę.
199

DISCOURS

Du S. G. S. de l'O. , pour l'ouverture


du Convent général.

Mes Ff., ſi, dans la circulaire que

j'ai eu l'honneur de vous adreſſer le


2 18 Juin de l'année 1781 , je vous ai
> fait connaître , avec cette ſincérité qui
„ caractériſera à jamais mes démarches
» envers mes Ff. , ce que je penſais de
2 l'eſſence de l'O . , pour lequel nous ſom
» mes aſſemblés aujourd'hui; je ne trouve
» aucune difficulté de vous réitérer , avec
27 la même confiance , ce que je vous ai
dit antérieurement ſur cet objet , & de
9; vous déclarer encore une fois , que je
ſuis aſſuré que les vrais hiéroglyphes
& allégories de la Maçonnerie ( faiſant
abſtraction de celles qui ne ſe rappor
2 tent qu'à l'hiſtoire de l'O .) , ſont rela
tives à des choſes, ou, ſi l'on veut, à des
» vérités & connaiſſances qui , fans ſe trou
» ver dans aucun ſyſtême d'une ſcience
» quelconque, & fans être du nombre de

» ces charlataneries trop communes au


). jourd'hui pour être inconnues, n'en font
w que plus certaines , plus conſolantes ,
» plus ſublimes , plus invariables & plus
» anciennes peut - être que le reſte des

LA

1918
: 200
» , ſciences humaines. 'Sans m'être engagé
de vous donner d'autres preuves ſur la
vérité de cette opinion , que ma pro
„ ' pre conviction , je l'ai ſoumiſe expreſ
ſément à votre propre examen & ju
» gement , & c'eſt ce que je fais encore.
„ Pour éclaircir cependant plus particu
; liérement encore cette déclaration de
» ma part , je dois vous faire obſerver ,
» mes Ff. , que je ne connais point dans,
l'O . une telle doctrine ſyſtématique dont
le mot ſcience nous donne ordinairement
»,
‫ رد‬l'idée ; mais que j'ai trouvé dans l'O.
des vérités & des connaiſſances que les
" ſciences ordinaires n'enſeignent point,
» Cette obſervation me paraît néceſſaire ,
» pluſieurs d'entre nous ont été trompés
» par le mot de ſcience , dont quelques
" Ff. fe fervent en parlant de ce que l'O .
» enſeigne , au lieu du mot de connaiſ
» ſances.
22 Certe erreur eſt cauſe que leurs

» prétentions ſe ſont étendues plus loin


» que la nature de ces connaiſſances ne ſem
ble le permettre. Ils demandaient une
» inſtruction ſyſtématique , puiſſe - t - elle
, un jour leur être donnée ! tant mieux
» pour eux : mais que du moins ils ne
l'attendent pas de moi , qui ne la leur

ai pas promiſe , ni même en ai parlé


» juſqu'à préſent. «
201
„ Si je devais vous nommer ici quel
», ques-unes de ces vérités & connaiſſan
. ) , ces ſublimes , qui , ſelon ma convic
» tion , font renfermées dans la Maçon
,» nerie ; j'aurais, non ſeulement à me re
s procher une contradiction , puiſque j'ai
07 déclaré mon opinion à votre examen
. & je paſſerais ainſi les
& jugement ,
1 07 bornes que je me ſuis preſcrites ſur
» cet objet dans ma circulaire d'invita
» tion ; mais je manquerais même peut
I être à des devoirs qui doivent m'être
» ſacrés ; je me flatte que beaucoup , j'oſe
3 rais même dire le plus grand nombre,
des Ff. que j'ai la ſatisfaction de trou
1 ver ici aſſemblés , comprendront le ſens
de ce que je viens de dire, Si cepen
Ŝ dant il s'en trouvait d'autres , à qui ma
! ?? déclaration parût moins claire , j'eſpere
du moins de leur impartialité , qu'ils ne
i ?? la trouveront point injuſte , puiſqu'elle
n'eſt point en contradiction avec mes
» engagemens antérieurs ; & d'après ces
» principes vous conviendrez tous , mes
» Ff., que ce n'eſt pas moi qui peut être
» votre inſtructeur ; mais la confiance flat
,, teuſe , dont vous m'avez honoré jufa.
22. qu'à ce jour , me donne aſſez de force
» pour me charger de la direction de cette
aſſemblée fraternelle , perſuadé , comme
202

; je ſuis d'avance , que vous joindrez


;; vos væux aux miens , pour que le grand
» Architecte ſuprême daigne répandre ſur
, nous fa lumiere & ſes vérités. Ce ſera

» de plus un devoir bien doux pour moi,


2 que d'entretenir , autant qu'il ſera en
» mon pouvoir , entre les Membres qui
2 compoſent cette aſſemblée illuſtre &
» reſpectable , la concorde , l'amitié & la
is confiance réciproquement fraternelle ;
» vertus fi neceſſaires & ſeules capables
de nous aſſurer un ſuccès heureux de
"
» nos déliberations, dans leſquelles d'ail
, leurs je maintiendrai , avec plaiſir , la
forme extérieure que vous avez adop
» tée d'un concert commun. Au reſte ije
» m'engage ici , de la façon la plus ſo
lemnelle , que tout ce que la confiance
» particuliere des uns & des autres des
„ Ff. ici aſſemblés , jugera à propos de
» commettre à ma fidélité & à ma dir
» crétion , ſera pour moi un dépôt ſacré
dont il ne ſera jamais fait aucun uſage
9 que celui qui s'accordera avec l'intérêt
1
9 commun de toute notre reſpectable So 1
ciété. Et toi , grand Architecte de

l'univers , ſource unique de tout bien


& de toute félicité , daigne bénir nos
.» væux & nos efforts réunis , puiſſent- ils
1
» ne tendre , par ta grace , qu'à exalter
203
» ton faint Nom , & à conſolider le

'3 vrai bonheur de l'O. , auquel nous nous


23 ſommes voués. Ainſi ſoit - il.co

Nous retrouvons dans ce Diſcours 'les

mêmes notions que dans la ſeconde cir


culaire : nous y voyons de plus qu'il exiſte
une inſtruction ſyſtématique qu'on doit ſe
regarder heureux d'obtenir. Nous pou

vons conjecturer avec fondement qu'on


exige un engagement de la part de ceux
qu'on initie , c'eſt ce que prouve un paf
fage de çę Diſcours , page 201 ; ligne
II ,
Si nous cherchons de nouvelles preuves
de ce ſyſtême dans les protocolles , nous
entendrons le S. G , S. ' répéter ' aux Ff. ,
dans la quatrieme Séance , qu’un M ..
doit poſſéder , au plus baut point , les vertus
relig.euſes , & les exhorter à ne point pérdre
Çit oljet de vue.
Les paſſages qui indiquent le plus ſpé
cialement le but de ce fyftême, ſe trou
Vent dans les Séances dans leſquelles il
eſt queſtion des Rituels. Auſſi lit -on dans
la quinzieme Séance que les Repréſentans
du Maître Provincial de la cinquieme, &
du grand Prieuré d’Auſtraſie ont dit ; que
l'on trouvait dans ces Rituels des inno

Vations hiéroglyphiques & de cérémonie >


204
dont l'explication doit être connue de
quelques Freres, qui, ſans doute , feront
participer à cette connaiſſance ceux des
Ff. qui en paraîtront dignes , par leurs
meurs & ſentimens religieux.
Le S. G. S. a applaudi au Rituel
comme contenant ce qu'il y a de meil
leur & de plus utile dans les anciens.
Tous les Rituels , ceux des trois pre
miers Grades ſur -tout , font ſuivis d'une
inſtruction & d'un catéchiſme ; à la lecture
de ceux d'apprentif , pluſieurs Ff. ont
avoué n'y rien comprendre , & voici les
explications qu'on en a données : que le
mot myſtere ſe rapportait à la triple na
ture de l'homme compoſé d'eſprit , d'une
Es de corps. Que la M :. avait conduit de
tout temps par ce myſtere de l'ancien ter
naire , à un développement des plus gran
des lumieres ; & l'on cite pour preuve la
premiere Epitre de S. Paul aux Teſſalo
niens , V. 23. J'ai cherché dans ma Bible
çette Epitre qui eſt diviſée en cinq Cha
pitres , ainſi que la ſeconde qui eſt di
viſée en deux , & j'avoue que je n'y ai
pas trouvé cette preuve. Peut- être qu'il y
a ici erreur de copiſte, & comme le temps
ne me permet pas , je ne dis pas de lire ,
mais de méditer ces lettres il ne m'eſt

pas poſſible d'en ſentir toute la valeur.


205
Le S. G. S. a encore dit , avec pleine
conv Etion , que ces inſtruction & caté
chiſme tendaient au vrai but de 1O .
A la vingt-deuxieme Séance on voit
que la ſeconde Province , ( c'eſt la Pro
vince du F. ab Eremo ) ſe propoſait d'ap-.
peller les Commanderies Colleges Ecc.:
nous ferons plus bas des obſervations ſur
cette dénomination.
Je vous ai démontré le ſentiment du
S. F. à Diatoria , ſur le but de l'O . ;
ſentiment développé dans ſes circulaires ,
3 & ſur- tout dans ſon Diſcours d'ouverture
! de Convent ; voyons ſi l'opinion du S.
F. è Leone reſurgente ( la ſeconde colonne
de ce Convent ) y eſt concordante : ce sa
F. a prononcé le Diſcours de clôture , &
dans ce Diſcours j'y trouve cette opinion
développée en ces termes :
„ Au lieu d'un ſyſtème chimérique d'or
a , gueil & d'oſtentation du rétabliſſement
: enfin de l'O . des T. , nous ſommes re
„ venus au but primitif du ſaint O. (W ) &
10 „ la vraie bienfaiſance , la morale chré
1

( y ) Si cela eſt vrai , ' pourquoi tant de Ffe


ſe plaignaient - ils de l'inintelligence des em
blêmes , hiéroglyphes & inſtructions des Gra
des ?
206
» tienne plus plure. Sa direction eſt tournée
» vers l'Etre ſuprêm
, ſeule ſource de tout

» bien & de toute félicit é; nous butons


à nous rendre moins indignes de ſon
» amour & de fa grace en nous amé
liorant nous -mêmes , & travaillons par
12 les mêmes principes à améliorer nos
- Ff
Au lieu de Rituels dépourvus de
5 vérités , privés de beaucoup d'emblêmes
principaux, & n'offrant que la froide
alluſion d'un ancien 0. aboli , nous en
» poſſédons à préſent de plus rapprochés
» de l'ancienne inſtitution (2 ) , & qui
» forment un tableau yrai de l'eſſence de
la M .. , nous réuniſſant avec les fyf
» têmes principaux.“ :
Plus bas nous liſons encore :
» Je , ne puis que conſidérer comme
le grand & le vrai but de la M. i de
5 retrouver la parole de Me . perdue ;
» nous la retrouvons ſous le grand nom
» de l'Eternel JEHOVA . C'eſt vous dire
» clairement, mes Ff., que chercher l'Ar
„ . chitecte Supreme de l'univers , feit le but
13 du vrai Ag . Qu'il ſoit à jamais le nou
u tre , & fi c'eſt avec un cæur pur , un

( 3 ) C'eſt ce qu'il faut prouver.


207
zele véritable & une intention ferme
de marcher inébranlablement dans le
10
chemin de la vertu , nous trouver ns ces
voies par ſa grace & ſa bonté ineffas
» ble , & c.co

Et plus bas : » Lorſque vous aurez à


in répondre à des App . :, à des Comp.:
» & même à des Ff. de Grades plus éle
vés , lorſque ceux -là vous interroge
» ront ſur le moyen de parvenir aux
vraies connaiſſances de la M .., répon
dez -leur hardiment & fans crainte de
» Vous tromper , que les Grades & les Di
gnités dans l'O . ne donnent aucun droit ,
qu'ils les demanderaient inutilement
s'ils ne ſe ſont pas montré en tout di
» gnes de les recevoir ; que celui - là ſeul.
» qui a purgé ſon ane des vices ou défauts
dont il a contracté l'habitude , peut
être ſans le ſavoir , qui a travaillé ſoia
» gneuſement ſa pierre brut te ,,
brutte qui a
2 cberibé fincérement à se connaître , qui
, a travaillé fortement à s'améliorer &
» qui en a donné des preuves , eſt digne
» d'y participer , & qu'à moins de cela ,
» ce ſerait ſouvent un malheur d'y par
is venir , co
I
Si l'on rapproche & compare les pros
poſitions & aſſertions de ces trois Freres,
on voit clairement que leur fyftême tend
208
à la connaiſſance du Créateur & de la
choſe créée. Le S. Prince de B. ne vous

parle jamais du but de la M.• qu'avec


Penthouſiafme qu'enfante l'opinion qu'il
a que ce but eſt ſublime & procure des
connaiſſances & des vérités plus ancien
nes que le reſte des ſciences bumaines
vérités & des connaiſſances que les ſciences
ordinaires n'enſeigne:it point.
Quelles ſont donc ces vérités que les
ſciences ordinaires n'enſeignent point , q :li
font plus anciennes que le reſte des ſciences
bumaines ? Si elles ſont plus anciennes
que le reſte des ſciences humaines , elles
font donc antérieures à la création ; elles
doivent donc concerner le Créateur. Si ces
vérités ſont des connaiſſances , elles ne

peuvent pas s'appliquer nuement à la


croyance de l'exiſtence d'un Dieu , d'un
Dieu avec tous les attributs de la divinité.
Puiſqu'il eſt de la nature de Dieu d'être
éternel , ces connaiſſances ne peuvent ten
dre à la perception de l'origine de la Dis
vinité. Puiſqu'il est de la nature de Dieu
d'être immenſe , infini , ces connaiſſances
ne peuvent traiter de la commenſurabi
lité de l'Etre infini. Puiſqu'il eſt de la na
ture de Dieu d'être parfait , il devient ſu
perflu de lui attribuer tel & tel degré de
perfection. Puiſqu'il eſt de la nature de
Dieu
209
Dieu d'être tout-puiſſant, il ſerait-abſurde
EN de croire que ces connaiſſances doiveni
2 tendre à calculer l'étendue de ſa puiſſance.
12 Quelles ſeront donc ces connaiſſances an
térieures à la création ? Elles doivent avoir

rapport au motif qui a déterminé l'Eternel


1 à cette création , au but qui doit avoir été
M donné à la création , à l'ordonnance des
choſes créées ; & comme l'homme eſt un
êrre créé doué d'intelligence , ces connaiſ
fances avoir un rapport intime
doivent
avec le but de ſa création: Il eſt donc
clairement prouvé que , comme.je l'ai dit ,
le but qu'indique le S. F: à Victoria , a

rapport à l'origine de l'homme , à la raiſon


& à la fin de la création. Et parce qu'il
eſt de la ſageſſe infinie de l'Eternel de
n'avoir créé rien d'inutile ; ces mêmes con
naiſſances ſeront auſſi celles des raiſons
& de la fin des choſes créées.
?
Nous ferons confirmé dans cette idée
du but du ſyſtème du F. Will..., fi nous
faiſon's attention que ce F. a dit que le

1 mot myſtere , dont il eſt queſtion dans les


inſtructions , fe rapporte à la triple nature
B
de l'homme : voilà donc encore l'homme

l'objec des ſpéculations.


Il eſt vrai que ſi nous analyſons le dif
cours du S. F. « Leone 'reſurgente , nous y
trouvons plurôt l'eſprit du piétiſme. J'oue
0
ΔΙΟ
vre l'hiſtoire , & entr'autres celle des

Trembleurs , par Catrou ( a ) , elle m'ap


prend que dans le temps de la naiſſance
du Luthérianiſme , un Gentilhomme Silé
ſien , qui joignait à beaucoup d'eſprit la
pureté de la langue allemande , s'éleva
s
contre les innovation de Luthe r, & écri
vit beaucoup contre lui ; Luther & ſes Ad
hérens l'appellaient par dériſion Stenck
feld , fon véritable nom était Gaſpard
Schwenckfelder , on , ſelon d'autres ;
Swenckfeld , Schwenfeld , ou Scuuenck
felder ( b ). Il ébaucha le plan d'une nou
velle ſecte ; mais il arrive preſque toujours.
que le plan le plus étudié a ſes défaurs ;
Viegel perfectionna celui de Schwenk
feld ; c'était un homme de génie , un
Théoſophe ; & le fameux Jacques Bæhm ,
cordonnier , le propagea dans la Siléſie fa

( a) Hiſtoire des Trembleurs , par Catrou ,


Livre III.
Item Sponde contin. annal. Eccl. Bar. ad an
num 1527 , No. 19 .
Item Odoric Raynal, ad annum 1527 ; No.
76.

( b ) Jean Faber a écrit contre lui. Schwenck


feld eſt né en 1400 , dans ſon Château d'Olig ,
il eſt mort à Ulm en 1561.
211

patrie. Le nom ſeul de piétiſte indique


aſſez que la baſe du ſyſtême eſt une piété
véritable , une confiance intime en Dieu ,
une foi pléniere . Il eſt rare qu'avec des in
Tentiens même très -pures , lorſqu'on veut
fcruter les myſteres de la foi , qu'on
veur les définir , on ne tombe dans quel
ques, ſouvent même dans beaucoup d'er
reurs ; auſli, les Schwenckfeldiens ont - ils
été mis dans la claſſe des hérétiques ( C ).
Les Schwenckfeldiens tenaient leurs al
ſemblées dans des maiſons particulieres ,
qu'ils appellaient Collegia philubiblica. Si
le ſyſtême du.F. ab Eremo n'eſt pas le fyf
! tème des Piériſtes , je crois qu'en partant
du Diſcours de clôture du S. F. à Leone re

( c ) Si quelqu'un diſait que la M.. eſt véri


tablement la perpétuation du ſyſtème de
Schwenckfelder , & que pour le prouver il dit :
les trois colonnes S. f. & b. fe rapportent à
Swenckfelder , à Weigel
Weigel , à Broſchbandt, qui
!
a été un des grands Prédicateurs de cette fecte ;
les lettres J. & B. fignifient Jacques Bæhm ;
celle G. qui . eſt dans le centre de l'étoile ',' eft .
l'initiale. de Gaſpard ; : Schwenckfelder avait ce
nom , & c . , & c. N'aurait - il pas preſqu'autant
de probabilités pour juſtifier ſon aſſertion , que
beaucoup d'autres qui appuient la vérité de leur
ſyſtéine fur l'explication des emblêmes , des
atlégories & des caracteres de la M .:: ?
O 2
212
Jurgente ; il devrait 'Te garder de donner le
nom de College aux Comités , afin qu'on
ne calomnie pas fes intentions en confon
dant les Colleges avec les Collegia pbilo
vilt:ca des Muller , des Broſchbandt's des
Spener , & c.
Voilà ce que j'ai cru devoir dire fur le
ſyſtème du Fi an tre : o : que ceux qui de
Tirent en avoir une connaiſſance plus pro
fondes s'adreſſent à ceux qui pourront leur
donner des inſtructions plus ſatisfaiſantes:
L'érude que j'en ai faite , 'exigerait un traa :
vail trop conſidérable pour le mettre en
inſtruction abrégée ; vraiſemblablement les
Ff. de ce ſyftême ont ce travail tout fait.
Cependant il reſte une difficulté aſſez
épineuſe à réſoudre. Pourquoi ces épreu
ves dans la M .. ? ces épreuves ſur - tout ſi
puériles quelquefois ? Pourquoi les voya
ges ? Pourquoi tant d'emblêmes , d'allégo
ries, d'hiéroglyphes ? Pourquoi des réceps
tions fi bizarres ? un ſecret recommandé
avec tant de précaution , renouvellé à cha
que réception ? Pourqoi tant de Grades ?
Les 'æuvres des Théoſophes ſont imprimés ,
ils peuvent être entre les mains de tout

le monde. Na-t -on même pas imprimé


tout récemment les deux ouvrages nous
Veaux dont j'ai déja parlé ? Ces rits , ces
emblêmes ſont donc inutiles ? M'objectera

>
213
kon que Pythagore n’initiait ſes diſciples
qu'après pluſieurs années d'épreuves de fi
lence ? Mais Pythagore. annonçait une
doctrine nouvelle qui détruiſait la religion
3 dominante ; ' il était dangereux pour lui
d'être ſurpris dans une action qui troublait
le gouvernement d'un Etat ; il était dong
de la prudence d'éprouver ſes diſciples, ſur
tout ſur l'article de la diſcrétion . Or ſi le

I ſyſtême du F. W. eft contraire à la reli


gion , il eſt inadmiſſible. S'il eſt contraire
à la religion , on ment au Récipiendaire ,
lorſqu'on lui dit qu'il n'y a rien dans la
M . : , qui foit contraire à la religion , à la
patrie, aux bonnes mæurs. Mais ſi ce que
j'en ai dit eſt véritable , on doit être cons
vaincu que ce ſyſtême n'eſt pas contraire
à la religion. Et ſi les emblêmes, & c. au
tres néanmoins que ceux ajoutés depuis
quelques années dans les Grades , n'ont
pas un rapport eſſentiel , font même inu
tiles au ſyitême du F. W., il ſera vrai de
dire que la M. ', ne vient pas de ce fyf;
tême, n'a pas beſoin de ce ſyſteme; que
ce ſyſtême n'a pas beſoin de la M .., ne
vient pas d'elle. On ne peut décider cette
queſtion qu'avec la connaiſſance intime
de ce ſyſtème ; & puiſque bien peu des Ff.
du Convent en avaient la connaiſſance ; il
s'enſuit que le Convent n'a pu décider de
314
la validité & de la vérité de ce ſyſteme ,
& que le jugement d'un Comité ne peut
pas s'appeller le jugement du Convent.

DIX - HUITIEME SÉANCE ,

juſqu'à la vingt - buitieme excluſivement.

La dix - huitieme Séance a été employée


à l'élection de l'E. G. M.
Les 19 , 20 & 21e , à la lecture de l'ef
quiſſe du nouveau code , à arrêter la ca
pitulation de l’E . G. M. , à décider qu'il
y aurait un quatrieme Grade ſymbolique,
ſous la dénomination d'Ecoſſais , & d'un
Grade dans l'intérieur.
Ces objets fortement diſcutés , ne ſont
pas dans le cas de mériter la moindre cri
tique , ce ſont des objets de pure forme ;
je ne m'attache qu'au fond .
On a adopté la rédaction du fameux acte
de renonciation au ſyſtème de la reſtaura
tion de l'O. des T.
Dans les 22 , 23 , 24, 25 & 26e Séances
on a arrêté , 1 ° . la compoſition des Co
mirés pour les affaires d'une , & que
la loge Ecc. : . aurait l'inſpection ſur les lo
ges bleues en premiere inſtance ; 2 °. que
le Symbole de chaque Grade ſerait con
ſervé. Je ſens , comme le F. à Capite Ga
2L5
leato, le prix de la deviſe . du troiſieme.;
mais je ſens de plus une impulſion ſurnatu
relle qui m'empêche de garder le ſilence ,
& j'attends avec confiance l'effet de la de
viſe du quatrieme , Meliora præſumo ; 3
on a approuvé le Rituel du ſecond Grade.
1 On a lu le travail ſur le code , du F.À
Fonte irriguo , & fixé le nombre des Offi
1 ciers d'une D & l'âge requis pour être
. .:.
reçu M
On a lu le Rituel du troiſieme Grade ,
ainſi qu'un travail du F. à Circulis , ſur les
vues générales de l’O .
1 Ona lu le catéchiſme du troiſieme
1
Grade , on a adopté les trois Grades , ſauf
ratification ; on a accordé juſqu'à la fin de
j
l'anné 1783 pour la donner.
Ce qu il y a de remarquable en cette
Séance , c'eſt que , pour la premiere fois
on a dit , au nom du Comité , que ſi l'on
E avait introduit quelques emblêmes dont
on ne connaiſſait pas la ſignification , c'eſt
parce qu'on n'avait pas cru qu'il fût per
mis de les rejetter , dans l'intention où l'on
était de réunir les autres fyftêmes.

Pourquoi avoir tardé ſi long- temps à


faire cette réponſe ? Pourquoi ne l'avoir
pas faite lors de la premiere interpellation ?
Fallait - il douze jours pour étudier une ré
ponſe ſi ſimple ? Ne pourrait -on pas dire
216
que le Comité s'eſt enfin déterminé à
faire cette réponſe , pour fermer la bou
che aux Ff. à Lilio convalliuin 2 Atbi
Dialo, &c. Mais cette réponſe eſt bien peu
fatisfaiſante ; pour qui prenait - on les
Membres du Convent ? Eſt-ce ainſi qu'on
ſe joue des gens honnêtes & reſpecta
bles ( d ) ?

Je ne parlerai pas des appointemens


qu'on a arrêtés pour le Secrétaire-Géné
Tal' ; c'eſt un objet qui n'entre pas dans
mon plan.
La lecture de la regle des Chevaliers,
Bienf. a occupé auſſi certę Séance , ainſi
que l'examen de la queſtion de la ma
tricule qui a été continuée dans la vingt
feptieme Séance & terminée dans la
vingt - huitieme.

VINGT - HUITIEME SÉANCE.

DANS cette Séance on s'eſt occupé


d'objets ſur leſquels je ne ferai aucune
obfervation , parce qu'elles font de naturę
à pouvoir être enviſagées fous différens
points de vųe.

(d) Ne Gecipias faciem aiver;us faciem tuam .


(Biblia facra , liber Ecclefiaftici, c. 4 , Ý. 26.)
217
L'eſquiſſe du quatrieme Grade a éga-,
lement été propoſée dans cette Séance.
Cette Séance a été prorogée le foir ,
31 & c'eſt dans les actesde cette proroga
tion qu'on lit l'extrait intéreſfant d'un mé
moire de la grande Eccoſſaiſe de
Berlin , ſous le titre de Frederic au Lyon
d'or. Ce mémoire était accompagné d'une
lettre du S. Prince Frederic , Duc de

Brunſwick , Chef des établies dans


les Etats de S. M. Pruſſienne. Nous ne
voyons pas le contenu de la lettre ; quang
au mémoire , il annonce des connaiſſan
ces . des ſciences ſecrettes ; il annonce

que les Ff. de Berlin connaiſſent les Su


périeurs qui ont promis de donner ſous
peu l'ancien grand Rituel manuſcrit des
premiers Fondateurs, conſervé par les F.
Clerici. Voilà donc des Supérieurs ma

jeurs annoncés , un grand Rituel manuſcrit


des premiers Fondateurs promis. On
avait droit de s'attendre qu'un mémoire
auſſi intéreſfant , ſouſcrit par des gens
d'honneur & eſtimables reconnus pour

3 tels par le S. F. à Leone reſurgente , fuf


pendrait les opérations du Convent , du
Convent aſſemblé pour ſe procurer le plus
grand degré de lumieres , aſſemblé pour
juger de la validité des preuves de ceux
qui fe diraient Supérieurs . N'en croyez
218
rien , med Ff. , ce mémoire a frappé di
verſement les eſprits ; mais il eſt bien
étonnant qu'on ait dit que , par l'acte de
capitulation & l'acte d'obéiſſance & de re
connaiſſance , on avait renoncé à tour Su
périeur inconnu & caché , & que , d'un
autre côté , on avait fixé & arrêté les nou
Veaux " Rituels ; & que cet incident ne
devait point invalider une détermination
générale priſe antérieurement.
J'avoue que je ne peux pas me faire à
un raiſonnement de cette nature ' , qui
n'a même rien de fpécieux. Effectivement
on a fixé , on a arrêté des Rituels , mais
falva ratificatiine , & on a juſqu'à la fin
de 1783 pour ratifier; donc la détermi
nation n'était point générale ni définitive.
Ajourons que ſi les Repréſentans ont
outre- paſſé les bornes légitimes de la con
fiance de leurs Commettans, ceux -ci ne
ſont pas obligé de ſouſcrire aux erreurs
& aux écarts de ces Repréſentans.
Le S. Grand - Maître s'eſt réſervé de
faire une réponſe à ce mémoire. & à la
lettre , il a donné lecture de cette lettre
qui a été dépoſe aux actes , ſous le No.
164. Le mémoire & la lettre du S. F.
Frederic , Duc de Brunſwick , y avait
éré dépoſé ſous les Nº. 161 & 162. Mais
qu'on ne ſe donne pas la peine de les
219
y chercher aujourd'hui , les lettres &
mémoires dépoſés les 28 & 29 Août , ont
été retirés des actes le 30 (€) ; comme s'il
était permis de rien enlever des actes
comme ſi le dépôt n'était point un acte
1 ſacré ; comme ſi ce mémoire dreſſé pour
le Convent , dont les Rédacteurs deman
daient la remiſe dans les actes , qui ap
2 partenait conſéquemment à tout le Corps
de la M. : . réunie , pouvait être ſouſtrait.
i Et l'on dira que les Repréſentans n'ont
pas outre -paſſé les bornes légitimes de la
. confiance de leurs Commettans ! & l'on
fera un crime aux + + de n'avoir pas
donné des pouvoirs illimités !
Abrégeons cette longue diſcuſſion ;
paſſons rapidement ſur la vingt -neuvieme
Séance , dans laquelle on trouve qu'après

avoir ſupprimé la perpétuation de l’O . des


T. on conſerve les noms de ſes deux pres
miers Fondateurs dans un Grade ( f) ;
i
ce qui eſt inconciliable , pour ne pas dire
inconſéquent.
Mais il y a bien d'autres inconſéquen
ces dans ce Grade. Et d'abord on voit

( e ) Voyez la note en marge du $. 2. de la


vingt- neuvieme Séance ,
( A Noviciat.
220
un mauſolée ſur lequel on lit. cette in
cription : Ecce quod fupereft Q. T .; &
au - deſſus de ce mauſolée ,
autre inſcrip
tion : Nunc ſumus Equites benefici Civ.
S. Religionis Chriftianæ ftrenui defenforis ,
Spem , fidem & cbaritate in colentes.
Un Capucin qui mettrait au - deſſus de
la porte de fa çelluce : autrefois nous étions
Cordeliers ; & fur la porte : aujourd'bui
nous ſommes Capucins, & à qui un Car
; maldule dirait : vous n'êtes donc pas un en
fant de Saint François d'Alife ? Ņe ré
pondrait-il pas avec vérité : Je n'ai pasceſte
d'êrre enfant de Saint François ? Baſ bi n'a
fait autre chofe que de nous réunir fous
une loi plus auſtere , fous la regle primi
tive ; une corde lie & le Cordelier & lę

Capucin , un chapelet & une croix pendent


à cette corde , nos têtes ſont auſſi rafées
une couronne de cheveux indique la diffé
rence du Prêtre au Frere Lai. " Nous ſui

vons l'un & l'autre , avec plus ou moins


d'altriction ,
la regle de notre humble &
Saint Fondateur ; & dans nos prieres , juf
ques dans notre' Confiteor , nous invo
quons, & Cordeliers & Capucins, Saint
François.
Par la même raifon , tout Récipiendaire
qui lira le. Nunc fumus , & c. fe dira :
voilà ce que nous ſommes à préſent, nunc .
221

Ne pourrai- je pas , ne dois- je pas trouver


ici ce que nous étions auparavant ce nunc .?
& ſe rappellant que l'inſcription qu'il a vuè
immédiatementavant , portait : Exce quod,
&c. il ſe dira néceſſairement : voilà ce que
nous étions ;. ecce quod fupereft , &c. voilà
ce qui reſte, un mauſolée. Nunc ſumus ;
&c. voilà ce que nous ſommes ; c'eſt-à
dire , Chevaliers du T. réformés , dont là
regle & le coſtume ont été accommodés
au goût & au génie du fiecle.
Et lorſque le Récipiendaire entendrà
prononcer les mots facramentaux H. G

P. S. 0. il ſera confirmé dans ſon opi


nion.
Et lorſqu'il verra le coſtume avec tous
ſes acceſſoires , il fera pleinement con
vaincu qu'il ne s'eſt pas trompé. Qu'on lui
donne , après cela , lecture de l'acte de re
nonciation , il croirà avoir mal entendu ,
il voudra lire lui-même , & pour peu qu'il
aura de jugement, il demandera ſi l'on ſe
moque de lui de le bercer avec des bali
vernes auſſi contradictoires:
.
Mais il n'eſt pas au bout du chapitre des
contradictions: on lui a dit , en comment
çant fa réception , que le temps des em
Ďlêmes érait écoulé . Et lorſqu'il entrera
dans la ſalle du t , le premier objet qui

frappera fà vue ſera un emblême , puis un


222
ſecond emblême ( 8). Et il dira : je fors
de la chambre du menſonge. Et s'il faiç
attention à la deviſe de l'un de ces emble

mes , Perit ut vivat , il penſera à l'hiſtoire


de l'O . , il ſera encore convaincu que cet
emblême figure la perpétuation , & il
dira : l'impoſture a donc ici pluſieurs trô
nes ? ou l'inconſéquence & la contradic
tion ont juré de me pourſuivre.
- Il n'eſt pas encore au bout du chapitre
des contradictions. On lui a promis la ré
vélation du ſecret de l'O . intérieur , on

lui a montré en conſéquence le mauſolée ,


it attend avec impatience qu'on lui révele
ce ſecret , & on lui dit que la bienfaiſance
eſt la baſe ſur laquelle eſt fondé 10. des
Chevaliers bienfaiſans. Il faut que le Ré
cipiendaire ſoit doué d'une grande modé
ration , s'il n'exprime pas un peu énergi
quement ſon indignation. Il dira alors , en
ſe contraignant , je crois que l'on me
prend pour une dupe , ou pour un idiot.
Pai trouvé dans tous vos Grades qu'on
me prêchait la bienfaiſance ; 'l'humanité ,
la charité ; trois mots , à quelques nuan
ces imperceptibles près , bien ſynonymes.
J'ai lu dans les articles 4 , 5 , 6 & 8. de

( g ) Lę Phoeniz , le Pélican.
223
votre regle abrégée , qu'on recommandait
la pratique de la bienfaiſance , de la charité
& de l'humanité ( b ); je l'ai lu paraphraſé

dans votre regle M . :; tous vos diſcors M . : .


21 clouaient ces préceptes dans ma mémoire.
1 Me dire aujourd'hui que le ſecret qu'on me
révele , c'eſt que le but de la M . : . eit d'exer
cer la bienfaiſance , c'eft me dire une
abſurdité ; car on ne révele pas à quel
qu'un une choſe qu'on lui a dit mille &
mille fois ;“ me révéler qu’on a inſtitué
un Ordre de Chevalerie de bienfaiſance,
c'eſt vouloir me perſuader que vous vous
amuſez comme des enfans. Qui vous a
donné le droit d'inſtituer un Ordre de
B Chevalerie ? & quand vous auriez ce droit,

quelle analogie y a-t-il entre vos récep


tions 'bifarres , vos colonnes , VOS nom
bres myſtérieux , vos emblêmes , vos hié
1
roglyphes , vos Lettres , vos épreuves &
la bienfaiſance ? Pourquoi recommander

h) Chéris tendrement tous ceux qui ont


mêmés organes , mêmes beſoins , & c. ( Regle
abrégée , §. 4. )
Qu'une bienfaifance active , éclairée , ani
verſelle foit , &c. ( Ibid . , 5.5 . )
Sois affable & officieux , & c . ( Ibid . 5. 6.)
Tout Maçon . a des droits à ton- affil
tance , &c. ( Ibid . , §. 8.)
224
fi inftamment le ſecret ? La bienfaiſance
ne peut -elle être exercée fans tout cet

appareil myſtérieux ? Vous me trompez ,


vous abufez da ma bonhommie .
Que dira ce Recipiendaire lorſqu'outre
Jez quatre mots H., & c. , on lui en ap
prendra encore quatre autres ( i) , & què
dans le nombre de ces quatre mots il
trouvera encore celui bienfaiſance ? Ne
ſera - t - il pas tenté de dire : on parle trop
de bienfaiſance , pour penfer à l'exercer ?
Vous m'habituez tellement à ce mot ,
qu'il n'affecte plus mon oreille par cette
douce vibration qu'elle a reſfentie , lorf
que , pour la premiere fois, je l'ai entendu
prononcer dans le Temple auguſte qui a
3
été témoin de mon union avec mes Ff.

Vous m'apprenez quatre mots, j'y


trouve ceux debienfaiſance , vertu , hüma
nité. Nous nous formons donc des idées
bien différentes de la valeur de ces mots ?

La verţu ( k ) eſt un grand ſentiment , qui


doit remplir toute notre ame, dominer ſur
nos riffeéti03s , ſur nos mouvemens , ſur no .
Are tire. J'adopte cette définition majef

( c) Religion , bienfaiſance, vertu , humanité.


(* ) Encyclopédie , article de M. Romilly ,
mot virtu , No, RO
225
tueuſe. Mais je n'appelle pas , avec M.Ro
. milly , les vertus fæurs. Je dis que la
vertu reſſemble à une grande chaîne qui
retient deux extrêmes , fi l'un des chaî
3 nons ſe briſe , les deux extrêmes croulent.
. La bienfaiſance eſt un chaînon de la vertu ,
comme toutes les qualités appellées im
proprement verrus , & qui ne ſont que
des portions, des ſubdiviſions de la vertu ,
je dis que la vertu eſt une , que toutes
les qualités vertueuſes la conſtituent; on
11 peut la comparer à un cercle ( 1 ) qui ceſſe
d'être cercle pour peu qu'on ſupprime de
fa circonférence. Tout ce qu'on appelle

vertu , juſtice , force , tempérance , & c.


1 ne font que des points de ce cercle. ' Ec
dans ce ſens eſt vraie la propoſition de

M. Romilly : rejetter volontairemenit une


vertu , c'eit les rejetter toutes car c'eſt

rompre le cercle ; le cercle rompu , on


n'eſt plus vertueux .
Religion , bienfaiſante , vertu , huma
nité , quelle confuſion ! Pourquoi donc la
confuſion du tour avec ſes parties ? Qui
dit vertu , fous - entend néceſſairement la
bienfaiſance & l'humanité : effacez donc

( ) On voit, par la comparaiſon , que j'entends


parler de la ligne circulaire qui forme le cercle.
P
226
trois de vos quatre mots ; laiſſez ſubſiſter
le mor verčity & l'on vous comprendra
parfaitement.
Si l'on ſe "plaint de la longueur de cette
diſſertation , qu'on ſache que je parle d'une
réception qui dure plus d'une heure , à
ce qu'on m'aſſure. E

TRENTIEME SÉANCE.
t
Je voudrais bien pouvoir me diſpenfer a
de parler de cette médaille qu'on ſe pro
pofe de faire frapper en mémoire de la te
nue du Convent fameux de Withelmſbad.
O Prince eſtimable ! 'écoutez moi , & E
voyez ſi je n'ai pas raiſon d'empêcher r
qu'on expoſe à la riſée publịque un nom
auſſi reſpectable que le vôtre.
Si cette médaille tombait entre les mains
d'une de ces perſonnes auxquelles on a
refuſé l'entrée du Convent , ne ſaiſirait
elle pas avec empreſſement cette occa
fion de paſtrir bien joyeuſemont la pâte
du ridicule ? Rappellant alors celle qui a
été frappée en 1694 , en faveur du Prince
d'Orange, à l'occaſion du bombardement
du Havre ( m ) , on fera une comparaiſon

(m2) On trouve dans l'Hiſtoire de la Milice


Françaiſe , par le Pere Daniel , le deſſein de
cette médaille , Tome I , livre 7 , page 428
& à la page 523 , l'explication:
227
déſagréable , parce qu'on vous y qualifie
Magnus Magifier totius Ordinis ; tandis
qu'il eſt vrai que tout l'O. ne vous re
1
connaît pas pour tel. Les M. :. des Régi
mes Anglais , Français , Suédois , Pruf
ſiens , & c. n'ont point encore prononcé
ſur cette qualification .
La légende de la médaille ue fournira
t - elle pas auſſi matiere à une critique
V
amere : tandem aurora lucefſit ? Quelle au >
rore , plus ténébreuſe que la nuit la plus
obfcure ! On ne fait plus ce que c'eſt que
la M . : ; on a renverſé un édifice , & on
en a tranſporté les matériaux à cent mille
millions de lieues. Les Ouvriers ſont obligés
de faire ce voyage effrayant , pour tra
vailler à ſa reconstruction ; ils étaient Maî
tres ſous un climat , & ils recommence

ront un nouvel apprentiſſage fous un au


tre , quoiqu'ils aient payé bien cher leurs
lettres de Maîtriſe.

TRENTE - UNIEMS SEANCE ,


PREMIERE DE PROROGATIÔN.

La premiere Séance de prorogation Prorogation


nous préſente encore un exemple d'in-du Convento
conſéquence : un F. avoit fecondé l'avis

pour l'inamovibilité des Offices, appuyé ſur


le motif que beaucoup de Ff. ne tre
P2
228
vaillent dans l'O . que par devoir ( il au
rait pu ajouter , d'autres par goût ; que
l'envie de s'établir & conſerver une con

ſidération , une réputation , érait le mo


bile de pluſieurs , & qu'on en trouverait
d'un quarrieme ordre , qui , deſirant des
charges par ambition ; faiſaient un travail
forcé ; auſſi cette eſpece néglige - t - elle
bien les devoirs). Il en conclur que ſi les

charges éraient amovibles , ces Ff ., qui


ne travaillent que par devoir , quitteront
volontiers leurs places ( j'en doute ) , &
les laiſſeront envahir par des ſujets moins
bons. ( Quand on eſt élu on n'envahit pas ,
d'ailleurs on peut continuer dans ſa place
un Maçon zélé qui s'en acquitte à la fa
tisfaction de ſes Ff.)
Je penſe que ſi les places étaient amo
vibles , on verrait beaucoup de nos Offi
ciers ceſſer de fréquenter nos travaux ,
s'ils n'avaient plus de charges. L'expé
rience prouve bien des vérités.
Quoi qu'il en ſoit , ce même F. qui
avair ouvere l'avis de l'inamovibilité , a
opiné, lorſqu'on a recueilli les voix, à l'ina
movibilité des Grands Officiers de la Pro
vince & à l'amovibilité des charges de
Chancelier , &c. , des Préf. ; . comme ſi
un Chancelier d'une Préfecture , n'était
pas au moins autant dans le cas de ces
Ff., qui ne travaillent dans l'O . que par
devoir , qu'un Viſiteur & un Chancelier
Prov. ou Prior. ,
Auſſi l'avis de la cinquieme Province
était - il bien conforme aux vrais princi
pes , dont l'expérience a fi ſenſiblement
prouvé la juſteſſe , & ſi j'avais eu à y ajou
ter , j'aurais encore rendu le Préfecturat
5 amovible , & j'aurais fixé à fix ans le
temps de cet exercice.

Voilà une tâche bien pénible remplie ;


combien elle a répugné à mon cæur ! il
faut que la vérité qui parle ſi fortement ,
es ait bien du pouvoir pour me forcer à
lui faire le facrifice le plus précieux ,
.
celui de riſquer d'offenſer des amis
des perſonnes eſtimables , reſpectables.
Mais tel eſt mon organiſation , qu'il
m'a toujours été impollible de chan
ger ; que tout ce qui bleſſe la juſtice &
la vérité me cauſe une anxiéré que je ne
puis pas rendre , & qu'être utile aux
hommes , leur montrer mon amę a dá
çouvert , a été de tout temps ma vérita
ble ambition ; je l'ai eue avant d'avoir connu
çę paſſage de Cicéron : majus eft , certe
que gratius prodeffe bomiuibus , quam ches
mágnas babere ( 12 ).

( n ) Cic. de nat. Deo , l. 2 , c. 25 .

1
230
Il ne me reſte plus qu'à examiner quel
les doivent être les fuites des opérations
du Convent ; & ſans être Théopneuſte ,
- il est bien facile de prédire.

Fir de la troiſieme Partie.


i
231

2N

QUATRIEME PARTIE .

Conſéquences qui doivent réſulter


des Opérations du Convent de

Wilhelmſbad , ſi elles ont leur


exécution . ,

Nullum igitur faktun eorum poteft


utile effe , quum ſit got vitiis inza
quinatum .

( Cic. de Offic. 1. 3 , G. 14.) .

V
J'AI établi', dans ma premiere Parties
ce que c'était qu'une Société bien ordon
née ; j'ai développé d'après quels princi
pes elle était dirigée ; j'ai analyſé , dans
ma feconde Partie , les opérations qui
ont précédé le Convent; & dans ma tro
ſieme Partie ., les opérations du Convent ;
en appliquant en peu de mots les prin
cipes à ces opérations., & en comparant
ce qui a précédé avec ce qui s'eſt paſſé
dans le Convent , les conſéquences ſeront
faciles à déduire ; & comme j'ai preſque
toujours mis en oppoſition les principes
avec les faits dans les ſeconde & troiſieme

Parties , il ſuffira de préſenter le tableau


des opérations vicieuſes , ce qui rendra
cette quatrieme Partię moins étendue
qu'elle n'aurait dû néceſſairement être.
1°. La premiere Circulaire avait trace
le tableau des matieres importantes qu'on
devair traiter dans le Convent. Toutes ces
matieres devaient y être traitées , non par
forme d'inſtruction , mais par forme d'exa
men , & ſur chaque matiere on devait ré
fumer les avis de ceux qui compoſaient le
Convent.
Voici dix queſtions, ſur leſquelles je
deſirerais qu'on me montrât , dans les
actes du Convent , la ſolution directe ,
d'après la propoſition établie , diſcutée &
les voix recueillies.

1 °. ( 1) Devons-nous regarder l'Ordre


comme uue Sociéré purement convention
nelle ?
20. ( b) Avons-nous des Supérieurs ac
tuellement exiſtans ?

30. ( ) Comment définir un Supérieur


de l'Ordre ?

( 6 ) Premiere circulaire , No. 1 , lettr, a .


(6 ) Ibit, Nº. 1 , lett, b .
( C) Ibid .
233
4. ( d ) A - t -il l'autorité de commander
ou feulement la faculté de nous inſtruire ?
5 °. ( e) Y a -t - il d'autres Sociétés ou in
dividus qui , fans affecter le titre de Su
périeur , ont d'ailleurs les mêmes ou de
ſemblables qualités ?

6 °, ( f) Quelle eſt la coordination &


1 ſubordination des différentes parties de
3 l'Ordre la plus adaptée à la conſtirution
1
& au gouvernement politique des Etats
où l'Ordre eſt établi ?

7º. ( g ) Quels ſont les moyens les plus


ſûrs pour prévenir l'inobſervance des loix
futures en général & en dérail.
8º . (6) Par quels moyens pouvons-nous
acquérir l'eſtime du public & la protec
tion de l'Etat , & quelles ſont les occupa
3 tions d'un Maçon , comme tel, les plus di
gnes de lui & les plus utiles au public ?
9°; ( ) Ne pourraſe -on pas érablir un but
publịc & fecret , ou extérieur & intérieur ,
& en quoi pourrait - il confifter ?

( d ) Ibid.
( e) Ibid. Nº, 1 , lett, Go
(f ) Ibid . Nº.1 , lett. f, $

( g ) Ibid. Nº. 1 , lett. g .


( h ) Ibid . Nº. 4 , lett, de
( i) Ibid . Nº, 5 , lett. A
134
10%. ( k ) Y a - t - il certaines connaiſſan
ees donc l'O . eſt ſeul dépofitaire , & com
ment pourrait - on , dans ce cas , combiner
la partie ſcientifique avec la régie exté
rieure de l'O . de la maniere la plus avan
tageuſe pour le total , & juſqu'à quel point
les cérémonies maçonniques y doivent
elles être analogues ?
" . Aucune de ces queſtions n'a été traitée.
Elles ſont cependant très- importantes ; &
ſi l'on trouve des traces de quelques -unes
dans les débats qui s'élevaient , ce n'eſt
qu'accidentellement. C'eſt ainſi qu'on voit
que quelques privilégiés ont été admis à
un ſyftême philoſophique , qui doit être
le but intérieur annoncé dans la queſtion
ſous le Nº. 5 , lettre. a , & qui doit con
tenir les connaiſſances annoncées dans la
queſtion ſous le même Nº., lettre c .
Je me doute qu'on m'objectera que la ca
pitulation faite avec l’E. G. M. contient la
Tolution de la queſtion quatrieme, cotée
b , ſous le Nº. rer. Je réponds qu'aupara
vant de dreſſer la capitulation , il fallait

faire décider la queſtion. Que la capitula


tion ne pouvait contenir , 1º. que des pré
rogatives extraordinaires, accordées par

( k) Ibid . Nº. 5 , lett. Er


235
l'eftime & la confiance au mérite ; 2 ', uno
promeſſe & un ferment du G. M. de rem
plir les devoirs de la place qui lui était
confiée conformément aux loix de l'o .
Quelle conſéquence tirer de ces omif
fions?

Que le Convent de W. ayant négligé premiere


conſéquence .
de faire ſtatuer für dix objets importans,
eſt un Convent imparfait , & qu'il faut un
nouveau Convent pour réparer ces cruel
3 les négligences.
On ſe gardera bien de provoquer ce
nouveau Convent : s'il y a des perſonnes
qui reſſemblent aux idoles dont il eſt dit
dans le Livre faint ( l) : Os babent & non
loquentur , ce ſeraient elles alors qui au
} raient uſé de toute leur adreſſe pour ne
pas faire mettre en délibération des quef
gions qui les euſſent forcé de parler , ou
qui les eſſent gênées dans le plan qu'elles
s'étaient tracé. Mais comme cette con
duite n'eſt ni juſte ni honnête , on ne doit
% pas être étonné fi des Fréres zélés , & amnis
du bien & de la vérité , réclament la dé
ciſion & ces queſtions. Ce n'eſt ni dans
la fineſle , ni dans le menſonge que ſe plaît

(1 ) Liber Pfalmorum . Pfalm . 113 , V, 13.


Pjulm. 134. V. 16,
236
le vrai Maçon ; & toutes les lumieres que
doit procurer la ſcience la plus ſublime &
la plus conſolante , ne perſuaderont jamais
à un homme droit , qu'il ſoit permis d'en
impoſer à fon ſemblable , de lui cacher ce
qu'il a droit de voir , de le priver de con
naiſſances qu'il a droit d'avoir ( * ). Cacher
he
à des Ff., à des Ff. auxquels on a fait payer
le prix des dernieres connaiſſances de la
M .., à des Ff. qui ont ou toutes les ver
tus d'un vrai Macon , ou au moins les qua
lités & le deſir de ces vertus , leur ca.

cher des connaiſſances qui tendent à leur


bonheur (n ) ! Leur faire entrevoir , dans
un avenir incertain ? l'eſpérance de les
.cominuniquer ! Cela eſt indigne à un hon
nête homme , indigne à un Maçon ; & fi
quelqu'un parmi nous était capable d'une
telle conduire , il ne ſerait point Maçon .
Lupus inter oves, Ils s'attirerait la malédic

(m ) Non folum fcientia quæ eft remota d juf


titia calliditas , potius quan fapientia eft appel
Tanda . ( Plat. apud Cic. de Offic. I, 1 , C, 19 , )
- Sapientia foris pradicat , in plateis dat vo
cem fuam . (Salomon , lib. Prov. c, I. V , 20. )
(9) Sapienti : abfconfa be thefaurus invifus,
quce utilitas inutriſque. ( Bib. Sae, lib. Eccle.
fiaftici , ç. 20. V. 32.)
237
tion des gens honnêtes qui ont eu la bcn
hommie de lier commerce avec lui ( ).
On lui dirait : tes pas ont fouillé le par

3 vis du temple ( ), n’entre pas. Et s'il y

- était entré ? Et intravit Jeſus in templur .


Dei eg ejiciebat on es venientes Eger éiscentes
in templo , ego dicit eis : Scriptum eſt : Do
mus mea , dumus orationis , vos autem fe.
ciſtis illamn Spelunciim latronum (9 ). Et on
ſuivrait l'exemple de l'Homme - Dieu.
2º. On avait annoncé ; dans la premiere
circulaire ( r ); le deſir de voir les Freres
d'un autre régime participer à notre en
trepriſe. C'éroit les y inviter ; & c'était
tellement les y inviter , que dans la fe-.
conde circulaire (1) ion avait dit i pour

( 6) Viros fortes & magnanimos , eofdemque bo


nos e ſimplices, veritatis amicos minimeque
fallaces efe volumus: quae funt ex media laude
juſtitiæ . ( Cic. de Offic. l. 1 , c . 19. )
( p ) Erwaris ab hominibus qni anbulant in vias
tembro/as. ( Bibl. Sác. lib. Proverb. c. 2 , P. 13. )
(9) Evangiles Saint Mathieu , c. 21. V. 12 &
13. Saint Marc . c. II , V. 15. & 17. Saint
Luc. c . , V. 45 & 46.
( ) Premiere circulaire , in fine.
( s) Seconde circulaire cinquieme , & fixieme
alinéa .
2389
éloigner Pout obſtacle de la prévenir touté :
d Spure , méfiance Somni intelligerxis
sre les I reres des différens régimes , . 01
safemblera fois l: titre de fimile F. M .;)
& le fort décidera du rang de la
place des Potans. Néanmoins quelques
jours avant l'ouverture du Convent , quel
ques Freres reglent des articles prélimi
maires , par leſquels ils excluent de l'Af
ſemblée les M. d'un autre régime (1) , &
en conſéquence on a renvoyé honteuſe
ment le (u) Député du of & merė loge de
la croiſſance aux trois clefs de Ratiſoonne ;
lc Frere ( x ) à Capite Galeato lui-même ,
n'a pas été admis à repréſenter la loge des
ainis réunis , cette loge ſi reſpectable &
par les principes qui la dirigent & par les
membres qui la compoſent. Eſt - ce avec
une pareille conduire qu'on parvient à réite
nir tous ls Syftemes de la M :. ( )? En
gage -t -on des Corps à ſe réunir , en fe

(0) Articles préliminaires , art. 5. & II .


(u ) Protocole du Convent , dixieme Séance.
() Ibid. vingt-huitieme Séance.
( y) Voyez à la vingt- fixieme Séance , fous
le No. 2. , cette réponſe faite par le S. F.
a Leone refaergente , au nom du Comité.
239
jouant des Membres de ces Corps ; en
chaſſant , pour ainſi dire , leurs Députést?
Lorſqu'on renvoie les Ambaſſadeurs, n'eſt
ce pas le ſignal de la guerre ? „ Réſoudre
Is queſtions es doutes ſur l'origine , la
» filiation et la dénomination de PO , &
» Buurner nos regards vers ſon eſſence ( 2 ). “
c'eſt - à -dire , d'après ce qui avait été poſé
dans les paragraphes précédens de la ſe-,
conde circulaire , chercher le véritable
but de l'Ordre ; c'était le premier objec
des délibérations : or en excluant les Ff.

des autres ſyſtêmes , on ſe privait des lu


mieres qui auraient pu réſoudre les ques.
tions, diffiper les doutes, diriger vers l'ef Seconde
ſence de l'O . Le Convent n'a donc fait ni conſéquence,
ce qu'il a pu , ni ce qu'il a dû pour par
venir à la découverte de l'origine de l'O.,
de ſon but , de ſon eſſence.
3º Avant l'ouverture du Convent on
a fait une loi , par laquelle on a dit que le
H: Chef d'une Province aurait une voix ,

mais que fa Province entiere n'en aurait


que deux ( a ).
Nous avons démontré , dans notre pre
miere & ſeconde Parties , combien cette

( 2 ) Seconde circulaire , quatuorzieme alinéa .


( a ) Articles préliminaires , article 23.
240
loi était injuſte“ (b ), nous ne répéterons
pas les principes; mais poſons un exemple,
pour faire encore mieux ſentir toute l'in
juſtice de cette loi. Vous avez acheté un
bijou , vous l'avez payé. Le vendeur vous
fait actionner pour avoir le prix de fon
bijou. Vous lui répondez : je vous ai payé.
Le Juge vous admettra à la preuve. Vous
avez vingt témoins ; on ne veut pas de
ce tumulte dans la ſalle du Sćnat ; un Com
miſſaire entend tous ces témoins , qui af
firment tous vous avoir vu payer. On ré.
dige par écrit leur dépoſition. Vous venez
enſuite pardevant vos Juges , avec votre
cahier authentique des ſuffrages des ré
moins ; ce cahier ne vaudra- t - il que pour
un ſuffrage ou pour vingt ? Prévaudra -t -it
contre l'enquête contraire que votre ven
deur aura fait faire , dans laquelle il n'aura
fait entendre qu'un témoin qui aura dic
qu'à l'inſtant de l'achat vous n'avez pas
payé ? Qui eſt -ce qui oſeradireque le témoi
gnage eſt égal ? Hé bien ! les pouvoirs en
due forme donnés aux Repréſentans de
chaque 4 Prêf .. , voilà le cahier des en
quutes dont les ſuffrages doivent être
comptés.

( b) pages 29. , 30 , 85. & fuivantes , juſqu'à


In 98e.
241
Veut - on voir un ſecond pieg'e caché
fous cette loi ſyſtématique.
Les Provinces fonr diviſées en Préfec
11 tures : relle Province n'a qu'une ou deux
Préfectures , tandis que d'autres en ont
cinq , ſix & plus; ainſi, 1 °. ue Province
>
qui n'a qu'un établiſſement , aura aurant
d'influence que celle qui' en 'à neuf; ainſi ,
2 °: en ſuppoſant les établiſſemens égaux,
& de vingt Chevaliers par établiſſement,
vingt Chevaliers auront autant de pon
13+
dérance que cent quatre - vingt. Je de
mande à tout homme impartial', fi cela
eſt juſte ? & fi avec une telle loi on peut
fe promettre que les objets arrêtés dans
une Aſſemblée qui ſe conformera à cette
3 loi, feront le voeu de tous les commettans ?
Tout ce qui a été fait conformément à
Troiſieme
cette loi, vicieuſe en elle - même , loi qui conſéquence .
répugne à tous les principes de la juſtice
TH & de l'honnêteté , ne peut avoir, d'exécu
tion , ne peut même pas être confirmé ;
parce qu'il eſt infecté d'un vice radical ,
dont il eſt impoſſible d'effacer l'empreinte.
Réſumons les trois conſéquences qui
3 dérivent des principes.
Le Convent de Wilhelmſbad eſt un Premiere
conséquence,
Convent imparfait, pour n'avoir pas ſtatué
ſur dix queſtions importantes annoncées
dans les circulaires.
e
1

1
242
Seconde Le Convent n'a fait ni ce qu'il a pu ,
conſéquence.
ni ce qu'il a dû , pour parvenir à la décou
verte de l’Origine de l’O: & de ſon but.
Troiſieme Les arrêtés de ce Convent font infectés
conſéquence d'un vice radical.

Je laiſſe à tout homme ſenſé à tirer la


conſéquence ultérieure.
Quoique nous puiſſons nous borner à
1
ce réſumé ſuccinct , parcourons cependant
encore ce champ vaſte qu'offrent les ac
res du Convent ; mais faiſons- le rapide
ment & n'en arrachons que les ronces

les plus épineuſes.


Nous ne parlerons plus du renvoi du
Député de Ratiſoonne ( c ), qui devenait
bien plus offenfant après l'admiſſion de
celui de Ruſſie & de ceux d'Autriche ( d ).
Paſlons auſli fous ſilence les différentes
faces ſous leſquelles on a préſenté le ſujet
principal ( e ) du Convent ; ce qui prouvę
qu'on ne s'entendait pas , ou qu'on ne
veulait pas s'entendre , ou que la matiere
n'était pas digérée. Trois aſpects égale
ment défavorables.

Le premier objet qui ſe préſente, eſt la

(0) Dixieme Séance.


( d ) Sixieme & huitieme Séancesa
( e) 3, 4, 5, 7, 8 & 12 : Séances,
243
diſcuſſion de la queſtion principale propoä
fée généralement dans la premiere circúr
laire (f ) , ( but de l'O.) préſentée avec plus
de détail dans la ſeconde circulaire ( g).
3) Réſoudre les queſtions & doutes fut
i l'origine , la filiation & la dénomination
» de l'O . , & tourner en même temps nos
» regards vers ſon effence.co
Ne fallait - il pas propoſer ces queſtions ,
poſer ces doutes , déterminer cette effence
de l'O . ?
Nous avons vu qu'on devait s'alfem .
bler ( h) & qu'on s'eſt affemblé M.: ( i ),
pour pouvoir faciliter l'entrée du Conz
vent aux M . :. des autres régimes ; c'eſt dire
auſſi des autres ſyſtèmes , que celui qui
dominait dans le régime, qui a provar
qué le Convent. Mais on ne les y a pas
appellés; & il s'en eſt préſenté qu'on a ren
voyés , quoiqu'ils fuſfent venus ſur la com
munication des circulaires que leur one
faites des Ff. zélés , qui ſe ſont en cela
conformés au deſir du S. G. S. ( k )

f) Premiere circulaire , No. 5 .


( g ) Seconde circulaire , S. 14 .
( h ). Seconde circulairë , f. 6.
(1) Articles préliminaires, article 4
(1 ) Premiere circulaires vers la fin
244
Cependant on ne pouvait pas réſoudre
les queſtions & les doutes ſur l'origine de
l'Q ., fans le concours de ceux qui pré
tendaient connaître l'eſſence de l'O . , fon
but , ſon origine. Ceux qui ont aſſiſté au
Convent , ne connaiſſent pas les titres
& probabilités des autres ſyſtêmes. Voilà
un vice radical , qui a empêché que le
Convent n'eût cette réunion de lumieres
néceſſaire pour décider la queſtion prin
: cipale.
Nous avons vu qu'on n'a pas parlé dans
le Convent de l'eſſence de l'O. , qu'on n'a
pas fixé eſſentiellement ſon bur. Autre
vice .
N'a - t - on pas laiſſé entrevoir un fyſ
tême qui eſt reſté concentré entre quelques
Individus ? On en a la preuve ( 1 ). Voilà
de la mauvaiſe foi d'aurant plus impar

( 1) La M .. a conduit de tout temps , par c6


myſtere de l'ancien Ternaire > à un développe
ment des plus grandes lumieres. Celui qui le
connait eſt ſatisfait de l'y trouver , celui qui en
doute ou le nie. peut être ramené un jour à cette
vérité & en ſavoir gré alors. Dix - ſeptieme Séance
du 16 Août . Pourquoi un jour ? Pourquoi pas
au moment où cette explication pouvait être
la plus intéreſſante ? Si elle était juſte elle eût
levé bien des obſtacles.
245 .
donnable qu’on profitait des -lumieres d'au- Quatrieme
conſéquence.
trui, & qu'on refuſait la communication
des fiennes. Troiſieme vice .

Ne peut - on pas conclure que le but


. n'était que de détruire tous les fyftêmes ;
fans en examiner les preuves ou les pro
babilités , pour n'en laiſſer ſubſiſter qu'un
feul ?
Mais ce ſeul ſyſteme, pour le faire adop- conſéquence.
ter , ne fallait- il pas l'expoſer , l'appuyer
de preuves ou de probabilités fi frappan
tes ' , qu'elles euſſent convaincu ; tout le
La Convent ? Et on ne l'a pas fait. Ne doit
on pas conclure de cette conduite , que les
partiſans de ce ſyſtème inconnu avaient
1 machiné , manæuvré , pour parvenir à leur
but. Machiné en faiſant des initiations
clandeſtines , afin d'obtenir un certain
nombre de fuffrages ; manæuvré en leur
rant par des proineſſes quelques - uns de
Ceux qu'on n'initiait pas ? Et que le moyen
de machiner était facile ! Deux Freres (712)
reſpectables à tant d'égards avaient , l'un
deux ſuffrages effectifs , l'autre deux
éventuels. Les Machinateurs étaient aſſu
rés au moins de trois , en initiant les Mes,

( m ) Le S. G. S. & le F. d Leone reſurgente;


comme Maître -Provincial de deux Provinces,
246
Prov. ou leurs Repréſentans ; ils obte
naient quatre ſuffrages de plus. Cela fain
fait onze voix ; quelques autres initiations
procuraient des voix dans les conclaves
provinciaux ; & c'érair là qu'on pouvait
manæuvrer à grandes rames . Ajoutez à
tout cela l'eſpérance de trouver dans quel
ques Freres, ou de la condeſcendance pour
les Princes , où de la confiance pour ces
hommes myſtérieux qui parlent comme
a parlé Ariſtote lorſqu'il trouvait dans
des mots barbares la conſtruction de ſes
fyllogiſmes.
Paffons à d'autres objets,
: Si l'on vérifie les dares dies. Séances ,
on trouve unie inaction de deux jours en
tre la

une de deux jours entre la neuvieme &


la dixieme , une d'un jour entre la dou
zieme & la treizieme 2 contrairement
au preſcrit des articles préliminaires (12),
qui voulait que les interruptions de tra
vail fuſſent décidés à la pluralité des ſuf
frages : or il ne confte pas de ces fuffrages
dans les actes. On trouve enfin une lacune
de douze jours entre la quatorzieme &
quinzicine Séance ; il est vrai qu'on avait

( a ) faticles 2 & 3 ,

1
247
propoſé cette derniere ſuſpenſion pour
préparer les matieres dans les Comités 3
Septiema
n'en peut - on pas conclure que le temps
confequencei
3 de ces ceſſations de travail commun a été
employé aux initiations clandeſtines ? Et
ſi l'on fait attention que ces interruptions
de travail ſe trouvent préciſément inter ,
I caller les opinions ſur la queſtion de la filia
tion des T. , & précéder conſéquemment
R immédiatement la déciſion de cette queſ
tion ; n'en concluera - t -on pas que ces ini Huitiemo
tiations avaient pour but de faire tomber conléquenceg

le ſyſtème des T.; & que prendre des voies


auſſi tortueuſes , c'eſt le conduire indé
cemment & fe jouer de la bonhommie
de la confiance de ceux qui ont envoyé
des Députés au Convent ; que c'eſt faire
: perdre le temps aux Mandataires & voler
for l'argent des Mandans ?
Vouliez - vous établir un ſyſtème plus
yrai , plus honnête , il fallait le confier de
bonne foi ; vous deviez être aſſuré de la
diſcrétion de vos Ff.
Et parce que (6) les S. G. S. , ainſi que
les Mes. Provinciaux , avaient chacun une
voix équivalente à la moitié de celles
d'une Province ; & parce qu'une Province
qui n'avait que vingt à frente Membres ,

(6 ) Articles préliminaires , article 23.


248
avait autant de voix que celles qui comp
taient cent , deux , trois & quatre cens
Membres dans leur arrondiſſement , ce qui
produiſait une inégalité monſtrueuſe ; n'en
Neuvieme doit - on pas conclure que la queſtion ſur
conſéquence. la filiation des T., ainſi que les cinq ſub

ſéquentes, ont été nullement , incompé


temment jugées.
Et parce que les Votans, dans l'igno
rance ſans doute des principes des proba
bilités , dont un fondamental eſt que , dans
l'incertitude , on doit ſuſpendre à ſe déter .
miner & à agir , juſqu'à ce qu'on ait plus
de lumieres ; parce que , dis -je , ils auront
décidé contre un fyftême, quoiqu'ils

avouaſſant qu'il y avait entre ce ſyſteme


& la M .; des rapports jitimes , des rapports
réels et inconteſiables, que ce syſtème était
fondé ſur une tradition conſtante , fur des
inonumens autbentiques , ſur l'explication
des bieroglypbes embêmes M., ce qui
forme une grande ſomme de probabi
licés , ce qui aurait dû au moins faire laiſ
ſer la queſtion dans l'indéciſion ; n'en doit

Dixieme on pas conclure qu'on a jugé la queſtion,


conſéquence. contre tout principe , toute raiſon , d'une
manière infoutenable , impertinente &
inadınillible ?

Et parce qu'on aura jugé que la M..


n'était plus l’O . des T., & qu'on aura ré
249
digé , une proteſtation expreſſe de cette
vérité , & que.cependant on aura ordonné
que les noms des premiers Fondateurs de
l'O, des T. ſeraient placé dans un Grade ,

& qu'on y adapterait le précis de l'hiſtoire


de cet O. , n'en pourra - t -on pas conclure Onzieme
que cette déciſion eſt bien contradictoire', conſéquence.
bien inconſéquente , faite pour en impo
ſer aux Candidats , auxquels on parlera de
choſes qui ne ſont pas de l'eſſence de l'O. ,
& qu'ils croiront néceſſairement être de
ſon eſſence , puiſqu'ils les verront & en
tendront dès les premiers pas qu'ils feront
dans l'O intérieur .
Et parce que l'Ordre intérieur étant
diviſé en deux Grades , le premier pré
ſentera des faits hiſtoriques , qui feront
W préſumer que le ſecond en eſt l'accom
pliſſement ; & contient la preuve de ces
faits , & que le ſecond ne
ſera qu'un
Doucieme
Grade moral ; n'en concluera - t - on pas conſequence.
que c'eſt intervertir tout ordre de choſes ?
Et parce que dans un acte on aura pro
teſté contre la calomnie de l'imputation
faite à la M ... du régime rectifié , · que
la perpétuation des T. avait été juſqu'a
lors fon fyítême; & que cependant , dans
un autre acte du même jour , on aura
conſigné l'aveu que cette perpétuation
avait été juſqu'ici la baſe de ce fyftême ;
150
Treizieme n'en concluera-t -on pas qu'il fallait un grand
conſéquence.
fond d'impudence ou d'inconſéquence pour
propoſer la rédaction d'actes auſſi contradic
oires , & le délire de raiſon le plus' caz
ractériſé pour conſentir à cette rédaction ?
Pourſuivons. On a fait des Grades de
Maçonnerie avec des emblêmes & hiéro
glyphes inintelligibles , pour d'anciens
Maçons , d'excellens Maçons , & ' on leur
a répondu que ces emblêmes & hiéros
glyphes ſe trouvaient dans les cahiers les
plus anciens, ſans en donner la preuves
a ces
emblêmes dans les cahiers des différens,
fyltêmes , pour faciliter la réunion de ces
fýſtêmes , & cependant on avait refuſé
pentrée à des Membres de fyftêmes dif
férens ; enfin on a dit que ces emblêmes
conduiſaient aux connaiſſances des plus
grandes lumieres ; & l'on n'a pas voulų
donner l'explication de ces emblêmes qui
Quatorzjeme annonçaient tant de merveilles ; ne con
contequeace. cluera-t -on, donc pas que c'eſt ajouter l'in
conſéquence au manquement des princi,
pes ſur l'honnête , le jufte & l'utile ?
Et parce qu'il n'avait pas été mis en
queſtion dans les circulaires ſi l'on ferait
Pélection d'un Grand -Maitre (P ) & qu'on

( P ) Je prie mes, Ff, de croire. que je n'ai


en a élu un ; & parce qu'il n'a pas été
mis en queſtion dans les circulaires ſi l'on
priverait les M * . Prov. des grandes Di
gnités annexées à leur titre de M" . Prov .
& qu'on les en a privés , & c. , & c.; n'en Quinzieme
conſequence,
conclura -t -on pas qu'on a décidé dans ce
Convent ce qui n'avait pas été propoſé ,
& qu'on n'a pas décidé ce qui avait été
propoſé ?
Et parce que des Ff. d'un ſyſtème, qui
n'eſt pas tout-à-fair le nôtre , auront pro
mis de découvrir les vrais Supérieurs de
10., & qu'on aura répondu : nous ne
voulons pas de vos Supérieurs ; quoique
deux des principaux articles che la pre
miere circulaire portaſſent : « VONS - 910145
des Supérieuts ? qui font ces Supérieurs ?
& parce que ces mêmes Ff. auraient an
noncé le Rituel manuſcrit des anciens
Fondateurs de l'O . & qu'on n'aura pas
voulu de ce Rituel , parce qu'on venant
d'en fabriquer un ; ne concluera-t-on pas conſequence
avec juſtice que c'eſt raiſonner auſli in
conſéquemment , qu'agir peu honnête

ment , en faiſant ſouſtraction de ces pro

aucunement intention de critiquer le choix refa


pectable qu'on a fait , il ne s'agit , comme on
peut le voir , que de tirer des conſéquences
d'après les faits.
meſſes dépoſées parmi les actes du Con
vent ?
Enfin on avait aſſemblé l’O . le plus
reſpectable ; les Députés étaient cenſés
les plus inſtruits & les plus integres , &
cependant on tenait des Comités ſecrets ;
on confiait à deux perſonnes des Lettres
qu'on ne voulait pas confier à toute l'af
ſemblée ; on racontait à un Comité des faits
dont on ne voulait pas donner la communi
cation à un Convent aſſemblé pour tout
Dix.ſeptieme voir & connaître ; n'en concluera - t -on pas
conſéquence.
que la confiance & la concorde étaient

bannies de cette aſſemblée, qui devait être


reſpectable ? Et ſi la confiance & la con
corde n'ont pu régner dans une aſſemblée
compoſée de l'élite du Corps de la M . :.
Dix- huitieme réunie; n'en doit-on pas conclure qu'il eſt
conſéquence . impoſlible qu'elles regnent dans le Corps
même ; & par une conſéquence finale ',
qu'il n'y a pas de Société plus mal or
donnée ?
Tel eſt , ô , mes Freres ! le triſte &

malheureuſement le trop véritable tableau


des opérations de ce Convent fi deſiré,
qui a fait tant de bruit avant ſa naiſſance.
N'eût- il pas mieux valu qu'il n'eût pas

exiſté ? Il nous a donc appris que les M. '.


n'étaient que des hom nes bien ordinaires ,
qu'ils n'étaient pas même des hommes
.

253
comme il y en a tant , qui n'ont jamais mis
le pied dans le Temple maçonnique .
· Tous ces grands mots de vertu , de fa
geſſe , de bienfaiſance , d'humanité dont
fe plaſtronnent les M.':, n'offriraient - ils
donc que l'image d'une ombre qui cache
l'orgueil , l'ambition , le fanatiſme & l'im
poſture ? Non , mes Ff ., - ne le croyons
pas ; il y a encore des Maçons honnêtes,
vertueux , bienfaiſans, humains, inftruits;
c'eſt à nous à les diſcerner parmi la foule
de ceux qui ſe diſent Mi.; parce qu'ils
ont paſſé par la filiere des Grades maçon
niques. Ceux qui font diſperſés , nous les
réunirons ; ceux qui ſont réunis , nous les
chercherons. Delireux d'apprendre & de
connaître , nous ferons le tour du monde,
s'il le faut, pour trouver ces connaiſſan
5 ces ; nous en demanderons à Berlin , à
Ratiſbone, à Stockholm , à Londres , &
juſques dans les rochers d'Ecoſſe , & nous
trouverons la vérité ; j'en crois à mon
preſſentiment ; qui me dit , d'une maniere
fi convaincante , qu'il eſt impoſſible que
des ames honnêtes ſe refuſent à éclairer
des ames vertueuſes.
Je ſuis perſuadé qu'il y a bien peu de
Com , de Prefectures , & peut - être de
Provinces , qui , après voir lu les opéra
tions de ce Convent , ne diront : qu'a - t
on donc fait dans ce Convent ? Rien .
254
: Rien. Vous vous tromperiez, mes amis .
On a nommé des Ff.. éclairés pour vous
préſenter les codes des loix ; ils feront;
j'en ſuis aſſuré , deux monumens précieux
qui immortaliſeront le Convent de Wil
helmſbad ; & pour enlever les taches qui
terniraient cette gloire , un fecond Con
vent général de tous les M * générale
ment quelconques, qui fe réuniraient pour
donner fanction à ces deux codes ; un fe
cond Convent , auquel les membres fe

préſenteraient avec un eſprit non prés


venu , avec un eſprit de paix & de ' COR
kèorde , & un defir véritable de s'inſtruire ,
ainſi que d'enfeigner ( 7) qui examine
raient de nouveau , avec intégrité, toutes
les queſtions qui ont été propoſées dans
les circulaires : ce ſecond Convent , qui

ne ſerait que la continuation du premier ,


en rectifiant les faires des Séances précé
dentés, ferait vraiment une époque ho
norable pour la M.
C'eſt l'objet de més veux les plus ardens,
Je ne me fuis pas diſſimulé , lorſque j'ai
entrepris cet ouvrage, tous les défagré
mens auxquels je m'expofais ; cependant

( 9) Elo manfuetus ad audiendum verbum , ut


Artelligas : Buntis cuin ſapientia profera's refponfum
w # um . (Bib. Sac . lib . Ecclefiaft. c. 5 , V, 13- )
j'ai eu aſſez de confiance en l'honnêteté,
des FF . dont j'ai eu à combattre le plus
fortement l'opinion , pour croire qu'ils me
ſauraient gré de ma franchiſe ; je n'ai eu ,
je l'aſſure , aucune intention de les offen“ .
ſer ; & fi quelqu'un avait la tentation de
le croire , il prouverait que la méchanceté.
Gége dans ſon cæur ; & dans le mien je
trouverais mon excuſe. Men mibi confcieni
tia pluris eft quàm omnium ſermo ( r..
On me reprochera , peut- être , de n'a
voir pas développé mon ſentiment ſur le
but de la M.'. Je répondrai , 1 que je
n'aurai jamais la préſomption de me croire
infaillible ; 2°.que je n'ai jamais cherché ;
33 ni ne chercherai jamais à entraîner qui
que ce ſoit dans mon opinion ; 3º. enfin

1 que mon but ne devait pas être de mon


trer mon opinion ſur le but de l'Oi , mais
d'analyſer les opérations du Convent ;
d'en montrer les défauts & d'en louer les

opérations eſtimables. Je devais me livrer


à ce travail pénible & ingrat , parce que
le Convent ayant fixé à la Saint Jean d'hi*
ver de l'anée 1783 , le terme auquel on
donnerait ſon approbation, à ſes opéra
tions ; les Ff. de la + de Lor... ayanc
quelque confiance en l'étude que j'ai faite

( Cic. ad Attic. XII , 28.


236
de l'O . & des loix , je devais leur faciliter
l'examen des opérations de ce Convent.
Ce travail ne ſera -t - il que pour la f de
Lorrainé ? Sera - t - il aſſez intéreſſant pour
mériter d'être envoyé à tous les établiſſe
mens du Pris. d'Auſtralie ? Dois - je le
faire en ma qualité de Viſiteur de ce
Prié ? C'eſt ce que je ſoumets à l'exa
men & à la déciſion du of reſpectable à la
tête duquel jai l'honneur d'être. Et je ne
puis choiſir de Juges plus integres , plus
éclairés , plus eſtimables , plus dignes de
mon amitié, de ma confiance reſpectueuſe.

FIN .

7750
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