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leurs vices et leur idéologie qui ont attiré l'attention que les insurgés
ordinaires, leur monde, leur vie, leurs motivations, lesquelles étaient
souvent très différentes de celles de leurs dirigeants. La Commune
compta nombre de partisans sur lesquels l'historien ne sait en général
que très peu de choses, leurs noms eux-mêmes n'ayant souvent pas
été recensés. Il sait cependant qu'il se trouva beaucoup de femmes
parmi les insurgés. Les femmes impliquées dans la dernière des insur-
rections parisiennes furent nombreuses ; présentes dans les clubs et
dans les organisations populaires, elles se transformèrent en ambu-
lancières et en cantinières. Lors des derniers jours, elles construisi-
rent des barricades et prirent les armes pour défendre la Commune.
Ces femmes méritent l'attention de l'historien.
Les images que l'histoire a transmises des femmes de la Commune
ont pris valeur de symboles, voire de mythes, et révèlent à quel point
les interprétations de la tradition révolutionnaire sont polarisées.
Idéalisations des héroïnes de la révolution, incarnations de Marianne
allant au combat, elles brandissent le drapeau rouge du haut des bar-
ricades où elles font face à la mort même ; sacrifiant leur vie dans l'es-
poir que leurs enfants connaîtront un avenir meilleur, elles sont figées
dans un geste ultime de défi et de courage. Les communards eux-
mêmes contribuèrent à immortaliser cette première image. Les
femmes de la Commune donnèrent cependant aussi naissance à
l'image menaçante de la prostituée ou, pire encore, de la pétroleuse ;
tout droit sorties du cauchemar bourgeois, elles hantent les bas-fonds
de la société parisienne ; rongées par le mépris et la jalousie qu'elles
ressentent à l'encontre des riches, elles sont prêtes à brûler et à piller,
à faire périr avec elles le monde civilisé dans une orgie de destruc-
tion. Ce portrait fit de fréquentes apparitions dans les journaux hos-
tiles à la Commune ainsi que dans les procès qui allaient suivre. Pour
évocateurs qu'ils soient, il convient cependant d'essayer de dépasser
ces mythes entretenus par la gauche et par la droite pour se poser
une série de questions, quel que soit le degré de certitude avec lequel
on pourra y répondre. Quels types de femmes participèrent à la Com-
mune ? Pourquoi certaines femmes prirent-elles fait et cause pour la
Commune alors que leurs voisines demeurèrent en revanche indiffé-
rentes ou même hostiles à l'insurrection ? Quelles furent les motiva-
tions des femmes ? Qu'attendaient-elles de la Commune ? Furent-elles
inspirées par sa rhétorique socialiste ou avaient-elles au contraire leur
propre programme, un programme ayant moins trait à la politique
qu'à des questions de survie ? En tant que femmes, quelle fut pour
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Même si leur influence ne toucha en France qu'une petite
minorité, les théories formulées par Marx sur l'impact de l'indus-
trialisation et du capitalisme commençaient aussi à prendre de
l'importance. Les partisans de Marx avaient tendance à éprouver plus
de sympathie pour les droits des femmes, principalement des tra-
vailleuses, et à chercher plus sérieusement à obtenir leur soutien.
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métier de temps à autre. Après le départ de son mari comme franc-
tireur, le patriotisme la poussa à se proposer comme ambulancière
pendant le siège. Nourrir les siens était l'objet d'une lutte quoti-
dienne : non seulement devait-elle subvenir aux besoins de son bébé
âgé de huit mois mais elle avait aussi à sa charge un jeune enfant qui
lui avait été confié par des voisins. Comme elle travaillait, elle ne pou-
vait donner le sein à son bébé : Victorine Brocher et sa mère devaient
donc acheter du lait pour le nourrir. Elles ne pouvaient cependant
rien trouver d'autre qu'un liquide qu'on leur vendait sous le nom de
« lait pure crème » et pour lequel il leur fallait payer en conséquence.
La chose ne ressemblait cependant guère à du lait : « Un jour, mon
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incapable d'organiser efficacement la défense militaire de la cap
Dès le début, il fut clair que la Commune aurait une durée limit
que le dénouement en serait sanglant, comme en juin 1848 : or,
sant fi de cette probabilité, les chefs de la Commune se miren
construire des plans pour un avenir qui n'avait pourtant guère
chance de voir le jour. Elaborés petit à petit, ces plans ne cons
tuaient pas un système cohérent, car les dirigeants passaient en eff
la plupart de leur temps à débattre le type de société dont ils so
taient l'avènement.
Pour Marx (qui observait les événements depuis l'Angleterre) et
pour ses partisans, la Commune se devait de déclarer une guerre
totale au capitalisme et à la bourgeoisie et de s'emparer sans plus tar-
der du pouvoir de l'Etat, en particulier du pouvoir militaire et finan-
cier. Peu de communards adoptèrent cependant ce point de vue, de
sorte que la bourgeoisie parisienne ainsi que les banques et autres
institutions financières purent vaquer en toute quiétude à leurs occu-
pations habituelles pendant toute la durée de la courte vie de la Com-
mune ; beaucoup de bourgeois avaient toutefois pris la précaution de
transférer leur argent hors de Paris. Les communards préféraient la
tradition des révolutions purement politiques : de fait, ils étaient diri-
gés par des néo-jacobins comme Delescluze, qui n'était autre qu'un
vétéran de la révolution de 1848. Pour beaucoup, les droits des tra-
vailleurs et le socialisme coopératif avaient plus d'importance encore.
Même si les ouvriers comptaient pour moins de la moitié de ses
membres, la Commune fut en effet la première institution politique à
se préoccuper des droits et des opinions des classes laborieuses. Un
certain nombre de coopératives de production furent ainsi créées
pour que les ouvriers pussent contrôler leurs conditions de travail.
Enfin, voyant dans la Commune l'institution municipale idéale sur les
plans politique et social, certains demandèrent la mise en place dans
toute la France d'un réseau fédéral de communes. Un tel désir de
décentraliser le pouvoir politique allait bien sûr à l'encontre du
concept marxiste d'un gouvernement central fort dirigeant au nom
de la classe ouvrière. Mais peut-être faut-il surtout voir dans la Com-
mune un « festival des opprimés », pour reprendre les mots d'Henri
Lefebvre, car elle donna la parole aux travailleurs ordinaires qui ten-
tèrent alors de transformer leur vie et de s'ouvrir de nouvelles possi-
bilités : cette atmosphère de carnaval dura jusqu'à la dernière
semaine où vécut la Commune.
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écoles qui existaient déjà. La veille du jour où les troupes versaillais
entrèrent dans Paris, un comité composé de femmes et comprena
André Léo et Anna Jaclard, qui avait en commun avec Elizabeth Dm
trieff des origines russes et aristocratiques, se vit confier la responsa
bilité d'organiser et de contrôler les écoles de filles. Maria Verdur
Félix et Elie Ducoudray ébauchèrent un projet de garderies au no
de la Société des amis de l'enseignement. Ces garderies étaient ce
sées à la fois aider les mères qui étaient obligées de travailler et offri
un début d'éducation aux petits enfants. Dans l'intérêt de ces de
niers, il était stipulé que les garderies devaient être des endroits
stimulants et gais afin d'éviter tout ennui chez les enfants : elle
devaient employer un nombre suffisant de femmes jeunes
enjouées ; il devait y avoir un jardin, une volière pleine d'oiseaux
beaucoup de jouets intéressants ; il convenait enfin de pouvoir y d
penser de véritables soins médicaux. Comme tant d'autres projets é
borés par la Commune, ces garderies ne furent jamais qu'un proje
elles suggèrent néanmoins que, dans une grande mesure, les mèr
de la Commune partageaient les préoccupations de toutes les mère
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Richoux, fut ainsi jugée et condamnée à la déportation pour avoir
donné à manger et à boire à ceux qui défendaient la barricade de sa
rue et pour avoir encouragé les plus timorés en disant : « Courage,
mes enfants, dépêchez-vous, nous viendrons à bout de ces cochons de
Versaillais » [4e conseil de guerre, n° 106]. Certaines chargèrent les
fusils. D'autres construisirent des barricades de leurs propres mains.
Les femmes qui défendirent activement la Commune n'étaient pas
toutes des femmes du peuple, car on en vit qui portaient des robes de
soie. Les femmes des halles, qui s'associèrent pour construire une bar-
ricade de vingt mètres de long à l'angle de la place Saint-Jacques et
du boulevard Sebastopol, représentèrent sans doute un cas plus
typique. Sur la place du Panthéon, un groupe de femmes et d'enfants
érigea une barricade en chantant, une fois encore, le « Chant du
départ ». Certaines prirent elles-mêmes les armes pour aller au com-
bat : cent vingt femmes défendirent ainsi la barricade de la place
Blanche où elles furent finalement massacrées. Blanche Lefebvre, qui
était membre du comité de l'Union des femmes, était parmi elles. On
pourrait multiplier de tels exemples car les femmes jouèrent un rôle
beaucoup plus important dans les combats de rue de la Commune
que dans ceux des révoltes parisiennes antérieures.
Tandis que les uns se battaient, les autres regardaient. Certains des
spectateurs étaient du côté de la Commune sans pour autant souhai-
ter se mêler personnellement au combat ; d'autres étaient en
revanche indifférents ; beaucoup enfin étaient franchement hostiles.
Des deux côtés, on dénonça ses voisins ; il y eut des insultes, des arres-
tations, des exécutions sommaires. Les vieux soupçons et les vieilles
querelles refirent surface dans cette atmosphère survoltée dans
laquelle quelques mots, voire une expression ambiguë, pouvaient
mener à la mort. Là aussi, les femmes jouèrent leur rôle, en tant que
voisines cette fois. Selon le journaliste communard Lissagaray, « du
BIBLIOGRAPHIE
Archives
Ouvrages
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