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Institut Universitaire d'Abidjan

II Plateaux, rue L40, 01 BP 12159 Abidjan 01, tel. 22422265 / 07231862 /45842102 / 66040081
Fax: 22 42 27 24 / www.iua-ci.org

LES MANUELS DE COURS DE L’INSTITUT


UNIVERSITAIRE D’ABIDJAN (IUA)
Année universitaire 2020-2021

SCIENCE JURIDIQUE

Deuxième année de Licence

Semestre 3
Volume 2
Les manuels de l’Institut Universitaire
d’Abidjan
Édition 2020-2021
o
N IUA-2020/DROIT/L2/S3

Licence 2 DROIT
Semestre 3

Volume 2

IL EST FORMELLEMENT INTERDIT DE REPRODUIRE CE


LIVRE SOUS QUELQUES FORMES QUE CE SOIT. Tous
droits de traduction, d’adaptation et de
reproduction par tous procédés réservés pour tous
pays. Conformément à la loi no 96-564 du 25 juillet 1996
relative à la protection des œuvres de l’esprit et aux droits
des auteurs, le photocopillage de cet ouvrage expose son auteur à des sanctions
pénales et civiles prévues par les articles 64 et 65 de ladite loi.

Collection Monde universitaire

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Les Manuels de l’Institut Universitaire d’Abidjan / 2020-2021

Note introductive

Ce manuel de cours est élaboré pour aider les étudiants de l’Institut


Universitaire d’Abidjan (IUA) dans l’apprentissage des enseignements qui
leur sont dispensés.

Il regroupe l’ensemble des supports de cours du semestre. Ces documents


ont été confectionnés par les Enseignants titulaires des formations. Ils
comprennent non seulement les notes de cours mais aussi diverses
informations en rapport avec les sujets abordés et représentant un
approfondissement des enseignements.

Le corps de chaque cours comprend les éléments suivants pour chaque


chapitre :
1. Le contenu du chapitre,
2. Quelques lignes représentant les points à retenir après lecture du
chapitre,
3. Une bibliographie spécifique au chapitre pour inciter l’apprenant
à approfondir ses connaissances sur le sujet,
4. Des exercices d’assimilation avec différents niveaux de difficulté
pour tester l’apprenant quant à la compréhension du chapitre.

L’élaboration des documents a été supervisée par les Professeurs de rang


magistral des différentes filières qui les ont consolidés et validés.

L’Institut Universitaire d’Abidjan veut, à travers ces manuels, améliorer


notablement la qualité de la formation de ses étudiants par la mise à leur
disposition d’un savoir inégalé dans leur domaine de spécialité.
L’usage au quotidien de ce manuel comme document de travail par les
étudiants leur garantira un haut niveau de formation, ce qui constitue un
avantage comparatif sur le marché du travail devenu très sélectif et exigent.

La direction de l’Institut Universitaire d’Abidjan souhaite un bon usage de


ce manuel à tous les étudiants et formule le vœu de les voir tous réussir en
fin d’année.

Aka KOUAMÉ
Président de l’Institut Universitaire d’Abidjan

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NOS FORMATIONS
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUE ET FACULTÉ DES SCIENCES
POLITIQUE ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
DÉPARTEMENT DE DROIT DÉPARTEMENT DES SCIENCES
Droit Privé et Public Ivoirien ÉCONOMIQUES
Droit Privé et Public Français Économie Pure
Économie Monétaire et Bancaire
DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE Stratégies de Développement
Politiques Publiques et Bonne Gouvernance
Affaires Internationales et Diplomatie DÉPARTEMENT D’ADMINISTRATION
DES AFFAIRES
FACULTÉ DES SCIENCES ET Comptabilité
TECHNOLOGIES Finances
DÉPARTEMENT DE MATHÉMATIQUES ET Marketing
INFORMATIQUE Logistique
Actuariat Gestion des Ressources Humaines
Génie Logiciel
DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE
DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA
L’INGÉNIERIE COMMUNICATION
Mécanique Énergétique Publicité Marketing
Génie des Procédés Communication Numérique
Génie Civil Communication des Organisations

DÉPARTEMENT DES SCIENCES PHYSIQUES DÉPARTEMENT DES SCIENCES


Sciences Physiques SOCIALES APPLIQUÉES
Études du Développement

FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET


SCIENCES HUMAINES
DÉPARTEMENT CINÉMA AUDIOVISUEL
Cinéma
Production Audiovisuelle (télé, radio,
montage)

DÉPARTEMENT DE MUSIQUE
Musique et Musicologie (composition
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instrumentale, électro-acoustique)
II Plateaux, 7ème tranche rue L40, Carrefour Cascades, Lot 3016, Illot 251 BIS 01 BP 12159 Abidjan 01 – Tel : 22 42 22 65 / 07 23 18 62 /
www.iua-ci.org / info@iua-ci.org
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L’ENVIRONNEMENT D’ETUDES

Un personnel enseignant et administratif qualifié, accueillant et disponible


Des ressources didactiques et pédagogiques de pointe
 Les Salles Multimédias
 Les Salles Climatisées
 La Salle de Marchés
 La Salle visio conférence
 Les Bibliothèques Physique et Virtuelle
 Une plateforme de E-learning : Blackboard

Bibliothèque Virtuelle Une des salles des ordinateurs Salle de Marchés

Services d’accompagnement
 La mobilité étrangère et Coopération Internationale

Aeroport FHB, départ des étudiants


de l’IUA pour l’Université de Nantes Visite du Responsable de la mobilité aux étudiants à Nantes

 Le Centre de Formation Pratique (CFP)


 Le Centre de Promotion à l’Initiative Privée (CPIP)
 Le Service d’Insertion Professionnelle (Stages et Emploi)
 Le Service de Transport des étudiants
 Un Laboratoire de Langue
 Le Service de Restauration
 Le Service médical Cars des étudiants
 Les Activités Socio-culturelles et Sportives

Club Humanitaire de l’IUA Equipe de Football

Les étudiants de l’IUA avec l'ancien


ambassadeur américain Philippe Carter
III lors d'une campagne de planting au
Jardin Botanique de Bingerville
Equipe de Basket Equipe de Football
ème
II Plateaux, 7 tranche rue L40, Carrefour Cascades, Lot 3016, Illot 251 BIS
Page
01 BP 12159 Abidjan 01 – Tel : 22 42 22 65 / 7
07of
23310
18 62 / www.iua-ci.org / info@iua-ci.org
DANS LA MÊME COLLECTION

Département de Science Juridique


 Manuel de cours de Licence 1 droit  Manuel de cours de Master 2 fiscalité
général des entreprises
 Manuel de cours de Licence 2 droit  Manuel de cours de Master 2 droit des
général affaires
 Manuel de cours de Licence 3 droit  Manuel de cours de Master 2 droit des
public affaires et management
 Manuel de cours de Licence 3 droit privé  Manuel de cours de Master 2 droit
international et humanitaire
 Manuel de cours de Master 1 droit privé  Manuel de cours de Master 2 droit
 Manuel de cours de Master 1 droit public bancaire et marchés financiers

Département d’Administration Des Affaires


 Manuel de cours de Licence 1  Manuel de cours de Master 1 sciences
 Manuel de cours de Licence 2 comptable et financières option Finances
 Manuel de cours de Licence 3  Manuel de cours de Master 1 sciences
Management option Marketing comptable et financières option Finances
 Manuel de cours de Licence 3 d’entreprise
Management option Logistique  Manuel de cours de Master I Sciences
 Manuel de cours de Licence 3 sciences comptables et financières option gestion
comptable et financières option des risques en assurance et finance
comptabilité  Manuel de cours de Master 1
 Manuel de cours de Licence 3 Management option Logistique
Management option Manuel de cours de  Manuel de cours de Master 2
Gestion des ressources humaines Management option Logistique
 Manuel de cours de Licence 3 sciences  Manuel de cours de Master 2
comptable et financières option Finances Management option Marketing
 Manuel de cours de Master 2 sciences
 Manuel de cours de Master 1 comptable et financières option
Management option Marketing comptabilité
 Manuel de cours de Master 1 sciences  Manuel de cours de Master 2
comptable et financières option Management option Gestion des
comptabilité ressources humaines
 Manuel de cours de Master 1  Manuel de cours de Master 2 sciences
Management option Gestion des comptable et financières option Finances
ressources humaines  Manuel de cours de Master 2
Management option Logistique

Département de Science Politique


 Manuel de cours de Licence 1  Manuel de cours de Master 2 option
 Manuel de cours de Licence 2 Politiques publiques et gouvernance
 Manuel de cours de Licence 3  Manuel de cours de Master 1 option
Affaires internationales et diplomatie
 Manuel de cours de Master 1 option  Manuel de cours de Master 2 option
Politiques publiques et gouvernance Affaires internationales et diplomatie

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Département de Mathématiques-Informatique
 Manuel de cours de Licence 1  Manuel de cours de Licence 3
 Manuel de cours de Licence 2
Mathématiques appliquées  Manuel de cours de Master 1
 Manuel de cours de Licence 2  Manuel de cours de Master 2
Informatique

Département d’Ingénierie
 Manuel de cours de Licence 1
 Manuel de cours de Licence 2
 Manuel de cours de Licence 3

 Manuel de cours de Master 1


 Manuel de cours de Master 2

Département d’Études du Développement


 Manuel de cours de Licence 1
 Manuel de cours de Licence 2
 Manuel de cours de Licence 3

 Manuel de cours de Master 1


 Manuel de cours de Master 2

Département des Sciences Économiques


Manuel de cours de Licence 1
Manuel de cours de Licence 2
Manuel de cours de Licence 3

Manuel de cours de Master 1


Manuel de cours de Master 2

Département de Science de l'Information et de la Communication

Manuel de cours de Licence 1


Manuel de cours de Licence 2
Manuel de cours de Licence 3

Manuel de cours de Master 1


Manuel de cours de Master 2

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Présentation du programme de Licence en Droit

1. Objectif général
Adapté aux programmes du même genre en vigueur dans les universités publiques
ivoiriennes et inspiré des programmes des universités nord-américaines et européennes,
la licence en Droit de l’IUA offre une formation juridique générale de base donnant la
possibilité aux étudiants de poursuivre leurs études jusqu’au plus haut degré de
qualification (Master, Doctorat). Il permet aussi d’entrer directement dans la vie active
(concours administratifs de catégorie A, emplois dans le secteur privé). Selon les
secteurs d’activité vers lesquels les étudiants souhaitent s’orienter, il leur est conseillé
d’opter lors de la troisième année pour la spécialité Droit privé ou public.
Le programme de licence en Droit de l’IUA permet aux étudiants d’acquérir des
connaissances sur l’ensemble du domaine du Droit : Droit privé, Droit public, histoire
du Droit, Science politique, Économie politique, etc.
Il permet de :
- Donner une formation générale en Droit privé et Droit public afin de permettre
la poursuite d’études en master.
- Offrir l’apprentissage de la méthodologie, de l’analyse et des techniques du
Droit nécessaires pour travailler dans toutes les branches du Droit.
- Outiller les étudiants à la gestion et à l’analyse juridiques.
- La préparation aux différents métiers du Droit donnant accès à l’administration
et aux entreprises.
- La spécialisation dans l’une des carrières du Droit.
Plus précisément, ce programme vise à assurer aux étudiants :
- Une solide formation de base en Droit permettant d’entrer en première année de
Master, de présenter certains concours de la fonction publique, de postuler à des
emplois relevant de ce niveau d’études ou créer leur propre entreprise.
- L’acquisition d’une grande culture générale lors des trois années du cycle de
formation.
- La familiarisation avec les structures et le fonctionnement des principales
institutions législatives, judiciaires et politiques.

2. Objectifs spécifiques
Selon l’option choisie, les compétences attendues sont les suivantes :
Pour l’option Droit privé
- la maîtrise de tous les aspects liés à l’ingénierie juridique, comptable, fiscale et
financière inhérente à la gestion de l’entreprise et des personnes ;
- la rigueur de raisonnement ;
- la méthodologie du travail universitaire ;
- la connaissance de l’environnement juridique et économique ;
- la connaissance des métiers du Droit ;
- les contraintes liées à une activité professionnelle.
Pour l’option Droit public
- la maîtrise de tous les aspects liés à l’ingénierie juridique inhérente à la gestion
de l’administration ;

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Les Manuels de l’IUA – Licence 2 DROIT / Semestre 3

SOMMAIRE

DISCIPLINE ENSEIGNANT PAGE

Droit administratif général Professeur Yédoh Sébastien LATH 14

Finances publiques Lama NOULA 68

Droit des Obligations 2 Dr. Samy 161

English for law Amelie KOUADJO 283


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Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

Institut Universitaire d'Abidjan

Droit administratif
général
Professeur Yédoh Sébastien LATH

0
Droit administratif général

Droit administratif général


Professeur Yédoh Sébastien LATH

❖ Organisation structurelle et fonctionnelle de


l’Administration
❖ Contrôle Juridictionnel de l’Administration

1
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

Sommaire

LIVRE 1 L’ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION ...................... 4


Première partie L’organisation structurelle de l’Administration : les
structures administratives ......................................................................... 4
Titre 1 Les considérations générales : les principes généraux de
l’organisation administrative ..................................................................... 4
Titre 2 La structuration de l’administration ivoirienne ............................ 6
Deuxième partie L’organisation fonctionnelle de l’Administration :
l’action administrative ............................................................................. 18
Titre 1 Le principe de base de l’action administrative : la légalité
administrative .......................................................................................... 18
Titre 2 Les formes de l’action administrative .......................................... 19

LIVRE 2 LE
CONTRÔLE JURIDICTIONNEL DE L’ADMINISTRATION ............ 26
Première Partie : La responsabilité administrative ................................ 26
Titre 1 Le régime général de la responsabilité administrative .............. 26
Titre 2 Les régimes spéciaux de responsabilité administrative ............ 29
Deuxième Partie Le recours pour excès de pouvoir............................... 40
Titre 1 La mise en œuvre du recours pour excès de pouvoir ................ 40
Titre 2 La portée du contrôle par la voie du recours pour excès de
pouvoir ..................................................................................................... 41

2
Droit administratif général

Introduction générale
I- Définition du droit administratif
- La définition organique : le droit administratif est le droit de
l’administration.

- La définition matérielle : le droit administratif est le droit spécial


régissant l’action administrative

II- L’objet du droit administratif : l’Administration


Le droit administratif a pour objet l’administration dans son organisation et
son fonctionnement. Le régime administratif assure non seulement
l’organisation de l’administration, mais aussi la règlementation ou la
régulation de l’action administrative.

III- Les caractères du droit administratif


- Les caractères tenant aux sources : le droit administratif est présenté
comme un droit fondamentalement (essentiellement) jurisprudentiel et aussi
comme un droit juridiquement autonome.

- Les caractères tenant à l’objet : le droit administratif a pour objet


l’administration. En cela, il revêt un caractère inégalitaire et par ailleurs un
caractère conciliateur.

3
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
LIVRE 1
L’ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION
……………………………………………………………….

Première partie
L’organisation structurelle de l’Administration :
les structures administratives
Titre 1
Les considérations générales :
les principes généraux de l’organisation administrative

Chapitre 1
La définition de l’administration et
les formes d’organisation administrative

Section 1- La définition de l’administration

- Dans une approche sociologique, l’administration est appréhendée


comme une institution publique intermédiaire investie d’un pouvoir
subordonné.
- Dans son approche juridique, l’administration fait l’objet d’une double
définition : une définition organique et une définition matérielle.

Section 2- Les formes d’organisation de l’Administration


- Le critère géographique permet de distinguer l’Administration centrale
et l’Administration locale ;
- Le critère fonctionnel permet de distinguer l’Administration générale et
l’Administration spéciale ou spécialisée.

4
Droit administratif général

Chapitre 2
Les procédés (techniques)
d’organisation administrative

Section 1- Un procédé autoritaire : La centralisation


La centralisation est un procédé technique d’organisation administrative qui
consiste à reconnaitre l’État comme la seule autorité compétente pour gérer
tous les problèmes de la Nation.

Section 2- Un procédé non autoritaire : La décentralisation


La décentralisation est un procédé d’organisation administrative qui consiste
à conférer des pouvoirs de décision à des organes locaux distincts de ceux
de l’État. Ces organes locaux ou organes décentralisés représentent les
intérêts des populations. On parle alors de collectivités territoriales ou de
collectivités locales qui s’opposent aux circonscriptions administratives : il
s’agit notamment de la commune, de la région.

Chapitre 3
Les techniques de contrôle de l’administration
Section 1- Des techniques de contrôle interne : le contrôle administratif
- Le contrôle hiérarchique : est interne à l’administration et exercé par le
supérieur hiérarchique sur son subordonné.
- Le contrôle de tutelle : est également un contrôle interne à
l’administration qui est exercé par l’autorité de tutelle (généralement le
ministre chargé des collectivités décentralisées). Aux termes de l’article 47
de l’ordonnance de 2011 d’orientation sur l’organisation de l’administration
territoriale en Côte d’Ivoire, « la tutelle de l’État sur les collectivités
territoriales est exercée par le Ministre en charge de l’Administration du
territoire ».

5
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
- Le contrôle par une autorité administrative indépendante : Les
autorités administratives indépendantes font partie intégrante du système
administratif.

Section 2- Une technique de contrôle externe : le contrôle juridictionnel


Le contrôle juridictionnel est un contrôle externe à l’administration, qui est
exercé par les juridictions nationales régulièrement habilités. En Côte
d’Ivoire, le contrôle juridictionnel de l’administration est exercé par les
tribunaux de première instance et leurs sections détachées, la Cour d’appel ;
ainsi que la chambre administrative de la Cour suprême.
Le contrôle juridictionnel peut prendre plusieurs modalités dont les
principales sont opérées à travers le recours pour excès de pouvoir et le
recours en responsabilités administratives.

Titre 2
La structuration de l’administration ivoirienne

Chapitre 1
L’administration centrale
Section 1- La Présidence de la République
L’institution de la présidence de la République est animée principalement
par le Président de la République. Depuis, la réforme constitutionnelle de
2016, un poste de Vice-Président est institué. En effet, l’article 53 de la
constitution du 8 novembre 2016 dispose : « L’exécutif est composé du
Président de la République, du Vice-Président de la République et du
Gouvernement ».

Section 2- La Primature
La Primature est animée principalement par le Premier ministre qui est le
chef du gouvernement. Mais dans le même présidentialisme en vigueur en
Côte d’Ivoire, le Premier ministre n’est en réalité qu’un primus inter pares.
6
Droit administratif général

Section 3- Le département ministériel


Le département ministériel relève de l’administration techniquement
déconcentrée, même s’il s’intègre dans l’administration centrale. Il est dirigé
par un ministre, qui est également un membre du gouvernement.

Section 4- Les autorités administratives indépendantes


Une autorité administrative indépendante est une autorité relevant de
l’administration centrale de l’État et affranchie de la hiérarchie
administrative.
Alors que la majorité des autorités administratives indépendantes
bénéficient d’une qualification textuelle, formelle et explicité, certains
organismes particuliers revêtent d’un statut non explicite. Toutefois, ceux-
ci peuvent implicitement être assimilés à des autorités administratives
indépendantes au regard de leurs modalités d’organisation et de
fonctionnement.

Chapitre 2
L’Administration territoriale
Section 1- L’administration déconcentrée
Les différentes circonscriptions administratives
• les régions ;
• les départements ;
• les sous-préfectures ;
• les villages.

Section 2- L’Administration décentralisée

L’Administration décentralisée :
• les régions ;
7
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

• les communes ;

Section 3- L’Administration districale


Le District Autonome exerce ses compétences à travers les organes suivants
:
-le Conseil du District Autonome ;
- le Bureau du District Autonome ;
- le Gouverneur du District Autonome.

8
Droit administratif général

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

9
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE CHAPITRE

• Textes :
• La loi n° 2014-452 du 05 août 2014 portant mode de création, attributions,
organisation et fonctionnement du district autonome ;
• La loi n° 2014-453 du 05 août 2014 portant statut du District Autonome
d'Abidjan ;
• La loi n° 2014-454 du 05 août 2014 portant statut du District Autonome
de Yamoussoukro.

• Ouvrages :
- Francis WODIE et Martin D. BLEOU, La Chambre administrative de la
Cour suprême et sa jurisprudence, Economica, Paris, 1981
- Jean RIVERO et Jean WALINE, Droit administratif, 17e édition, Dalloz,
Paris, 1998.
- Marceau LONG, Posper WEIL, Guy BRAIBANT, Pierre DELVOLVE et
Bruno GENEVOIS, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative,
18e édition, Dalloz, Paris, 2011.
- René CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, Montchrestien, 15e
édition, Paris, 2001.

• Articles :
- Jean RIVERO, Existe-t-il un critère du droit administratif ?, RDP, 1953,
p. 279 et s.
- Yédoh Sébastien LATH, Les caractères du droit administratif des Etats
africains de succession française. Vers un droit administratif africain
francophone ?, Revue du Droit Public et de la science politique en France
et à l’étranger, n° 5, 2011, p. 1255 à 1288

• Arrêts :
- CSCA, Etat de Côte d’Ivoire c/ Nomel Agness Antoinnette, du 18 janvier
2012, arrêt n° 02.
- CACS, 30 juillet 1997 : Dame Néméhou née Kinda Assiata Opportune c/
ministère de l’emploi et de la fonction publique, in : Martin BLEOU
Djezou, Les Grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne
(GAJAI), CNDJ, Abidjan, 2012, p. 14 et s.
- CACS, 18 mai 2005 : Dagbo Godé Pierre c/ la Primature, in GAJAI, p.
39 et s. 10
Droit administratif général

EXERCICES D’ASSIMILATION

Exercice 1 : Commentaire.

« En effet, dans les pays de tradition romaniste, c’est-à-dire les pays


du continent européen ayant puisé l’inspiration de leur droit dans l’étude
scientifique du droit romain, le droit administratif est entendu comme
l’ensemble des règles spécifiques qui s’appliquent à l’activité
administrative ; le droit administratif ne comprend donc pas les règles de
droit privé qui sont applicables exceptionnellement aux organes publics qui
exercent une activité qui est juridiquement semblable à celle des personnes
privées, spécialement des activités de caractère entrepreneurial. Au
contraire, dans les pays de common law, principalement la Grande-
Bretagne, l’existence d’un droit administratif qui comprendrait des règles
distinctes du droit civil, considéré comme le droit commun, a été longtemps
niée. C’est pourquoi, en Grande-Bretagne, aujourd’hui encore, l’expression
de droit administratif désigne le plus souvent l’ensemble des règles
applicables aux activités administratives des autorités publiques (et des
personnes privées étroitement liées à elles), même si le caractère dérogatoire
au droit commun de nombreuses règles applicables à l’activité
administrative n’est plus nié en Grande-Bretagne ».

FROMONT Michel, Droit administratif des États européens, 1ère édition,


2006, Presses Universitaires de France, Paris p. 5.

11
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Exercice 2 : Commentaire
CSCA, 30 juillet 1997, Dame Néméhou née Kinda Assiata c/ ministère de
l’Emploi et de la Fonction publique, arrêt n° 32.

COUR SUPREME REJET

CHAMBRE ADMINISTRATIVE

REQUETE N° 96-621/REP DU 24 OCTOBRE 1996 ARRET N° 32

DAME NEMEHOU NEE KINDA ASSIATA


AU NOM DU
OPPORTUNE C/ MINISTERE DE L’EMPLOI ET
PEUPLE IVOIRIEN
DE LA FONCTION PUBLIQUE

AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU 30


COUR SUPREME
JUILLET 1997

CHAMBRE
MONSIEUR NOUAMA, PRESIDENT
ADMINISTRATIVE

LA COUR,

Vu et enregistrée au Secrétariat Général de la Cour Suprême sous le n° 96-


624 REP du 24 Octobre 1996, la requête de Dame NEMEHOU-KINDA
Assiata Opportune tendant d'une part à l'annulation pour excès de pouvoir
de la décision n° 00557 EFPPS/DIT du 10 avril 1996 par laquelle le Ministre
de l'Emploi, de la Fonction Publique et de la Prévoyance sociale a autorisé
son licenciement et, d'autre part à l'allocation de diverses indemnités pour le
préjudice subi du fait de ce licenciement ;

Considérant que Dame NEMEHOU-KINDA Assiata Opportune, secrétaire


de direction et secrétaire générale du syndicat des travailleurs du coton
SYNATCO-CI à la Compagnie Ivoirienne de Développement des Textiles
12
Droit administratif général

(CIDT) a été licenciée de son Emploi à compter du 21 décembre 1995 pour


trouble grave à la paix sociale au sein de l’entreprise ;

Qu'en effet après la parution dans le quotidien "le Jour" du 24 octobre 1995
d'un article intitulé "Qui veut la peau de madame NEMEHOU-KINDA",
article dont le contenu a été jugé comme mettant en cause l'entreprise et sa
direction, l'employeur sollicitait de l'Inspecteur du Travail et des lois
sociales. Directeur Régional de l'Emploi de Bouaké, l'autorisation de
licencier la requérante ;

Que suite au refus de l'Inspecteur du Travail d'autoriser le licenciement au


motif que l'enquête d'usage avait fait apparaître que les fautes reprochées
étaient d'ordre syndical et politique, le ministre de l'Emploi de la Fonction
Publique et de la Prévoyance sociale, saisi d'un recours hiérarchique,
décidait d'annuler la décision de son Inspecteur du Travail et d'autoriser le
licenciement ;

Vu la loi n° 94-440 du 16 Août 1994 modifiant la loi n° 78-663 du 5 Août


1978 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la
Cour Suprême, notamment son article 54 ;

Vu la loi n° 95-15 du 12 janvier 1995 du portant Code du Travail notamment


en son article 61.7;

Vu la décision n° 00557 EFFPS/DIT du 10 avril 1996 ;

Vu les mémoires et les pièces;

Le conseiller rapporteur entendu en son rapport;

13
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
EN LA FORME

Considérant que le recours de la requérante porte à la fois sur l'annulation de


la décision d'autorisation de licenciement et sur la réparation de divers
préjudices;
Considérant que seule doit être déclarée recevable en la forme comme
conforme aux exigences de la loi, la demande en annulation, les autres
demandes en réparation qui relèvent, soit du recours ordinaire de pleine
juridiction, soit des juridictions de droit commun, sont irrecevables en
application de l'article 56 de la loi relative à la Cour Suprême;

AU FOND

Considérant que la requérante invoque divers moyens d'annulation qui se


résument en la violation de la loi et au vice de forme;

1°) Sur le moyen tiré de la violation de loi notamment de l'article 61.7 du


Code du Travail

Considérant que, selon la requérante, l'article 61.7 du Code du Travail


disposant que tout licenciement d'un délégué du personnel doit être soumis
à autorisation préalable de l'Inspecteur du Travail et des lois sociales et que
l'employeur ne peut poursuivre le licenciement par d'autres moyens, le
recours hiérarchique exercé par son employeur pour parvenir à son
licenciement est entaché d'illégalité;

Mais considérant que l'autorisation préalable de l'Inspecteur du Travail et


des lois sociales exigé par l'article 61.7 du Code du Travail en cas de
licenciement d'un délégué du personnel ou d'un délégué syndical, est un acte
administratif susceptible de recours devant l'autorité hiérarchique qui a
pouvoir de confirmer ou d'annuler la décision prise;

Qu'ainsi, en statuant sur le recours hiérarchique exercé par le Directeur


Général de la CIDT, et en annulant la décision de l'Inspecteur du Travail et
14
Droit administratif général

des lois sociales le Ministre de l'Emploi de la Fonction Publique et de la


Prévoyance sociale n'a commis aucune violation de la loi invoquée au
moyen;
Que celui-ci doit être rejeté comme non fondé;

2°) Sur le moyen tiré du vice de forme


Considérant que la requérante dénonce diverses irrégularités dans la
procédure de licenciement en ce que, d'une part, le motif énoncé dans la
lettre de licenciement (trouble grave à la paix sociale de l'entreprise) n'est
pas celui invoqué au cours de la contre-enquête et n'a pas été prouvé et que,
d'autre part, la contre-enquête s'est effectuée loin des lieux du travail où les
faits se sont déroulés;

Mais considérant que pour justifier l'autorisation qu'il a accordé à la CIDT


de licencier la requérante, le ministre de l'Emploi, de la Fonction Publique
et de la Prévoyance Sociale a d'abord considéré que c'est à tort que le
Directeur Régional de l'Emploi de Bouaké avait estimé que le motif du
licenciement était d'ordre syndical et politique en se fondant sur des faits non
imputables à l'employeur à savoir, les poursuites judiciaires engagées contre
la requérante et sa suspension par le Bureau exécutif de ses fonctions de
secrétaire générale de son syndicat;

Qu'examinant ensuite les déclarations faites au journal "Le Jour" par la


requérante et dont le contenu aurait, selon l'employeur rejailli négativement
sur l'image de marque de l'entreprise et troublé la paix sociale de celle ci, le
ministre a conclu que les faits reprochés étaient établis et de nature à rendre
intolérable la poursuite des relations professionnelles entre la requérante et
son employeur;

15
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Considérant par ailleurs que l'autorité hiérarchique est libre des moyens à
mettre en œuvre pour parvenir à la manifestation de la vérité et asseoir sa
conviction;

Qu'en l'espèce la loi ne lui fait pas obligation de procéder à une contre-
enquête sur les lieux où les faits se sont déroulés;

Qu'il s'ensuit que le moyen tiré du vice de forme doit être écarté;

Considérant en définitive, qu'en s'appuyant sur des faits constants pour


déjuger son Directeur Régional et accorder l'autorisation de licenciement, le
ministre de l'Emploi de la Fonction Publique et de la prévoyance sociale a
justifié sa décision tant en fait qu'en droit et n'a pas excédé ses pouvoirs;

DECIDE

ARTICLE 1ER: La requête en annulation de la décision n°


00557/EFPPS/DIT du 10 Avril 1996 présentée par dame NEMEHOU
KINDA Opportune est recevable mais non fondée Elle est rejetée;

ARTICLE 2: Les frais sont mis à la requérante;

ARTICLE 3: Expédition du présent arrêt sera transmise à Monsieur le


Ministre de l'Emploi et de la fonction Publique;

Ainsi jugé et prononcé par la Cour suprême, Chambre Administrative en son


audience publique ordinaire du TRENTE JUILLET MIL NEUF CENT
QUATRE VINGT DIX SEPT.

Où étaient présents: MM. NOUAMA PATRICE, Président de la Chambre


Administrative, Président; ALBERT AGGREY, Conseiller-Rapporteur;
MAZOIN ANTOINETTE, Conseiller; NIBE LAMBERT, Secrétaire.
16
Droit administratif général

En foi de quoi, le présent arrêt a été signé par le Président, le rapporteur et


le Secrétaire.

Exercice 3 : dissertation
Sujet : Le régime juridique des autorités administratives indépendantes
en Côte d’Ivoire.

Exercice 4: Dissertation

Sujet : L’évolution du statut du district en Côte d’Ivoire

17
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Deuxième partie
L’organisation fonctionnelle de l’Administration :
l’action administrative
Titre 1
Le principe de base de l’action administrative :
la légalité administrative

Chapitre 1
La légalité administrative est formée
par le bloc légal ou source de la légalité
Section 1- Les sources écrites
Ces sources renvoient à la hiérarchie des normes qu’on pourrait qualifier en
la matière d’hiérarchie de la légalité. Ce sont :
• la constitution,
• les traités internationaux,
• les normes de force législative et
• le règlement.

Section 2- Les sources non écrites


Les sources non écrites sont des normes non écrites qui s’imposent à
l’administration. On distingue :
• jurisprudence,
• les principes généraux du droit,
• la coutume.

18
Droit administratif général

Chapitre 2
L’action administrative est
soumise à la légalité

Section 1- L’obligation de respecter la légalité en période normale


En période normale, il est évidemment de principe que l’administration se
conforme à la légalité. Ainsi, elle est tenue de respecter elle-même la
légalité ; mais aussi de faire respecter la légalité.
Section 2- L’obligation de respecter la légalité en période de crise : la
théorie des circonstances exceptionnelles
- Les circonstances exceptionnelles prévues par les textes :
- L’état de crise de l’article 73 de la Constitution du 8 novembre 2016 ;
- L’état de siège ;
- L’état d’urgence
- La promotion économique et sociale de la nation.

Titre 2
Les formes de l’action administrative

Chapitre 1
Les opérations matérielles :
les missions de l’Administration
Section 1- Une mission de prestation : le service public
- La notion de service public : le service public est activité d’intérêt général
exercé par ou sous le contrôle de l’administration.

19
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Section 2- Une mission de prescription : la police administrative
- La notion de police administrative : La police administrative est une
activité de préservation de toute atteinte à l’ordre public et qui relève de la
compétence exclusive de l’administration.
- Les pouvoirs de police administrative : La police administrative, activité
de maintien de l’ordre public ou de prévention des atteintes à l’ordre public,
relève de prérogatives de Puissance Publique.

Chapitre 2
Les actes juridiques :
les moyens juridiques de l’action administrative
Section 1- L’acte administratif unilatéral ou la décision (administrative)
La définition de l’acte administratif unilatéral : C’est le législateur qui
donne une définition de l’acte administratif unilatéral, ayant visiblement
pour synonyme la décision administrative. Il résulte de l’article 54-2 de la
loi n° 94-44 du 16 août 1994 relative à la Cour Suprême, que le recours pour
excès de pouvoir n'est ouvert que « contre les décisions émanant des
autorités administratives ». Ainsi, l’acte administratif unilatéral est à la fois
un acte émanant d’une autorité administrative, et un acte revêtant un
caractère exécutoire.

Section 2- L’acte administratif bilatéral ou le contrat administratif


La définition du contrat administratif. Le contrat est défini comme un
accord de volonté entre deux parties. Technique connue dans les divers
domaines de l’activité juridique, le contrat existe également en droit
administratif, entre l’Administration et son cocontractant, sous la forme d’un
acte bilatéral : le « contrat administratif ». En conséquence, à l’existence du
contrat administratif fait suite la mise en œuvre d’un régime juridique du
contrat administratif.

20
Droit administratif général

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

21
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE CHAPITRE

• Textes :
- constitution du 8 novembre 2016
- loi n° 98-338 du 2 juillet 1998 fixant les règles générales relatives aux
Établissements publics nationaux et portant création de catégories
d'Établissements publics;
- loi n° 63-4 du 17 janvier 1963 relative à l'utilisation des personnes en vue
d'assurer la promotion économique et sociale de la nation.
- loi n° 94-44 du 16 août 1994 relative à la Cour Suprême

• Ouvrages :
- Félix Sohuily ACKA, Cours de droit administratif, 1er édition, Les éditions
ABC, Abidjan, 2009
- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 2: l’action
administrative, Editions CEDA, Abidjan, 2003,
- Marceau LONG, Posper WEIL, Guy BRAIBANT, Pierre DELVOLVE et
Bruno GENEVOIS, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative,
18e édition, Dalloz, Paris, 2011.
- F-P. BENOIT, Le droit administratif français, Dalloz, Paris, 1968
- René CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, Montchrestien, 15e
édition, Paris, 2001.

• Articles :
- Pierre-François GONIDEC, Les principes fondamentaux du régime
politique de la Côte d’Ivoire. Penant, 1961, p. 679 et s.
- Yédoh Sébastien LATH, Les caractères du droit administratif des Etats
africains de succession française. Vers un droit administratif africain
francophone ?, Revue du Droit Public et de la science politique en France
et à l’étranger, n° 5, 2011, p. 1255 à 1288

• Arrêts :
- C.S.C.A, 22 juillet 1981, El Hadj Bakary Koné
- (CE Il mai 1951, consorts Baud. S 1952, 3. 13
- C.E. Ass., 18 avril 1947, Jarrigion, Rec., p. 148.
- C.E. Ass., 7 juillet 1950, Dehaene et autres, Rec., p. 426 ou D., 1950, p.
583, note A. Gervais.
- C.E., 31 juillet 1942, Monpeurt,
22 Rec., 167 ou GAJA ; C.E., 2 avril 1943,
Bouguen, GAJA
- CE, 27 octobre 1995, Commune de Morsang-Sur-Orge, Rec. 372, concl.
Frydman
Droit administratif général

EXERCICES D’ASSIMILATION

Exercice 1 : Dissertation
Sujet : Les préambules de la Constitution ivoirienne constituent-ils une
source de légalité administrative ?

Exercice n° 2 : Questionnaire
1. Les circonstances exceptionnelles ont-elles une incidence sur le respect de
la légalité ordinaire ?
2. Quelle est l’arrêt qui, le premier a consacré la théorie jurisprudentielle des
circonstances exceptionnelles ?
3. Existe-t-il en droit ivoirien un ou des arrêts qui font référence
expressément à la théorie des circonstances exceptionnelles.
4. À quelles conditions la théorie jurisprudentielle des circonstances
exceptionnelles peut-elle jouer ? Le non-respect de ces conditions est-il
sanctionné ?
5. Les juges constitutionnel et administratif s’autorisent-ils un contrôle sur
les mesures prises par le Président de la République en application des
articles 16 de la constitution française et 73 de la constitution ivoirienne ?
6. En dehors de la jurisprudence, le droit positif consacre-t-il la théorie des
circonstances exceptionnelles ?

EXERCICE 3 : commentez conjointement les deux arrêts ci-après


- T.C 22 janvier 1921, Société Commerciale de l'Ouest africain, du 22 janvier
1921, Rec. 91 ; D. 192.3.1, concl. Matter ; S. 1924.3.34, concl. (dit Bac
d'Eloka)
- CSCA, 14 janvier 1970, Société des Centaures Routiers contre Ministère
des affaires économiques et financières, arrêt n° 1.
23
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

EXERCICE 4 : CAS PRATIQUE

Dans l’État de Kokotiland, face à la montée du banditisme, le Président de


la République a pris une mesure d’interdiction de la promenade aux
alentours des bâtiments publics pendant les fêtes de fin d’année.
Pour donner plus d’efficacité à la mesure présidentielle et répondre
pleinement à la menace terroriste dans sa localité, le Maire de la Commune
Paratou décide d’étendre l’interdiction présidentielle à toutes les voies
principales de la ville. En outre, il prévoit de reconduire ladite mesure une
semaine après les fêtes de fin d’année, et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Face à cette situation, l’Union des Jeunes Paratoulais décide d’organiser un
meeting géant pour contester la légalité de ces mesures qu’elle qualifie de
liberticides. Le Préfet du département de Paratou décide alors d’interdire, à
son tour, toutes les manifestations publiques pendant deux mois. Par ailleurs,
le Maire de la Commune de Paratou prononce la dissolution de l’Union des
Jeunes Paratoulais.
Sur instruction du Préfet, le Commissaire du 2 e arrondissement de la
Commune de Paratou érige des postes de police à toutes les entrées et sorties
de la ville. Ainsi, les policiers décident de :
- Contrôler l’identité de tous les passants ;
- Rechercher tout individu signalé suspect ;
- Rechercher les bandes de malfaiteurs ;
- Saisir tout individu en flagrant délit en cas de commission
d’infraction.

Soulevez les problèmes de droit tout en y apportant des solutions.

Exercice 5 : Cas pratique


Par décision du 29 mai 2015, notifiée le 31 mai 2015, le Maire de la
Commune de Cocodjro a mis fin, sans aucune forme de procédure
particulière, à compter du 25 mai 2015, aux activités :

24
Droit administratif général

- de Mlle LYNN NADREE, déléguée du personnel, liée à la Mairie de


Cocodjro par un contrat de travail ;
- de M. PETOH, engagé par arrêté en tant que médecin officiel de la
municipalité de Cocodjro puis nommé conseiller technique ;
- de M. BOZE, fonctionnaire, chargé des Statistiques et de la
Démographie, en retirant son acte de nomination qui avait été pris
malencontreusement sur la base d’un faux diplôme.
De retour à la maison, Mlle LYNN NADREE rencontre sa voisine de
quartier, Mme TOTOUDO, qui l’informe que son premier fils s’est rendu
coupable de fraude pendant les examens universitaires. Ce qui lui a valu une
expulsion de 4 ans par le conseil de discipline. Elle entend saisir le ministre
de l’enseignement supérieur pour annuler cette décision qu’elle juge
injustifié.

Soulevez les problèmes de droit tout en y apportant des solutions.

EXERCICE 6 : CAS PRATIQUE


ZIO, MOLA et KALOU sont liés à la commune de YAOPLEU par trois
contrats portant respectivement éclairage de ladite ville, livraison de poisson
et maintien de l’ordre.
Six (6) mois plus tard, interviennent les mesures ci-après :
1- Obscurcissement ordonné par l’Etat et ce pendant douze mois ;
2- Livraison de sable imposée à MOLA ;
3- Baisse des prix stipulés des différents contrats ;
4- Résiliation du contrat passé avec ZIO par la commune de YAOPLEU
suite au déficit définitif de la Société d’éclairage.
Dégagez les problèmes juridiques en leur apportant les solutions
appropriées.

25
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

LIVRE 2 LE
CONTRÔLE JURIDICTIONNEL DE L’ADMINISTRATION

Première Partie :
La responsabilité administrative

Titre 1
Le régime général de
la responsabilité administrative

Chapitre 1
L’existence du droit de
la responsabilité administrative
Section 1- Le principe général de l’autonomie de la responsabilité
administrative
L’affirmation du principe général de l’autonomie de la responsabilité
administrative permet de mettre en évidence les caractères du droit de la
responsabilité administrative. Le principe général de la responsabilité
administrative est né à la fin du XIXème siècle, en raison de l’abandon
progressif du dogme de l’irresponsabilité, qui a abouti à la consécration du
principe de la responsabilité à travers l’arrêt Blanco (TC, 8 février 1873).

Section 2- Le fondement de la responsabilité administrative


- La responsabilité administrative pour faute. Pour mettre en jeu la
responsabilité administrative, la victime doit faire la preuve d’une faute. La
faute administrative est le manquement à une obligation, se manifestant, en
l’occurrence, par la défaillance dans l’organisation ou/et le fonctionnement
normal du service public. Cette faute administrative exerce une influence sur
la répartition de la responsabilité entre l’administration et ses agents.

26
Droit administratif général

- La responsabilité administrative sans faute. Il en existe deux : l’un est


fondé sur la réalisation du risque ; l’autre résulte de la rupture de l’égalité
devant les charges publiques.

Section 3- Les conditions d’engagement de la responsabilité administrative


- L’existence du préjudice subi par un administré. Pour mériter
réparation le préjudice subi par la victime (administré ou agent) doit être un
préjudice réparable, identifié, soit dans le cadre de la responsabilité pour
faute, soit dans le cadre de la responsabilité sans faute.

- L’exigence d’un fait dommageable de l’administration résultant de la


survenance d’un fait dommageable de l’administration.

Chapitre 2
L’action en responsabilité administrative

Section 1- Les règles de recevabilité du recours


Les règles de recevabilité ont trait à la :
- capacité pour agir et l’intérêt pour agir.
- représentation des parties au procès

Section 2- Les règles de compétence juridictionnelle


- La compétence matérielle : la répartition matérielle des compétences
entre Juridictions de droit commun et Cour Suprême.
- La répartition territoriale de la compétence juridictionnelle est en
corrélation avec le souci de décentralisation (géographique) de l’autorité
juridictionnelle sur tout le territoire ivoirien. Ces compétences
juridictionnelles territoriales sont relatives aux tribunaux de première
instance et leurs sections détachées, ainsi qu’aux Cours d’appel (Abidjan,
Daloa, Bouaké). C’est la loi qui pose le principe de la répartition, dont le
respect s’impose aux juges.
27
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

Chapitre 3
La réparation du préjudice :
la portée de la responsabilité administrative

Section 1- Les principes de la réparation


La réparation du préjudice en cas de responsabilité administrative obéit
à trois principes :
- la réparation en argent,
- la réparation intégrale,
- la réparation limitée à l’étendue du préjudice.

Section 2- L’évaluation du préjudice


L'évaluation du préjudice comporte en fait deux aspects :
- la date de l’évaluation et
- le montant de l’indemnité.

28
Droit administratif général

Titre 2
Les régimes spéciaux de
responsabilité administrative

Chapitre 1
La responsabilité de l’État résultant de dommages spécifiques liés à
certains services publics

Chapitre 2
La responsabilité du fait des dommages
se rapportant aux véhicules administratifs et aux attroupements dans les
communes

Section 1- La responsabilité du fait des dommages causés par les véhicules


administratifs
En cas de survenance d’un accident de circulation résultant d’un
véhicule administratif, il est fait application du droit civil à l’administration,
pour déterminer le mécanisme d’indemnisation de la victime.

Section 2- La responsabilité du fait des dommages causés par les


attroupements ou rassemblements

Aux termes de l’article 200 alinéa 1er de loi n° 2012-1128 du 13 décembre


2012 portant organisation des collectivités territoriales : « Les Communes
sont civilement responsables des dégâts et dommages résultant des crimes
et délits commis à force ouverte ou par violence sur leur territoire par les
habitants de la Commune à l’occasion des attroupements ou
rassemblements armés ou non armés, soit envers les personnes, soit contre
les propriétés publiques ou privées ».

29
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
De cette disposition découlent les conditions d’engagement de la
responsabilité de la commune, et en conséquence le mécanisme
d’indemnisation.

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

30
Droit administratif général

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE CHAPITRE

• Textes :
- constitution du 8 novembre 2016
- loi n° 76-501 du 3 août 1976 portant Code des Postes et Télécommunications
- loi n° 94-44 du 16 août 1994 relative à la Cour Suprême
- La loi 72-833 du 21 décembre 1972, portant code de procédure civile,
commerciale et administrative, modifiée par les lois 78-663 du 5 août 1978,
93-670 du 9 août 1993, 97-516 et 97-517 du 14 septembre 1997.
• Ouvrages :
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Bergel-Levrault, Paris, 1896 ;
- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle
juridictionnel de l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative
ivoirienne, CNDJ, Abidjan, 2012 ;
• Articles :
- Yédoh Sébastien LATH, Le contentieux administratif dans le système ivoirien
d’unité de juridiction : Eléments d’une typologie, in Alioune SALL et Ismaïla
Madior FALL (sous la dir. de) : Actualité du droit public et de la science
politique en Afrique, Mélanges en l’honneur de Babacar KANTE,
L’Harmattan, Dakar, 2017, p. 537 à 565 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Organisation juridictionnelle et droit administratif :
esquisse d’une théorie de l’évolutionnisme juridique en France et en Afrique
francophone, Communication au colloque de Dakar sur « Cinquante ans de
droit administratif en Afrique », Dakar, 2015. Yédoh Sébastien LATH, Les
contentieux de la régulation devant la Chambre administrative, Tribune de la
Chambre administrative, n° 08, 2017, p. 15 et 20.
- R. NOGUELLOU, Le contrôle parlementaire et administratif de
l’administratif, in : Pascale GONOD, Fabrice MELLERAY et Philippe
YOLKA (sous la dir. de), Traité de droit administratif, Tome 2, Dalloz, Paris,
2011, p. 488.
• Arrêts :
- C.S.C.A. , 14 janvier 1970 ; Société des centaures routiers, Bléou et Wodié,
p. 152.
- Blanco (TC, 8 février 1873)
- CSCA, Etat de Côte d’Ivoire c/ Nomel Agness Antoinnette, du 18 janvier
2012, arrêt n° 02.
- CE, Sect. 14 décembre 1962, 31Doublet, Rec.
- CE, 29 mars 1946, Caisse départementale d’assurances sociales de Meurthe
et Moselle c/ Etat, Rec. 100.
- CE, 4 novembre 1955, Giudicelli, Rec. 520.
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

EXERCICES D’ASSIMILATION

Exercice 1: Commentaire
CSCA, 27 avril 2016, Société aéroport international d’Abidjan dite
A.E.R.I.A c/ - Compagnie aérienne Turkish Airlines - État de Côte d’Ivoire -
Autorité nationale de l’aviation civile dite A.N.A.C - Agence pour la sécurité
de la navigation en Afrique et à Madagascar dite A.S.E.C.N.A, arrêt n° 67.
CASSATION-
COUR SUPREME
ANNULATION

CHAMBRE ADMINISTRATIVE

POURVOI - N° 2015-765 CASS/ADM


ARRET N° 67
DU 17 DECEMBRE 2015

SOCIETE AEROPORT
INTERNATIONAL D’ABIDJAN DITE
A.E.R.I.A C/ - COMPAGNIE AERIENNE
TURKISH AIRLINES - ETAT DE COTE
AU NOM DU PEUPLE
D’IVOIRE - AUTORITE NATIONALE
IVOIRIEN
DE L’AVIATION CIVILE DITE A.N.A.C
- AGENCE POUR LA SECURITE DE LA
NAVIGATION EN AFRIQUE ET A
MADAGASCAR DITE A.S.E.C.N.A

AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE


COUR SUPREME
DU 27 AVRIL 2016

MONSIEUR KOBO PIERRE CLAVER, CHAMBRE


PRESIDENT ADMINISTRATIVE

LA COUR,

32
Droit administratif général

Vu les exploits des 17 décembre 2015 et 21 janvier 2016, par lesquels la


société Aéroport International d’Abidjan dit A.E.R.I.A, société anonyme
avec conseil d’administration, au capital de 1.418.040.000 francs cfa,
immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier d’Abidjan sous
le numéro CI-ABJ-1996-B-198 784, dont le siège social est à Abidjan,
commune de Port-Bouet, Aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, 07
BP 30 Abidjan 07, agissant aux poursuites et diligences de son représentant
légal, monsieur GILLES DARRIAU, Directeur Général de ladite société,
demeurant en cette qualité audit siège social, pour lesquels domicile est élu
en l’étude de la société d’Avocats Anthony, Fofana et Associés, Avocats à
la Cour, y demeurant, Plateau, boulevard de la République, immeuble
Jeceda, entrée C, 4ème étage, portes 41 et 42, 17 BP 1041 Abidjan 17,
téléphone : (225) 20.255.125, 20.214.174, télécopie : (225) 20.214.196,
email : afa@afa.ci, a formé un pourvoi en cassation contre le jugement
contradictoire du 9 juillet 2015, par lequel le Tribunal de Commerce
d’Abidjan s’est déclaré incompétent au profit du Tribunal de Première
Instance d’Abidjan, s’agissant de l’Etat de Côte d’Ivoire, de l’A.S.E.C.N.A
et de l’A.N.A.C, rejeté l’exception d’incompétence invoquée par la société
A.E.R.I.A et l’a condamnée à payer à titre de dommages-intérêts,
110.855.750 francs CFA à la Compagnie Aérienne TURKISH AIRLINES ;
Vu le jugement attaqué (Tribunal de Commerce d’Abidjan, 9 juillet 2015) ;
Vu les réquisitions écrites du Ministère Public, déposées le 22 mars 2016 au
Secrétariat de la Chambre Administrative et tendant à la cassation du
jugement attaqué et au renvoi des parties et de la cause devant la juridiction
de droit commun compétente ;
Vu les conclusions de la Compagnie TURKISH AIRLINES déposées le 5
avril 2016 par son conseil et tendant au rejet du pourvoi ;
Vu l’ordonnance n° 2008-08 du 23 juillet 2008 portant code de l’aviation
civile ;

33
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Vu la convention du 7 octobre 2009 portant concession pour l’extension, le
développement, le renouvellement, la modernisation, l’entretien et
l’exploitation de l’Aéroport International Félix Houphouët-Boigny
d’Abidjan ;
Vu la loi n° 2014-424 du 14 juillet 2014 portant création, organisation et
fonctionnement des juridictions de commerce ;
Vu la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition,
l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la Cour Suprême,
modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997 ;
Ouï le rapporteur ;
Considérant que, selon les énonciations du jugement attaqué
(Tribunal de Commerce d’Abidjan, RG n° 1162 et 1357/2015 du 9 juillet
2015), le 12 mai 2014, l’avion assurant le vol TK 631 de la Compagnie
TURKISH AIRLINES a percuté une antilope alors qu’il venait de se poser
sur la piste d’atterrissage de l’Aéroport International Félix Houphouët-
Boigny d’Abidjan ; que, pour obtenir réparation du préjudice né des
dégradations subies par son aéronef, la Compagnie TURKISH AIRLINES a
attrait l’Etat de Côte d’Ivoire, l’A.N.A.C., l’A.S.E.C.N.A. et la société
A.E.R.I.A. devant le Tribunal de Commerce d’Abidjan ;
Considérant que, par le jugement susvisé, le Tribunal de Commerce
d’Abidjan a décliné sa compétence à l’égard de l’Etat de Côte d’Ivoire, de
l’A.N.A.C. et de l’A.S.E.C.N.A., au motif qu’il s’agit de personnes morales
de droit public ; qu’il a, en revanche, rejetant l’exception d’incompétence
soulevée par la société A.E.R.I.A., retenu sa compétence à l’égard de celle-
ci et l’a déclarée responsable du préjudice subi par la Compagnie TURKISH
AIRLINES, en réparation duquel, il l’a condamnée au paiement de la somme
de 110.855.750 francs ;
Considérant que, par exploits des 17 décembre 2015 et 21 janvier
2016, la société A.E.R.I.A. a formé un pourvoi en cassation contre ce
jugement contradictoire qui lui a été signifié le 16 novembre 2015 ;
EN LA FORME
Considérant que le pourvoi intervenu dans les circonstances
susvisées est conforme à la loi et est donc recevable ;
AU FOND
34
Droit administratif général

Sur le premier moyen de cassation tiré de la violation des règles de procédure


(incompétence du Tribunal)
Considérant que pour rejeter l’exception de compétence invoquée
par la société A.E.R.I.A., le jugement attaqué énonce que la Compagnie
TURKISH AIRLINES « poursuit la société A.E.R.I.A., société anonyme et
donc commerciale par la forme, en paiement de dommages-intérêts pour une
faute délictuelle commise par celle-ci en tant que concessionnaire de
l’exploitation de l’Aéroport International Félix Houphouët-Boigny
d’Abidjan » ; que « le présent litige est par conséquent porté sur un acte se
rattachant à l’activité d’une société commerciale, de sorte que le présent
litige relève bien de la compétence du Tribunal de Commerce,
conformément aux dispositions de l’article 7 de la loi organique sus-
indiquée » ;
Considérant cependant, que l’article 7 de la loi organique n° 2014-
424 du 14 juillet 2014 portant création, organisation et fonctionnement des
juridictions de commerce dispose que les juridictions de commerce
connaissent « des contestations relatives aux engagements et transactions
entre commerçants au sens de l’Acte uniforme relatif au droit commercial
général ; des contestations entre associés d’une société commerciale ou d’un
groupement d’intérêt économique ; des contestations, entre toutes
personnes, relatives aux actes de commerce au sens de l’Acte uniforme
relatif au droit commercial général. Toutefois, dans les actes mixtes, la partie
non commerçante demanderesse peut saisir les tribunaux de droit commun ;
des procédures collectives d’apurement du passif ; plus généralement, des
contestations relatives aux actes de commerce accomplis par les
commerçants à l’occasion de leur commerce et de l’ensemble de leurs
contestations commerciales comportant même un objet civil ; des
contestations et oppositions relatives aux décisions prises par les juridictions
de commerce. » ;
Que, selon l’article 3 de l’Acte Uniforme de l’OHADA sur le droit
commercial général, « ont le caractère d’actes de commerce, notamment :
- l’achat de biens, meubles ou immeubles, en vue de leur revente ;

35
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
- les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d’assurance
et de transit ;
- les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ;
- l’exploitation industrielle des mines, carrières et de tout gisement de
ressources naturelles ;
- les opérations de location de meubles ;
- les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ;
- les opérations des intermédiaires de commerce, telles que commissions,
courtages, agences, ainsi que les opérations d’intermédiaire pour l’achat, la
souscription, la vente ou la location d’immeubles, de fonds de commerce,
d’actions ou de parts de société commerciale ou immobilière ;
- les actes effectués par les sociétés commerciales. » ;
Qu’il résulte de l’article 5 du code de procédure civile, commerciale
et administrative que « les tribunaux de première instance et leurs sections
détachées connaissent de toutes les affaires civiles, commerciales,
administratives et fiscales pour lesquelles compétence n’est pas attribuée
expressément à une autre juridiction en raison de la nature de l’affaire » ;
Considérant que les actes de commerce énumérés par l’article 7 de
la loi portant création, organisation et fonctionnement des Tribunaux de
Commerce et l’article 3 de l’acte uniforme de l’OHADA sur le droit
commercial général sont, par définition, des actes juridiques qui, par
essence, comportent, de la part de leurs auteurs, une manifestation de
volonté destinée à produire des effets de droit, alors que les faits jugés par le
Tribunal de Commerce sont relatifs à un accident qui est un fait juridique
qui, même s’il est susceptible de produire des effets de droit, ne peut être
rattaché à une activité de nature commerciale ou confondu avec celle-ci ;
Que, par ailleurs, l’exploit introductif d’instance du 16 mars 2015
délaissé par la Compagnie TURKISH AIRLINES à la société A.E.R.I.A., à
l’A.S.E.C.N.A. et à l’A.N.A.C. contient une demande reposant sur l’article
1382 du code civil qui dispose que « tout fait quelconque de l’homme, qui
cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer » ;
Considérant qu’ il est de principe que l’action en responsabilité
dirigée contre un organisme privé gérant un service public ne peut être
36
Droit administratif général

engagée que sur le fondement du droit administratif, lorsque le dommage se


rattache à un travail public ou à un ouvrage public dont il a la garde ;
Considérant, par ailleurs, qu’il est constant qu’en cas de délégation
de la construction ou de l’exploitation d’un ouvrage public à un
concessionnaire, sa responsabilité ou celle du concédant est engagée,
lorsqu’un tiers à la convention subit un dommage imputable à l’existence ou
au fonctionnement de l’ouvrage public ;
Considérant que le dommage subi par l’avion de TURKISH
AIRLINES est survenu sur la piste d’atterrissage de l’Aéroport Félix
Houphouët-Boigny, dépendance du domaine public aéroportuaire, en raison
des manquements à la sécurité et à la sûreté sur ladite piste ; que, dès lors, la
société TURKISH AIRLINES doit être regardée comme un usager de
l’ouvrage public aéroportuaire ;
Considérant, en conséquence, qu’en retenant sa compétence à
l’égard de la société A.E.R.I.A., au motif que celle-ci est une société
commerciale par la forme alors qu’en l’espèce, d’une part, cette société n’a
accompli aucun acte de nature commerciale et que, d’autre part, la société
A.E.R.I.A. est chargée de la gestion et de la garde d’un ouvrage public, le
Tribunal de Commerce a violé toutes les règles de compétence édictées par
l’article 7 de la loi n° 2014-424 du 14 juillet 2014 portant création,
organisation, fonctionnement et déterminant surtout limitativement la
compétence d’exception des juridictions de commerce, l’article 3 de l’acte
uniforme de l’OHADA sur le droit commercial général et l’article 5 du code
de procédure civile, commerciale et administrative ;
Qu’il y a donc lieu de casser et annuler le jugement RG 1162 et
1357/2015 du 9 juillet 2015 du Tribunal de Commerce d’Abidjan et,
conformément aux dispositions de l’article 28 de la loi sur la Cour Suprême,
de renvoyer les parties et la cause devant le Tribunal de Première Instance
d’Abidjan siégeant en matière administrative ;

PAR CES MOTIFS

37
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
- Casse et annule le jugement n° RG 1162 et 1357/2015 du 9 juillet
2015 du Tribunal de Commerce d’Abidjan ;
- Renvoie les parties et la cause devant le Tribunal de Première
Instance d’Abidjan siégeant en matière administrative ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre
Administrative, en son audience publique ordinaire du VINGT SEPT
AVRIL DEUX MIL SEIZE ;
Où étaient présents MM. KOBO Pierre Claver, Président de la
Chambre Administrative, Président ; BOBY Gbaza, Conseiller-Rapporteur
; N’GORAN Theckly Yves, Mme ZAKPA Akissi Cécile, ZALO Léon
Désiré, ZUNON Séri Alain, Conseillers ; en présence de M. Fofana
IBRAHIMA, Avocat Général ; avec l’assistance de Maître MEITE Lassina,
Greffier ;
En foi de quoi, le présent arrêt a été signé par le Président, le
Rapporteur et le Greffier.

Exercice 2 : Cas pratique


Dans la commune de PATRIDOUGOU, les riverains constitués en une
association de défense des intérêts des patridougoulais, décident d’organiser
une manifestation en vue de déloger le Conseil municipal des locaux de la
mairie. Ils estiment que le Conseil municipal est inefficace et budgétivore.
Face à cette situation, le maire prend un arrêté pour interdire toute
manifestation publique et toute réunion associative dans la commune.
Malgré cette interdiction, l’association des riverains se réunie au stade
municipal.
Stationnées à quelques mètres des manifestants, les forces de l’ordre lancent
des gaz lacrymogènes. Madame TOUBIB BABOU étant sur l’estrade des
organisateurs et s’apprêtant à prendre la parole, reçoit violemment en pleine
poitrine un projectile à gaz lacrymogène. Elle s’effondre et perd
connaissance. Cette situation entraine une grosse colère de la part des
manifestants qui se déchainent et se ruent vers le point de stationnement des
forces de l’ordre. Le commissaire divisionnaire FOTOLOKOU donne
38
Droit administratif général

l’ordre aux agents de police d’user de tous les moyens pour neutraliser les
manifestants. Pour stopper la furie de la foule, les agents de police font usage
de leur matraques et frappent violemment KOBITO KILLOU l’un des
leaders de l’association qui est grièvement blessé. Monsieur SALA BITA
qui courait à son secours est atteint d’une balle dans sa cuisse gauche.
Monsieur POPITO PALA assis au balcon de son appartement est
mortellement atteint d’une balle à la tête.
Dans les échauffourées, Monsieur KALITO un chauffeur de taxi de passage
parvient à soustraire les blessés qu’il décide de transporter au CHU de
PATRIDOUGOU. Malheureusement à 2km du Centre hospitalier, il est
surpris par un amas de gravas abandonné sur la voie publique par la
compagnie patridougoulaise de travaux publics. Malgré ces efforts pour
contourner l’obstacle, son taxi se renverse dans un ravin.
Soulevez les problèmes de droit tout en apportant des solutions.

39
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Deuxième Partie
Le recours pour excès de pouvoir

Titre 1
La mise en œuvre du recours
pour excès de pouvoir

Chapitre 1 :
Les conditions de recevabilité du recours pour excès de pouvoir

Section 1- La nature de l'acte attaque


Le recours pour excès de pouvoir n'est ouvert que... « contre les
décisions émanant des autorités administratives », c’est-à-dire que le
recours est ouvert contre les actes administratifs, à l’exclusion des actes non
administratifs.

Section 2- La qualité du requérant


Pour intenter un recours pour excès de pouvoir, le requérant doit avoir
aux moins et nécessairement deux qualités, tenant à sa capacité d’ester en
justice et à son intérêt pour agir.

Section 3- Les formes de la requête


Les formes de la requête relèvent de prescriptions rigoureuses de la loi.
Ce sont notamment : les mentions et pièces obligatoires, le recours
administratif préalable, le respect des délais, l’exception de recours
parallèle.

40
Droit administratif général

Chapitre 2
Les cas d'ouverture du recours
pour excès de pouvoir

Section 1- La violation de la légalité externe


La violation de la légalité externe est un moyen d’annulation de l’acte
administratif déféré par le requérant à la censure du juge de l’excès de
pouvoir.
Ce contrôle de la légalité externe comporte deux modalités tenant : à
l'incompétence, et au vice de forme ou de procédure.
Section 2- La violation de la légalité interne
Le contrôle de la légalité interne de l’acte administratif porte sur le contrôle
de l'objet ou le contenu de l'acte, le contrôle des motifs de l'acte, le contrôle
du but de l'acte, le contrôle de l’erreur manifeste d’appréciation.

Titre 2
La portée du contrôle par la voie
du recours pour excès de pouvoir

Chapitre 1
Le pouvoir de contrôle
du juge de l’excès de pouvoir

Section 1- Le pouvoir de contrôle normal ou maximum du juge : la


compétence liée de l’administration
En cas d’exercice par l’Administration de la compétence liée, le juge
bénéficie en principe d'un contrôle étendu, dit contrôle maximum. Il s’agit
du contrôle normal, contrôle étendu en certains aspects, qui reste pourtant
un contrôle limité par d’autres aspects.

41
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Section 2- Le pouvoir de contrôle minimum du juge : la compétence
discrétionnaire de l’administration
La compétence ou le pouvoir discrétionnaire, étant l’hypothèse où le droit
donne compétence à l’Administration en lui laissant le libre choix des
moyens et du moment, révèle qu’un tel pouvoir est antinomique de sa
délimitation par le contrôle juridictionnel. En pratique, pour contenir
l’arbitraire administratif, des tempéraments sont apportés, notamment par
l’exercice d’un contrôle de contenu limité et un contrôle de degré restreint.

Chapitre 2
L’évolution De la JURISPRUDENCE DE LA chambre administrative en
matière de recours pour excès de pouvoir

Section 1- La diversification des recours en excès de pouvoir


L’évolution récente de la jurisprudence de la Chambre administrative de la
Cour suprême met en évidence une diversification des recours en excès de
pouvoir tenant aussi bien aux matières qu’aux actes attaquables.
Section 2- Le renforcement des moyens d’annulation
Les moyens d’annulation ou les cas d’ouverture sont les différentes
irrégularités affectant l’acte et qui sont propres à être soulevés par le
requérant. Le renforcement des moyens d’annulation se perçoit à travers le
contrôle des motifs de l’acte ainsi que le contrôle du but et de l’objet de
l’acte.

Chapitre 3
L'effet de la décision de contrôle du juge de l’excès de pouvoir

Section 1- L’existence de l’autorité de chose jugée


La décision rendue par le juge de l’excès de pouvoir a une autorité de chose
jugée. Sa force juridique est certaine, dès lors que la chose. Résultant de la
décision du juge de l’excès de pouvoir, la chose jugée bénéficie d’une
incontestabilité : elle ne peut plus être remise en cause. Toutefois, il importe
42
Droit administratif général

de distinguer la chose jugée non accordée, et la décision chose jugée


accordée.

Section 2- Les limites à l'autorité la chose jugée


En plus de l’obligation de se soumettre au droit, il existe à la charge de
l’Administration une obligation d'exécuter les décisions de justice,
notamment la décision d'annulation d’un acte administratif déclaré illégal
par la Chambre administratif de la Cour suprême. Cependant, en pratique, il
arrive que l’Administration fasse échec à l'autorité de la chose jugée. Une
telle limite à l’autorité de la chose jugée se manifeste soit par le refus de
l'Administration d'exécuter la décision juridictionnelle d’annulation, soit par
le recours à la validation de la décision annulée.

43
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

44
Droit administratif général

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE
• Textes :
- constitution du 8 novembre 2016
- loi n° 94-44 du 16 août 1994 relative à la Cour Suprême
- La loi 72-833 du 21 décembre 1972, portant code de procédure civile, commerciale et
administrative, modifiée par les lois 78-663 du 5 août 1978, 93-670 du 9 août 1993,
97-516 et 97-517 du 14 septembre 1997.
• Ouvrages :
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Bergel-Levrault, Paris, 1896 ;
- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel de
l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013.
- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne,
CNDJ, Abidjan, 2012 ;
- Amoin Alexise MALAN, L’évolution du recours pour excès de pouvoir devant la
Chambre administrative de la Cour suprême de la Côte d’Ivoire, Mémoire de Master en
droit public, Université Félix Houphouët-Boigny, 2015 – 2016.
- De Forges J.-M., Droit administratif, PUF, 1991.
- Gaudemet Y., Droit administratif, 20e éd., LGDJ, Paris, 2012.
- Lachaume J.-F., Les grandes décisions de la jurisprudence. Droit administratif, Thémis,
PUF, Paris, 2010.
- Laubadère A. (de), Venezia J.-C., et Gaudemet Y., Traité du Droit Administratif, 16° éd.,
LGDJ, Paris, 2002.
- Lombard M., Droit administratif, 3° éd. Dalloz, Paris, 1999.
- Marceau L., Weil P., Braibant P., Delvolvé P., Genevois B., Les grands arrêts de la
jurisprudence administrative, 18° éd., Dalloz, Paris, 2011.
- Morand-Deviller J., Cours de Droit Administratif, 13e éd., LGDJ, Paris, 2013.
- Rivéro J. et Waline J., Droit Administratif, 18° éd. Dalloz, Paris, 2000.
• Articles :
- Yédoh Sébastien LATH, Le contentieux administratif dans le système ivoirien d’unité de
juridiction : Éléments d’une typologie, in Alioune SALL et Ismaïla Madior FALL (sous
la dir. de) : Actualité du droit public et de la science politique en Afrique, Mélanges en
l’honneur de Babacar KANTE, L’Harmattan, Dakar, 2017, p. 537 à 565 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Organisation juridictionnelle et droit administratif : esquisse
d’une théorie de l’évolutionnisme juridique en France et en Afrique francophone,
Communication au colloque de Dakar sur « Cinquante ans de droit administratif en
Afrique », Dakar, 2015. Yédoh Sébastien LATH, Les contentieux de la régulation devant
la Chambre administrative, Tribune de la Chambre administrative, n° 08, 2017, p. 15 et
20.
- R. NOGUELLOU, Le contrôle parlementaire et administratif de l’administratif, in :
Pascale GONOD, Fabrice MELLERAY et Philippe YOLKA (sous la dir. de), Traité de
droit administratif, Tome 2, Dalloz, Paris, 2011, p. 488.
• Arrêts :
- CE, Ass., 17 février 1950, Ministre45 de l’Agriculture c./ Dame Lamotte CE, 4
novembre 1955, Giudicelli, Rec. 520.
- CSCA, 1er avril 1964, Dibi Yao Georges c/ ministre de la Fonction publique, arrêt n°
2.
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3

EXERCICES D’ASSIMILATION

EXERCICE 1 : QUESTIONNAIRE
1- Un Syndicat de fonctionnaires au sein d’une Administration a-t-il intérêt
et qualité pour agir dans le cadre d’un Recours en annulation pour excès de
pouvoir d’un Décret présidentiel portant radiation de l’un de ses membres
syndiqués ? Justifiez votre réponse.
2- Quelle est la portée juridique, en termes d’appréciation des délais de
saisine de la Chambre Administrative de la Cour Suprême, de la lettre
d’attente de l’Administration à l’administré dans le cadre d’un Recours
Administratif Préalable contre un acte administratif lui faisant grief ?
Justifiez votre réponse.

EXERCICE 2 : COMMENTAIRE D’ARRÊT

CSCA, 28 OCTOBRE 1992, Grahou Georges c/ ministère de l'Intérieur, arrêt


n° 31.

COUR SUPREME IRRECEVABILITE

CHAMBRE ADMINISTRATIVE

POURVOI N° 91-63 AD DU 12
ARRET N° 31
MARS 1991

GRAHOU GEORGES C/ AU NOM DU


MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR PEUPLE IVOIRIEN

AUDIENCE PUBLIQUE
ORDINAIRE DU 28 OCTOBRE COUR SUPREME
1992

MONSIEUR NOUAMA, CHAMBRE


PRESIDENT ADMINISTRATIVE
46
LA COUR,
Droit administratif général

Vu sous le n° 91-63 AD, la requête présentée par Monsieur Georges


GRAHOU et enregistrée au Secrétariat Général de la Cour Suprême le 12
Mars 1991, requête tendant à la condamnation, pour abus et excès de
pouvoir, du Ministre de l'Intérieur, à annuler les élections présidentielles,
législatives et municipales et à légitimer 15 création de partis et groupements
politiques en attente depuis 8 mois.
Vu la loi n° 78-663 du 5 Août 1978 déterminant la composition,
l'organisation, les attributions et le fonctionnement de la Cour Suprême
notamment en son article 70;
Vu les autres pièces produites ;
Ouï, Monsieur le Conseiller MAO N'GUESSAN, en son rapport
Considérant que du dossier et des pièces produites, il ressort que le 13 Juillet
1990, Monsieur Georges GRAHOU a déposé à la Préfecture d'Abidjan une
déclaration de création d'un parti politique dénommé PRISE (Parti pour la
Réhabilitation Ivoirienne du Social et de l'Économie que récépissé lui a été
remis le 2 Mai 1991; que l'intéressé estimant cette remise tardive a saisi la
Cour Suprême par requête reçue et enregistrée au Secrétariat Général de la
Cour Suprême le 12 Mars 1991 sous le n° 91-63 AD
Considérant que l'intéressé sollicite la condamnation, pour abus et excès de
pouvoir, du Ministre de l'Intérieur à :
1°) annuler les élections présidentielles, législatives et municipales de 1990
aux motifs que son parti n'ayant pas pu obtenir le récépissé déclaration de
dépôt à temps, n'a pas présenté de candidat à ces consultations ;
2°) légitimer la création de 15 autres partis ou groupements politiques qui
attendent depuis 8 mois leurs récépissés de déclaration de dépôt ;
Sur le premier point
Considérant que le recours, pour abus et excès de pouvoir, doit tendre à
l'annulation d'une décision administrative jugée illégale ;
Considérant que la demande formulée par Monsieur Georges GRAHOU ne
vise pas ce but ; qu'elle est, de ce fait, irrecevable ;

47
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Sur le deuxième point
Considérant que le requérant a reçu le récépissé de déclaration de dépôt ;
que sa demande est sans objet ;
Considérant, en ce qui concerne les 15 autres dossiers en attente à la
Préfecture d'Abidjan depuis 8 mois selon le requérant, celui-ci n'apporte pas
la preuve qu'il a qualité pour agir au lieu et place de ces partis ; qu'en
conséquence, sa demande est encore irrecevable ;
DECIDE
ARTICLE 1er : Le recours présenté par le sieur GAHOU Georges est sans
objet en ce qui concerne son parti "PRISE" et irrecevable en ce qui concerne
les autres demandes ;
ARTICLE 2 : Les frais sont mis à la charge du requérant ;
ARTICLE 3 : Expédition du présent arrêt sera transmise à Monsieur le
Ministre de l'Intérieur.
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en
son Audience Publique du VINGT HUIT OCTOBRE MIL NEUF CENT
QUATRE VINGT DOUZE.
Où étaient présents : MM. Patrice NOUAMA, Conseiller à la Chambre
Administrative, Président ; MAO N’GUESSAN, Conseiller-Rapporteur;
TONIAN EBE, Conseiller; NIBE, Secrétaire.
En foi de quoi, le présent arrêt a été signé par le Président le Rapporteur et
le Secrétaire.

Exercice 3 : Dissertation
Sujet : Le pouvoir d’injonction de la Chambre administrative de la Cour
suprême.

48
Droit administratif général

Table des matières


Sommaire ........................................................................................................................................2
Introduction générale .................................................................................................................3
I- Définition du droit administratif ............................................................... 3
II- L’objet du droit administratif : l’Administration ..................................... 3
III- Les caractères du droit administratif ...................................................... 3
LIVRE 1 L’ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION......................................4
Première partie L’organisation structurelle de l’Administration : les
structures administratives .........................................................................................................4
Titre 1 Les considérations générales : les principes généraux de
l’organisation administrative ..................................................................................................4
Chapitre 1 La définition de l’administration et les formes d’organisation
administrative ................................................................................................................................4
Section 1- La définition de l’administration ......................................................................4
Section 2- Les formes d’organisation de l’Administration .........................................4
Chapitre 2 Les procédés (techniques) d’organisation administrative ...................5
Section 1- Un procédé autoritaire : La centralisation ....................................................5
Section 2- Un procédé non autoritaire : La décentralisation.......................................5
Chapitre 3 Les techniques de contrôle de l’administration ........................................5
Section 1- Des techniques de contrôle interne : le contrôle administratif .............5
Section 2- Une technique de contrôle externe : le contrôle juridictionnel ............6
Titre 2 La structuration de l’administration ivoirienne ................................................6
Chapitre 1 L’administration centrale ...................................................................................6
Section 1- La Présidence de la République........................................................................6
Section 2- La Primature .............................................................................................................6
Section 3- Le département ministériel .................................................................................7
Section 4- Les autorités administratives indépendantes ...............................................7
Chapitre 2 L’Administration territoriale ............................................................................7
Section 1- L’administration déconcentrée ..........................................................................7
Section 2- L’Administration décentralisée.........................................................................7
Section 3- L’Administration districale ................................................................................8
49
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Deuxième partie L’organisation fonctionnelle de l’Administration :
l’action administrative ............................................................................................................ 18
Titre 1 Le principe de base de l’action administrative : la légalité
administrative ............................................................................................................................. 18
Chapitre 1 La légalité administrative est formée par le bloc légal ou source
de la légalité ................................................................................................................................ 18
Section 1- Les sources écrites............................................................................................... 18
Section 2- Les sources non écrites ...................................................................................... 18
Chapitre 2 L’action administrative est soumise à la légalité ................................. 19
Section 1- L’obligation de respecter la légalité en période normale .................... 19
Section 2- L’obligation de respecter la légalité en période de crise : la théorie
des circonstances exceptionnelles....................................................................................... 19
Titre 2 Les formes de l’action administrative ............................................................... 19
Chapitre 1 Les opérations matérielles : les missions de l’Administration ....... 19
Section 1- Une mission de prestation : le service public ........................................... 19
Section 2- Une mission de prescription : la police administrative ........................ 20
Chapitre 2 Les actes juridiques : les moyens juridiques de l’action
administrative ............................................................................................................................. 20
Section 1- L’acte administratif unilatéral ou la décision (administrative) ......... 20
Section 2- L’acte administratif bilatéral ou le contrat administratif ..................... 20
LIVRE 2 LE
CONTRÔLE JURIDICTIONNEL DE L’ADMINISTRATION ......................... 26
Première Partie : La responsabilité administrative .................................................... 26
Titre 1 Le régime général de la responsabilité administrative ............................. 26
Chapitre 1 L’existence du droit de la responsabilité administrative ................. 26
Section 1- Le principe général de l’autonomie de la responsabilité
administrative .............................................................................................................................. 26
Section 2- Le fondement de la responsabilité administrative .................................. 26
Section 3- Les conditions d’engagement de la responsabilité administrative .. 27
Chapitre 2 L’action en responsabilité administrative ............................................... 27
Section 1- Les règles de recevabilité du recours........................................................... 27
Section 2- Les règles de compétence juridictionnelle ................................................ 27
Chapitre 3 La réparation du préjudice : la portée de la responsabilité
administrative ............................................................................................................................. 28
50
Droit administratif général

Section 1- Les principes de la réparation ......................................................................... 28


Section 2- L’évaluation du préjudice ................................................................................ 28
Titre 2 Les régimes spéciaux de responsabilité administrative .......................... 29
Chapitre 1 La responsabilité de l’État résultant de dommages spécifiques
liés à certains services publics ............................................................................................. 29
Chapitre 2 La responsabilité du fait des dommages se rapportant aux
véhicules administratifs et aux attroupements dans les communes .................... 29
Section 1- La responsabilité du fait des dommages causés par les véhicules
administratifs ............................................................................................................................... 29
Section 2- La responsabilité du fait des dommages causés par les
attroupements ou rassemblements ...................................................................................... 29
Deuxième Partie Le recours pour excès de pouvoir ................................................ 40
Titre 1 La mise en œuvre du recours pour excès de pouvoir .............................. 40
Chapitre 1 : Les conditions de recevabilité du recours pour excès de
pouvoir .......................................................................................................................................... 40
Section 1- La nature de l'acte attaque ................................................................................ 40
Section 2- La qualité du requérant ...................................................................................... 40
Section 3- Les formes de la requête ................................................................................... 40
Chapitre 2 Les cas d'ouverture du recours pour excès de pouvoir ..................... 41
Section 1- La violation de la légalité externe ................................................................. 41
Section 2- La violation de la légalité interne .................................................................. 41
Titre 2 La portée du contrôle par la voie du recours pour excès de pouvoir 41
Chapitre 1 Le pouvoir de contrôle du juge de l’excès de pouvoir .................... 41
Section 1- Le pouvoir de contrôle normal ou maximum du juge : la
compétence liée de l’administration .................................................................................. 41
Section 2- Le pouvoir de contrôle minimum du juge : la compétence
discrétionnaire de l’administration ..................................................................................... 42
Chapitre 2 L’évolution De la JURISPRUDENCE DE LA chambre
administrative en matière de recours pour excès de pouvoir .................................. 42
Section 1- La diversification des recours en excès de pouvoir ............................... 42
Section 2- Le renforcement des moyens d’annulation ............................................... 42
Chapitre 3 L'effet de la décision de contrôle du juge de l’excès de pouvoir .. 42

51
Les manuels de l’IUA / Licence 2 Droit – Semestre 3
Section 1- L’existence de l’autorité de chose jugée .................................................... 42
Section 2- Les limites à l'autorité la chose jugée .......................................................... 43

52
Droit administratif général

Droit administratif général


Professeur Yédoh Sébastien LATH
❖ Organisation structurelle et fonctionnelle de l’Administration
❖ Contrôle Juridictionnel de l’Administration

Le droit administratif a pour objet l’administration dans son


organisation et son fonctionnement. Le régime administratif assure
non seulement l’organisation de l’administration, mais aussi la
règlementation ou la régulation de l’action administrative.

53
Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Institut Universitaire d'Abidjan

Finances publiques
Lama NOULA

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Finances publiques

Finances publiques
Lama NOULA

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Syllabus
*INTITULE DU COURS : FINANCES PUBLIQUES
Code : ………….
*Type : CM
*Volume horaire : 30 Heures
UE de rattachement : Droit financier
*Niveau du cours : LICENCE II
*Département : Droit
*Semestre : I
*Nombre de crédit : 3
*Nom de l’enseignant : Dr. NOUAKO Noula Lama
*Contact téléphonique : 07-88-87-90 / 44-65-76-70
*Email : nouakonoulalama@yahoo.fr
*Statut : Enseignant permanent

*Les objectifs
-Faire connaître aux étudiants ce qu’est le budget de l’Etat
-Faire connaître aux étudiants les règles relatives à l’élaboration, à l’exécution et au contrôle du
budget.

*Les objectifs spécifiques


-A partir des connaissances acquises, l’étudiant peut aider à l’établissement et à l’exécution du
budget d’une collectivité publique donnée.
-Permettre aux étudiants de comprendre que les règles régissant la gestion des budgets des
personnes publiques sont différentes de celles relatives à la gestion des budgets des personnes
privées.
Les pré-requis
-Avoir des connaissances en droit administratif
-Avoir des connaissances en droit fiscal
*Le contenu
Chapitre introductif
Chapitre 1 : Les principes budgétaires
Chapitre 2 : La préparation du budget
Chapitre 3 : Le vote du budget
Chapitre 4 : L’exécution du budget
Chapitre 5 : Le contrôle de l’exécution du budget

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Finances publiques

*Programme du cours

N° de Séance Contenu Lectures/travaux


Introduction
-Lire les parties du cours se
S1-Définition et objet des
rapportant à la notion de
finances publiques
finances publiques et à celle
Séance 1 S 2-Evolution de la
du budget.
Date : conception des finances
-Exercice : Approfondir la
publiques
distinction entre le budget et
S 3-Les sources des finances
la loi de finances.
publiques
-Faire des lectures sur les
Chapitre I-Les principes points se rapportant à la
budgétaires structure du budget et aux
Séance 2 S1-Les principes de sources des finances
Date : disciplines publiques.
P1-L’annualité budgétaire -Exercice : Comparer le
P 2-La spécialité budgétaire budget de 2015 au projet de
budget de 2016
-Faire des lectures sur les
S 2-Les principes de
principes classiques du droit
transparence
Séance 3 budgétaire
P 1-L’unité budgétaire
Date : -Exercice : Approfondir
P 2-L’universalité budgétaire
l’étude sur la sincérité
P 3-La sincérité budgétaire
budgétaire
Chapitre 2 : La préparation
du budget -Faire des lectures sur les
S 1-Les techniques de techniques d’évaluation des
Séance 4 préparation du budget recettes et des dépenses.
Date P 1-Les techniques -Exercice : Réflexion sur la
d’évaluation des recettes portée de l’équilibre
P 2-Les techniques budgétaire.
d’évaluation des dépenses
S 2-L’ajustement des recettes
et des dépenses : le principe
de l’équilibre budgétaire
P 1-La signification et les
justifications du principe -Faire des lectures sur la
P 2-La remise en cause du procédure de préparation du
Séance 5 principe budget.
Date S 3-La procédure de -Exercice : Réflexion sur la
préparation pertinence de la longueur de
P 1-Les perspectives la procédure
économiques et budgétaires
P 2-La lettre de cadrage du
Premier ministre et le débat
d’orientation budgétaire
3

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

P 3-Les conférences
budgétaires
P 4-L’arbitrage du premier
ministre
Chapitre 3 : Le vote du
budget
S 1-La procédure de vote du
-Faire des lectures sur la
budget
procédure d’adoption de la
P 1-La procédure normale
loi des finances et la
P 2-L’hypothèse d’un
Séance 6 limitation du pouvoir du
désaccord entre l’Assemblée
Date parlement.
nationale et le Parlement
-Exercice : L’intérêt de
S 2-La limitation du pouvoir
l’institution du débat
du parlement
d’orientation budgétaire.
P 1-Les procédures
exceptionnelles d’adoption
du budget
P 2-La restriction du droit
d’amendement des
parlementaires

Chapitre IV: L’exécution et


le contrôle de la loi de
finances -Faire des lectures sur les
S 1-Les règles de règles de comptabilité
comptabilité publique publique
Séance 7
P 1-Le principe de la légalité -Exercice : Intérêt du
Date
budgétaire principe de la séparation de
P 2-Le principe de l’unité de l’ordonnateur et du
comptabilité comptable.
P 3-Le principe de
l’antériorité
-Faire des lectures sur les
P 3-Le principe de la
agents d’exécution du budget
Séance 8 séparation de l’ordonnateur
-Exercice : La responsabilité
Date et du comptable
des agents d’exécution du
S 2-Les modalités
budget
d’exécution du budget
S 3-Les modalités
d’exécution du budget
-Faire des lectures sur les
P 1-La procédure de
modalités d’exécution des
Séance 9 recouvrement des recettes
recettes et des dépenses
Date P 2-La procédure
-Faire des recherches sur le
d’exécution des dépenses
SIGFIP
P 3-La prescription des
dépenses publiques

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Finances publiques

Chapitre V : Le contrôle de -Faire des lectures sur les


l’exécution du budget missions du contrôleur
S 1-Le contrôle interne à financier et du contrôleur
Séance 10 l’administration budgétaire
Date P 1-Le contrôle du contrôleur -Faire des recherches sur les
financier autres organes de contrôle
P 2-Le contrôle du comptable administratif l’Inspection
public Générale d’Etat
S 2-Le contrôle externe à -Faire des lectures sur les
l’administration missions de la Cour des
Séance 11
P 1-Le contrôle de la Cour Comptes.
Date
des comptes -Faire des recherche sur la
P 2-Le contrôle du Parlement certification des comptes
-Faire des recherches sur le
Séance 12 contrôle du Parlement
S 3- Le contrôle du Parlement
Date Exercice : l’efficacité du
contrôle politique.

*Méthodes et stratégies pédagogiques


-Le cours est dispensé à partir d’un support
-Des explications sont données aux étudiants pour une bonne compréhension du cours
Langue d’enseignement : FRANÇAIS

Modalités d’évaluation

Evaluation continue : 40%


Participation 5%
Interrogations 10%
Devoirs sur table 20%
Travaux à rendre 5%
Examen final en fin de semestre 60%
1ère session : à la fin du cours
Session de rattrapage (2ème session)
*Les références bibliographiques
-Champollion. Cours de finances publiques de l’Etat
-CISSE (Bakary), l’épreuve de finances publiques, 2001
-FRANÇOIS (Chouvel), L’essentiel des finances publiques, Gualino éditeur
- GAUDEMET (Paul Marie) et MOLINIER (Joël), Finances publiques, fiscalité, Paris,
Montchrestien, tome 2, 6ème édition, 1997, 483 p.
- MUZELEC (Raymond), Finances publiques, Paris, memento-Dalloz, 4ème édition, 2002, 233p.
- MUZELEC (Raymond), Notions essentielles, finances publiques, Paris, SIREY, 8ème édition,
993 p
- PHILIP (Loïc), Finances publiques, problèmes généraux et droit budgétaire et financier.
-SEKA (Séka Paul), Finances publiques, les éditions ABC, 2008, 160 p.
-Loi organique n° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de finances

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Sommaire

INTRODUCTION......................................................................................................................... 7
I-. Définition et objet des finances publiques ...................................................................................7
II-. Evolution de la conception des finances publiques .....................................................................9
III-Sources des finances publiques ................................................................................................ 11
1ère PARTIE : L’ÉTABLISSEMENT DU BUDGET .................................................................... 20
CHAPITRE I : LES PRINCIPES BUDGÉTAIRES ..................................................................... 20
Section I- Les principes de discipline ............................................................................................ 20
Section II-Les principes de transparence........................................................................................ 25
CHAPITRE II : LA PREPARATION DU BUDGET ................................................................... 35
Section I- Les techniques de préparation du budget ....................................................................... 35
Section II-La procédure de préparation du budget .......................................................................... 40
CHAPITRE III : L’ADOPTION DU BUDGET ........................................................................... 48
Section I- La procédure d’adoption du budget ............................................................................... 48
Section II-La restriction du droit d’amendement du Parlement ....................................................... 52
DEUXIÈME PARTIE : L’EXÉCUTION ET LE CONTRÔLE DU BUDGET ............................. 58
CHAPITRE I : L’EXÉCUTION DU BUDGET ........................................................................... 58
Section I-. Les règles et procédures d’exécution du budget (l’exécution juridique du budget) ......... 58
Section II-Les structures d’exécution du budget ............................................................................ 75
CHAPITRE II : LE CONTRÔLE DE L’EXÉCUTION DU BUDGET ......................................... 80
Section I-. Le contrôle interne à l’Administration .......................................................................... 80
Section 2-Le contrôle externe à l’administration ............................................................................ 82

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Finances publiques

INTRODUCTION
Au regard de la subdivision classique des disciplines juridiques en
disciplines relevant pour certaines du droit privé, et pour d’autres du droit public,
les finances publiques sont appréhendées comme une discipline de droit public.
Cependant, dans la pratique, elles sont au confluent de plusieurs disciplines
juridiques et même non juridiques. Ce qui a fait dire à certains auteurs qu’elles
sont une discipline « carrefour ».

Au sein du droit public, les finances publiques sont influencées par le droit
constitutionnel, le droit administratif, et le droit international public.

Relativement au droit privé, les finances publiques interfèrent sensiblement


dans quelques domaines relevant du droit civil, du droit des sociétés, du droit
social et du droit pénal.
De même, les finances publiques entretiennent d’étroites relations avec les
sciences sociales notamment la science politique et la science économique.

I-. Définition et objet des finances publiques


A-La définition des finances publiques

Les finances publiques se définissent comme la science qui étudie les


moyens d’actions financiers permettant aux personnes morales de droit public
d’intervenir dans la vie économique et sociale. Autrement dit, c’est la science qui
s’intéresse à la manière dont les personnes publiques se procurent leurs recettes
et déterminent leurs dépenses.
Les personnes morales de droit public dont il est question sont : l’Etat, les
collectivités territoriales, et les établissements publics.
Cependant, l’étude des finances publiques met plus l’accent sur l’Etat au
détriment des autres personnes publiques. C’est pour corriger cette incongruité,

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

que l’on distingue les finances publiques de l’Etat des finances des collectivités
locales ou finances locales.

B-. L’objet des finances publiques : le budget

1-. Définition du budget

En droit ivoirien, le budget est défini à l’article 7 de la loi organique n°


2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de finances. Il y est écrit que « le budget
décrit les recettes et les dépenses budgétaires autorisées par la loi de finances ».
Le budget est donc un compte, c'est-à-dire une description chiffrée d'une
gestion financière. C'est un document prévisionnel qui fixe en début d'année
l'ensemble des ressources et des charges nécessaires à la conduite de la politique
nationale de l'Etat pour l'année suivante.

2-.Distinction du budget de la loi de finances

Suivant les termes de l’article 2 de la loi organique de 2014 « les lois de


finances déterminent, pour un exercice, la nature, le montant et l’affectation des
ressources et des charges de l’Etat. Elles tiennent compte d’un équilibre
économique et financier qu’elles déterminent, sur la base des objectifs et des
programmes définis dans le cadre des missions de l’Etat ».
Il existe trois types de lois de finances, à savoir : la loi de finances de
l’année, les lois de finances rectificatives, et la loi de règlement.
-La loi de finances de l'année ou loi de finances initiale prévoit et autorise, pour
chaque année civile, l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat. C'est elle
qui ouvre le cycle budgétaire. Elle doit être votée avant le 31 décembre précédant
l'exercice.
-Les lois de finances rectificatives modifient, en cours d'année, les dispositions
de la loi de finances de l’année. La modification peut se faire à la hausse ou à la
baisse. Ce sont des moyens dont dispose le Gouvernement pour corriger
8

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Finances publiques

l’autorisation budgétaire initiale afin de l’adapter à l’état réel des besoins ou


répondre à une situation imprévue. C’est pourquoi, on les appelle également des
collectifs budgétaires.
-La loi de règlement constate les résultats financiers de chaque année civile et
rend compte de l’exécution du budget ainsi que de l’utilisation des crédits. En
application de l’article 118 alinéa 2 de la Constitution ivoirienne du 08 novembre
2016, le projet de loi de règlement doit être déposé au Parlement un an au plus
tard après l’exécution du budget.
De ce qui précède, il ressort que le budget et la loi de finances traduisent la
même réalité financière. Dans le langage usuel, ces deux termes sont employés
indifféremment ; le même document financier étant appelé tantôt budget, tantôt
loi de finances.
Cependant, budget et loi de finances présentent deux aspects distincts de
cette réalité financière : l'aspect comptable pour le budget et l'aspect juridique
pour la loi de finances. Le budget est donc un document comptable et la loi de
finances un acte juridique.

II-. Evolution de la conception des finances publiques


A-La conception classique

Jusqu'au 19ème siècle, l'Etat était considéré comme un Etat- gendarme en


raison de sa vocation essentiellement sécuritaire. L’Etat devrait être confiné dans
ses fonctions régaliennes, à savoir la défense nationale, la diplomatie et la justice.
L’idéologie qui prévalait à cette époque était le libéralisme. Elle reposait sur le
slogan « laissez-faire, laissez-passer » qui signifie « laissez passer les hommes,
laissez passer les marchandises ». Cette doctrine prônait la confiance en
l’initiative individuelle, le libre jeu de l’offre et de la demande, la libre
concurrence et la liberté des prix qui impliquent que l’activité économique ne doit

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

reposer que sur les agents économiques. Dès lors, toute intervention de l’Etat
constituerait, par principe, une atteinte à leur liberté.
Autrement dit, l’idéologie libérale de l’Etat-gendarme implique la non-
intervention de la puissance publique dans la vie économique, donc la neutralité
des finances publiques. Non seulement l’Etat ne doit pas tenter de modifier les
comportements des agents économiques (neutralité subjective), mais encore ses
décisions financières ne doivent pas avoir d’impact sur les mécanismes de
l’économie (neutralité objective). L'action de l’Etat-gendarme se trouve ainsi
contenue ou circonscrite dans les limites bien définies. Les conséquences de cette
conception classique de l'Etat sont bien évidemment la limitation du volume des
dépenses publiques, et l’équilibre budgétaire.
La survenance de certains évènements notamment les deux guerres
mondiales et la crise économique de 1929 a précipité le passage de la conception
classique à la conception moderne des finances publiques.

B. La conception moderne

La conception moderne des finances publiques est imprégnée de politiques


interventionnistes. L’avènement de l’interventionnisme s’effectue, dans les faits,
à la faveur du recul du libéralisme. Mais à la différence de celui-ci,
l’interventionnisme ne constitue pas à l’origine une doctrine économique. Il est
né des circonstances pour répondre aux nouveaux besoins suscités par les crises.
Pour faire face aux conséquences de ces événements, l'Etat-gendarme qui
était un Etat libéral par définition s’est transformé en un Etat-providence qui est
lui, un Etat interventionniste par nécessité. Les tâches de ce nouvel Etat qui doit
prendre en charge le redressement économique et la reconstruction deviennent de
plus en plus nombreuses et coûteuses d'autant plus qu'en temps normal, il lui
revient aussi d'assurer la régulation de l'activité économique et la promotion du
bien-être social.
10

Page 24 of 310
Finances publiques

L'intervention de l'Etat dans le secteur économique prend plusieurs formes


: aides aux entreprises en difficultés afin de stimuler la croissance, lutte contre le
chômage, lutte contre l'inflation en exerçant un contrôle sur les prix ou en agissant
sur le pouvoir d'achat des ménages et des individus, financement direct des
infrastructures économiques de base, développement de certains secteurs
économiques par l'intermédiaire des subventions.
L'intervention de l'Etat dans le secteur social se fait au travers des transferts
de revenus qui ont pour but d'égaliser les conditions sociales des membres
composant la communauté nationale. Les aides attribuées aux économiquement
faibles entrent dans ce cadre. Exemples : la prise en charge des élèves et étudiants,
les allocations sociales diverses, les dépenses de santé publique, les dépenses
d'équipements collectifs.
En outre, l'Etat procède au versement des subventions économiques à des produits
de première nécessité (pain, sucre, lait..,) ou à des entreprises présentant un intérêt
d'un point de vue social à l'effet de faire baisser le prix des biens et des services
utilisés par les couches sociales modestes.
L’interventionnisme de l’Etat a eu pour conséquence l’accroissement
considérable des dépenses publiques.

III-Sources des finances publiques


A -. Les sources externes

1-. Les sources internationales

Les règles de source internationale qui régissent les finances publiques sont
contenues dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 qui
dispose notamment en son article 14 que : « tous les citoyens ont le droit de
constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution

11

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la


quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée ».
La Constitution ivoirienne du 08 novembre 2016 en se référant à cet
instrument international dans son préambule en fait une des sources des finances
publiques en Côte d’Ivoire.

2-. Les sources communautaires

La Côte d’Ivoire étant membre de l’UEMOA, il va sans dire que les normes
communautaires vont intégrer son ordonnancement juridique. De ce point de vue,
le traité de l’UEMOA1, et surtout ses directives sont retenus comme sources des
finances publiques.
Les directives sont des actes qui fixent aux Etats membres les résultats à
atteindre tout en leur laissant le choix des moyens et de la forme pour son
application en droit interne. La transposition en droit interne des dispositions de
la directive se fait souvent par la loi. Les directives prises en matière financière
de finances publiques dans le cadre de l’UEMOA sont : la directive n° 05 / 97 /
CM / UEMOA relative aux lois de finances et ses modificatifs, la directive n° 06
/ 97 / CM / UEMOA portant règlement général de la comptabilité publique, la
directive n° 01 / 2009 / CM / UEMOA portant Code de transparence dans la
gestion des finances publiques, et la directive n° 06 / 2009 / CM / UEMOA portant
loi de finances.

1
Il définit le niveau de transfert de compétence des Etats vers l’union. Il délimite également les moyens de leur
mise en œuvre à travers les institutions et procédures communes.
12

Page 26 of 310
Finances publiques

B-. Les sources internes

Les sources internes sont constituées de la constitution2, de la loi et du


règlement3. Dans le cadre de cours, l’accent sera mis sur la loi organique n° 59-
249 du 31 décembre 1959 qui a longtemps régi les finances publiques ivoiriennes,
et la loi organique n° 2014-336 du 5 juin de 2014 actuellement en vigueur.

1-. La loi organique de 1959 relative aux lois de finances

La loi organique n° 59-249 du 31 décembre 1959 relative aux lois de


finances s’inscrit dans une logique de moyen, dans la mesure où, l’objectif
principal qui lui est assigné au budget est de doter l’Etat, et par ricochet les
administrations publiques de moyens financiers en fonction de leurs besoins, sans
se préoccuper outre mesure des résultats à atteindre (c’est un budget de moyen).
Il va sans dire qu’ici, le bénéficiaire du budget et sont gestionnaires seront jugés
seulement sur la régularité de la dépense et non sur son efficience.
Le système mis en place pour élaborer de tel budget est la reconduction des
moyens financiers qui ont été nécessaires à la vie de l’Etat au cours de l’exercice
budgétaire précédent dans la loi de finances à venir. Pour ce faire, on utilise un
mécanisme dit de "services votés" qui veut que les crédits budgétaires (c'est-à-
dire les autorisations de dépenses), ainsi reconduits par un vote global au
Parlement, soient simplement corrigés chaque année par des "autorisations
nouvelles", qui permettent de les adapter aux évolutions des besoins des
administrations ou aux fluctuations des prix. Ces autorisations nouvelles, encore

2
La loi n° 2016-886 du 08 novembre 2016 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire est la première
source des finances publiques au plan interne. Elle contient des dispositions relatives à la matière aussi bien dans
le préambule que dans le corps du texte.
3
On peut citer le décret n° 98-716 du 16 décembre 1998 portant réforme des circuits et des procédures d’exécution
des dépenses et des recettes du budget général de l’Etat, des comptes spéciaux du trésor et mise en œuvre du
système intégré de gestion des finances publiques ; arrêté n° 1572/MEF/CAB du 31 décembre 1998 portant
codification détaillé de la nomenclature budgétaire de l’Etat, le décret n° 2014-417 do 09 juillet 2014 portant
nomenclature budgétaire de l’Etat.
13

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

appelées mesures nouvelles, peuvent être positives (augmenter certains crédits


budgétaires) ou négatives (les diminuer). Dans ce processus de reconduction, et
en dépit de quelques adaptations, l'objet essentiel de la loi de finances de l'année
est donc de donner à la machine étatique les moyens financiers de fonctionner
pendant un an, d'où l'expression "logique de moyens".
Comme on le voit, la mise en œuvre d'une logique de moyens ne fait pas de
réelle place à une évaluation de la rentabilité des crédits budgétaires accordés
chaque année, d'autant que les services votés représentent plus de 90 % du
montant total du budget. Dans de telles conditions, le Parlement n’est pas en
mesure de mettre à profit le vote de la loi de règlement pour appuyer d’éventuelles
initiatives de réorientations des crédits budgétaires futurs.
Cette pratique a conduit pendant longtemps à des gaspillages et à des
détournements de deniers publics ; ce qui justifie amplement l’adoption de la loi
organique de 2014 pour corriger ‘’le tir’’.

2-. La loi organique de 2014 relative aux lois de finances

La loi organique de 2014, contrairement à sa devancière, s’inscrit dans une


logique de résultat. Le budget mis en place dans le cadre de cette loi est
indifféremment qualifié de budget de résultat, budget par objectif ou de budget
programme.
La logique de résultats désignée par les expressions "logique de
performance" ou "démarche de performance", ou encore "logique d'efficacité",
exclut dans son principe, et par opposition à la précédente logique de moyens, tout
mécanisme de reconduction dans la procédure budgétaire. Elle consiste
essentiellement, pour le Gouvernement et à travers lui pour l'Etat, à s'engager sur
la réalisation d'objectifs. Les politiques publiques soumises à l'approbation
annuelle du Parlement par le biais de la loi de finances doivent être déclinées en
objectifs qualitatifs et quantitatifs précis, dont la réalisation doit pouvoir être
14

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Finances publiques

appréciée au regard de critères de performance préalablement définis et ce, dans


un cadre pluriannuel.
Par conséquent, lors de l'adoption de la loi de finances de l'année, les
parlementaires accordent des crédits budgétaires en vue de la réalisation de
politiques publiques dont ils approuvent par là même les objectifs : c’est la
technique de l’allocation budgétaire.
Mais la logique de résultats ne saurait se limiter à cette étape. Elle implique
également que le Parlement soit à même d'assurer, tout au long de l’exécution de
la loi de finances, un suivi des crédits qu'il a ainsi accordés, afin de contrôler leur
bonne utilisation et par conséquent de s'assurer de l'efficacité des politiques
publiques mises en œuvre par le Gouvernement. A cet effet, le Gouvernement est
tenu de lui fournir divers documents d’informations comme le prévoit la loi
organique. Le contrôle de l’exécution du budget par le Parlement doit trouver son
accomplissement lors du vote de la loi de règlement.
La logique de résultats doit ainsi permettre d'établir une corrélation
juridiquement organisée entre autorisation et exécution budgétaires. A cette fin,
l'architecture de la loi de finances a été sensiblement remodelée.
La logique de moyens de la loi organique de 1959 était totalement
compatible avec le vote du budget par ministère et par type de dépenses. La
logique de résultat implique désormais que ce vote porte sur les politiques
publiques que le Gouvernement choisit de mettre en œuvre, sur leurs objectifs, et
sur les résultats attendus : c'est pourquoi la nouvelle architecture budgétaire
introduite par la loi organique de 2014 structure le budget en missions,
programmes et actions (l'acronyme "MPA" est parfois utilisé pour désigner ces
subdivisions).
La mission constitue l'unité de vote du budget de l'Etat. La loi organique de
2014 indique précise que chaque mission correspond à une politique publique
15

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

définie. Ce des enveloppes de crédits budgétaires conçues pour permettre


d'identifier et de chiffrer les diverses politiques publiques de l'Etat ; c'est à ce titre
qu'elles sont soumises à l'approbation du Parlement. Il est d'ailleurs précisé que
ces missions peuvent concerner les services d'un ou plusieurs ministères, puisque
plusieurs ministères peuvent évidemment être appelés à concourir à une même
politique publique. Seul le Gouvernement peut créer par décret une mission.
A chaque mission correspond un ensemble de programmes. Ces
programmes, unités d'exécution du budget, regroupent les crédits destinés à mettre
en œuvre une action ou un ensemble cohérent d'actions relevant d’une politique
publique clairement définie dans une perspective à moyen terme. Ils peuvent
également regrouper tout ou partie des crédits d’une direction, d’un service, d’un
ensemble de directions ou de service d’un même ministère. Comme on le voit, les
programmes sont nécessairement ministériels. Concrètement, chaque ministère
aura à exécuter plusieurs programmes qui relèveront donc le plus souvent de
missions différentes, en fonction de leur finalité.
Les actions sont des subdivisions des programmes dont elles décrivent le
contenu et la destination. La loi organique de 2014 n'en donne pas une définition
précise, et la pratique démontre qu'elles ont une valeur purement indicative.

16

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Finances publiques

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

 Les finances publiques sont une discipline juridique, plus


précisément, une discipline de droit publique. Elles se définissent
comme la science qui étudie les moyens d’actions financiers
permettant aux personnes morales de droit public, notamment
l’État, d’intervenir dans la vie économique et sociale. Autrement
dit, c’est la science qui s’intéresse à la manière dont l’État se
procure leurs recettes et déterminent leurs dépenses.

 Depuis 1959 jusqu’en 2014, les finances publiques ivoiriennes


étaient régies par la loi organique n° 59-249 du 31 décembre 1959
relative aux lois de finances. Cette loi s’inscrivait dans une
logique de moyen, étant donné que l’objectif principal qui était
au budget était de doter l’État, et par ricochet les administrations
publiques de moyens financiers en fonction de leurs besoins, sans
se préoccuper outre mesure des résultats à atteindre (c’est un
budget de moyen).

 À l’heure actuelle, les finances publiques ivoiriennes sont régies


par la loi organique n° 2014-336 du 5 juin de 2014 relative aux
lois de finances. Cette loi s’inscrit dans une logique de résultat.
Le budget mis en place dans le cadre de cette loi est
indifféremment qualifié de budget de résultat, budget par objectif
ou de budget programme.

17

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR


APPROFONDIR LE CHAPITRE

1. Ouvrages

 COULIBALY (Alban Alexandre), Les finances


publiques de la République de Côte d’Ivoire.
Introduction au droit budgétaire et financier ivoirien,
Paris, L’Harmattan, 2000.
 JEAN-Luc Albert, Finances Publiques, Pais,
Economica, 7ème édition, 2011
 SEKA Séka Paul, Finances publiques, les éditions
ABC

2. Textes législatifs

 Loi organique n° 2014-336 du 05 juin 2014 relative aux


lois de finances. JORCI n° 07, numéro spécial du
vendredi 06 juin 2014, p 153
 Loi organique n° 59-249 du 31 décembre 1959 relative
aux lois de finances.

18

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Finances publiques

EXERCICES D’ASSIMILATION

1. En quoi consiste le caractère pluridisciplinaire des


finances publiques ?

2. Qu’est-ce qui distingue le budget de la loi de finances ?

3. Quelles sont les fonctions de :


a. -la loi de finances de l’année ?
b. -la loi de finances rectificative ?
c. -la loi de règlement ?

4. 4) Que savez-vous du budget programme ?

19

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

1ère PARTIE : L’ÉTABLISSEMENT DU BUDGET

L’établissement ou l’élaboration du budget est un processus composé de


deux étapes. La première est celle qui consiste à préparer le budget. Cette étape
est l’œuvre du Gouvernement. Une fois que le budget est établi, il est soumis au
vote du Parlement. Ces différentes étapes, y compris celle de l’exécution du
budget (qui sera examinée ultérieurement) sont soumises à des règles
communément appelées principes budgétaires.

CHAPITRE I : LES PRINCIPES BUDGÉTAIRES

Les principes budgétaires sont nombreux. Néanmoins, ils peuvent être


rangés en deux catégories. D’un côté, les principes de discipline, et de l’autre les
principes de transparence.

Section I- Les principes de discipline


Les principes de discipline contribuent à une rationalisation de la procédure
de vote du budget. Ce sont le principe de l’annualité budgétaire et le principe de
la spécialité budgétaire

Paragraphe 1- Le principe de l’annualité budgétaire

Le fondement de ce principe réside dans l’article 5 de la loi organique de


2014. Il est énoncé comme suit : « la loi de finances de l’année prévoit et autorise,
pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat »4.

A-. Le contenu du principe

Le principe de l’annualité est celui en vertu duquel les prévisions et les


autorisations budgétaires ne sont valables que pour un an. Autrement dit, le budget

4
C’est dans ces mêmes termes que le principe est énoncé à l’article 4 de la directive
n°05/97/CM/UEMOA du 16 décembre 1997 relative aux lois de finances.
20

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Finances publiques

est voté pour un an (autorisation annuelle) pour être exécuté en un an (exécution


annuelle).

B- Les dérogations au principe

1-Les dérogations à la règle de l’autorisation annuelle

a) Les opérations infra annuelles

Les opérations infra annuelles sont les opérations ayant une période
inférieure à un an. On a le douzième provisoire, les lois de finances rectificatives,
et les décrets d’avance.
*Le douzième provisoire : La procédure des douzièmes provisoires consiste à
renouveler mensuellement l'autorisation d'engager les dépenses et de percevoir les
recettes. Elle consiste à reconduire le budget antérieur et à octroyer à chaque
administration le 1/12 de sa dotation de l'année précédente ou le 1/12 de celle
proposée par le Gouvernement pour l'année à venir.
*Les lois de finances rectificatives : Elles interviennent en cours d'année pour
modifier les dispositions de la loi de finances de chaque exercice budgétaire, afin
de pallier, les déséquilibres rendus le plus souvent nécessaire par l'insuffisance
des crédits.
*Les décrets d'avance : Ce sont des crédits supplémentaires que le Gouvernement
peut exceptionnellement s'ouvrir à lui-même pendant l’exécution du budget dans
des hypothèses limitativement déterminées, et à charge de ratification ultérieure
par le Parlement.
b) Les opérations supra annuelles
Les opérations supra annuelles sont celles ayant une période supérieure à
un an. Les opérations concernées sont les lois de programme et les autorisations
de programme.

21

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

*Les lois de programme : Ce sont des lois ordinaires n’ayant aucun effet
contraignant dont le but est de prévoir à titre indicatif les sommes allouées sur les
trois prochaines années à une politique donnée. Elles regroupent les
investissements publics qui doivent être réalisés sur une période de trois ans
conformément aux orientations et aux objectifs du plan.
*Les autorisations de programme : Elles permettent de déterminer le montant
maximum des crédits qui peuvent être engagés par un ministre sur plusieurs
années au titre d’opérations d’investissement. La réalisation progressive du
programme donnera lieu ensuite à l’inscription au budget, chaque année, des
crédits de paiement nécessaires.

2-Les dérogations à la règle de l’exécution annuelle

a)-Le problème de l'imputation comptable d'une dépense publique


Le problème de l’imputation comptable d’une dépense publique se rapporte
à la situation dans laquelle l’exécution d’une dépense publique excède un an. Dans
une situation pareille, sur quel exercice doit-on imputer (rattacher) la dépense ?
Deux procédés existent en la matière.
 Le système de l’exercice
Suivant le système de l’exercice, toutes les opérations juridiques doivent être
rattachées à l’année de leur engagement. Il va sans dire que toutes les dépenses
doivent être rattachées au budget de l’année de leur engagement, c’est-à-dire de
leur naissance, quel que soit la date à laquelle elle sera payée. Ce système retarde
l’apurement des comptes et rend illusoire le contrôle de l’exécution du budget.
 Le système de gestion
Suivant le système de gestion, toutes les opérations de dépenses doivent être
prises en compte au titre du budget où il y a eu effectivement décaissement. Ce
système peut être dangereux. En effet, il peut accélérer le recouvrement de

22

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Finances publiques

certaines recettes et retarder certains paiements, alourdissant ainsi les charges de


l’année suivante. Il peut donc provoquer de faux équilibres budgétaires. Malgré
cela, c’est lui qui est en vigueur en Côte d’Ivoire.

b)-Les reports de crédits

En principe, tout crédit non utilisé avant la fin de l’année budgétaire est annulé.
Exceptionnellement, le Ministre des finances peut autoriser un service donné
à utiliser l'année suivante le solde des crédits inutilisés de l'année en cours ; c’est
la procédure de report de crédits.
L’intérêt de cette procédure est d’éviter que les administrations soient portées,
en fin d'année, à utiliser à la hâte, voire à gaspiller leurs crédits dans la crainte
qu'ils soient annulés.
La procédure concerne : les opérations en capital (c'est-à-dire les crédits
d'investissement), les opérations entrant dans les chapitres accordant des
subventions économiques et sociales, ou permettant l'entretien des immeubles et
du matériel, les crédits correspondant aux dépenses engagées, liquidées, mais non
ordonnancées, dans la limite du dixième (1/10ème) de la dotation du chapitre visé.

Paragraphe 2-Le principe de la spécialité budgétaire

Le principe de la spécialité trouve son fondement à l’’article 15 al 4 de la


loi organique de 2014 relative aux lois de finances. Aux termes de cette
disposition « les crédits sont votés par programme ».

A- Le contenu du principe

Le principe de la spécialité veut que chaque crédit ait une destination


précise.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Il se justifie par le fait qu'on estime que plus l'autorisation budgétaire sera
détaillée, plus les crédits recevront une application précise, plus limitée sera la
marge de manœuvre gouvernementale.
Initialement, dans la mise en œuvre de ce principe, les crédits étaient votés
par Titres, chapitres, articles, paragraphes et lignes.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi organique de 2014 relative aux lois de
finances, le vote ne se fait plus par chapitre mais par programmes à l’intérieur
d’une mission.
Le principe de la spécialité admet des assouplissements.

B- Les assouplissements au principe

1-Les transferts de crédits


Les transferts de crédits modifient la répartition des crédits budgétaires
entre Programmes de ministères distincts ou entre dotations d’institutions
distinctes. Ils sont autorisés par décret pris en Conseil des Ministres sur rapport
conjoint du ministre en charge des finances et des ministres ou des présidents
d’institutions concernés.

2-Les virements de crédits


Les virements de crédits modifient la répartition des crédits budgétaires
entre Programmes d’un même ministère. S’ils ne changent pas la nature de la
dépense, ils sont pris par arrêté interministériel du ministre intéressé et du ministre
en charge des finances. Dans le cas contraire, ils sont autorisés par décret sur
rapport conjoint du ministre charge des finances et du ministre concerne.

3-Les fonds spéciaux ou fonds secrets

Les fonds spéciaux sont sans affectation officielle. Ils sont relatifs aux
crédits ouverts en bloc qui n'ont pas d'affectation spéciale et qui peuvent servir à

24

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Finances publiques

financer le contre-espionnage, de même que les subventions politiques tant à


l'extérieur qu'à l'intérieur de l'Etat.
Les crédits ainsi soustraits à toutes les règles de la procédure budgétaire et
de la comptabilité publique apparaissent comme la manifestation sous l'angle
financier de la raison d'Etat.

4-Les crédits provisionnels


Les crédits provisionnels correspondent à des besoins dont la survenance
ne dépend que partiellement de la volonté de l'administration et qui de ce fait ne
peuvent être connus avec exactitude au moment du vote du budget. Sont classés
dans cette rubrique, les frais de réceptions de personnalités étrangères, les charges
d'organisation d'élections, etc.

5-Les dépenses imprévues


Les dépenses imprévues sont des dépenses effectuées pour réparer une
catastrophe ou une calamité naturelle ou pour régler une affaire exceptionnelle et
imprévue d’intérêt national. Ces dépenses sont autorisées par arrêté du Ministre
des finances.

Section II-Les principes de transparence


Les principes de transparence sont nécessaires à l’information du Parlement
lors du vote du projet de loi de finances. Ce sont le principe de l’unité, de
l’universalité et de la sincérité budgétaire.

Paragraphe 1-Le principe de l’unité budgétaire

Le principe de l’unité budgétaire est tiré de l’article 31 de la loi organique


n° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois des finances. Il est ainsi
énoncé : « toutes les dépenses et toutes les recettes sont imputés au budget
général ». Ce principe a été violé dans son application par la création du Budget
25

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Spécial d’Investissement et d’Equipement en 1962. La réhabilitation de ce


principe est intervenue en 1999 à la suite d’une réforme budgétaire.

A- Le contenu du principe
Le principe de l'unité budgétaire suppose la réunion dans un document
unique de l'ensemble des recettes et des dépenses de l'Etat. Autrement dit, il
signifie que tous les moyens financiers de l’Etat doivent figurer dans une seule loi
de finances.
B- Les exceptions au principe

Comme exception au principe de l’unité budgétaire, on a : les lois de


finances rectificatives, les budgets annexes, les budgets autonomes, et les comptes
spéciaux du trésor.

1-Les lois de finances rectificatives

Les lois de finances rectificatives modifient en cours d'année, à la hausse


ou à la baisse, les dispositions de la loi de finances de l’année.
Elles constituent une entorse au principe de l'unité, en ce sens que leur
existence participe à la multiplication des documents budgétaires.

2- Les budgets annexes


Les budgets annexes sont ceux dont bénéficient les services de l’Etat que la
loi n’a pas dotés de la personnalité morale et dont l’activité tend essentiellement
à produire des biens ou à rendre des services donnant lieu au paiement de prix.
Ils constituent un aménagement au principe de l'unité, en ce sens qu'ils
figurent à l'intérieur de la loi de finances relative au budget de fonctionnement
sous forme d'annexe, mais en dehors des dépenses générales.

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Finances publiques

3-Les budgets autonomes


Les budgets autonomes sont ceux qui sont accordés à des services de l’Etat
qui sont dotés d'une personnalité juridique distincte de celle de l'Etat. C’est
l’exemple des collectivités territoriales, des établissements publics, et des
entreprises publiques.
Ils constituent une dérogation au principe de l'unité budgétaire, en ce qu'ils
ne figurent pas dans la loi de finances. Ils échappent à la compétence du
Parlement.

4-Les comptes spéciaux du trésor


Ce sont des comptes ouverts dans les écritures du Trésor public pour
retracer les opérations de recettes et de dépenses effectués en dehors du budget
général, par des services de l’Etat qui ne sont dotés ni de la personnalité juridique,
ni de l’autonomie financière. Ils enregistrent les opérations ayant un caractère
temporaire. C’est l’exemple des comptes de règlement avec les Etats étrangers 5,
des comptes d’avance 6, et des comptes de prêts7.
Ils constituent une exception au principe de l’unité dans son acception
formelle. Car, ils sont individualisés dans le budget de l'Etat et font l'objet d'un
traitement particulier.

Paragraphe 2 –Le principe de l’universalité budgétaire


Le principe de l’universalité trouve son fondement dans l’article 31 de la
loi organique de 2014. Il ressort des dispositions de ce texte qu’ « il est fait recette
du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les

5
Ils retracent les opérations effectuées en application des accords passés avec les Etats étrangers et
approuvés par la loi.
6
Ils décrivent les avances que le Ministre des finances est autorisé à consentir dans les limites des crédits
prévus par la loi de finances.
7
Ils retracent les prêts d’une durée supérieure à 2 ans consentis par l’Etat, soit à titre d’opérations
nouvelles, soit à titre de consolidation d’une avance non remboursée.
27

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

dépenses. L’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des


dépenses ».

A- Le contenu du principe
Deux règles découlent de l'énoncé du principe de l'universalité : la règle du
produit brut et la règle de la non affectation.

1-La règle du produit brut

La règle du produit brut, dite encore règle de la non contraction ou de la


non compensation, veut que toutes les dépenses et toutes les recettes figurent sans
compensation ou (contraction) entre elles, dans l'autorisation budgétaire et dans
la comptabilité d'exécution. En clair, le budget doit récapituler toutes les dépenses
et toutes les recettes dans leur intégralité sans qu'il soit possible de déduire
directement certaines dépenses de certaines recettes (par exemple : les frais de
recouvrement du montant des impôts perçus), ou certaines recettes de certaines
dépenses (par exemple les recettes propres du montant total des dépenses), pour
ne faire figurer que le solde, c'est-à-dire le produit net dans le budget. Il est
entendu qu'un solde ne renseigne ni sur le montant total, ni sur la nature des
opérations.

2-La règle de la non affectation des recettes


La règle veut que l'ensemble des recettes assure l'exécution de l'ensemble
des dépenses ; il est par conséquent interdit d'affecter certaines recettes
déterminées à la couverture de certaines dépenses déterminées. Autrement dit, dès
qu'une recette est perçue, elle perd sa particularité en tombant dans la caisse du
Trésor.

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Finances publiques

B- Les atteintes au principe

1-Les atteintes à la règle du produit brut

a)-Les budgets annexes


Les budgets annexes constituent des atteintes à la règle du produit brut par
ce que les services de l'Etat qui sont dotés de ces budgets, en raison de leurs
activités industrielles ou commerciales, conservent le produit de leur prestation
pour faire face à leur dépense.

b)-Les comptes spéciaux du Trésor


Les comptes spéciaux du trésor constituent l'exception majeure à la règle
du produit brut ; car ce sont les soldes de ces comptes qui sont transférés au budget
général.

2-Les atteintes à la règle de la non affectation des recettes

a)-Les fonds de concours

Ce sont des fonds qui sont apportés par des personnes privées ou publiques
pour le financement de certains investissements publics. Ils constituent une
exception à la non affectation en ce sens que la destination de ces fonds doit
répondre aux vœux des donateurs..

b)-Les emprunts et dons projets


Les emprunts et dons projets contrairement aux emprunts et dons programme
sont des recettes affectées. Car, le financement obtenu dans le cadre de ces projets
est entièrement consacré aux projets en question. C’est en cela qu’ils sont des
atteintes à la règle de la non affectation.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Paragraphe3 –Le principe de la sincérité budgétaire

Le principe de la sincérité budgétaire apparaît dans le droit financier


ivoirien à l’article 57 de la loi organique de 2014. Il est ainsi énoncé « les
prévisions de ressources et de charges de l’Etat doivent être sincères. Elles doivent
être effectuées avec réalisme et prudence, compte tenu des informations
disponibles au moment où le projet de loi de finances est établi ». L’article 55 de
la loi organique n°2014-337 du 5 juin 2014 renchérit en ces : « les budgets et
comptes des institutions et organes constitutionnels sont établis et gérés dans les
mêmes conditions de transparence, de sincérité et de contrôle que celles qui sont
définies…pour l’ensemble des administrations ».

1-Le contenu du principe


Le principe de sincérité recouvre des exigences différentes selon qu’il s’agit
du budget ou des comptes.

a)-La sincérité du budget


La sincérité du budget signifie que les moyens pour lesquels est sollicitée
une autorisation parlementaire doivent correspondre aux charges prévisibles et
doivent être à la fois suffisants pour permettre à l’Etat d’honorer ses dettes, et de
calculer au plus juste des besoins de manière à ne pas laisser inemployés les
crédits votés, dont dépend par ailleurs le niveau des recettes soumis au vote.
En outre, si en cours d’examen de la loi de finances, il parvenait au
Gouvernement des informations nouvelles susceptibles de remettre en cause les
grandes lignes de l’équilibre, l’obligation de sincérité lui imposerait sans doute de
porter ces informations à la connaissance du Parlement.
Au total, on retient que les ressources qui figurent au budget ne doivent pas
être surestimées et les dépenses ne doivent pas être non plus sous-estimées.

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Finances publiques

b)-La sincérité des comptes


Appliqué au compte de l’Etat, ce principe signifie que la comptabilité de
l’Etat doit être régulière, et donner une image fidèle de son patrimoine et de sa
situation financière.

B- La portée du principe

Le principe de la sincérité n’a pas la même portée s’agissant les différentes


catégories de lois de finances.
Dans le cas de la loi de finances de l’année et des lois de finances
rectificatives, la sincérité se caractérise par l’absence d’intention de fausser les
grandes lignes de l’équilibre déterminé par la loi de finances. De ce point de vue,
l’insincérité ne pourrait donc résulter que d’une erreur manifeste, intentionnelle
pouvant remettre en cause l’équilibre budgétaire, et non d’une simple erreur
matérielle.
Relativement à la loi de règlement, la sincérité impose l’exactitude des
comptes. La loi de règlement n’ayant pas un caractère évaluatif (comme d’ailleurs
les autres lois de finances), la fiabilité des chiffres avancés est donc le critère de
leur sincérité.

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POINTS IMPORTANTS A RETENIR

Les principes budgétaires sont des règles destinées à


encadrer l’activité financière de l’Etat. De tous ces principes, seul
le principe de la sincérité est récent. Il est apparu dans le droit
financier ivoirien avec l’entrée en vigueur de la loi organique de
2014 relative aux lois de finances. Ce principe proscrit dans la
préparation du budget les sous estimations de même les sur
estimations des recettes et des dépenses. Sa portée diffère selon
qu’on situe dans l’établissement du budget (à travers la loi de
finances de l’année et la loi de règlement) ou dans le contrôle du
budget (à travers la loi de règlement).

NB : Il est important de connaître le contenu de chaque


principe et ses exceptions.

32

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Finances publiques

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

 CISSE (Bakary), L’épreuve de finances publiques


(aux concours d’entrée à l’ENA, aux concours
administratifs de la Fonction Publique, aux examens
de l’Université), 2001.
 FRANÇOIS (Chouvel), L’essentiel des finances
publiques, Paris, Gualino éditeur, 5ème édition, 2003.

 SEKA Séka Paul, Finances publiques, les éditions


ABC

33

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

EXERCICES D’ASSIMILATION

I. Dissertation

1. Le principe de l’annualité est-il d’application stricte ?


2. Unité et universalité budgétaire.

II. Contrôle de connaissances

1. Qu’est-ce que :
-le budget annexe ?
-le budget autonome ?
-le programme ?

2. Que savez-vous du principe de la sincérité budgétaire ?


(Faire des recherches).

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Finances publiques

CHAPITRE II : LA PREPARATION DU BUDGET

En Côte d’Ivoire, c’est le Ministre de l’Economie et des Finances qui est


chargé par délégation du Président de la République de préparer le budget (et de
le présenter au Parlement). Il convient donc d’examiner les techniques utilisées à
cet effet, et la procédure suivie.

Section I- Les techniques de préparation du budget


La préparation du budget consiste à évaluer, dans un premier temps, les
recettes, dans un deuxième temps, les dépenses, et enfin, dans un troisième temps,
à procéder à un ajustement des recettes et des dépenses.

Paragraphe 1-Les techniques d’évaluation des recettes

Par le passé, les recettes étaient évaluées suivant les méthodes d’évaluation
automatique. De nos jours, c’est la méthode d’évaluation directe qui est utilisée.

A-Les méthodes d’évaluation automatiques

Les méthodes dont il s’agit sont la pénultième année et les tantièmes de


majoration.

1-La méthode de la pénultième année

La méthode de la pénultième année consiste à inscrire comme produit


probable pour la gestion à venir, les résultats enregistrés lors du dernier budget
exécuté. Ici, l’évaluation des recettes se base sur les données de l’avant dernière
année. Plus concrètement, on pourrait dire que pour fixer les recettes du budget
de l'année N + l, on s'appuie sur le montant des recettes recouvrées au cours de
l'année N-l.
On reproche, à cette méthode de ne pas prendre en compte l’accroissement
probable de la matière imposable, et aussi, de ne pas tenir compte des réalités

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

économiques contemporaines caractérisées par des cycles d'expansion et de


récession.
Au final, elle peut conduire à des imprécisions qui peuvent être tantôt des
déficits, tantôt des excédents. C'est du fait de cette imprécision que l'on a trouvé
un correctif à la méthode avec les tantièmes de majoration.

2-La méthode des tantièmes de majoration

La méthode des tantièmes de majoration consiste à ajouter au résultat de la


pénultième année, une majoration égale à la moyenne des augmentations de
recettes constatées au cours des cinq années précédentes.
On reproche également à cette méthode son imprécision. C’est la raison
pour laquelle elles sont aujourd’hui abandonnées au profit de la méthode
d’évaluation directe.

B- La méthode d’évaluation directe


La méthode d’évaluation directe consiste à évaluer les recettes en prenant
appui sur les résultats les plus récents fournis par la Direction Générale des
Douanes, la Direction Générale des Impôts, la Direction Générale du Trésor et de
la Comptabilité Publique, et de la Direction de la Prévision Economique.
Elle repose sur une analyse de la conjoncture économique et sociale en
tenant compte des résultats les plus récents du rendement fiscal, les variables
intervenues en matière de dépenses publiques, la croissance du produit intérieur
brut, etc.

Paragraphe 2-Les techniques d’évaluation des dépenses en Côte d’Ivoire


En Côte d’Ivoire, les techniques d’évaluation des dépenses sont variées, et
sont fonction des catégories de dépenses.

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Finances publiques

Certaines dépenses de fonctionnement, en raison de leur caractère


extrêmement contraignant, font l’objet d’une évaluation directe. Celle-ci revient
à distinguer les services votés des mesures nouvelles. Cette méthode consiste à
prendre pour base d’évaluation, les crédits inscrits au budget antérieurement
exécuté auxquels sont ajoutées les charges nouvelles issues des mesures
nouvelles. C’est elle qui est applicable aux dépenses de personnel, aux dépenses
d’abonnement…
Les autres dépenses de fonctionnement font l’objet de délégation de crédit,
et sont évaluées selon la technique de la table rase ou du Budget Base Zéro (BBZ).
En effet, les administrateurs de crédits sont libres de reconduire ou non les crédits
antérieurs de leur ministère dans la répartition des enveloppes plafonds qui leur
sont fixés.
Quant aux dépenses d’investissement, la méthode utilisée se rapproche du
BBZ. Chaque année, la Direction du Plan élabore en association avec le ministère
des finances et les ministères concernés un programme triennal d’investissement
public (PIP). L’adoption du PIP se fait selon une procédure bien déterminée.
D’abord, on rappelle les objectifs généraux et sectoriels retenu à moyen terme par
le Gouvernement en matière d’investissement et les stratégies à mettre en place.
Ensuite, on procède à la sélection des projets. Celle-ci passe par une mise en
cohérence des propositions des projets avec les grandes orientations du
Gouvernement. Enfin, sur présentation du Ministre des Finances, le Conseil des
ministres approuve le choix des projets retenus et les montants des financements.
Les projets retenus figurent pour la première année du programme au budget de
la même année.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Paragraphe 3-L'ajustement des recettes et des dépenses : le principe de


l'équilibre budgétaire
Le principe de l’équilibre budgétaire est affirmé en des termes identiques à
l’article 112 de la Constitution ivoirienne du 08 novembre 2016 et à l’article 60
de la loi organique n ° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de finances : « le
Parlement vote le budget en équilibre ».

A-La signification et les justifications du principe


Le principe de l'équilibre signifie que le montant des dépenses doit être
strictement égal au montant des recettes. Ce qui implique que ni le déficit, ni
l’excédent budgétaire n’était admis.
Les financiers classiques n’étaient pas favorables au déficit budgétaire pour
deux raisons essentielles. La première est qu’elle oblige l’Etat à emprunter en
cours d’exercice budgétaire. Or ces emprunts constitueraient une charge pour les
générations futures ; ce qui est d'autant plus injuste que pour rembourser ces
dettes, les générations futures seront obligées d'emprunter à leur tour ; ce qui
constituerait une source d'endettement continue. La deuxième est que si l'Etat ne
peut emprunter, il ne pourra pas résister longtemps à la tentation de recourir à la
planche à billet, c'est-à-dire aux avances de la banque centrale. Cette création de
monnaie sans production équivalente de biens et de services par l'économie
nationale risque de déboucher sur l'inflation avec les conséquences que cela
suppose.
Les financiers classiques sont également opposés à l’excédent budgétaire
parce qu’en pareille situation, les hommes politiques sont souvent tentés de
prendre des mesures démagogiques. Ils autorisent des dépenses nouvelles dont
l'utilité n'est pas toujours prouvée mettant ainsi en péril les budgets à venir.
La conception classique de l'équilibre budgétaire a été fortement remise en
cause par les financiers modernes.
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Finances publiques

B- La remise en cause du principe


La remise en cause de la conception classique de l’équilibre budgétaire est
la résultante des différentes crises qui ont abouti au déclin des thèses libérales au
profit de l’interventionnisme. Il s’agissait de dédramatiser le déficit budgétaire en
mettant l’accent sur la nécessité pour l'Etat d'harmoniser sa politique budgétaire
avec l'ensemble de sa politique économique et sociale. Ainsi que le prévoient la
théorie du déficit systématique et la théorie du budget cyclique.

1-La théorie du déficit systématique


La théorie du déficit systématique a été forgée par WILLIAM
BEVERIDGE. L’on est parti du constat que pour juguler la crise économique, les
financièrs classiques préconisaient la compression et la réduction des dépenses
publiques. La théorie du déficit systématique soutient au contraire que les déficits
budgétaires sont nécessaires en période de crise. Car on pourrait procéder à
l’accroissement des dépenses publiques pour favoriser la reprise de l’activité
économique.
Cette théorie a été expérimentée aux USA, à travers le NEW DEAL du
Président ROOSEVELT, au début des années 1930.

2-La théorie du budget cyclique

La théorie du budget cyclique a été soutenue par GUNNAR MYRDAL,


NICOLAI KONDRATIEFF et JOSEPH SCHUMPETER. Elle part de l’idée que
l’évolution économique se caractérisant par des cycles, avec des phases de
récession et de prospérité, qui dure chacun une dizaine d’années, il fallait que le
budget se module à ces cycles. Ainsi, en période de récession, les déficits
budgétaires enregistrés seront compensés par les excédents budgétaires pendant
les années d’expansion économique.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Section II-La procédure de préparation du budget

La procédure de préparation du budget suit plusieurs étapes. En raison de


sa longueur, elle est qualifiée de « marathon budgétaire ». Les différentes étapes
sont successivement : les perspectives économiques et budgétaires, la
détermination des enveloppes budgétaires, la lettre de cadrage du Premier
Ministre, les conférences budgétaires, et l’arbitrage du Premier Ministre.

Paragraphe 1-Les perspectives économiques et budgétaires

L’élaboration du cadrage macroéconomique intervient avant l’élaboration


du cadrage budgétaire.

A-. L’élaboration du cadrage macroéconomique

II s'agit, dans cette phase, d'examiner l'incidence de l'environnement


international et local sur le budget en préparation. L'objectif de l'analyse est
d'avoir un éclairage suffisant sur la situation économique à venir et son influence
générale sur le budget en préparation. Elle permet de projeter les besoins des
administrations et les ambitions de consommation des ministères demandeurs de
crédits ; ceci en vue de permettre au Ministre des Finances de proposer au Premier
Ministre les grands choix en matière de dépenses, de politique fiscale et de niveau
de déficit budgétaire.
C’est la Direction Générale de l’Economie qui élabore les estimations
macroéconomiques pour l’année en cours, en relation avec l’Institut National de
la Statistique. Elle effectue ensuite les projections pour les prochaines années (sur
au moins trois ans), en esquissant les grandes tendances en matière de croissance
économique. Ces projections sont basées sur les estimations de l’année en cours
et les grandes orientations du Gouvernement en matière de politique économique
et sociale. Le taux de croissance économique prévisionnel déterminé dans le

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Finances publiques

cadrage macroéconomique permet d’effectuer les prévisions de recettes fiscales


qui sont ensuite examinées avec les Régies Financières.
Le gouvernement peut apporter des ajustements ou donner de nouvelles
orientations en fonction de l’évolution de la situation sociopolitique et
économique.
L’élaboration du cadrage macroéconomique est suivie de l’élaboration du
cadrage budgétaire.

B- L’élaboration du cadrage budgétaire


Sur la base du cadrage macro-économique, la Direction de la Conjoncture
et de la Prévision Economique fait des projections de recettes budgétaires pour
l'année à venir. C'est à partir de ces projections de recettes que la Direction
Générale du Budget et des Finances prépare une première esquisse macro
budgétaire du projet de budget qui consiste à présenter les grandes masses de
recettes et de dépenses de l’Etat.
Le cadrage budgétaire est donc la représentation synthétique du budget qui
se compose des grandes masses de ressources d’une part et des grandes masses de
dépenses d’autre part. Les dépenses prévues tiennent compte des priorités
économiques et sociales du Gouvernement, ainsi que des engagements extérieurs.
Naturellement, la validation de ce document ouvre la voie à la
détermination des enveloppes budgétaires suivie de la lettre de cadrage du Premier
Ministre.

Paragraphe 2- La détermination des enveloppes budgétaires et la lettre de


cadrage du Premier Ministre

A-La détermination des enveloppes budgétaires


La détermination des enveloppes budgétaires consiste à traduire les
objectifs globaux définis dans le cadrage budgétaire en objectifs sectoriels. Les
41

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crédits budgétaires sont alloués aux ministères, Institutions et entités


décentralisées en tenant compte :
-du niveau des crédits mis à leur disposition au cours de la gestion précédente ;
-du niveau de consommation des crédits alloués au cours de la gestion
précédente ;
-des opérations nouvelles mises à leur charge par décisions du Conseil des
Ministres, ou des engagements pris avec les partenaires au développement ;
-des opérations ponctuelles effectuées au cours de l’exercice précédent.
Une fois que la détermination des enveloppes budgétaires est achevée, le
Premier a de la matière pour élaborer la lettre de cadrage.

B-. L’élaboration de la lettre de cadrage du Premier Ministre

La lettre de cadrage est un document signé du Premier Ministre, et qui


définit et notifie les enveloppes budgétaires allouées par ministère. Ces
enveloppes budgétaires ne sont rien d’autre que des plafonds en crédits qui sont
envoyés aux différents départements ministériels pour leur rappeler les principaux
points arrêtés au terme du processus ci-dessus évoqué.
Ces enveloppes budgétaires sont par la suite reparties par les différents
acteurs selon leurs propres besoins, suivant les orientations données par le
Gouvernement. Ces priorités doivent être contenues dans les enveloppes
communiquées. Les besoins complémentaires non couverts par ces dotations
peuvent être aussi exprimés. La ventilation des crédits effectuée par les DAAF est
transmise à la Direction Générale du Budget et des Finances par voie électronique
grâce au Système Intégré de Gestion Budgétaire (SIGBUD). Peuvent alors
commencer les conférences budgétaires qui s’achèveront par l’arbitrage du
Premier Ministre.

42

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Finances publiques

Paragraphe 3-Les conférences budgétaires et l’arbitrage du Premier


Ministre
Les conférences budgétaires sont l’avant dernière étape avant l’arbitrage du
Premier Ministre.

A-La tenue des conférences budgétaires

Les conférences budgétaires sont présidées par le Directeur Général du


budget et des Finances. Elles sont élargies au BNETD et à la Direction Générale
du Plan et à la Société Nationale de Développement Informatique. Elles
permettent d’examiner les propositions de répartition des enveloppes réalisées par
les ministères, Institutions et Collectivités Décentralisées.
Elles ont pour objet :
-de vérifier le respect des orientations données dans la lettre de cadrage du Premier
Ministre ;
-de s’assurer que toutes les unités administratives sont dotées (y compris les
structures nouvellement crées) ;
-de s’assurer de la prise en compte des engagements antérieurs non encore
dénoués ;
-de s’assurer que les opérations ponctuelles (achats d’ordinateurs, de meubles…)
de la gestion précédente ne sont pas systématiquement reconduites ;
-d’analyser les justifications des demandes éventuelles de crédits
complémentaires.
Si au sortir des conférences budgétaires des désaccords persistent, ils sont
soumis à l’arbitrage du Premier Ministre.

B- L’arbitrage du Premier Ministre


Comme ci-dessus indiqué, si à l'issue des conférences ministérielles, il y a
des points de désaccords, ces problèmes litigieux qui sont généralement des points
43

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

plus stratégiques sont portés à l'arbitrage du Premier Ministre. Celui-ci signifie


alors à chaque membre du Gouvernement les moyens financiers accordés à son
département et rappelle les contraintes budgétaires du moment. A ce stade, le
Premier Ministre a la possibilité d'accorder des crédits à un ministère s'il le trouve
indispensable pour mener à bien sa mission.
L'avant-projet de budget repris sur la base des amendements apportés par
le Premier Ministre et le Ministre de l'Economie et des Finances est déposé sur
la table du Conseil des ministres au mois de septembre pour examen. Il est
accompagné de certains documents à savoir : le budget de l'Etat auquel est joint
l'annexe fiscale, le rapport de présentation du budget de l'Etat, le catalogue des
mesures nouvelles, le budget des établissements publics nationaux (EPN), le
rapport économique et financier, la loi de règlement accompagnée de son rapport
de présentation.
Lorsque l’avant-projet est adopté en Conseil des ministres, il devient le
projet de budget (projet de loi de finances) qui déposé au plus tard le premier
mardi du mois d’octobre sur la table des parlementaires.

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Finances publiques

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

La préparation du budget est une compétence exclusive du


Gouvernement. C’est d’ailleurs pourquoi il est question dans la
Constitution de projet de loi de finances et non de proposition de
loi de finances.
La préparation du budget est une opération technique qui
consiste à évaluer les recettes d’une part ; à évaluer les dépenses
d’autre part, et terminer par ajuster le montant des recettes avec
celui des dépenses pour les mettre en équilibre.
La préparation du budget est très longue. Elle s’étend
pratiquement sur une année, et est ponctuée de plusieurs étapes.
C’est pourquoi on l’assimile à un « marathon ».
La préparation du budget prend fin avec l’adoption du
projet de loi de finances en Conseil des ministres.

45

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR


APPROFONDIR LE CHAPITRE

 CISSE (Bakary), L’épreuve de finances publiques (aux


concours d’entrée à l’ENA, aux concours administratifs
de la Fonction Publique, aux examens de l’Université),
2001.

 COULIBALY (Alban Alexandre), Les finances


publiques de la République de Côte d’Ivoire.
Introduction au droit budgétaire et financier ivoirien,
Paris, L’Harmattan, 2000.

 FRANÇOIS (Chouvel), L’essentiel des finances


publiques, Paris, Gualino éditeur, 5ème édition, 2003.

 JEAN-Luc Albert, Finances Publiques, Pais, Economica,


7ème édition, 2011

 SEKA Séka Paul, Finances publiques, les éditions ABC

46

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Finances publiques

EXERCICES D’ASSIMILATION

I. Dissertation

1. L’évaluation des dépenses publiques en Côte


d’Ivoire.
2. Le droit d’initiative budgétaire en Côte d’Ivoire.

II. Contrôle de connaissances

1. Qui du Parlement ou du Gouvernement a t-il


l’initiative de la loi de finances ?
2. Pourquoi les pouvoirs publics se sont-ils détournés
des méthodes d’évaluation automatique des recettes
publiques ?
3. Qu’est-ce qui justifie l’attachement des pouvoirs
publics au principe de l’équilibre budgétaire ?

47

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

CHAPITRE III : L’ADOPTION DU BUDGET

Conformément à l’article 55 de la loi organique de 2014 relative aux lois


de finances, le Gouvernement est tenu, à la phase de préparation du budget, de
consulter le Parlement, au plus tard à la fin du deuxième trimestre de l’année, sur
ses choix. A cette occasion, il lui soumet le document de programmation
budgétaire et économique pluriannuelle qu’il a préparé. L’intérêt de ce débat est
d’éviter une forte opposition des parlementaires à certains choix opérés par le
Gouvernement lors du vote du budget.
En outre, le projet de loi de finances de l’année n+1 déposé au Parlement
au cours de l’année N ne peut être discuté tant que le projet de loi de règlement
de l’année N-1 n’a pas été déposé, accompagné des documents concernés.
L’adoption du budget est une compétence exclusivement dévolue au
Parlement. En Côte d’Ivoire, le Parlement est bicaméral ; il est composé de
l’Assemblée nationale et du Sénat (article 85 de la Constitution du 08 novembre
2016).

L’institution de la deuxième chambre a quelque peu modifié la procédure


d’adoption du budget. Toujours est-il que les pouvoirs du Parlement en la matière
restent limités.

Section I- La procédure d’adoption du budget


Il convient de distinguer la procédure normale des procédures
exceptionnelles.

Paragraphe 1-La procédure normale


Suivant la procédure normale, les projets et propositions de loi sont, aux
termes de de l’article 109 de la Constitution, déposés à la fois sur le bureau de
l’Assemblée nationale et du Sénat.

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Finances publiques

Toutefois, en matière budgétaire, le projet de loi de finances est soumis en


premier à l’Assemblée nationale (article 110 al 2 de la Constitution).

A-La saisine de l’Assemblée nationale

1-L’examen en commission
Dès son dépôt à l'Assemblée Nationale, le projet de loi de finances est
soumis à la Commission des Affaires Economiques et Financières de l’Assemblée
nationale pour un premier examen. Au cours de cet examen, la commission peut
faire des critiques et proposer des amendements mais, elle ne peut en aucun cas
bouleverser le projet élaboré par le Gouvernement ; elle ne peut qu'altérer
quelques détails du projet.
La commission joue un rôle essentiel, en apportant une aide capitale à l'ensemble
des autres députés dans l'étude des textes. Dans cette commission, un rôle
essentiel est dévolu aux rapporteurs qui procèdent à l'examen technique et
approfondi du projet de loi de finances.
Outre le rapporteur général chargé de l’analyse globale du projet du
Gouvernement, il y a des rapporteurs spéciaux qui étudient les budgets des
différents ministères et les budgets annexes. Le rapporteur général donne une vue
d'ensemble sur la situation économique générale et sur l'analyse globale du budget
avant de l'exposer devant les députés en séance publique.

2-L’adoption en séance publique


L'adoption en séance publique a lieu généralement entre novembre et
décembre. Elle débute par un discours du rapporteur général de la Commission
des Affaires Economiques et Financières. Le Ministre de l'Economie et des
Finances qui le succède rappelle le contexte économique dans lequel s'insère le
projet de loi de finances, la politique économique et financière du Gouvernement

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

et expose les objectifs et le contenu des principales dispositions du projet de loi


de finances. Le tout donne lieu à un débat général.
Au débat général, succède l'examen des articles. Comme tout projet de loi,
le projet de loi finances fait l'objet de vote par article. Celui-ci se décompose, en
effet, en deux parties distinctes :
-La première est relative aux « conditions générales de l'équilibre financier ». Elle
autorise la perception des ressources publiques, prévoit le montant des recettes,
fixe les plafonds des grandes catégories de dépenses et détermine les données
générales de l'équilibre.
-La seconde partie a pour objet de répartir les crédits. Elle permet d'arrêter les
montants des dépenses par titre, autorise les opérations des comptes spéciaux du
trésor et des budgets annexes.

B- La saisine du Sénat
La procédure est identique avec celle qui a lieu devant l’Assemblée
nationale. Le projet de loi de finances est d’abord examiné en commission, plus
précisément, à la commission des affaires économiques et financières du Sénat
avant d’être adopté en séance publique.

C- L’hypothèse d’un désaccord entre l’Assemblée Nationale et le Sénat


En principe, le projet de loi de finances doit être voté par les deux chambres
du Parlement en des termes identiques.

Toutefois, si par suite d’un désaccord entre l’Assemblée nationale et le


Sénat, le projet de loi de finances n’a pu être adopté après deux lectures par chaque
chambre ou, si le Président de la République en a déclaré l’urgence, après une
seule lecture par chacune des chambres, le Président de la République peut
provoquer la réunion d’une commission mixte paritaire chargée de proposer un
texte sur les dispositions restant en discussion.
50

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Finances publiques

Si le texte élaboré par la commission mixte paritaire ne parvient pas à


l’adoption d’un texte commun ou si le désaccord persiste entre les deux chambres
pour l’adoption du texte, le Président de la République demande à l’Assemblée
nationale de statuer définitivement sur le texte. Dans ce cas, l’Assemblée
nationale peut reprendre soit le texte élaboré par la commission mixte paritaire,
soit le dernier texte voté par elle, modifié le cas échéant par un ou plusieurs
amendements adoptés par le Sénat.

Dans cette procédure, on note une prééminence de l’Assemblée Nationale


sur le Sénat. Ce n’est pas toujours que l’adoption du budget suit cette procédure.
En la matière, il existe des procédures exceptionnelles.

Paragraphe 2-Les procédures exceptionnelles d’adoption du budget


Les procédures exceptionnelles d’adoption du budget sont la mise en
vigueur du budget par ordonnance et le recours au douzième provisoire.

A-La mise en vigueur du budget par ordonnance

En effet, le projet de loi de finances doit être déposé sur le bureau de


l'Assemblée Nationale au plus tard le premier mercredi du mois d'octobre de
l'année qui précède l'année d'exécution du budget. Conformément à l’article 112
de la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016, l'Assemblée nationale dispose
d'un délai de 40 jours pour examiner et adopter le projet de loi de finances. Passé
ce délai, le Président de la République saisit le Sénat qui doit statuer dans un délai
de 15 jours.
Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de 70 jours, le projet de
loi peut être mis en vigueur par ordonnance. Le Président de la République saisit,
pour ratification, le Parlement convoqué en session extraordinaire, dans un délai

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

de 15 jours. Si le Parlement n’a pu voter le budget à la fin de cette session


extraordinaire, le budget est établi définitivement par ordonnance.

B- Le recours au douzième provisoire

Si le projet de loi de finances n'a pu être déposé en temps utile pour être
promulgué avant le 1erjanvier de l'année à laquelle il s'applique, le Président de la
République demande d'urgence au Parlement, l'autorisation de reprendre le budget
de l'année précédente par douzièmes provisoires.
Ainsi toutes les mesures sont prises pour surmonter la lenteur voire
l'hostilité du Parlement à la loi de finances. La restriction de son droit
d’amendement entre dans ce cadre.

Section II-La restriction du droit d’amendement du Parlement

La restriction du droit d’amendement découle de l’article 107 de la


Constitution ivoirienne du 08 novembre 2016, et de l’article 61 de la loi organique
de 2014. Il convient de préciser le contenu et la portée de cette restriction.

Paragraphe 1 –Le contenu de la restriction du droit d’amendement

La restriction du droit d’amendement est ainsi énoncé: « les propositions et


amendements déposés par les membres du Parlement ne sont pas recevables
lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources
publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique, à moins qu'ils
ne soient accompagnés d'une proposition d'augmentation de recettes ou
d'économies équivalentes ». Comme on le voit, la double interdiction opposée aux
parlementaires est assortie d’une atténuation.

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Finances publiques

A- Le principe de l’interdiction de diminution des recettes et


d’augmentation des Dépenses
Les parlementaires ont le droit d’amender, c’est-à-dire de modifier, dans
l’intérêt général, en tant que représentants du peuple, tous les textes à eux soumis,
avant leur adoption ; que ces textes proviennent du Gouvernement (projets de loi)
ou d’un des leurs (propositions de loi).

Toutefois, la Constitution du 08 novembre 2016 et la loi organique de 2014


relative aux lois de finances interdisent strictement aux parlementaires de toucher
au budget préparé par le Gouvernement. C’est ainsi qu’ils ne pourront pas
diminuer le montant des recettes, s’ils estiment que celui est élevé ; ni augmenter
le montant des dépenses, sils estiment que celui-ci est bas. Cette double
interdiction connait une atténuation

B- L’atténuation au principe

Si les parlementaires tiennent à diminuer le montant des recettes ou


augmenter le montant des dépenses prévus au budget, ils se doivent
d’accompagner leur prise de position par une proposition d’augmentation de
recettes ou d’économies équivalentes.
Généralement, les parlementaires ne font pas de telles propositions. C’est
pourquoi, ils finissent toujours par adopter le budget en l’état ; ce qui nous amène
à nous interroger sur la portée de cette restriction.

Paragraphe 2- La portée de la restriction du droit d’amendement

La portée de la restriction du droit d’amendement est d’éviter de parvenir à


une situation de déséquilibre budgétaire rendue possible soit par une diminution
des recettes soit par une augmentation des dépenses. Dans ces conditions, le
budget ne peut être voté parce que, la Constitution du 08 novembre 2016 en son

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article 112, et la loi organique de 2014 relative aux lois de finances en son article
60 prescrivent que « le Parlement vote en équilibre ».
La restriction du droit d’amendement des parlementaires s’explique par le
fait que le Parlement est un organe politique. Il n’a donc pas la compétence
technique requise pour chambouler le projet de loi de finances préparé par le
Gouvernement.

En outre, il ne lui revient pas de déterminer et de conduire la politique


économique et sociale de la nation dont le budget en est la description chiffrée.
Cette compétence étant dévolue au Gouvernement, il va de soi que le projet de loi
de finances qu’il a préparé soit adopté en l’état.

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Finances publiques

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

L’adoption du budget est une compétence exclusive du


Parlement. Exceptionnellement, le Gouvernement peut mettre le
budget en vigueur par ordonnance dans des hypothèses bien
précises.
Depuis l’entrée en vigueur de la Constitution du 08 novembre
2016, la Côte d’Ivoire a opté pour un bicaméralisme du Parlement,
c’est-à-dire qu’il est composé de deux chambres : l’Assemblée
nationale et le Sénat (article 85).
L’institution du bicaméralisme a considérablement modifié
la procédure législative d’une manière générale, et particulièrement
la procédure d’adoption du budget.
Cependant, les pouvoirs du Parlement du Parlement en la
matière sont restés identiques, et limités par la restriction du droit
d’amendement (article 107 alinéa 2 de la Constitution).

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR


APPROFONDIR LE CHAPITRE

 CISSE (Bakary), L’épreuve de finances publiques (aux


concours d’entrée à l’ENA, aux concours administratifs de
la Fonction Publique, aux examens de l’Université), 2001.
 COULIBALY (Alban Alexandre), Les finances publiques
de la République de Côte d’Ivoire. Introduction au droit
budgétaire et financier ivoirien, Paris, L’Harmattan, 2000.
 FRANÇOIS (Chouvel), L’essentiel des finances publiques,
Paris, Gualino éditeur, 5ème édition, 2003.
 JEAN-Luc Albert, Finances Publiques, Pais, Economica,
7ème édition, 2011
 SEKA Séka Paul, Finances publiques, les éditions ABC

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Finances publiques

EXERCICES D’ASSIMILATION

I. Dissertation

1. Le Parlement et les lois de finances


2. La procédure d’adoption du budget

II. Contrôle de connaissances

1. Qu’est-ce qui justifie la restriction du droit


d’amendement des parlementaires en matière
budgétaire ?
2. Qui du Parlement ou du Gouvernement détient-il la
réalité du pouvoir financier ? (Justifiez votre réponse)
3. Pourquoi dit-on que l’Assemblée nationale a la primauté
sur le Sénat dans la procédure d’adoption du budget ?

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

DEUXIÈME PARTIE : L’EXÉCUTION ET LE CONTRÔLE DU


BUDGET

L’élaboration du budget prend fin avec son adoption par le Parlement.


L’adoption du budget n’est rien d’autre que l’autorisation que les parlementaires
donnent au Gouvernement pour son exécution. Il est bon de rappeler que le budget
est exécuté dans le temps. L’exécution débute le 1 er janvier l’année N+1 pour
s’achever le 31 décembre de la même année.
Pendant que le budget est exécuté, et même après, il fait l’objet de divers
contrôles exercés par de nombreux organes.

CHAPITRE I : L’EXÉCUTION DU BUDGET

L’exécution du budget relève de la compétence exclusive du


Gouvernement. Elle repose sur un certain nombre de règles communément
appelées les règles de comptabilité et de procédures. De même certaines structures
jouent un rôle important dans son exécution.

Section I-. Les règles et procédures d’exécution du budget (l’exécution


juridique du budget)

Paragraphe 1-Les règles de comptabilité publique


Les règles de comptabilité publique sont, par définition, celles qui
s'appliquent à la gestion des deniers publics. Ce sont : le principe de légalité
budgétaire, le principe de l'unité de comptabilité, le principe de l'antériorité et le
principe de la séparation de l'ordonnateur et du comptable.

A- Le principe de la légalité budgétaire

L’article 4 de la loi organique n° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de


finances constitue le fondement du principe de la légalité budgétaire. Ce principe
est énoncé de la manière suivante : « aucune recette ne peut être liquidée ou

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Finances publiques

encaissée, aucune dépense publique ne peut être engagée ou payée si elle n’a été
au préalable autorisée par une loi de finances ».
1-La signification du principe
Le principe fondamental des régimes démocratiques de la légalité veut que
le budget soit approuvé par les représentants du peuple. Les dépenses de l'Etat ne
peuvent donc être engagées, ordonnancées et payées que si elles ont fait l'objet
d'une ouverture de crédits. Or les crédits sont ouverts par la loi de finances, et il
est interdit de dépasser les limites des autorisations budgétaires sous peine de
sanctions. C'est donc le vote qui confère au budget sa qualité de loi s'imposant à
la fois au Gouvernement qui l'a élaboré et aux citoyens pour qui il est fait. Le
budget de l'Etat est donc bien une loi ; c'est la loi de finances.

2- Les atteintes au principe


Les mesures encadrant les pouvoirs budgétaires du Parlement qui sont la
protection contre l’adoption tardive du budget et le respect de l’équilibre
budgétaire sont certes des atteintes au principe de légalité budgétaire, mais les
atteintes les plus pertinentes sont constituées par les lois de finances rectificatives,
les ordonnances, et les cavaliers budgétaires.
Les lois de finances rectificatives corrigent en cours d'exécution budgétaire, la
loi de finances de l'année. En effet, sans autorisation préalable du Parlement, le
Gouvernement procède à des réaménagements de crédits (virement, transferts,
crédits, provisionnels, crédits évaluatifs) ou s'octroie des crédits complémentaires
par décrets d'avances. Le vote de la loi de finances rectificative qui en découle
vide l'autorisation parlementaire de son contenu puisqu'il transforme le pouvoir
d'autorisation en un pouvoir de ratification dans la mesure où les parlementaires
sont mis devant le fait accompli.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

A ces mesures on peut ajouter les douzièmes provisoires, par lesquels le


gouvernement accorde mensuellement des crédits aux services administratifs
lorsque le projet de budget n'est pas élaboré.
*Les ordonnances budgétaires : l'article 106 de la Constitution ivoirienne du 08
novembre 2016 permet au Président de la République, pour l'exécution de son
programme, à demander au Parlement, l'autorisation de prendre par ordonnance,
pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.
Cette immixtion de l'Exécutif dans le champ de compétence du Parlement est
encore plus nette aux termes de l'article 112 de la Constitution qui confère au
Président de la République, le pouvoir d'établir le projet par ordonnance.
*Les cavaliers budgétaires : Ce sont des dispositions qui n'ont aucun caractère
financier mais qui sont insérées dans la loi de finances. Il s’agit pour les auteurs
de telles dispositions de tromper la vigilance des parlementaires. Si le cavalier
budgétaire passe inaperçu, il est adopté rapidement avec la loi de finances. Mais
s'il est démasqué, il est réorienté vers la procédure législative ordinaire.

B- Le principe de l'unité de comptabilité

Le principe de l’unité de comptabilité, qui reflète la structure fortement


centralisée et hiérarchisée de l'administration garantit l'unité de l'Etat. Il recouvre
trois acceptions : l’unité de réglementation, l’unité de comptabilité, et surtout le
principe de l’unité de trésorerie.

1- L'unité de règlementation
Les règles de la comptabilité publique sont applicables à toutes les
opérations de recettes et de dépenses exécutées par toutes les catégories de
personnes publiques ; et surtout avec la même notion de responsabilité personnelle
et pécuniaire qui s'applique à tous les comptables.

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Finances publiques

2- L'unité de comptabilité
Elle se traduit par l'application des mêmes règles de technique comptable
et par un effort de normalisation des plans comptables propres à chaque catégorie
de collectivité publique, afin de permettre notamment l'agrégation du compte des
administrations.

3- L'unité de trésorerie
L'unité de trésorerie a pour conséquence l'unité de caisse, qui permet au
comptable public d'utiliser la même caisse pour recouvrer les impôts de l'Etat, des
Etablissements Publics Nationaux, des collectivités territoriales, et de payer les
pensions, les salaires, les dépenses des collectivités territoriales. L’unité de caisse
a pour avantage d’éviter la dispersion des fonds publics en permettant au Trésor
de compenser les déficits et les excédents des uns et des autres.
L’inconvénient majeur est que les budgets des collectivités territoriales sont
approvisionnés avec retard.

a)- Le contenu du principe


Le principe de l’unité de trésorerie oblige les organismes publics à déposer
gratuitement leurs fonds au Trésor.

L'obligation de dépôt
Suivant cette règle, tous les organismes publics sont tenus de déposer tous leurs
fonds à un compte ouvert auprès du Trésor.. Ces organismes publics appelés
correspondants du trésor sont : les collectivités territoriales, les établissements
publics et les personnes morales bénéficiant de taxes parafiscales. Cette obligation
entraîne des contraintes pour la gestion des fonds. Ainsi, il est interdit à ces
organismes d'avoir un compte bancaire ou postal. De plus, leur compte ne peut
être débiteur, sauf dans des circonstances rigoureusement définies.
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La gratuité des dépôts

Suivant cette règle, les fonds mis à la disposition du Trésor ne sont pas porteurs
d'intérêts. Il en est ainsi à cause de l’aide que l’Etat apporte aux correspondants
du Trésor.
Premièrement, l’Etat met à la disposition de certains correspondants, notamment
les collectivités territoriales, des agents pour la gestion administrative et
comptable de leurs ressources.
Deuxièmement, l’Etat leur fait des avances sur le produit des impôts locaux pour
les aider à faire face aux problèmes de trésorerie.

b)-Les aménagements au principe

 Les placements
Le premier type d'aménagement réside dans les placements que les
collectivités territoriales sont autorisées à faire. Le placement est le fait de bloquer
pendant une certaine durée un certain montant d’épargne dans une opération
financière pouvant apporter un gain. Les collectivités territoriales peuvent faire
deux types de placements : des placements budgétaires portant sur des excédents
budgétaires, et des placements de trésoreries portant sur les fonds d'emprunt
momentanément inutilisés.

Les placements peuvent être de natures très diverses. Le plus souvent, ils
consistent en des :

-dépôts, confiés à un organisme financier, chargés de les faire fructifier


(banque notamment), les placements sont dans ce cas du type livret
épargne ou compte rémunéré ;

-achats d'actifs financiers (actions, obligations, etc) ou immobiliers ;

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Finances publiques

-plans de placement, nécessitant des versements successifs périodiques, tels que,


par exemple, le plan d'épargne logement.
 Le dépôt de fonds
Les correspondants du trésor peuvent faire des dépôts de fonds auprès de
certains organismes (notamment les caisses d’épargne) à l’effet de produire des
intérêts. Le dépôt de fonds est donc l’opération par laquelle une personne remet
à sa banque des actifs qui y seront gardés. Durant cette période de conservation,
la banque a le droit de disposer de ce dépôt de fonds pour son propre compte, mais
doit le restituer selon des modalités déterminées.

C- Le principe de l'antériorité budgétaire

1-Le contenu du principe


Suivant ce principe, le budget doit être arrêté et voté avant l'année pendant
laquelle il s'exécute. C’est ainsi qu’en Côte d’Ivoire, le budget de l’année N+1
doit être voté au plus tard le 31 décembre de l’année N.

2-L’exception au principe

Pour diverses raisons, le budget peut ne pas être voté avant son année
d'exécution. Dans ce cas de figure, pour permettre aux services administratifs de
fonctionner, ils sont autorisés à engager chaque mois le douzième de leurs
dotations de l'année précédente : c'est la technique des douzièmes provisoires.

D- Le principe de la séparation de l'ordonnateur et du comptable


Le principe de la séparation de l’ordonnateur et du comptable trouve son
fondement à l’article 67 de la loi organique de 2014. Il est ainsi énoncé « les
fonctions d’ordonnateur et celles de comptable public sont incompatibles ». Cette
organisation qui trouve sa justification dans une méfiance contre l’excès de
concentration répond à une triple volonté : une volonté de partage des tâches, une
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volonté d’éviter les détournements, et une volonté d’assurer une unité d’action
financière.

1- La mise en œuvre du principe

Dans la mise en œuvre de ce principe, les agents d’exécution, les opérations


d’exécution, et les comptabilités sont séparés.

a)-La séparation des agents d'exécution


Les agents d’exécution du budget sont : l’ordonnateur et le comptable public.

 L’ordonnateur
L’ordonnateur de recettes et de dépenses s’entend de toute personne ayant
qualité au nom de l'Etat, des établissements publics nationaux et des collectivités
locales pour constater (vérifier l’existence de droits de créance), engager, liquider
une créance ou une dette, et pour ordonner soit le recouvrement d'une créance, ou
l'apurement d'une dette.
Il existe trois catégories d'ordonnateurs, à savoir : les ordonnateurs
principaux, les ordonnateurs délégués et les ordonnateurs secondaires.
 Les ordonnateurs principaux

Le Ministre de l'Economie et des Finances est l’ordonnateur principal pour


les recettes du Budget général, des comptes spéciaux du Trésor et de l’ensemble
des opérations de trésorerie.
Il est, par ailleurs, le responsable de l’exécution de la loi de finances et du
respect des équilibres budgétaire et financier. A ce titre, il dispose d’un pouvoir
de régulation budgétaire qui lui permet, au cours de l’exécution du budget
d’annuler un crédit devenu sans objet au cours de l’exercice ou d’annuler un
crédit pour prévenir une détérioration des équilibres budgétaire et financier de la
loi de finances.

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Dans la pratique, la régulation consiste à mettre en réserve une part minime


de crédits ouverts par la loi de finances initiale pour faire face à d’éventuelles
difficultés d’exécution du budget consécutives aux moins-values sur recettes ou
aux dépassements sur dépenses obligatoires. Les crédits « gelés » en début de
gestion ne peuvent pas faire l’objet d’engagement de la part des ministères, dès
lors qu’ils sont bloqués dans le système d’information budgétaire ou sont
surveillés par les contrôleurs financiers commis auprès des ordonnateurs. Ces
crédits peuvent être « dégelés » en tout ou partie si la situation budgétaire le
permet, ou être annulés, notamment pour contribuer à l’équilibre de décrets
d’avances ou des lois de finances rectificatives.
Ce sont les contrôleurs financiers qui sont placés auprès des ministres qui
exercent effectivement le pouvoir de régulation. Ils sont notamment chargés de
suivre les montants de crédits disponibles et d’effectuer, le cas échéant, les
opérations de mise en réserve.
Désormais, les ministres sont des ordonnateurs principaux pour les
dotations, les crédits des programmes et des budgets annexes de leur ministère.
Pour l’exécution des programmes, des responsables de programmes sont nommés
par décret sur proposition des ministres dont ils relèvent. Ce sont, généralement,
les directeurs d’administration centrale et les directeurs de cabinets ministériels
qui occupent ces fonctions. Ces derniers ont pour mission :
-l’élaboration de la stratégie et du budget du programme (objectifs, résultats
attendus, répartition des crédits et des emplois);
-le pilotage du programme (déclinaison des objectifs stratégiques en objectifs
opérationnels adaptés aux compétences de chacun des services : il assure ainsi une
démarche de performance à tous les niveaux d’exécution du programme);

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-la mise en œuvre du programme (gestion des crédits et des emplois, mise en place
du contrôle interne et du contrôle de gestion, préparation du rapport annuel de
performance).
 Les ordonnateurs délégués
Ils exercent leurs fonctions en vertu d'une délégation permanente ou
temporaire des ordonnateurs principaux. Ainsi, au niveau de l'Etat, le Ministre des
Finances exerce ses fonctions par l'intermédiaire des ordonnateurs délégués de
dépenses (les Directeurs des Affaires Administratives et Financières, le Directeur
des Marchés Publics, le Directeur du budget de l’Etat) et des ordonnateurs
délégués de recettes (le Directeur Général des Impôts, le Directeur Général des
Douanes, le Directeur Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor, le
Directeur de la solde, le Directeur du patrimoine de l’Etat)..
 Les ordonnateurs secondaires
Les ordonnateurs secondaires sont les autorités représentant l’Etat dans les
services déconcentrés (régions, départements et les ambassades). A ces personnes,
il faut ajouter les chefs de projets (par arrêté du Ministre des finances).
Il est indispensable que le pouvoir d’ordonnateur soit déconcentré car la
dépense publique opérée au plus près du lieu où elle s’exécute est mieux réalisée
et contrôlée.
Dans l'exercice de leur fonction, les ordonnateurs sont susceptibles de
commettre des erreurs de gestion et des fautes de gestion.
*Les erreurs de gestion consistent pour l'agent à se tromper sur le caractère
opportun de la dépense. L'opportunité s'apprécie a posteriori selon la réussite ou
l'échec de l'opération. Le contrôle de la bonne utilisation des crédits ne peut être
exercé que par les supérieurs hiérarchiques ou par l'autorité politique devant
lesquels ils sont responsables. La sanction des erreurs de gestion est très difficile
à mettre en œuvre en raison de l'appréciation très subjective de la bonne ou
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mauvaise foi de l'agent dans la plupart des cas. C'est pourquoi, en pratique, ces
erreurs qui peuvent avoir des répercussions financières pour l'Etat ne sont jamais
sanctionnées.
*Sont constitutifs de fautes de gestion, conformément à l’article 93 de la loi
organique de 2014 : la violation des règles relatives à l’exécution des recettes et
des dépenses de l’Etat et des autres organismes publics (dépassements volontaires
de crédits, virements irréguliers de crédits, dépenses sans engagements
préalables) ; la violation des règles relatives à la gestion des biens appartenant à
l’Etat et aux organismes publics ; le fait, pour toute personne dans l’exercice de
ses fonctions, d’octroyer ou de tenter d’octroyer à elle-même ou à autrui un
avantage pécuniaire ou en nature injustifié ; le fait d’avoir entraîné la
condamnation d’une personne morale de droit public ou d’une personne de droit
privé chargée de la gestion d’un service public, en raison de l’inexécution totale
ou partielle ou de l’exécution tardive d’une décision de justice ; le fait d’avoir
dans l’exercice de ses fonctions ou attributions, en méconnaissance de ses
obligations, procuré ou tenté de procurer à autrui ou à soi-même, directement ou
indirectement, un avantage injustifié, entraînant un préjudice pour l’Etat, ou tout
autre organisme public ; le fait d’avoir produit, à l’appui ou à l’occasion des
liquidations des dépenses, de fausses certifications ; le fait d’avoir omis
sciemment de souscrire les déclarations qu’ils sont tenus de fournir aux
administrations fiscales ou d’avoir fourni sciemment des déclarations inexactes
ou incomplètes. Lorsque de tels actes sont commis, l’agent encours une
responsabilité disciplinaire, pénale et/ou civile, voire pécuniaire.
Dans la pratique, ces responsabilités sont difficilement applicables aux
ordonnateurs, en raison des hautes fonctions politiques qu’ils occupent, ce qui
n’est pas le cas chez le comptable public.

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 Le comptable public
Le comptable public est tout fonctionnaire ou agent régulièrement nommé par le
Ministre de l'Economie et des Finances ayant pour qualité le recouvrement des
ordres de recettes, le payement des dépenses au moyen des fonds et valeurs dont
il assure la garde et la conservation et ce, au nom de l'Etat, des collectivités
territoriales et des établissements publics nationaux.

Il existe plusieurs types de comptables :


 Les comptables principaux et les comptables secondaires
Leur distinction est fondée sur la manière de présenter le budget.
*Les comptables principaux ou centralisateurs rendent directement compte de
leur gestion à la Cour Suprême 8.
Les comptables secondaires eux, justifient leurs opérations auprès d'un comptable
principal à l'égard de qui ils tiennent une comptabilité « de clerc à maître »9
*Les comptables supérieurs et les comptables subordonnés : la distinction se
fonde sur la nomination et la hiérarchie. Ainsi, les comptables supérieurs sont
nommés par décrets tandis que les comptables secondaires le sont, par arrêtés du
Ministre des Finances. En outre, les seconds sont sous l'autorité et le contrôle des
premiers cités 10.

8
Il s'agit notamment : du payeur général du trésor ; de l'agent comptable central du trésor ; de l'agent comptable
de la dette publique ; de l'agent comptable central des dépôts ; de l'agent comptable des créances contentieuses ;
du receveur général des finances ; du trésorier général pour l'étranger ; des trésoriers généraux des régions et des
départements ; de l'agent comptable auprès de l'EPN
II faut préciser que les rapports de fin d'exercice produite par les comptables principaux sont appelés comptes
financiers pour les agents comptables d'EPN et de compte de gestion pour les comptables généraux c'est-à-dire les
autres comptables principaux.
9
II s'agit : des agents comptables secondaires des EPN ; des trésoriers principaux ; des trésoriers ; des payeurs
dans les autres collectivités territoriales ; des payeurs à l'étranger.
10
Un comptable principal n'est pas nécessairement un comptable supérieur et, inversement, un comptable
secondaire n'est pas forcément un comptable subordonné. Les distinctions se fondent sur des critères précis. Par
exemple 'l'agent comptable d'EPN (comptable subordonné nommé par arrêté du ministre des finances) est pourtant
un comptable secondaire parce qu'il présente directement son compte financier au juge des comptes
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Finances publiques

 Les comptables directs du trésor et les comptables spéciaux

Le critère de distinction est fondé sur la compétence du comptable public.


*Les comptables directs du trésor sont des comptables publics de droit commun.
A cet effet, ils exécutent indifféremment toutes les opérations de recettes et de
dépenses du budget de l'Etat, des collectivités territoriales et des EPN. Ils relèvent
de l'autorité directe du DG du trésor et de la comptabilité publique et constituent
le réseau des comptables du trésor.
*Les comptables spéciaux sont ceux dont le champ d'activité est spécialisé ou
limité à un type d'opérations. C'est l'exemple des Receveurs des impôts, des
douanes, des Régisseurs d'avance ou de recettes. Les comptables spéciaux ont
toujours la qualité de comptable secondaire.
 Les comptables en deniers et les comptables matière
Le critère de distinction est fondé sur l'objet de la comptabilité.
*Les comptables en deniers sont ceux qui sont habilités à manier les fonds publics
et les valeurs représentatives de deniers à savoir les vignettes, les timbres...
*Les comptables matières assurent la garde et la conservation des biens
immobiliers et mobiliers de l'organisme public auprès duquel ils sont nommés ou
des biens confiés au trésor par un tiers.
Dans l’exercice de ses fonctions, le comptable public peut engager sa
responsabilité personnelle et pécuniaire. Cela signifie que toutes les fois qu'un
comptable public effectue une opération irrégulière soit qu'elle lui ait été ordonnée
par une tierce personne, soit qu'il l'exécute de son propre chef, il doit rembourser
le montant intégral de la somme que la collectivité a perdue du fait de cette
irrégularité. Cela peut consister en un déficit de caisse ou un manquant en deniers
ou en valeurs, le non recouvrement d’une recette, une dépense irrégulièrement
payée, une indemnisation erronée faite à une personne ou à un organisme.

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Sa responsabilité peut être également mise en jeu en raison de la gestion du


prédécesseur à travers les opérations qu'il a prises en charge lors d'une passation
de service et pour lesquelles il n'a pas fait de réserves pendant une période de six
mois. Cette responsabilité s'étend également aux opérations des comptables
publics et celles des régisseurs placés sous l'autorité du comptable ainsi qu'aux
actes des comptables de fait s'il a connaissance de ces acres et ne les a pas signalés
au supérieur hiérarchique.
Pour la couverture de sa responsabilité pécuniaire, des garanties sont exigées du
comptable public. Il s’agit de la constitution d’un cautionnement (garantie
pécuniaire) et de la prestation de serment auprès de la juridiction de son lieu
d’affectation (garantie morale).

b)- La séparation des opérations d'exécution

Dans l’exécution du budget, il convient de séparer les opérations de recettes


des opérations de dépenses.
L'opération de dépenses publiques se décompose en quatre étapes : l'engagement,
la liquidation, l'ordonnancement, et le paiement.
En matière de recettes, il y a aussi quatre étapes. Mais avant, il faut
distinguer les impôts directs des impôts indirects.
Pour les impôts directs les quatre opérations sont : l'établissement de l'assiette, la
liquidation, l'émission d'un titre de perception (rôle nominatif), le recouvrement.
Pour les impôts indirects, les opérations sont : l'établissement de l'assiette,
la liquidation, le paiement. Cette dernière opération doit s'effectuer spontanément,
sans émission d'un titre de perception.

70

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c)- La séparation des comptabilités


L’ordonnateur et le comptable ont deux comptabilités distinctes. Le
premier tient une comptabilité administrative ; tandis que le second tient une
comptabilité de caisse.
Le principe de la séparation de l’ordonnateur et du comptable admet, tout
de même, des dérogations ou atteintes.

2- Les atteintes au principe


Les atteintes au principe de la séparation de l’ordonnateur et du comptable
sont de deux types : les régies et les fonds spéciaux.

a)- Les régies


Conformément au principe de la séparation, seul le comptable public a
qualité pour encaisser les recettes et payer les dépenses des organismes publics au
vu des titres émis par un ordonnateur.
Cependant, dans le souci d'assouplir l'exécution de certaines opérations
budgétaires et de faciliter les démarches des usagers, le principe de la séparation
peut être aménagé par la mise en place d'une régie (régie d'avance pour les
dépenses et régie de recettes pour les recettes) dans laquelle le même agent appelé
régisseur (d'avance ou de recettes), exécute toutes les opérations, soit de recettes,
soit de dépenses. Ce dernier est nommé par arrêté du ministre chargé des finances
sur proposition du ministre dont il dépend.

b)- Les fonds spéciaux


Les gestionnaires des fonds spéciaux ou fonds secrets accordés au budget
de la Présidence de la République en ont la maîtrise totale et les exécutent sans
l'intervention des comptables publics. En cela, ils constituent une dérogation au
principe de la séparation de l'ordonnateur et du comptable.
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Paragraphe 2-Les procédures d’exécution du budget

Dans l’exécution du budget, la procédure de recouvrement des recettes est


distincte de la procédure d’exécution de la dépense.

A-La procédure de recouvrement des recettes

Cf. Cours de droit fiscal

B-Les procédures d’exécution des dépenses

1-La procédure normale


La procédure normale ou ordinaire se caractérise par l'observation de trois
grandes phases que sont l'engagement, la liquidation, l'ordonnancement et le
paiement.

a)- L'engagement

L'engagement est le fait générateur de la dépense. C'est l'acte par lequel


l'Etat ou les autres organismes créent ou constatent à leur encontre, une obligation
de laquelle résulte une charge. En d'autres termes, c'est l'acte par lequel ils se
reconnaissent débiteurs. L'engagement est donc l'acte fondamental qui engage
l'Etat. C'est le premier acte de l'ordonnateur délégué. Certains engagements sont
soumis au contrôle préalable. Le contrôleur financier vérifie avant de viser la
proposition d'engagement, l'existence et la non utilisation des crédits prévus pour
la dépense.

b)- La liquidation
La liquidation consiste à calculer le montant exact de la dépense ; elle ne
peut intervenir qu'après constatation du service fait, matérialisé par un certificat
de service fait. Ce document atteste que l’objet de la dépense a été réalisé.

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Finances publiques

c)- L'ordonnancement
L'ordonnancement est l'acte administratif par lequel conformément aux
résultats de la liquidation, l'ordre est donné au comptable de payer la dette de l'Etat
ou celle des autres organismes publics. L'ordonnancement s'analyse en un acte
discrétionnaire de la part de l'autorité administrative. Il ne peut être effectué que
par l'autorité gouvernementale (ministre) ou administrative (maire, directeur,
préfet, sous-préfet etc.) et non par un juge.
Ces trois étapes constituent la phase administrative de l’exécution de la dépense.

d)-Le paiement
Cette dernière étape constitue la phase comptable de l'exécution de la
dépense. Les comptables des dépenses du budget général de l'Etat et les
comptables spéciaux du trésor procèdent au visa, à la prise en charge et au
règlement des mandats visés du contrôleur financier, qu'ils reçoivent des
ordonnateurs délégués. Les comptables sont à la fois payeur et caissier.
En tant que payeurs, ils doivent s'assurer de la régularité de la dépense. En
tant que caissiers, les comptables sont chargés d'effectuer le paiement de la
dépense selon le mode de règlement retenu, soit en espèce soit par chèque ou par
virement.

2-La procédure simplifiée


Les dépenses soumises à la procédure simplifiée sont des dépenses
engagées et ordonnancées de façon concomitante. A la fin de la procédure, le
document produit est le mandat de paiement. Les dépenses concernées par la
procédure simplifiée sont :le règlement d'abonnement (eau, électricité,
téléphone...), la délégation de crédits à l'étranger, le versement des premières
avances au régisseur, le renouvellement des avances au régisseur, l'indemnité de
déplacement (définitif ou pour mutation), les ristourne, subvention, avance,
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secours aux collectivités ou organismes publics ou privés et aux particuliers, les


dépenses particulières appuyées d'une décision du Ministre de l'Economie et des
Finances, autorisant expressément l'utilisation de la procédure simplifiée (dans ce
cas, il peut y avoir contrepartie d'une fourniture avec facture).

3-La prescription des dépenses publiques


Le paiement est le mode normal d'extinction des dettes de l'Etat durant
l'année au cours de laquelle elles sont nées. Mais, les créanciers des personnes
publiques peuvent ne pas faire valoir leurs droits en temps utile et tomber sous le
coup d'une prescription propre aux dettes publiques : c'est la déchéance
quadriennale. Elle a pour but d'apurer, dans un délai relativement rapide, les
comptes de l'Etat, afin d'éviter que celui-ci n'accumule trop d'arriérés. Suivant
cette règle, est prescrite au profit de l'Etat, toute créance qui n'a pas été payée dans
un délai de quatre ans à partir du premier jour de l'année suivant celle au cours de
laquelle la prise en charge est effective par le comptable assignataire

Toutefois, la prescription est interrompue dans les cas suivants :


*Lorsqu'une demande de paiement ou une réclamation écrite est adressée par un
créancier à l'autorité administrative, dès lors que la demande ou la réclamation a
trait au fait générateur, à l'existence, au montant ou au paiement de la créance,
alors même que l'administration saisie n'est pas celle qui aura finalement à charge
du règlement.
*Lorsqu'un recours relatif au fait générateur, à l'existence, au montant ou au
paiement de la créance est formé devant une juridiction, quel que soit l'auteur du
recours et même si la juridiction saisie est incompétente pour en connaître, et si
l'administration qui aura finalement la charge du règlement n'est pas partie à
l'instance.

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*Lorsqu'une communication est écrite par une administration intéressée, même si


cette communication n'a pas été adressée directement au créancier qui s'en
prévaut, dès lors qu'elle a trait au fait générateur, à l'existence, au montant ou au
paiement de la créance.
*En cas d’émission de moyen de règlement, même si ce règlement ne couvre
qu'une partie de la créance ou si le créancier n'a pas été exactement désigné.
*En cas de méconnaissance par le créancier de l'existence de la créance, le cas
d'opposition frappant la créance ou celui de l'impossibilité pour le créancier d'agir.
*En cas de retard imputable à l'administration.

Section II-Les structures d’exécution du budget

Les structures de l’Etat qui interviennent dans l’exécution du budget sont :


la Direction Générale de la Comptabilité publique et du Trésor ; et la Banque
nationale d’investissement.

Paragraphe 1-La Direction Générale de la Comptabilité Publique et du


Trésor
La Direction Générale de la Comptabilité Publique est une Direction du
Ministère de l’Economie et des Finances. En tant que service public administratif,
elle n’a pas de personnalité juridique distincte de celle de l’Etat. Sa compétence
ne se limite pas à l’exécution du budget de l’Etat. Elle s’étend à l’exécution des
budgets annexes, des comptes spéciaux du Trésor et du service de la dette.

A-L’organisation du Trésor Public


A la tête de la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor
se trouve un Directeur Général. Mais, le Trésor Public est composé de corps de
trésoriers hiérarchisés comme suit : Un Trésor Payeur Général, et un Trésorier
Principal qui est placé à la tête des agences comptables centrales.

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B-.Les missions du Trésor Public


Le Trésor Public est investi d’une double mission. Il est caissier et banquier
de l’Etat.

1-Le Trésor public, caissier de l’Etat


En tant que caissier, le Trésor public procède aux opérations de
recouvrement des recettes et de paiement des dépenses publiques dans l’exécution
du budget.

Dans l’exercice de cette mission, il est responsable des mouvements de


fonds. Il doit veiller à la gestion équilibrée des liquidités disponibles dans l’espace
et dans le temps afin qu’il n’y ait pas de rupture. Pour réussir cet aménagement
des fonds publics dans l’espace et dans le temps le Trésor s’appuie sur l’unité de
caisse et l’unité de trésorerie.

2-Le Trésor public, banquier de l’Etat


En tant qu’instrument de l’Etat banquier, le Trésor Public peut accorder des
prêts, se porter garant et prendre des participations au capital de certaines
entreprises pour le compte de l’Etat. D’ailleurs, l’Etat a créé l’Agence Comptable
Centrale des Dépôts qui est une banque nationale.

En tant que gestionnaire des emprunts, il tient les statistiques relatives à la


dette publique et gère les emprunts contractés pour le compte de l’Etat et d’autres
organismes.

Paragraphe 2-La Banque Nationale d’Investissement

(Non traité)

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POINTS IMPORTANTS A RETENIR

L’exécution du budget relève de la compétence du


Gouvernement. Les organes chargés de l’exécution du budget sont,
principalement, l’ordonnateur, le gestionnaire de programme et le
comptable public. Ces organes exécutent le budget conformément
aux règles de comptabilité publiques.
Si l’ordonnateur et le comptable qui sont les maillons
essentiels de l’exécution du budget sont soumis aux mêmes
responsabilités (civile, pénale, disciplinaire, politique), le
comptable public lui seul est soumis à une responsabilité pécuniaire.
Relativement aux procédures d’exécution du budget, plus
précisément aux procédures d’exécution de la dépense public, il
convient de distinguer la procédure normale de la procédure
simplifiée.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

 CISSE (Bakary), L’épreuve de finances publiques (aux concours


d’entrée à l’ENA, aux concours administratifs de la Fonction
Publique, aux examens de l’Université), 2001.
 COULIBALY (Alban Alexandre), Les finances publiques de la
République de Côte d’Ivoire. Introduction au droit budgétaire et
financier ivoirien, Paris, L’Harmattan, 2000.
 FRANÇOIS (Chouvel), L’essentiel des finances publiques, Paris,
Gualino éditeur, 5ème édition, 2003.
 JEAN-Luc Albert, Finances Publiques, Pais, Economica, 7ème
édition, 2011
 SEKA Séka Paul, Finances publiques, les éditions ABC

78

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EXERCICES D’ASSIMILATION

I. Dissertation

1) La responsabilité des ordonnateurs et des comptables publics.


2) La procédure normale d’exécution de la dépense publique.

II. Contrôle de connaissances

1) Quel est l’intérêt du principe de la séparation de l’ordonnateur et


du comptable public ?
2) Qu’est-ce qui distingue la procédure normale de la procédure
simplifiée d’exécution de la dépense ?
3) Quelles sont les missions assignées au Trésor public dans
l’exécution du budget ?

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CHAPITRE II : LE CONTRÔLE DE L’EXÉCUTION DU BUDGET

L’exécution du budget est soumise à divers contrôles qui sont exercés par
différents organes. Certains de ces contrôles sont internes à l’Administration,
tandis que les autres lui sont extérieurs.

Section I-. Le contrôle interne à l’Administration


Plusieurs organes exercent le contrôle interne à l’administration. Citons
entre autres : l’Inspection Générale d’Etat ; l’Inspection Générale des Finances ;
l’Inspection Générale des services fiscaux, l’Inspection Générale de la Douane,
l’Inspection Générale du Trésor, la Haute autorité pour la bonne gouvernance.
Toutefois, dans le cadre de ce cours, nous limiterons notre champ d’étude au
contrôle du contrôleur financier et à celui du comptable public.

Paragraphe 1-Le contrôle du contrôleur financier

A-La mission de contrôle du contrôleur financier


Le contrôleur financier exerce sa mission de contrôle avant et après
l’engagement de la dépense.
Avant l'engagement de la dépense, le contrôleur financier dispose de huit
jours pour contrôler la régularité des engagements du point de vue de :
-la qualité de celui qui va engager la dépense ;
-la disponibilité des crédits ;
-l'exactitude de l'imputation budgétaire (respect de la spécialité des crédits) ;
-l'utilité et l'évaluation des coûts de la dépense ;
-le respect de la législation et de la réglementation en vigueur.
A l'issue de ce contrôle, il peut adopter trois attitudes :
 si le dossier comporte des irrégularités, il le rejette et édicte les motifs du rejet ;
 S’il a besoin d'un complément d'information pour mieux apprécier le projet de
dépense, il diffère son visa et en édicte les motifs ;
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si le contrôle est concluant, le contrôleur financier vise le dossier physique et


électronique, il édite un bordereau de transmission et retourne le dossier
physique à l'ordonnateur délégué.
Du point de vue de la portée, il s’agit à la fois d’un contrôle de régularité
budgétaire, d’un contrôle de légalité mais aussi d’un contrôle d'opportunité bien
que cette possibilité ne soit pas expressément reconnue par les textes.
Après l’engagement, le contrôle porte d'une part sur la réalité du service fait
et d'autre part sur l'ordonnancement. A ce niveau, le contrôleur financier s'assure
que l'ordonnancement se maintient dans les limites de l'engagement.
Au regard de ce qui précède, le contrôle financier est avant tout préventif.
Il vise à guider la décision plutôt que de la gêner. Néanmoins, il n’est pas exempt
de critiques. La principale critique est qu’il lui est reproché d’empiéter sur le
domaine réservé à l’ordonnateur par le développement du contrôle d’opportunité.

B- La mission de conseil du contrôleur financier


Le contrôleur financier étant chargé de contrôler l'utilité de la dépense et
son coût peut donner au ministre son avis sur l'opportunité de la dépense et
proposer des mesures susceptibles d'améliorer la gestion du service. Il donne
également son avis sur le projet de budget du ministère. De ce point de vue, il
apparaît comme le « consultant » ou « l'avocat », et non le «censeur » du ministre
dépensier devant le Ministre des Finances.

C- La mission d'information du contrôleur financier

Le contrôleur financier informe le Ministre des conditions dans lesquelles


s'effectue la gestion financière de son département. Il lui suggère des mesures
utiles afin d'améliorer cette gestion.

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La mission du contrôleur financier est renforcée par le contrôle du


comptable public qui intervient au moment du paiement de la dépense.

Paragraphe 2-Le contrôle du comptable public


Le contrôle du comptable public ne saurait comporter une appréciation de
l'opportunité des décisions de l'ordonnateur. Son contrôle se limite à la stricte
régularité budgétaire et comptable de la dépense. De ce point de vue, il doit,
simplement s'assurer que les pièces justificatives que l'ordonnateur est tenu de
produire à l'appui des ordres des dépenses sont complètes, cohérentes entre elles
et régulières en la forme. Si, en effet, le comptable public devrait examiner la
régularité au fond des pièces produites, il se substituerait en fait à l'ordonnateur et
entraverait par des exigences excessives le bon fonctionnement des services.
Le but recherché dans les vérifications opérées par le comptable est la
suspension de paiement d'une somme ordonnancée irrégulièrement. Si de telles
irrégularités sont constatées, il lui revient d'en informer l'ordonnateur.

Section 2-Le contrôle externe à l’administration

Paragraphe 1-Le contrôle de la Cour des Comptes


Le contrôle de la Cour des Comptes est prévu aux articles 84, 85, 86, et 87
de la loi organique n° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de finances. Il
convient de distinguer ses attributions classiques de ses nouvelles attributions.

A-. Les attributions classiques de la Cour des Compte

1-. Le contrôle juridictionnel

a)-. Le jugement (ou règlement) des comptes


La Cour des Comptes juge les comptes et non les comptables. Cela signifie
qu'elle apprécie objectivement la régularité des paiements, l'accord entre les
documents produits et les écritures générales, le respect des prescriptions légales
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Finances publiques

; autrement dit, elle n'est pas autorisée à prendre en considération le comportement


personnel du comptable public qui peut ainsi être mis en débet, même s'il n'a pas
connu ou pu empêcher l'irrégularité.
Le contrôle effectué par la Cour des comptes porte sur trois éléments :
 La forme du compte de gestion : A ce titre, le conseiller vérificateur procède
essentiellement à un examen de la régularité formelle du compte de gestion
produit (balance d'entrée, développement des recettes et des dépenses des comptes
hors budget, déclaration d'affirmation de sincérité du compte signé pour le
comptable et l'ordonnateur...)
 La régularité sur chiffre du compte : Ici, le contrôle porte sur l'équilibre de la
balance d'entrée, de la régularité des opérations de prise en charge, des opérations
de résultat, de l'état des restes à payer et des restes à recouvrer.
 La régularité budgétaire du compte : Le conseiller vérifie ici, l'application
effective des règles budgétaires relatives à l'élaboration et à l'exécution du budget
notamment, la disponibilité des crédits et le bon établissement des ordres de
recettes.
Lorsque la Cour constate des irrégularités, elle enjoint au comptable par le
prononcé d'une injonction d'apporter la preuve de la rectification desdites
irrégularités ou de produire des justifications complémentaires. Cette injonction
constitue un arrêt provisoire qui assure la contradiction des débats. Le comptable
public dispose d'un délai de deux mois, pour y répondre. Deux hypothèses sont
envisageables.
 Si le comptable public a satisfait aux injonctions formulées ou produit toutes
justifications reconnues valables, la Cour des Comptes rend un arrêt de
décharge.

83

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

 Si par contre les réponses produites ne sont pas jugées satisfaisantes, la Cour
confirme sa décision par un arrêt définitif, qui peut être soit un arrêt de débet
soit un arrêt d'avance.
L'arrêt de débet ou de mise en débet est pris lorsque le compte de gestion
comporte un excès de dépense (injustifiée) ou une insuffisance de recette (due par
exemple à la négligence du comptable) et condamne le comptable public au
paiement des sommes manquantes.
L'arrêt d'avance est établi exceptionnellement lorsque le compte retrace à tort des
recettes (excès de recette) ou ne mentionne pas des dépenses (insuffisance de
dépenses).
Par ailleurs, si le comptable quitte ses fonctions, avec à l’appui une gestion
jugée correcte, la Cour des comptes rend un arrêt de quitus. Celui-ci autorise le
remboursement de la caution du comptable, ordonne mainlevée et radiation des
oppositions et inscriptions hypothécaires mises sur ses biens à raison de sa
gestion.

b)-. L’apurement de la gestion de fait


Il y a gestion de fait lorsqu'une personne sans autorisation légale s'ingère
dans le maniement des deniers publics ou privés alors que ceux-ci auraient dû être
encaissés ou conservés par des comptables patents. La gestion de fait peut être
aussi constituée au seul fait de la détention sans utilisation des deniers publics. La
jurisprudence considère même qu'on peut être déclaré coupable de gestion de fait
sans qu'on ait soi-même disposé de deniers. Il en est ainsi de ceux qui n'ont fait
qu'aider la gestion illicite en accomplissant des actes propres à leur assurer une
commission (c'est le cas du bénéficiaire d'un mandat fictif ou de prestations
imaginaires).
Le comptable de fait encourt, en principe, la même responsabilité que le
comptable public. De même, sa responsabilité pénale peut être engagée. Une
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Finances publiques

amende pour gestion de fait dont le montant équivaut au montant des sommes
indûment maniées peut lui être infligée.

c)-. Les fautes de gestion

Seuls les ordonnateurs peuvent commettre des fautes de gestion. La


sanction pour faute de gestion est une amende dont le montant varie selon la nature
et la gravité de la faute. Le montant minimum de l’amende ne peut être inférieur
à 20.000 FCFA. Le montant maximum pourrait atteindre le montant du traitement
ou salaire brut annuel à la date de l’irrégularité ou de l’infraction.

2-. Le contrôle non juridictionnel de la Cour des Comptes

Le contrôle non juridictionnel de la Cour des Comptes s’exerce dans le


cadre administratif et dans le cadre de l’assistance aux pouvoirs publics.

a)-. Le contrôle de la gestion des organismes et collectivités publics.

Dans le cadre de ses compétences administratives, la Cour des Comptes


possède un pouvoir de contrôle sue la gestion de tous les organismes et
collectivités publics. Elle contrôle l’exécution des lois du budget. Elle exprime
son avis sur la régularité et la sincérité des comptes, ainsi que sur la gestion
générale des entreprises publiques, des sociétés d’économie mixte ou des sociétés
à participation financière publique. Cette compétence s’étend aux organismes de
sécurité et de prévoyances sociales, aux organismes bénéficiant de fonds publics
(subvention de l’Etat, taxes parafiscales, cotisations instituées par la loi, etc.), aux
organismes faisant appel à la générosité publique.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

b)-. L’assistance aux pouvoirs publics


La Cour des Compte assiste le Parlement et le Gouvernement.

Relativement au Parlement, elle lui remet, chaque année, le rapport sur


l’exécution du budget de l’année précédente accompagnant la déclaration
générale de conformité. Aussi, réalise t-elle toutes les enquêtes nécessaires à
l’information du Parlement à l’occasion de l’examen et du vote du projet de loi
de règlement.

Relativement au Gouvernement, elle examine tous les ans, les observations


faites à l’occasion des diverses vérifications effectuées pendant l’année, et forme,
avec celles qu’elle retient, un rapport qu’elle remet au Président de la République.
Elle expose, dans ce rapport, ses observations et dégage les enseignements qui
peuvent en être tirés. Elle peut aussi établir un rapport sur l’exécution du budget,
envoyé au Gouvernement avec recommandation en vue de la bonne préparation
et présentation de la loi de finances et du projet de loi de règlement.

B-. Les nouvelles attributions de la Cour des Comptes

1-La certification des comptes


La certification est le nouveau type de contrôle dévolu à la Cour des
Comptes par la loi organique n° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de
finances. C’est un contrôle a posteriori qui consiste pour la Cour des comptes à
attester l’exactitude des écritures comptables. Il faut néanmoins préciser qu’elle
ne porte que sur la régularité des opérations comptables et non sur l’opportunité
des décisions qui ont engendré ces opérations.
Le rapport de certification des comptes s’adresse directement au Parlement
qui a autorisé les engagements financiers de l’Etat, à l’effet de l’éclairer sur le
contrôle a posteriori de l’exécution du budget.

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Finances publiques

2- Le contrôle des gestionnaires de crédits


La Cour des Compte exerce un contrôle sur la gestion des administrations
en charge de l’exécution des programmes et dotations.

Paragraphe 2-Le contrôle du parlement

A-Le contrôle en cours d’exécution du budget

Le contrôle en cours d'exécution consiste pour le ministre des Finances à


transmettre trimestriellement aux Commission des Affaires Economiques et
Financières du Parlement, à titre d’information, des rapports sur l’exécution du
budget et l’application du texte de la loi de finances. Il ne s’agit pas de rapports
confidentiels, puisque la loi organique n° 2014-336 du 5 juin 2014 relative aux
lois de finances précise qu’ils soient mis à disposition du public. L’intérêt de la
diffusion de ces rapports est la recherche de la transparence dans la gestion des
deniers publics.
Dans le souci d’être davantage informé, les parlementaires peuvent
procéder à des investigations sur place ou à l'audition des ministres. Cela ne
saurait leur être refusé. Ils peuvent même demander à la Cour des comptes
d’entreprendre des enquêtes nécessaires à leur information.

B-Le contrôle après l’exécution du budget

En application de l’article 118 de la Constitution du 08 novembre 2016 qui


prévoit que « le projet de loi de règlement doit être déposé au Parlement un an au
plus tard après l'exécution du budget », celui-ci exerce a posteriori sur l’exécution
du budget.
Le projet de loi de règlement qui est soumis au Parlement doit être
accompagné du rapport de la Cour des comptes certifiant les comptes et du rapport
sur les résultats généraux de l’exécution du budget et des opérations du budget.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

L'analyse de ces documents s'achève par le vote de la loi de règlement qui


constate le montant définitif des encaissements de recettes et des règlements de
dépenses se rapportant à chaque exercice, annule les crédits sans emploi, et
autorise le transfert du résultat de l'exercice.

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Finances publiques

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

L’exécution du budget (par le Gouvernement) est soumise


à plusieurs types de contrôles.
Suivant le moment du contrôle, il peut s’agir d’un contrôle
a priori, d’un contrôle concomitant, ou d’un contrôle a posteriori.
Suivant les organes exerçant le contrôle, le contrôle en
question peut être le fait d’organes administratifs, de la Cour des
comptes ou du Parlement.
Les structures de l’Administration qui sont investies du
pouvoir de contrôle sont nombreuses. La part belle est faite au
contrôleur financier qui a, naturellement, une mission de contrôle,
de conseil, et d’information auprès des différents ministres.
La Cour des comptes, en plus des missions traditionnelles,
est en charge de la certification des comptes.
Le Parlement a vu ses pouvoirs renforcés en matière de
contrôle.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

 CISSE (Bakary), L’épreuve de finances publiques (aux


concours d’entrée à l’ENA, aux concours administratifs
de la Fonction Publique, aux examens de l’Université),
2001.
 COULIBALY (Alban Alexandre), Les finances
publiques de la République de Côte d’Ivoire.
Introduction au droit budgétaire et financier ivoirien,
Paris, L’Harmattan, 2000.
 FRANÇOIS (Chouvel), L’essentiel des finances
publiques, Paris, Gualino éditeur, 5ème édition, 2003.
 JEAN-Luc Albert, Finances Publiques, Pais,
Economica, 7ème édition, 2011
 SEKA Séka Paul, Finances publiques, les éditions
ABC

90

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Finances publiques

EXERCICES D’ASSIMILATION

I-Dissertation

1) Le vote de la loi de règlement a-t-il encore un sens


aujourd’hui ?
2) La multiplicité des contrôles vous paraît-elle un gage
d’efficacité ?

II-Contrôle de connaissances

1) Le contrôleur financier est-il juge de l’opportunité de la


dépense ?
2) En quoi consiste la mission de certification des comptes
confiée à Cour des comptes ?
3) Qu’est-ce que la gestion de fait ?

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 science juridique / Semestre 3

Finances publiques
Lama NOULA

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Droit des Obligations 2

Institut Universitaire d'Abidjan

Droit des
Obligations 2
Dr. Samy

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Droit des Obligations 2

Droit des Obligations 2


Dr. Samy

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

SYLLABUS

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Droit des Obligations 2

INTRODUCTION
L’obligation est définie comme un lien de droit en vertu duquel le créancier peut
exiger de son débiteur l’accomplissement d’une prestation. On distingue ainsi 3
éléments dans l’obligation :

• C’est un lien de droit ayant un caractère contraignant. Ceci permet de


distinguer l’obligation civile qui est pourvue de contrainte de l’obligation
naturelle, dont l’exécution ne dépend en principe que du bon vouloir du débiteur;

• C’est un lien entre 2 personnes. On a un sujet actif qui est le créancier et un


sujet passif qui est le débiteur : c’est un droit personnel. L’obligation étant un lien
entre 2 personnes, se distingue du droit réel, qui est un droit qui porte directement
sur un bien.

• L’obligation appelée encore créance porte sur un objet qui est


l’accomplissement d’une certaine prestation (obligation de donner, obligation de
faire, obligation de ne pas faire). Cette créance qui est la satisfaction due sous
forme d’action ou d’omission traduit le caractère vénal de l’obligation.

Le régime général de l’obligation renvoie à l’ensemble des règles qui sont


applicables à l’obligation indépendamment de sa source. Qu’elle soit issue d’un
acte juridique (article 1101 du code civil), d’un fait juridique ou de l’autorité seule
de la loi (article 1370 du code civil), l’obligation est soumise à un régime
uniforme : elle donne des droits au créancier, elle peut être affectée de certaines
modalités, elle peut circuler, se transformer, s’éteindre etc. ce régime est général
car il exclut les règles spéciales, propres à certaines obligations. Ce concept de
« régime général de l’obligation » est ignoré du code civil de 1804 mais issu de la
doctrine. Toutefois en France, la réforme du droit des obligations, issue de
l’ordonnance du 10 février 2016 consacre ce concept.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

Dans le cadre de ce cours, nous étudierons d’abord les caractères ou modalités


pouvant affecter l’obligation et qui permettent de comprendre le fonctionnement
de l’obligation quel que soit sa source. (1ère partie).

La force contraignante de l’obligation exige que le débiteur puisse exécuter sa


prestation : c’est le droit à l’exécution du créancier qui se manifeste par plusieurs
moyens (2ème partie).

Par ailleurs, en tant qu’élément du patrimoine l’obligation est aussi une créance
ou une dette susceptible d’être transmise par le débiteur ou le créancier. Ces
opérations sur obligations feront l’objet d’étude (3ème partie).

Enfin l’exécution de l’obligation qui se réalise normalement par le paiement


entraîne son extinction (4ème partie).

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Droit des Obligations 2

PREMIÈRE PARTIE : LES MODALITÉS DE L’OBLIGATION


Les modalités de l’obligation traduisent certaines particularités ou certaines
manières d’être de l’obligation. L’obligation simple est un lien de droit entre un
seul créancier et un seul débiteur pour l’accomplissement d’une seule prestation.
Elle implique une exécution immédiate et sans condition. Il peut arriver que
l’obligation soit assortie de certaines modalités. Soit qu’elle comporte plusieurs
objets ou plusieurs sujets : les modalités affectent le lien d’obligation ou la structure
de l’obligation (chapitre I). Soit que l’obligation ne sera exécutée qu’à partir d’une
certaine date ou ne naîtra que si tel évènement se réalise : ce sont les modalités
temporelles (chapitre II).

Chapitre I- Les MODALITÉS structurelles


La structure d’une obligation ou le lien d’obligation peut être affectée par la
multiplication des objets dus ou par la multiplication des sujets de l’obligation. On
parle alors d’obligations complexes.

Section 1 : La pluralité d’objets


Il ya pluralité d’objets lorsque le débiteur peut être amené à exécuter des prestations
différentes. On distingue l’obligation conjonctive ou cumulative, l’obligation
alternative et l’obligation facultative.

§ 1- L’obligation conjonctive ou cumulative


Elle est celle qui oblige le débiteur à exécuter plusieurs prestations cumulativement.
Il s’agit de l’hypothèse dans laquelle le débiteur doit cumulativement au même
créancier, plusieurs prestations en vertu d’une obligation unique. Et il ne peut se
libérer qu’en les fournissant toutes.

Exemple : le contrat de vente porte à la fois sur un meuble et un immeuble.

Exemple : la vente porte à la fois sur un immeuble et un fonds de commerce ; le


donataire assume la charge de loger et nourrir un tiers.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

Exemple : le contrat de vente portant sur une voiture neuve prévoit que l’acheteur
devra non seulement payer une somme d’argent, mais également remettre son
ancien véhicule au vendeur.

En principe l’obligation conjonctive ne soulève pas de difficultés d’exécution. Le


débiteur doit exécuter toutes les différentes prestations pour être libéré à moins
qu’il n’ait été stipulé la possibilité d’une exécution partielle ou successive.

L’obligation conjonctive ne doit pas être confondue avec l’hypothèse où dans un


contrat portant sur un objet, le débiteur est assujettit à plusieurs obligations. Ex :
dans le contrat de vente, le vendeur assume plusieurs obligations : transférer la
propriété de la chose vendue, livrer la chose vendue, garantir l’acheteur contre les
vices cachés de la chose vendue et contre son éviction.

§ 2- L’obligation alternative
Selon l’art. 1189 C. Civil, elle est celle qui, ayant pour objet deux ou plusieurs
prestations, permet au débiteur de se libérer complètement par l’accomplissement
d’une seule d’entre elles.

Exemple 1 : Le débiteur doit au créancier une maison ou une certaine somme


d’argent.

Exemple 2 Le donataire devra loger un grand parent ou lui verser une rente de tel
montant.

CHOIX DE LA PRESTATION :

En principe selon l’art. 1190 C. Civil, c’est au débiteur de choisir la prestation qui
va le libérer. Mais une clause du contrat peut réserver le choix au créancier. Dans
cette hypothèse, le choix est irrévocable. Que le choix appartienne au créancier ou
au débiteur, le créancier ne peut être contraint d’accepter une partie d’une des
prestations et une partie de l’autre et le débiteur ne peut choisir ou être contraint
d’exécuter partie d’une prestation et partie de l’autre.

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Droit des Obligations 2

L’obligation alternative peut redevenir pure et simple dans 2 hypothèses :

•Si l’une des prestations est impossible ou illicite : selon l’art. 1193 al. 1,
l’obligation alternative devient pure et simple si l’une des prestations ne peut être
exécutée en raison d’un cas de force majeure ;

•Lorsque l’une des 2 choses promises vient à disparaître par la faute du débiteur,
celui-ci se libère en remettant l’autre chose. Le prix de la chose disparue ne peut
pas être offert à la place. Toutefois, lorsque le choix de la prestation a été réservé
au créancier, et que la perte du bien est due à la faute du débiteur, alors l’art. 1194
prévoit 2 solutions :

-en cas de disparition de l’une des choses promises, le créancier peut demander la
chose qui reste ou le prix de celle qui a disparue.

-en cas de disparition des 2 choses promises, le créancier peut demander le prix de
l’une ou de l’autre chose à son choix.

Dans l’obligation alternative, lorsque les 2 objets viennent à disparaître et que le


débiteur est irréprochable, l’obligation est éteinte.

§ 3- L’obligation facultative
Le code civil1 ne prévoit pas cette modalité mais en pratique elle peut être
envisagée. Dans cette obligation, une seule chose est due mais le débiteur, s’il le
préfère a la faculté de se libérer en exécutant une autre prestation. L’option ne peut
qu’appartenir au débiteur

Exemple : le débiteur doit livrer un certain nombre de matériels informatiques. Il


peut se libérer en exécutant une autre prestation, par exemple en versant une somme
d’argent.

1
Toutefois, la reforme française du droit des obligations la consacre : article 1308 de
l’ordonnance de 2016

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

Exemple : le contrat portant sur le dépôt de bijoux peut prévoir que le dépositaire
de bijoux qui doit les restituer à une certaine date, pourra se contenter de verser une
somme représentant la valeur des bijoux déposés.

A la différence de l’obligation alternative, une seule chose est due à titre principal
dans l’obligation facultative. Cette dernière ne comportant qu’un seul objet, est
éteinte si l’objet vient à disparaître par cas fortuit avant l’exécution. La prestation
de l’autre chose n’est pas une alternative pour le débiteur, mais c’est une facilité de
paiement. Le débiteur ne doit la prestation subsidiaire que si la prestation principale
périt par sa faute. De même le créancier ne peut exiger de lui que l’exécution de la
prestation principale.

L’obligation facultative se distingue de la dation en paiement par le fait que la


prestation différente est prévue dès l’origine. Dans la dation en paiement, il ya
exécution d’une prestation différente de celle prévue à l’origine, à la suite d’un
nouvel accord des parties.

Section 2 : La pluralité de sujets


Il ya pluralité de sujets lorsque plusieurs créanciers ont droit à la prestation due ou
que plusieurs débiteurs doivent exécuter une prestation au profit du créancier. Dans
l’hypothèse où on est en présence de plusieurs créanciers : on parle de pluralité
active ; et en présence de plusieurs débiteurs : on parle de pluralité passive. On
distingue ainsi l’obligation conjointe, l’obligation solidaire, l’obligation in solidum,
l’obligation indivisible.

§ 1- L’obligation conjointe
L’obligation conjointe profite à plusieurs créanciers ou pèse sur plusieurs débiteurs
entre lesquels elle va se diviser activement ou passivement, c’est-à-dire que chaque
créancier ne pourra réclamer que sa part dans la créance et chaque débiteur ne devra
payer que sa part dans la dette. Autrement dit, cette obligation se divise en autant

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Droit des Obligations 2

de fraction qu’il y a de créanciers ou de débiteurs. Certains auteurs, préfèrent parler


d’obligation disjointe ou divise.

Exemple : deux personnes achètent ensemble un bien et en doivent le prix au


vendeur.

Exemple : transmission des dettes successorales aux héritiers.

Cette divisibilité s’applique de plein droit dès lors qu’il ya plusieurs créanciers pour
une créance ou plusieurs débiteurs pour une dette, sauf l’exception de la solidarité
prévue par les parties, la loi ou le juge et en l’absence d’indivisibilité résultant de
la nature des choses.

Le régime juridique de l’obligation conjointe est totalement l’opposé de celui de


l’obligation solidaire qui demeure ainsi une exception. En effet chaque créancier
conjoint ne peut réclamer au débiteur que sa part dans la créance commune et
chaque débiteur ne peut être poursuivi que pour sa part dans la dette commune. La
division a lieu en principe par parts viriles sauf exception conventionnelle. En cas
de décès d’un débiteur conjoint, sa part se divise également entre ses héritiers,
chacun n’étant tenu que d’une fraction de la dette que devait son auteur.

La conséquence de la division de la dette entre débiteurs conjoints est que le


créancier est obligé de diviser ses poursuites et peut se heurter à l’insolvabilité de
l’un des débiteurs conjoints.

Ex : deux frères ont reçu en héritage une maison : ils en sont les copropriétaires.
Pour certains travaux de réparation ils sollicitent les services d’un entrepreneur. Les
frais de réparation s’élèvent à 5 millions. Cette dette est en principe conjointe car
en tant que copropriétaire chaque frère est tenu de contribuer au règlement des frais
de réparation. Pour se faire payer l’entrepreneur doit poursuivre chacun des frères
à qui il ne pourra réclamer que sa part virile c’est-à-dire 2 millions 5. Pour garantir
l’exécution de sa créance, il a intérêt à prévoir une clause de solidarité.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

§ 2- L’obligation solidaire
L’obligation est solidaire lorsque chacun des créanciers est autorisé à exiger et
recevoir seul le paiement de toute la créance ou lorsque chacun des débiteurs peut
être contraint à réaliser seul le paiement de la totalité de la dette (articles 1197 et
1200 du code civil). La solidarité n’étant pas sans inconvénient pour les créanciers
solidaires et les débiteurs solidaires, présente un caractère exceptionnel.

Ainsi selon l’article 1202 : « la solidarité ne se présume pas. Il faut qu’elle soit
expressément stipulée. Cette règle ne cesse que dans les cas où la solidarité a lieu
de plein droit, en vertu d’une disposition de la loi ». La solidarité a donc deux
sources : la convention des parties et la loi. Il faut entendre loi au sens large c’est-
à-dire toutes les sources du droit objectif reconnues en droit positif : les lois, les
règlements, les conventions internationales, la coutume ou les usages etc. La
créance qui unit plusieurs créanciers ou la dette qui unit plusieurs débiteurs sont en
principe conjointes sauf exception conventionnelle ou légale.

Il faut faire la distinction entre la solidarité qui lie plusieurs créanciers et celle qui
lie plusieurs débiteurs.

A- La solidarité active
Selon l’art. 1197 C. Civil, lorsqu’un débiteur a plusieurs créanciers liés par la
solidarité, l’un quelconque des créanciers peut réclamer le paiement de la totalité
de la dette au débiteur. La solidarité active permet ainsi à chaque créancier solidaire
d’exiger et de recevoir le paiement de toute la créance. La solidarité active a des
effets principaux et des effets secondaires :

Les effets principaux :

- Le débiteur a le choix de s’acquitter entre les mains de l’un des créanciers


solidaires, tant qu’il n’a pas été poursuivi par l’un d’eux. Sinon il doit
s’acquitter du paiement entre les mains du créancier poursuivant : article
1198 du code civil

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Droit des Obligations 2

- Le débiteur en payant l’un des créanciers solidaires, est libéré à l’égard de


tous les autres créanciers : article 1197 du code civil
- La remise de dette faite par un créancier solidaire au débiteur ne porte que
sur la part de ce créancier dans la créance commune : article 1198, alinéa 2
du code civil.
- Le créancier solidaire qui a reçu paiement de l’intégralité de la créance doit
compte aux autres c’est-à-dire qu’il doit les informer du paiement reçu et
leur restituer leur part. La répartition peut être égale ou inégale selon les
intérêts.

Les effets secondaires :

- Chaque créancier solidaire profite d’un acte réalisé par l’un d’entre eux.
L’article 1199 du code civil prévoit ainsi que tout acte qui interrompt la
prescription à l’égard de l’un des créanciers solidaires, profite aux autres
créanciers. Les causes d’interruption de la prescription peuvent être un acte
de poursuite du créancier qui manifeste son intention de se faire payer. Il peut
s’agir d’une citation en justice, d’une assignation en justice, d’un
commandement de payer ou d’une reconnaissance de la dette par le débiteur.

L’hypothèse de la solidarité active est très rare. La solidarité active n’est jamais
imposée par la loi mais ne peut découler que d’une convention expresse. C’est une
hypothèse peu fréquente car les créanciers courent le risque de voir l’un d’entre eux
obtenir le paiement et le dilapider. Une des applications de la solidarité active est
le compte-joint. Chacun des titulaires du compte est créancier solidaire du banquier
en vertu de la convention de compte courant bancaire, et peut demander
remboursement au banquier dépositaire de l’intégralité des fonds dans la limite du
solde disponible.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

De même des copropriétaires ou des indivisaires peuvent ainsi d’un commun


accord, aliéner un bien en précisant qu’ils seront créanciers solidaires. Le débiteur
est alors libéré en s’acquittant entre les mains de l’un quelconque d’entre eux.

B- La solidarité passive
Elle suppose qu’une prestation est due à un créancier par plusieurs personnes, de
telle sorte que le paiement intégral pourra être réclamé à l’un quelconque des
débiteurs. Exemple : Mr Yao et Mr Koffi sont les débiteurs solidaires du sieur
Richmond pour une somme de 500.000 FCFA. Mr Richmond peut demander à son
choix à Yao ou à Koffi le remboursement des 500.000 FCFA. S’il le demande à
Koffi, celui-ci après avoir payé les 500.000 FCFA peut se retourner contre Yao
pour obtenir le remboursement de sa part de la dette.

Dans l’exemple de l’entrepreneur à qui les frères copropriétaires doivent la somme


de 5 millions pour les frais de réparation, en cas de stipulation de solidarité entre
les frères débiteurs, l’entrepreneur pourra poursuivre l’un quelconque d’entre eux
et lui exiger le paiement de la totalité de la dette. L’avantage de la solidarité passive
est de prémunir le créancier contre les inconvénients de la division des poursuites
et de l’insolvabilité de l’un des débiteurs. Cette solidarité est très fréquente dans la
pratique.

1- Les sources de la solidarité passive


L’article 1202 du code civil dispose que : « la solidarité ne se présume pas. Il faut
qu’elle soit expressément stipulée. Cette règle ne cesse que dans les cas où la
solidarité a lieu de plein droit, en vertu d’une disposition de la loi ». La solidarité
passive peut résulter soit de la volonté des parties, soit d’une disposition de la loi,
soit des usages.

•La volonté des parties : il faut une manifestation de volonté claire qui peut
résulter d’une clause d’un contrat, d’un testament etc. Toutefois il n’est pas
nécessaire que le terme de solidarité apparaisse dans l’acte. La solidarité ne se

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Droit des Obligations 2

présumant pas, c’est conformément au droit commun, au créancier qui se prévaut


de la solidarité de l’établir. Dans la pratique, on stipule souvent que les débiteurs
s’engagent conjointement et solidairement. A priori, cette formule est
contradictoire et ne veut rien dire. On peut considérer que les parties ont voulu
s’engager ensemble et pour le tout.

•La loi : Selon l’art.2002 du code civil « plusieurs mandants sont solidairement
tenus envers le mandataire constitué pour une affaire commune, de toutes les
obligations qui résultent du mandat ».

Selon L’art.1887 du code civil « les emprunteurs d’une chose sont solidairement
tenus responsables envers le prêteur ».

Selon L’art.86 de la loi relative au mariage « les époux sont solidairement tenus
pour les dettes nées pour l’entretien du ménage ou des enfants ».

Selon L’art.55 du Code Pénal « tous les individus condamnés pour un même crime
sont solidairement responsables des amendes ou dommages intérêts dus à la
victime».

•L’usage ou la coutume : selon une coutume en matière commerciale, on considère


que la solidarité se présume contre le débiteur commerçant.

Quelque soit la source de la solidarité, elle produit les mêmes effets.

2- Les effets de la solidarité passive


Il faut distinguer les effets principaux et les effets secondaires.

a) Les effets principaux :

Ils doivent être analysés d’une part dans les relations entre le créancier et les
codébiteurs, et dans les rapports entre codébiteurs d’autre part.

•Les rapports entre le créancier et les codébiteurs

Ces rapports sont dominés par l’unicité de la dette et la pluralité des liens.

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L’unicité de la dette :

Dans la mesure où un même objet est dû par tous les codébiteurs, le créancier peut
réclamer le paiement intégral à l’un des codébiteurs selon son choix, sans être
obligé de mettre en cause les autres débiteurs. Toutefois selon l’article 1204, les
poursuites faites contre l’un des codébiteurs n’empêchent pas le créancier d’en
exercer de pareilles contre les autres.

Selon l’art.1203, le débiteur poursuivi ne peut pas opposer le bénéfice de division,


c’est à dire il ne peut pas exiger du créancier qu’il divise ses poursuites, ni le
bénéfice de discussion c’est-à-dire qu’il discute d’abord les biens des autres
débiteurs.

Le paiement intégral de la dette par l’un des codébiteurs libère les autres à l’égard
du créancier.

La pluralité des liens :

Chaque codébiteur a un rapport juridique propre avec le créancier. C’est ce qui


explique qu’il peut arriver que chaque débiteur s’engage selon des modalités
différentes. L’un peut souscrire soit à une obligation conditionnelle, soit à terme,
soit à une obligation pure et simple : article 1201 du code civil. La pluralité des
liens permet au créancier qui a poursuivi l’un des codébiteurs de poursuivre
également les autres s’il n’a pas été intégralement désintéressé par le 1er débiteur
poursuivi.

Toutefois, selon l’article 1220 du code civil, en cas de décès d’un codébiteur la
dette se divise entre ses héritiers de sorte que le créancier ne pourra réclamer
paiement aux héritiers qu’à proportion de leur part héréditaire. Mais le montant de
la dette qui se divise entre les héritiers est celui qui était dû solidairement par le
défunt et non sa part personnelle.

15
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Droit des Obligations 2

Ex : une dette de 20 millions de FCFA est due solidairement par A et B. la part


personnelle de chaque codébiteur est de 10 millions. A décède, laissant deux
héritiers qui lui succèdent à parts égales. La dette solidaire qui est de 20
millions se divise à parts égales entre les héritiers : soit 10 millions pour chacun
(alors que leur part personnelle dans la dette est de 5 millions chacun). Par
conséquent le créancier ne pourra poursuivre chaque héritier que pour 10
millions. C’est l’une des insuffisances de la solidarité. Seule une clause
d’indivisibilité permet d’éviter la division de la dette solidaire entre les
héritiers au décès de l’un des codébiteurs.

La pluralité des liens permet aussi à chaque débiteur d’invoquer contre le créancier
des exceptions c’est-à-dire des arguments pour ne pas payer l’intégralité, ou ne pas
payer du tout ou pour ne pas payer tout de suite etc. On distingue 3 sortes
d’exceptions (article 1208 du code civil) :

Les exceptions communes : Ce sont celles qui touchent à l’objet de l’obligation et


qui peuvent être invoquées par chacun des débiteurs c'est-à-dire qui bénéficient à
tous. Ex : La prescription de la dette, le paiement de la dette, la remise de dette,
nullité pour illicéité de l’objet ou de la cause, nullité pour absence d’objet ou de
cause à l’obligation.

Les exceptions purement personnelles : Elles sont tirées d’une modalité de


l’obligation qui n’a été accordée qu’à l’un des codébiteurs et ne concerne que son
lien d’obligation. Elles ne peuvent être invoquées que par le débiteur qui en
bénéficie et restent sans effet sur les autres. Ex : l’octroi d’un terme à un créancier.

Elles peuvent provenir aussi d’un vice du consentement ou d’une incapacité d’un
codébiteur. Dans ces hypothèses, lorsqu’elles prospèrent et aboutissent à la nullité
du lien d’obligation de ce codébiteur, les autres codébiteurs peuvent l’invoquer
pour diminuer leur engagement. Elles deviennent par conséquent des exceptions
simplement personnelles.

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Les exceptions simplement personnelles : Elles sont personnelles à un codébiteur,


mais elles peuvent être invoquées par les autres pour réduire leur engagement. Ex :
la confusion, la remise de dette consentie à l’un des codébiteurs, la compensation 2
invoquée par un débiteur (article 1294, alinéa 3 du code civil), la remise de
solidarité (article 1210 du code civil). À la différence de la remise de dette, la remise
de solidarité ne libère pas le codébiteur qui en profite, mais fait disparaître à son
égard, la garantie résultant de la solidarité, de sorte qu’il ne reste tenu que pour sa
part.

Ex : Mr Ali, Mr Jean et dame Fatou doivent solidairement 10 millions à Mr


Richmond. La part d’Ali est de 4 millions, celle de Jean et Fatou: 3 millions chacun.
Si Mr Richmond fait une remise de dette de 4 millions à Ali, il ne pourra réclamer
à Jean ou à Fatou que le paiement de la dette, déduction faite de la remise de dette
faite à Ali, soit 6 millions. En revanche s’il fait une remise de solidarité à Ali, il
pourra le poursuivre seulement pour 4 millions et non pour l’intégralité. Et cette
remise de solidarité pourra être invoquée par Jean et Fatou pour réduire la dette.
Mr Richmond ne pourra poursuivre chacun d’eux que pour 6 millions.

•Les rapports entre les codébiteurs

Ces rapports sont dominés par la division de la dette. Selon l’art.1213, l’obligation
contractée solidairement envers le créancier se divise de plein droit entre les
codébiteurs qui n’en sont tenus entre eux que chacun pour sa part et portion, sauf
stipulation contraire, la division se fait par part virile c'est-à-dire par part égale pour
chacun. Les parties peuvent modifier la répartition de la dette en prévoyant une
répartition inégale de la dette.

Le codébiteur qui a payé l’intégralité de la dette, dispose d’un recours contre les
autres, fondé sur un mandat ou une gestion d’affaires. Cette action personnelle du

2
L’article 1294, alinéa 3 du code civil analyse la compensation comme une exception purement personnelle, mais
la jurisprudence en fait une exception simplement personnelle. La reforme française de 2016 relative au droit des
obligations consacre cette solution : article 1315

17
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Droit des Obligations 2

codébiteur se justifie par le fait qu’en payant plus que sa part, il a agi pour le compte
des autres. Le codébiteur dispose également d’un recours subrogatoire. Selon
l’art.1251 al.1, le débiteur qui a payé est subrogé dans les droits du créancier. Il
pourra ainsi bénéficier de toutes les garanties du créancier sauf de la solidarité.

Selon l’alinéa 2 de l’article 1214, si l’un des codébiteurs se trouve insolvable, la


perte qu’occasionne son insolvabilité se repartit entre tous les autres codébiteurs
solvables, celui qui a fait le paiement et celui qui a été déchargé de la solidarité
(article 1215).

Selon l’article 1216 du code civil si l’affaire pour laquelle la dette a été contractée
solidairement ne concernait que l’un des coobligés solidaires, celui- ci sera tenu de
toute la dette vis-à-vis des autres codébiteurs qui ne seraient alors que des cautions.

Par exemple, Yao s’est porté codébiteur solidaire des loyers d’un bail d’habitation
au profit de son ami Koffi pour offrir au bailleur créancier un deuxième débiteur,
alors qu’il n’habite pas les lieux loués. Poursuivi en paiement pour des arriérés de
loyers, après avoir payé le créancier, il pourra se retourner contre Koffi le seul
intéressé à la dette, pour le remboursement de l’intégralité de la créance.

b) Les effets secondaires :

Ils ont pour but de faciliter l’action du créancier. On les explique par l’idée de
représentation mutuelle des codébiteurs. Chaque codébiteur est sensé représenter
tous les autres. Ainsi, au lieu d’avoir à agir contre chacun des codébiteurs, le
créancier aura à agir contre un seul. Il en résulte 4 conséquences :

•la mise en demeure adressée à l’un des codébiteurs produit des effets à l’égard des
autres et fait courir les intérêts moratoires à l’égard de tous : article 1207

•si la chose due disparaît par la faute de l’un des codébiteurs, tous les codébiteurs
sont responsables envers le créancier pour le paiement du prix de la chose. Mais
seul le débiteur fautif sera tenu des dommages et intérêts : article 1205

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•les poursuites engagées à l’égard de l’un des codébiteurs interrompent la


prescription à l’égard de tous : article 1206

•la jurisprudence considère que le jugement rendu dans un procès entre un


codébiteur solidaire et un créancier a autorité de la chose jugée à l’égard des autres
codébiteurs.

§3- L’obligation in solidum


Elle est une création jurisprudentielle. La solidarité ne se présumant pas, le juge n’a
pas le pouvoir de la prononcer en dehors des cas prévus par la loi et en dehors de
toute stipulation contractuelle. C’est la raison pour laquelle dans le but de protéger
les victimes, en matière de responsabilité civile la jurisprudence a créé une
solidarité imparfaite appelée obligation in solidum, qui se manifeste en dehors de
toute disposition légale et de toute convention. Par le jeu de l’obligation in solidum,
plusieurs débiteurs sont tenus d’un même objet, mais pour des causes différentes.
Cette obligation épargne à la victime la division des poursuites et l’insolvabilité de
certains débiteurs.

A- Le domaine
Il y a obligation in solidum lorsque plusieurs personnes ont été les coauteurs d’un
même dommage. Ainsi des obligations indépendantes, nées de sources différentes
tendent à fournir au créancier la même satisfaction.

Du côté du créancier, il y a une seule créance ; du côté des débiteurs, chacun est
tenu d’une dette distincte. Ex : les coauteurs d’un délit civil. Chacun d’eux a
contribué à la production de tout le dommage, mais pour une faute distincte.

b- Le régime de l’obligation in solidum


Il ressemble à celui de la solidarité. L’obligation in solidum et l’obligation solidaire
participent à la protection de la victime et du débiteur. Ainsi, chaque codébiteur est
tenu pour sa part et garant pour celle des autres. Le créancier n’a pas à diviser ses
poursuites et à supporter l’insolvabilité de l’un des codébiteurs.

19
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Droit des Obligations 2

L’obligation in solidum est une solidarité imparfaite. Elle ne produit donc que les
effets principaux de la solidarité. Les effets secondaires sont exclus parce que la
représentation mutuelle est inconcevable entre les débiteurs in solidum qui sont
tenus d’une même dette en vertu de causes juridiques différentes. La nature de la
dette qui est unique s’oppose à toute division et chacun des débiteurs peut être
poursuivi pour le tout. Le paiement effectué par l’un sera libératoire pour les autres.

Le débiteur in solidum qui a payé plus que sa part pourra recourir contre les autres
débiteurs pour leur contribution à la dette. En principe, la part contributrice de
chacun des débiteurs peut être égale à celle des autres. Mais s’agissant de la
responsabilité délictuelle, les tribunaux s’attachent en général à la gravité respective
des fautes pour déterminer la part de chacun des débiteurs.

§4- L’obligation indivisible


L’indivisibilité est la qualité de ce qui ne peut être divisé. On entend par obligation
à prestation indivisible, celle dont l’objet n’est pas susceptible de division.
Appliquée à l’obligation, l’indivisibilité exprime donc une caractéristique de l’objet
de l’obligation. Toutefois elle mérite d’être étudiée dans le cadre de la pluralité de
sujets où elle révèle réellement un intérêt.

En effet toute obligation simple c’est-à-dire l’obligation qui ne comporte qu’un


seul créancier, qu’un seul débiteur, doit toujours être exécutée comme si elle était
indivisible, dans la mesure où le créancier n’est jamais tenu de recevoir un paiement
partiel même quand l’objet est divisible. Mais l’obligation peut comporter plusieurs
sujets actifs ou passifs pour une même créance. Dans cette hypothèse, le principe
est la division de plein droit de la dette ou de la créance entre eux (voir obligation
conjointe). L’indivisibilité apparaît alors intéressante car elle empêche le
fractionnement de la dette.

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A- Les sources de l’indivisibilité


•L’indivisibilité peut résulter de la nature de l’objet : c’est l’indivisibilité naturelle.
Selon l’art.1217, l’obligation est indivisible parce que son objet n’est pas
susceptible de division. Ex : plusieurs personnes s’engagent à livrer un animal
vivant. La plupart des obligations de faire ou de ne pas faire sont indivisibles. Ex :
l’obligation de ne pas faire concurrence ou l’obligation de ne pas divulguer un
secret.

•l’indivisibilité peut résulter de la convention des parties : c’est l’indivisibilité


conventionnelle. L’objet de l’obligation est parfaitement divisible, mais les parties
vont stipuler son indivisibilité. Ex : les parties prévoient que l’obligation de payer
telle somme d’argent pourra être demandée à l’un quelconque des débiteurs.

B- Le régime de l’indivisibilité
Les obligations indivisibles ont les mêmes effets que les obligations solidaires tant
que tous les créanciers ou tous les débiteurs sont en vie. Chacun des codébiteurs est
tenu pour le tout. L’interruption de la prescription à l’égard de l’un, vaut à l’égard
des autres. C’est au décès de l’un des créanciers en cas d’indivisibilité passive que
la différence apparaît entre l’indivisibilité et la solidarité. En effet la dette d’un
débiteur solidaire se divise entre ses héritiers.

En revanche si la dette est indivisible, le créancier a le droit d’exiger le paiement


intégral à l’un des héritiers. C’est pourquoi l’obligation est fréquemment stipulée
solidaire et indivisible pour cumuler les effets de la solidarité et ceux de
l’indivisibilité.

Reprenons le même exemple : Ex : une dette de 20 millions de FCFA est due


solidairement par A et B. la part personnelle de chaque codébiteur est de 10
millions. A décède, laissant deux héritiers qui lui succèdent à parts égales. La
dette solidaire qui est de 20 millions se divise à parts égales entre les héritiers :
soit 10 millions pour chacun (alors que leur part personnelle dans la dette est

21
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Droit des Obligations 2

de 5 millions chacun). Par conséquent le créancier ne pourra poursuivre


chaque héritier que pour 10 millions. C’est l’une des insuffisances de la
solidarité. Si une clause d’indivisibilité a été stipulée, le créancier pourra
réclamer à l’un quelconque des héritiers l’intégralité de la dette c’est-à-dire 20
millions. La clause d’indivisibilité permet ainsi d’éviter la division de la dette
solidaire entre les héritiers au décès de l’un des codébiteurs.

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POINTS IMPORTANTS A RETENIR

La complexité du lien d’obligation se traduit d’une part, par la multiplication d’objets, et d’autre part, par la
pluralité de sujets.
Il y a pluralité d’objets lorsque le débiteur est amené à exécuter des prestations différentes. A ce titre on distingue
trois obligations : l’obligation conjonctive ou cumulative, l’obligation alternative et l’obligation facultative. Elles
ont en commun de conduire le débiteur à exécuter différentes prestations, mais elles se distinguent en certains
points. Tout d’abord au niveau de la source, l’obligation alternative est de source légale (art 1189 c.civ et suivant),
tandis que les obligations cumulative et facultative sont d’origine jurisprudentielle. La distinction s’opère
également entre l’obligation alternative et facultative au niveau du nombre de prestations, du choix de la prestation
et de l’extinction de l’obligation en cas de force majeure. En effet, dans l’obligation alternative, il existe plusieurs
prestations mais le débiteur n’est tenu d’exécuter que l’une de ces prestations pour être libéré ; tandis que dans
l’obligation facultative, le débiteur est tenu d’une prestation principalement. Aussi, le choix de la prestation dans
l’obligation alternative appartient en principe au débiteur, mais il peut d’un commun accord laisser le choix au
créancier. Mais dans l’obligation facultative le choix revient toujours au débiteur. En outre, lorsque dans
l’obligation alternative, l’une des prestations ne peut plus être exécutée en raison d’un cas de force majeure,
l’obligation n’est pas éteinte, alors que dans l’obligation facultative, en pareille circonstance, le débiteur est libéré.
Il y a pluralité de sujets lorsque le lien d’obligation unit plusieurs créanciers qui ont droit à la prestation due
(pluralité active) ou plusieurs débiteurs qui doivent exécuter une prestation au profit d’un créancier (pluralité
passive). On distingue l’obligation conjointe, l’obligation solidaire, l’obligation in solidum et l’obligation
indivisible.
L’obligation conjointe est celle qui profite à plusieurs créanciers ou pèse sur plusieurs débiteurs en vertu de
laquelle chaque créancier ne peut réclamer que sa part dans la créance, ou que chaque débiteur ne paye que sa part
dans la dette. Quant à la solidarité, elle peut être active, c’est-à-dire que le débiteur à plusieurs créanciers et l’un
quelconque de ces créanciers peut réclamer le paiement intégral de la dette. Elle peut également être passive, et
dans ce cas le créancier fait face à plusieurs débiteurs et a la possibilité de poursuivre l’un quelconque des
codébiteurs solidaires pour obtenir le paiement intégral de la créance. Ainsi, dans l’obligation conjointe, on note
un fractionnement de la créance ou de la dette, alors que dans la solidarité il y a plutôt l’unicité de la dette et la
pluralité des liens (les effets principaux entre créancier et codébiteurs solidaires). Toutefois, en vertu de la pluralité
des liens, chaque codébiteur peut invoquer des moyens de défenses appelés « exceptions », afin de ne pas payer
tout ou partie de la créance ou repousser son paiement. Trois exceptions sont à distinguer : il s’agit des exceptions
communes (chacun des codébiteurs peut s’en prévaloir car elles touchent l’objet de l’obligation), des exceptions
purement personnelles (elles découlent des modalités des obligations accordées à un codébiteur. Elles ne peuvent
être invoquées que par le codébiteur qui en bénéficie et ne profitent point aux autres codébiteurs en principe) et
des exceptions simplement personnelles (elles sont personnelles à un codébiteur, mais les autres peuvent s’en
prévaloir pour réduire leur engagement.)
En outre, la solidarité se distingue également de l’obligation in solidum en ce qu’elle est d’origine légale tandis
que l’obligation in solidum est d’origine jurisprudentielle. Aussi, l’obligation in solidum ne produit pas les mêmes
effets secondaires que la solidarité, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de représentation mutuelle. Elle se distingue de
l’obligation indivisible seulement en cas de décès de l’un des codébiteurs, car pour l’essentiel elles ont les mêmes
effets principaux comme secondaires. En cas de décès d’un codébiteur solidaire, la dette revient aux héritiers, mais
le créancier ne peut poursuivre l’un des héritiers pour l’intégralité de la dette, il doit diviser ses poursuites, tandis
que dans l’obligation indivisible, en pareille situation, ils n’ont pas le bénéfice de division des poursuites.

23
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Droit des Obligations 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la jurisprudence


civile, tome1, 11ème édition, Dalloz

2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit


privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.

3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er


volume, édition Montchrestien

4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de


la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994

5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD


PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.

6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur


le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

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EXERCICES D’ASSIMILATION

I –CONTROLE DE CONNAISSANCES
1) Donnez la définition des termes suivants : l’obligation conjonctive, l’obligation
indivisible, l’obligation conjointe.
2) Comparer obligation alternative et obligation facultative
3) Comparer l’obligation solidaire et l’obligation in solidum, l’obligation solidaire et
l’obligation indivisible
4) Répondre par Vrai ou Faux
a- La solidarité est toujours de plein droit en cas de pluralités de débiteurs.
b- L’obligation est dite conjointe en ce qu’elle oblige le débiteur à exécuter cumulativement
plusieurs prestations.
c- Dans l’obligation facultative, plusieurs prestations sont dues mais le débiteur peut se
libérer par l’accomplissement d’une seule.
d- L’obligation alternative, à la différence de l’obligation facultative a un objet unique,
c’est-à-dire qu’une seule chose est due mais le débiteur peut se libérer en livrant une autre
chose.
e- Lorsque l’obligation est alternative, le choix de la prestation à exécuter appartient
toujours au débiteur.
f- Le choix de l’objet est définitif, dès qu’il est fait par la partie à laquelle il appartient.
g- Lorsque plusieurs débiteurs sont liés par une même obligation, le principe est qu’ils sont
des codébiteurs conjoints.
h- Dans la solidarité passive, la remise de dette consentie par le créancier à un codébiteur
solidaire est une exception simplement personnelle.

II – EXERCICES PRATIQUES
Vincent, François, Gérard et Paul décident d’emprunter ensemble de l’argent auprès d’une
connaissance fortunée de Vincent : M.JJK Après avoir rencontré les intéressés, ce dernier accepte
de leur prêter sans intérêt la somme de 4.200.000 FCFA remboursable en fin d’année. Néanmoins,
M.JJK qui a quelques connaissances en droit, fait signer aux 4 comparses une reconnaissance de
dette. A la fin de l’année, M.JJK sollicite Vincent pour le remboursement de la dette. Ce dernier,
sans nouvelle des autres, reste silencieux .M.JJK assigne Vincent pour le paiement de l’intégralité
de sa créance. Vincent téléphone à François qui estime ne rien devoir à M.JJK dans la mesure où
ce dernier doit à François 1.500.000 FCFA. Vincent apprend que Paul, victime d’un accident
cardiaque, est décédé laissant 2 enfants : Jacques et Pierre. Quant à Gérard, il a quitté l’appartement
dont il ne payait plus le loyer sans laisser d’adresse.
Vincent vient vous consulter, conseillez le utilement

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Droit des Obligations 2

Chapitre II- Les modalités temporelles

Section 1- L’obligation sous condition


Selon l’art. 1168 C. Civil, la condition se définit comme un événement futur et
incertain à la réalisation duquel est suspendue la naissance ou la formation d’une
obligation : on parle alors de condition suspensive, ou la disparition de l’obligation
: on parle alors de condition résolutoire.

Exemple : un fonctionnaire conclu un contrat de bail portant sur une villa située à
Korhogo, à condition qu’il y soit muté en janvier 2018. Tant que la condition n’est
pas réalisée c’est-à-dire sa mutation à Korhogo, les obligations résultant du contrat
de bail qui est valablement formé, n’existent pas. Elles ne naitront que si le
fonctionnaire est effectivement muté à Korhogo : on parle de condition suspensive.

Ex : Une agence loue une chambre à un étudiant. Il est prévu que le contrat prendra
fin si l’étudiant se marie. Les obligations qui résultent du contrat de bail s’exécutent
dès la conclusion du contrat. Toutefois le mariage de l’étudiant entraine la
résolution c’est-à-dire la fin du contrat : on parle de condition résolutoire.

Ex : la donation faite sera résolue si le donataire ne se marie pas.

§1 : La validité de la condition
Pour que la condition soit valable, plusieurs conditions objectives et subjectives
doivent être réunies.

A- Les exigences objectives


•Il faut un événement futur. Il n’y a pas de condition si l’événement est déjà réalisé
même à l’insu des parties. On doit ignorer si le fait dont dépend la naissance ou la
disparition de l’obligation se produira ou non. De plus, la condition ne doit pas
porter sur un élément nécessaire à la validité du contrat. Ex : vente conclue sous la
condition que l’acquéreur confirme son consentement, ou que les parties
parviennent à un accord sur le prix : il n’ya pas contrat, ni condition valable. Mais

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si on prévoit une vente sous la condition que l’acheteur obtienne un crédit ou soit
muté dans un autre pays, toutes les conditions de validité du contrat sont remplies.
Par conséquent il ya contrat, mais la naissance des obligations est subordonnée à
l’obtention du prêt ou de l’effectivité de la mutation.

•Il faut un évènement incertain. Ce caractère constitue le critère de distinction entre


la condition et le terme. Pour qu’il y ait condition, il faut que l’évènement soit
incertain dans sa réalisation. Un évènement qui est seulement incertain dans sa date,
constitue un terme et non une condition.

•Il faut un évènement possible et conforme aux bonnes mœurs. Selon l’art.1172
toute condition d’une chose impossible ou contraire aux bonnes mœurs ou prohibée
par la loi est nulle et rend nulle la convention qui en dépend. De même la condition
résolutoire du mariage d’une hôtesse de l’air stipulé dans un contrat de travail est
nulle parce qu’elle est contraire à la liberté du mariage. Le problème pratique à
résoudre est de savoir si la condition impossible ou illicite nulle rend toujours nulle
l’obligation qu’elle affecte.

Dans les actes à titre gratuit, la condition nulle est réputée non écrite et l’acte
demeure en lui-même pur et simple. Concernant les actes à titre onéreux, la
jurisprudence a recours à la théorie de la cause. Pour elle, l’impossibilité ou
l’illicéité de la condition incluse dans un acte à titre onéreux n’entraîne la nullité de
l’obligation que si la condition impossible ou illicite est la cause impulsive et
déterminante de l’obligation. Cette solution est souvent appliquée même aux actes
à titre gratuit.

B- Les exigences subjectives


On distingue la condition casuelle, potestative et mixte.

Selon l’article 1169 du code civil, la condition casuelle est celle qui dépend du
hasard et qui n’est nullement au pouvoir ni du créancier, ni du débiteur. Sa
réalisation ne dépend pas de la volonté des parties. La condition casuelle peut

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Droit des Obligations 2

dépendre aussi de la volonté ou du comportement d’un tiers. Exemple : j’achèterai


cette maison si je gagne au loto, l’assureur s’engage à me verser une indemnité
d’assurance en cas de destruction de ma maison par incendie. Une obligation
contractée sous une condition casuelle est toujours valable.

Selon l’article 1170, la condition potestative est celle qui fait dépendre l’exécution
de la convention d’un évènement qu’il est au pouvoir de l’une ou l’autre partie de
faire arriver ou d’empêcher. Elle dépend exclusivement de la volonté des parties.
La condition peut être purement potestative lorsque sa réalisation dépend
uniquement de la volonté de l’une des parties. Si la condition est purement
potestative de la part du créancier, elle est valable. De la part du débiteur elle est
nulle. Ex : je vous rembourserai telle somme d’argent si je le veux. Une telle
obligation n’est pas sérieuse et ne correspond à aucun engagement réel (condition
purement potestative de la part du débiteur).

La condition peut être simplement potestative lorsqu’elle dépend de la volonté


d’une des parties et d’un élément objectif indépendant de la volonté des parties. Ex
: je vous vends ma maison si je suis affecté à l’étranger ou je vous donne 10
000FCFA si vous êtes reçu à votre examen.

La condition mixte est celle qui dépend à la fois de la volonté d’une des parties
contractantes et de la volonté d’un tiers : article 1171 du code civil. Ex : je vous
vends ma maison si vous épousez telle personne.

§ 2 : Les effets de la condition


La condition est un évènement futur et incertain dont on fait dépendre l’existence
de l’obligation. Si c’est la naissance de l’obligation qui dépend de la réalisation de
la condition, on parle de condition suspensive. Si elle entraîne l’extinction de
l’obligation, on parle de condition résolutoire.

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A-- La condition suspensive


Il faut se placer à 2 moments :

•Avant la réalisation de la condition :

Dans cette hypothèse, la condition est en suspend ; on ne sait pas si elle va


s’accomplir ou pas. Lorsque la condition est en suspend, l’obligation n’existe pas
encore. Si c’est un contrat de vente, le transfert de la propriété du bien est suspendu
ainsi que le paiement du prix. Si un paiement intervient, il est susceptible de
répétition car il est indu. Cependant le créancier peut exercer tous les actes
conservatoires. Inscription d’une hypothèque par exemple.

•La condition se réalise ou ne se réalise pas

En principe, selon l’art.1175, c’est une question d’interprétation de la volonté des


parties laissée à l’appréciation du juge. La réalisation ou la défaillance de la
condition doit avoir lieu dans le délai prévu par le contrat. Si aucun terme n’a été
fixé, le C. Civil dispose que la condition peut toujours s’accomplir à moins qu’il
soit certain que sa réalisation est impossible. Dans ce cas elle est défaillie.

Selon l’art.1178, la condition sera réputée accomplie lorsque c’est le débiteur qui
aura empêché sa réalisation. Ex : une vente est subordonnée à l’obtention d’un prêt
de l’acheteur auprès de son banquier. L’acheteur n’accomplit pas les formalités
nécessaires pour obtenir le prêt. Dans ce cas la condition est sensée être réalisée et
par conséquent, le contrat est valablement conclu.

En cas de défaillance de la condition, l’obligation ne se forme pas. En cas de son


accomplissement, l’obligation prend naissance conformément à la volonté des
parties avec un effet rétroactif au jour où l’engagement a été pris. C’est comme si
la condition n’avait jamais existée et que le contrat est réputé avoir été efficace dès
sa conclusion. Par conséquent les actes accomplis par exemple par un acquéreur
sous condition sont rétroactivement consolidés (le paiement fait prématurément,

29
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Droit des Obligations 2

vente, constitution de droits tels que hypothèque, gage etc) et ceux accomplis par
le cédant, sont rétroactivement anéantis.

B – La condition résolutoire
L’obligation sous condition résolutoire est en elle-même une obligation pure et
simple c’est à dire que l’obligation existe, c’est seulement sa résolution qui est
conditionnelle. Les parties doivent donc exécuter leurs obligations respectives qui
sont immédiatement exigibles.

•La condition résolutoire n’est pas encore réalisée

Dans ce cas le contrat est valablement formé et produit tous ses effets, par
conséquent les parties sont tenues d’exécuter leurs différentes obligations. Ainsi
l’acheteur sous condition résolutoire devient immédiatement propriétaire du bien et
le vendeur acquiert le prix.

•La condition résolutoire se réalise

Dans ce cas, le contrat est anéanti avec effet rétroactif. Tout se passe comme si
l’obligation n’avait jamais existée. Si l’obligation sous condition résolutoire a déjà
été exécutée, il faut procéder à la restitution des prestations. Toutefois en pratique,
la jurisprudence, la loi ou même les parties peuvent limiter voire écarter la
restitution.

En revanche, si la condition résolutoire ne se réalise pas, l’obligation demeure et


elle est réputée avoir été pure et simple dès l’origine.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

Section 2- L’obligation à terme


Le terme intéresse l’exécution de l’obligation. Une obligation est exigible lorsque
le créancier peut demander son exécution au débiteur. Toute obligation est exigible
en principe dès la formation du lien de droit entre le créancier et le débiteur. Mais
l’obligation peut être à terme c'est-à-dire qu’elle ne devient exigible qu’avec la
survenance d’un évènement futur et certain. Le terme diffère de la condition en ce
qu’il est un évènement futur mais certain. C’est un évènement futur qui se réalisera
certainement, auquel on subordonne l’exigibilité ou l’extinction de l’obligation.

§ 1 : Les variétés de terme

a- Distinction entre le terme extinctif et le terme suspensif


Le terme est dit extinctif lorsque l’écoulement d’une certaine durée met fin à
l’obligation. Ce terme concerne les contrats successifs pour lesquels l’exécution
s’échelonne dans le temps. Ex : un contrat de bail conclu pour une durée d’un an
prendra fin avec l’arrivée du terme prévu. Dans l’hypothèse du terme extinctif
l’obligation est pure et simple car elle est immédiatement exigible ; le terme
extinctif n’est donc pas une véritable modalité de l’obligation.

Quant au terme suspensif, il constitue une véritable modalité de l’obligation parce


qu’il détermine l’exigibilité de l’obligation. Ex : Yao a obtenu un prêt de 30
millions de sa banque. Le prêt est remboursable à compter du 31 Décembre 2017.
Cela signifie que l’exécution de l’obligation de Yao est suspendue jusqu’au 31
Décembre 2017, date à laquelle elle devient exigible. Avant cette date la banque ne
peut pas le contraindre à exécuter son obligation.

b- Distinction entre le terme de droit et le terme de grâce


Le terme de droit résulte de la convention des parties et parfois de la loi. Il peut
être exprès ou tacite c'est-à-dire résulter de la nature du rapport juridique. Ex : le
bail d’un immeuble en construction est tacitement affecté d’un terme, le prêt à
usage dans lequel les parties n’ont pas convenu d’un terme : l’article 1888 du code

31
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Droit des Obligations 2

civil prévoit que le contrat comporte un terme tacite qui est fonction de l’usage de
la chose prêtée.

Le terme de grâce est une faveur accordée par le juge au débiteur qui ne peut pas
honorer ses engagements à l’égard du créancier : article 1244 du code civil.

C- Distinction terme certain- terme incertain


Le terme est toujours un évènement certain en ce sens qu’il doit se produire. Mais
on parle de terme certain lorsqu’on sait à quelle date précise l’évènement se
produira. Ex : je vous paierai telle somme le 20 Mai 2011.

Le terme est incertain quand on ne sait pas à quel moment précis l’évènement se
produira. Ex : la mort, prêt sans échéance.

D- Distinction entre le terme dans l’intérêt du débiteur, le terme dans l’intérêt du


créancier et le terme dans leur intérêt commun
Selon l’art.1187 le terme est toujours présumé stipulé en faveur du débiteur parce
qu’il retarde le moment où la dette sera exigible. Il en résulte que le débiteur peut
renoncer unilatéralement au terme et payer par anticipation.

Toutefois il arrive que le terme soit stipulé en faveur du créancier. Celui-ci pourra
réclamer l’exécution avant l’arrivée du terme. Ex : dans le contrat de dépôt, le terme
est stipulé en faveur du déposant qui est le créancier de la restitution des choses
déposées. Le dépositaire n’a aucun intérêt à garder la chose pour la durée prévue.

Le terme peut être stipulé dans l’intérêt commun du créancier et du débiteur.


Aucune des parties ne peut y renoncer sans le consentement de l’autre à moins que
la loi n’en dispose autrement. Ex : le prêt à intérêts

Le remboursement ne peut pas être anticipé sauf accord des parties.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

§ 2 : Les effets du terme suspensif

A- pendant la durée du terme


L’obligation a terme existe mais elle n’est pas exigible.

1- L’obligation existe
Le contrat est valablement formé et le débiteur à terme a véritablement la qualité
de débiteur puisque l’exécution de son obligation est certaine. Ainsi s’il venait à
payer avant le terme en croyant le terme échu, il ne peut obtenir la répétition de ce
qu’il a payé.

2- L’obligation n’est pas exigible


Selon l’article 1186 : « ce qui n’est dû qu’à terme ne peut être exigé avant
l’échéance du terme ». Le créancier ne peut donc pas exiger le paiement avant
l’arrivée du terme prévu.

- Toutefois il est possible pour celui au profit duquel le terme a été stipulé d’y
renoncer. Si le terme a été stipulé en principe au profit du débiteur, celui-ci peut y
renoncer en payant par anticipation ; mais il ne peut contraindre le créancier à
recevoir un paiement partiel. Si exceptionnellement le terme a été stipulé au profit
du créancier, il ne peut être contraint d’accepter un paiement anticipé, mais il peut
à tout moment exiger l’exécution du paiement (c’est le cas dans le contrat de
dépôt par exemple). Si le terme est stipulé dans l’intérêt des deux parties, la
renonciation au terme n’est valable que si elle résulte d’un commun accord (c’est
le cas dans le contrat de prêt à intérêts).

- Par ailleurs le débiteur peut être déchu du terme dans deux hypothèses légales
: selon l’art.1188, le débiteur ne peut plus réclamer le bénéfice du terme lorsqu’il a
fait faillite ou lorsque par son fait, il a diminué les sûretés qu’il avait données par
le contrat à son créancier. En dehors de ces cas légaux, la convention des parties
peut prévoir des causes de déchéance. Par exemple, concernant le crédit, la

33
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Droit des Obligations 2

déchéance peut être encourue pour non-respect de son affectation. La déchéance du


terme rend la créance immédiatement exigible.

B- A l’échéance du terme
L’échéance du terme rend la créance immédiatement exigible. Des poursuites et
des mesures tendant à l’exécution forcée en cas de manquement du débiteur sont
possibles.

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

Au titre des obligations temporelles nous avons l’obligation sous condition et l’obligation
à terme.
L’obligation sous condition est définie par l’art 1168 du code civil comme tout évènement
futur et incertain à la réalisation duquel est suspendue la naissance d’une obligation
(condition suspensive) ou la disparition d’une obligation (condition résolutoire). Quant à
l’obligation à terme, elle se définit comme un évènement futur et certain à la réalisation
duquel est subordonnée l’exigibilité ou l’extinction d’une obligation. Le critère de
distinction entre ces deux obligations est la réalisation de l’évènement. En effet, dans
l’obligation conditionnelle, la réalisation de l’évènement est incertaine alors que dans
l’obligation à terme, il y a une certitude dans sa réalisation.
S’agissant du régime juridique de la condition suspensive, avant la réalisation de
l’évènement, l’obligation n’existe pas encore. Si l’évènement ne se réalise pas l’obligation
ne se forme pas, sauf si c’est le débiteur qui a empêché sa réalisation. Dans ce cas l’article
1178 du code civil dispose que la condition est réputée accomplie. Dans l’hypothèse où
l’évènement se réalise, l’obligation nait, mais elle rétroagit au jour où l’engagement a été
contracté selon l’article 1179 du code civil. Quant à la condition résolutoire, il faut dire que
le contrat est valablement formé et les parties exécutent leurs obligations. Mais dès la
réalisation de la condition, il est mis fin aux obligations de façon rétroactive ce qui conduit
à la restitution des prestations. Cependant, en pratique la loi, la jurisprudence ou les parties
peuvent limiter ou écarter la restitution.
Pour ce qui est du régime juridique de l’obligation à terme, il y a lieu de préciser que pendant
la durée du terme, le contrat étant valablement formé, l’obligation du débiteur existe car son
exécution est certaine. Toutefois, l’obligation n’est pas encore exigible. En effet, selon
l’article 1186 du code civil « ce qui n’est dû qu’à terme ne peut être exigé avant l’échéance
du terme ». Et selon l’article 1187 du code civil, le terme est toujours présumé en faveur du
débiteur. Mais il peut être également stipulé en faveur du créancier ou dans l’intérêt
commun des parties. Cependant, il peut arriver que le débiteur soit déchu du terme lorsqu’il
a fait faillite ou lorsque les sûretés qu’il avait consenties au créancier ont diminué par son
fait.

35
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Droit des Obligations 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la


jurisprudence civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

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Les manuels de l’IUA- Licence 2 droit privé / Semestre 3

EXERCICES D’ASSIMILATION
I- Contrôle de connaissances

1) Après avoir défini la condition et le terme, distinguez ces deux notions.

2) En quoi la condition suspensive se distingue-t-elle de la condition résolutoire ?

3) Le débiteur peut-il renoncer au terme ? Justifiez votre réponse.

4) Le créancier peut-il exiger le paiement avant terme ? Justifiez votre réponse

5) Le paiement effectué avant l’arrivée du terme est-il valable ?

II- EXERCICES PRATIQUES

Moisi désire vendre son terrain situé à la Riviera 3 à 40.000.000 FCFA. Lajoie un riche
homme d’affaires est d’accord pour l’acheter à ce prix afin d’y construire un complexe
hôtelier .Toutefois une clause du contrat du contrat de vente stipule que la vente est
subordonnée à l’obtention par Lajoie d’un permis de construire dans un délai d’un an,
à compter de la date de la signature du contrat le 15 octobre. Le 31 octobre 2015 Moisi
est informé par Lajoie qu’il n’a pas pu obtenir le permis de construire, donc le contrat
ne pourra être exécuté.

Suite à des enquêtes auprès des services préfectoraux, M. Moisi découvre qu’après le
dépôt de la demande du permis de construire par Lajoie, ce dernier n’a pas fourni tous
les documents nécessaires à l’octroi du permis de construire ,en dépit des nombreux
courriers qui lui ont été adressés à cet effet par les services préfectoraux. Monsieur
Moisi vient vous voir et vous demande si Lajoie peut s’estimer valablement libéré.

Conseillez-le utilement

III- Commentaire d’article : faites l’introduction et le plan détaillé de l’article

Commentez l’article 1186 Code Civil « Ce qui n’et du qu’à terme, ne peut être exigé
avant l’échéance du terme, mais ce qui a été payé d’avance ne peut être répété. »

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

DEUXIÈME PARTIE : Le droit à l’exécution du créancier


La finalité d’une obligation est son paiement c’est-à-dire son exécution par
le débiteur. Lorsque celui-ci s’acquitte de son obligation volontairement
alors il n’y a aucune difficulté. Or en pratique, le créancier pour se faire payer
peut se heurter à plusieurs difficultés telles que la mauvaise volonté du
débiteur, sa mauvaise foi. Pour ne pas l’abandonner à la merci du débiteur,
la loi accorde au créancier des moyens de droit lui garantissant l’exécution
de son obligation. Il peut ainsi mettre son débiteur en demeure de s’exécuter,
ce qui aura pour effet de faire courir les intérêts moratoires. Il peut exercer
certains droits attachés à sa créance qui favorisent son paiement : droit de
rétention, solidarité passive, sûretés personnelles ou réelles, clause pénale,
clause résolutoire etc. Son droit à l’exécution autorise également des
poursuites judiciaires du débiteur et des procédures d’exécution permettant
au créancier d’être payé sur ses biens. Ce droit à être payé sur les biens du
débiteur est rattaché au droit de gage général (chapitre 1). Toutefois les
faiblesses et limites du droit de gage général justifient l’existence d’actions
protectrices visant à le renforcer (chapitre 2).

Chapitre 1 : la manifestation du droit a l’exécution du créancier: le


droit de gage general
Aux termes de l’article 2092 du code civil : « quiconque s’est obligé
personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens
mobiliers et immobiliers, présents et à venir » : c’est la consécration du droit
de gage général du créancier. Il signifie que tout débiteur répond de ses dettes
sur son patrimoine, autrement dit le gage général du créancier est constitué
par le patrimoine du débiteur composé de ses biens meubles et immeubles.
0

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Droit des Obligations 2

Ce droit permet à tout créancier d’exercer des mesures de contrainte sur les
biens meubles et immeubles de son débiteur. Toutefois en réalité, le droit de
gage général comporte des faiblesses et des limites.

Section 1- La mise en œuvre du droit de gage général


Face à un débiteur qui n’exécute pas volontairement son obligation, le
créancier peut mettre en œuvre divers procédés pour exercer une contrainte
sur son patrimoine. Il peut prendre d’abord des mesures conservatoires :
article 28 de l’Acte Uniforme portant organisation des procédures
simplifiées de recouvrement des créances et des voies d’exécution de 1998 :
saisies conservatoires notamment. Il peut en dernier recours poursuivre
l’exécution forcée de l’obligation par des mesures d’exécution.

Les mesures d’exécution sont des moyens légitimes de contrainte exercés


contre le débiteur pour obtenir l’exécution de sa prestation. Elles sont
diverses et peuvent être ramenées à trois groupes :

§ 1 : L’exécution forcée directe ou en nature :


Elle a pour objet l’exécution de la prestation qui est prévue. Lorsque
l’obligation porte sur une somme d’argent, son exécution forcée directe est
toujours possible et elle est la seule possible car il ne peut y avoir d’autre
équivalent de l’argent que l’argent.

Le procédé habituel d’exécution forcée des obligations de somme d’argent


est la saisie des biens du débiteur, suivie de la vente forcée de ces mêmes
biens, sur le prix desquels le créancier obtiendra paiement. On a ainsi la saisie
vente des biens meubles, la saisie immobilière pour les immeubles, la saisie
attribution entre les mains d’un tiers : voir en ce sens, l’Acte Uniforme
portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement des

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

créances et des voies d’exécution de 1998. L’étude de ces moyens relève du


cours portant sur les voies d’exécution.

Lorsque l’obligation est en nature et qu’elle est de donner, l’exécution


forcée est toujours possible car le transfert de propriété est bien souvent déjà
réalisé et il ne reste que l’obligation de livraison, de passer l’acte authentique
(on peut y remédier par la constatation judiciaire de la vente), de payer le
prix etc qui sont des obligations de faire dont l’exécution forcée demeure
possible.

En effet, on sait qu’en principe l’exécution forcée d’une obligation de faire


ou de ne pas faire est impossible (article 1142 du code civil) à cause du
respect de la nature humaine (l’ouvrier qui doit accomplir un travail, l’artiste
qui doit faire un tableau etc). Toutefois, selon la jurisprudence, l’exécution
forcée est possible si la prestation n’implique pas les qualités individuelles
du débiteur (livraison de la chose, réparation d’un bien, destruction des
constructions ou aménagements faits en violation d’une obligation : article
1143 du code civil etc). On pourrait ainsi se passer de l’intervention du
débiteur, menacer son patrimoine en cas d’inaction en le condamnant à une
astreinte. Il est même possible, lorsque la loi le permet de recourir à des
contraintes physiques : exple : expulsion d’un locataire des lieux loués à
certaines conditions.

§2 : L’exécution forcée indirecte : l’astreinte :


Elle peut être définit comme la condamnation du débiteur à payer au
créancier, à titre de peine privée, telle somme d’argent fixée par le juge, de
manière globale, ou le plus fréquemment, par jour de retard, s’il s’agit d’une
obligation de faire, ou par infraction constatée, s’il s’agit d’une obligation de
ne pas faire. C’est donc une mesure licite d’intimidation pour amener le
débiteur récalcitrant à s’exécuter volontairement.
2

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Droit des Obligations 2

§ 3 : L’exécution par équivalent : les dommages et intérêts :


Si le créancier ne peut pas obtenir l’exécution en nature ou si elle ne présente
plus d’intérêt pour lui, il peut demander une exécution par équivalent
monétaire : les dommages et intérêts. Ils sont soient compensatoires ou
moratoires et réparent le préjudice causé par le créancier ou la victime pour
faute contractuelle ou faute délictuelle. L’exécution forcée des dommages et
intérêts est obtenue suivant les mêmes procédés (saisies) que celle des
obligations de sommes d’argent.

Le droit de gage général appartient ainsi à tout créancier quelque soit


l’origine et la nature de sa créance et il lui donne multiples actions dont
l’ultime est la saisie vente des biens du débiteur, afin d’obtenir paiement sur
le prix obtenu.

En dépit de la garantie que semble offrir l’article 2092 du code civil au


créancier, le droit de gage général comporte des faiblesses et des limites.

Section 2: les faiblesses et limites du droit de gage général


§1 : Les faiblesses du droit de gage général

Les faiblesses du droit de gage général sont qu’il ne comporte aucun droit
de suite et aucun droit de préférence. Ainsi la protection qu’il accorde aux
créanciers qui n’ont que ce gage (créanciers chirographaires) est illusoire,
car le débiteur peut s’appauvrir (s’endetter davantage, passer des actes à titre
gratuit etc).

En absence du droit de préférence, les créanciers chirographaires subissent


la loi du concours pour le partage du prix des biens vendus. En effet selon
l’article 2093 du code civil, les biens du débiteur sont le gage commun de
3

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

ses créanciers, et le prix s’en distribue entre eux par contribution, à moins
qu’il n’y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence. Cette
disposition affirme l’égalité de tous les créanciers sur les biens du débiteur
quelque soit la période d’exigibilité de leur créance. Ainsi si plusieurs
créanciers sont en concurrence pour se faire payer sur un même bien du
débiteur, et que la valeur de ce bien n’est pas suffisante pour les désintéresser
tous, alors sauf causes de préférence (privilèges, sûretés conventionnelles
etc), ils seront payés chacun au prorata de leurs créances respectives.

Exemple : soit A et B, deux créanciers chirographaires impayés qui saisissent


la voiture de leur débiteur (saisie- vente). La valeur dégagée aux enchères est
de 10 millions de FCFA. Le créancier A dont la créance est antérieure à celle
de B, invoquait une créance de 5 millions. B invoquait une créance de 7
millions de FCFA. L’antériorité de la créance de A ne sera pas prise en
compte pour le préférer dans le paiement. Le paiement par contribution prévu
par l’article 2093 s’y oppose. Chaque créancier saisissant touchera une
somme correspondant à la formule suivante :

Montant du bien saisi x montant de la créance du saisissant

Montant cumulé des créances de tous les saisissants

La part de A : 10 millions x 5 millions/ 7 millions +5 millions= 4 millions


166

La part de B : 10 millions x 7 millions/ 7 millions + 5 millions = 5 millions


833

En pratique, cet inconvénient conduit les créanciers à ne pas se contenter du


droit de gage général mais à rechercher la constitution en leur faveur d’une
sûreté. Cette sûreté leur offre un droit direct sur un bien : on parle de sûreté

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Droit des Obligations 2

réelle (hypothèque par exemple), ou leur offre un droit contre un tiers : on


parle de sûreté personnelle (le cautionnement par exemple), et leur permet
ainsi d’échapper aux limites du droit de gage général.

Le droit de gage général comporte également un certain nombre de limites.

§2 : Les limites du droit de gage général


D’abord, le créancier ne peut contraindre son débiteur au paiement que s’il
est muni d’un titre exécutoire et qu’il exerce une procédure d’exécution :
article 91, article 28, 29, 30 de l’Acte Uniforme portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement des créances et des voies
d’exécution de 1998. Au regard du droit des voies d’exécution, le créancier
ne peut contraindre en effet son débiteur au paiement que lorsqu’il est muni
d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible : article 91 de
l’Acte Uniforme portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement des créances et des voies d’exécution de 1998. Concrètement,
cela signifie que le créancier ne peut contraindre son débiteur à l’exécution
qu’à condition d’avoir obtenu une décision de justice consacrant ses droits
ou d’être titulaire d’un titre délivré par un officier public et comportant la
formule exécutoire ( certains actes notariés ; actes d’huissier). La créance
doit être immédiatement payable et déterminée en son montant.

Ensuite, certains biens en raison de leur caractère personnel ou alimentaire


demeurent insaisissables en principe : article 51 de l’Acte Uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement des créances et des
voies d’exécution de 1998 : les effets personnels du débiteur indispensables
à sa vie et à celle de sa famille, ses instruments de travail, les pensions
alimentaires, les indemnités ou rentes pour accidents de travail, les
prestations familiales, une certaine fraction du salaire etc. L’article 213 de

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l’Acte Uniforme portant organisation des procédures simplifiées de


recouvrement des créances et des voies d’exécution de 1998 n’autorise la
saisie des créances alimentaires que par les créanciers d’aliment. Cela limite
l’assiette des biens saisissables pour les autres créanciers.

Enfin, il faut dire que certaines règles paralysent le créancier car elles
l’empêchent de faire valoir ses droits. Il en va ainsi par exemple lorsque le
débiteur obtient d’un juge des délais de grâce. On accorde ainsi un délai à ce
débiteur pour payer le créancier qui ne peut le contraindre à s’exécuter
pendant la durée prévue.

Quant à l’article 75 de l’Acte Uniforme portant organisation des procédures


collectives d’apurement du passif, elle prévoit que lorsqu’un débiteur fait
l’objet d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens, il bénéficie d’une suspension des poursuites et ne peut plus être
poursuivi en justice pour être condamné au paiement d’une somme d’argent ;
sont arrêtées ou interdites également toute procédure d’exécution de la part
de ses créanciers tant sur ses meubles que sur ses immeubles ainsi que toute
procédure de distribution.

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Droit des Obligations 2

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

Le droit à l’exécution du créancier se manifeste par le droit de gage général. Cela signifie
que toute personne qui s’est obligée personnellement répond de son engagement sur ses
biens présents et à venir. Sa mise en œuvre peut se faire de diverses manières. En effet, le
créancier peut recourir à l’exécution forcée directe ou en nature afin d’obtenir l’exécution
de la prestation effectivement due. Lorsque la prestation porte sur une somme d’argent,
cette exécution est toujours possible. Toutefois, l’exécution forcée directe n’est pas
possible pour les obligations de faire ou de ne pas faire qui impliquent les qualités
individuelles du débiteur. En outre, une astreinte peut être prononcée contre le débiteur.
Il s’agit d’une condamnation du débiteur à payer une somme d’argent fixé par le juge soit
de manière globale ou par jour de retard (obligation de faire) ou par infraction constatée
(obligation de ne pas faire). Enfin, le créancier dispose de l’exécution par équivalent qui
consiste au paiement de dommages-intérêts pour la réparation du préjudice qu’il subit.

En dépit du droit à l’exécution que le droit de gage confère, il faut noter qu’il est tout de
même empreint de certaines faiblesses et limites.

La principale faiblesse du droit de gage général découle du fait qu’il ne confère ni droit
de suite ni droit de préférence au créancier chirographaire. Il en résulte que le créancier
dépourvu de sûretés va subir la loi du concours avec les autres créanciers de son débiteur.
Il y a donc une concurrence entre les créanciers pour obtenir paiement sur un même bien
du débiteur. Outre la faiblesse évoquée, le droit de gage général est aussi limité. Pour
cause, le créancier chirographaire ne peut contraindre son débiteur à s’exécuter sans qu’il
ne soit muni d’un titre exécutoire. De plus, certains biens sont insaisissables en raison de
leur caractère personnel ou alimentaire. Aussi, lorsque le débiteur est un professionnel et
qu’il fait l’objet d’une procédure de redressement ou liquidation judiciaire, selon l’article
75 de l’Acte Uniforme sur les procédures collectives d’apurement du passif, il bénéficie
d’une suspension des poursuites et ne peut plus être poursuivi en justice.

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la jurisprudence


civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

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Droit des Obligations 2

EXERCICES D’ASSIMILATION

I- CONTRÔLE DE CONNAISSANCES

1) Quelles sont les faiblesses et les limites du droit de gage général ?

2) Quels sont les moyens dont dispose un créancier pour contraindre son
débiteur à s’exécuter ?

3) Répondre par vrai ou faux et justifiez votre réponse :

a- M. Koné dit à tapé qu’en tant que créancier chirographaire, il ne dispose


d’aucun moyen pour contraindre son débiteur à s’exécuter.

b- Moussa soutient que le créancier chirographaire est moins protégé que


le créancier titulaire d’une sûreté.

II- Cas Pratique

Messieurs LAISSEPA-AFFAIRE, SANPITIE et DEUTOGO sont des créanciers


chirographaires de monsieur NAPALACHANCE dont les créances demeurent
impayées. Ils viennent d’effectuer une saisie des voitures de leur débiteur. La valeur
dégagée lors de la vente est de 50 millions de FCFA. La créance due à LAISSEPA-
AFFAIRE est de 40 millions, celle due à SANPITIE, de 20 millions et celle de
DEUTOGO, 10 millions de FCFA.
1) Qui sera préféré dans la répartition du produit de la vente ? Pourquoi ?

2) Faites la répartition du produit de la vente entre les différents créanciers.

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Chapitre 2 : les actions protectrices du droit à l’exécution du créancier


Lorsqu’un créancier ne bénéficie pas de garantie particulière, il est appelé
créancier chirographaire. Les art.2092 et 2093 lui reconnaissent un droit de
gage général sur tous les biens du débiteur, mais il n’a aucun droit direct sur
le patrimoine du débiteur qui en demeure le maître. Le débiteur peut donc
le dilapider ou laisser dépérir certains biens ou négliger de percevoir les
créances échues. La conséquence est la réduction du gage des créanciers.
Dans le but de protéger le créancier, la loi lui permet de se substituer au
débiteur négligent pour agir contre un débiteur de son débiteur par la voie
oblique ou par la voie directe. Par le mécanisme de l’action paulienne, il peut
attaquer tout acte accompli en fraude de ses droits.

Section I : les moyens d’action du créancier contre la négligence du débiteur

A- L’action oblique
L’art .1166 accorde au créancier la faculté d’exercer au nom de son débiteur
les droits qu’il a contre un débiteur et qu’il néglige de mettre en œuvre.
Néanmoins le créancier peut exercer tous les droits et actions de son débiteur
à l’exception de ceux qui sont exclusivement attachés à la personne. L’action
oblique est une action indirecte qui supplée à l’abstention négligente du
débiteur.

1- Les conditions de L’action oblique


a- Condition relative au débiteur
Il faut qu’il soit inactif et insolvable 3 (insuffisance de biens saisissables) :
cass. 1ère civ., 2 décembre 1992, n0 90-16.964) Ex : Ali n’a pas assez de
biens pour désintéresser tous ses créanciers. Toutefois dans le cadre de

3
Toutefois, la jurisprudence française est moins exigeante aujourd’hui et exige seulement que
l’inaction du débiteur compromette les droits du créancier (cass. civ., 4 déc. 1984, no 82-17005).
Cette nouvelle analyse a été consacrée par l’ordonnance de 2016 (article 1341-1).
10

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Droit des Obligations 2

l’exécution d’un marché, la société STARS lui reste devoir la somme de 30


millions qui est échue depuis le 30 septembre 2010. Ali ne fait rien pour
percevoir la créance. Par l’action oblique, ses créanciers peuvent agir contre
le sous débiteur c’est-à-dire la société STARS pour percevoir la créance au
nom et pour le compte de leur débiteur Ali.

Toutefois le Code Civil n’autorise pas le créancier à se substituer au débiteur


sous prétexte qu’il administre mal ses biens ou agit insuffisamment.

b- Condition relative au créancier


L’action oblique obéit à certaines conditions de recevabilité :

•Il faut avoir la qualité pour agir c'est-à-dire il suffit d’être créancier ;

•Le créancier doit avoir un intérêt personnel à agir en justice c’est à dire que
l’exercice des droits appartenant au débiteur lui sera utile ;

•Il faut que la créance invoquée soit certaine c'est-à-dire non contestée ou
non douteuse, liquide (quantifiée dans son montant) et exigible (le débiteur
est tenu de l’exécuter immédiatement).

En revanche, il n’est pas nécessaire que le créancier dispose d’un titre


exécutoire, ni qu’il ait mis son débiteur en demeure.

c- Conditions relatives aux droits et actions à exercer


L’art.1166 apporte une limite à l’ingérence du créancier dans les affaires du
débiteur.

En effet, l’action oblique ne peut s’exercer que sur les droits et actions du
débiteur ayant un caractère patrimonial. Cette règle s’explique par le fait que
l’action doit faire rentrer dans le patrimoine du débiteur une valeur
pécuniaire que le créancier pourra saisir. Ainsi pour la jurisprudence, tous
les droits et actions dont la mise en œuvre se traduit par une variation du
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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

patrimoine de leur titulaire, peuvent être exercés par voie oblique : action en
revendication d’un bien, action en paiement, action en partage d’une
indivision, demande d’inscription d’une sûreté immobilière à la publicité
foncière etc.

On considère que les simples facultés du débiteur ne peuvent être mises en


œuvre par voie oblique. On désigne par faculté les possibilités juridiques
offertes au débiteur, mais dont la mise en œuvre suppose une appréciation et
un choix de sa part. Elles sont pour le débiteur, la mise en œuvre d’une
liberté, qu’un créancier ne peut pas exercer à sa place.

Ex : la conclusion d’un contrat de bail sur une maison inoccupée, exploiter


tel ou tel bien, insérer telle ou telle clause dans un contrat négocié, accepter
ou non un patrimoine successoral, révoquer une donation etc.

Il faut exclure aussi les droits et actions exclusivement attachés à la personne


c’est-à-dire les droits extrapatrimoniaux : droits de la personnalité, vie
privée, actions portant sur l’état des personnes (nullité du mariage,
reconnaissance d’enfant, divorce, désaveu de paternité etc) ; de même les
actions en réparation pour violation des droits de la personnalité (droits à
l’intégrité morale et droit à l’intégrité physique) : action en réparation pour
violation du droit à l’honneur, du droit à la vie privée etc.

Il faut enfin exclure de l’action oblique les actions patrimoniales qui feraient
entrer des biens insaisissables. Ex : une pension alimentaire.

2- Les effets de l’action oblique


Ils sont dominés par l’idée que le créancier s’est substitué au débiteur dans
l’exercice de ses droits. Il agit pour le compte de son débiteur mais pas au
nom du débiteur c’est-à-dire qu’il ne le représente pas. Par conséquent pour
que la décision lui soit opposable, le créancier agissant doit le mettre en cause
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Droit des Obligations 2

dans le procès en cours qui l’oppose au sous débiteur. En pratique, il le


poursuit en paiement en même temps dans le même procès. L’action oblique
produit les mêmes effets comme si elle avait été exercée par le débiteur lui-
même. L’action oblique a plusieurs conséquences :

• Le principe de l’opposabilité des exceptions. Le tiers débiteur


poursuivi par le créancier peut lui opposer tous les moyens de défense qu’il
aurait pu soulever contre son créancier : nullité du contrat, exception
d’inexécution, paiement partiel etc.

• Le tiers débiteur poursuivi sera condamné à payer la totalité de sa dette


même si elle est supérieure au montant de la créance du créancier qui agit en
justice ;

• Le créancier qui agit par voie oblique n’a pas un droit exclusif sur le
bénéfice de l’action. Les biens recouvrés par le créancier vont retomber dans
le patrimoine du débiteur et deviendront le gage général de l’ensemble des
créanciers du débiteur. Ceci constitue la faiblesse de l’action oblique, c’est
la raison pour laquelle on accorde une action directe au créancier, action qui
ne passe pas par le patrimoine du débiteur.

B- L’action directe
Elle peut être définit comme le droit qui est reconnu à un créancier d’agir
personnellement et directement en paiement de sa créance, contre un
débiteur de son débiteur, dans la limite de sa propre créance contre son
débiteur. Il n’y a pas de droit commun de l’action directe mais plusieurs
actions directes qui ont pour but de permettre au créancier d’agir contre le
sous- débiteur. Elle est plus efficace car elle ne profite qu’au créancier qui
l’exerce, mais elle n’est pas reconnue à tous les créanciers comme l’action
oblique.
13

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1- Les hypothèses d’actions directes


L’action directe n’existe que si la loi l’a expressément prévue. Elle permet à
un créancier d’exercer en son nom propre la créance de son débiteur contre
un tiers. L’action directe a pour effet de simplifier les relations en permettant
au créancier d’être en rapport immédiat avec le sous débiteur. Elle a souvent
pour objet une somme d’argent.

Différentes hypothèses d’actions directes :

• Art.1753 donne au propriétaire une action directe contre le sous locataire


débiteur de son locataire ;

• Art.1798 accorde une action directe aux ouvriers employés par un


entrepreneur contre le particulier pour le compte duquel les ouvrages ont été
effectués ;

• Art.1994 accorde une action directe au mandant contre le tiers que le


mandataire s’est substitué pour l’exécution du mandat ;

• Le trésor public bénéficie d’une action directe contre les débiteurs des
contribuables pour obtenir le paiement de diverses contributions.

 L’article 54 du code CIMA (code des assurances) reconnaît une action


directe à la victime d’un dommage contre l’assureur du responsable
du dommage, afin qu’il lui verse directement le montant de
l’indemnité d’assurance due à l’assuré.

2- Les effets de l’action directe


 L’action directe a pour effet l’attribution exclusive de son objet au
créancier qui ne va pas rentrer en concours avec d’autres créanciers.
Mais la créance à payer au créancier poursuivant ne peut pas aller au-
delà du montant de sa propre créance contre son débiteur et ne peut
pas aller au-delà du montant de la créance due par le sous débiteur au
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Droit des Obligations 2

débiteur. Ex : si le sous locataire est débiteur du locataire pour 100


000 fcfa de loyers, et que le locataire est débiteur du bailleur pour 200
000 fcfa de loyers, le bailleur ne peut poursuivre le sous locataire que
pour 100 000 fcfa de loyers. En revanche, si le sous locataire est
débiteur du locataire pour 200 000 fcfa de loyers, et que le locataire
est débiteur du bailleur pour 100 000 fcfa de loyers, le bailleur ne peut
poursuivre le sous locataire que pour 100 000 fcfa de loyers.
 Le créancier exerce un droit propre contre le sous débiteur, mais
portant sur la créance d’autrui. Par conséquent, le sous débiteur peut
lui opposer toutes les exceptions qu’il pourrait opposer au débiteur lui-
même. Toutefois, les exceptions qui sont nées après le droit à paiement
direct sont inopposables au créancier poursuivant.
Ex : un paiement effectué par le sous débiteur au débiteur après
l’invocation de l’action directe par le créancier ou l’introduction de la
demande en justice ne lui est pas opposable.

Section 2 : Les moyens d’action du créancier contre la fraude du débiteur


Pour éviter que le débiteur ne se rende volontairement insolvable, en faisant
disparaître par fraude des biens de son patrimoine, le créancier bénéficie
d’une action paulienne. Selon l’art.1167, les créanciers peuvent en leur nom
personnel attaquer les actes accomplis par leur débiteur en fraude de leurs
droits.

A- Conditions de l’action paulienne

1) Les conditions tenant au créancier et à sa créance


 Il faut avoir la qualité de créancier quelque soit la nature de la
créance : créance de somme d’argent, créance en nature. Mais
il n’ait pas exigé que la créance soit liquide, exigible au moment

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

de l’acte frauduleux ; il suffit qu’elle ait existé dans son


principe : créance conditionnelle par exemple.
 Au moment de l’exercice de l’action paulienne, la jurisprudence
exige la certitude de l’existence de la créance.
 Le créancier ne peut agir par voie paulienne que si son titre de
créance est antérieur à l’acte attaqué c'est-à-dire que sa créance
doit exister avant l’acte frauduleux en principe. Toutefois, la
fraude faite en prévision d’une créance future ou fondée en son
principe ouvre droit à l’exercice de l’action paulienne.
 Tous les actes du débiteur ne sont pas attaquables par voie
paulienne. Sont exclus les actes relatifs à des droits
extrapatrimoniaux : le mariage, le divorce l’adoption etc ne
peuvent être contestés par voie paulienne. Pour autant, tous les
actes relatifs aux droits patrimoniaux ne sont pas attaquables.
En effet seuls les actes d’appauvrissement (diminution de l’actif
du patrimoine) ayant provoqués ou aggravés l’insolvabilité du
débiteur peuvent être remis en cause : donation, vente à bas prix
etc.
Il ya aussi appauvrissement lorsque le débiteur remplace un
bien par un autre de valeur équivalente, mais plus difficile à
saisir : ex : apport d’un bien en société.
Il en va également ainsi d’un acte du débiteur qui n’entraîne pas
transfert d’un bien mais amoindrit la valeur de son actif ou
déprécie le patrimoine du débiteur : par exple conclusion d’un
bail à faible loyer qui déprécie la valeur de l’immeuble du
débiteur.

16

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Droit des Obligations 2

Cependant certains actes susceptibles d’appauvrir ou de grever


le patrimoine du débiteur demeure exclus de l’action
paulienne : les dettes nouvelles contractées par le débiteur, les
paiements de ses dettes échues sont valables même si elles sont
postérieures à la créance dès lors qu’ils ont été effectués sans
fraude, les actes de refus d’enrichissement (refus de donation,
de remise de dette).
 L’acte d’appauvrissement doit avoir créé un préjudice au
créancier. Le préjudice éprouvé par celui-ci résulte de
l’insolvabilité du débiteur. La preuve de ce préjudice doit être
rapportée au moment de l’exercice de l’action.
2) La condition tenant au débiteur : la fraude

La fraude est l’intention de nuire au créancier, l’accomplissement en toute


connaissance de cause par le débiteur de l’acte préjudiciable. Mais
aujourd’hui, la fraude est entendue de façon large. Elle peut consister en la
simple connaissance du préjudice que le débiteur cause au créancier, en
l’absence de toute intention de nuire. La preuve de la fraude pèse sur le
créancier qui peut l’établir par tous moyens.

3) La condition tenant au tiers acquéreur : la fraude

Si l’acte frauduleux du débiteur constitue un acte à titre gratuit, la fraude du


tiers n’est pas exigée pour exercer l’action paulienne contre ce tiers
acquéreur. Si l’acte frauduleux constitue un acte à titre onéreux, la mauvaise
foi (la participation à l’acte frauduleux en connaissance de cause) du tiers
acquéreur est exigée. L’acte sera alors opposable au créancier à moins
d’établir la complicité du tiers acquéreur. En cas de transfert successif du
bien, il faut envisager les solutions suivantes :
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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

- Dans l’hypothèse de plusieurs aliénations à titre gratuit, l’action


paulienne est toujours possible sans l’exigence de la fraude des
acquéreurs successifs.
- Dans l’hypothèse de plusieurs aliénations à titre onéreux, l’action
paulienne sera possible si tous les acquéreurs sont de mauvaise foi. Si
un seul est de bonne foi, l’action est écartée.
- Dans l’hypothèse de plusieurs aliénations à titre onéreux et à titre
gratuit, l’action paulienne sera possible si tous les acquéreurs à titre
onéreux sont de mauvaise foi. Si un seul acquéreur à titre onéreux est
de bonne foi, l’action est écartée.

B- Les effets de l’Action Paulienne

 Le principe de l’inopposabilité au créancier agissant de


l’acte frauduleux : à l’égard du créancier agissant, l’acte
frauduleux est considéré comme n’avoir jamais été conclu. Si
le défendeur avait acquis un bien du débiteur fraudeur, le
créancier pourra considérer légitimement que le bien appartient
toujours au débiteur fraudeur et s’il est toujours entre les mains
du tiers défendeur, il pourra le saisir ou demander le paiement
de dommages intérêts.
 Le caractère relatif de l’inopposabilité : l’action paulienne a
exclusivement pour objet de protéger le créancier agissant
contre la fraude du débiteur en lui permettant de reprendre la
valeur sortie du patrimoine. Le créancier dans l’action
paulienne exerce un droit propre et personnel. Or en vertu de la
relativité de la chose jugée, les autres créanciers du débiteur ne
peuvent pas invoquer le jugement rendu au profit du créancier
agissant. L’action paulienne ne profite qu’au créancier qui l’a
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Droit des Obligations 2

exercée. L’acte frauduleux ne sera révoqué qu’à son égard. Seul


le créancier qui l’a exercé peut se faire payer sur le bien restitué.
A l’égard des autres créanciers, l’acte demeure tout à fait
efficace. Mais il existe une exception : l’action paulienne va
profiter à tous les créanciers lorsqu’elle est exercée en cas de
règlement judiciaire ou de liquidation des biens du débiteur en
raison de l’application du principe de l’égalité entre les
créanciers du failli.

19

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

Pour protéger le créancier chirographaire contre certaines actions du débiteur qui pourraient
dépérir son patrimoine et compromettre le droit à l’exécution de celui-ci, la loi met en place
des actions protectrices. Il s’agit des actions oblique, directe et paulienne.
L’action oblique, prévue par l’article 1166 du code civil, permet au créancier d’exercer les
droits et actions de son débiteur si celui néglige de le faire. Mais sont exclus les droits et
actions rattachées à la personne du débiteur. Ainsi pour sa mise en œuvre, le débiteur doit
être inactif (néglige d’exercer un droit) et insolvable. En outre le créancier doit avoir la
qualité pour agir, un intérêt personnel, il faut également que la créance soit certaine liquide
et exigible.
L’action directe se définit comme le droit reconnu à un créancier d’agir personnellement et
directement contre le débiteur de son débiteur dans la limite de sa propre créance contre son
débiteur. L’action directe n’existe que dans les hypothèses prévues par la loi.
L’action paulienne, prévue par l’article 1167 du code civil, permet à un créancier d’attaquer
les actes passés par son débiteur en fraude de leurs droits. Pour valablement exercer cette
action il faudrait que le débiteur accomplisse un acte d’appauvrissement afin de se rendre
insolvable pour nuire au créancier. La preuve de la fraude incombe au créancier et elle
s’établit par tout moyen.
Il y a lieu d’établir les dissemblances entre action oblique et action paulienne d’une part, et
entre l’action directe et l’action paulienne.
L’action oblique et l’action paulienne se distinguent de prime abord au regard de leur
condition d’exercice. En effet, l’exercice de l’action oblique suppose que le débiteur néglige
d’exercer un droit, tandis que l’action paulienne n’existe qu’en cas de fraude du débiteur.
Ensuite, elles distinguent au niveau des effets. L’exercice de l’action oblique a pour effet de
faire rentre le bien dans le patrimoine du débiteur sans conférer un droit de préférence à celui
qui l’exerce. Il subit la loi du concours au contraire de l’action paulienne où seul le créancier
qui agit en profite en principe, sauf si l’action est exercée dans le cadre d’une procédure de
liquidation judiciaire.
L’action paulienne et l’action directe se distinguent également au regard de leur condition
d’exercice dans la mesure où l’action directe ne s’exerce que dans les cas prévus par la loi et
non en cas de fraude du débiteur. Mais la distinction s’apprécie également au niveau des
effets. Lorsque l’action directe est exercée, elle conduit le créancier à être payé seulement
dans la mesure de ce qui lui est dû. Aussi le débiteur peut opposer toutes les exceptions qu’il
aurait pu invoquer contre son créancier.

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Droit des Obligations 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la


jurisprudence civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

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EXERCICES D’ASSIMILATION
I- CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Pourquoi l’action oblique est-elle moins efficace que l’action directe ? Donnez des
hypothèses d’actions directes.
2) Répondre par vrai ou faux et justifiez votre réponse :
a- Les effets de l’action paulienne sont les mêmes que ceux de l’action oblique.
b- Le créancier exerçant l’action oblique entre en concours avec les autres créanciers du
débiteur.
c- L’action directe est toujours une action légale.
III- EXERCICES PRATIQUES

Monsieur LAISSEPA-AFFAIRE-PETIT vient d’apprendre que son débiteur Monsieur


AUTIAKPA, dont les biens sont insuffisants pour désintéresser tous ses créanciers a passé un
certain nombre d’actes.
Il a fait donation de sa voiture 4x4 HYUNDAI TUCSON d’une valeur de 10 millions à sa fille
Regina à l’occasion de son anniversaire et a fait apport à une société en constitution d’un fonds de
commerce d’une valeur de 15 millions.
Il a payé un de ses créanciers dont la créance est plus élevée que la sienne. Sa créance est de 20
millions, alors que celle du créancier payé est de 30 millions.
Le père de Monsieur AUTIAKPA est décédé en laissant un riche patrimoine immobilier. Mais, il
vient d’apprendre que ce dernier veut refuser sa part de succession au profit de ses frères et qu’il
a refusé une donation à lui faite par son grand-oncle portant sur un bien d’une valeur de 20
millions.
Il est créancier d’une somme de 50 millions contre la société BORIBANA qui est échue depuis
décembre 2016, mais il néglige d’exercer ses droits.
Il a été victime d’une diffamation et d’une atteinte à son droit à l’image par voie de presse, dans
un journal de la place depuis plusieurs mois. Mais il n’a pas intenté une action en responsabilité
délictuelle pour obtenir des dommages-intérêts.
Il vient de vendre un meuble ancien d’une valeur de 10 millions à 2 millions à monsieur
DJOUFLE.
Monsieur LAISSEPA-AFFAIRE-PETIT vient vous voir. Conseillez-le utilement.
IV- Dissertation

L’action paulienne et l’action directe.

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Droit des Obligations 2

Troisième partie : Les opérations sur obligations


La créance est un bien ou une dette qui n’est pas opposable à tout le monde
et n’existe que dans les rapports entre créancier et débiteur. C’est pourquoi
la créance est appelée droit personnel par opposition au droit réel qui porte
directement sur un bien et qui est opposable à tous. Toutefois la créance
constitue une valeur économique et en tant que telle, elle est susceptible de
circuler. La circulation de l’obligation peut être le fait de son transfert
(chapitre 1). Cette circulation peut aboutir aussi à la transformation de
l’obligation pour créer une nouvelle obligation (chapitre 2).

Chapitre 1 : Le transfert de l’obligation


L’obligation a une facette active et une facette passive. Elle se traduit par la
créance du côté du créancier et la dette du côté du débiteur. Le transfert de
la créance est envisagé par le code civil (section 1). Quant à la transmission
de la dette, elle demeure le fait de la pratique (section 2), même si le code
civil prévoit certaines hypothèses de transfert à la fois de créance et de dette
par le biais de la cession de contrat (section 3).

Section 1 : Le transfert de la créance


Nous envisagerons deux techniques : la cession de créance et la subrogation
personnelle.

§1 : LA CESSION DE CRÉANCE
Selon l’art.1689 du code civil, elle est la convention par laquelle le cédant
créancier transmet sa créance contre un débiteur appelé le cédé, à un
acquéreur appelé le tiers cessionnaire. Elle permet de réaliser un transfert de
droits. Elle peut être faite à titre gratuit (donation de créance par exple) ou
onéreux, dans ce cas elle est assimilée à une vente.

23

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

La cession de créance peut être réalisée en contrepartie d’une somme


d’argent et aussi d’une prestation d’un autre type : apport d’une créance en
société pour recevoir des actions et parts sociales, cession de parts ou actions
sociales etc. Quelque soit son objet, la cession de créance réalise une
mobilisation de crédit qui permet à un créancier cédant de se procurer
immédiatement de l’argent.

A- Les conditions de la cession de créance

Il faut distinguer les conditions de la cession entre les parties c’est-à-dire les
conditions de validité et les conditions à l’égard des tiers, c’est-à-dire les
conditions d’opposabilité

1- Les ConditionS de validité de la cession de créance

La cession de créance est une convention entre le créancier cédant et


l’acquéreur cessionnaire. Elle doit remplir toutes les conditions de validité
du contrat c'est-à-dire le consentement du créancier cédant et du tiers
cessionnaire, la capacité des parties, une créance susceptible d’être cédée et
une cause licite. Le consentement du débiteur cédé n’est pas requis. Toute
créance peut être transmise : créance de somme d’argent, livraison de chose,
service quelconque, créance échue, à terme ou conditionnelle.

Cependant il existe des créances incessibles : les pensions alimentaires, les


contributions aux charges du mariage, les pensions civiles et militaires, les
rémunérations du travail jusqu’à concurrence d’un certain montant.

La cession de créance est un contrat consensuel4 : le seul accord de volontés


des parties suffit à la rendre parfaite. Concernant l’exécution de l’obligation

4
L’ordonnance française de 2016 rompt avec ce principe en faisant de la cession de
créance un contrat solennel, l’écrit étant exigé à peine de nullité : article 1322.
24

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Droit des Obligations 2

de délivrance de la créance cédée, l’article 1689 du code civil impose au


créancier cédant, la remise du titre qui constate la créance.

2- LES Conditions d’OPPOSABILITÉ

La cession de créance est un contrat entre le créancier cédant et le tiers


cessionnaire. Il n’a donc pas d’effet à l’égard des tiers qui demeurent
étrangers à la convention. Pour que la cession soit opposable aux tiers dont
le débiteur cédé, des mesures de publicités sont prévues dont il faut analyser
la portée.

a) Les mesures de publicité

L’art.1690 prévoit 2 formalités entre lesquelles les parties peuvent choisir


pour rendre la cession opposable aux tiers et notamment au débiteur cédé :

•Signification par voie d’huissier au débiteur : c’est un exploit d’huissier qui


va informer le débiteur de la cession.

•Acceptation par le débiteur dans un acte authentique : elle est utilisée


lorsque la cession a lieu par acte authentique. Le débiteur est alors invité à y
adhérer. Ce n’est pas l’acceptation du débiteur qui est requise mais la seule
mention de l’information du débiteur cédé dans l’acte authentique.

L’exigence d’une telle information formalisée est justifiée par le principe de


l’effet relatif des conventions. En effet la cession effectuée n’est valable
qu’entre les parties c’est-à-dire le créancier cédant et le tiers cessionnaire. La
formalité de l’article 1690 permet au débiteur de savoir qui est son nouveau
créancier et d’être lié.

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

b) La portée de la publicité
 A l’égard du débiteur cédé

Pour que la cession de créance soit opposable au débiteur cédé, il faut


l’accomplissement des formalités de l’art.1690. Tant que ces formalités ne
sont pas accomplies, le débiteur ignore la cession et peut se libérer en payant
entre les mains du créancier cédant. Toutefois s’il paie entre les mains du
cessionnaire en l’absence de signification, ce paiement est valable et
libératoire.

La Jurisprudence a atténué le formalisme légal :

- Elle considère que toute acceptation sans forme du débiteur cédé suffit
à lui rendre opposable la cession de créance : acceptation sous seing
privé, acceptation tacite.
- En cas de collusion frauduleuse entre le cédant et le débiteur cédé, la
Jurisprudence considère que la cession de créance lui est opposable.
Ex : le débiteur cédé a appris qu’il y a eu une cession de créance entre
le créancier et un tiers acquéreur, mais cette cession ne lui a pas encore
été signifiée. Le débiteur cédé consent avec la complicité du créancier
cédant malhonnête, à se libérer entre ses mains. La fraude commise au
détriment du cessionnaire sera sanctionnée malgré
l’inaccomplissement des formalités de l’art.1690. Le paiement
effectué dans ces conditions ne sera pas libératoire.
 A l’égard des autres tiers

Se peut être un second cessionnaire, ou des créanciers du cédant. A l’égard


de ces tiers, la signification par exploit d’huissier ou l’acceptation du
débiteur cédé dans un acte authentique est requise pour leur rendre la cession
opposable. À leur égard, en effet la cession doit avoir date certaine. Par
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Droit des Obligations 2

conséquent si c’est un acte sous seing privé mentionnant l’information du


débiteur cédé et qui a été enregistré, alors il rend la cession aussi opposable
aux autres tiers. En revanche, un acte sous seing privé non enregistré leur ai
inopposable et leur rend la cession inopposable.

Dans l’hypothèse d’un second cessionnaire, tant que les formalités de


l’art.1690 n’ont pas été accomplies, il peut valablement acquérir la créance.
Dans le conflit entre 2 cessionnaires successifs tenant leurs droits du même
auteur, la préférence ne dépend pas de l’ordre des conventions de cession,
mais de leur signification ou acceptation au débiteur cédé. Sera cessionnaire
aux yeux du débiteur cédé celui qui aura accompli le premier les formalités
de publicité à moins que la preuve de la mauvaise foi de ce cessionnaire soit
rapportée. Elle consiste dans la connaissance personnelle que ce cessionnaire
avait de la première cession non signifiée.

Dans l’hypothèse des créanciers du cédant, tant que les formalités de


l’art.1690 ne sont pas accomplies, la créance cédée fait toujours partie du
patrimoine du créancier cédant. Par conséquent, ils peuvent pratiquer sur elle
une saisie arrêt et ordonner au débiteur cédé de se libérer directement entre
leurs mains.

B- Les effets de la cession de créance.

1- Le transfert de la créance originaire

Par le seul échange de consentement, on considère qu’il ya transfert de la


créance au cessionnaire qui devient donc titulaire de la créance cédée dès
l’instant de la cession. La cession transporte la créance originaire sur la tête
du cessionnaire qui en devient titulaire pour son montant et pour ses
accessoires. Il y a donc changement de créancier et non changement de

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

créance. La même créance originaire passe dans le patrimoine du


cessionnaire qui devient le seul créancier du débiteur cédé.

C’est la même créance originaire qui est transmise au cessionnaire avec tous
ses accessoires : les sûretés (cautionnement, les privilèges, les hypothèques
etc), les actions en résolution, en nullité, en dommages et intérêts etc,. Par
conséquent, le débiteur cédé conserve contre le cessionnaire tous les moyens
de défense qu’il aurait pu mettre en œuvre pour résister à toute action en
paiement du créancier cédant : Paiement partiel, compensation légale,
conditions et délais de paiement, résolution, nullité etc. Pourvu toutefois que
ces exceptions soient nées antérieurement à l’accomplissement de la
formalité de l’article 1690.

Toutefois selon l’art.1295 al.1, le débiteur cédé qui a accepté purement et


simplement la cession de créance perd le droit d’invoquer contre le
cessionnaire, la compensation légale qui s'était réalisée avant son
acceptation, qu’il pu opposer au cédant et qui avait éteint la créance. On dit
qu’il a accompli un acte incompatible avec l’effet extinctif de la
compensation.

2- LA GARANTIE DUE PAR LE CRÉANCIER CÉDANT


La loi organise une garantie légale. Elle s’applique à défaut de toute
stipulation particulière. Dans la garantie légale, le créancier cédant garantit
l’existence de la créance au moment de la cession. Il garantit qu’au moment
où il est le créancier du débiteur cédé, la créance est valable, la créance n’est
pas éteinte et que le débiteur n’a pas d‘exceptions à faire valoir. S’il apparaît
que la créance n’existe pas notamment parce qu’elle est nulle ou déjà éteinte
ou que le cédant n’en est pas le titulaire, ce dernier sera tenu de rembourser
au cessionnaire le prix de la cession, auquel peuvent s’ajouter des dommages
et intérêts pour le préjudice qu’il en résulte pour le cessionnaire. La garantie
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Droit des Obligations 2

légale porte sur l’existence actuelle de la créance avec si possible ses


accessoires. Le créancier cédant ne constitue pas une caution, donc il ne peut
garantir la solvabilité du débiteur cédé.

La garantie conventionnelle résulte de la convention des parties. Les parties


peuvent valablement exclure toute garantie ou étendre la garantie due par le
cédant. Ex : elles peuvent stipuler que le créancier cédant ne garantira même
pas l’existence de la créance. Dans cette hypothèse, le cessionnaire achète à
ses risques et périls. Elles peuvent stipuler qu’il garantira même la solvabilité
du débiteur. Dans cette hypothèse, l’article 1694, dispose que cette garantie
est limitée au prix de la cession et l’article 1695, prévoit que cette garantie
ne concerne que la solvabilité actuelle et non future du débiteur à moins
d’une stipulation expresse.

§ 2 : La subrogation personnelle
Il ya subrogation lorsqu’un élément d’un rapport juridique est remplacé par
un autre qui en prend la place. Quand il y a remplacement d’une personne
par une autre, on parle de subrogation personnelle, et quand il ya
remplacement d’une chose par une autre on parle de subrogation réelle. Au
contraire de la subrogation réelle, la subrogation personnelle est une
modalité de paiement qui joue lorsqu’une personne paie une dette à la place
du débiteur. Elle constitue un mode de transmission des droits du créancier
puisque ce sont les droits originaires de ce dernier qui sont transmis au
solvens subrogé qui a effectué le paiement

A- Les conditions de la subrogation

Selon l’article 1249 du code civil, la subrogation a deux sources : soit elle
est conventionnelle, soit elle est légale.

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1- La subrogation conventionnelle

a) La subrogation consentie par le créancier

La subrogation est consentie par le créancier qui, pour être payé parfois avant
l’échéance, demande son paiement à un tiers en le subrogeant dans tous ses
droits contre le débiteur. Ex : une personne vend une maison à un certain
prix que l’acheteur doit régler dans 4 ans moyennant des intérêts. Un an plus
tard, le vendeur ayant besoin d’argent, s’adresse à un banquier qui accepte
de lui verser immédiatement le prix qui est dû à terme à condition d’être
subrogé dans les droits du vendeur contre l’acheteur. Le vendeur créancier
du prix consent à une subrogation conventionnelle. Pour être valable, elle
doit remplir certaines conditions :

- La subrogation doit être expresse. Aucune forme n’est spécialement


exigée mais le terme subrogation est très souvent utilisé ;

- Elle doit être consentie au moment même où le créancier reçoit son


paiement. C’est très souvent dans la quittance qu’il délivre au tiers payant
que le créancier déclare consentir à la subrogation : on parle de quittance
subrogative ou subrogatoire qui est soumise à l’enregistrement pour acquérir
une date certaine. Si la subrogation n’intervient pas au moment du paiement,
elle ne produit aucun effet parce que la créance est déjà éteinte par le
paiement.

- le paiement doit être le fait d’un tiers et non du débiteur même si les fonds
proviennent d’un tiers prêteur. Les fonds doivent être directement versés par
le tiers à moins que le paiement effectué par le débiteur le soit en qualité de
mandataire du tiers payant. Toutefois, la jurisprudence admet le paiement
fait par le débiteur lorsque ce dernier libère par la même occasion un

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Droit des Obligations 2

codébiteur tenu de la même dette.(cette hypothèse est d’ailleurs un cas de


subrogation légale).

Aucune forme n’est requise pour la validité de la subrogation consentie par


le créancier sous réserve des difficultés de preuve. Le débiteur reste étranger
à la subrogation, mais celle-ci lui est de plein droit opposable, sans qu’il soit
nécessaire comme pour la cession de créance, que les formalités de l’article
1690 soient accomplies. Il n’est toutefois pas inutile d’informer le débiteur
pour éviter que ce dernier effectue un paiement de bonne foi, entre les mains
du créancier subrogeant.

b) La subrogation consentie par le débiteur

Un débiteur qui manque de fonds disponibles pour s’acquitter de sa dette à


l’échéance, peut emprunter les sommes nécessaires à un tiers qui accepte, à
condition d’être subrogé dans les droits du créancier : c’est une subrogation
consentie par le débiteur. Elle intervient à l’initiative du débiteur et le
consentement du créancier n’est pas requis.

Ex : Un débiteur obtient un prêt à un taux d’intérêt élevé. Ce même débiteur


trouve un second prêteur qui lui consent un taux d’intérêt inférieur. Le
débiteur va alors emprunter au 2ème prêteur pour rembourser au premier, à
condition que le 1er prêteur accepte ce remboursement anticipé.

Les conditions de la subrogation conventionnelle consentie par le débiteur


sont très sévères : article 1250- 2o du code civil :

- L’acte d’emprunt et la quittance subrogatoire doivent être rédigés en


la forme authentique ;

- Il faut mentionner dans l’acte de prêt le but de l’emprunt c’est-à-dire


que les sommes ont été empruntées pour payer telle dette précise ;
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- La quittance délivrée par le créancier désintéressé doit constater que


le paiement a été effectué au moyen des deniers empruntés

2- La subrogation légale
Dans certaines hypothèses, la loi accorde d’office la subrogation au tiers
payant sans se préoccuper de l’accord du créancier ou du débiteur : c’est une
subrogation de plein droit. On distingue plusieurs situations :

- Le tiers qui paie était lui-même tenu de la dette. D’une part ce tiers
peut être tenu avec d’autres personnes ; c’est le cas du codébiteur solidaire,
in solidum ou indivisible. Ce tiers payant devait lui-même contribuer pour
une part au règlement de la dette ; en payant, il est subrogé dans les droits du
créancier contre les autres codébiteurs. D’autre part, le tiers payant est tenu
pour d’autres : c’est un débiteur accessoire. Ex : la caution

Dans les 2 cas, la subrogation est avantageuse pour le tiers payant car il
bénéficie des garanties accordées au créancier. Ex : hypothèque, gage ;

- Le tiers payant n’était pas tenu de la dette. Selon l’art.1251, il y a


subrogation au profit de celui qui étant lui même un créancier, paie un autre
créancier qui lui est préférable en raison de ses sûretés. Ex : un créancier peut
avoir intérêt à désintéresser un autre créancier de son débiteur
essentiellement parce que ce créancier bénéficiant d’une hypothèque peut
faire saisir et vendre l’immeuble hypothéqué. En désintéressant le créancier
hypothécaire, l’autre créancier prend sa place.

- Hypothèse prévue par le code CIMA (code des assurances) : selon l’article
42 du code CIMA, l’assureur qui a payé l’indemnité d’assurance est subrogé,
jusqu’à concurrence de cette indemnité, dans les droits et actions de l’assuré,
contre les tiers qui ont causé le dommage ayant donné lieu à la garantie de
l’assureur.
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Droit des Obligations 2

B- Les effets de la subrogation

1- Le transfert de la créance au tiers subrogé

La subrogation opère une transmission de la créance au subrogé. Comme


dans la cession de créance, l’obligation change seulement de titulaire.
Cependant, la subrogation connaît certaines limites qui la distinguent de la
cession de créance.

Comme dans la cession de créance, il y a changement de créancier et non


changement de créance. Il est unanimement admis que c’est la créance elle
– même qui passe sur la tête du subrogé, avec ses caractères propres et tous
ses accessoires : les sûretés (cautionnement, les privilèges, les hypothèques
etc), les actions en résolution, en nullité, en dommages et intérêts, les intérêts
etc. La subrogation est analysée comme un mode de transmission des
créances expressément autorisée par la loi et liée, soit par la volonté des
parties, soit par la loi elle- même, au paiement fait par un autre que le
débiteur.

C’est la même créance qui est transmise au tiers subrogé avec tous ses
accessoires. Par conséquent, le débiteur conserve contre le tiers subrogé tous
les moyens de défense qu’il aurait pu mettre en œuvre pour résister à toute
action du créancier subrogeant.

Ex : Paiement partiel, compensation légale, conditions et délais de paiement,


résolution, nullité etc.

Toutefois le tiers subrogé a effectué un paiement et non une cession de


créance. Par conséquent, si le créancier s’est contenté d’un paiement partiel,
le tiers subrogé ne peut réclamer au débiteur que ce qu’il a effectivement

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

payé et non le montant total de la créance. La cession de créance et la


subrogation se distingue donc par leur finalité.

En outre, dans le cas où le solvens subrogé est placé au même rang que celui
où ceux contre lesquels il se retourne (codébiteurs solidaires, indivisible,
caution agissant contre ses cofidéjusseurs), il doit diviser ses poursuites et ne
peut réclamer à chacun que sa part contributive.

2- L’absence de concours entre subrogé et subrogeant

Quand il a été payé partiellement, le créancier conserve tous ses droits pour
la portion impayée de la créance. Il est payé par préférence au tiers subrogé
si les biens du débiteur sont insuffisants pour les désintéresser tous les deux.
Selon l’art.1252, nul n’est sensé avoir subrogé autrui contre lui-même. En
cas de conflit, le créancier subrogeant l’emporte toujours sur le tiers subrogé.
Or en cas de concours entre le cessionnaire et le cédant qui a cédé
partiellement sa créance, les deux viennent au même rang.

Section 2 : Le transfert de la dette ou cession de dette


La cession de dette peut être définit comme l’opération par laquelle un
débiteur cédant transfère la dette dont il est tenu envers son créancier, le cédé,
à un tiers cessionnaire.

Elle permet à un tiers de reprendre la dette d’autrui soit par intention libérale,
soit à titre onéreux. En effet, le cessionnaire peut d’abord accepter le transfert
de la dette afin d’éteindre une dette dont il est tenu lui-même envers le
cédant. Mais la reprise de la dette peut être aussi la contrepartie du prix d’une
vente ou d’une autre prestation.

Ex : Yao vend un terrain au prix de 10 millions à Koffi dont un acompte de


7 millions est versé par l’acheteur. Les parties s’entendent pour que Koffi

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Droit des Obligations 2

reprenne la dette d’un montant de 3 millions dont Yao est débiteur envers
M. Soro, et cela en contrepartie du reste du prix.

En dépit de son intérêt pratique et de sa consécration par plusieurs


législations étrangères notamment les législations suisse, allemande,
italienne5, la cession de dette est ignorée du code civil de 1804. Pour une
partie de la doctrine, l’opération était ignorée à juste titre car impossible en
droit français. Pour ces auteurs en effet, s’il importe peu au débiteur d’avoir
telle ou telle personne pour créancier, en revanche, la personne du débiteur
(ses qualités, ses activités, son patrimoine) est déterminante pour tout
créancier. Toutefois, ne pourrait-on pas envisager une cession de dette avec
le consentement du créancier ?

Le législateur français dans l’ordonnance de 2016 a fait preuve d’audace en


consacrant la cession de dette. Ainsi l’article 1327 de l’ordonnance française
prévoit qu’un débiteur peut avec l’accord du créancier, céder sa dette. La
validité de la cession est subordonnée au consentement des trois parties : le
débiteur cédant, le tiers cessionnaire et le créancier cédé. Mais le
consentement du créancier cédé à la cession, ne suffit pas pour libérer le
débiteur cédant. Ce dernier demeure comme un débiteur solidaire à moins
d’une libération expresse du créancier cédé.

La cession de dette emporte à quelques exceptions près, les mêmes


conséquences que la cession de créance :

5
François TERRE, Yves LEQUETTE, Philipe SiMLER, Droit civil, les
obligations, précis Dalloz, Paris, 11 ème édition, 2013, p.1353.

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

- Transfert de la dette originaire avec tous ses caractères, modalités et


accessoires au cessionnaire
- L’opposabilité des exceptions inhérentes à la dette et des exceptions
personnelles au cessionnaire, au créancier cédé. Mais demeurent
inopposables, les exceptions personnelles au cessionnaire dans ses
rapports avec le débiteur cédant.
- Limite : le sort des sûretés : les sûretés consenties par des tiers ne
subsistent que si le débiteur cédant n’a pas été libéré par le créancier
cédé. Dans le cas contraire, elles ne subsistent qu’avec l’accord des
tiers concernés.

Section 3 : Le transfert de la créance et de la dette : la cession de contrat


La cession de contrat est un contrat par lequel un contractant, le cédant, cède
sa qualité de partie au contrat à un tiers, appelé le cessionnaire, avec l’accord
de son cocontractant, le cédé. Elle est connue depuis longtemps par la
pratique. La cession de bail immobilier est fréquente 6. Diverses lois
prévoient des hypothèses de cessions de contrats : cession des baux passés
par le vendeur à l’acquéreur d’un immeuble (article 1743 du code civil) 7 ;
selon l’article 40 du code CIMA, en cas de décès de l’assuré ou d’ aliénation
de la chose assurée, le contrat d’assureur est cédé de plein droit à l’héritier
ou à l’acquéreur à charge pour celui-ci d’exécuter toutes les obligations dont
l’assuré était tenu en vertu du contrat etc.

Le mérite de l’ordonnance française de 2016 est d’avoir prévu un régime


général à la cession de contrat, ce qui permet d’encadrer les hypothèses de

6
D. Denis, « La cession de bail immobilier », D. 1976, 269.
7
Voir pour une application de la cession de bail : Cour Suprême d’Abidjan, chambre judiciaire,
arrêt du 14 janvier 1999, inédit. Dans cet arrêt, la cour suprême estime que le contrat de bail a été
cédé à la société X avec tout ce que cela comporte de cession et de prise en charge de dette.
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Droit des Obligations 2

cessions conventionnelles de contrats. Ainsi les règles suivantes sont


prévues :

- La cession de contrat doit intervenir par écrit à peine de nullité


- La cession est opposable au cédé s’il a donné son accord soit dans
l’acte initial, soit dans un autre acte, ou si la cession lui a été notifiée
- La cession de contrat a pour effet de substituer au cédant, le
cessionnaire qui devient ainsi partie au contrat initial. Il recueille ainsi
les droits et assume les obligations du contrat conclu par le cédant.
Toutefois, le cédant n’est libéré pour l’avenir qu’avec l’accord exprès
du cédé. A défaut, il est solidairement tenu de l’exécution du contrat
- Le cessionnaire poursuivi par le cédé, peut lui opposer toutes les
exceptions inhérentes à la dette. Mais il ne peut lui opposer les
exceptions tenant à ses rapports personnels avec le cédant. Le cédé
quant à lui, peut opposer au cessionnaire toutes les exceptions qu’il
aurait pu opposer au cédant.
- Les sûretés qui ont été consenties subsistent sauf celles consenties par
des tiers, dont le maintien nécessite l’accord des tiers concernés.

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POINTS IMPORTANTS A RETENIR

L’obligation a une double facette, active et passive. Elle se traduit par la créance du côté du créancier et par la dette
du côté du débiteur. Mais la loi prévoit des situations où il est possible de transférer tant la créance. La dette peut
faire également d’une telle opération mais elle relève de la pratique. Et enfin la créance et la dette peuvent être
cédées concomitamment par le biais de la cession de contrat.
Le transfert de la créance peut s’opérer soit par le mécanisme de la cession de créance, soit par le canal de la
subrogation personnelle.

La cession de créance est définie par l’article 1689 du code civil comme une convention par laquelle un créancier
cédant transmet sa créance qu’il détient contre un débiteur, le cédé, à un tiers cessionnaire. Pour être valablement
admise, il faut que des conditions soient remplies. En effet, la cession de créance est une convention entre le
créancier cédant et le tiers cessionnaire et elle doit remplir toutes les conditions de l’article 1108 du code civil. La
convention se forme par le seul accord des parties. Outre les conditions de validité, il faut respecter des conditions
d’opposabilité. L’article 1690 du code civil prévoit des mesures de publicité afin que la cession soit opposable au
débiteur. Ainsi la publicité se fait soit par signification par exploit d’huissier, soit par acceptation du débiteur dans
un acte authentique lorsque la cession est passée par acte authentique. Lorsque cette formalité est valablement
accomplie, le débiteur cédé ne peut valablement se libérer qu’en effectuant le paiement entre les mains du tiers
cessionnaire. Les conditions remplies, il en découle des effets. Il s’agit du transfert de la créance originaire avec ses
accessoires entre les mains du cessionnaire, il y a donc changement de créancier. A cet effet, le débiteur peut
invoquer contre ce dernier toutes les exceptions qu’il aurait pu opposer au cédant. Ensuite, le créancier cédant doit
garantir l’existence de la créance au moment de la cession, mais il ne garantit pas la solvabilité du débiteur cédé.

La subrogation personnelle, est une modalité de paiement qui joue lorsqu’une personne paie à la place du débiteur.
Selon l’article 1249 du code civil la subrogation peut être conventionnelle ou légale. Lorsque la subrogation est
conventionnelle et qu’elle est consentie par le créancier, pour être valable il faut que la subrogation soit expresse,
qu’elle soit consentie au moment où le créancier reçoit le paiement et le paiement doit être le fait d’un tiers.
Lorsqu’elle est consentie par le débiteur, sa validité suppose d’abord que l’acte d’emprunt ou la quittance
subrogatoire soient rédigés en la forme authentique. Ensuite il faut que l’acte de prêt précise le but de l’emprunt. Et
enfin la quittance délivrée au créancier désintéressé doit constater que le paiement a été fait avec les deniers
empruntés. L’effet principal de la subrogation est le changement de créancier. La créance passe sur la tête du subrogé
avec tous ses accessoires. De ce fait, le débiteur peut opposer au tiers subrogé toutes les exceptions qu’il aurait pu
invoquer contre le créancier.

Ces deux opérations présentent des points de distinction au niveau de leur finalité, des conditions d’opposabilité et
en cas de concours. S’agissant de la finalité, il faut dire que la cession de créance est faite dans l’idée de spéculer,
de chercher un profit, tandis que dans la subrogation il n’y pas de spéculation car le tiers subrogé ne réclame que ce
qu’il a payé. Pour l’opposabilité de la cession de créance, certaines formalités sont requises (art 1690) alors que
dans la subrogation l’opposabilité est de plein droit à l’égard du débiteur ou du créancier. Enfin, lorsque la
subrogation et la cession sont partielles, il n’y a pas de concours entre le tiers subrogé et le créancier subrogeant, ce
dernier est préféré en pareille circonstance. Or dans la cession il y a concours entre le cessionnaire et le cédant, il
n’y a pas de préférence.

La cession de dette est une opération par laquelle le débiteur cédant va transférer la dette dont il est tenu envers son
créancier cédé, à un tiers cessionnaire. Cette opération, qui n’est pas consacrée par le droit ivoirien mais qui existe
en pratique, peut se faire soit à titre gratuit, soit à titre onéreux. Pour qu’une telle opération soit valable, il faut le
consentement de toutes les parties. Mais le débiteur cédé n’est pas totalement libéré en dépit du consentement du
créancier, il reste solidairement tenu de la dette avec le tiers cessionnaire, sauf si le créancier entend le libérer
expressément.

La cession de contrat est un contrat par lequel un contractant va céder sa qualité de partie au contrat à un tiers
cessionnaire, avec l’accord de son contractant cédé. La loi prévoit des hypothèses de cession de contrat. La validité
de cette opération est soumise à des conditions. En effet, la cession doit se faire par écrit à peine de nullité. En outre,
la cession est soumise à l’accord du cocontractant cédé afin que l’opération lui soit opposable. Il existe une solidarité
entre le contractant cédant et le tiers cessionnaire pour l’exécution du contrat, sauf libération expresse du
cocontractant cédé.

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Droit des Obligations 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la jurisprudence


civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

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EXERCICES D’ASSIMILATION

I- Contrôle de connaissances
1) Qu’est-ce que la cession de dette ? A quelle condition peut-on
l’envisager ?
2) Quelles distinctions peut-on établir entre la cession de créance et
la subrogation personnelle ?
3) Quelles sont les conditions de validité et d’opposabilité de la
cession de créance ?
4) Qu’est-ce que la cession de contrat ? Donnez des exemples
légaux de cessions de contrats

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Droit des Obligations 2

Chapitre 2: La création d’obligations nouvelles


Ici les parties ont pour but d’éteindre l’ancienne obligation pour créer une
nouvelle obligation. Ce but peut être réalisé par la novation et la délégation.

Section 1 : la novation
C’est le mécanisme juridique par lequel les parties substituent une obligation
nouvelle à une obligation qui existe, et qui sera par conséquent éteinte. La
particularité de la novation est son effet extinctif, c’est-à- dire dans le lien
entre l’extinction de l’ancienne obligation et la création de la nouvelle
obligation. Ainsi toute transformation ou toute modification n’est pas une
novation si elle ne donne pas naissance à une nouvelle obligation distincte
de la première.

§ 1 : Les conditions de la novation


Il y a 3 conditions : l’extinction d’une obligation préexistante valable, la
création d’une obligation nouvelle valable, et l’intention de nover.

A- L’extinction d’une obligation préexistante valable

Pour qu’il y ait novation il faut qu’il existe une obligation valable à éteindre.
Cette obligation ne doit pas être nulle ou déjà éteinte par prescription par
exemple. Toutefois si l’obligation était nulle, de nullité relative, la novation
peut valoir confirmation tacite et être ainsi valable. Le créancier qui consent
à la novation doit avoir la capacité de disposer et le débiteur la capacité de
s’obliger. La novation va éteindre l’obligation ancienne et faire naître une
obligation nouvelle.

B- La création d’une obligation nouvelle distincte et valable

Pour qu’il y ait novation, il ne suffit pas qu’il y ait une obligation nouvelle.
Il faut que cette nouvelle obligation ait quelque chose qui la distingue de

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l’obligation ancienne : on parle de l’aliquid novi. Cette nouvelle obligation


doit également être valable.

On distingue la novation subjective relative à la modification de l’un des


sujets de l’obligation et la novation objective relative à une modification de
la cause ou de l’objet de l’obligation.

1- La novation subjective
a- La novation par changement de créancier

Elle peut intervenir lorsque par l’effet d’un nouvel engagement, un nouveau
créancier est substitué à l’ancien, par conséquent le débiteur est libéré envers
l’ancien créancier. L’opération ressemble à une cession de créance, mais
dans la novation le débiteur est partie à l’opération et de plus, la nouvelle
créance est distincte de l’ancienne.

b- La novation par changement de débiteur.

Elle consiste à substituer un nouveau débiteur à l’ancien, qui est déchargé


par le créancier. L’initiateur de l’opération peut être un tiers qui s’engage
spontanément envers le créancier moyennant libération par celui- ci du
débiteur primitif, on parle alors de l’expromission. Il faut le consentement
express du créancier.

Le nouveau débiteur peut s’engager à la demande et sur ordre de l’ancien


débiteur envers son propre créancier qui accepte de le libérer, c’est la
délégation parfaite. Généralement le nouveau débiteur est lui-même débiteur
de l’ancien débiteur. Il faut que le créancier consente expressément à ce
changement de débiteur en donnant son accord au nouveau débiteur et à
l’ancien débiteur.

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Droit des Obligations 2

Ex : l’acheteur d’une maison qui doit le prix d’achat au propriétaire vendeur,


s’engage à la demande de celui-ci à payer le prix à une autre personne
créancière du vendeur, qui accepte de le libérer.

2- La novation objective
C’est une novation par changement de l’objet de l’obligation ou de sa cause.
Il y a changement d’objet lorsque la nouvelle obligation diffère de l’ancienne
par son objet.

Ex : le créancier d’une somme d’argent convient avec son débiteur que celui-
ci lui paiera à la place une prestation en nature.

Ex : changement d’un lieu de vacances dans un voyage organisé.

Le changement peut porter sur la cause de l’obligation. Le même débiteur


s’engage envers le même créancier pour le même objet mais à un autre titre.

Ex : on décide qu’une partie qui est débitrice en qualité de caution sera


désormais tenue en qualité de débiteur principal pour la même dette.

Dans tous les cas, le changement ne constitue une novation que s’il porte sur
un élément essentiel et non accessoire de l’obligation. C’est le cas d’un
changement du montant de la dette.

C- L’intention de nover ou l’animus novandi


Selon l’art.1273, la novation ne se présume point, il faut que la volonté de
l’opérer résulte clairement de l’acte. Il faut prouver que les parties ont
contracté en vue d’éteindre l’obligation ancienne et corrélativement créer
une nouvelle obligation. L’intention de nover doit être prouvée et être sans
équivoque. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit exprimée en des termes
formels. Dans le doute, on présume qu’il n’y a pas novation, mais
juxtaposition de deux obligations qui subsistent simultanément. La preuve

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de l’intention de nover peut être faite par tous moyens et l’appréciation


dépend du pouvoir souverain des juges du fond.

§ 2 : Les effets de la novation


La novation produit simultanément un effet extinctif et un effet créateur qui
emporte certaines conséquences.

A- L’effet extinctif et créateur

Ce double effet résulte du mécanisme même de la novation : création d’une


obligation nouvelle qui découle de l’extinction d’une obligation préexistante.
Les deux effets sont liés chacun étant la cause de l’autre. L’obligation
nouvelle n’étant pas une nouvelle forme de l’obligation ancienne, cela
emporte certaines conséquences.

B- Les conséquences de l’effet extinctif

On dit qu’il y a discontinuité et par conséquent une extinction des garanties


et une inopposabilité des exceptions.

1- L’extinction des garanties


Si l’obligation ancienne a été souscrite avec certaines garanties telles que la
solidarité, le cautionnement, les hypothèques et les privilèges, le principe est
que les garanties de l’ancienne obligation vont disparaître avec l’effet
extinctif. Elles ne profitent pas à la nouvelle obligation. Selon l’art.1281 al.1,
par la novation faite entre le créancier et l’un des codébiteurs solidaires, les
autres codébiteurs sont libérés. Selon l’al.2 la novation opérée à l’égard du
débiteur principal libère la caution.

Toutefois selon la loi les parties peuvent reporter les garanties de l’ancienne
obligation sur la nouvelle obligation, avec le consentement des parties
intéressées (le créancier au moment de la novation et également ceux qui
fournissent ces garanties).
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Droit des Obligations 2

2- L’inopposabilité des exceptions


Les exceptions ce sont les moyens de défense que le débiteur pouvait faire
valoir dans l’ancienne obligation. Celles-ci sont purgées par la novation et
ne seront pas opposables dans la nouvelle obligation. Ex : les vices, les
motifs de nullité

Section 2 : La délégation
La délégation est un acte juridique par lequel une personne nommée le
délégant, obtient d’une autre personne appelée le délégué, qu’elle s’engage
envers une 3ème personne appelée le délégataire. Cela se traduit par le fait
que le délégant charge son propre débiteur de payer son créancier. Elle est
évoquée parmi les dispositions de la novation. Pourtant c’est une technique
bien distincte ; de plus la délégation ne produit pas toujours un effet
novatoire.

§ 1 : notion et fonctions de la délégation


A- notion de délégation
La délégation est un acte juridique par lequel une personne nommée le
délégant, obtient d’une autre personne appelée le délégué, qu’elle s’engage
envers une 3ème personne appelée le délégataire. Il faut la distinguer de
plusieurs notions voisines avec lesquelles la pratique tend à les confondre.

• La délégation se distingue de la stipulation pour autrui (SPA) dans laquelle


le stipulant ordonne au promettant de s’engager envers un tiers bénéficiaire.
Comme le délégant obtient du délégué un engagement envers le délégataire,
le stipulant obtient du promettant un engagement envers le tiers bénéficiaire.
Mais dans la SPA, l’essentiel réside dans le contrat entre le stipulant et le
promettant. Le tiers bénéficiaire est totalement étranger à la convention.
Dans la délégation au contraire, l’essentiel réside dans le contrat entre le
délégué et le délégataire.
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• Il faut distinguer la délégation de la cession de créance qui est le contrat


par lequel un créancier appelé le cédant, transmet sa créance contre un
débiteur appelé le cédé, à un acquéreur appelé le cessionnaire. La délégation
et la cession de créance se distinguent au niveau des conditions de forme. La
cession de créance nécessite le respect du formalisme de l’art.1690. Le
débiteur cédé n’a pas à donner son consentement. Les conditions de la
délégation sont plus exigeantes car elles impliquent le consentement du
débiteur délégué qui doit accepter d’exécuter une prestation envers le
délégataire.

B-les fonctions de la délégation


On distingue 2 hypothèses de délégation :

La délégation parfaite c’est lorsque l’obligation originaire est éteinte par


l’obligation nouvelle. Le délégataire accepte que le délégant soit libéré à son
égard. Elle constitue alors un mode de paiement. L’opération est une variété
de novation par changement de débiteur qui requiert l’accord des trois
parties : délégant, délégué, et délégataire. Et selon l’article 1275, il faut que
le créancier ait déclaré expressément qu’il entendait libérer son débiteur qui
a fait la délégation. Et selon la jurisprudence, la seule acceptation par le
créancier d’un nouveau débiteur, n’implique pas, en l’absence de déclaration
expresse, qu’il ait entendu décharger le premier débiteur.

Il y a délégation imparfaite lorsque l’obligation d’origine subsiste


parallèlement à l’obligation nouvelle. Elle joue le rôle d‘une sûreté
personnelle ressemblant à un cautionnement. Aucune formalité particulière
n’est requise pour la validité de l’opération, ni pour son opposabilité aux
tiers. Il suffit que le délégué prenne un nouvel engagement envers le
délégataire qui accepte.

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Droit des Obligations 2

§ 2 : Les effets de la délégation


Il y a des effets communs aux deux types de délégation et des effets propres
à chaque type de délégation.

A- Les effets communs à la délégation parfaite et imparfaite :


L’inopposabilité des exceptions
L’effet essentiel de la délégation est que le délégué s’engage directement
envers le délégataire et cet engagement est indépendant de l’obligation du
délégué à l’égard du délégant. Par conséquent, le délégué ne peut pas opposer
au délégataire les exceptions tenant à ses rapports avec le délégant : c’est le
principe de l’inopposabilité des exceptions.

Ainsi, si l’engagement du délégué envers le délégant s’avère nul, le délégué


restera toujours tenu envers le délégataire. Certains auteurs ont affirmé le
caractère abstrait de la délégation qui reste indépendante de sa cause. On
considère que le délégué a voulu prendre un engagement indépendant de ses
engagements antérieurs.

Cependant l’inopposabilité des exceptions suppose que le délégataire soit de


bonne foi. Le délégataire est de bonne foi, lorsqu’il ignorait que
l’engagement du délégué envers le délégant était irrégulier.

B- Les effets propre à chaque type de délégation


1- Les effets de la délégation parfaite

Elle entraîne novation c'est-à-dire création d’une obligation nouvelle entre


le délégué et le délégataire, et extinction des obligations préexistantes entre
le délégant et le délégué d’une part, et entre le délégataire et le délégant
d’autre part. Le délégataire cesse d’être le créancier du délégant et le délégant
cesse d’être le créancier du délégué. Pour le délégataire, il y a novation par
changement de débiteur et pour le délégué, il y a novation par changement
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de créancier. Ce sont tous les effets de la novation qui vont se produire.


Comme la novation, la délégation parfaite ne se présume pas. Selon
l’art.1275, il faut une déclaration expresse du délégataire. La délégation
parfaite libère le délégant, par conséquent si le délégué est insolvable, le
délégataire ne peut plus agir contre le délégant.

2- Les effets de la délégation imparfaite

Elle n’opère pas novation. Les obligations anciennes subsistent. Il n’y a


pas libération du délégant envers le délégataire. Le délégataire conserve
le délégant comme débiteur et acquiert un nouveau débiteur en la
personne du délégué. Par conséquent si le délégué est insolvable, le
délégataire peut agir contre le délégant qui constitue une sorte de caution.

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Droit des Obligations 2

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

Il existe différents mécanismes qui permettent de créer des obligations nouvelles. Il s’agit de la novation
et la délégation.
La novation est un mécanisme juridique par lequel les parties substituent une obligation nouvelle à une
obligation qui existe, et qui sera par conséquent éteinte. Ce mécanisme est soumis à des conditions
avant de produire des effets.
La première condition pour que la novation opère, il faut qu’il existe une obligation valable au
préalable. Celle-ci ne doit pas être nulle ou déjà éteinte. La novation va avoir pour effet de l’éteindre.
Ensuite, il faut qu’une obligation nouvelle distincte de l’ancienne et valable, soit créée. La novation
peut être donc subjective, c’est-à-dire par changement de créancier ou de débiteur, ou objective, c’est-
à-dire par remplacement de l’objet de l’obligation ou la cause. En outre, il faut une intention de nover
(animus novandi) et selon l’article 1273 la novation ne se présume point. Lorsque les conditions sont
remplies, l’effet principal de la novation est bien entendu l’effet extinctif de l’obligation préexistante
pour laisser place à une obligation nouvelle. Cet effet entraine corrélativement l’extinction des garanties
souscrites lors de l’obligation ancienne, sauf convention contraire des parties, qui peuvent les reporter
sur la nouvelle obligation. Aussi, tous les moyens de défense que le débiteur pouvait faire valoir dans
l’ancienne obligation sont inopposables dans la nouvelle obligation (inopposabilité des exceptions).
La délégation est un acte juridique par lequel une personne appelée délégant obtient d’une autre appelée
délégué qu’elle s’engage auprès d’une troisième personne appelée délégataire. Elle requiert le
consentement des trois parties. Il existe deux hypothèses de délégation : la délégation parfaite et la
délégation imparfaite(ou expromission). Elle est parfaite lorsque le délégataire a déclaré expressément
libérer son débiteur (le délégant). Dans ce cas le seul lien existant est celui entre le délégué et le
délégataire. Mais lorsque la délégation est imparfaite, cela suppose que le délégataire n’a pas
expressément déclaré libérer le débiteur, donc le lien entre le délégant et le délégataire existe en
juxtaposition à celui entre le délégué et le délégataire. En clair, le délégataire peut poursuivre tant le
délégué que le délégant pour obtenir paiement de sa créance.
Des effets se rattachent à la réalisation de l’opération. En effet il existe un effet commun aux deux
hypothèses de la délégation, il s’agit de l’inopposabilité des exceptions. Ainsi, le délégué ne peut
opposer au délégataire les moyens de défense qu’il aurait pu invoquer contre le délégué. Cela se justifie
par le fait que l’engagement qu’il souscrit au profit du délégataire, est indépendant de l’obligation qui
le liait au délégant. Mais il faut qu’il soit de bonne foi. Toutefois, il existe des effets propres à chaque
type de délégation. Ainsi, dans la délégation parfaite, existe-t-il une novation car il nait une obligation
nouvelle entre le délégué et le délégataire qui se substitue à celles qui existaient d’une part entre le
délégant et le délégataire et d’autre part, entre le délégant et le délégué. Quant à la délégation imparfaite,
il n’y a pas de novation car les obligations anciennes subsistent.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la


jurisprudence civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

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Droit des Obligations 2

EXERCICES D’ASSIMILATION
II- Contrôle de connaissances
1) Comparez la délégation parfaite et la délégation imparfaite
2) La novation se confond-elle à la délégation ?
3) Quels sont les effets de la novation ?
4) Faites la distinction entre la cession de créance et la délégation.
5) Qualifiez juridiquement les opérations suivantes :
a- A l’occasion de la vente d’un fonds de commerce, les parties
s’entendent pour que l’acquéreur du fonds continue de
s’approvisionner chez le même fournisseur que le vendeur.
b- Le bailleur d’un immeuble demande au locataire qui doit quitter les
lieux loués de trouver un autre preneur qui consent à reprendre le bail.
c- Le nouveau locataire et l’ancien s’accordent avec la CIE pour que le
nouveau continue d’utiliser le compteur de l’ancien locataire.
d- Koffi est créancier de Yao pour une somme de 2 millions en vertu d’un
contrat de prêt. C’est alors que BONCOEUR, un ami de Yao très
fortuné s’engage envers Koffi à lui rembourser la somme due
moyennant libération de Yao. Koffi accepte.

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4ème PARTIE: L’EXTINCTION DE L’OBLIGATION


L’obligation s’éteint normalement avec la satisfaction procurée au créancier
par le paiement. Mais dans certaines hypothèses, l’obligation va s’éteindre
par certains mécanismes.

Chapitre I- LE MODE NORMAL D’EXTINCTION DES


OBLIGATIONS : LE PAIEMENT
Dans le langage courant, payer signifie remettre au créancier une certaine
somme d’argent qu’on lui doit. Dans le langage juridique, le paiement a un
sens beaucoup plus large : payer c’est exécuter l’obligation quel qu’en soit
l’objet.

L’effet du paiement est de libérer le débiteur. C’est la raison pour laquelle,


la loi exige un certain nombre de conditions pour prouver son effectivité. Par
ailleurs, le paiement qui d’ordinaire est amiable, peut se heurter dans
certaines hypothèses à des obstacles.

Section I: L’effectivité du paiement


§1- Les conditions du paiement

A- Les conditions tenant aux parties

Celui qui paie est appelé le solvens et celui qui reçoit le paiement,
l’accipiens.

1) Le solvens :

En principe le solvens est le débiteur mais le paiement peut être valablement


fait par un tiers. Le tiers paie soit parce que lui-même est intéressé à la dette
(c’est le cas de la caution par exemple), soit que le tiers qui n’est pas intéressé
personnellement, agit au nom et en l’acquit du débiteur (c’est le cas de la
gestion d’affaires, paiement par un tiers intéressé : l’acquéreur d’un
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Droit des Obligations 2

immeuble hypothéqué peut payer le créancier pour garder l’immeuble) ou en


son nom propre (dans le cas d’une libéralité par exemple). Toutefois le
paiement effectué par un tiers n’est pas valable lorsque l’objet de l’obligation
a un caractère personnel. C’est le cas lorsque la considération de la personne
du débiteur (contrat conclu intuitu personae) a été la condition de la
conclusion du contrat. Ex : l’exécution d’un tableau par un artiste,
l’exécution de la prestation de travail par l’employé.

Pour que le paiement soit valable, il faut que le solvens ait la capacité
juridique d’aliéner et qu’il soit le propriétaire de la chose donnée en paiement
sous peine de nullité du paiement effectué (article 1238 du code civil). La
nullité est cependant écartée en cas de paiement d’une somme d’argent ou
autre chose qui se consomme par l’usage (denrées consommées, matériaux
incorporés dans un immeuble par exemple), si le créancier l’a consommé de
bonne foi.

2) L’accipiens

Le paiement en principe, doit être fait au créancier appelé l’accipiens. Ce


dernier doit avoir la capacité et le pouvoir de recevoir. Le paiement sera
valable s’il est fait entre les mains d’un représentant légal ou d’un mandataire
conventionnel ou judiciaire de l’accipiens. Toutefois selon l’alinéa 2 de
l’article 1239 du code civil, le paiement fait à une personne qui n’avait aucun
pouvoir de recevoir, peut être libératoire si le créancier le ratifie (dans
l’hypothèse de la promesse de porte- fort par exemple) ou s’il en a profité.
De plus selon l’article 1240 du code civil, le payement fait de bonne foi à
celui qui est en possession de la créance, est valable. C’est une application
de la théorie de l’apparence : l’intéressé passe aux yeux des tiers pour le
créancier. Ex : héritier apparent.

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B- Les conditions tenant à l’objet et au déroulement du paiement

1) Les conditions tenant à L’OBJET du paiement

Selon l’art.1243, le créancier ne peut être contraint de recevoir autre chose


que celle qui lui est due quoique la valeur de la chose offerte soit égale ou
même plus grande. Et selon l’article 1244, le débiteur ne peut forcer le
créancier à recevoir en partie le paiement d’une dette, même divisible. Ces
dispositions énoncent deux principes essentiels : l’identité entre l’objet du
paiement et l’objet de l’obligation, l’indivisibilité du paiement. Par ailleurs
lorsque le paiement est effectué en monnaies, cela soulève de nombreux
problèmes qui méritent d’être analysés.

a) L’identité entre l’objet du paiement et l’objet de l’obligation

Ce principe énoncé par l’article 1243 du code civil n’est pas absolu, car
en pratique le créancier peut recevoir autre chose que ce qui était prévu
en paiement.

 Le principe posé par l’article 1243 du code civil

Selon l’article 1243 du code civil, pour être valable, le paiement doit porter
sur l’objet même qui est dû. Il doit y avoir une identité entre l’objet du
paiement et l’objet de l’obligation. Le débiteur ne peut se libérer qu’en
fournissant la prestation même qui constitue l’objet de son obligation.

Si l’objet est un corps certain, cet objet est valablement délivré dans l’état
où il se trouve lors de la livraison, pourvu que les détériorations qui y sont
survenues ne soient point du fait ou de la faute du débiteur ou des personnes
dont il est responsable. Si l’obligation a pour objet des choses de genre, le
débiteur pour se libérer devra remettre des choses de genre convenues, dans
la quantité prévue et de qualité moyenne.

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Droit des Obligations 2

 L’exception au principe : Le paiement par la dation

En principe, le créancier a le droit de recevoir en paiement la prestation


prévue. Il ne peut être contraint de recevoir autre chose. Mais le créancier
par une convention de dation en paiement peut accepter autre chose que celle
qui avait été prévue. Ex : Au lieu du transfert de la propriété d’un bien, il
peut accepter le versement d’une somme d’argent ou inversement, ou
l’exécution d’un service.

Ex : le restaurateur accepte que le client « fasse la plonge » pour payer sa


note.

La dation en paiement doit intervenir après la formation du contrat. En


revanche, il n’ya pas dation en paiement mais obligation alternative,
lorsqu’un débiteur se voit accorder par le contrat la possibilité de s’exécuter
soit en restituant une chose soit en payant une somme d’argent

La dation en paiement nécessite l’accord du créancier et du débiteur sur la


nouvelle prestation.

b) L’indivisibilité du paiement

Selon l’art.1244 al.1 le débiteur ne peut pas forcer le créancier à recevoir en


partie le paiement d’une dette même divisible. Toutefois il y a des
exceptions:

- Le contrat a prévu des paiements partiels fractionnés ou échelonnés.


De même rien n’empêche le créancier d’accepter des paiements
partiels ou fractionnés. Par exemple, en matière contractuelle, un
acompte qui n’est autre chose qu’un paiement partiel ou une avance
sur le paiement final peut être demandé. Dans le domaine des prêts, il

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est possible de prévoir un amortissement c’est-à-dire le


remboursement fractionné du prêt.
- Lorsqu’un débiteur même solidaire décède, et qu’il laisse plusieurs
héritiers, la dette va se diviser. Le créancier ne pourra exiger de chaque
héritier qu’un paiement correspondant à la part de chacun dans la
dette. La dette du débiteur décédé devient une dette conjointe pour ses
héritiers.
- Le juge a la possibilité d’accorder un terme de grâce à tout débiteur en
difficultés (article 1244- 1, al.1er). Cela se traduit par un report ou un
échelonnement du paiement de la dette.

c) Les problèmes posés par les paiements en monnaies

La monnaie constitue le mode le plus usuel d’extinction des obligations en


tant qu’instrument de paiement par excellence. Elle soulève un certain
nombre de questions : quelle quantité de monnaies le débiteur doit- il fournir
au créancier ? Et quelle quantité de monnaies doit être remise à titre de
paiement ? Ces questions simples apparemment se posent à cause de la
dépréciation de la monnaie due aux fluctuations monétaires.

En principe si l’obligation a pour objet une somme d’argent, le débiteur doit


s’acquitter en monnaie ayant cours légal. Les parties ne peuvent pas convenir
que le paiement se fera en une monnaie étrangère ou en or, sauf pour les
contrats internationaux.

Le débiteur doit toujours remettre le nombre d’unités monétaires prévu au


contrat. C’est l’application de la règle « un f vaut toujours un f ». En principe,
pour la jurisprudence, on ne doit pas tenir compte de la variation qu’a pu
subir la valeur de la monnaie entre la naissance de la dette et son exécution :

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Droit des Obligations 2

c’est le principe du nominalisme déduit de l’article 1895 du code civil. Ainsi


la dépréciation monétaire favorise le débiteur qui va se libérer en espèces de
valeur moindre que celle reçue.

Pour éviter ce résultat, on a recours à plusieurs techniques qu’on appelle


l’indexation. Elle a pour but de substituer à la monnaie dépréciée une valeur
réelle en fonction d’un indice choisi dans le contrat. Les parties insèrent dans
leur contrat des clauses de paiement appelées clauses d’indexation ou clauses
d’échelle mobile. Il peut avoir une indexation conventionnelle ou légale à
condition qu’elle soit licite. Ne sont permises que les clauses indexées sur le
cours d’un bien ayant lui-même un rapport direct soit avec l’objet du contrat,
soit avec la profession de l’une des parties au contrat.

Quelle est la sanction d’une clause d’indexation illicite ?


Selon la jurisprudence, si l’indexation est un élément essentiel du contrat,
son illicéité va entraîner la nullité intégrale du contrat. En revanche, si c’est
un élément accessoire, elle sera réputée non écrite et les juges pourront lui
substituer un indice licite en fonction de l’économie du contrat.

2) Le déroulement du paiement

a) L’époque du paiement :

En principe, on doit payer immédiatement dès la naissance de l’obligation.


Toutefois, il peut arriver que les parties stipulent un terme ou même que le
juge ou la loi accorde un délai de grâce à un débiteur, en considération de sa
situation et des circonstances économiques. Dans cette hypothèse, le
paiement devra se faire à l’échéance déterminée. En cas de retard dans le
paiement de la dette, le débiteur devra payer des intérêts moratoires après
mise en demeure faite par le créancier.

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b) Le lieu du paiement :

En principe, la dette est quérable et non portable, c’est-à-dire que le paiement


doit être effectué au domicile du débiteur. Le créancier doit aller chercher le
paiement chez le débiteur sauf stipulation contraire.

Il existe cependant des dispositions spéciales :

• Si la dette consiste dans la livraison d’un corps certain, le paiement


doit être effectué au lieu où se trouvait la chose au moment de la naissance
de l’obligation. Ex : achat d’un véhicule chez le concessionnaire.

• S’il s’agit d’une pension alimentaire, elle doit être payée au domicile
du créancier.

 En matière d’assurance, les primes sont en principe portables (sauf


convention contraire, la prime est payable au domicile de l’assureur
ou du mandataire désigné par lui à cet effet : article 13 nouveau du
code CIMA).

c) Les frais de paiement

Selon l’article 1248 du code civil, les frais du paiement sont en principe à la
charge du débiteur (frais de quittances ou de timbres, frais de délivrance…).
Exceptionnellement les parties peuvent convenir de mettre ces frais à la
charge du créancier.

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Droit des Obligations 2

C- La preuve du paiement

En principe, c’est au débiteur de prouver le paiement. Toutefois, la remise


par le créancier de l’acte sous seing privé constatant la créance au débiteur,
vaut présomption de paiement : article 1315 du code civil.

Selon une analyse classique, le paiement était en principe soumis aux règles
établies par la loi pour la preuve de toute convention, notamment l’exigence
d’un écrit. Mais la jurisprudence admettait facilement l’impossibilité morale
de se procurer une preuve écrite, et elle admettait la preuve résultant de faits
matériels telle la remise du titre au détenteur. La quittance simple reçue
signée du créancier et remis au débiteur, fait foi de sa date à l’égard des tiers.
Elle peut faire mention de réserve concernant tel aspect de l’obligation. La
quittance peut avoir une portée plus large du paiement d’une obligation, on
parle alors de quittance pour solde de tout compte. Le créancier atteste ainsi
que le débiteur ne lui doit rien. Il s’agit d’éteindre non seulement la dette
principale, mais d’autres dettes qui pourraient exister.

Aujourd’hui, la jurisprudence a remis en cause la solution traditionnelle,


considérant que la preuve du paiement qui est un fait juridique pouvait être
rapportée par tous moyens (civ, 1ère , 6 juillet 2004, JCP. E 2004. 162 ; civ,
2ème, 17 décembre 2009, RTDCiv. 2010. 325).

§2 - les effets du paiement


L’effet principal du paiement est d’éteindre la créance. Toutefois lorsque le
débiteur est tenu de plusieurs dettes envers le créancier et qu’il effectue un
paiement insuffisant pour éteindre toutes ses dettes, il faut déterminer quelle
dette sera considérée comme acquittée : c’est le problème de l’imputation
des paiements.

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

En principe, le débiteur quant il paie, a le droit d’indiquer quelle dette il


entend éteindre : article 1253 du code civil. Toutefois, ce principe connaît
des atténuations :

 Si le débiteur verse une somme égale au montant de la dette la plus


faible, c’est cette dernière qui est éteinte en raison de la prohibition
des paiements partiels.
 Si la dette est productive d’intérêts, le débiteur ne peut imputer le
paiement qu’il fait sur le capital de l’obligation, plutôt que sur les
intérêts : le paiement s’impute d’abord sur les intérêts : article 1254
du code civil.

Si le débiteur ne précise pas la dette qu’il entend éteindre, on applique la


règle de l’imputation légale. Selon elle, le paiement est effectué d’abord pour
les dettes échues. Si les dettes sont également échues ou non échues, le
paiement est affecté à la dette que le débiteur avait le plus intérêt à régler
(par exple sur la dette qui produit des intérêts par préférence à celle qui n’en
produit pas), et si le débiteur n’a pas intérêt à en régler une plutôt qu’une
autre, sur la dette la plus ancienne et si elles ont la même ancienneté,
proportionnellement : article 1256 du code civil.

Section II- les incidents de paiement


Ce sont des évènements qui peuvent faire obstacle au paiement. Il y en a 2 :
la procédure des offres réelles et de la consignation, et les oppositions à
paiement

§ 1- La procédure des offres réelles et de la consignation


Un incident peut survenir si le débiteur prêt à payer, se heurte à un refus du
créancier, soit à cause d’un désaccord sur le montant de l’obligation, sur les
qualités de l’objet ou sur les modalités du paiement. Le débiteur a le droit de
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Droit des Obligations 2

se libérer, c’est-à-dire de provoquer l’extinction normale du rapport


d’obligation. La procédure des offres réelles et de la consignation permet au
débiteur de se libérer sans la volonté du créancier. Selon l’art.1257 al.1,
lorsque le créancier refuse de recevoir son paiement, le débiteur peut lui faire
des offres réelles, et au refus du créancier de les accepter, consigner la
somme ou la chose offerte.

La procédure est d’abord une procédure extra judiciaire effectuée par un


officier ministériel. Les offres réelles, c’est-à-dire la présentation effective
de l’objet dû, sont faites par l’officier ministériel qui somme le créancier de
recevoir le paiement. Si le créancier refuse les offres réelles, on dépose
l’objet dû entre les mains d’un tiers. Les offres réelles suivies d’une
consignation arrêtent le cours des intérêts mais pour qu’elles valent
paiement, il faut que le créancier les accepte ou que le débiteur saisisse le
juge afin de déclarer les offres valables. Le débiteur va essayer d’obtenir un
jugement déclarant les offres et la consignation bonnes et valables.

§2- Les oppositions à paiement


L’opposition est l’acte d’un tiers qui fait défense au débiteur d’avoir à payer.
Elle émane souvent d’un créancier du créancier. Ce créancier appelé le
saisissant, fait défense au débiteur de son débiteur appelé le tiers saisi, de
payer son créancier appelé le saisi.

Lorsqu’il y a une saisie-arrêt, le débiteur ne peut plus payer, la créance


devient indisponible. Selon l’art.1242, le paiement fait par le débiteur à son
créancier malgré la saisie ou l’opposition n’est pas valable à l’égard des
créanciers saisissants ou opposants. Ceux-ci peuvent selon leur droit
contraindre le débiteur à payer à nouveau.

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

L’obligation, tel un être humain, naît, vit et s’éteint. Selon l’article 1234 du code civil, le mode normal
d’extinction de l’obligation est le paiement. Le paiement peut se définir comme l’exécution de
l’obligation quel qu’en soit l’objet. Pour être effectif, le paiement doit remplir certaines conditions afin
de produire des effets.
Les conditions tiennent tant aux parties qu’à l’objet et au déroulement du paiement. Relativement aux
parties, nous avons le solvens d’une part et l’accipiens d’autre part. Le solvens est en principe le
débiteur, mais le paiement peut être valablement fait par un tiers soit parce qu’il est intéressé soit parce
qu’il agit au nom et en l’acquit du débiteur ou en son nom propre. Toutefois, lorsque l’obligation a un
caractère personnel, le tiers ne peut valablement effectuer le paiement. Pour que le paiement soit valable
il faut que le solvens ait la capacité d’aliéner et qu’il soit propriétaire de l’objet donné en paiement, à
peine de nullité. Mais cette sanction n’est pas applicable en cas de paiement d’une somme d’argent ou
une d’une chose qui se consomme par l’usage, si le créancier l’a consommé de bonne foi. S’agissant de
l’accipiens, il s’agit de la personne qui reçoit le paiement. Il s’agit en principe du créancier qui est le
seul habilité à le recevoir. Il doit avoir la capacité et le pouvoir de recevoir. Néanmoins, le paiement fait
entre les mains du représentant ou du mandataire est valable. Si le paiement est fait entre les mains d’un
tiers qui n’avait pas pouvoir de recevoir, il peut être libératoire à condition que l’accipiens le ratifie, ou
s’il en a profité. Relativement à l’objet et au déroulement du paiement, l’objet du paiement est soumis
à la règle de l’identité entre l’objet de l’obligation et l’objet du paiement selon l’article 1243. Cela
signifie que le débiteur ne peut contraindre le créancier à recevoir une chose autre que celle prévue au
contrat quoique la valeur soit égale ou supérieure. Exceptionnellement, le créancier peut recevoir en
paiement une chose autre que celle prévue initialement par une convention de dation en paiement.
Egalement, le paiement est soumis à la règle de l’indivisibilité, c’est-à-dire que le débiteur ne peut pas
imposer au créancier un paiement fractionné, sauf convention contraire des parties. Aussi à l’égard des
héritiers d’un codébiteur solidaire la dette se fractionne. Quant au déroulement du paiement, il se fait
en principe immédiatement dès sa naissance, mais un terme peut être stipulé ou un délai de grâce
accordé. En outre, la dette étant quérable, le créancier doit aller chercher le paiement au domicile du
débiteur, sauf convention contraire. La preuve du paiement effectué incombe au débiteur. Toutefois, la
remise au débiteur par le créancier de l’acte sous seing privé constatant la créance, vaut présomption de
paiement.
Les conditions de paiement remplies, il s’ensuit des effets. L’effet principal du paiement est l’extinction
de la créance.
L’exécution du paiement par le débiteur peut se heurter à des obstacles appelés des incidents de
paiement. Il en existe deux : la procédure des offres réelles et de la consignation.
La procédure des offres réelles et consignation permet au débiteur de se libérer sans la volonté du
créancier. Ainsi, lorsque le créancier refuse de recevoir son paiement, le débiteur peut lui faire des offres
réelles (présentation effective de l’objet dû), et au refus du créancier de les accepter, consigner la somme
ou la chose offerte.
L’opposition est l’acte d’un tiers qui fait défense au débiteur d’avoir à payer. Il s’agit d’un créancier
appelé le saisissant, fait défense au débiteur de son débiteur appelé le tiers saisi, de payer son créancier
appelé le saisi. Dans ce cas, le débiteur ne peut plus payer la créance. S’il le fait, le paiement n’est pas
valable.

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Droit des Obligations 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la


jurisprudence civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

63

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

EXERCICES D’ASSIMILATION

I- CONTROLE DE CONNAISSANCES
1- Qu’est-ce que le paiement ?
2- Quelles sont les conditions du paiement ?
3- Peut-on payer valablement sans être propriétaire de la chose
donnée en paiement ?

II- COMMENTAIRE D’ARRÊT

Faites le commentaire de la décision suivante : Cour de cassation


Chambre civile 3- Audience publique du 13 avril 2005 ; N° de
pourvoi : 04-10774.

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Droit des Obligations 2

Chapitre II- LEs MODEs exceptionnels D’EXTINCTION DES


OBLIGATIONS
Ces modes sont variés, mais peuvent être subdivisés en deux groupes : d’une
part les modes qui entrainent l’extinction de l’obligation avec la satisfaction
du créancier, et ceux qui entrainent l’extinction de l’obligation sans la
satisfaction du créancier.

Section I: L’extinction avec satisfaction du créancier


Nous nous intéresserons essentiellement à deux mécanismes : la
compensation et la confusion.

§ 1- La compensation
Selon l’art.1289, lorsque 2 personnes se trouvent débitrices, l’une envers
l’autre, il s’opère entre elles une compensation qui éteint les deux dettes. La
compensation est un mode d’exécution et d’extinction des obligations. Elle
évite un déplacement de fonds en le remplaçant éventuellement par le
versement de l’excédant de la dette la plus forte. Par la technique de la
compensation, on aboutit donc à une exécution simplifiée de l’obligation.
Elle constitue également une garantie pour le créancier chirographaire, qui
échappe à la loi du concours entre créanciers.

A- Les conditions de la compensation

La compensation peut être légale, judiciaire ou conventionnelle.

1) La compensation légale

C’est celle qui s’opère de plein droit dès que les conditions de l’art.1289 sont
remplies. Aucune partie n’a besoin de la solliciter.

•Il doit exister deux obligations réciproques entre les mêmes personnes, c'est-
à-dire que chacune d’elles doit être créancière et débitrice de l’autre ;
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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

•Les obligations à compenser doivent avoir l’une et l’autre pour objet des
choses fongibles de la même espèce, c’est à dire celles qui se mesurent, se
pèsent ou se comptent de telle sorte qu’elles peuvent être substituées les unes
aux autres dans le paiement ;

•Les deux obligations doivent être certaines et liquides c'est-à-dire leur


existence doit être certaine, non contestée et leur montant déterminé. En
outre, elles doivent être exigibles, c'est-à-dire susceptibles d’un paiement
actuel ne comportant ni terme, ni condition. Toutefois le terme de grâce ne
constitue pas un obstacle à la compensation. La dette est exigible, mais son
exécution est suspendue parce que le juge a accordé au débiteur un délai pour
s’exécuter ;

•Les deux obligations doivent porter sur des objets saisissables, puisque la
compensation réalise une sorte de paiement. La dette d’aliment ne peut pas
entrer en compensation avec une autre dette. Le débiteur d’aliment doit
s’acquitter effectivement de sa créance et non prétendre avoir payé par
compensation.

Lorsque toutes ces conditions sont réunies, la compensation joue de plein


droit. Toutefois, même lorsque ces conditions sont réunies, la loi peut exclure
la compensation dans certaines hypothèses :

- La compensation ne joue pas en cas de faillite. A compter du jugement


de faillite, aucun créancier ne peut prétendre se faire payer
individuellement et au détriment des autres ;
- La compensation est exclue en cas de saisie-arrêt. A partir de la saisie-
arrêt, la créance devient indisponible et est affectée au paiement du
créancier saisissant ;

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Droit des Obligations 2

- La compensation est exclue contre l’État pour le paiement des dettes


d’impôts ou de contribution. Un contribuable ne peut pas opposer ces
créances contre l’État en compensation avec sa dette de contribution.

2) La compensation judiciaire

C’est celle prononcée par le juge lorsqu’un débiteur poursuivi en justice,


oppose au demandeur une créance ne remplissant pas les conditions de la
compensation légale. Poursuivi en paiement de sa dette qui est liquide, il
invoque sa propre créance qui n’est pas encore liquide. Le tribunal peut alors
procéder à la liquidation de la créance du débiteur afin de compenser les deux
obligations dans le jugement. Le tribunal a toutefois, la faculté de passer
outre.

3) La compensation conventionnelle

Si l’une des conditions de la compensation légale fait défaut, l’obstacle peut


être levé par le consentement de la personne intéressée. La compensation
conventionnelle est le résultat de la volonté des parties qui s’entendent pour
compenser une créance avec une dette non exigible ou non liquide.

B- Les effets de la compensation

La compensation opère extinction de deux obligations jusqu’à concurrence


de la plus faible. Cette extinction réalise un paiement abrégé et opère de plein
droit, même à l’insu des parties dès que les conditions requises sont remplies.
Toutefois l’effet extinctif de la compensation est provisoire et la dette va
renaître lorsque les parties, au lieu d’invoquer la compensation, font des
actes incompatibles avec elle :

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

•En cas d’acceptation d’une cession de créance par le débiteur cédé, celui-ci
ne pourra plus opposer la compensation au cessionnaire pour refuser de
s’exécuter.

•Le débiteur peut renoncer au bénéfice de la compensation en payant en


connaissance de cause ;

•Au mépris de la compensation qui a joué de plein droit, le créancier poursuit


le débiteur en paiement, et ce dernier néglige d’opposer l’exception de
compensation. Or la compensation ne profite qu’à celui qui l’invoque
formellement. Le juge ne peut pas suppléer d’office ce moyen.

§ 2- La confusion
Elle résulte de la réunion sur la même tête des qualités contraires de créancier
et de débiteur de la même obligation. Ex : il y a confusion lorsqu’ étant
débiteur d’une personne qui vient à décéder je deviens son héritier ; il y a
confusion si étant locataire d’un immeuble, j’achète l’immeuble en cours de
bail.

Selon l’art.1301 al.1, la confusion éteint la créance. Pour certains auteurs, la


confusion ne constitue pas un mode d’extinction de l’obligation. C’est un
obstacle qui paralyse l’exécution de l’obligation. Par conséquent, lorsque
l’obstacle disparaît, l’obligation reprend sa force. On dit que la confusion
met en sommeil l’obligation. Ex : L’achat d’un immeuble en cours de bail
par le locataire opère une confusion. Mais si la vente est annulée ou résolue,
les obligations du contrat de bail vont retrouver leur force.

Section II: L’extinction sans satisfaction du créancier


L’obligation s’éteint normalement par son exécution. Mais dans certains cas,
il peut avoir extinction sans paiement. Le débiteur est libéré d’une part parce

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Droit des Obligations 2

que le créancier a renoncé au droit qui lui appartient : c’est l’hypothèse de la


remise de dette.

D’autre part, Il peut également avoir impossibilité matérielle d’exécuter


l’obligation en raison de l’inaction prolongée du créancier : c’est le problème
de la prescription extinctive ou libératoire.

§1- la remise de dette ou la renonciation au droit d’agir


La renonciation est un acte par lequel une personne abandonne
unilatéralement un droit qui lui appartient. Toutefois, la remise de dette est
un contrat, car elle suppose l’accord du débiteur et du créancier. Un débiteur
entêté peut refuser la remise de dette qui est consentie par le créancier et
l’obliger à accepter le paiement par la procédure des offres réelles et de la
consignation.

A- Les conditions de la remise de dette

1) Les conditions de fond

La remise de dette est une convention à titre gratuit par laquelle le créancier
libère son débiteur de tout ou partie de sa dette sans avoir reçu paiement. La
remise de dette est un contrat à titre gratuit qui obéit ainsi au droit commun
des contrats.

2) Les conditions de forme

La remise de dette a un caractère non formaliste, c'est-à-dire qu’elle peut être


tacite et s’induire d’un simple fait. Ex : Remise du titre qui constate la
créance.

Elle peut être aussi sous seing privé lorsqu’elle résulte d’un acte passé entre
les parties.

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

B- Les effets de la remise de dette

1) La libération du débiteur

La remise de dette doit être en principe prouvée par écrit. Toutefois, la remise
volontaire du titre par le créancier au débiteur fait présumer de la libération
du débiteur. Lorsque le créancier remet volontairement au débiteur le titre
constatant l’obligation, la loi attache une présomption de libération à cette
circonstance. Cette présomption peut être irréfragable ou simple.

Lorsque la dette résulte d’un acte sous seing privé, le titre à considérer est
l’exemplaire original conservé par le créancier et qui est sa seule preuve.
Dans cette hypothèse, la présomption de libération est irréfragable.

Si en revanche, la dette résulte d’un acte notarié, c'est-à-dire la grosse qui est
une copie de l’acte revêtu de la formule exécutoire, la présomption de
libération du débiteur sera simple, c'est-à-dire susceptible de la preuve
contraire. En effet, le créancier peut toujours se procurer une nouvelle
expédition de l’acte parce que l’original demeure au rang des minutes du
notaire.

2) L’extinction de la dette

La remise de la dette entraîne extinction totale ou partielle de la dette. En cas


de pluralité de débiteurs, il y a lieu de rechercher si la remise de dette profite
à un seul ou à tous.

• En cas de remise de dette tacite, l’extinction de la dette vaut à l’égard


de tous les codébiteurs solidaires. Cet effet orga omnes s’explique par le fait
que le créancier en remettant son titre, se prive de tous recours vis-à-vis des
autres.

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Droit des Obligations 2

• En cas de remise de dette expresse c'est-à-dire par convention, l’effet


libératoire s’étend à tous les codébiteurs à moins que le créancier n’ait voulu
réserver ses droits contre les autres codébiteurs. Ainsi la remise de dette
intervenue au profit de l’un des codébiteurs, pourra être invoquée par les
autres pour réduire le montant de la dette commune.

• En cas de cautionnement, si la remise de dette a été faite au débiteur


principal, elle libère la caution. Si la remise de dette a été faite à la caution,
elle ne libère pas le débiteur principal. Le créancier a renoncé à sa garantie
constituée par la caution, mais il n’a pas renoncé à sa créance contre le
débiteur.

§2- la prescription extinctive ou libératoire


Il peut avoir impossibilité matérielle d’exécuter l’obligation en raison de
l’inaction prolongée du créancier : c’est le problème de la prescription
extinctive ou libératoire.

La prescription consolide des situations de fait. Elle éteint les droits qu’on
néglige d’exercer pendant un certain temps. Il existe plusieurs sortes de
prescription extinctive. Cette variété de prescription se manifeste dans le
régime juridique applicable.

A- Les délais de prescription extinctive

Les délais de prescription 8 ont pour fonction d’éteindre des droits qui n’ont
pas été exercés avant leur expiration. On a la prescription de droit commun
et les courtes prescriptions.

8
Les délais de prescription se distinguent des délais préfix (délai de forclusion). Le délai préfix est celui
qui est accordé pour l’accomplissement d’un acte ou l’exercice d’une action en justice, sanctionné par la
déchéance du droit d’accomplir cet acte ou d’exercer cette action. Les délais préfix sont impératifs, les
parties ne peuvent jamais y renoncer et le juge doit les appliquer d’office. Le délai préfix n’est pas
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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

1- La prescription de droit commun

Selon l’art.2262, toutes les actions réelles et personnelles sont prescrites par
30 ans. Le délai de 30 ans s’applique faute de dispositions spéciales
contraires. La loi souhaite que toute créance s’éteigne en raison de la
négligence du créancier à la réclamer. Il s’agit également de préserver en
matière d’affaires une politique de clarté et de sécurité.

2- Les courtes prescriptions


a) La prescription décennale

L’art.1304 prévoit une prescription de 10 ans pour les actions en nullité sauf
limitation légale à un moindre délai. Ex : en matière de minorité, l’action en
nullité est de 5 ans.

b) La prescription quinquennale

Selon l’art.2277, se prescrivent par 5 ans, toutes les dettes qui sont payables
par année ou à des termes périodiques plus courts. La jurisprudence applique
la prescription quinquennale aux obligations qui revêtent le double caractère
de périodicité et de fixité dans leur montant. Ex : Les pensions alimentaires,
loyers de maisons, salaires.

c) Les courtes prescriptions présomptives

Certaines courtes prescriptions sont fondées sur les considérations d’ordre


public. Ex : l’assureur a deux ans pour réclamer le paiement des primes.

Les autres prescriptions ont un fondement particulier à savoir la présomption


de paiement. Il s’agit de créances non constatées par écrit et qui font
habituellement l’objet d’un règlement rapide. Aussi, l’inaction prolongée du

susceptible d’interruption ou de suspension. Pour la jurisprudence, le délai de droit


commun est un délai de prescription
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Droit des Obligations 2

créancier fait-elle présumer du paiement. Le délai varie de 6 mois à 2 ans


(art.2271 à 2273 C. Civil) :

•Les créances des maîtres, des instituteurs, des hôteliers, des ouvriers se
prescrivent par 6 mois ;

•Les créances des domestiques, des huissiers etc. se prescrivent par un an ;

•Les créances des médecins, pharmaciens, avocats, marchands se prescrivent


par 2 ans

La présomption de paiement peut être détruite soit par l’aveu du débiteur qui
reconnaît le droit du créancier, soit par le serment c'est-à-dire l’affirmation
solennelle par une partie du bien-fondé de sa prétention. Ainsi, si le débiteur
invoque la prescription pour ne pas s’exécuter, le créancier peut lui demander
de jurer qu’il a effectivement payé. Si le débiteur refuse de prêter serment, il
avoue implicitement sa dette et sera condamné

B- Le régime de la prescription extinctive

1- La computation des délais

La prescription commence à courir à partir du jour où le créancier aurait pu


agir. Il faut que l’obligation soit exigible. Si la dette est à terme, le délai court
à compter de l’échéance. Si la dette est conditionnelle, le délai court à
compter de la réalisation de la condition.

En cas de fournitures fractionnées comme c’est le cas du médecin qui


effectue plusieurs visites à un malade, la prescription court à compter de la
fin du traitement pour l’ensemble des visites et des soins donnés.

Selon les articles 2260 et 2261 du code civil, la prescription se compte par
jours, et non par heures. Elle est acquise lorsque le dernier jour du terme est

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

accompli. Cela signifie que les fractions de journée ne comptent pas. Le jour
où la prescription a commencé à courir (dies a quo) n’est donc pas compris
dans le délai à moins que le délai n’ait commencé à courir à 0h. Inversement,
le dernier jour du délai (dies ad quem) est compris dans celui-ci. Ceci étant,
on ne doit pas tenir compte du nombre de jours variables selon les mois ou
les années : le délai expire le jour portant le même quantième que le dies a
quo (non compris dans le délai).

Ex : soit un délai de prescription de 2 ans relatif à un droit né et susceptible


d’être exercé le 31 décembre 2017 à 15h00. Le dies a quo n’est pas compris
dans le délai, de sorte que celui-ci commence à courir le 1er janvier 2018 à
0h. Le dies ad quem correspond au jour portant le même quantième que le
dies a quo. Donc en l’espèce, le délai s’achèvera le 31 décembre 2019 à
minuit.

2- L’interruption des délais de prescription

Les causes d’interruption de la prescription peuvent être un acte de poursuite


du créancier qui manifeste son intention de se faire payer. Il peut s’agir d’une
citation en justice, d’une assignation en justice, d’un commandement de
payer ou une reconnaissance de la dette par le débiteur. L’effet de
l’interruption est de rendre inutile le délai déjà couru de telle sorte qu’après
l’interruption c’est un nouveau délai qui va courir. Ex : Le créancier assigne
en justice son débiteur, 5 ans après l’échéance de la dette contre laquelle
courait une prescription de 30 ans. A partir de l’interruption, c’est un
nouveau délai de 30 ans qui va s’écouler.

Pour les courtes prescriptions fondées sur une présomption de paiement,


l’interruption va opérer une interversion de prescription, c'est-à-dire que le

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Droit des Obligations 2

nouveau délai qui va courir à partir de l’interruption sera un délai de droit


commun (30 ans).

Toutefois, lorsqu’il s’agit de courtes prescriptions fondées sur des


considérations d’ordre public, la jurisprudence décide que l’interruption ne
produit pas interversion.

Ex : si un an après l’échéance de la prime, l’assureur n’a pas agit et que


l’assuré reconnaît sa dette, l’assureur bénéfice d’un nouveau délai de deux
ans pour agir à compter de la reconnaissance.

3- La suspension des délais

Les délais peuvent se trouver allongés à cause de la suspension. La


suspension ou arrêt du délai joue au profit de ceux qui ne peuvent pas agir et
durant le temps où ils ne peuvent pas agir. Ex : la prescription ne court pas
entre époux, ni à l’encontre des mineurs ni des majeurs incapables.

Le bénéfice du temps écoulé avant la suspension reste acquis au débiteur,


mais la prescription ne reprend son cours qu’une fois que la cause de
suspension aura disparue. Ex : dans le cas du mineur, il dispose de 5 ans
après sa minorité pour agir en nullité.
Les causes de suspension intéressent toutes les prescriptions sauf en principe
les prescriptions quinquennales, les courtes prescriptions. Selon la
jurisprudence, la prescription ne court pas contre celui qui a été empêché
d’agir. Les juges retardent la prescription lorsque le créancier ne peut pas
agir pour des raisons de force majeure.

4- Les effets de la prescription

Pour que la prescription produise ses effets, il faut qu’elle soit demandée, ce
qui suppose 2 conditions :
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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

•Le débiteur doit invoquer la prescription par voie d’exception quand il est
poursuivi en paiement. Cela signifie que le juge ne peut pas soulever d’office
la prescription ;

•Le débiteur ne doit pas avoir renoncé à la prescription. La renonciation est


valable pour une prescription déjà accomplie, mais le débiteur ne peut pas
renoncer valablement par avance à une prescription (article 2220 du code
civil).

En règle générale la prescription a un effet essentiellement extinctif. Cet effet


porte sur le droit et l’action en justice qui sanctionne ce droit. Cependant le
paiement d’une dette prescrite ne constitue pas un paiement de l’indu, mais
l’exécution d’une obligation naturelle. La prescription qui éteint le droit du
créancier libère le débiteur, elle profite donc à ce dernier.

Cependant dans certaines hypothèses, la prescription va éteindre le droit du


créancier sans libérer le débiteur qui devra désormais s’exécuter entre les
mains de l’État. Ex : les dépôts en argent atteint par la prescription
trentenaire.

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Droit des Obligations 2

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

A côté du mode normal d’extinction de l’obligation qu’est le paiement, l’article 1234 du code prévoit
des modes exceptionnels d’extinction de l’obligation. Ils sont de deux ordres, avec d’une part ceux qui
éteignent l’obligation avec satisfaction du créancier, et d’autre part, ceux qui conduisent à une
extinction sans la satisfaction du créancier.
S’agissant de l’extinction de l’obligation avec satisfaction du créancier, nous observons deux
mécanismes, en l’occurrence, la compensation et la confusion. Il y a compensation selon l’article 1289
du code civil lorsque deux personnes se trouvent débitrices envers l’autre. Il s’opère une compensation
qui éteint les deux dettes. Elle peut être légale, conventionnelle ou judiciaire. Il existe des conditions
pour qu’un tel mécanisme soit valable. En effet, pour que la compensation s’opère valablement il faut
en prime qu’il existe 2 obligations entre deux personnes, ensuite les 2 obligations doivent avoir l’une
et l’autre des choses fongibles de la même espèce. Outre les deux conditions énumérées, il faut encore
que les 2 obligations soient certaines, liquides et exigibles, et qu’elles portent sur des objets
saisissables. Il s’opère alors de plein droit une compensation. Cependant, même lorsque les conditions
sont réunies, il y a des cas où la compensation ne jouera pas (cas de faillite, en cas de saisie-arrêt et le
cas du paiement de la dette d’impôt à l’Etat). L’effet de la compensation est d’éteindre les deux
obligations jusqu’à concurrence de la plus faible. Mais l’effet extinctif peut disparaitre lorsque les
parties font des actes incompatibles avec la compensation (paiement de la dette en connaissance de
cause etc).
La confusion quant à elle, est la situation d’une personne qui réunit sur sa tête les qualités de créancier
et débiteur en vertu d’une même obligation. Et selon l’article 1301, la confusion éteint l’obligation.
Relativement au mode d’extinction de l’obligation sans satisfaction du créancier, il y a la remise de
dette et la prescription.
La remise de dette est un acte par lequel une personne renonce unilatéralement à un droit qui lui
appartient. La remise de dette implique l’accord du bénéficiaire, de ce fait il s’agit d’un contrat. Pour
être valable, la remise de dette doit être à titre gratuit, et elle ne requiert pas un formalisme particulier
car elle peut être tacite, sous seing privé. La remise de dette a pour effet de libérer le débiteur et
d’éteindre l’obligation. La preuve de la remise de dette doit se faire par écrit. Mais elle peut résulter
d’une présomption (simple ou irréfragable).
La prescription est un mode d’extinction de la dette par l’écoulement d’un certain délai. Elle résulte de
l’inaction prolongée du créancier, et vient consolider une situation de fait. La prescription extinctive
est soumise à des délais. Selon l’article 2262, toutes les actions réelles et personnelles se prescrivent
dans un délai de 30 ans, sauf dispositions spéciales contraires. Toutefois le délai de prescription peut
être plus court. C’est le cas des actions en nullité où le délai de prescription selon l’article 1304 est de
10 ans sauf limitation légale à un moindre délai (en matière de minorité, l’action en nullité est de 5
ans). Il y a également des actions soumises à une prescription quinquennale (art 2277), et des courtes
prescriptions présomptives. La prescription commence à courir à partir du jour où le créancier aurait
pu agir. Il faut que l’obligation soit exigible. Si la dette est conditionnelle, alors le délai commence à
courir à partir de la réalisation de la condition. Mais les délais peuvent être interrompus en raison d’un
acte de poursuite du créancier qui voudrait obtenir paiement, tel qu’une action en justice, un
commandement de payer etc. L’interruption des délais rend inutile le délai déjà écoulé car il remet les
pendules à zéro. Un nouveau délai va alors se mettre à courir. La suspension met une pause au délai
déjà écoulé, mais reprend son cours une fois la cause de suspension disparue. L’effet de la prescription
est d’éteindre l’obligation et pour être valable, le débiteur doit l’invoquer par voie d’exception quand
il est poursuivi et il ne doit pas y avoir renoncé.

77

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR LE


CHAPITRE

1- Capitant, Terre et Lequette, les grands arrêts de la jurisprudence


civile, tome1, 11ème édition, Dalloz
2- Terre et Simler, Droit civil les biens, précis, collection droit
privé, édition Dalloz, 6ème édition, 2002.
3- MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1er
volume, édition Montchrestien
4- MAZEAUD, Leçons de droit civil, tome 2, Les biens, droit de
la propriété et ses démembrements, 8 édition 1994
5- MARTY GABRIEL, JESTAZ PHILLIPE ET RAYNAUD
PIERRE, droit des obligations : le régime, 2e édition, tome 2.
6- PIROVANO A., La fonction sociale des droits : Réflexions sur
le destin des théories de Josserand. 1972 Chr. 67

78

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Droit des Obligations 2

EXERCICES D’ASSIMILATION

I- CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1- Donnez les conditions et les obstacles de la compensation légale.
2- Pourquoi dit-on que la compensation est une véritable sûreté pour le
créancier ?
3- Comment se fait la preuve de la remise de dette ?
4- Qu’est-ce que la confusion et quels sont les effets ?

II- EXERCICE PRATIQUE

La banque LAMAF a cédé à la banque LMAI la créance de 10 millions qu’elle


avait contre l’entreprise AS-NGK spécialisée dans la vente d’appareils
électroménagers. Le directeur de l’entreprise AS-NGK, a devant notaire, accepté
sans réserve ladite cession. Mais à la date d’échéance, AS-NGK oppose à la
banque LAMAI la compensation de la somme de 5 millions que la banque
LAMAF lui devait au titre d’un contrat de livraison s’appareils électroménagers.
Ce moyen de défense a-t-il des chances de prospérer ?

79

Page 223 of 310


Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

BIBLIOGRAPHIE

- ASSI ESSO Anne Marie, Droit civil les obligations,


éditions IUBA, Abidjan, 2012.

- BENABENT A., Les obligations, 13ème édition, Montchrétien, 2012.

- BONY Serges, Droit civil, droit des obligations, les éditions ABC,
2017.

- CABRILLAC Rémy, Droit des obligations, cours, Dalloz,


12ème édition, 2016.

- LE TOURNEAU (Ph.), CADIET (L.), Droit de la responsabilité et


des contrats, Paris, Dalloz-Sirey, 2013.

- TERRE François, LEQUETTE Yves, Simler Philipe,


Droit civil, les obligations, précis Dalloz, Paris, 11 ème
édition, 2013

- VINEY (G.), La responsabilité : conditions, Paris, LGDJ, 1982,


n°534, p.640.

80

Page 224 of 310


Droit des Obligations 2

Table des matières


INTRODUCTION .................................................................................................................... 4
PREMIÈRE PARTIE : LES MODALITÉS DE L’OBLIGATION ............................................. 6
Chapitre I- Les MODALITÉS structurelles........................................................................... 6
Section 1 : La pluralité d’objets ......................................................................................... 6
Section 2 : La pluralité de sujets ................................................................................................ 9
Chapitre II- Les modalités temporelles .............................................................................. 26
Section 1- L’obligation sous condition ............................................................................. 26
Section 2- L’obligation à terme ...................................................................................... 31
DEUXIÈME PARTIE : Le droit à l’exécution du créancier ....................................................... 0
Chapitre 1 : la manifestation du droit a l’exécution du créancier: le droit de gage general ..... 0
Section 1- La mise en œuvre du droit de gage général ....................................................... 1
§ 1 : L’exécution forcée directe ou en nature : ....................................................................... 1
§2 : L’exécution forcée indirecte : l’astreinte : ....................................................................... 2
§ 3 : L’exécution par équivalent : les dommages et intérêts : .................................................. 3
§2 : Les limites du droit de gage général ................................................................................ 5
Chapitre 2 : les actions protectrices du droit à l’exécution du créancier ............................ 10
1- Les conditions de L’action oblique ............................................................................. 10
a- Condition relative au débiteur ................................................................................. 10
b- Condition relative au créancier ................................................................................ 11
c- Conditions relatives aux droits et actions à exercer .................................................. 11
2- Les effets de l’action oblique ...................................................................................... 12
1- Les hypothèses d’actions directes ............................................................................... 14
2- Les effets de l’action directe ....................................................................................... 14
1) Les conditions tenant au créancier et à sa créance ....................................................... 15
2) La condition tenant au débiteur : la fraude .................................................................. 17
3) La condition tenant au tiers acquéreur : la fraude ........................................................ 17
Troisième partie : Les opérations sur obligations ................................................................. 23
Chapitre 1 : Le transfert de l’obligation ........................................................................... 23
§1 : LA CESSION DE CRÉANCE ......................................................................................... 23
a) Les mesures de publicité ........................................................................................... 25
b) La portée de la publicité ........................................................................................... 26
81

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

2- LA GARANTIE DUE PAR LE CRÉANCIER CÉDANT ........................................... 28


a) La subrogation consentie par le créancier .................................................................. 30
b) La subrogation consentie par le débiteur ................................................................... 31
Chapitre 2: La création d’obligations nouvelles ............................................................... 41
1- La novation subjective ................................................................................................ 42
a- La novation par changement de créancier.................................................................. 42
b- La novation par changement de débiteur. .................................................................. 42
2- La novation objective .................................................................................................. 43
C- L’intention de nover ou l’animus novandi .................................................................... 43
§ 2 : Les effets de la novation .............................................................................................. 44
1- L’extinction des garanties............................................................................................. 44
2- L’inopposabilité des exceptions .................................................................................... 45
§ 1 : notion et fonctions de la délégation .............................................................................. 45
A- notion de délégation ..................................................................................................... 45
A- Les effets communs à la délégation parfaite et imparfaite : L’inopposabilité des
exceptions ........................................................................................................................... 47
1- Les effets de la délégation parfaite ............................................................................. 47
2- Les effets de la délégation imparfaite .......................................................................... 48
4ème PARTIE: L’EXTINCTION DE L’OBLIGATION ........................................................ 52
Chapitre I- LE MODE NORMAL D’EXTINCTION DES OBLIGATIONS : LE PAIEMENT
........................................................................................................................................... 52
Section I: L’effectivité du paiement ................................................................................. 52
1) Le solvens : .............................................................................................................. 52
2) L’accipiens............................................................................................................... 53
a) L’identité entre l’objet du paiement et l’objet de l’obligation .................................... 54
b) L’indivisibilité du paiement ...................................................................................... 55
c) Les problèmes posés par les paiements en monnaies ................................................. 56
a) L’époque du paiement : .......................................................................................... 57
b) Le lieu du paiement : .............................................................................................. 58
c) Les frais de paiement .............................................................................................. 58
Section II- les incidents de paiement ................................................................................ 60
Chapitre II- LEs MODEs exceptionnels D’EXTINCTION DES OBLIGATIONS ................ 65
Section I: L’extinction avec satisfaction du créancier ...................................................... 65
Section II: L’extinction sans satisfaction du créancier ...................................................... 68
2) Les conditions de forme.............................................................................................. 69
82

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Droit des Obligations 2

a) La prescription décennale ......................................................................................... 72


b) La prescription quinquennale.................................................................................... 72
c) Les courtes prescriptions présomptives ..................................................................... 72
2- L’interruption des délais de prescription ..................................................................... 74
3- La suspension des délais ............................................................................................. 75
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................ 80

83

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Les manuels de l’IUA- Licence 3 droit privé / Semestre 5

Droit des Obligations


2
Dr. Samy

84

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Institut Universitaire d'Abidjan

English for law


Amelie KOUADJO

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English for law

English for law

Amelie KOUADJO

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

PREFACE

The law is an integral part of our lives. We are born, live, and die under the
law. Marriage, the care of children, education, how we earn our daily bread,
our relations with others, our conduct, what becomes of our property when
we die—all are governed by the law.

Business and commercial enterprise takes place within a legal context and,
in the final analysis, is governed and regulated by law. One of the problems
facing the person studying business activity, and the one that is specifically
addressed in this book, is the fact that business enterprise takes place within
a general and wide-ranging legal environment, but the student is required to
have more than a passing knowledge of the legal rules and procedures which
impact on business activity. The difficulty lies in acquiring an adequate
knowledge of the many areas that govern such business activity.

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English for law

FORWARD

This book includes practical materials of Business English initially designed


for students of the Institut Universitaire d’Abidjan.

Business English will help students to activate and extend their knowledge
of English and gain the necessary confidence and skills to use it . There are
opportunities for individual, pair and group work and private study at home.
This book includes a wide range of activities and approaches designed to
appeal to different personal learning styles.

The course consists of 4 units, each containing the same component sections
which cover various types of activities.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

1. Preface
2. Foreword
3. Unit 1: CONSTITUTIONAL LAW…………………………….… 1
4. Unit 2: COURT ADVOCACY……………………….…………….21
5. Unit 3: LEGISLATION………………………………………………32
6. Unit 4: APPLYING FOR A LEGAL POSITION………………… 37

There are a wide range of exercises to master your writing skills. This book
uses a variety of learning strategies to introduce new words, to provide
opportunities to use words you know already, and to encourage you to use
words generatively. There is a detailed unit vocabulary at the end of this
book.

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English for law

UNIT 1: CONSTITUTIONAL LAW

Objectives:

 Be able to define the basic terms of Constitutional and Administrative


law;
 Be able to use correctly the topical vocabulary while speaking and
writing;
 Be able to discuss, analyse, comprehend and summarize the fundamental
ideas of the topic;
 Develop grammar skills on the use of English Tenses.

I. INTRODUCTION
The term Constitution applies to the system of Law and government by
which the affairs of a modern state are administered. Constitution is the
document that embodies the steps that determine how we do things in the
society; it is essentially the embodiment of the fundamental rules, principle
and institutions which constitute the political affairs of the state.

Since the advent of constitutional democracy in Cote d’Ivoire, Constitutional


Law has assumed a new and somewhat awesome status. Its importance
becomes even more pronounced in the wake of the Supreme Court
pronouncements on major constitutional questions concerning the limits of
parliamentary power, the tenure of local government, legality of capital
punishment, resource control, legality of impeachment proceeding and
tenure of office of elected officials of the state. Constitution means the
ultimate source of origin upon which the whole body of governmental
apparatus or system derives its validity, its origin and strength.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

II- WHAT IS CONSTITUTION?


A constitution means a document having a special legal sanctity which sets
out the framework and the principal functions of the organs of government
within the state, and declares the principles by which those organs must
operate. In countries in which the constitution has overriding legal force,
there is often a constitutional court which applies and interprets the text of
the constitution in disputed cases. Such a court is the Supreme Court in
Nigeria, the Supreme Court in USA or the Federal Constitutional Court in
South Africa. However, United Kingdom or Great Britain has no
constitution. There is no single document from which is derived the
authority of the main organs of government such as the Crown, the cabinet,
parliament and the courts of law. No single document lays down the
relationship of the primary organs of government one with another or with
the people.

III- SCOPE OF CONSTITUTIONAL LAW

According to one very wide definition, constitutional law is that part of the
Law which relates to the system of government of the country or it can also
be defined as meaning those laws which regulate the structure of the
principal organs of government and their relationship to each other and to
the citizen, and determine their main function.

Constitutional law pervades all areas of law in that there is hardly any
department of law which does not, at one time or another become of
constitutional importance. In industrial law, the freedom of association for
industrial purpose and the law of picketing are of constitutional importance.
In the sphere of public order and criminal law, the citizen looks to the court

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English for law

for protection. The constitutional lawyer has always had a particular interest
in the means which the law provides for safeguarding individual liberty.

IV- TRADITIONAL CONSTITUTIONAL CONCEPT


Constitutional concepts are those ideas which influence the nature or form
of constitution. A basic idea, which seems to encompass these concepts and
has permeated constitutional making in modern world is that of
“Constitutionalism” or “limited government” i.e. the idea of including in the
constitution certain rules and regulations geared towards preventing abuse or
the exercise of arbitrary power-by government. This idea was first given
birth to during the developmental years of natural law, sovereign powers by
divine laws.

V- CONSTITUTIONAL LAW AND ADMINISTRATIVE LAW


The line demarcating constitutional and administrative law is very thin and
this thin line cannot be precisely demarcated.
Administrative law may be defined as the law which determines the
organization, powers and duties of authorities. Like constitutional law, it
deals with the exercise and control of governmental power. An artificial
distinction may be made by suggesting that constitutional law is mainly
concerned with the structure of the primary organs of government, whereas
administrative law is concerned with the work of official agencies in
providing services and in regulating the activities of citizens. Administrative
law is directly affected by constitutional structure of government.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

VI- WHAT IS THE DIFFERENCE BETWEEN CONSTITUTION


AND LAW?
The constitution is the supreme law of a country and it does three functions:

i. It creates a government or the structure of a government;


ii. It provides the powers to a government created, so that the government
created can make laws; can implement the laws that were created; and
can resolve conflicts in the interpretation of the law when conflict
arises;
iii. It limits these powers provided to the government.

The law, on the other hand, is a set statutes, acts, decrees, and orders
regulating the actions and activities of the citizens, and persons within the
country’s territory.

VII- WHAT IS THE DIFFERENCE BETWEEN CONSTITUTION


AND CONSTITUTIONAL LAW?
‘’ A Constitution’’ or ‘’ the Constitution ‘‘is the actual document setting out
the structure and status of the nation, plus the kind of rights and obligations
afforded to the citizens and non-citizens.

The Constitution of a nation is the ultimate source of law – all other laws of
that country must come from or comply with that document.

On the other hand, ‘’Constitutional Law ’’ is the study of the body of laws
and legal issues relating to the operation of the national Constitution (i.e the
document above)

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English for law

CHAPTER SUMMARY

1. A constitution means a document having a special legal sanctity which


sets out the framework and the principal functions of the organs of
government, and declares the principles by which those organs must
operate.
2. Constitutional law is that part of the Law that regulate the structure of
the principal organs of government, their relationship to each other and
to the citizen, and determine their main function.
3. Administrative law may be defined as the law which determines the
organization, powers and duties of authorities. It is concerned with the
work of official agencies in providing services and in regulating the
activities of citizens.

COMPREHENSION ASSIGNMENT

A) Explain the term Constitution?


B) What is Constitutional Law?
C) What is the relationship between Constitutional Law and Administrative
Law?
D) What is the scope of Constitutional Law?

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

VIII- EXERCISE

READING TEXT

We may begin by asking the question: «What is constitutional law and what
part does it play in our constitution? » One motive for seeking a definition
of constitutional law is simply to settle conventional questions of usage
within the legal system for purposes of exposition: to mark, for example, the
boundaries of constitutional law and administrative law, or public law and
private law. Another point of asking this question is to establish the existence
of clear distinction between rules of strict law and rules established by
political practice or constitutional convention. So, constitutional law is the
law which establishes, empowers and regulates institutions of government.
Simple as it may seem, there is a complication because constitution has three
meanings. First, it means all the laws regulating government. From this first
meaning comes a second meaning where constitution refers to a system of
government. Finally, constitution is used in a narrow sense to mean a
document or statute, called «Constitution» containing basic constitutional
rules. The concept of constitution was first outlined in Aristotle’s
classification of governments identified with constitution. He believed that
the best form of constitution is the combination of monarchy, aristocracy and
democracy so that citizens could realize their rights and carry out the duties
for the benefit of the whole society.

The modern ideological roots of the idea of constitutional law are connected
with the names of Thomas Hobbes, John Locke and other scholars who
claimed the concept of concentration of powers and separation of powers and
developed the notion of social contract. According to the above-mentioned
notion, people in society willingly give up absolute freedom for sake of
10

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English for law

security and prevention of rule of «the law of the jungle» (the principle that
only the strongest will survive). The works of these philosophers influenced
upon the authors of the US Constitution and the French Declaration of the
Rights of Man and the Citizen. As the constitution is the framework for
government then constitutional law is the study of foundational laws of
nation states. Constitutions may limit or define the authority and procedure
of political bodies to provide for enforcement of new laws and regulations.

Constitutional law is the body of law governing the implementation and


interpretation of the constitution. It defines the range and application of the
terms of the Constitution and covers fundamental aspects of the application
of government authority in the nation states.

It is a field of law that is both complex and broad.

Some constitutional lawyers maintain that the Constitution purposely


remains vague and subject to interpretation so that it may be adopted to the
circumstances of a changing society. Other constitutional scholars however,
maintain that the provisions of the Constitution should be strictly construed
and their provisions applied in a very literal manner. Constitution is usually
understood as the main formal document of the state but, of course, dealing
with constitutional law the constitutional lawyer must not only consider
constitutional history and political practice but also conventions of various
kinds that are closely linked with the constitution itself.

11

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

COMPREHENSION CHECK

1. Answer the questions to check your level of understanding:


a. What are the motives for seeking the definition of constitutional law?

b. What form of government was the best possible, according to Aristotle?

c. Whose works should we keep in mind speaking about development of


constitutional law?

d. Why is this field of law broad and complex?

e. What two points of view of the constitution are mentioned in the text?

f. Why does a constitutional lawyer have to take into consideration the


existing conventions and extra-legal rules?

IX- VOCABULARY STUDY

Exercise 1

Decide on the right answer choosing among the following words and
putting them in the appropriate form:

to constitute, constitution, constitutional, unconstitutional, constitutionally,


constitutionality.

1- The federation was …………….. ………………..in 1949.

2- The UK is a……………………………………. monarchy.

3- The right to speak freely is written in the ……………………………….of


the USA.

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English for law

4- A decision on the proposal’s ………………still has to be made………..


oppressions were the reason for the international conflict.

5- He was …………………..… incapable of dealing with this matter.

Exercise 2

The Ivorian Constitution.

Choose from the list below to fill in the gaps in the text.

(1) ordinance ; (2) constitution ; (3) agreements ; (4) system; (5) disposition ;
(6) military ; (7) abrogation ; (8) rules ; (9) republic ; (10) referendum ; (11)
reforms ; (12) turmoil, (13) legality ; (14) equilibrium, (15) council.
*

Text 2: The Ivorian legal…………..…………inherited from the french


colonial system and was in use through successor instruments from which the
french law was naturalized. These instruments are Constitution and the
cooperation …………..…………Before getting to the current Constitution it is
necessary to know that Côte d’Ivoire had two- process of constitution
establishment.

The first step is related to the first constitution of March 28, 1958. This
…………..……did not predict, as the constitutions of other African countries,
the application clause of the french juristic order. But this silence was filled by
the ordinance n° 59-913 of October 6, 1956, which contained the clause
foreseeing the renewal of colonial juristic order. This …………..……fixed the
conditions of application of Article 76 of the French constitution, and stated
that ‘’ in the member countries of the community, dispositions with legislative
or statutory values in use at the date of the choice expected at Article 76 of the
constitution remain applicable in their disposition, not contrary to the
13

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

constitution as far as their modification or their…………..……have not been


pronounced by competent authorities in virtue of constitution and the new
status of these states’’.

This was the general line, the spirit or the letter of third french ordinance, which
founded the various constitutional dispositions renewing later on laws and
…………..………of the colonial era.

After the first constitution in 1958, a new Constitution followed ton outline the
break of communitarian links with France. It was the Constitution of November
3, 1960. This Constitution, contrary to the first, indicates transitory
…………..……in Article 76, which states that ‘’the legislation currently in use
in Côte d’Ivoire remains applicable until availability of new texts, if it does not
contain anything contrary to the current Constitution’’.

Following the …………..………coup of December 24, 1999, the Constitution


of November3, 1960 which had prevailed for 40 years was suspended and
replaced by the new constitution adopted by …………..……on August 1st,
2000. This constitution set up the second …………..……and renews Article
76 of the first constitution in its article 133. ‘’The survival of this clause of
renewing of the French juristic colonial order despite the political
…………..……and resulting constitution……..…………attests that it is a
fundamental principle of internal law of African states in general and
particularly in Côte d’Ivoire.

The Constitution is the fundamental law chosen by Ivorian people. The text of
the Constitution and its literal interpretation are under the competence of a
special jurisdiction, the Constitutional Council. The role of the constitutional
…………one hand to guarantee the constitutional separation of powers while

14

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English for law

maintaining ………….between these powers, and on the other hand to


guarantee the …………..…..The devolvement and the exercise of power.

IV. GRAMMAR FOCUS :

English prepositions

In grammar, a preposition is a word which is used before a noun, a noun phrase


or a pronoun, connecting it to another word. In the sentences:

For example: "We jumped in the lake" ; "Many shops don't open on Sundays."

"in" and "on" are prepositions

Generally speaking one can classify prepositions in three groups: prepositions of


time, prepositions of place and other types of prepositions. Visit the pages below
to study each type, their explanations along with some examples:

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

1- Prepositions of place

Preposition Explanation Example


of place
 I watch TV in the living-room .
 I live in New York .
 Look at the picture in the book .
in inside  She looks at herself in the mirror.
 She is in the car.
 Look at the girl in the picture
 This is the best team in the world
 used to show an exact position or  I met her at the entrance, at the bus stop
particular place  She sat at the table , at a concert, at the
 table party, at the movies, at university, at
at
 events place where you are to do work
something typical (watch a film,
study, work)
on  attached  Look at the picture on the wall
 next to or along the side of (river)  Cambridge is on the River Cam.
 used to show that something is in  The book is on the desk
a position above something else  A smile on his face
and touching it.  The shop is on the left
 left, right  My apartment is on the first floor
 a floor in a house  I love traveling on trains /on the bus /
 used for showing some methods on a plane
of traveling  My favorite program on TV, on the
 television, radio radio
by, next to,not far away in distance The girl who is by / next to /beside the house.
beside, near
in or into the space which separates The town lies halfway between Rome
between
two places, people or objects and Florence.
behind at the back (of) I hung my coat behind the door
further; forward than someone She
or started talking to the man in front of her
in front of
something else
lower than (or covered by) The cat is under the chair.
under
something else
below lower than something else. The plane is just below the cloud
 above or higher than something  She held the umbrella over both of us.
else, sometimes so that one thing  Most of the carpets are over $100.
covers the other.  I walked over the bridge
over
 more than.  She jumped over the gate
 across from one side to the other.
 overcoming an obstacle
higher than something else, but not
directly over it
above a path above the lake

from one side to the other of


 She walked across the field/road.
across something with clear limits /
 He sailed across the Atlantic
getting to the other side

16

Page 245 of 310


English for law

from one end or side of something to the


They walked slowly through the woods.
through
other
in the direction of bed  We went to Prague last year.
to
 I go to bed at ten
towards the inside or middle of
something and about to be
into Shall we go into the garden?
contained, surrounded or enclosed
by it
in the direction of, or closer to
towards She stood up and walked towards him.
someone or something
used to show movement into or on
onto I slipped as I stepped onto the platform.
a particular place
used to show the place where What time does the flight from
from
someone or something starts: Amsterdam arrive?

2.Prepositions of time

Preposition
Explanations Example
of time
on  Days 
Many shops don't open on Sundays.
 weekend (American English) 
What did you do on the weekend?

Many shops don't open on Sundays.

What did you do on the weekend?
in  months / seasons / year 
I visited Italy in July, in spring, in
 morning / evening / afternoon 1994
period of time  In the evenings, I like to relax.
 This is the first cigarette I've had in
three years.
at  night  It gets cold at night.
 weekend (British English)  What did you do at the weekend?
 used to show an exact or a  There's a meeting at 2.30 this
particular time: afternoon / at lunch time.
from a particular time in the past England have not won the World Cup in
until a later time, or until now football since 1966
since

for used to show an amount of time. I'm just going to bed for an hour or so.
ago back in the past; back in time from The dinosaurs died out 65 million years
the present: ago.
before at or during a time earlier than She's always up before dawn
to used when saying the time, to It's twenty to six.
mean before the stated hour
past telling the time five past ten
to until a particular time, marking It's only two weeks to Christmas.
end of a period of time

17

Page 246 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

from used to show the time when The museum is open from 9.30 to 6.00
something starts Tuesday to Sunday.
till / until up to (the time that) We waited till / until half past six for you.
by not later than; at or before She had promised to be back by five
o'clock.

3.Other Prepositions

Preposition Explanation Example


from  used to show the origin of  "Where are you from?" "I'm from
something or someone Italy."
 used to show the material of  The desk is made from pine.
which something is made  Things went from bad to worse.
 used to show a change in the
state of someone or something
of  used to show possession,  a friend of mine
belonging or origin  a kilo of apples
 used after words or phrases
expressing amount, number or
particular unit
used to show the person or thing I'm reading some short stories (written)
by
that does something: by Chekhov.
 used for showing some  It'd be quicker to get there on foot / on
methods of travelling horse get on the train
on
 entering a public transport
vehicle
in entering a car / Taxi She got in the car and drove fast
 leaving a public transport
off  She got off the bus
vehicle
out of  leaving a car / Taxi  She got out of the train
 used to show measurements or
amounts  Their wages were increased by 12%.
by
 travelling (other than walking  She went by car, by bus, by train
or horse riding)
age In theory, women can still have children
at
at the age of 50.
about on the subject of; connected with What's that book about?

18

Page 247 of 310


English for law

EXERCISE 3:

Put in the missing prepositions:

1. These provisions of the Constitution are not subject …………………


amendment.

2. The main sources ……….. English constitutional laws are statutes and
judicial precedents.

3. According ………. the Constitution, the Prime Minister carries ……….


the domestic policy of the state.

4. The procedure … ……conducting elections of the President of Côte


d’Ivoire is established ………..law.

5. The Verkhovna Rada of Ukraine assembles ……. its first session no later
than ……… the thirtieth day……….. the official announcement ………..
the election results.

CONSTITUTION OF THE REPUBLIC OF COTE D’IVOIRE

Adopted on 2016

PREAMBLE

The People of Côte d’Ivoire,

Conscious of their liberty and national identity, of their responsibility before


history and humanity;

Conscious of their ethnic, cultural and religious diversity, and desirous of


building one nation unified in solidarity and prosperity;

Convinced that union and respect for diversity ensure economic progress and
social well being;
19

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Profoundly attached to constitutional legality and democratic institutions;

Proclaim their adherence to the rights and freedoms defined in the Universal
Declaration of Human Rights of 1948 and the African Charter on Human
and Peoples’ Rights of 1981;

Express their attachment to the democratic values awarded to all free people,
notably:

 The respect and protection of fundamental freedoms, both individual and


collective;
 The separation and balance of powers;
 Transparency in the conduct of public affairs;

Commit themselves to promoting regional and sub-regional integration, with


a view to achieving African unity;

Grant themselves freely and solemnly, as basic law, this Constitution


adopted by referendum.

TITLE I: FREEDOMS, RIGHTS, AND DUTIES

CHAPTER 1: Freedoms and Rights

Article 1

The state of Côte d’Ivoire shall recognise the freedoms, fundamental rights
and duties set out in this Constitution and undertake to adopt the legislative
or regulatory measures that are needed to ensure their effective application.

20

Page 249 of 310


English for law

Article 2

The individual is sacred. All human beings are born free and equal before
the law. They enjoy inalienable rights, namely the right to life, freedom, the
development of their personality and respect for their dignity. The rights of
the individual are inviolable. Public authorities have the obligation to
respect, protect and promote the individual. Any sanction leading to the
deprivation of human life is forbidden.

Article 3

Slavery, forced labour, inhuman and cruel, degrading and humiliating


treatment, physical or moral torture, physical violence and mutilation and all
forms of debasement of the individual are forbidden and shall be punished
by the law

Article 4

A person’s home shall be inviolable. Any intrusions or restrictions may only


be carried out by law.

Article 5

The family constitutes the basic unit of the society. The state shall ensure its
protection.

Article 6

The State shall ensure the protection of children, the aged and the
handicapped.

21

Page 250 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Article 7

Every individual shall have the right to develop fully his or her personality
materially, intellectually and spiritually. The State shall ensure that all
citizens have equal access to health, education, culture, information,
professional training and employment. The state shall have the duty to
safeguard and promote national values of civilisation as well as cultural
traditions that are not in conflict with the law or good moral standards.

Article 8

The state as well as regional and local authorities shall have the duty to see
to the development of the youth. They shall create conditions favourable to
the civic and moral education of the youth and ensure their protection against
exploitation and moral neglect.

Article 9

Freedom of thought and expression, notably freedom of conscience,


religious or philosophical opinion, shall be guaranteed to all, subject to
respect for the law, the rights of others, national security and public order.

Article 10

Everyone shall have the right to express and disseminate freely his or her
ideas. All propaganda aimed at or having the effect of making one social
group superior to another or encouraging racial or religious hatred, is
forbidden.

Article 11

The law shall guarantee the freedom of assembly and demonstration.

22

Page 251 of 310


English for law

Article 12

No Ivorian may be forced into exile. Any person persecuted because of his
political, religious, or philosophical convictions, or for his or her ethnic
identity may enjoy the right of asylum in the territory of the Republic of Côte
d’Ivoire, provided that he or she conforms to the laws of the Republic.

Article 13

Political parties and groups may form and exercise their activities freely,
provided they respect the laws of the Republic and the principles of national
sovereignty and democracy. They shall have equal rights and shall be subject
to the same obligations. Parties and groups created on regional,
denominational, tribal, ethnic or racial grounds are forbidden.

Article 14

Political parties and groups shall compete in the formation the will of the
people and in the expression of suffrage.

Article 15

The right of property shall be guaranteed to all. No one may be deprived of


his property, unless it is for public benefit and on condition that just and prior
compensation is made.

Article 16

The right of every citizen to engage in free enterprise shall be guaranteed


within the limits provided for by law.

23

Page 252 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Article 17

Any person shall have the right to choose freely his or her profession or
employment. Access to public or private employment shall be equal for all.
Any discrimination in the access to or exercise of employment, based on sex
or on political, religious or philosophical opinion, is prohibited.

Article 18

The right to form and join trade unions and the right to strike shall be
accorded to workers in the public and private sectors, who shall exercise
these rights within the limits determined by law.

Article 19

The right to a healthy environment shall be accorded to all.

Article 20

Every person shall have the right to free and equal access to justice.

Article 21

No one may be prosecuted, arrested, detained, held in police custody or


charged, except by virtue of a law previously promulgated concerning the
acts of which he or she is accused.

Article 22

No one may be arbitrarily detained. Any accused person shall be presumed


innocent until his or her culpability has been established following a
procedure offering him or her guarantees indispensable to his or her defence.

24

Page 253 of 310


English for law

CHAPTER 2: Duties

Article 23

Every person living in the national territory shall be required to respect the
Constitution, the laws and regulations of the Republic.

Article 24

The defence of the nation and of territorial integrity shall be the duty of every
Ivorian. It shall be ensured exclusively by the forces of defence and national
security under conditions determined by law.

Article 25

Public assets shall be inviolable. Every person shall be required to respect


and protect them.

Article 26

Every citizen, invested with a public mandate or entrusted with public


employment or with a public service mission, shall have the duty to carry it
out conscientiously, with loyalty and probity.

Article 27

Everyone shall be obliged to discharge his or her fiscal obligations, in


conformity with the law.

Article 28

It shall be the duty of the community and of every individual and legal entity
to protect the environment and promote the quality of life.

25

Page 254 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

TITLE II: THE STATE AND SOVEREIGNTY

Article 30

The Republic of Côte d’Ivoire shall be one and indivisible, secular,


democratic and social. The Republic shall ensure equality before the law to
all without distinction as to origin, race, sex or religion. It shall respect all
beliefs. Its principle shall be: “Government of the people, by the people and
for the people”.

Article 31

Sovereignty shall belong to the people. No section of the nation nor any
individual may claim the right to exercise sovereignty for themselves.…

Article 32

The people exercise their sovereignty by way of referendum and by their


elected representatives. The conditions of recourse to the referendum and of
designation of the representatives of the people are determined by this
Constitution and by an organic law. The Constitutional Council controls the
regularity of the operations of the referendum and of the election of the
representatives of the people. The organization and supervision of the
referendum and of the elections is assured by an Independent Commission
within the conditions provided by the law.

Article 33

Suffrage shall be universal, free, equal and secret. All Ivorian nationals of
both sexes, who are at least 18 years’ old and in possession of their civil and
political rights, may vote under conditions determined by law.

26

Page 255 of 310


English for law

TITLE III: THE PRESIDENT OF THE REPUBLIC AND THE


GOVERNMENT

Article 48

Whenever the Institutions of the Republic, the independence of the nation,


the integrity of its territory or the performance of its international
commitments are threatened in a serious and immediate manner, and the
normal functioning of the constitutional authorities is interrupted, the
President of the Republic shall take the exceptional measures required by
these circumstances, after an obligatory consultation with the President of
the National Assembly and the President of the Constitutional Council. He
or she shall inform the nation of this in a message. The National Assembly
shall meet by right.

TITLE III: OF PARLIAMENT

Article 58

The Parliament is composed of one sole chamber called the National


Assembly having

members carrying the title of Deputy. The Deputies are elected by universal
direct suffrage.

Article 59

The term of each legislature is five years.

The parliamentary mandate is renewable.

The powers of the National Assembly expire at the end of the second
ordinary session of the last year of its mandate. The elections to take place
27

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

twenty days at least and fifty days at most before the expiration of the powers
of the National Assembly. The law establishes the number of members of
the National Assembly, the conditions of eligibility, the regime of
ineligibilities and incompatibilities, the modalities of the ballot, the
conditions within which it is necessary to organize new elections in the case
of vacancy of seats of Deputies.

Article 60

The Constitutional Council decides on the eligibility of the candidates, [and]


the regularity and the validity of the elections of the Deputies to the National
Assembly.

Article 61

The National Assembly votes the law and authorizes tax.

TITLE VI: TREATIES AND INTERNATIONAL AGREEMENTS

Article 84

The President of the Republic shall negotiate and ratify international treaties
and agreements.

Article 85

Peace treaties, treaties and agreements concerning international


organisations, and those that modify the internal laws of the state, may only
be ratified as the result of a Law.…

28

Page 257 of 310


English for law

TITLE VII: THE CONSTITUTIONAL COUNCIL

Article 88

The Constitutional Council shall judge the constitutionality of laws. It shall


be the control organ for the functioning of the public powers.…

Article 89

The Constitutional Council is composed:

— a President;

— former Presidents of the Republic, except [on] express renunciation on


their part;

— six councillors [,] of which three are designated by the President of the
Republic and

three by the President of the National Assembly.

The Constitutional Council is renewed by halves every three years.

Article 94

The Constitutional Council controls the regularity of the operations of the


referendum and proclaims the results. The Council decides on:

— the eligibility of the candidates to the presidential and legislative


elections;

— the disputes concerning the election of the President of the Republic and
of the Deputies.

The Constitutional Council proclaims the definitive results of the


presidential elections.

29

Page 258 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Article 96

Any litigant may enter a plea of unconstitutionality of a law before any court.
The conditions for referring a matter to the Constitutional Council shall be
determined by law.

Article 97

Bills or private bills and draft edicts may be submitted to the Constitutional
Council for their opinion.

Article 98

No appeal may be lodged against the decisions of the Constitutional Council.


They shall be binding on the authorities, on every administrative,
jurisdictional and military authority, and on every individual and legal entity.

Article 99

A provision declared contrary to the Constitution may not be promulgated or


implemented.…

TITLE VIII: JUDICAL POWER

Article 101

The judicial power shall be independent of the executive power and the
legislative power.…

Article 105

The Supreme Council of the Magistrates comprehends:

— The President of the Court of Cassation, Vice President of right;


30

Page 259 of 310


English for law

— The President of the Council of State;

— The President of the Court of Accounts;

— The Procurator General before the Court of Cassation;

— Six persons from outside of the Magistrates of which three principals and
three substitutes are appointed in equal number by the President of the
Republic and the

President of the National Assembly;

— Three magistrates of the Bench of which two principals and one substitute
[,] and three magistrates of the Office of the Public Prosecutor of which two
principals and one

substitute, are designated by their peers. These magistrates cannot sit [if]
they are affected by the deliberations of the Council.

TITLE XIV: REVISION

Article 124

The revision the Constitution may be initiated conjointly by the President of


the Republic and the members of the National Assembly.

Article 125

To become law, a bill or private bill must be voted for by the National
Assembly with a majority of 2/3 of its members who are actually present.

Article 126

The revision of the Constitution shall be definitive only after having been
approved by referendum with an absolute majority of the votes cast. It shall
be obligatory to submit to referendum a bill or private bill concerning the
31

Page 260 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

election of the President of the Republic, the exercise of the presidential


mandate, the vacancy of the President of the Republic and the revision
process of the Constitution. A bill or private bill shall not be presented for
referendum in any other matters when the President of the Republic decides
to submit it to the National Assembly. In this case, the bill or private bill
shall only be adopted if voted for by a majority of 4/5 of the members of the
National Assembly who are actually present. The law instituting
constitutional revision, approved by referendum or by parliamentary vote,
shall be promulgated by the President of the Republic.

Article 127

No procedure of revision may be undertaken or pursued if it undermines the


integrity of the territory. The republican and secular form of the State may
not be the subject of a revision.

CONSTITUTIONAL TERMS

English English Example/explanation


Abolish Do away with (usually in a legal sense, one would abolish an
institution, not a building or a law)
Abrogate Bring to an end (usually a law)
Act of God n. Phrase A natural and unavoidable event that is beyond human control
Administration. In the abstract sense, the process of running a system; an
organization; a structure for running something: 'administration of
justice'; 'national and provincial state administrations'; 'experience
of administration'
Administration, public Either sense of 'administration' used in relation to running public
affairs and institutions
Advise To give or offer advice
Advocacy Providing support for a cause; the profession or work of an
advocate (lawyer)
Advocate (v.) A person speaking or advocating in favour of a cause;
(n.) a lawyer qualified to plead cases before higher courts
Amend To change (a legal document, including a constitution
Amendment Change or addition to a document or legal provisions:
'constitutional amendment'
Article The main element of a constitution (equivalent to a section in an
ordinary statute.

32

Page 261 of 310


English for law

Constituency A unit (geographical or otherwise) that elects one or more


members to the legislature or other bodies
Constituent assembly A Constituent Assembly is a body set up to make a new, or amend
the existing, constitution. Members of the Assembly are usually
elected, though some may be chosen through other methods
Constitutional A special body of persons created by the constitution for the
Council appointment of authorities; constitutional bodies
Constitution The constitution determines the fundamental political principles of
the government, rules of procedure of that government, rights and
obligations of the citizenry and also sets forth methods to ensure
accountability of governmental branches
Constitutional court A constitutional court is one that has the final say in interpreting
the constitution and also in deciding whether or not other national
laws are in harmony with the constitution or are unconstitutional
Promulgate* vt. Put a law into effect by a formal proclamation

Proportional The representation of all parties in a legislature in proportion to


representation* n. their popular vote.
Quorum n. The minimum number of members of an organization ( e.g.
Parliament) needed to conduct business

Ratification* n. Making something valid by formally approving or confirming it:


'a referendum may ratify a constitution'; 'Parliament may ratify a
treaty'
Referendum n. popular vote by the electorate to decide an issue, not to choose
people
Republic n. A political system in which the supreme power lies not with the
monarchy but with citizens
Treaty* n. An agreement between countries and international bodies, binding
in international law
Veto n. Valid power that one can exercise to block a decision (e.g. the
power that a head of state has to reject a bill passed by the
legislature)

UNIT 2: COURT ADVOCACY

Objectives:

 Be able to define the basic terms of Advocacy, Civil court ;


 Be able to use correctly the topical vocabulary while speaking and
writing;
 Be able to discuss, analyse, comprehend and summarize the fundamental
ideas of the topic;

33

Page 262 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

1. WHAT IS ADVOCACY?
Advocacy is defined as any action that speaks in favor of, recommends,
argues for a cause, supports or defends, or pleads on behalf of others.

Definition of Advocate:

(1) to support or recommend publicly; plead for or speak in favor of; (2) a
person who upholds or defends a cause; supporter; (3) a person who
intercedes on behalf of another

2. CIVIL COURT
A civil court handles legal disputes that are not crimes. These legal matters
are handled by judges, attorneys, and law firms that focus on specific areas
of non-criminal law, such as patent law or divorce litigation.

In civil cases, there is not a prosecution by the government. Rather,


the plaintiff, a person, group, business, institution, or a government body,
brings a claim of harm against the defendant, another person or group.

Among the many types of civil courts, we include personal injury, medical
malpractice, torts, bankruptcy, adoption and family court, business issues,
and many others.

3. CIVIL COURT PROCESS

A civil case begins when the plaintiff believes that the defendant has caused
some harm. The plaintiff will file an official complaint with the appropriate
civil court, which describes the incident, identifies who is responsible, and
asks the court for a specific remedy.

Notice is given, through a formal summons, to the defendant. The defendant


has the chance to respond to the complaint, with a formal answer, where he
or she explains the incident from his or her perspective.
34

Page 263 of 310


English for law

Cases move through a lengthy process of pre-trial activity. Indeed, most


cases will never go to trial but are resolved earlier. In the pre-trial process,
information is gathered through a process called discovery. During
discovery, witnesses are interviewed, evidence is collected, and statements
are taken. Each side is trying to gather the best case possible. Then, instead
of going to a formal trial, many civil cases will go before an arbiter,
or mediator. An arbiter or mediator is a court official, sometimes a judge or
magistrate, who will assist both sides in coming to a satisfactory resolution
of the dispute and assignment of blame outside of a courtroom.

When a case does go to trial, the process resembles a criminal trial. Opening
statements are made by the plaintiff, then by the defendant, each side
explaining the case from his or her perspective.

The plaintiff calls witnesses first, with the opportunity for the defence to
cross-examine and present appropriate evidence. When all of the plaintiff's
witnesses have been called, the prosecution will rest and give the defence the
opportunity to call witnesses, present evidence, and be cross-examined.
When both sides have rested their cases, closing statements are offered. The
judge will offer instructions to the jury (in jury trials) and, after deliberation,
the jury will render a verdict. In bench trials (ones without a jury), the judge
will then render a verdict. Finally, the court will compel one or both sides to
comply with the decision of the court.

3.1 A civil trial in the English courts follows this basic structure:

1 The claimant’s lawyer will make an opening speech to the court. This
speech should:

(a) state the nature of the case before the court;

35

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

(b) state the issues that will need to be decided

(c) summarise the facts that you will seek to establish during the trial.

2 The claimant’s lawyer will then call the claimant’s first witness and will
conduct an examination-in-chief.

3 The defendant’s lawyer will then have the opportunity to cross-examine


this witness.

4 The claimant’s lawyer may then conduct a re-examination of the witness


if appropriate.

5 The claimant’s lawyer will then call any further witnesses and the process
will be repeated.

6 Once all the claimant’s witnesses has been heard, the defendant’s witnesses
will be called one by one to give evidence in the same way as indicated in
steps (2)–(4) above.

7 The claimant’s lawyer will give a closing speech to the court. This speech
should summarise the argument that underpins the whole case, which you
hope will persuade the judge to decide the case in your favour. The suggested
structure for this speech is as follows:

(a) Introduction;

(b) Issues;

(c) Narrative;

(d) The argument;

(e) Confirmation and refutation;

(f) Result.

36

Page 265 of 310


English for law

8) The defendant’s lawyer will give a closing speech to the court. This will
follow a similar structure to that presented by the claimant’s lawyer, but will
present an alternative theory of the case designed to persuade the judge not
to decide in favour of the claimant.

9) The judge will pass judgment and make an order. The burden of proof in
a civil case is for the claimant to prove his or her case on the balance of
probability. This may be contrasted with the criminal law burden of proof,
which is for the prosecution to prove the case beyond reasonable doubt.

3.2 EXAMINATION-IN-CHIEF

The aim of the examination-in-chief is to get the witness to tell the court his
or her version of events.

Guidelines for the advocate

At the beginning of the examination-in-chief, you should ask the witness to


introduce himself or herself to the court by providing details of his/her name,
address, and, if relevant to the case, employment details. Then you should
refer the witness to the dispute being tried and to the point at which his or
her evidence begins. You should then take the witness through the evidence
in a logical way. It is usually best to approach the evidence in a chronological
order. Then stop. Do not repeat yourself. Generally, questions beginning
with what, where, who, when, why are open questions and are the best way
of obtaining information on examination-in-chief.

3.3 CROSS-EXAMINATION

Examination-in-chief is followed by cross-examination. The purpose of


cross-examination is to challenge the version of events given during

37

Page 266 of 310


Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

examination-in chief. There is no rule that prevents the asking of leading


questions in cross-examination.

One of the best ways of doing this is to limit your questions exclusively to
leading questions, or to questions to which the witness can reply only with
yes or no or other one-word answers.

Guidelines for the advocate

Do not conduct a cross-examination that does nothing more than allow the
witness to repeat his or her evidence given during the examination-in-chief.
Only cross-examine the witness if there is something to be gained by doing
so. Work out want you want to achieve, organise your points by subject, and
go through them. Cross-examination needs not cover all the ground covered
in the examination-in-chief – only ask a question if there is something to be
gained from the expected answer.

Be cautious about asking a question to which you do not know what the
answer is likely to be.

Cross-examination need not be conducted in an aggressive manner. In many


cases the combination of an apparently soft style with very direct questions
will produce better results than direct questions accompanied by an
aggressive style – it is the tone of voice, more than the nature of the question,
which alerts the witness to your intentions.

The following guidelines should be borne in mind when conducting a cross


examination.

38

Page 267 of 310


English for law

1) Know the probable answer before you ask the question – your aim is
to cast doubt on the examination-in-chief, not to fish for interesting
facts.
2) Listen to the witness’s answer and take their answer into account
when formulating the next question.
3) Do not argue with the witness – this will damage your own credibility.
4) Do not let the witness explain. Avoiding open-ended questions can
prevent this.
5) Keep control of the witness – asked closed or leading questions to
which you know the probable answer.
6) Do not ask one question too many. It is important not to make your
underlying argument clear to the witness – if this occurs, the witness
may see what you are getting at and clam up.

3.4 RE-EXAMINATION

Finally, the examining advocate has the opportunity to re-examine the


witness on any matters that arose during the cross-examination. The purpose
of the re-examination is to give the examining advocate an opportunity to
salvage evidence shaken in cross-examination and restore the witness’s
credibility. No new evidence may be admitted in re-examination without the
leave of the judge. The rule against leading questions applies to re-
examination as it does to examination-in-chief.

GENERAL POINTS

Your questions should be short, simple and easy to understand, for a number
of reasons:

39

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

 it is essential for your audience to understand your question to enable


them to understand the answer.
 On an examination-in-chief, the insecurities and anxieties of the
witness on whose evidence you are relying will only be increased if
s/he does not understand the question.
 On a cross-examination, a complex or argumentative question
provides an opportunity for the witness to evade the point.

N.B. Avoid asking about more than one thing per question!

Listen to the witness’s answers. In examination-in-chief, if you do not get


the necessary evidence before the court, you may not have an opportunity to
do it later. In both examination-in-chief and cross-examination, you are
entitled to answers from the witness for your questions and you should make
sure you get them.

4. MODES OF ADDRESS IN COURT


The table below sets out the names of some of the personnel who appear in
court and how these persons are traditionally addressed.

Title Mode of address in Court


High Court Judge My Lord/My Lady, Your Lordship/Your
Ladyship
Judge (except High Court) Your Honour
Magistrates (when addressing several Your Worships
collectively)
Magistrate (when addressing a single Your Worship OR Sir/Madam
magistrate)
District Judge, Master Sir/Madam
Chair of Tribunal Sir/Madam
Barrister My learned friend (when addressed by another
barrister or solicitor – when addressed by a judge the
title Mr/Ms/Miss/Mrs is likely to be used, followed
by the barrister’s surname) OR

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English for law

Counsel for the [Prosecution/Claimant/


Defendant)
Solicitor My friend (when addressed by another
solicitor or barrister – when addressed by a
judge the title Mr/Ms/Miss/Mrs is likely to be used,
followed by the solicitor’s surname
Claimant or Defendant in person If addressed directly, the Claimant or
Defendant is referred to either as Claimant or
Defendant OR by his or her title and surname
(e.g. Mr Smith, Ms Jones)

Example:

Opening

Introductions by claimant’s advocate:

Your Honour, I appear for the claimant in this matter, Mr Kokora Augustin,
and my learned friend Miss Gwladys appears for the defendant, Grainger
Ltd.

Stating nature of case:

This case concerns a claim by Mr Kokora against the defendant company in


respect of an item of equipment known as (Product X) purchased by him
from the defendant which he says contains a manufacturing defect which
renders the equipment useless for the purpose for which he wished to use it.

Stating the issues between the parties:

Your Honour, this case falls within the ambit of the Sale and Supply of
Goods Act 1994. It is not in dispute that the equipment contained a defect.
However, my client argues that the full extent of this defect was not brought
to his attention prior to completion of the purchase.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

The defendant argues that it was. The key issue to be determined by the court
is therefore a factual one – whether, for the purposes of section 1 of the Act,
the defect was effectively brought to the claimant’s attention.

Examination-in-chief

Calling witness:

I’d like to call my

Putting the witness at ease:

Mr Edmonds, what is your full name? Where do you live?

Court advocacy 203 first witness, Mr John Edmonds.

Legal English.

What do you do for a living?

Connecting witness with relevant party:

How long have you known Mr Kokora? In what

Focusing attention on the matter in dispute

What were you doing on the morning of 2 May?

What happened after Mr Kokora began discussing the equipment with


Grainger’s sales representative?

What did you hear them say about the equipment? Capacity do you know
Mr. Kokora?

Asking the witness for a particular fact

What was the name of the piece of equipment?

What was the name of the people you were with?


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English for law

What time was it when that happened?

What did he say next?

Finishing examination-in-chief

Thank you, Mr Edmonds. I have no further questions, but please stay where
you are as I expect the defendant’s counsel will have some questions for you

Cross-examination

The purpose of the cross-examination is largely to cast doubt on the


examination in- chief. The purpose of the questions below is to secure
admissions that will allow defendant’s counsel to argue that the witness did
not really understand the nature of the discussion about the equipment
mentioned above. Note that the defendant’s counsel stops short of asking one
question too many – the question left unasked is ‘You didn’t really
understand what was being said, did you?’

Mr Kokora, you mentioned earlier that you work as an accountant. Is that


right? You were accompanying Mr Kokora purely on a social basis, not for
business purposes, weren’t you?

So it’s fair to assume that you don’t have specific technical knowledge of
engineering equipment, isn’t it? You also told the court that the discussions
Mr Kokora had with Grainger’s representative appeared to be of a highly
technical nature?

COURT HEARING TRANSCRIPT

The conversation below is from a (fictional) court hearing in relation to a


property repossession case. In this particular case, the parties have reached
agreement on how the case should be settled prior to going into court.
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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Therefore, they are able to ask the judge to make an order in the terms of
what they have agreed. Alternatively, visit the Companion Website to access
an audio version of this interview along with associated exercise questions.

CLAIMANT’S LAWYER: Your Honour, this is the case of Trandex


Apartments Ltd v Arturo Creations Ltd, which concerns the repossession of
commercial property at 33A Benchley Drive. I appear for Trandex
Apartments Ltd, the landlord, and the claimant in this matter. My friend, Mr
Gardner appears for Arturo Creations, the tenant and defendant. There is also
present in court Mr Clive Arthurs, who is the managing director of Arturo
Creations. Your Honour will note from the court file, the claimant has
instituted possession proceedings against the defendant, on the grounds of
non-payment of rent, which has led to substantial arrears building up over
the last 14 months. The arrears currently stand at a little over £20,000. Your
Honour should have before him a copy of the original tenancy agreement as
well as the statement of claim.

JUDGE: Yes, I’ve seen them. Well, what is the current state of play? Are
we to have a contested hearing today or is there any prospect of settling the
case? Mr Gardner, does your client intend to defend these proceedings?

DEFENDANT’S LAWYER (rising to speak): No, Your Honour. My client


fully accepts that arrears of rent have built up and does not dispute the figures
set out in the statement of claim. The reason why the rent was not paid for a
period of time was acute cash flow problems caused by extremely difficult
business conditions – involving falling orders and intense competition – over
the past couple of years. The business situation has now improved
dramatically, largely due to radical market repositioning undertaken by my
client, and my client’s current financial situation is promising. In the

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Page 273 of 310


English for law

circumstances, I’m glad to say we have been able to settle matters on the
basis that the defendant agrees to clear the arrears of rent over a period of
one year. A sum of £5,000 will be paid today, and the balance will be paid
in ten equal monthly instalments, commencing 5 August – in other words
two months to the day from today’s date. This arrangement is acceptable to
both parties, and my client is prepared to submit to a suspended order for
possession on those terms.

JUDGE: Good. That would seem to clear the arrears within an acceptable
time period. Have you had time to produce a draft order?

DEFENDANT’S LAWYER: Yes, Your Honour. Here it is.

JUDGE (looking over order): Thank you . . . Yes, I see . . . Yes, this appears
to be in order. I see that the defendant is to pay the claimant’s costs.

CLAIMANT’S LAWYER: Yes, Your Honour.

JUDGE: You are aware of course, Ms Thomas, that pursuant to the court
rules you should have produced a schedule of your costs for the court?

CLAIMANT’S LAWYER: Yes, Your Honour. In fact, the schedule is


clipped to the back of the draft order.

JUDGE: Ah, yes, now I have it. Fine. Good. I take it that you have received
a copy of this schedule, Mr Gardner?

DEFENDANT’S LAWYER: Yes, Your Honour. We have no objection to


the costs itemized in it.

JUDGE: Good. Right, well, I’m prepared to make an order in these terms.
I’ll sign the draft and the usher no doubt will be able to run it down to the
court office to get it typed up and have sealed copies made

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Consider the questions below. In each case, decide which of the four
statements (a) to (d) given in respect of each question corresponds most
closely to the meaning of the text.

(1) Trandex Apartments Ltd is bringing court proceedings against Arturo


Creations Ltd:

a. because Arturo Creations Ltd has allowed significant arrears of rent to


build up;

b. because of non-payment of rent;

c. because the arrears of rent have now reached £20,000;

d. because arrears have built up over a period of 14 months

(2) The judge wants to know:

a. whether Arturo Creations Ltd intends to defend the proceedings;

b. whether Arturo Creations Ltd accepts the figures set out in the statement
of claim;

c. whether there is in the court file a copy of the tenancy agreement;

d. whether the case has been settled

(3) The reason the rent was not paid was: a. costs involved in market
repositioning;

b. lack of orders for the defendant’s products;

c. intense competition;

d. cash-flow problems caused by difficult business conditions.

46

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English for law

(4) A suspended order will be made, according to which:

a. The arrears will be paid off in monthly instalments over the course of one
year.

b. The arrears will be paid off in 10 instalments over a period of two months.

c. The arrears will be cleared within one year.

d. A sum of £5,000 will be paid immediately and the rest on 5 August.

(5) The judge’s point about the claimant’s costs is that:

a. The defendant’s lawyer should agree with the amount claimed as costs.

b. The court should have received a schedule of costs.

c. The schedule of costs should be attached to the draft order.

d. The defendant should have received a schedule of costs.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

CHAPTER SUMMARY

1. Advocacy is defined as any action that speaks in favor of, recommends,


argues for a cause, supports or defends, or pleads on behalf of others.
2. A civil court handles legal disputes that are not crimes
3. The plaintiff is a person, group, business, institution, or a government
body, who brings a claim of harm or a case against the defendant,
another person or group. In a court of law.
4. The defendant is an individual, business, institution or a government
body sued or accused in a court of law.
5. An arbiter or mediator is a court official, sometimes a judge or
magistrate, who will assist both sides in coming to a satisfactory
resolution of the dispute and assignment of blame outside of a
courtroom.
6. Examination in chief is one stage in the process of adducting evidence
from witnesses
7. Cross-examination is the questioning of a witness at a trial or hearing
by the opposing party who called the witness to testify.
8. Re-examination is an examination of a witness after a cross-
examination, upon matters arising out of such cross-examination
9. Differences between examination-in-chief and cross-examination

With examination in chief, the witness is allowed to tell their side of


the story. In cross-examination you do not want the witness to tell the
story. You indicate the point you wish to make and put it to the witness.

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English for law

CIVIL PROCEDURE AND CIVIL LAW GLOSSARY


Acknowledgement Of document a person returns to the court when they have received a
Service notification
Acknowledgment Of recognition by an addressee that a letter or notification has been
Receipt received
Amendment Alteration of a law or resolution.
Annulment court declaration that something is void from the very beginning
(e.g. “marriage annulment”)
Appeal the transfer of a case from a lower to a higher court for a new
hearing, request for a new hearing.
Applicant anybody filing an application
Arbitration Legal technique for out-of-court dispute resolution whereby the
parties refer the issue to a person or persons known as the
arbitrator, arbiter or arbitral tribunal, whose decision is binding
Authentic Instrument document recording a legal act or fact whose authenticity is
certified by a public authority. Certain authentic instruments are
enforceable
Award decision by a court, an arbitrator or an arbitration tribunal
Bankruptcy legal proceedings and decision whereby which a person or firm is
held unable to pay debts
Complaint The initial written pleading on the part of the plaintiff of a civil
case.
Court Cost/Fees fees for expenses which must be paid by the parties to a suit, or in
some cases, by the losing party
Cross-Examination questioning of a witness by a party other than the party who called
the witness
Damages Sum of money awarded by a court as compensation to a claimant
Default Judgment An award given to a plaintiff because the defendant fails to appear
or to be represented in his own defence
Defendant person against whom civil proceedings are initiated
Deposition The testimony of a witness through the question and answer
process, which testimony is taken under oath by a court reporter
Dissolution legal process which ends a contract of marriage or civil partnership
Force Majeure causes that are outside the control of the parties

Indemnity right to recover from a third party the whole amount someone is
liable to pay
International international jurisdiction refers to the fact that the courts of a given
Jurisdiction country will be the most appropriate to hear and determine a case
that has an international dimension
Issue to make, to publish (e.g. “issue an order”, “issue a judgment”).
Judgment decision by a court
Nullity court proceedings to void a contract of marriage
Oppose A Claim to contest a claim
Public International set of legal rules governing international relations between public
Law bodies such as States and international organisations.
Respondent person who responds to proceedings issued at Court
Review judicial re-examination of a decision, in order to correct possible
errors

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Transcript certified copy of the proceedings that occurred in a court,


especially if they were made orally

UNIT 3: LEGISLATION

1. INTRODUCTION

Legislation, the preparing and enacting of laws by local, state, or


national legislatures. In other contexts it is sometimes used to apply to
municipal ordinances and to the rules and regulations of administrative
agencies passed in the exercise of delegated legislative functions.
Legislation involves not only action by a legislative body, but also
participation by the executive.

2. DEFINITION
Legislation is a law that has been made and enacted by a legislature, such as
a parliament.

3. WHY LEGISLATION?
Legislation is an essential tool for Government to achieve its policy aims,
but it is not the only route by which policies can be pursued and the
Government’s ends achieved.

4. IMPORTANCE OF LEGISLATION
Legislation is one of the most important instruments of government in
organising society and protecting citizens. It determines amongst others the
rights and responsibilities of individuals and authorities to whom the
legislation applies.

On the other hand, a law has little or no value if there is neither discipline
nor enforcement.

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English for law

5. DELEGATED LEGISLATION
Delegated legislation refers to those laws made by persons or bodies to
whom parliament has delegated law-making authority.

5.a Types of delegated legislation

Delegated legislation is a term which covers the vast amount of Legislation


made by Government agencies under authority of Acts of Parliaments which
delegate this power to agencies.

The following terms are sometimes used:

i. Regulation:
This is the most common form of delegated legislation. Used for
legislation of general application emanating from a government
department.

ii. Rule: Legislation specifying procedural formalities, eg court


procedures such as the High Court Rules.
iii. Ordinance
Made by a federal government department to apply to a particular
territory. Also used for the legislation of some State local government
bodies.
iv. By-law
Made by a statutory corporation having effect only within the area of
responsibility of the authority. Also used for the legislation of some
State local government bodies

There is also a range of other delegated legislation which includes:


Decisions, Declarations, Determinations, Directions, Orders
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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

5.b Advantages of the use of delegated legislation

i. All types of delegated legislation save Parliamentary time and money;

ii. Parliament doesn’t have the technical knowledge or expertise in


certain areas. Delegated legislation allows the use of experts in
relevant areas to make more detailed laws and usually consult a wider
body of expert opinion.

iii. Rigidity in administration has been created by statutes, but the


administrative legislation can ne more adaptable to varying
circumstances.

iv. In order to make legislation effective, it is important to have prior


consultation regarding interests that should be affected. This is
because drafting of rules might and oftentimes doesn’t allow a
conference between vested interests and the government.

5.b Disadvantages of delegated legislation

i. Problem of Sub-Delegation: The arousal of sub-delegation may come


when the responsible body for the creation of legislation has not been
able to deal with it directly. Thus, the creation of sub-delegation will
give the job to other parties.

ii. The wording of delegated legislation: another problem when it


comes to delegated legislation is the wording that can be obscure and
technical in nature that should make it hard to understand.

52

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English for law

iii. There are around 3000 statutory instruments made every year which
makes it hard to keep a track on all legislation as it takes up a lot time.

iv. There is little publicity compared with Acts of Parliament which may
mean people are unaware of a ruling exists.

6. CONTROL OVER DELEGATED LEGISLATION

Legislatures having delegated their powers, have to bear the responsibility to


ensure that the delegate shall not over-step the legitimate domain and commit
a violation by exceeding or abusing the powers delegated.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

CHAPTER SUMMARY

1. Legislation is a law that has been made and enacted by a


legislature, such as a parliament.

2. Delegated legislation refers to those laws made by


persons or bodies to whom parliament has delegated law-
making authority

3. Control over delegated legislation refers to Legislatures


having delegated their powers, have to bear the
responsibility to ensure that the delegate shall not over-
step the legitimate domain and commit a violation by
exceeding or abusing the powers delegated.

LEGISLATION GLOSSARY

Adjournment sine die: Final termination of a regular or special legislative session


Approval or acceptance; usually applied to amendments,
Adoption
committee reports or resolutions.
African Charter on Human and People's Rights is also known
as the “Banjul charter”. It is an international human rights
African Charter on Human
instrument that is intended to promote and protect human rights
and People's Rights
on the African continent. The charter came into effect on
October 21st 1986.

African Charter on the The African Charter on the Rights and Welfare of the Child,
Rights and Welfare of the also known as the “Child Charter” and ACRWC, was adopted
Child by the Organization of African Unity (which became the
African Union in 2001) in 1990 and came into force in 1999.

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English for law

To alter, modify, rephrase, or add to or subtract from (a motion,


Amend
bill, constitution, etc.) by formal procedure.

Any alteration made (or proposed to be made) to a bill or clause


Amendment
thereof, by adding, deleting, substituting or omitting.
A general pardon for offenses, especially political offenses,
Amnesty against a government, often granted before any trial or
conviction.

The main element of a constitution. A separate clause or


Article
provision of a statue (separate clauses in the constitution).

A measure that creates new law, amends or repeals existing law,


appropriates money, prescribes fees, transfers functions from
Bill
one agency to another, provides penalties, or takes other action.

A compilation of laws and their revisions according to subject


matter (usually arranged by title, chapter and section); the
Code
official publication of the statutes.

The legislator appointed by the President of the Senate or the


Speaker of the House to preside over an individual committee;
Chair
for example, the Chair of the House Revenue Committee.

The official meeting place of the Senate or House.


Chamber
Constituent A citizen residing within the district of a legislator.
One more than half of the members of a deliberative body;
Constitutional majority
actual number may be defined in the state constitution
Convene To officially begin a meeting of a legislative body.
Debatable Open to parliamentary discussion or argument.
Discussion of a matter according to parliamentary rules.
Debate
Deliberate use of parliamentary procedure to delay.
Dilatory
A statement in a bill that indicates the act shall take immediate
Emergency clause effect.

Excused Absent with the permission of the body or the presiding officer.
A legislative committee authorized by the Legislative
Assembly to study a particular subject or subjects between
Interim committee:
sessions. Interim committees are appointed by the presiding
officers or established by a bill
Procedure to remove from office a public official accused of
Impeachment
misconduct
Person appointed to communicate between legislators and other
Legislative liaison departments

Legislator Elected member of a legislative body

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Accurate record of the proceedings of a meeting in


Minutes
chronological order.
Oath taken by members-elect of the legislature prior to being
Oath of office seated and embarking upon official duties.

Question posed by a member to the presiding officer for


Parliamentary inquiry:
clarification of the procedure or business before the house.
Literally, per day; daily expense money rendered to legislators
Per diem:
or staff
Formal request submitted by an individual or group of
Petition individuals to the legislature.

The designated officer of the senate or house acting in the


Pro tempore (pro tem):
absence of the regular presiding officer.
When a legislative body is assembled, the minimum number of
Quorum
members required to transact business
A method used to establish the presence of a majority for the
Quorum call
lawful transacting of business.
To approve and make valid.
Ratify
Literally, "without day;" usually, adjournment without a day
Sine die:
being set for reconvening; final adjournment.
A formal enactment of the legislature of a more permanent
nature. The term "statute" is used to designate written law, as
Statute
distinguished from unwritten law.

Strike out: The deletion of language from a bill or resolution.


Parliamentary procedure whereby actions can be taken that
Suspension of the rules would otherwise be out of order

Veto Action by the governor to disapprove a measure.


Veto override Vote by the legislature to pass a bill over a governor's veto.

UNIT 4: APPLYING FOR A LEGAL POSITION

HOW TO APPLY

1/ Types of application

There are basically three kinds of job applications that you can make:

 An application for a specific advertised position;


 An application to a recruitment consultant to register your details in
case a suitable position arises;
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English for law

 An unsolicited application – that is, a general application to a firm in


circumstances where no specific position has been advertised.

The kind of letter you write will depend on the kind of application you make,
but in all cases you should:

 Find out whether the application must be made on a special application


form or by sending your curriculum vitae and a covering letter. If an
application form is required, telephone or write to the firm to which
you are applying to obtain it.
 Find out the name and job title of the person to whom you should send
your application.

Many job applications are disregarded because they are not addressed to a
particular person. Many big law firms nowadays have Human Resources
(HR) departments, which deal with job applications. If it is not clear to whom
an application should be addressed, phone the HR department to find out.

 Do your research. Find out as much as possible about the firm or


organisation you are applying to before sending your application.
 In this way you can: (1) save yourself the trouble of sending out any
applications which are highly unlikely to be successful; and (2) adapt
your application to the needs of the particular firm or organisation to
which you are writing.

Remember to quote any reference numbers mentioned in the advertisement.

When applying for a legal position, always ensure that your letter and CV or
application form are free from grammatical errors and spelling mistakes.

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Lawyers are trained to pay attention to detail, and mistakes will make a very
poor impression.

a) Application for a specific advertised position


Your letter should have a beginning, middle and end. Generally, the terms
vacancy, post, position, or appointment are used instead of job in
advertisements.

In the beginning of your letter, explain what you are applying for and
mention any documents that you have enclosed. For example:

I wish to apply for the vacancy for a commercial lawyer advertised in this
month’s edition of Legal News. I enclose a copy of my curriculum vitae OR
the relevant application form duly completed.

Use the middle of the letter to state what appeals to you about the position
you are applying for, and why you think that you would be particularly well
suited to it.

You can use this part of the letter: (1) to demonstrate knowledge about the
firm or organisation to which you are writing; and (2) to give some indication
of your expertise and experience.

For example:

This position is of particular interest to me since I note that your firm is well
known for its work for IT companies. I have had over three years of
experience in IT law in my present position, and am keen to develop my
expertise in this area further.

At the end of the letter, offer to supply more information if necessary:

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English for law

I look forward to hearing from you. However, if there is any further


information you require in the meantime, please let me know.

a) Application to a recruitment consultant to register details

The main purpose of this letter is to indicate what kind of position you are
seeking and what kind of previous experience you have. However, it is
important to make a good impression on the recruitment consultant to whom
you write, since the consultant is only likely to put your name forward to
firms looking for new employees if he or she has confidence in your abilities.

When dealing with recruitment consultants it is important to remind them


periodically that you are still looking for work. Most consultants have large
databases of people who have at one time or other registered their details,
and In your initial letter, state what kind of position you are looking for, the
geographical area in which you ideal job should be located, the salary range
you are seeking, and mention any documents that you have enclosed.

For example:

I am looking for a position as an assistant commercial lawyer, mainly


specializing in company commercial matters, in a large commercially
oriented law firm. Ideally,

I would like to remain in the London area, but would be prepared to consider
relocating for an exceptional position. I am looking for a salary in the region
of £35,000–£45,000 per annum.

You should then state any particular qualities or experience you have that
will make you especially attractive to employers.

For example:

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

I have had over five years of experience in the field of company commercial
law and also have significant experience in IT law. I am fluent in German
and spent one year during my current employment working at the firm’s
branch office in Munich, where I headed the company commercial
department.

At the end of your letter, you should indicate that you will be proactive in
pursuing your job search. A suitably worded ending will communicate to the
recruitment consultant that you are a serious applicant worthy of being
strongly marketed to prospective employers.

For example:
If there is any further information you require, please let me know. I am keen
to pursue this matter vigorously, and will telephone your Ms. Smith on
Friday 12 June to discuss progress. I can be contacted at any time on my
mobile, number: 033 987 3192.

Those who have been silent for a long period of time tend to get forgotten.
Phone the recruitment consultant either shortly before or shortly after you
have sent them your details, and let them know exactly what you are looking
for and why you are a suitable candidate. After this initial conversation, if
you hear nothing for a week or so, phone again to check on progress.

b) An unsolicited application
When sending an unsolicited application, you should start by asking whether
the firm you are writing to might have a vacancy that you could fill.

For example:
I am writing to enquire whether you might have a vacancy in your company
commercial department for an assistant lawyer. I enclose a copy of my
curriculum vitae.
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English for law

If someone associated with the firm you are writing to suggested that you
write to them, mention this in your opening:

I was recommended by Clive Enright, who has a long association with your
firm, to contact you regarding a possible position in your company
commercial department.

In any event, you should then explain why you are applying to the firm –
state what it is about the firm that particularly attracts you, and why you
would be a suitable employee for the firm.

For example:

I am particularly interested by the possibility of working for your firm, since


I note that you have strong expertise in the field of intellectual property. I
have three years post-qualified experience working in the commercial
department of my present firm, and have primarily focused on patent and
industrial design rights. I am keen to further my expertise and experience in
this area.

At the end of the letter, offer to supply more information if necessary:

I look forward to hearing from you. However, if there is any further


information you require in the meantime, please let me know.

SPECIMEN APPLICATION LETTER

Here is a specimen application letter written in response to a specific


advertised position. The applicant starts off by referring to the job
advertisement. She goes on to expand on her present duties and gives other
information she believes to be relevant to the post. She explains why she is
applying for this particular vacancy and demonstrates knowledge of the firm
to which she is applying. If on her CV, she gives her current employers as
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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

referees, she could also mention that she would prefer Bowen & Stanmore
not to approach them until after an interview.

Wakely Road

Cambridge

CB12 1AP

September 20

Ms. G Tilton

Human Resources Coordinator

Bowen & Stanmore

1 Grawley Avenue

Oxford

OX1 4BE

Your Ref: GT 334/07

Dear Ms. Tilton

I wish to apply for the vacancy advertised in Legal News on 10 September


20 for an assistant commercial lawyer. I enclose a copy of my curriculum
vitae. I am currently employed as an assistant solicitor at Parton & Rice in
Cambridge and have had four years of post-qualified experience, primarily
in company commercial and IT law.

In addition to handling a substantial caseload, I am also heavily involved in


helping to coordinate my firm’s marketing strategy with regard to IT clients.

62

Page 291 of 310


English for law

I am particularly interested by the position on offer at your firm, since I am


aware that the firm has extensive expertise in this area. I speak fluent
German, and use the language daily in the course of my work. If there is any
further information you require, please contact me. I look forward to hearing
from you.

Yours sincerely

Michelle Hathaway

Enc. CV

2/ APPLICATION FORMS AND CVs

General points

When you receive an application form, always read it through carefully so


that you know exactly what information is required. It is a good idea to
photocopy it, complete the photocopy, and when you are happy with it, copy
the information onto the actual form.

Some firms or organisations prefer a curriculum vitae (CV), which is known


as a resume in American English. A CV should contain your personal and
working history. Application forms and CVs may be emailed, faxed or sent
by post. It is best to try to find out from the firm or organisation to which
you are applying which method they prefer before you send your application.

Curriculum vitae

There are a number of ways of presenting information in a CV. Traditionally,


the sequence was name, address, contact details, marital status, education,
qualifications, work experience, referees and interests. However, it is now
more common to begin with brief personal details, followed by a short

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

profile or description of yourself (sometimes also called a career summary).


After that, the most important information is recent employment history, and
skills and qualifications.

In the interests of completeness, you should account for all years since
leaving school, but if the information is irrelevant to the position you are
applying for or is some years old, you should summarise it as briefly as
possible.

These days, it is generally unnecessary to mention marital status, children,


age, health, or current salary unless specifically asked to do so, but this will
vary according to the law and customs in different countries. Here is a typical
CV for an experienced commercial lawyer.

ANNA HAMPTON

Address 33 Bromwell Street

Oxford

OX4 7TR

Telephone 01865 774582

Mobile 032 973 1429

Email anna.hampton@eelpies.com

Profile

– Five years’ qualified commercial lawyer with wide experience in company


commercial and IT law;

– Experience of supervising and coordinating a team of lawyers;

– Excellent communication and client skills;

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English for law

– Analytical, innovative, self-motivating, confident;

– Fluent in German and French;

– Computer literate.

Employment

(2002–present) Cranford & Marchand Assistant lawyer, commercial


department

Caseload comprised company commercial and IT matters. Worked on


several large merger cases under the supervision of the partner in charge of
the department. Helped build up the IT law practice and was personally
involved in supervising, coordinating and training a team of junior assistant
lawyers.

2000–2002 Bracewell & Frank Trainee

Undertook training contract, gaining experience in company commercial,


commercial property, commercial litigation and criminal litigation
departments.

Qualifications

Diploma of Legal Practice, College of Law 1999

LLB, University of Bristol 1998

EXERCISE

Write your own CV and then compose an unsolicited application to Bardwell


law firm, which your old law school friend Giles Standford, who works in
the firm’s commercial litigation department, has told you might be looking

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

for a new lawyer. The HR manager at Bardwell is Mrs Helen Leonard. A


model answer can be found in the answer key at the back of the book.

3/ TERMS YOU WILL NEED TO KNOW THAT RELATE TO AN


APPLICATION LETTER.

Cover Letter - OPENING


Dear Sir, Dear Madam, Formal, male or female recipient, name unknown
Dear Sir / Madam, Formal, recipient name and gender unknown
Dear Sirs, Formal, when addressing several unknown people or a
whole department
To whom it may concern, Formal, recipient/s name and gender completely
unknown
Dear Mr. Smith or Mrs. Smith Formal, male recipient, name known
Dear Mrs. Smith Formal, female recipient, married, name known
Dear Miss Smith, Formal, female recipient, single, name known
Dear Ms. Smith, Formal, female recipient, name known, marital status
unknown
I wish to apply for the post Standard formula for applying for a job whose
of…which you advertised advertisement you saw in a newspaper or magazine
in…on… .
I am writing in response to your Standard formula used when responding to an
advertisement posted on… advertisement posted online
I refer to your advertisement Standard formula used to explain where you found the
in…dated advertisement for a job
I read your advertisement for an Formula used when applying for a job having seen the
experienced…in the…issue advertisement in a magazine or periodical
of…with great interest.
I would like to apply for the Standard formula for applying for a job
position of…
Currently I am working for… and Used as an opening sentence to describe your current
my responsibilities include… occupational status and what it involves

Cover Letter - REASONING


I am particularly interested in this Used to explain why you would like a certain job
job, as…
I would like to work for you, in Used to explain why you would like a certain job
order to…
My strengths are… Used to show what your key attributes are
I would say that my only weakness Used to reflect upon your weaknesses, but show that
/ weaknesses are… . But I am you are determined to improve in those areas
looking to improve in this / these
area/s
I would be well suited to the Used to explain what makes you a good candidate for
position because…. the job
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English for law

Although I have no previous Used if you have never had the chance to work in a
experience in…, I have had certain business field, but can demonstrate qualities
from other experiences you have had
My professional qualifications / Used to explain what skills make you good candidate
skills appear to be well suited to for the job
your company's requirements.
During my time as ..., I improved Used to demonstrate your experience in a certain field
/ furthered / extended / my and ability to acquire new skills
knowledge of…
My area of expertise is Used to show in which field of work your main
attributes and experiences are
Whilst working at… I became Used to demonstrate your experience in a certain field
highly competent in… and ability to acquire new skills
Even under pressure I can Used to show that you can work in a demanding
maintain high standards business environment
As you can see from my enclosed Used to highlight your résumé and show how well the
résumé, my experience and job would suit you
qualifications match this
position's requirements
My current position as…for...has Used to display what skills you have gained from you
provided me with the opportunity current job
to work in a high-pressure, team
environment, where it is essential
to be able to work closely with my
colleagues in order to meet
deadlines
In addition to my responsibilities Used to show additional skills gained from your current
as..., I also developed…skills job. Skills that may not normally be associated with
your occupational title

Cover Letter - SKILLS


My native language is…, but I can also speak Used to show your native language,
and also other languages in which
you have fluency
I have a working knowledge of… Used to show non-native languages
that you can communicate to an
intermediate level in
I have …years experience of working… Used to show your experience in a
certain business area
I am an experienced user of… Used to show what computer
software you can use
Excellent communication skills The ability to share information
with and explain things to your
colleagues
Good interpersonal skills The ability to manage and
communicate with colleagues
effectively
Deductive reasoning The ability to understand and
explain things quick and effectively
Analytical skills The ability to assess things in detail
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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

Negotiation skills The ability to do business deals


with other companies effectively
Presentation skills The ability to communicate ideas
effectively in front of a large group
Cover Letter - CLOSING
I am highly motivated and look forward to the varied Used when closing to reiterate one's
work which a position in your company would offer desire to work for the company
me
I would welcome the opportunity to discuss further Used when closing to hint at the
details of the position with you personally. possibility of an interview
Please find my résumé / CV attached Standard formula used to tell the
employer that your résumé / CV is
included with the cover letter
I can supply references from…if required. Standard formula used to tell the
employer that you are willing to
provide references
References can be requested from Used to tell the employer that you
are willing to provide references
and who they can contact for these
I am available for interview on… Used to indicate when you are free
for an interview
Thank you for your time and consideration. I look Used to give one's preferred contact
forward to the opportunity to personally discuss why details and to thank the employer
I am particularly suited to this position. Please for reviewing your application
contact me via
Yours faithfully Formal, recipient name unknown
Yours sincerely, Formal, widely used, recipient
known
Respectfully yours, Formal, not widely used, recipient
name known
Kind/Best regards, Informal, between business
partners who are on first-name
terms

4/ ELEMENTS OF LEGAL WRITING

(i) ADVERBS

An adverb is a word that modifies or qualifies a verb (e.g. walk slowly), an


adjective (e.g. really small) or another adverb (e.g. very quietly).

Most adverbs consist of an adjective +the ending -ly. There are a number of
words that act both as adjectives and as adverbs, to which the suffix -ly
cannot be added.
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English for law

These include:
● alone ● early ● enough ● far ● fast ● further ● little ●
long ● low

● much ● still ● straight

Exercise

Choose an appropriate adverb from the list below to complete the


following sentences.

a. superficially b. legally c. expeditiously d. tediously e. solely

(1) My client accepts that he is……………….responsible for the difficult


financial circumstances in which he finds himself.
(2) This clause is not……………………………… enforceable.
(3) The speaker droned on…………………………… for over two hours.
(4) We should be grateful if the documents were issued……………………..
(5) The proposition, though………………………….. attractive, was
flawed.

PHRASAL VERBS

Phrasal verbs are phrases that consist of a verb used together with an adverb
(e.g. break down) or a preposition (e.g. call for) or both (e.g. put up with).
They are often found in legal English. For example, account for, enter into,
serve upon, put down. Phrasal verbs can cause particular problems for non-
native speakers of English. Where the verbs used have ordinary meanings
when used without an adverb or preposition, but form an idiom when used
with an adverb or preposition. In such cases the literal meaning of the words
differs from the real meaning. For example, the phrasal verb to brush up on

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Les manuels de l’IUA-Licence 2 Science juridique / Semestre 3

means to practice or study something in order to get back the skill or


knowledge you had in the past but have not used for some time. For example,
‘I must brush up on my French before visiting Paris’.

Here are the main adverbs and prepositions that may be used with a verb to
form a phrasal verb.
● aback ● about ● above ● across ● after ● against
● ahead ● ahead of ● along ● among ● apart ● around
● as ● aside ● at ● away ● back ● before
● behind ● between ● by ● down ● for ● forth
● forward ● from ● in ● into ● of ● off
● on ● onto ● out ● out of ● over ● past
● round ● through ● to ● together ● towards ● under
● up ● upon ● with ● without

Exercise

Insert the most appropriate phrasal verb from the list at the bottom into
the sentences below.

a. laid off b. entered into c. deals with d. wrote off e. wrap up


f. carry out g. object to h. resort to i. factor in j. adhere to

(1) The corporation ………………………………about $10,000 in unpaid


debts last year. (2) A number of members of staff had to
be…………………………… due to the sudden downturn in the company’s
profitability.
(3) Unfortunately, the partners failed to…………………… the agreement
they had reached. (4) We do not want to…………………...court
proceedings, but we may have to do so if the debtor fails to pay the money

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English for law

he owes us. (5) I do not …………………………..your leaving the office


early on Friday, provided you finish your work before you go. (6) We need
to ………………………..running costs when considering the total expense
of this project. (7) The parties ………………………………an agreement
for the provision of accountancy services. (8) This is an interesting article
which …………………………………Finnish employment law. (9) This
client is somewhat exacting, so make sure you…………………………….
her instructions very carefully. (10) Let’s try to
………………………………………….this meeting by 5pm.

(ii) NEGATIVES

Negatives are formed in English by using prefixes.

The most common of these are un-, in-, il-, im-, ir-, non- and anti-.

Here are some common negative forms often used in legal English:
● unlawful ● unfamiliar ● impractical ●illegal
● unfair ● invalid ● independent ●injustice
● impartiality ● inequitable ● unwritten ●impracticable
● unconstitutional ● illicit

The prefix dis- is often used in a slightly different way to the prefixes listed
above.
It is not usually a direct negation but generally indicates dissent. For
example, ‘we disagree’. Note also that there are some words in English,
which look like negatives but are in fact synonyms. For example, flammable
and inflammable both mean easily set on fire.

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Exercise

Add the correct prefixes to the following words in order to make them
negative.

(1) stabilize (2) paid (3) approve (4) partial (5) regard
(6) usual (7) correctly (8) respective (9) limited (10) valid

72

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English for law

* BIBLIOGRAPHICAL REFERENCES

1- Lawrence Emeka Modeme (2016). English Legal system and Obligations


2- Matt purland (2008).Talk a lot spoken English course. Elementary book
1,English Banana
3- David Kelly, Ann Holmes and Ruth Hayward (2005). Business Law,
Fifth edition
4- Rawdonwyatt (2001). Check your vocabulary for English for the IELTS
Examination a workbook for students.published by peter Collin, London.
5-Rawdon wyatt (2001). Check your vocabulary for English for the IELTS
Examination a workbook for students.published by peter Collin, London.
6- MA Campos. Civil and Procedure Law Glossary
7- Michael MC Carthy AND Felicity O’dell (1999).English vocabulary in
use, elementary, Cambridge university press.
8- Stella Cottrell. The study skills handbook
9- English for Law Students, Teachers’ Book.

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English for law


Amelie KOUADJO

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English for law

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Collection Monde Universitaire
Pour La Diffusion Du Savoir
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Prestations à distance pour entreprises et particuliers


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INSTITUT UNIVERSITAIRE D’ABIDJAN
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