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All content following this page was uploaded by Damien Trentesaux on 25 July 2015.
Résumé. La conception constitue une des étapes la plus importante dans les projets de restructuration des
blocs opératoires. Un des problèmes à soulever est le dimensionnement des salles d’opérations et des lits dans
la Salle de Surveillance Post-Interventionnelle. Un sur ou un sous dimensionnement provoquera des sur-coûts
supplémentaires. Il conditionnera aussi l’activité opératoire pendant la phase d’exploitation. Nous proposons
dans ce papier une approche d’optimisation du dimensionnement d’un atelier de production basé sur des
plannings opératoires des scénarios de l’activité opératoire prévisionnelle dans le futur bloc opératoire ou
structure. Nous nous intéressons à un type de flux patient similaire à une organisation de flow shop hybride à
plusieurs étages. En effet, nous proposons une démarche méthodologique et un outil d’aide au
dimensionnement des blocs opératoires. Les résultats illustreront l’intérêt et l’apport d’un tel outil pour la
détermination du dimensionnement et de meilleur planning opératoires pour des scénarios de l’activité
opératoire prévisionnelle.
Introduction
Ces dernières années les hôpitaux ont connu de fortes mutations dues aux réductions des enveloppes
budgétaires, au vieillissement de la population, … Au vu de cet environnement, des projets de regroupement
d’hôpitaux ou de sites, de restructuration et de réorganisation ont vu le jour. Ces projets nécessitent des prises
de décisions sur le plan stratégique qui vont conditionner les décisions aux niveaux tactique et opérationnel.
Le bloc opératoire est une des structures qui a vu des changements dans son organisation et son activité. Des
blocs opératoires éclatés et dédiés à des services nous sommes passés à des blocs opératoires regroupés et
mutualisés pour plusieurs services différents. Dans d’autres projets nous avons assisté à des regroupements
des établissements appartenant à des structures juridiques différentes comme ce qui se passe actuellement à
Valenciennes avec le nouvel hôpital regroupant le Centre Hospitalier de Valenciennes (établissement public)
avec la clinique Teissier (établissement privé à but lucratif). Une des problématiques à soulever est de
concevoir ce nouveau bloc opératoire, ou de façon plus large le plateau médico-technique.
Dans ce papier nous nous intéressons donc au problème de conception des blocs opératoires qui constitue une
étape essentielle du cycle de vie des systèmes de production puisqu’elle conditionne son exploitation (Korbaa,
2003). Cette étape peut revenir constamment même en phase d’exploitation dans le but de réorganiser ou
restructurer le système afin de répondre aux changements du marché et de la demande des clients.
Le but de la conception consiste à déterminer le nombre, les dimensions et la disposition des équipements
nécessaires pour chacune des opérations unitaires de production intervenant dans les procédés d’élaboration
des différents produits. L’objectif est d’assurer un niveau de production donné, tout en optimisant un ou
plusieurs critères technico-économiques. Les travaux présentés dans ce papier seront focalisés plus
particulièrement sur le problème de dimensionnement des salles d’opérations et des lits dans la SSPI1.
Dans un contexte où l’activité chirurgicale est sujette à des changements (réduction des durées de certains
actes avec les évolutions technologiques, changement de types de clients où on vit de plus en plus vieux, …),
la problématique de dimensionnement des blocs opératoires trouve son intérêt pour des raisons économiques.
En effet si nous allouons trop de ressources, alors le capital est dépensé dans des investissements inutiles
donc c’est de « l’agent perdu ». Si au contraire nous utilisons un nombre trop bas de machines, le système ne
pourra pas produire les quantités désirées ni respecter les délais, ce qui constituent de « l’argent perdu ». Le
problème de dimensionnement d’atelier est donc de déterminer le nombre de chaque type de ressources ou
d’opérateurs nécessaire pour réaliser une bonne performance en exploitation (Feyzioglu et al., 2005).
En plus de l’aspect économique, la phase de conception est fortement liée à la phase d’exploitation. En effet, le
système ainsi conçu conditionnera les différents plannings opératoires. Le nombre des différentes ressources
définies, le nombre des opérateurs choisi, la disposition des machines,… seront des contraintes pour l’activité
opératoire (respect de nombre maximal des salles d’opérations, respect de la disponibilité des infirmiers du
bloc, respect des contraintes de précédences des interventions chirurgicales, …). Ceci montre que les
problématiques de dimensionnement (à la phase de conception) et de détermination des plannings opératoires
(à la phase d’exploitation) sont fortement liées.
D’autre part, les projets de regroupement des blocs opératoires ne se limitent plus à un simplement
regroupement géographique mais il intervient dans le cadre de « projet de l’établissement ». Le projet englobe
de ce fait des décisions organisationnelles, stratégiques et de restructuration de futur hôpital. En effet, dès la
conception, des éléments concernant l’activité future sont de plus en plus chiffrés et précis ainsi que les
performances recherchées en exploitation. Ceci permet de définir ainsi des scénarios de l’activité
prévisionnelle.
La question est alors de savoir pourquoi nous ne tenons pas compte de la performance de l’activité opératoire
prévisionnelle (les plannings opératoires prévisionnels) dès la phase de conception. Il s’agit donc de proposer
dès la phase de conception un dimensionnement des salles d’opérations et des lits de la SSPI qui est le moins
coûteux mais qui assure l’obtention de bons plannings opératoires respectant les critères de performance de
l’activité de production chirurgicale. Ceci revient donc à prendre la décision de dimensionnement en tenant
compte des performances des plannings opératoires (Chaari et al., 2008).
L’objectif de ce papier est alors de proposer une démarche méthodologique aidant à dimensionner les blocs
opératoires en tenant compte de la diversité des plannings opératoires possibles, répondant à des besoins
clients estimés (étude marketing, évolution démographiques, objectifs de l’hôpital, …).
Comme nous l’avons signalé précédemment, beaucoup d’hôpitaux sont en pleine restructuration, ou de
construction de nouvelles extensions ou de regroupement entre plusieurs établissements ou sites dans un
même site. Ce contexte a fait émerger de nouvelles problématiques à résoudre et décisions importantes à
prendre. Une des problématiques auxquelles nous nous intéressons est la conception de bloc opératoire et plus
précisément le dimensionnement des salles d’opérations et des lits dans la SSPI.
Des travaux de recherche se sont intéressés aux flux patient dans les blocs opératoires. Les principaux flux des
patients qui ont subi des interventions chirurgicales sont présentés dans la figure suivante :
Légende :
Figure 1 : Provenance et destination des patients avant et après l’intervention chirurgicale (Chaabane 2004)
Le patient peut avoir différents cheminements possibles avant et après son intervention chirurgicale. Dans ce
papier nous nous limitons au flux à l’intérieur du bloc opératoire. Un patient est transféré au bloc opératoire
(1ou 4) par des brancardiers. Il subit son intervention chirurgicale dans une salle d’opérations (une des salles
d’opérations disponibles quand celles-ci sont polyvalentes ou une salle d’opérations spécifiques quand il s’agit
de salles d’opérations dédiées). Une fois l’intervention chirurgicale est terminée le patient est transféré vers un
des lits de la SSPI (2). Après son réveil il est transféré par des brancardiers vers sa chambre dans le service
d’hospitalisation (3) ou dans le service des soins intensifs ou de réanimation (5). Ce cheminement est le
cheminement le plus classique et c’est celui-ci qui nous intéresse.
Le bloc opératoire est composé principalement de M1 salles d’opérations qui peuvent être polyvalentes ou
dédiées et de M2 lits dans la SSPI. Il peut être alors assimilé à une organisation connue dans l’industrie : le
problème des Flow-shop hybrides à deux étages (Chaabane 2004 ; Kharraja 2003). Des travaux de recherche
se sont intéressés à ce type d’organisation et aux problèmes d’ordonnancement associés. Pour avoir plus
d’informations sur le problème d’ordonnancement de type flow shop hybride de façon générale le lecteur peut
se référer aux travaux de (Vignier et al., 1999 ;Riane, 1998 ; Guinet et al., 1996) et dans le milieu hospitalier
(Chaabane 2004 ;Kharraja 2003).
La problématique de dimensionnement consiste alors dans notre cas d’étude de déterminer le nombre de salles
d’opérations et de lit dans la SSPI basé sur des plannings opératoires des scénarios de l’activité chirurgicale
prévisionnelle de la nouvelle structure.
Des travaux ont été réalisés pour répondre à ce type de problématique. Marcon et Kahrraja (2002) ont étudié le
dimensionnement des lits dans la SSPI et l’impact de ce dimensionnement sur les performances du bloc
opératoire. Marcon (2003) a proposé une démarche méthodologique hiérarchique impliquant la description de
l’activité, la détermination du programme opératoire jusqu’au dimensionnement pour la réalisation de ce
planning opératoire.
(Chaari et al., 2008) ont proposé aussi une approche exacte d’optimisation du dimensionnement d’un atelier de
production basé sur les ordonnancements des scénarios de production prévisionnels, qui peut être adaptée et
appliquée dans ce cas d’étude pour des blocs opératoires de petites tailles.
Nous présentons dans la figure suivante l’architecture globale de notre démarche méthodologique d’aide au
dimensionnement des blocs opératoires.
Nous rebouclons sur ces différents modules (b, c, d, e, f, h et i ) jusqu’à ce que le décideur trouve le meilleur
dimensionnement qui répond à ses objectifs en tenant compte des performances du bloc opératoire par rapport
aux différents plannings opératoires des scénarios de l’activité prévisionnelle.
3 Outil et expérimentations
Pour illustrer notre démarche méthodologique nous avons mis en place un outil d’aide au dimensionnement des
BO et effectué des expérimentations selon un Plan d’expériences que nous présentons dans ce qui suit ainsi
qu’un ensemble d’expérimentations selon un plan d’expériences a été élaboré.
a- Caractérisation de l’activité prévisionnelle du futur Bloc Opératoire : nous sommes partis d’un exemple inspiré d’un centre
hospitalier. Nous avons construit 100 patients. Les durées opératoires ont été générées selon la loi Beta avec « Input
Analyser » d’Arena 10 (10 + 475 * Beta(1.26, 17.3)). En l’absence de référentiels normalisés au niveau des temps
d’induction, de nettoyage et de préparation, nous sommes partis sur la base des travaux de kharraja (2002) où des temps ont
été estimés par un expert médical
Modèle de
simulation
Résultats de plan
d’Expériences 1
Impact de nombre de SO
sur le nombre de patients
traités 2
Les résultats de plan d’expérimentations (1) nous permettent de constater que l’augmentation de nombre de lits
de SSPI pour chaque dimensionnement des SO n’a pas d’impact sur les valeurs obtenues pour les indicateurs
de performance. Nous remarquons que plus on augmente le nombre de SO plus on augmente le nombre de
patients traités, ce qui est évident. Mais quelle est la relation entre le facteur contrôlé (nombre de SO) et la
valeur de l’indicateur de performance (nombre de patients traités). Le modèle suivant a été élaboré avec l’outil
d’analyse sous Excel (courbe de tendance polynomiale) pour illustrer l’apport de ce type de modélisation (2), si
nous disposons de 20 (niveau 4) SO ceci nous permettra de réaliser (Y= 2.3 * 4^2 + 10.96 * 4 + 24.26 = 105).
Conclusion et Perspectives
Nous proposons dans ce papier une démarche méthodologique et un outil d’aide au dimensionnement de bloc
opératoire. Pour notre cas d’étude nous nous sommes limités à une organisation classique d’un bloc opératoire
composé seulement des salles d’opérations polyvalentes et des lits dans la salle d’opérations. Cette
organisation est assimilée à un flow shop hybride à deux étages connue dans le milieu industriel. Cette
démarche méthodologique permettra d’accompagner le décideur dans son projet de restructuration ou de
réalisation d’un nouveau bloc opératoire. L’outil sera réalisé une fois les contenu de chaque module est défini.
La mise en place de la démarche méthodologique pour l’obtention d’un outil cohérent doté d’une interface facile
à utiliser a été réalisée de façon générique. Ceci nous permettra d’utiliser cette même démarche et ce même
outil, avec des modifications adéquates, pour étudier d’autres problèmes liées à la problématique générale de
nos travaux qui est la conception d’un bloc opératoire comme par exemple étudier de nouvelles organisations
(architecture de futures salles d’opérations proposée par Sandberg et al. (2005)).
L'approche présentée dans cet article (dimensionnement basé sur les scenarii d'utilisation future) est innovante.
Elle trouve son fondement dans le fait que les systèmes sont conçus dans un contexte de plus en plus
contraignant en termes de coûts et performances souhaitées. Par conséquent, dès le début de la conception du
système, sont de plus en plus disponibles des éléments chiffrés et précis quant aux performances recherchées
en exploitation. L'on retrouve cette évolution également dans le secteur de la production de biens. Dans
l'industrie automobile, les fournisseurs de rang 1 peuvent être liés contractuellement avec un constructeur
automobile et s'engager, pour un nouveau modèle de voiture, à un certain niveau de qualité, une certaine
cadence de production, etc. dans un horizon court (par exemple, 1 an). Le produit étant alors totalement défini,
le fournisseur doit revoir son système de production et le dimensionner en conséquence. Notre approche se
situe bien dans ce contexte: comment concevoir et dimensionner connaissant avec un niveau de détail poussé
l'utilisation future du système? A ceci s'ajoute le fait que les cycles de vie des produits se réduisent sans cesse,
augmentant par conséquent la fréquence de remises en question des systèmes les produisant. Toujours dans
l'industrie automobile, la fréquence re-conception des systèmes de production de certains fournisseurs de rang
1 est passée de quelques années à 1 an. Ce constat a été réalisé au travers des stages ingénieurs que nous
suivons auprès des grands fournisseurs internationaux. Considérés habituellement dissociés, les problèmes de
dimensionnement (conception) et d'ordonnancement (exploitation) doivent être maintenant analysés
conjointement dans ce type d'organisation.
En perspective nous envisageons d’appliquer cette démarche méthodologique pour un cas applicatif réel
permettant ainsi de valider les différentes rubriques, de montrer l’apport de cette approche et son intérêt. Une
comparaison sera effectuée entre cette approche et des approches classiques de dimensionnement. Une
amélioration sera réalisée au niveau de module Plan d’expérience (génération et modélisation).
Remerciements
Nous remercions M. Dimitri DELSALE et M. Pierrick DUHAUT, étudiants ingénieurs à l’Ecole Nationale
Supérieure d’Ingénieurs en Informatique, Automatique, Mécanique, Energétique et Productique (ENSIAME),
Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis qui ont réalisé dans le cadre de leur projet de 2ème année,
encadré par Melle Farida BOUHAMOU et Melle Sondès CHAABANE (LAMIH-SP), le modèle de simulation
initial et les interfaces Excel des entrées/sorties du modèle (modifié par la suite pour notre étude).
Références bibliographiques
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Korbaa O. (2003) Contribution à la conception et l’optimisation des systèmes de transport et de production. Habilitation à diriger des
recherches.
Marcon E. (2003) Aide à la Décision pour les Systèmes Hospitaliers : Application à la Ré-ingénierie et au Pilotage des plateaux
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Marcon E., Kharraja S. (2002) “Etude exploratoire sur la stratégie de dimensionnement d’une SSPI”, IEEE Conférence Internationale
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