Sunteți pe pagina 1din 8

1

SEANCE N°5 LECTURES D’« AU-DELA DU PRINCIPE DE PLAISIR »

Pour comprendre cette explication détaillée de la première section du texte, il faut lire
parallèlement le texte en détail.

I. SECTION N°1 : LE PRINCIPE DE PLAISIR

Le premier chapitre du texte de 1920 propose une analyse de la notion héritée des
travaux antérieurs de Freud, celle de principe de plaisir. Le passage fournit d’abord des
éléments de définitions concernant les notions de plaisir et de déplaisir, puis pose le problème
de l’existence du déplaisir et nous soumet quelques explications du déplaisir dans le cadre
défini préalablement (processus psychiques réglés par le principe de plaisir.)
Le chapitre offre une synthèse d’élaborations théoriques antérieures et n’introduit pas
de nouvelles hypothèses. Les développements proposés s’inscrivent dans le cadre
métapsychologiques tracé par les articles du milieu des année 1910 (Métapsychologie), donc
dans un cadre « première topique/premier dualisme ».

§1.Le principe de plaisir règle automatiquement l’écoulement des processus psychiques


a.Un processus psychique prend sa source dans une tension déplaisante qu’il a pour
but de calmer ou de supprimer. Le processus psychique a pour but un abaissement de la
tension psychique, car celle-ci est synonyme de déplaisir. Faire baisser la tension signifie
alors qu’on évite une production nouvelle de déplaisir ou qu’on y met un terme, mais peut-
être aussi qu’est produit du plaisir. Il est possible que l’abaissement de tension constitue en
soi un plaisir (comme un soulagement).
D’une façon générale l’appareil psychique chercher à éviter l’instauration d’une
tension (prévenir le déplaisir) et à faire baisser (évacuer) la tension existante. Le principe de
plaisir ne doit pas être confondu avec une position hédoniste, mais est d’abord envisagé
comme un principe de déplaisir. Les processus psychiques sont davantage réglés par la
suppression du déplaisir, que par l’obtention d’un plaisir positif.
Cette régulation est automatique.
b.Ce principe de régulation conduit à considérer la vie psychique d’un point de vue
économique. En effet, celui-ci revient à aborder les faits psychiques sous l’angle de
l’intensités des formations qui les parcourent et les animent. Le psychisme serait parcouru par
des forces qui lui sont propres (pulsions) et qui varient (en intensité ; constitutionnellement ;
ou du fait d’événements dans le développement, les traumatismes en particulier). Autrement
dit, les processus psychiques sont analysables en termes de circulation d’une énergie
quantifiable (qui augmente, diminue, s’équivaut). Avec ce principe, on considère en
particulier des intensités. On verra qu’avec « Au-delà du PP », et par la suite, l’approche
économique de la vie psychique prend de plus en plus d’importance et que Freud rapporte de
plus en plus la formation et la fixation des troubles psychiques à des questions d’intensité
(tension/relâchement de la tension, etc.)
On rappellera que le point de vue dynamique considère la façon dont les forces qui
parcourent l’appareil psychique se conflictualisent, se combinent et s’articulent. Ce conflit
procure du déplaisir dont il faut se défendre (par différents mécanismes de défense). Le point
de vue dynamique s’occupe donc du conflit et de la combinaison des forces pulsionnelles.
Quant au point de vue topique, il tient l’appareil psychique pour un ensemble de systèmes
distincts avec des fonctions propres à chacun (tenus métaphoriquement pour des lieux
psychiques). Freud parle de représentation métapsychologique de la vie psychique quand on
s’efforce de décrire un processus psychique sous ces trois angles (économique, dynamique et
topique).
2

§2.Signification du plaisir et du déplaisir


a.Le caractère hypothétique et incertain de ces élaborations ne doit pas conduire à les
confondre avec un développement philosophique. Freud dit ne pas se soucier des échos qui
peuvent exister entre la formulation du principe de plaisir et des thèses philosophiques. Il
réaffirme à cette occasion la spécificité de la psychanalyse à l’égard de la philosophie : la
première aurait toujours pour base l’observation (description/observation de phénomènes
observés), soit un fondement empirique. Si on parvient à des « hypothèses spéculatives »,
c’est dans le but d’expliquer un cas concret. Pourtant, dans la suite du texte, Freud ne
manquera pas de mobiliser des références philosophiques, comme le Banquet de Platon,
Schopenhauer… Si le principe de plaisir est présenté par Freud comme « hypothèse
spéculative », le risque qu’il y a à le formuler semble diminué par le fait qu’il se fonde sur les
données manifestes. L’évidence jouerait en sa faveur. Freud tient donc pour très solides et
assurées les bases sur lesquelles repose l’affirmation du principe de plaisir.
Pourtant, il confesse une difficulté et une ignorance : en psychanalyse, on sait très peu
de choses quant à la signification des sensations de plaisir ou déplaisir qui pourtant
déterminent le cours de notre vie psychique. Freud rappelle que l’on touche là à une limite de
la théorie : on ignore presque tout du fond pulsionnel, c’est-à-dire aussi de la façon dont les
pulsions prennent telle ou telle charge d’affect, etc. Cela explique la définition très générale
du plaisir et du déplaisir qui a été adoptée.
b.Le plaisir et le déplaisir dépendent du niveau d’excitation, d’une situation
énergétique. Mais l’énergie en cause n’est pas n’importe laquelle, c’est l’énergie dite « libre »
ou celle qui n’est pas liée. Le déplaisir est produit pas une augmentation de cette énergie
spécifique et de plaisir par la diminution de celle-ci. Pourquoi ? L’énergie présente pour
Freud deux types de fonctionnement : dans l’un, l’énergie tend à une décharge immédiate et
totale – on parle alors d’énergie libre –, et dans l’autre l’énergie est entravée et s’accumule –
c’est l’énergie dite liée (sa décharge est retardée et contrôlée). L’énergie liée est une énergie
d’investissement, c’est-à-dire une énergie qui se relie de façon durable à différentes
formations psychiques, qui investit des représentants psychiques stables. L’énergie libre pose
problème car elle est très mobile et se décharge de façon rapide de la façon la plus directe
possible. Elle ne cesse de se déplacer ; elle ne connaît pas les stratégies d’ajournement et est
étrangère au principe de réalité. L’opposition énergie libre / énergie liée renvoie à l’opposition
entre processus primaires et processus secondaires.
On se gardera, ajoute Freud, d’une compréhension simpliste de cette caractérisation
énergétique du plaisir et du déplaisir. Il ne s’agit pas d’une explication simple : baisse de la
tension = plaisir ; hausse de la tension = déplaisir. Il est vraisemblable que cette idée générale
doive être assortie d’une considération des seuils et proportions des changements survenus : le
sentiment de déplaisir (plaisir) dépendrait davantage du taux d’augmentation (diminution) de
l’excitation dans un temps donné. Une diminution très progressive de l’excitation pourrait
produire un affect faiblement plaisant, et certaine diminution ou hausse pourrait n’être pas
assez significatives pour provoquer un changement d’affect.
Freud suggère que l’expérimentation pourrait dans l’avenir apporter des
renseignements utiles sur ces questions, mais que pour l’heure il ne dispose pas
d’observations assez déterminées comme base de travail. On sera moins étonné par cette idée
d’expérimentation, si on se souvient des espoirs que Freud avait placé dans les travaux
scientifiques des médecins du Burghölzli et de Jung. (Carl Gustav Jung (1875-1961) est un
jeune assistant du professeur Bleuler. Ce fut l’un des premiers psychiatres étrangers à se
pencher sur la psychanalyse – il lut très tôt l’Interprétation des rêves –, et à la mettre en
œuvre. Freud jugea cette adhésion providentielle : un homme si brillant, proche du célèbre
Bleuler, qu’il intéresse à la psychanalyse, et ayant le courage de prendre fait et cause pour la
3

psychanalyse, en des temps où cela est si mal vu… Sa reconnaissance envers Jung fut
immense. Il est vrai que susciter l’intérêt de quelqu’un de la renommée de Bleuler et trouver
un écho dans cette fameuse clinique suisse qui formait tant d’étudiants ne pouvait être qu’une
très bonne chose pour la Cause. Cette préférence donnée à Jung n’avait pas qu’une
explication stratégique. Jung et le Burghölzli de Bleuler représentaient pour Freud l’espoir
d’un apport scientifique majeur à son propre travail. En effet, toujours désireux de donner à la
psychanalyse des fondements solides, il rêvait que lui soit fournie une base expérimentale.
C’est l’espoir qu’il plaçait dans ces psychiatres suisses, espoir qui fut d’abord comblé. En
effet, Jung et d’autres, pour étudier les associations, avaient élaboré une technique
expérimentale. Celle-ci sembla fournir aux hypothèses freudiennes sur la reproduction des
souvenirs inconscients une démonstration magistrale, via ce qui fut appelé les « expériences
d’associations ».1

§3.Fechner
Freud cite à l’appui de sa thèse les travaux à ses yeux convergents de Fechner. Gustav
Theodor Fechner : philosophe et psychologue allemand, né à Gross-Sarchen, Lusace
en 1801 et mort à Leipzig en 1887. Il est l'instigateur de la psychophysique, une
science visant à mesurer des phénomènes d'ordre psychologique. Il formula la loi de
Weber-Fechner selon laquelle la sensation perçue varie proportionnellement au
logarithme de l'intensité d'excitation. L'unité métrique dans laquelle se mesurerait la
sensation est pour lui le seuil différentiel relatif (rapport de Bouguer-Weber), qui est la
plus petite différence d'intensité remarquable (en anglais jnd, pour just noticable
difference). En psychophysique, la loi de Weber-Fechner ou de Bouguer-Weber décrit la
relation entretenue par la sensation avec la grandeur physique d'un stimulus.
On comprend l’intérêt de Freud pour cette idée qu’il présente en citant un extrait d’un
livre de Fechner. Celui-ci corrèle sensation de plaisir et de déplaisir et stabilité et instabilité.
Le plaisir est alors dépendant de l’état de stabilité du système. Fechner attache néanmoins la
question des affects à la conscience, supposant qu’il n’est pas de plaisir et de déplaisir non
perçus comme tels, position que Freud va déplacer.

§4.Le principe de constance


Le principe de plaisir – le plaisir comme loi de la vie psychique – a donc en
psychanalyse le sens suivant : le psychisme est réglé par le principe de plaisir, car il tend à
maintenir aussi basse que possible la tension (quantité d’excitation, ou énergie libre) ou à la
maintenir constante. La stabilité est pour lui plaisir. Si le plaisir s’interprète comme baisse de
l’excitation, le déplaisir réside dans son accroissement. La reformulation du principe de plaisir
débouche sur le principe de constance.
Freud ajoute trois idées difficiles : 1.Le principe de plaisir se déduit du principe
constance : parce que l’appareil psychique est réglé par la recherche d’un état stable, il se
traduit par l’évitement du déplaisir. Cette proposition concerne le rapport logique entre
constance et plaisir et fait du plaisir un cas particulier de la constance. 2. « En réalité », le
principe de constance est inféré à partir des faits qui forcent à reconnaître le principe de
plaisir. Cette affirmation concerne la connaissance qu’on a des principes, elle a une portée
épistémologique : pour nous, le principe de constance est connu (on en fait l’hypothèse) par
inférence à partir des phénomènes observés qui attestent de la réalité du principe de plaisir.
Nous n’avons donc pas de connaissance directe du principe de constance. 3.La tendance de
l’appareil psychique au plaisir (compris comme diminution d’un état de tension) est un cas

1
Pour en savoir plus, on lira par exemple les descriptions qu’en donne Jung dans son livre L’Homme à la
découverte de son âme, Paris, Albin Michel, 1987.
4

particulier du principe de stabilité défini par Fechner. La loi des processus psychiques serait
donc un cas particulier de la loi plus générale qui régit les processus psychophysiques.
L’ordre psychique ne ferait pas exception.

§5.Domination du principe de plaisir sur le cours des processus psychiques ?


L’idée de « domination », objecte Freud, fait néanmoins problème ? S’il y avait
vraiment domination, est-ce que tous les processus psychiques ne devraient pas être plaisants
(accompagnés de plaisir ou aboutissant à du plaisir) ? Comment parler de « domination » ou
de loi quand notre expérience atteste que nombre de processus psychiques sont bien plutôt
accompagnés d’une production de déplaisir ? En effet, la domination implique au contraire
que rien n’échappe, ne fait exception, que tout est sous contrôle (celui du principe de plaisir).
C’est pourquoi il faut entendre autrement l’idée psychanalytique de domination du principe de
plaisir. Celle-ci n’implique pas le triomphe systématique du plaisir dans la vie psychique et ne
peut donc être invalidée par la simple mention des phénomènes déplaisants. Freud affirme
alors ceci : la tendance au plaisir se heurte à des formes de résistance, qui sont en mesure de
contrarier son issue. Les oppositions rencontrées font que l’appareil psychique n’atteint pas le
but qui est pourtant le sien.
Freud rappelle que Fechner avait déjà posé la question, car il est clair que, dans le
domaine psychophysique, ce n’est pas non plus parce que la stabilité est recherchée qu’elle
est obtenue. Fechner distingue la tendance et son succès : qu’une tendance soit contrariée ne
contredit pas son existence comme tendance. D’autre part, il souligne que le but poursuivi est
rarement obtenu simplement ou directement, mais par approximations : de la même façon,
l’obtention du plaisir pourrait être obtenue par des voies détournées, voies qui pourraient
contredire le sens premier de la tendance.
Freud a déjà posé un problème analogue dans L’interprétation des rêves, à propos de
la définition du rêve comme accomplissement de souhait. Or il apparaissait que nombre de
rêves étaient déplaisants, au premier chef les rêves d’angoisse (caractérisés par le caractère
anxiogène au réveil) Cela a permis à Freud de préciser sa thèse, car il dégage le fait que
l’accomplissement du désir dans le rêve n’est pas explicite et ne se fait pas sans heurt.
Reformulée la thèse se présente ainsi : le rêve est l’accomplissement (déguisé) d’un désir
(réprimé ou refoulé). Cela explique que nos rêves ne se présentent souvent pas du tout à nous
ouvertement comme des accomplissements de souhaits, mais comme des expériences
pénibles : si le désir qui cherche contentement est scabreux, il est peu plaisant pour le moi
conscient d’en percevoir la manifestation. Plus exactement, le rêve est la tentative de cet
accomplissement de désir : la fonction du rêve est souvent mise en échec, soit que les
prémices de cette satisfaction soient déjà trop dérangeantes pour les défenses qui interrompent
le processus avant la fin, soit qu’une excitation externe soit trop vive et provoque malgré lui
le réveil du rêveur au milieu d’un rêve. La force d’une telle excitation peut d’ailleurs être à
l’origine des rêves de réveil que nous faisons parfois.
La question est maintenant celle-ci : quelles sont ces forces ou circonstances qui
s’opposent à la tendance au plaisir ? Cette question a déjà été souvent abordée et Freud
précise qu’elle ne fait pas d’abord difficulté. La réponse mobilise donc des éléments
empruntés à ses théories antérieures.

§6.Processus primaires/processus secondaires ; principe de plaisir/principe de réalité


Premières circonstances empêchant le principe de plaisir d’atteindre son but. Le
premier cas connu depuis longtemps en psychanalyse d’inhibition du PP est « dans l’ordre ».
Freud veut dire que ce cas est conforme à une loi (ce cas nous est connu « als ein
gesetzmäβiger »). Ce n’est donc pas une exception. Cette loi établit que le principe de plaisir
5

règle absolument les processus psychiques primaires et que les processus psychiques
secondaires n’y sont pas directement soumis.
Les processus primaires appartiennent au système inconscient. L’énergie en jeu
s’écoule librement (énergie libre). Ils caractérisent en particulier la pensée dans le rêve (les
mécanismes de déplacement, condensation témoignent du déplacement libre et rapide de
l’énergie d’une représentation à une autre). Leur but est de reproduire des expériences de
satisfaction. Les processus primaires renverraient du point de vue génétique à une étape
antérieure du processus de formation de l’organisme. Les processus secondaires appartiennent
au système préconscient-conscient. L’énergie mobilisée est liée, les investissements sont
stables. Parmi eux, on trouve surtout les fonctions de la pensée consciente : attention,
jugement, raisonnement, pensée maîtrisée. C’est l’identité de la pensée qui est recherchée.
Ces processus obéissent au principe de réalité. Attention : le moi connaît aussi des processus
primaires (quand il réagit par des mécanismes de défense pathologiques). Attention : Freud
distingue bien les processus primaires et secondaires des « fonctions » primaires et
secondaires de l’organisme.
Le moi, qui cherche à réguler les processus primaires (à s’opposer aux exigences
pulsionnelles du Ca) et qui obéit à des mobiles de l’ordre de l’auto-conservation (préserver
l’intégrité du moi), fait valoir le principe de réalité ou la prise en compte de l’état du monde
(une satisfaction exigée par le fond pulsionnel peut entrer en contradiction avec celui-ci et
ainsi menacer la conservation psychique du moi. Par exemple, le moi impose de renoncer aux
motions oedipiennes, mais aussi à des pulsions d’agression, etc.) Le moi tente de réguler les
processus et d’inhiber ceux qui le mettent en danger.
Le principe de réalité ici ne contredit pas directement le principe de plaisir. Freud dit
qu’il en prend le relais. L’influence des revendications du moi infléchit les modalités de
satisfaction. L’obtention du plaisir n’est pourtant pas abandonnée avec le principe de réalité,
mais le plaisir doit être pris autrement. Trois modifications principales interviennent : 1)la
satisfaction ne peut plus être directe, elle emprunte des biais, exige du temps et des détours
(ajournement) ; 2)elles impliquent de renoncer à certaines possibilités : certaines exigences
pulsionnelles sont incompatibles avec la réalité telle que le moi l’appréhende et elles doivent
être modifiées, transformées pour obtenir une certaine satisfaction ; 3)elle impose une
tolérance provisoire du déplaisir. Si la satisfaction prend du temps et exige des changements
de forme, des détours, etc., il faut en attendant supporter le déplaisir causé par l’insatisfaction.
Ce calcul inconscient des plaisirs nous impose temporairement l’expérience du déplaisir. Ce
déplaisir ne contredit pas le caractère principiel du plaisir, mais est corrélatif du fait que, avec
la réalité et le moi, l’accès au plaisir n’est plus direct mais détourné.
Pour autant, le principe de plaisir non modifié et la satisfaction directe continue de
valoir longtemps pour les pulsions les plus archaïques et originaires, les plus difficilement
« éducables » et transformables, comme certaines pulsions sexuelles. Autrement dit, le
développement du moi et du principe de réalité, l’éducation, le fait d’être policé et habitué par
notre existence sociale au renoncement pulsionnel ne conduit pas à la suppression des
processus primaires qui continuent pour certains à revendiquer satisfaction directe et
immédiate. Nous en faisons l’expérience avec le rêve, quand il trahit son contenu latent
scabreux, agressif, etc.
Freud souligne que le principe de plaisir peut faire irruption et mettre en cause le
principe de réalité. D’abord, quand ces pulsions archaïques revendiquent suffisamment fort
une satisfaction pour faire une percée dans le système préconscient-conscient et dans le
système moteur. Ensuite, à l’intérieur même du moi, quand celui-ci de façon réactionnelle et
compulsive met en place des mécanismes de défense pathologiques. La défense pathologique
représente la recherche d’une solution psychique immédiate qui décharge immédiatement
l’énergie psychique (par exemple dans l’évitement phobique).
6

§7.Conflits et clivages dans l’appareil psychique au cours du développement et le


refoulement
Il y pourtant d’autres types d’expérience psychique du déplaisir irréductibles à celle
qu’induit la prise de relais du pp de plaisir par le pp de réalité (plus intenses aussi). La
seconde source de libération de déplaisir et d’inhibition du plaisir ne constitue pas non plus
une exception. Elle est également conforme à une loi ; elle est aussi « dans l’ordre ».
Ce déplaisir provient des conflits et clivages qui procèdent du développement
psychique ou du développement du moi « vers des organisations plus hautement
différenciées ». On rappellera que, pour Freud, le moi possède une genèse (Attention : le moi
est une partie seulement de l’appareil psychique). Le moi est d’abord compris par Freud
comme le résultat d’une différenciation progressive du Ca produite par l’influence de la
réalité extérieure. Partant de la zone de contact entre appareil psychique et réalité, donc à
partir du système perception-conscience, le Moi grandit progressivement et étend son
influence (maîtrise croissante des pulsions). Dans ce cas, la formation du moi résulte en gros
de l’action de la réalité extérieure sur l’appareil psychique. Les différentes instances
psychiques sont comprises comme résultats d’opérations de différenciation interne à partir du
fond pulsionnel : différenciation psychique au contact du monde extérieur qui engendre le
moi ; différenciation du moi (ou clivage) qui donne naissance au surmoi… Cette conception
soulève différentes difficultés. Progressivement, sans vraiment abandonner cette première
perspective, Freud en introduit une autre dans laquelle la formation du moi dépend d’actes
psychiques spécifiques (introjection, intériorisation, identification, etc.) Le moi est alors le
précipité d’introjections, intériorisations, identifications.
Dans « Le moi et le ça » (1923), Freud insiste en particulier sur l’incidence dans la
constitution du moi de l’intériorisation de choix d’objets impossibles à maintenir (positions
oedipiennes en particulier). Dans ce texte, Freud semble faire du processus d’intériorisation
propre à la mélancolie un élément crucial de la mise en forme du moi et de la formation de
son caractère. Le processus en question n’est plus regardé comme une défense qui aurait mal
tournée, comme dans « Deuil et mélancolie ». Il ne faut plus alors opposer deuil et
intériorisation mélancolique mais voir dans cette dernière une condition du deuil réussi. Freud
parle concernant la mélancolie d’un processus « typique et fréquent », dont il aurait
commencé par méconnaître la généralité. L’identification mélancolique est présentée comme
une condition acceptable permettant au ça de se soumettre au renoncement d’un objet sexuel :
l’intériorisation mélancolique serait une stratégie du moi pour gagner les faveurs du ça en le
consolant de la perte de l’objet. Tout se passe comme si le moi disait au ça « Regarde, tu peux
m’aimer : je ressemble tellement à l’objet. », que tu as perdu dans la réalité, moi qui suis son
intériorisation. Si l’intériorisation-identification est si importante, alors il est plausible que le
caractère soit un précipité des investissements d’objets abandonnés : le moi contient en lui
tout ce qui était important pour lui mais auquel il a dû renoncer. On trouverait une traduction
extrême de cela dans les cas de personnalités multiples qui pourraient être rapportés à un
conflit entre les différentes identifications qui auraient formé comme différentes personnes
dans le moi…
Dans ce paragraphe, Freud n’évoque que la perspective génétique de développement
par différenciation. Le développement a en tout cas le sens d’une élaboration et
complexification. On part d’un état élémentaire de l’appareil psychique pour arriver à
plusieurs instances, plusieurs systèmes dont certains sont très complexes. Pour point de
départ, on a donc la situation initiale du psychisme, qui contient essentiellement un fond
pulsionnel donné ou « des motions pulsionnelles innées ». Mais il n’est pas possible de mettre
toutes ces motions élémentaires au service de fonctions complexes et élevées.
7

Freud va expliquer la production du déplaisir lié au processus génétique à partir des


phénomènes de conflit et clivage au cours de la vie psychique. Certaines pulsions qui
constituaient l’appareil psychique dés le départ ont été capables d’intégrer le moi qui se
développait, de s’associer à sa logique. Elles ont été absorbées par lui et mises à son service.
D’autres ne peuvent être absorbées et vont rester matériaux du fond pulsionnel, du Ca. Or
cette incompatibilité va poser des problèmes. Elles viennent heurter le moi et sa logique. La
répartition énergétique et la distinction des systèmes ne va pas de soi, mais procède d’un
clivage. Les pulsions inabsorbables par le moi en raison de leur but ou revendication sont
objet d’un clivage. Le moi fort de son unité les refoule, cad les renvoie d’abord d’où elles
viennent, d’un stade de développement antérieur et inférieur, et surtout les prive de la
possibilité de satisfaction. En effet, pour cela, il faut un représentant psychique qui se fraie
une voie vers le système préconscient/conscient. Le refoulement conduit par le moi rend cela
impossible car les motions pulsionnelles refoulées sont repoussées ou maintenues dans
l’inconscient (empêchées de devenir conscientes). Ce clivage est au principe de la séparation
des systèmes ou instances psychiques (Moi/Ca), mais se répète avec chaque refoulement.
Mais le refoulement n’est jamais synonyme de suppression de la motion refoulée.
Celle-ci n’est pas détruite mais continue d’exister dans l’inconscient et d’y être active.
Reconstituant ses forces et s’adjoignant de nouvelles énergies, elle cherche toujours à obtenir
satisfaction y compris de façon indirecte. La motion peut faire retour (retour du refoulé) et, si
elle est très puissante, faire effraction dans le système conscient/préconscient. Elle peut aussi
chercher des satisfactions substitutives (formations de symptômes, etc.). Ces satisfactions qui
auraient pu être plaisantes, sont pourtant ressenties comme déplaisantes.
L’idée est un peu délicate : des motions pulsionnelles originaires appartenant aux
processus primaires sont automatiquement réglées par le principe de plaisir. Elles recherchent
une satisfaction, à décharger l’énergie excédante, etc. Mais la satisfaction de ces pulsions, qui
serait susceptible de procurer par elle-même du plaisir, risquerait de procurer du déplaisir à
l’égard d’autres exigences (celles du moi qui se fait le porte-parole de la réalité extérieure).
Elles sont alors refoulées. Néanmoins, elles ne sont pas supprimées, mais continuent d’agir et
de chercher satisfaction (le refoulé fait retour directement ou indirectement). Quand elles y
parviennent, cette « satisfaction » n’est pas plaisante mais déplaisante car le conflit qui a
engendré le refoulement n’a pas disparu. Elles continuent de contrarier les exigences du moi.
Une possibilité de plaisir est donc transformée en déplaisir en raison d’un conflit (qui a donné
lieu à un refoulement). Le moi formé et fort empêche de prendre plaisir à ces satisfactions.
Ce mécanisme n’est pas encore bien connu, précise Freud. Mais la conclusion est
claire : le déplaisir névrotique (qui résulte d’un retour du refoulé suite à un refoulement
pathologique) est un plaisir (ou une expérience de satisfaction) qui ne peut être éprouvé
comme plaisir par le moi, car celui-ci satisfait une motion qui contrarie les exigences du moi
(éthiques, esthétiques, sociales). Le moi ne peut prendre plaisir à cette satisfaction qui
s’impose par effraction ou détour. Ici le déplaisir ne contredit pas le principe de plaisir, mais
s’explique par le caractère conflictuel de la vie psychique et les clivages sur lesquels elle
s’édifie.

§8.Ces expériences déplaisantes ne contredisent pas le principe de plaisir


Outre ces deux sources de déplaisir (lié au principe de réalité et conflits et clivages
psychiques), Freud affirme qu’il en existe d’autres. L’ensemble de ces expériences ne semble
pas contredire, dit-il, le caractère principiel ou la valeur de loi du principe de plaisir.
Il ajoute ici un élément : la plus grande partie du déplaisir éprouvé est provoqué par
des perceptions. L’idée est difficile. On commencera par souligner qu’il ne faut pas entendre
perception au sens de perception claire et distincte ou au sens de prise de conscience. Elle
désigne plutôt une sensibilité à, l’appréhension d’une différence/qualité sensible. Néanmoins,
8

cette perception signifie une existence à la surface de l’appareil psychique. Pour devenir
consciente, une représentation doit être perçue, mais l’acte de perception ne suffit pas au
devenir-conscient qui exige en outre une forme de surinvestissement, soit un nouveau progrès
de l’organisation psychique. A la fois ce qui implique perception n’est plus un processus
inconscient, et l’existence d’une perception n’équivaut pas à un devenir-conscient.
La perception peut être externe ou interne. La perception interne de la poussée d’une
pulsion qui cherche satisfaction est source de déplaisir. D’autre part, la perception externe
peut aussi être déplaisante. Ce qui est perçu extérieurement (qualités visuelles, auditives,
olfactives…) peut être déplaisant ; mais ce qui est perçu à l’extérieur peut aussi causer du
déplaisir en ce qu’il fait naître dans le psychisme des attentes déplaisantes qui sont perçues
comme une menace. La perception externe peut occasionner l’éveil ou surtout le réveil de
motions enfouies et inconciliables avec les exigences du moi (par exemple, la perception du
substitut dans la phobie).
Le déplaisir est causé alors par la perception d’un danger. Cette réaction vise alors à
inhiber ou empêcher ce qui pourrait menacer le moi. Cette production de déplaisir s’intègre
donc dans la façon dont d’abord le moi se défend contre un danger et un déplaisir potentiels.
Que le psychisme anticipe la menace et que cette anticipation se signale à lui par une
production de déplaisir ne semble contredire ni sa tendance générale à l’évitement du
déplaisir (un certain déplaisir permettant de se garder d’un plus grand déplaisir possible) ni le
principe de réalité. Dans tous les cas, il semble que le déplaisir produit dans l’appareil
psychique puisse être compris comme un moindre mal servant à éviter un déplaisir plus
grand. Ce calcul des déplaisirs se concilie avec le principe de plaisir. Le principe de plaisir
n’est donc pas remis en cause, sa seule limitation tient à ceci que le déplaisir intercède dans la
recherche de la satisfaction et l’évitement du déplaisir.
Pourtant, Freud indique qu’on ne va pas pouvoir en rester au caractère principiel du
principe de plaisir et qu’il va falloir lui reconnaître des limitations plus importantes. Or ces
expériences du déplaisir possiblement moins compréhensibles dans le cadre du principe de
plaisir/principe de réalité vont justement être trouvées du côté des réactions psychiques au
danger extérieur. Toutes ces réactions ne vont pas s’avérer analysables comme des
expériences déplaisantes visant à prévenir un déplaisir potentiel supérieur.

S-ar putea să vă placă și