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Pour comprendre cette explication détaillée de la première section du texte, il faut lire
parallèlement le texte en détail.
Le premier chapitre du texte de 1920 propose une analyse de la notion héritée des
travaux antérieurs de Freud, celle de principe de plaisir. Le passage fournit d’abord des
éléments de définitions concernant les notions de plaisir et de déplaisir, puis pose le problème
de l’existence du déplaisir et nous soumet quelques explications du déplaisir dans le cadre
défini préalablement (processus psychiques réglés par le principe de plaisir.)
Le chapitre offre une synthèse d’élaborations théoriques antérieures et n’introduit pas
de nouvelles hypothèses. Les développements proposés s’inscrivent dans le cadre
métapsychologiques tracé par les articles du milieu des année 1910 (Métapsychologie), donc
dans un cadre « première topique/premier dualisme ».
psychanalyse, en des temps où cela est si mal vu… Sa reconnaissance envers Jung fut
immense. Il est vrai que susciter l’intérêt de quelqu’un de la renommée de Bleuler et trouver
un écho dans cette fameuse clinique suisse qui formait tant d’étudiants ne pouvait être qu’une
très bonne chose pour la Cause. Cette préférence donnée à Jung n’avait pas qu’une
explication stratégique. Jung et le Burghölzli de Bleuler représentaient pour Freud l’espoir
d’un apport scientifique majeur à son propre travail. En effet, toujours désireux de donner à la
psychanalyse des fondements solides, il rêvait que lui soit fournie une base expérimentale.
C’est l’espoir qu’il plaçait dans ces psychiatres suisses, espoir qui fut d’abord comblé. En
effet, Jung et d’autres, pour étudier les associations, avaient élaboré une technique
expérimentale. Celle-ci sembla fournir aux hypothèses freudiennes sur la reproduction des
souvenirs inconscients une démonstration magistrale, via ce qui fut appelé les « expériences
d’associations ».1
§3.Fechner
Freud cite à l’appui de sa thèse les travaux à ses yeux convergents de Fechner. Gustav
Theodor Fechner : philosophe et psychologue allemand, né à Gross-Sarchen, Lusace
en 1801 et mort à Leipzig en 1887. Il est l'instigateur de la psychophysique, une
science visant à mesurer des phénomènes d'ordre psychologique. Il formula la loi de
Weber-Fechner selon laquelle la sensation perçue varie proportionnellement au
logarithme de l'intensité d'excitation. L'unité métrique dans laquelle se mesurerait la
sensation est pour lui le seuil différentiel relatif (rapport de Bouguer-Weber), qui est la
plus petite différence d'intensité remarquable (en anglais jnd, pour just noticable
difference). En psychophysique, la loi de Weber-Fechner ou de Bouguer-Weber décrit la
relation entretenue par la sensation avec la grandeur physique d'un stimulus.
On comprend l’intérêt de Freud pour cette idée qu’il présente en citant un extrait d’un
livre de Fechner. Celui-ci corrèle sensation de plaisir et de déplaisir et stabilité et instabilité.
Le plaisir est alors dépendant de l’état de stabilité du système. Fechner attache néanmoins la
question des affects à la conscience, supposant qu’il n’est pas de plaisir et de déplaisir non
perçus comme tels, position que Freud va déplacer.
1
Pour en savoir plus, on lira par exemple les descriptions qu’en donne Jung dans son livre L’Homme à la
découverte de son âme, Paris, Albin Michel, 1987.
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particulier du principe de stabilité défini par Fechner. La loi des processus psychiques serait
donc un cas particulier de la loi plus générale qui régit les processus psychophysiques.
L’ordre psychique ne ferait pas exception.
règle absolument les processus psychiques primaires et que les processus psychiques
secondaires n’y sont pas directement soumis.
Les processus primaires appartiennent au système inconscient. L’énergie en jeu
s’écoule librement (énergie libre). Ils caractérisent en particulier la pensée dans le rêve (les
mécanismes de déplacement, condensation témoignent du déplacement libre et rapide de
l’énergie d’une représentation à une autre). Leur but est de reproduire des expériences de
satisfaction. Les processus primaires renverraient du point de vue génétique à une étape
antérieure du processus de formation de l’organisme. Les processus secondaires appartiennent
au système préconscient-conscient. L’énergie mobilisée est liée, les investissements sont
stables. Parmi eux, on trouve surtout les fonctions de la pensée consciente : attention,
jugement, raisonnement, pensée maîtrisée. C’est l’identité de la pensée qui est recherchée.
Ces processus obéissent au principe de réalité. Attention : le moi connaît aussi des processus
primaires (quand il réagit par des mécanismes de défense pathologiques). Attention : Freud
distingue bien les processus primaires et secondaires des « fonctions » primaires et
secondaires de l’organisme.
Le moi, qui cherche à réguler les processus primaires (à s’opposer aux exigences
pulsionnelles du Ca) et qui obéit à des mobiles de l’ordre de l’auto-conservation (préserver
l’intégrité du moi), fait valoir le principe de réalité ou la prise en compte de l’état du monde
(une satisfaction exigée par le fond pulsionnel peut entrer en contradiction avec celui-ci et
ainsi menacer la conservation psychique du moi. Par exemple, le moi impose de renoncer aux
motions oedipiennes, mais aussi à des pulsions d’agression, etc.) Le moi tente de réguler les
processus et d’inhiber ceux qui le mettent en danger.
Le principe de réalité ici ne contredit pas directement le principe de plaisir. Freud dit
qu’il en prend le relais. L’influence des revendications du moi infléchit les modalités de
satisfaction. L’obtention du plaisir n’est pourtant pas abandonnée avec le principe de réalité,
mais le plaisir doit être pris autrement. Trois modifications principales interviennent : 1)la
satisfaction ne peut plus être directe, elle emprunte des biais, exige du temps et des détours
(ajournement) ; 2)elles impliquent de renoncer à certaines possibilités : certaines exigences
pulsionnelles sont incompatibles avec la réalité telle que le moi l’appréhende et elles doivent
être modifiées, transformées pour obtenir une certaine satisfaction ; 3)elle impose une
tolérance provisoire du déplaisir. Si la satisfaction prend du temps et exige des changements
de forme, des détours, etc., il faut en attendant supporter le déplaisir causé par l’insatisfaction.
Ce calcul inconscient des plaisirs nous impose temporairement l’expérience du déplaisir. Ce
déplaisir ne contredit pas le caractère principiel du plaisir, mais est corrélatif du fait que, avec
la réalité et le moi, l’accès au plaisir n’est plus direct mais détourné.
Pour autant, le principe de plaisir non modifié et la satisfaction directe continue de
valoir longtemps pour les pulsions les plus archaïques et originaires, les plus difficilement
« éducables » et transformables, comme certaines pulsions sexuelles. Autrement dit, le
développement du moi et du principe de réalité, l’éducation, le fait d’être policé et habitué par
notre existence sociale au renoncement pulsionnel ne conduit pas à la suppression des
processus primaires qui continuent pour certains à revendiquer satisfaction directe et
immédiate. Nous en faisons l’expérience avec le rêve, quand il trahit son contenu latent
scabreux, agressif, etc.
Freud souligne que le principe de plaisir peut faire irruption et mettre en cause le
principe de réalité. D’abord, quand ces pulsions archaïques revendiquent suffisamment fort
une satisfaction pour faire une percée dans le système préconscient-conscient et dans le
système moteur. Ensuite, à l’intérieur même du moi, quand celui-ci de façon réactionnelle et
compulsive met en place des mécanismes de défense pathologiques. La défense pathologique
représente la recherche d’une solution psychique immédiate qui décharge immédiatement
l’énergie psychique (par exemple dans l’évitement phobique).
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cette perception signifie une existence à la surface de l’appareil psychique. Pour devenir
consciente, une représentation doit être perçue, mais l’acte de perception ne suffit pas au
devenir-conscient qui exige en outre une forme de surinvestissement, soit un nouveau progrès
de l’organisation psychique. A la fois ce qui implique perception n’est plus un processus
inconscient, et l’existence d’une perception n’équivaut pas à un devenir-conscient.
La perception peut être externe ou interne. La perception interne de la poussée d’une
pulsion qui cherche satisfaction est source de déplaisir. D’autre part, la perception externe
peut aussi être déplaisante. Ce qui est perçu extérieurement (qualités visuelles, auditives,
olfactives…) peut être déplaisant ; mais ce qui est perçu à l’extérieur peut aussi causer du
déplaisir en ce qu’il fait naître dans le psychisme des attentes déplaisantes qui sont perçues
comme une menace. La perception externe peut occasionner l’éveil ou surtout le réveil de
motions enfouies et inconciliables avec les exigences du moi (par exemple, la perception du
substitut dans la phobie).
Le déplaisir est causé alors par la perception d’un danger. Cette réaction vise alors à
inhiber ou empêcher ce qui pourrait menacer le moi. Cette production de déplaisir s’intègre
donc dans la façon dont d’abord le moi se défend contre un danger et un déplaisir potentiels.
Que le psychisme anticipe la menace et que cette anticipation se signale à lui par une
production de déplaisir ne semble contredire ni sa tendance générale à l’évitement du
déplaisir (un certain déplaisir permettant de se garder d’un plus grand déplaisir possible) ni le
principe de réalité. Dans tous les cas, il semble que le déplaisir produit dans l’appareil
psychique puisse être compris comme un moindre mal servant à éviter un déplaisir plus
grand. Ce calcul des déplaisirs se concilie avec le principe de plaisir. Le principe de plaisir
n’est donc pas remis en cause, sa seule limitation tient à ceci que le déplaisir intercède dans la
recherche de la satisfaction et l’évitement du déplaisir.
Pourtant, Freud indique qu’on ne va pas pouvoir en rester au caractère principiel du
principe de plaisir et qu’il va falloir lui reconnaître des limitations plus importantes. Or ces
expériences du déplaisir possiblement moins compréhensibles dans le cadre du principe de
plaisir/principe de réalité vont justement être trouvées du côté des réactions psychiques au
danger extérieur. Toutes ces réactions ne vont pas s’avérer analysables comme des
expériences déplaisantes visant à prévenir un déplaisir potentiel supérieur.