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SUR L ÉVOLUTION

DELA
DIALECTIQUE DE PLATON

Jl est peu de doctrines philosophiques qui aient provoque


chez les liistoriens une admiration aussi enthousiaste et donné
lieu à d'aussi magnifiques éloges que la dialectique de Platon
Les critiques d'Aristote ont trouvé moins d'écho dans les
temps modernes que les effusions enthousiastes des Alexan-
drins. Cependant, lorsque, sans parti pris, on demande aux
exégétes les plus réputés pour leur respect de la vérité histo-
rique ce que fut cette célèbre méthode, on est quelque peu
désappointé par leurs réponses Dépouillez les pages que
Zeller a consacrées à la dialectique platonicienne, des dévolop-
pements relatifs à la théorie de l'amour, à l'Idée du Bien, à
l'allégorie de la caverne gardez-en uniquement ce qu'elles
contiennent de technique et d'essentiel, vous pourrez le faire
tenir en quelques lignes: La dialectique se compose de la
7'j~xyM-~ et de la ~x(&
l'une consiste à ramener à un genre
unique la multiplicité donnée dans l'expérience, l'autre, à
diviser organiquement ce genre en ses espèces La première,
ponrétablir la définition, ne doit pas se borner, comme l'avait
fait Socrate, à comparer le plus graud nombre possible de
cas particuliers, elle doitdévelopper toutes les conséquences,
positives et négatives, de cette définition, pour prouver qu'elle
est admissible et nécessaire La
seconde doit suivre les arti-
culations naturelles des concepts –Janet, dans un ouvrage ou.
il faut bien le reconnaître, la pensée semble, parfois, flotter
un peu au gré de l'expression, voit daus la dialectique plato-
nicienne la méthode qui, d'une part, s'élève « d'idées en idées
jusqu'au dernier idéal '~c'est-à-dire jusqu'au bien absolu, et,

d. M. <<. Cr.. Il. P, p CiS, t. a.


Op. Ctt., p. 6*0.
PILW" Amléc IJh,lo5 190: t
d'autre part, « redescend par le raisonnement et par l'analyse,
ce monde intelligible qu'elle a gravi par la raison 1 » On pour-
rait dire qu'à cela se réduit le plus clair et le plus substantiel
de son livre, s'il n'avait eu aussi le niéritcde mettre en
lumière que les Idées platoniciennes ne sont pas extraites de
l'expérience par la généralisation, mais ont un contenu
nécessaireEncore y aurait-il lieu de faire quelques réserves
sur ce point.
A quoi sert ce double mouvement dialectique? Pourquoi
ne suffit-il pas de dresser, uue fois pour toutes, en allant
dans uu sens ou dans l'autre, la liste hiérarchique des notions,
et quel intérêt y a-t-il à parcourir de haut en bas les degrés
qu'on a parcourus de bas en haut? Platon a-t-il essayé une
application sérieuse de sa méthode? en trouve-t-on des
exemples dans ses œuvres a-t-il même cru en avoir pénétré
entièrementlesecret, ou a-t-il seulement aperçu le butà
atteindre et hésité sur les moyens? A ces questions et à bien
d'autres, cette conception de la dialectique platonicienne
n'ofire pas de réponses suffisantes.
Inversement, d'autres interprètes, moins soucieux d'exac-
titude que d'ingéniosité, prêtent à Platon la doctrine qu'il
aurait peut-être soutenue s'il était né vingt-cinq siècles plus
tard, et avait lula/.n~Mede Hegel. M. Halévy'est.ehe:
nous, le représentant de cette tendance. Mais, si de telles
interprétations étaient fondées, le plus célèbre des disciples
de Platon n'aurait guère été intelligent.
La dialectique platonicienne n'a été, croyons nous, ni aussi
simple et vague, ni aussi complexe et définie.Une chose,
d'abord,parait certaine, bien qu'elle soit encore parfois con-
testée c'est que la pensée de Platon s'est développée et trans-
formée au cours de sa longue carrière. Nous ne voulons pas
dire, du reste, que Platon en soit venu à abandonner les prin-
cipes essentielsdeson système,etqu'ilaitrenoncéàl'existence
en soi des Idées pour fairede celles-ci soit de simples notions,
soit, commeonl'aprétcndu contre toute vraisemblance',
des catégories ou des concepts purs analogues à ceux deKant.

1. Études sur la dialecVque dans l'latou el~rlarxa llAgel, p. 1i1.


2. Op. m<p. tMs~.
3. La lleéorie plalonic:enne
des aciences, 98f1d
4W.LuToKLAWSKl.JAe(~t'tn~p)'o!~Ao/'r~o'Wo;~e.pp.3tO,537.
361, i··47 ldeas, as here concevved, are âolenl rao(onsvn Ihe aame meamng
as lhe ideaa vrere for Lea6nvz or Kanl (J Puudrmt clmisw).
S'il était nécessaire, pour retracer les principales étapes de
la pensée platonicienne, de posséder uue chronologie exacte
et complète des dialogues, il faudrait y renoncerMais, s'il
est toutâfait chimérique de prétendre assigner à chacun des
ouvragesde Platon une date et nue place précises, il est cepeu-
dant qnetqnes points qui peuvent ètre considérés comme
acquis. On ne doute guère que le JLaf~es ou le 7.)/s!'4' n'appar
tiennent aux débuts, le Sop/tMtc, le fo~hf/Mi' et le 7'Attete,
à la fin de la carrière de Platon L'obstination
de Zeller à
soutenir que la NepM~ttytfe est postérieure à ces dialogues
ne semble guère foudée, et, sur ce point, la polémique soutenue
contre lui par nombre d'érudits contemporains2 est tout à
t'avantage de ces derniers. Le Mf'M): et le Phèdre, au con-
traire, ont été trésprobabtemontéerits avant fa~fe'p«<'<t<y Me.
Teichmù))er està peu près seul d'un avis différent. – Ces résul-
tats tout fragmentaires qu'ils sont, permettent pourtant d'en-
trevoir l'orientation des dinérents moments de la pensée de
Platon.

1Il est actuelleml'nt inipossible de résoudre d'une façon précise le prn-

lier
b!ëme de la chronologie des dialogues platoniciens. Denys d'itauearnfisse,
dan5 un passage pourtant bien connu (Comp. uerb 25), dit que Platon ne
cessa pas, jusqu'à quatre-vingts ans, de revoir et de retoucher ses ouvrages
~ITEVLyuv xzi ~o(J',p'.)X1sw'Jx:X) 7.2'J't?: ëpÓr.O'J su,te, les
conclusions qu'on peut tirer ùe1:. allusions historiques ou des idées exposees
inculemment dans les dialogues restent. forcément, précaires Les discus-
sinns sans nombre aU1:queUcs ont donné Heu le commencement du Thee-
tète et cent autres pdss~~<js ~uniu~uca sont donc tout à fait otseuscs. car
les debuts des dialogues etaient les morceau- qui appelanent les retoucfes,
et les allusions historiques telles qu'nl dalt le plus facile d'aloutar après
des
coup. On ne peut fonder d'arguments valables que sur ld. considération de

rmns de etleu
idée" ou du style, qui ont dû échapper d des nemnnioments
fnrcément partiels )[<118 il y a presque autant do platonismes que il hnsto-
vmt combnon arbutraurea sont los considératmna
que peut fournir 10 contenu <logsnatuyuc des dialogues. Reste donc la stylo-
metric. Malgré les d'vergenu~ bignalces par Zoiicr (o~ c~ p. 512 ~),
il est incontestable que les ciassincations duos a des statistiques m&tHuëeb
par des auteurs fllnérents et portant sur des locutions diffemntes, offœnt,
dans leur enbemble.dcfrappantes analogies LuLo&IawsMitprisatachc
de résumer et de coordonner les résultats de tous les travaux partiels dnté-
rieurs. Ceu1:. auxquels il aboutit lui même ont, d notre avis, un haut degré
les
de vraisem~lance. c1l'on ne sanraU trop louer cette parl1e de son lravanl.

de .syethése historngue, 1902


conclusions r1u'il en tire sur l'évolution de la pensée de Platon
sont entièrement fantaisistes. V. G. LtO~, Platon < la s/M<?'< Jtetiuf
et B~~O"ÀRD, Les Lois rle Ylatox
et la lbém'xe dea ldcee~, Amaee phnlos 1902, p, 1.
2. Notamment par jACKSorf, P~~o's ~ej' </ieo/ of ldeas, dans le Journa
o/'MjMtim.mse.
Hétait naturel que le disciple de Socrate partageât d'abord
les idées de son maitre sur la généralisation et la dénnition.
Jackson, entre autres, a fait nettement ressortir quela dialec-
tique platonicienne n'a été, à l'origine, rien de plus que la
méthodede Socrate' Le procédé employé dans le Lachès' pour
chercher la dénuitiou du courage, et. dans lo~/sis",pout-déH-
nir le chef, est itientique à celui dont se sert le Socrate des
~Nto~f~ pour établir qu'en toute circonstance le chef
doit être l'homme compétent. Cette méthode est trop connue
pour qu'il soit nti)e d'y insister. Mais quelle doctrine Aur la
nature des concepts impliquait elic?Apparemment, quête
concept a pour propriété essentielle d'être ce qui se retrouve
le même en plusieurs; que l'extension fonde la compréhen-
siou, ou plutôt, car l'extension pure ne représente rieo qui
puisse être pense ni même imaginé, que l'unique fondement
permettant de réunir en un tout les divers éléments de la
définition est la constatation empirique de leur coexistence
dans plusieurs cas particuliers.
Toutefois cet empirisme, inconscient sans doute chez le
fondateur du rationalisme, ne devait pas échapper à Platon
La méthode socratique elle-même devait lui fournir l'occa-
sion d'en sentir l'insuffisance et provoquer le désir de le
dépasser. Socrate, en effet, n'avait pas toujours employé, pour
trouver la déntiition, le procède qui consiste à l'extraire
immédiatement de plusieurs cas semblables. Quelquefois
aussi, après avoir posé d'emblée une dénnition trop lar~e, il
y ajoutait successivement les déterminations nécessaires pour
la resteindre à la notion considérée- Le célèbre passage des
~m~<où Socrate cherche à définir l'injustice, nous
fournit un exemple de cette marche. Nous la rencontrons
également dans l'un des premiers dialogues, l'~M~c'
Pour trouver ce qu'est la piété (Scu~, Platon distingue dans
la justice, dont il est constant que la piété fait partie,
l'sj~pELx, dans celle-ci,!Eus~jEt. enfin, dans cette dernière,
l'Eu~~x 0~ u-c-~sTm~. D'âpres M. Lutoslawsld~, ce serait

t Jf; ci; ]3SG. XV, pp. 2S~f/.


2 l')t H s~
3. 207 n
4. )U. 9. 10
5 ÏV. 2. )4s~
<).12 D x~.
7 Op cil.. p 364 .~?.
seulement à l'époque où il écrivait le 7'~t'e'(f''<e, que Platon
aurait été frappé par les rapports d'inclusion et de subordi-
nation des concepts.Il faudrait, pour admettre cette opinion,
croire quel'auteurdel'~xfAyp/trOMn'apas compris ce qu'il
écrivait. Et puis, pour apercevoir que les Grecs contenaient
uon seulement les Athéniens mais les Spartiates, et le genre
humain non seulement les Grecs mais les Barbares, aurait-il
fallu,mémeàun esprit médiocrement doué,des méditations
aussiprolongécs??
Mais un philosophe moins exclusivement dominé par les
préoccupations pratiques que ne l'avait été Socrate, devait
être amené à réfléeltir sur cette subordination hiérarchique
des idées générales;devait penser que cette répartition
régulière de la quantité logique a sa raison dans la nature
mémcdes notions ainsidistribuées;bref,ilil devait passer du
point de vue de l'extension à celui de la compréhension. C'est
dire, d'après la remarque que nous avons faite un peu plus
haut, qu'il se trouvait conduit à considérer comme insuff)-
sante rexplieation du groupement des caractëres qui cousti-
tueutcjtaque notion par leur jtixtapositiouempirLque,età à
chercher cette explication dans les rapports logiques de ces
caractères entre eux, donnant ainsi pour objet a la science,
non plus le général, mais le nécessaireoulacause Cette
decouverte, dont l'importance dans l'i]]'stoirGdcsidées est
considérable, puisque c'est par elle que le rationalisme a pris
conscience de lui-mêmo en s'opposant à l'empirisme, devait
être encore récente quand Platon a écrit le.)f(~:n)t)ll'y
exprime en termes plus énergiques que partout ailleurs «les
opinions vraies, dit-il (et il faut entendre parla le savoir
cmpiriuue)'s0[)t une bounechose et produisent toutes sortes
d'heureux enets. aussi longtemps qu'elles demeurent Seule-
ment, elles ne veulent pas séjournerlongtempsdansl'âme
humaine,mais elles s'en échappcut,de sortequ'il ne faut pas
les priser beaucoup tant qu'on ne les a pas liées par la con-
naissaneeraisonnéedelacause(x~).oY~)-,maisunc
fois qu'elles ontétéainsi liées, d'abordellesdevienncntdes
sciences, puis elles sont durables. C'est en cela que la science
est supérieureat'opiuion droite,etc'est par la liaison (5t':u:~)
que la science ditlère de l'opinion droite
Mais,puisque les concepts ne sont pas extraits du sensible

i. 97 1:.
ni donnés en lui, il faut, à moins de prétendre que le sensible
possède une réalité plus complète que l'intelligible, les douer
d'une existence indépendante, admettreque les Idées sont des
choses en soi. Telle est la doctrine à laquelle Platon aboutit
et à laquelle, quoi qu'en aient pensé de nos jours certains
historiens, it s'est constamment tenu, parce qu'il ne pouvait
pas ne pas s'y tenir
Cette doctrine, il est vrai, nous étonne et nous scandalise
Elle heurte des façons de penser établies par plus de deux
siècles d'idéalisme, et l'on croit, à la fois, servir la mémoire
de Platon et revenir à la vérité historique, en refusant de lui
attribuer une conception qu'on trouve absurde et indigne do
son génie Rien n'est moins loudé à notre avis, et l'on peut
affirmer, sans aucun paradoxe, que c'est précisément l'idéa-
lisme de Platon qui l'a conduit à admettre 1 existence en soi
des [dées. Aucun ancien. en effet, n'a songé à mettre en doute
la réalité substantielle du monde extérieur. Ni Aristote, au
moment même où sa doctrine sur le rôle du sujet dans la sen-
sation semblerait devoir l'y contraindre, ni les Alexandrins,
n'ont soutenu que le monde sensible n'existât pas en dehors
de nous. Ëttapolémiquedes sceptiques suppose constamment
l'existence en soi de choses pareilles, ou à peu près, à nos
représentations ils contestent seulement que nous puissions
jamais savoir, de façon certaine, si notre connaissance est
parfaitement adéquate à l'objet. Ceux des anciens qui ont été
idéalistes l'ont donc été en ce sens, et uniquement en ce sens,
qu'ils ont attribué à l'intelligible autant de réalité qu'au sen
sible. Par suite, soutenir que Platon a fini par renoncer à
l'existence en soi des Idées, c'est prétendre qu'il en est venu
à les considérer comme moins réelles que le monde des sens.
Or ae trouve-tton pas, jusque dans le T'i'MM'e, l'affirmation
expresse et réitérée du contraire?
Du moment qu'il existe un monde des Idées en dehors de
l'esprit, la connaissance que nous en avons n'est pas une
i
création de l'esprit pensée est, aussi bien que la connais-
sance sensible, le résultat d'une sorte d'expérience elle pro-
vient de l'action d'un objet sur un sujet. Cette action ne se
produit pas, la chose semble manifeste, au cours de notre
existence dans le monde sensible. II faut donc la placerune
autre époque. Telle est, dépouillée autant que possible de tout
élément mythique, la théorie de la réminiscence, qui nous
apparait ainsi comme une partie essentielle de la doctrine
platonicienne. Qu'on admette, d'une part, qu'il y a une
science à priori d'autre part, que toute connaissance est le
résultat de l'influence d'un objet sur un sujet; on aboutit
forcément à la réminiscence. Platon a bien raison de dire
qu'il faut admettre ou rejeter du même coup et la théorie de
la réminiscence et celle des Idées ('~Yi K'~yxvj Tc~~ xan
-:&ç r'~Ixer€px5 ~u;fz5 rP:v xxi ·xxç YeYov€ixv, xxi si N.·~ 1":li:ha;, où~
raSt) t)eme dans ses derniers ouvrages, et dans des mor-
ceaux où l'on ne peut découvrir ancune trace de mythologie,
nous voyons Platon avoir recours à la réminiscence. C'est
ainsi qu'il y fait manifestement allusion dans le jPohtt~ue'.
La connaissance intellectuelle s'explique donc par une expé-
rience transcendante, dans laquelle ont été donnés et aperçus
clairement' les rapports nécessaires des notions. D'ailleurs,
les objets de l'expérience intelligible ne ressemblent en rien
à ceux de l'expérience sensible et, notamment, ne sont pas
dans l'espace'.
Dès lors, la fonction de la dialectique'ne peut plus se bor-
ner à la classification empirique des concepts. Sa tâche
devient la recherche et la découverte de ces liens de nécessité
qui en réunissent les divers éléments il faut qu'elle soit une
reconstruction rationnelle de l'essence.
Cette conception de la dialectique est bien mise en lumière
par un passage de la 7M/)M~<j'Mf dont la difficulté ne justifie
pas les efforts et les discussions auxquels son interprétation
a douué lieu. Dans ce morceau, Platon après avoir dit qu'il
fallait distinguer dans le monde sensible, d'une part les

l.~f(~n,76E.
2. ,277,. D sqq .~¡"J"JZt ~2,? h:x:r't~ oiov waP d1W.;
1j!J:.W'I &Z'
ad.vs' zi 'J:zp 2j'IOEW. ,'itW, ,70~'t .E~r.E:;j xxi
:2't01tuJ.; E.QtX:Z
i,~è Cf. Dlén
ï
'T:'X.;ÀW, ~'J'1t~Q
E'I 'tlp T::Z?Ó\I't~ Y.t')~cr'X. '0
~.1À'
'ITSpl ":7j: £ma"Ijf.L1J~ 7:200:; Ëv
85 C xxi vvv Ixén ye (x.J"I r'Óa7.Ep à\lxp a?'t~ àV2XEy.bT¡'I"u
S~ ût~t ~t: Cf. G. H)TTE)t. P~/OS fo/t/tCUS.- ~Ct~e SU sffttct' ~J'AM-
3.C'est, 93-24.
t'!fti~,t896.p
en dernière an~tyse.pu.r la clarté que la science dtfTfre de l'opi-
nion dronte.nfp.. V, 478 C ou-us Q~ o~'otx oG~e -~Mjt, 5~x a-/ E~. –
oux "souxen.-âp' on E:Y.Q'; 'tOJ-(ù\l E:IT'tt", U1t::p~~t'lO)(1'XYvnam axpr,vsix
i1 âyvo:xv âaxoei~; O~ÕhE;p,(, &)~ J.p:x: 7¡v ô'liw, r;waE: ~x'sv aos
or,X 1'xo'tWOSC''tEpO'I, :2'['10t:2:; ôs oavtic_pov
9Xt'/E't:1..t ¡(?;t ')toÀu ys, E9"t;,
t. f'/tMre. 2t1 C.
C'est peut-être dans le 3fénun que Õt'XÀEX'ttX0:; est employé pour la
premnere fois. clans son sens proprement platomcien. V. 75 D, et LUTOS
HWSM.Opfti.p.MS.
f,Y!û9D.
images, les ombres, les copies d'autre part, les objets mêmes
qu'elles imitent, divise aussi le monde intelligible en deux
domaines celui des mathématiques, dont les principes res-
tent des hypothèses (car les démonstrations soût les consé-
quences de définitions dont les objets restent des possibles),
et celui de la dialectique proprement dite, qu'il caractérise
ainsi: par la seconde division du monde intelligible, sache
que j'entends celle que la raisou elle-même saisitpar la faculté
dialectique, en prenant ses hypothèses, non point pour des
principes, mais véritablement pour des hypothèses, c'est-à-
dire comme'des échelons et des points d'appui, pour se haus-
ser vers le principe universel, jusqu'àce qui ne peut être con-
sidéré comme une hypothèse (c~u~ETo-~ puis après (~x/ ;x~,
suivant les conséquences de ce principe, redescendre ainsi
jusqu'à la fin, sans avoir aucun recours à aucune donnée
sensible, mais en allant des Idées, par les Idées, vers les
Idées, pour aboutir aux Idées.
Ainsi, la dialectique contient deux opérations successives
la première consiste à s'élever de proche en proche, par la
généralisation, jusqu'au genre suprême (.Etre, Un ou Bien),
dont l'essence implique l'existence la seconde à développer,
par la seule puissance de la raison, les conséquences de ce
principe, à reconstruire, et, cette fois, sans avoir recours à
l'expérience, la série des Idées jusqu'aux dernières réalités.
Le premier moment de la dialect.ique, Je mouvement ascen-
dant, est empirique on prend pied sur les notions de ptus
en plus générales que la classiûcation du donné permet d'éta-
blir, pour remonter jusqu'à r~'j~E-rf~. On admet. sans dé-
monstratiou le~T~ et le ~<. s'T~, comme dirait Aristote,
de chacun des genres posés. Le second moment., la dialectique
descendante, est seul puremeuL rationnel seul, il atteint des
Idées et non plus des généralités empiriques~ II doit se cons-

1. 1] oaL a noter qne presque tuus les endroits uu Platon oppo:c ]C~
douc Conchons do la dualeclulue, il marque le passage de une il l'auLre
j'ai los ü'-pl'ObSHHlf; 7.ct),w, xi, ou 7.:X)d'J a3
Celle rL'!Hiltque, que nous avons cru un moment avonr dé 10 preuuer
à i'~n'o (V Les ~t~eM(t/~<"fet ~f~c~Mf </ft~ le ~~p de ~o;f.
~-c/L f. ~s<
Elle </ /t~ t. XV, fd.bc. 4. p. 488j, date. en v<;)'t~. do plus de
quarantc se trowedans le Dlannel <le Plazlosoplaae anezenae de
RENOV\IF.R (1::144), t. ll, 1,. 30 Ainsa, selovz Z'laton, Ca m aae smence, réanllat
oZae secvvezl mouwrzraeal, rlu mouvearaerzt olesceanolant ole la dulrclayue, seraat

une scieace synLluetvqve zlorat Ze coaxLenza s'obhenazlrart par derlecLaorz l.'aoaa-


Lyse et Z'indarclaoa ri attraient luem y~ae dans la voze yzzi meuela l<z connans-
sarace.
tituer entièrement à priori, t'j -Mu'; -u'<st~~mM~ ~M
T:x-~x~x7~ o~E-~ ~po?/~u.o; ce doit être ~ù~ &M'/ ~oy~
o.,¡i,CiJ-¡~; 3.
C'est dans )e .M<'tt0tt, avons nous dit, que se rencontre, pro-
bablement pour ta première fois, ta conception de l'Mcc qui
a conduit Platon à cette conception définitive de la diatec
tique. Aussi, quoique ic passage que nous venons de citer
soit particulièrement net, on retrouve plus ou moins explici-
tement les mêmes idées dans des ouvrages qui ont, sans aucun
doute, été écrits les uns avant, les autres après la 7ffptf~~tff,
notamment dans le J'AMt'e, le Cra<y~, le .SopA~te. le /'o<t-
!i~Mf, le J'A:K'<'e. Le but de la dialectique, dit le J'~Mre
c'est de ramener, par la définition, ia multiplicité des choses
à l'unité, puis (~x~) de diviser de nouveau selon les Idées jus-
qu'à l'espèce indivisible- Et l'on ne doit pas procédercette
division comme nn boucher maladroit qui tranche au hasard,
mais en suivant les articulations naturelles des concepts
Mêmes prescriptious dans le Pf~~i~~f" et dans le ~r~
il faut diviser les concepts suivant leur nature et leur essence.
Le ~opAtsie'définit aussi et oppose l'un à l'autre, à peu prés

1. )!<~)..
3.
3. ~c~

reine apl'l(JJ'lsche

~7i;O
~î 2(i5 D
\isé, JI ne se
0.
ihid.,
Vf!. M2 A.
H)t;i, Vf. tt).

du
2~7 À. – ZcUcr (op. e~

si;;
On
p 700) !iftirmû que Pt.iJ.nn n~ vise pa;,
à, ,onstruetion purement a priori (I'lalo's Absicht .?elt n,el2t auf ene

pas pas c\.prnné Ilutrcment.


1J.X'1
du mOIn" que, s'Il y eÙt.

~à~:X'1 (j".)'IOptÕ'I" f"fsVI 7:0iJ,:xzfl ÕlS7:Xp-

t.
6- 387 A ;:hl~i~i¿;l:r:çj;r;~¡i:~
5. 2S3 3S7 C.

7. 2A

d.los
1)

'f~NO;; ir.[n:X7h~. ce que St.11bum a pro-


de
liost~e et que SUSEUIHL (Geiiel

di~ti.gue
~édu, <1. une les
tAche
t, EiLlu,
Celle de
du dt~ocLoen Ceite
distingue dj[t& 1. t~lcl,. do ]~ ïtostTK
1. p. 30i-30~) aljl)muve, a l'iriconvé
Opél\tIÜIIS Plat..
Si,d
(~Vf~oM..S/Mf~,
p 1¡O sr¡. et note 15), reprIse pd!' O. AI'F.LT (dans ~on érhtiOll du Soplaste,
L<'][)/ ]897), suppose une diS'Hirtion de trois espèces de notions ~enet't-
dans les mêmes termes, les deux opérations de la dialectique:
« celui qui possède cette science doit être capable d'apercevoir
d une façon suffisamment claire une Idée unique se répétant
en une pluralité de choses individuelles distinctes, puis com-
ment une pluralité d'idées différentes peuvent être unies dans
l'extension d'une Idée supérieure et, d'autre part (x5), une
idée unique se joignant à plusieurs Idées subordonnées, de
façon à ne faire qu'un avec elles; et, enfin une pluralité
d'Idées séparées », c'est à-dire ne se communiquant plus à des
idées subordonnées En cela consiste la science de la commu
nication des genres. Enfin le l'hilèbedéclare qu'il faut d'abord
s'élever à l'idée unique, puis, quand on l'a saisie, examiner
si elle se divise en deux, en trois ou en un autre nombre
d'idées, et diviser de nouveau chacune des unités ainsi obte
nncs, jusqu'à ce qu'on ait épuisé l'idée unique d'abord éta-
blie.
Que l'on compare les textes de ces divers passages, et l'on
ne pourra pas douter qu'ils ne s'appliquent à la même mé-
thode Prétendre, comme on l'a fait, qu'à partir du T~e'f/f~,
et postérieurement à la ;!e'pft~!f;tM*, Platon a remplacé par
l'investigation discursive la vision intuitive des Idées trans-

quos qui n'est guAre platonimenne, et (Ion[ on chercherait en vam l'équi-


valent dans les autres dialogues. Plus récemment, Fa. Lr:KAS (Zls~cler f.
usterr 9ymm 18:7, p U29 sqq ) a bien aperçu l'analogue de ce morceau

de
deuc demarches icndamentales de la
ce qu'al y a a
funduca. de ZELLER..ly-e/t
1. 16 D
son 8'{plJcafion.
ad'J ,03v f¡i-2Ç
f ~MC/t
V los

"(J)v o'j"
en
Mais
J.voc celm ou, quelques lignes plus haut ~2.1'i B-Cj, Platon eMadel'ISe les

~M.,
c'e:tpeu
grande partie
JL, 6CC.
àto:sxoçf1-1jf1-~YW~ ~C:l
Lent
¡..t.l:t,V, ¡O~~Y
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CI:).Acx. xzi

~ÈV Ó't~OUY, Par suite,


aucune
que
Cl1tf,O'ct: L e'pl¡callOn de 'ttU'J E'J E:)'Jtù"l £),1.:1'tO\l 110
difficultés. Rauunv remarquo

Pas celle
employer los eupreseions 't'œ Ëv, Tiuv sv, soïç a, comme plus bas (17 L) ¿DJ,o
'tw\'
pareil
Platon a pu

que proposc
1W ouav, n'est néccssilLre. Buity
Lot,s (O6ï B) par a raison de conserver le texte tl'd.dl-
iLonnct. – Au\ passages que nous iLvons cites, Il tant a)oi]tp,t'c<j!)jt dos
Buocnn~an, arl il,
~o 10), ou
fÀ(-t~)~~f l'on rctrouvc les
EiVat pÀEmw.
2. LU'rOSLd\4'SKI,
op p S09 p
~I~Qsô:xBJrel~é1t~oa:' ~¡~~1âr~~ ~x s~,v

)~t~ p 364). Platon se demandait


Dans la ItepubGqae, dit Lutoslawskt
rtc 6 -:p~;
ïo~ &tcc~&YET9&[
Õ'J\I~¡..t.E(J); Mais la qiieslion l'estdit sans répome.
l:Dl¡~Oau\a~g~

t~
nous sem6le résul-
ter des passages cités que la queslion n'étaV ni plus m moms réaoluc dans
la Républiqlte que dans le Theétète, le Saphiste ou le Philebe.
cendantes, c'est refuser arbitrairement à prendre dans le
se
même sens des expressions et des formules identiques. Répé-
tons-le, Platon n'a jamais cessé de considérer les idées comme
des choses en soi, et, en même temps, de croire à la possibilité
d'un passage discursif et rationnel des unes aux autres, bien
qu'il ait été tout naturellement amené à insister davantage
sur la discursion et la communication des genres, à l'occa-
sion de sa polémique contre ceux qui la niaient.

Au reste, les arguments qu'on invoque pour établir que


Platon a fini par renoncer à l'existence en soi du monde
intelligible, ne nous paraissent pas résister à l'examen Lutos-
lawski les a repris en ajoutant ceux qu'il a cru découvrir lui-
même. Le tout, à première vue, forme une masse imposante
Mais le prestige sévanouit quand on y regarde de près. La
raison qu'on allègue le plus ordinairement est que, dans les
derniers dialogues, ou ceux que l'on considère comme tels,
les termes de y~ d'EMo: et d'iS~ peuvent partout être enten-
dus dans le sens de genre ou de concept, et u'impliquent. point
l'existence d'objets correspondants. Eu admettant qu'il en
soit effectivement ainsi, la conclusion qu'on en tire n'est
nullement légitime. Modelée sur le monde intelligible que sa
seule fonction est de rénéchir, la pensée n'a pas, d'après
Platon, d'autre contenu que les choses, ni d'autres lois que
les leurs. L'ordre et la liaison des concepts dans la dialectique
reproduisent donc l'ordre et la liaison des réalités intelli-
gibles. Lorsqu'il s'agit de les retrouver et de constituer la
science, il n'est pas surprenant que Platon sous-entende qu'à
chaque notion intelligible correspond un objet en soi. Aucun
des endroits où ces termes sont employés n'exclut l'existence
de l'idée. Oron reconnaît qu'à partir d'nn certain moment s!Sot
et ~sct sont devenus, chez Platon, d'un usage constant pour
désigner les idées transcendantes'. Pourquoi, lorsqu'ils se
retrouvent daus le l'hilèbe on dans les Lois, ces mots y
auraient-ils un autre sens? Bien plus, il est inexact que,
même dans les derniers dialogues, Platon omette toujours de
mentionner la transcendance de l'Idée. Les expressions aû-d
1. Id. ibid., p. 2o5 The ~7-<-c~ and cons/at~ use n/' e?Qa; IS~ to
Û7-
designate a Lranecendental Glea bedon3s to a somewhal later stage of Pla-
/(t'jt ~;<
xx~' xu~, afurme Lutoslawski ne
s'y rencontrent, plus;les
idées éternelles ne sont plus des essences séparées existant
par elles-mêmes ou indépendantes,comme elles l'étaieutdaus
les dialogues plus anciens Gomperzadéjà signalé l'oiu'-
de cette assertion. It cite un passage du T~nec où les
mots xx~' -x~~x Tx~~x sont employés dans !c sens <~e Platon
leur a toujours donné. On peut eu citer d'autres notamment
celui du P~r~f~'fjf~ 135 A-B o~Soo; ircc~u s-~uo~~ 5'j'o~
~TtOe~ siT'. Tt. ~xx~-ou x-xi ~u~~ Nj"~ xx0' <xjT~
Comment
croire, dès lors, que les objections du Parménide soient diri-
géf's précisément contre les E'tS-~ fx~ïx xx'j' xuT~~? Cependant
un autre passagedu même dialogue vise formellement l'hy-
pothèse où les idées ue seraient que des concept.s, ft Lutos-
lawski en cite ce morceau qui paraît eu effet, péremptoire
¡J.'f¡ wav ô.~ÔW'l SXOCO¡-;O'J 1"O'.h'wv vÓ<;¡.u: x, o'J¡b:fJ'()~ xu:w J:?0'7t11.~1
E-~y~Ec~i. fxU.o~-)'iEv -~u~a~. Seulemcut, la suite, qu'il eùt été
équitable de citer aussi, écarte précisément cette bypothcse*
Parménide et Socrate sont d'accord pour admettre que tout
')-x suppose un objet (ïL o~; c~x~ îxx?''o'~ ~L '/o7,uLxT~
v6'qp.z ô'o0~hvÓç; à)-i,' iô1n,ov, ô.~ï.dv. &}}i 'IÓ; 'J7.L ¡;o;; r,
oOx~To;; ov-:o;), et que ces objets sont les paradigmes des autres
choses Le 7V~f~ est aussi censé « fournir très clairement
l'indication que l'existence séparée des idées est jugée impos-
sible )) Voici le passage invoqué ~x os ''yo-~T~ E-/ -o~
"(L-('fOp.bütç xu Y.:xt hr.cipovS E~t 6~E"7:2"P.J1j'J zxi j.QÎJ,i ':e':o'l'.J~r!
S'ë-;ÉOV,
OCV,
d~' Ó?;(J'I Ct¡j-f
~XJ~¿¡v >x1.
<J.-J";i¡ç

&u.x €v hC ce
I.ftlp(: 8
mots I.rtJr[ç
Y.éÚ

et'xS-j'/xTf~~KTt)vsontsouIignc5,commf;siPlat(]'navaitvonlu
âi2
7:o1Î,o~ç Les
.h,W'I àOUV2-;([¡-;X-;O'! c~x!vo:

dire que l'existence séparée des Idées était la chose la plus


impossible du monde. En réalité, il faut joindre ~p~ à 'rr~.
Ce qui paraît impossible c'est que l'Idée sorte d'elle même
pour se réaliserdanslesclioses.Non seulement ilyalàune

1
'1 Op. c~ p. 4&j.
2.r<'n~[;~t/e~Crëc-e.~rfr..H.Si]8,2
3. Si tt
4. Luxos~Awsm, np. cit p.03
5. '1.12 A 73 lv
ulea nai,qAi 6e a fJeorryJel <aad emst onl~
pas les InInC9 m,Lis lo Vû7J:.1't.
l'dusse le sen:; en
m our Car
trmluieunt par flaal eaclc
O:(P nc Ùesyne

fi f:i' n)tn(-mn!).M~.c.p.
7 Lueos~awsn.o, op. uil p. 4(jj.
8. i~ n
McMf, pour employer l'expression de Gomperz qui la signale',
mais, compris comme il doit l'être, ce passage prouve préci-
sémentiecontraire de ce qu'on voulait lui faire prouver. Car
ladifficulté que Platon signale est celle-ci ne semble t-il
pas tout à fait impossible que l'Idée soit une réalité substan-
tielle et en soi,et,enmcmetemps,qa'elleseréaliseeaune
pluralité de choses? Brochard a relevé d'autres passages~
que Lutoslawski ne peut invoquer saus eu fausser le sens et
qui, en réalité, prouvent directement contre lui II est
aussi peu exact que, dans le !'tHte'i' et dans les f.oM, il ne
soit plus question du monde intelligibleIl est
de toute
nécessite, dit le ï'iHice', que ce monde-ci soit l'image de quel-
que autre c'est l'imitation produite et visible d'un modèle
invisible et éternel En ce qui concerne les ~.ats. la démonstra-
tion a été faite d'une façon péremptoire par Brochard. dans
l'article que nous avons déjà cité. L'histoire est peut-être
t'artdesoi)ieiter!estextes\maisencorefaut-itymettre
quelque discrétion et ue pas iguorer trop systématiquement
ceux qui résistent.
On prctendqueieï'~e'e~'fc marque comme le tournant do
la pensée de Platon',La nécessité de classer les notions en
genres et en espèces, d'en suivre, par la dialectique, la hié-
rarchie ascendante ou descendante y serait reconnue pour la
première fois. Nous avons constaté plus haut que cette con-
ception de la dialectique est déjà, et plus nettement exprimée
que partout ailleurs, dans la 7tf''p!tt~iÇMf. Mais on affirme'
que tous les procédés que Platon préconise pour cette classifi-
cation seraient impraticables si l'on considérait les idées
comme des elioses en soi. Nous ue voyons pas bien en quoi le
fait de regarder les concepts comme des réalités intelligibles

t. f.Of Ct;.
S Art Ht..p. )t. n
H. LuTosL\waht, op. ct/
t.2i) B; 49 A.
p. 475

1.
5 L'tirRumfm~smva.nt(LuT05nwsn[.op oV.pp 337) ~aut la peine d'être
cited litre d'exemple.s'agit de prouver que l'on le l'Ivèdre
une concC!pt.lOn plus large dos sontiments moraur que dans la Republvquee.

p.
JetrELdtH~:<']~nsieP/tfc<')'f.lesentl])tent[!tUralC!,).fCp['L~e]itei,ousIa
la
tui'nie()'unbc.iueLboncour&i<rdenubier!L[-e.ptemf!'atnhjt)on,tudjs.
ut be hissant
aussi, (le la tcmpúrance et de honneur. :.Ul\ 11nt l'opinion dJ'Oitf'
gu~tit-
amoureu'(
ct so la,nssant gmdur par la C'estlàune
rfuson C'est
]a ransun dctfm[i0]i plus large
uno dcLmUon l!l]'ge que
celle ql1l est donneo dans la fiépubLuque »".
6 cxt..p. 3'71 sqq.
7. Id M. p 4iS.
pourrait rendre la classification impossible. La classification
aurait elle pour condition indispensable quelesconcepts ne
soient pas autre chose que des classes empiriquement consti-
tuées ? –Voici, du reste, un exemple de ces procédés qui ne
seraient, dit-on, applicables qu'à la nouvelle conception des
idées'.C'estceluiquiestindiqueparle/'f)h<~M<ilfaut
diviser les notions en suivant leurs articulations uaturelles,
comme ie prêtre divise les victimes. Mais le Cr(t<ie~ et même,
encore plus nettement, le /Mrc*, avaient formulé la même
prescription il faut diviser x~' o~a~ ;t~uM, x~~ i~unt~
xxrayvGvau p.~po; ir~ô_v.
Les considérations destinées à établir la prétendue iunova-
tion du Meeteft! ne sont pas plus heureuses. Celle-ci entre
autres" d'après ce dialogue, la définition doit indiquer les
caractères spécifiques du défini et ne pas se.borner a une
éuumération d'exemples. N'était-ce pas déjà dans le jte'Kun,
où Socrate réclame qu'on ne définisse pas la vertu en énumé-
rant les vertus, maisen indiquant:ToOToM oSMvS~o'po'j~v, fi/4
Txij-uv Em~ ~xsM~. Le 7'A~e~e, ajoute-t-on\ attache la plus
grande importance aux idées générales issues de l'observation
sensible. -Mais qu'est-ce que cela prouve?Platou n'a-t-il pas
toujours admis que les notions empiriques, contenu de l'opi-
nion droite, sontle prélude de la réminiscence? Ne lit-on pas
dansle~/tf~re*:S6~ïto~~u~L~x~xT[T'El5o,:).:Y'tp.e~o~ey.
noa),wv 2dv xle9nczrw etç @vÀoye~iu 5"·mxyoSuevam
9
An fond, en essayant de prouver que Platon a renoncé à
l'existence séparée des idées, on veut et ou croit pouvoir éta
blir, en même temps, qu'il a transporté à l'âme la réalité dont
il avait dépouillé l'Idée*. C'est principalement sur le Sophiste
qu'on s'appuie dans ce but. Le Scp/tMfe, dit-on, affirme de
l'être compIet('n''Ts'.Ss~)lele mouvement, la vie et la pensée.
Or attriltueràl'Idée ces caractères qui sont ceux de l'âme, ce
serait tomber dans un abtme d'absurdités" Nous allons dire
iM.iht;.
2. 2!!7 C
3.Z.t)e.n<.
4.j'.oe.c!<.
5. Lrrow.:vwssy op. cit.,P. 377.
6. 72 C.
7. Lt'rOSLAWSKI, op. cat., p. 376.
t.MtB.
B.
9.THi!oestropin'on<]eHtTTEn,rûp]iheparLuTOsL.twaM.
10Ro~248E;LuToSLAwsht,o~.<'i'j',p.4~1;4t8fjr~.
comment, à notre avis, il faut interpréter ce morceau du
Sophiste. Toutefois, nous pouvons, dès maintenant, observer
que l'abime n'est pas aussi profond qu'on le pense. Car rien
ne nous oblige à prendre ici vie et moM)?emcMt dans leur sens
propre et physique. Le mouvement dont il est question dans
)e 7~)f\h'f, par exemple, consiste, d'après Lutoslawski lui-
mêmedans les relations mutuelles des idées (MK!Cfrm< mt<-
t)M! reiaCom.!). Pourquoi n'en serait-il pas de même ici? On
insiste, et l'on objecte' que l'être complet du Sophiste est
susceptible d'agir et de pâtir, taudis que, d'après le J~Hgu~,
les idées sont impassibles. Mais ce que le B(t?!<~<e{ attribue
aux Idées c'est l'impassibilité par rapport aux changements
qui se produisent dans le monde sensible, et le Sop/tts~ n'y
contredit point. Ajoutons que tel passage du Sophiste ne serait
pas déplacé dans la République ou daus le P/~rf Nous cite-
rons, en particulier, celui ci 3 ~f~o~Tf, -o3 ~-f~f~t ~x
&

ÀOY~(j:J.c'j'J îôéx, 8~i ;ù ),xyaodv aû n,jç XÛ)P~ o·'uôxp.w;


'j¡pov:x~(p.¡OÇ
FLTEr,~ç d96rlv:r: c& Yâp ii~ç :iw r.o~,aiav ~uL;~ç ôuuzra xxprsPsïv zaôç aô
S::f)'; j:opM'<T!t aSu~~tx. Dira-t-ou que cesont là des métaphores?
Mais alors pourquoi n'en seraient-ce pas aussi dans les autres
dialogues?On arriverait ainsi à conclure que jamais Platon
n'a cru à la transcendance des idées.
On est bien obligé de reconnaître que, dans les Lois, ~TM{ Sv
désigne les Idées Mais, nous dit-on, c'est précisément parce
que le B'est l'âme et que l'Idée se réalise dans )'ame'.
Ainsl, que les termes dont il s'agit soient ou non appliqués

conclusion. Tels les arguments de i'M~~me' –


aux Idées dans les derniers dialogues, on en tirera la même
Voici, enfin,
une considération qui nous parait, le digne couronnement des
autres si l'on en est venu à regarder la théorie des Idées en
soi comme la conception dominante du platonisme, c'est que
les dialogues dialectiques, étant plus difliciles, ont été moins
lus'. Il nous semble que les plus intelligents des anciens
interprètes de Platon n'ont pas précisément renoncé à l'exis-
tence séparée des Idées, et que Proclus avait lu le ParmAtMf.

t. o~. ni, p.tt7.


S. MM., p. tX).
3. 2M A.
4. LrTosnwsm. op. eï/, p. 505-506
5. 275 E.
6. LUTOSLA\V9N1. op. cif., p. §RS
Mais, si Platon a atteint de bonne heure et conservé jusqu'à
la fin sa conception du but de la dialectique, il a hésité sur
les moyens de le réaliser. Peut-être n'est-il jamais parvenu à
la pratiquer d'une façon qui le satisfît lui-même, et à en cons-
tituer un exemple qu'il put considérer comme définitif- De là
le découragement qui se mde à son admiration pour cette
méthode « la plus belle de toutes, mais qui, maintes fois, lui

niers dialogues le Sophiste, le Philèbe, le 7'


échappant;, l'a laissé dans le doute et dans le vide M~. Les der-
semblent
être précisément les tentatives de Platon s'efforçant, par divers
biais, de réaliser une partie de la dialectique, à peu près
comme Leibniz a essayé de constituer une partie de la carac-
téristique uuiverselle.
Le Sophiste cherche à établir que, du moment qu'on pose
l'Etre, il faut poser aussi le Même, l'Autre, le mouvement et
le repos. Après avoir, dans la seconde partie du dialogue, cri-
tiqué les doctrines des Eléates, des matérialistes, des Méga-
riques, l'Etranger pose tout à coup à Tbcctëte la question
suivante~: «mais, par Zeus! nous laisserons-nous persuader
que l'être, dans sa plénitude, ue possède pas ce qui est vrai-
ment le mouvement, la vie et l'âme, qu'il ne vit ni ne pense,
mais que, vénérable et sacré, il reste immobile, dépourvu
d'intelligence?En d'autrcs termes, l'être. In réalite véritab!e
et totale, n'est ni l'objet, ui le sujet seuls c'est l'objet prenant
conscience de lui-même et devenant ainsi sujet; l'être se
créant une conscience pour s'y réfléchir. L'intelligible, pour
être eutiéreruent, implique une intelligence il ne ressemble
pas à ces statues. saiutes et vénérables, mais dépourvues de
pensée et de vie. Sans doute, l'antériorité appartient encore à
l'objet Mais ce n'est plus qu'une antériorité logique, et Aris-
tote n'aura pas grand effort à faire pour mettre l'intellect et
l'intelligible sur le même plan
L'âme dont Platon parle dans ce passage ne ressemble
point, cela va de soi, à l'âme humaine. C'est une âme pure-
ment intellectuelle, analogue a l'intelligence des Alexandrins.
Aiusi entendue, FAme est, naturellement, ce qui entretient avec

']..P~ i6 B
~/t.. 248 1;.
l'Idée la plus proche parenté, puisqu'elle n'est que la pensée
de ]'Idée; elle n'a d'autre fonction que de la refléchir. De
même,par mouvement, vie et pensée, il ne faut pas entendre
ici ce que nous désignons ordinairement par ces mots. Les
quatre expressions ~Yt~ xx'. ~u/viy-x'~p'~T~sontéqni-
valentes. La preuve en est que Platon ne parle plus, dans la
suite, que du mouvement, ~T~ qu'il prend pour substitut
des trois autres. Mais de quel mouvement peut-il être ques-
tion ? Sans aucun doute, d'un mouvement purement logique,
de celui que l'objet accomplit pour se refléter dans le sujet.
Platon lui-même le dit expressément, en déclarant que con-
naître et être connu c'est être mû et mouvoir'. Le concept de
x!vr, n'implique donc ici rien qui ressemble au mouvement
local
Cela ne doit point nous étonner. Chez Platon, comme
chez Aristote, le terme a, en effet, assez d'extension pour s'ap-
pliquer non seulement à la translation, mais à tout change-
ment;atoutpassaged'nnétatàunautre,ond'uucpenséeàà
une autre Le raisonnement même est, à ses yeux, une sorte
de mouvemeut. D'ailleurs, ne disons-nous pas, pour désigner
des opérations intellectuelles, discursion, régression ou pro-
grès ?
Ainsi donc, l'être ne va pas sans le mouvement et la pen-
sée, l'objet sans le sujet. Mais, à ces deux termes, il faut ajou-
ter le repos, car un perpétuel devenir rendrait la pensée
impossible. Enfin, chacun de ces termes est identique à lui-
même et din'érentdosautrcs;dela deux notions nouvelles
ce) les du Même et de l'Autre ou de l'identité et de la diltérence'.
Tel est, très succinctement, le spécimen de la dialectique que
nous offrcIe~s'fc.Platonn'a pas poussé plus loin sa
déduction,ctpcut être aurait-ilétéassezembarrassépourie
faire. A-t-il même pu se flatter d'avoir véritablement tiré de
l'être et déduit les quatre genres qu'il y ajoute? On ne peut
guère le croire, car ce qu'il a posé, on réalité, c'est la pensée
de l'être, et, eu faisant ressortir que chacun de ces termes est
identique à soi et distinct, au moins pour l'abstraction,de
l'autre qu'on peut les peuser daus leur opposition ou dans
leur communication, il n'opère, au fond, aucuu progrès. Par-
ménidc n'aurait pas en do peine à montrer que toute l'argu-

i MM.
2.SopA.,2MD«~}.
Annhe plulos 1905. 5
mentation du Sophiste n'allait pas plus loin que, ses Parois
def'f'n'M.
La méthode employée dans le Sop/u~e étant manifestement
impuissante, Platou dut se tourner d'un autre côté. Depuis
longtemps, il avait été frappé de la parenté des mathéma-
tiques et detadiaiectique.Peut-être n'avait-il pas nettement
aperçu la nature et le rôle de l'analyse et de la synthèse eu
géométrie, mais il n'ignorait pas que les Pythagoriciens,
sans autres éléments que l'unité et la dualité, avaient consti-
tué la série des nombres Si l'on pouvait, de même, réussir à
constituer, en partant du simple, non plus seulement les
nombres, mais les Idées et les choses, on aurait enfin réalisé
la science dialectique. C'est dansée sens que la penséede
Piatou s'est orientée à la tin de sa carrière C'est par là, sans
doute, qu'il fautexpliquer l'admiration qu'il a professée alors
pour ]e pythagorisme. Or comment les Pythagoriciens avaient-
ils procédé à la construction des nombres? Prenant pour
principes l'unité et la multiplicité indéfinie, ils avaient consi-
déré le nombre comme résultant de l'opération de t'uue sur
l'autre.Lamultiplicitéestpoureuxcommelamatière dans
laquelle l'unité, en se répétant, constitue les nombres succes-
sifs elle joue le même rôle que la limite qu'on pose dans
t'espace indéfini pour y découper les figures. Toutefois, a ces
données, il fallait, pour en tirer le monde des réalités intelli-
gibles, ajouter un principe qui permît de sortir du domaine
de )a pure possibilité. Platon l'avait déjà constaté dans la
Jie'pMtt~xf. Il avait déclaréqu'if fallait remonter jusqu'au
principe dont l'essence implique l'existence, pour, ensuite fon-
der sur lui la réalité des essences subordonnées Mais ce prin.
cipen'était-it pas le BieuPL'insuffisance d'une construction
mathématique et son incapacité à atteindre )e réel, provien-
nentdoncdeceque la hnafitén'yentre pas en ligue de compte.
Telle est la conclusion à taquefle Platon aboutit et qu'il pré-
sente dans uu passage, le plus profond peut-être, du Po~t~~f~ 1

Il y a deux sciences de la mesure la première qui n'étudie


la grandeur et la petitesse que dans leur relation réciproque,
pourfaquellecestermes n'ont de sens tlue l'un par rapportà
rautre;fasecondequitientcotnpte,pourles apprécier,de)a
convenance,de l'à-propos, de la juste mesure, bref, de la fin.

t.2S~Cs~ct.t,ïjrI'intC['pru~tiondccepa.ssi].gc,~rc/t.Ge~c/t.
d.
Mt;LXY.«!'i.ft;.
Il semble qu'une fois eu possession de ces principes, Platon
aurait dû tenter de aouveaulagenésc du monde intelligible.
Mais l'analogie des Idées et des nombres, les notions de limite
et d'illimité, celle de cause ou de fin étaient encore trop
vagues pour être mises en œuvre Le f/tt~tf; est. au moins en
partie,consacréàles préciser; « Les anciens, lisons-nous au
début'de ce dialogue, qui étaient meilleurs que nous et
moius éloignes des Dieux, nous ont transmis comme une tra-
dition que nous devons considérer tout ce que nous disons
être, comme résultant de l'uu et du multiple et renfermant
dans sa nature Ialimiteetl'illimitc;qu'il faut donc,puis-
qu'il en est ainsi, que uousprocédioustonjoursànosrecher-
elles en posant, pour chaque sujet, une notion unique. Nous
la trouverons, en effet, car elle y est. Lors donc que nous l'au-
ronssaisie.ilfaudraexaminersi,après cette Idée unique il s'en
trouve par exemple deux, sinon trois ou tout autre nombre,
puis, de nouveau. faire le même examen pour chacune de ces
unités, jusqu'à ce que l'on aperçoive, non seulement que l'Idée
d'abord posée est une et multiple, et infinité, mais encore
quel nombre déterminé elle est ». Un peu plus loin',Platon
déclare que l'universalité des choses peutse répartir en quatre
catégories la limite (~x;), l'indéterminé (o~po~), le mixte
résultant de l'opération du premier sur le second (~y.~),
enfin lacausequi dirige cette opération (cth~). Du rapproche-
ment de ces deux passages,ilrésulte,manifestemcntaà notre
avis, que les Idées font partie du mixte' qu'elles sont des
unités de multiplicités, et, comme telles, des nombres. Mais le
premier nous indique, en outre, plus précisément en quoi
l'Idée ressemble au nombre et en quoi elle en diffère Comme
le nombre, elle réunit en un tout une pluralité d'éléments.
Mais ces éléments ne sontpas homogènes et sur le même plan,
comme ceux d'un nombre mathématique. Chacune des unités
ou,plus exactement,cliacuuedes Idées plus simplesqui cons-
tituent la compréhension d'une Idée donnée, contient, a son
tour, des Idées plus élémentaires et ainsi de suite jusqu'à
l'unité dernière et indivisible. En sorte que les unités dout se
compose le nombre idéal ne sont pas toutes coordonnées,
1. 16 C.4~q., CÎLé Ci-dCSens
:.23C<<;}.
3 C'est aussi l'opininn de J~cNSOV larl cit, Journad oj' Philolo,qy, X,
p. 283 s~ ). de PEIPERS (~f~Pi~M~CO)'tC P~ p j87 ~). de L ~CUEUER.
JV~c sur/c ~Aï~e. /te);;fe de M~a. ~o' X, t90~. p 2M.
y
mais forment une hiérarchie; qu'il a entre elles, suivant
une expression qu'Aristote a peut-être empruntée aux leçons
de Plalon, de l'antérieur et du postérieur.
Quant à la cause du mélange, c'est sans doute, le principe,
réclamé par la /f~)t&f~)te et par la Pohfi'~Ke, qui doit trans-
former les possibilités en réalités; c'est le Bien ou la cause
finale Elle est, comme l'intelligencereprésentation des
fi us
Mais si l'Idée est uueo~jiDt- en qui unemultiplieité d'Idées
subordonnées est ramenée à l'unité, il eu résulte une consé-
quence importante: Le monde sensible, en effet, est, Jui aussi,
incontestablement, un ~x-6v, ou, si l'on veut, un ensemble
de mixtes constitués grâce à l'opération de 1 Idée sur l'indé-
termination des qualités sensibles. Par suite, l'Idée qui en
elle-même est un mixte, joue le rôle de principe d'uuité par
rapport aux choses sensibles. Une même chose peut donc être
considérée comme unité, mixte ou même multiplicité suivaut
les rapports qu'elle soutient.LorsqueAristotcreprocheàt'ia
ton d'avoir considéré l'être, l'un ou le Bien connue des genres,
et lui objecte que ces termes n'ont de sens que par analogie".
quand il affirme que les éléments et les principes des choses
lie sont les mêmes que si on les entend xxfjrjAo'j x~. x~-r'
Ttvx~Q' c'est peut-être à son maître qu'il emprunte les
armes dont il se sert pour le combattre. Est-ce à dire que P]a-
ton aurait cousentià considérer 1 Un ou lemixte comme de
pures relations?Assurément non. L'unité suprême, tout au
moins, reste pour lui uu absolu. Et, s'il est juste de chercher
dans le y'~f~ l'origine de certaines doctrines aristotéli-
ciennes, les Alexandrins pouvaient encore plus légitimement
prétendre que l'Un qu'ils posaient au-dessus de l'essence et do
la pensée correspondait exactement à l'unité antérieure aux
idées parce qu'elle est le principe des Idées.
Toujours est-il que l'idée d'analogie dont Aristote fera un
usage si fécond apparait très nettement dans le Mt~ete. Pla-
ton se représente l'ensemble des choses comme réparti enuu
certain uombre de domaiues distiucts, dont les principes
l'Un, le multiple et la cause u'ont de commun que le rôle qu'ils
jouent dans leurs domaiues respectifs. Ces domaines sont,
t.M;i,31A.
H,
2 An posl 7, 9~ b. 13: E~A A~'c t. 4, iU'J6 &. 27: Me<a., A, 10,
iOtSff.3:) et m'p.
3.Ma.,A,4.t~7(itt,32
d'abord, le sensible et le monde intelligible'; puis.
monde
comme nous le voyons par le 7'~)~, l'âme du monde et peut-
être aussi ie microcosme humain. Ici encore, les Alexandrins
ont été les interprètes ndetcs de la pensée platonicienne. Le
Vtm~c dit en propres termes s qu'it y a analogie entre Je monde
sensible et temondeinteHig)b!e,et!efanxTiméede Lucres
a été bien inspiré, et non pointsans doute par Aristote, quand
il a considéré le Ao-~c~ ~6~0~ qui, d'après Platon, uons permet
de nous représenter la matière sensible, comme un raisonne-
ment par analogie3.
Si notre interprétation est justifiée, les quatre ou cinq prin-
cipes du ~<~
n'ont guère de commun que le nombre avec
les cinq genres du Sop~~ff?. Cependant un curieux passage de
PlutarqueaDirme l'identité des uns et des antres, et l'on a

ont,
9. Si les Idées sont les
lieur lesdes choses 1-
("ho~cs sen-
paradigmes des l,lé. let et 1.1, los fnèmes rap.
ports se rf'trouv~!lt; ici, plus, clairs pnur n?U3; 1<1. plus clanrs
r.x?5&myp,x aûcô 0=cOx: cop ,nci~ovoç s vx:;
Soi
~e~1~~}.
xv ~ruvl!.l:r-o'~ Y.év .cxl cu·x,odv.),dvov 'Iiô ¡.r.r; Oiô'IO; ~)x-.2ovxëyov:wv p.et~(J'ltoJv
I'oL 27i D
yÚsrcÓv, tu d:¡; IJ..ÓV te, p7, 1t':l.paÕdl'tJ.1.j'( ZOW!LeVOV b:J:vwç
Les pdradlgmes sonenblee, ennous muntrant
ÈV&SlX'IOcrO';tl ss cùrv ps:~wmn).

des et on
des rapports de lSut, nous SCl''v'ontd dCC¡llërll' les opimons droites, dos-
quolles nous dl~gag-ûrom: Ies nohons mleJhglbles def; choses ds sontnamme
les rautnons du raisonnement: {Õ5'7:S:p yà~ b(xi,pooç ËXOl.1.s'J :oi Myou -'rs
T;x?x~~x-:x {2'Ae< 20~ h}. Md!S.b'jf f;t ticb chobcs dont on trouve
et peut, pal' sUite. acquêlir aisé-
ment une opinion dl'Olle, il n'en ost pas de rm·me pnur les plus grandes et
les plus nmpnrtantes de toutes, connuc, sans doute, le
\ous ne l'eocoot1'on" autour de nous aucun 1H1l'dthgnJC Lini convienne
le
le beau, etc.
(PoL ?85 E
'"O~
o~
7tIJ" o,:w" p~t3t(Ù;; .t"7¡J.:1td'l ah61'(c"d 'CT/Z¡;

et
¿'~Ol~T'JY.:);O'J,!& yx)er.dv ¡';1'j).j~: Õ"t~'I ap-.iUV ~1)~t)À~,O~
'Hp ~O'YOV a:"CI)'J'I, r,z?! -.oa (.tJJ,>. IÓJ~:J~p~O~ EVI)~~EŒO'n, ,o~ç ÓQ;)
u:~y{(r:f)t: )0"( y.tt 'tu.~w,X~O\ Q:JY. ea-,¡v s'~Ôtv).oV oiÔÉV r,pùÇ 'tQJe; a'llÚow1to:J<:
Q

s:pyxe(csvmn lv::tpy(u: ) Comum, d'antre sommes mcapables do


part, nous
~sa!.to[nti)'edfi'ectfmcni.pL).r)a.pensë<;j)ure.ïiou&c~bf)mmRai6fIuitaE). a
nous on créer un
peu au hù.ù.!(l des paradq:~m(1s qui
vempl,rcent, l'eupenence sensnbh;. C:e sonl les mytlms..l,nsn le mythe du
Fo~);e, pM' c~eiMpic, est un p~rii.<i]gr)[c (277 B: i:~ p~opL~s~
"8;'71:1'1 1J.e'{Û,:x .=t.?'XO;¡IL'X"X 1tOll::tcrOtU, .X'Jp.a.I1":O',I oYI..OV (lp:q.l.ê.IQ~ ':ou
¡.tJOO'J ..) l'latnn,
remarque Zewcs (op cef p !58t), emploIe les m)t.lJes
notamment quand Il s'agd de choses Il sans analogie avec notre expétienca
présente)' Lemythe est donc une sorte d'cxp~i~neo artific~llc (]U) donne

que
naissance il
~/t~f;e~(t/OM.tM~os~/t~
S. 29 B-C.
p
une opinIOn drû1te IV. knmeman, Lea m;~the.e dana La. phxloso-
l'JÛO.p LePû;t;i?Me~1ëC)J't
la paradngme produit l'opumon droOn

3.7'un,52B:Ps.i'JH.7nun~§3,ft
4.P<'Etap.L'c~/t,15.
récemment soutenu avec autant de pénétration que de force,
le bien fondé de cette assertion l'être du Sophiste correspon-
drait au ~f-x-~v du ~/< ce qui, dans le Sophiste, s'appelle
le repos et le mouvement, serait représenté, dans le P~7<
par la limite et l'ohmoo'; enfin le Même et l'Autre auraient
pour équivalents, dans le Mt~te. la cause de l'union et la
cause de la séparation. Si séduisante que soit devenue la con-
jecture de Plutarque ou de son auteur, grâce à l'ingéniosité
des arguments dont on l'a appuyée, elle ne nous parait pas à
l'abri de toute objection. D'abord, le ~x~ du Philèbe est,
comme son nom l'indique, logiquement postérieur à ses élé-
ments, la limite et l'infini. Or l'être du &)p~<e est, au con-
traire, antérieur au mouvement et au repos; le mouvement et
le repos sout dans l'exteusiou de l'être, tandisque leséléments
du mixtesont dans sa compréhension. Sans doute, l'être com-
plet, le ~~E~; o'v du Sophiste, implique le mouvement, c'est-
à-dire, comme nous croyons l'avoir montré, la pensée. Seule-
ment, ~])p~)(e ne signifie pas ici qu'il la suppose, mais qu'il
l'appelle. L'être n'est pas l'effet de la pensée; c'est la pensée
qui est l'effet de l'être. On ne peut donc d'aucune façon consi-
dérer le mouvement comme un élément de l'être. C'est d'ail

le repos ne sauraient se ~e'


leurs ce que dit expressément le Sopttsie' le mouvement et
tandis que l'être est mélangé
à l'un et à l'autre, car tous deux sont x~ ~T,v ~6 y! 5uo (~j~
xsL y;b1"¡~w) c?ap.a ():o~') hu,(x;m r.?dç âa)~f,),m. xù 8! ^lc ôv yz:dv
d.P.'fo~v. èaWv yào âyor ;o~.
L'oh~po-'ne correspond
pas mieux au mouvement, ni, par
suite, le repos au 7: Car, encore une fois, xhT~ dans
le Sophiste, équivaut à ~p6vT~~ xxt Or, Platon aurait-il
voulu admettre que la pensée est l'indétermination? L'iden- –
tification du Même avec la cause nous parait aussi contestable.
Comment le Même, en effet, pourrait-il être la cause du
mélange de deux choses dinêreutes et, par exemple, dn repos
et du mouvement? 11 n'en serait ainsi que dans le cas ou par
le Mt~mf il faudrait entendre l'élémeut commun à deux notions
distinctes, et grâce auquel elles communiquent. Mais ce n'est
pas ainsi que Platon le définit dans le .So~At.<;e'. 11 en fait
uniquement l'identité de chaque chose par rapport à soi ajT!)

1. L~cueuen, nrf. cil


2 3M D
3. ;M.
~x-j-M -Œ~v. En ce sens, le Mémo est une cause de séparation
aussi bien que d'union c'est précisément parce qu'ilest iden-
tique à soi que le mouvement, par exemple, se distingue de
l'être. Pour mieux dire, leMéme, ainsi réduit a la stricte iden-
tité, n'est pas une cause du tout. Enfin, est-il légitime d'assi-

l'
miler l'Autre, dont l'importance est capitale dans le Sophiste,
à la cause de la séparation qui, dans le PAt~hc, n'est pas mise
en œuvre? – L'Autre qui, par rapport à l'être, est le non-être
(m ~.ï, B< iiTMM -rou 6''<To;), ressemblerait bien plutôt à
du P/u. Car il y a, dans chaque chose, une infinité de non-
être, c'est-à-dire la quantité indéterminée des autres choses
u.c'.
qu'elle n'est pas (~sp'LE'xKcTo~ o~x-f~ e~5ùv~oA'J f66~,xnstpo'/
M~MiOtt-o [1~ 0').
Somme toute, les cinq genres du Sophiste sont ou préten-
dent être les premiers termes de la série des intelligibles ils
résultent d'uue déduction dont l'être est ie point de départ.
Les quatre termes du Philèbe désignent les quatre rôles qui
doivent être remplis chacun par le principe approprié, si l'on
veut tenter avec quelque chance de succès la construction de
la réalité sensible on intelligible. Mais les principes du monde
intelligible n'ont de commun avec ceux dn monde sensible
que l'analogie de leur fonction. C'est cette fonction commune
qui justifie et détermine le terme commun de ~spx~ d'o~po'~
ou d'Lx employé pour les désigner. Ils ne sont pourtant pas
des catégories irréductibles et nne pensée suffisamment péné-
trante parviendrait, sans doute, à les dériver de l'unité et de
la cause suprêmes. Cependant, provisoirement et faute de
mieux, on pourra légitimementessayer la construction detelle
ou telle partie du réct, par exemple de l'âme ou du monde
sensible, en prenant pour données l'unité, la multiplicité et
la cause qui constituent ses principes propres.
Voilà, nous semble-t-il, ce que nous devons conclure du Phi-
lèbe. Il n'est point, comme le Sop/~s~, un essai de réalisation
dune partie de la dialectique; il a pour but de déterminer
plus précisément les conditions de celle-ci. Il indique les prin-
cipes et les causes dont il faut s'assurer et se rendre maitre,
si l'on veut tenter une construction qui ait quelques chances
de réussir.
Cette tentative, Platon l'a peut être faite pour le monde
intelligible dans les leçons où il exposait, sans doute, sur les

i. 256 H.
Idées-nombres bien des choses qu'Aristote ne nous a pas
transmises.Mais il n'en reste aucune trace dans ses écrits.Ea
revanche, nous savons par le Timf'ceommentilyprocédait
en ce qu i concerne l'àme du monde et le monde sensible. Pour
no parler que de ce dernier, l'~E~o-' y est représente par
I'étendneetlemouvenient(/tu~x~.YEvsT.~)'IeTtEp~parIa
figure et le nombre (E~ET. xx'. Ap~u-o~)~, la
cause par le
démiurge~. L opération de la figure et dn nombredétermine,
dans l'étendue, des triangles élémentaires, dont les groupe-
ments constituent les corps simples et leurs qualités, puis
les composés inorganiques, organisés et vivants, leurs pro-
priétés et leurs fonctions La direction de ce progrès est
l'fBuvre de l'intelligence diviue qui oriente tontes choses
vers le meilleur. Le détail en est connu, et serait ici sans
intérêt.
Mais il est clair que cette dialectique du sensible n'est point
une construction rationnelle. Outre que le problème de la syn
thèse physique y est résolu d'une façon par trop expéditive
et simpliste, Platon ne parvient à rendre compte du choix
entre les directions possibles qu'on établissant, de prime
abord, dans la cause tout ce qu'il s'agit d'expliquer dans l'ef-
fet. Le monde qu'il s'agit de construire est déjà réalité dans
la pensée du démiurge. D'une part, Platon est persuadé qu'une
explication véritable doit être une construction allant du
simple au complexe; d'autre part, il aperçoitque, pour exclure
la contingence qui résulte de la pluralité des déterminations
possibles, il faut faire intervenir !a finalité. Or, qu'est la fina-
lité, sinon l'explication du simple par le complexe? Ces deux
thèses antinomiques, Platon n'est point parvenu à les conci-
lier, et peut-être s'est-il rendu compte de t'inanité de ses
efforts. Mais Aristote a t-il été plus heureux et y a-t il un phi-
losophe moderne qu'on puisse regarder comme ayant pleine-
ment résoin ladifficulté?
An seuil de la vieillesse, Platon écrivaitqu'itn'étaitpas
très difficile de faire comprendre en quoi consiste la dialec-
tique, mais qu'il l'était extrêmement de la pratiquer (Sr.tùM'.

1.521'.11.
S.!)3[tC/Ui.tt..?6AA
3. Voie Bnocnvnn, Lvs m~thv..s daus la philnsophie rle Platoxi, Anrxée plei-
losoptvique, 7UOU, p. f-. Lu dvmiurge du Trmée .'est pas alentütnenln
cause du f'Zerslèbe, ni au Bien; mais il en joue le rôlo dans la genèse du
monde sensnble.
~v o7 a&vu ~x7,e ~dv, i~,v~e0auâ! zx~zî,eaoe Eu tout cas, s'il a
successivement employé, pour y parvenir, des expédients
divers, il eu a toujours conçu de la même façon la direction
générale et le but.A cet égard, la seule évolution qu'il y ait
eu dans sa pensée fut celle qui s'accomplitlejour où il s'éleva
au-dessus de l'enseignement de Socrate.

1. PA~ 16 B.
G. RODIER.

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