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Assemblée Nationale
Initiée par
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EXPOSE DES MOTIFS
L’expérience passée renseigne que dans les années qui ont suivi l’indépendance
politique de notre pays, les discours tribalistes, haineux et xénophobes entretenus par
les « élites » politiques égoïstes et prétentieux avaient incité au repli identitaire et
débouché à des troubles préjudiciables à l’unité nationale. Il s’en était suivi une
dégradation préoccupante du climat social et sécuritaire. C’est dans ce contexte que
l’Ordonnance-loi n°66-342 du 7 juin 1966 portant répression du racisme et du
tribalisme fut signée et promulguée. Avec l’évolution du contexte politique dû à
l’ouverture démocratique et au multipartisme ainsi que les nouvelles technologies
d’informations et de communication, les mécanismes prévus par cette ordonnance-loi
pour juguler le tribalisme et le racisme sont devenus inadaptés. Par ailleurs, cette
ordonnance-loi était centrée principalement sur les aspects de répression.
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La présente loi comprend 37 articles répartis en six chapitres intitulés comme suit :
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L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article 2. La présente loi s’applique à toutes les personnes tant dans le secteur public
que dans le secteur privé.
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4. Entreprise familiale : celle dont l’exploitation et le personnel sont constitués
des membres de la famille de l’exploitant
5. Injonction de discriminer : tout comportement consistant à enjoindre à
quiconque de pratiquer une discrimination, sur la base de la nationalité, de la
race, de la province, du territoire, de la tribu, de l’ethnie, de la religion, de
l’handicap, de l’état de santé, du sexe ou de l’âge, à l'encontre d'une personne,
d'un groupe, d'une communauté ou de l'un de leurs membres.
6. Mesure préjudiciable : notamment la rupture de la relation de travail, la
modification unilatérale des conditions de travail ou la mesure préjudiciable
intervenue après la rupture de la relation de travail à la suite de la dénonciation
d’un acte discriminatoire dans le chef de l’employeur.
7. Organisme spécialisé de l’action contre le tribalisme, le racisme et la
xénophobie : entité juridique créée par Décret du Premier Ministre et chargée
de la surveillance des mesures anti-discriminatoires, dotée de la personnalité
juridique et reconnue compétente pour ester en justice pour le compte et avec
l’accord de la victime.
8. Racisme : s’entend du sens que lui confère l’article 1 er de la Convention
internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale du
21 décembre 1965.
9. Tribalisme : idéologie fondée sur le contrôle du pouvoir au profit d’un groupe
en raison de l’origine de la famille, de l’ethnie ou de la tribu. Elle s’étend
également à l’appartenance régionale ou provinciale. Elle se caractérise par la
survalorisation de son groupe et le rejet de l’autre.
Article 4. L’État ainsi que toutes les entités qui en dépendent s’engagent à poursuivre
par tous les moyens appropriés une politique tendant à éliminer toute forme de
discrimination sur la base de la nationalité, de la race, de la province, du territoire, de
la tribu, de l’ethnie, de la religion, de l’handicap, de l’état de santé, du sexe ou de l’âge
et à favoriser l’entente entre tous les citoyens.
Article 6. Tout appel à la haine ethnique, tribale, raciale ou religieuse qui constitue
une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi.
Les conditions d’interdiction prévues à l’alinéa 1er du présent article dont définies par
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décret du Premier Ministre, délibéré en Conseil des Ministres, après avis de
l’organisme spécialisé de l’action le tribalisme, le racisme et la xénophobie.
Article 8. Sous peine des sanctions pénales prévues par la présente loi, il est interdit à
toute personne exerçant des fonctions ou mandats ouverts au public de transposer et
favoriser sa culturalité dans le milieu professionnel.
Article 9. La direction des cabinets politiques au niveau central, provincial ou local est
assurée par une personne qui, selon le niveau de pouvoir, n’a pas la même origine
provinciale, tribale, ethnique que l’autorité investie.
Article 10. Sous réserve des dispositions prévues par les législations particulières,
toute distinction fondée sur la nationalité, la race, l'ascendance ou l'origine ethnique,
tribale ou provinciale, la conviction politique, religieuse ou philosophique, l’handicap,
l’état de santé, le sexe ou l’âge, manifestée par un acte, un propos, une pratique ou
une règle constitue une discrimination au sens de la présente loi.
Article 13. Lorsqu'une plainte ou une action est introduite par ou au bénéfice d'une
personne en raison d'une violation de la présente loi intervenue dans le domaine
professionnel, celui ou celle contre qui la plainte est dirigée ne peut prendre une
mesure préjudiciable à l'encontre de la personne concernée, sauf pour des raisons qui
sont étrangères à cette plainte.
Article 14. L'employeur qui réintègre la personne dans l'entreprise ou dans son
précédent service ou lui laisse exercer sa fonction sous les mêmes conditions que
précédemment, est tenu de payer la rémunération perdue du fait du licenciement ou de
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la modification des conditions de travail, et de verser les cotisations des employeurs et
des travailleurs afférentes à cette rémunération.
Article 15. A défaut de réintégration ou de lui laisser exercer sa fonction sous les
mêmes conditions que précédemment, l'employeur paye à la personne concernée une
indemnité égale, selon le choix de cette personne, soit à un montant forfaitaire
correspondant à la rémunération brute de 36 mois, soit au préjudice réellement subi par
la personne concernée, à charge pour celle-ci de prouver l'étendue de ce préjudice,
dans ce dernier cas.
Article 19. Lorsque les faits soumis au juge pénal font l'objet d'une action en
cessation, il ne peut être statué sur l'action pénale qu'après qu'une décision coulée en
force de chose jugée ait été rendue relativement à l'action en cessation. La prescription
de l'action publique est suspendue pendant la surséance.
Article 21. Un décret du Premier ministre, délibéré en Conseil des ministres, crée et
organise l’organisme spécialisé visé à l’article précédent.
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Sa gestion se fait en codirection confiée à la société civile selon les modalités fixées
dans le décret portant sa création.
Article 23. Commet une infraction d’outrage à la tribu et punie d’un emprisonnement
de cinq ans et d’une amende de cinq millions de francs congolais, ou de l’une de ces
peines seulement, toute personne ou groupe de personnes, qui intentionnellement,
stigmatise ou tient des propos injurieux contre une personne ou un groupe de
personnes en raison de leur appartenance tribale, ethnique ou régionale.
Article 26. Commet une infraction d’abus de pouvoir tribal et punie d’une peine
d’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de trois millions francs
congolais, ou d’une de ces peines seulement ; toute autorité publique qui nomme à la
direction de son cabinet une personne en violation de l’article 9 de la présente loi.
Article 27. Quiconque, soit par paroles, gestes, écrits, images ou emblèmes, soit par
tout autre moyen, manifeste de l’aversion, de la haine ou de la violence à l’égard d’une
personne ou d'un groupe ou communauté de personnes en raison de la race, de l’ethnie,
de la tribu, de la religion ou aura commis un acte de nature à provoquer cette aversion
ou cette haine ou violence, est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende
de cinq millions francs congolais, ou d’une de ces peines seulement.
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Article 28. Sont punis d’une peine d’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une
amende de trois millions francs congolais, ou d’une de ces peines seulement:
Article 29. Quiconque, par des faits, gestes et autres actes favorise l’engagement ou la
promotion en milieu professionnel en raison de la culturalité est punie d’un
emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinq millions francs
congolais, ou d’une de ces peines seulement.
Article 31. Sans préjudice des sanctions disciplinaires ou administratives, les peines
prévues aux articles 23 à 29 de la présente loi sont portées au double :
1° si l’infraction est commise par voie de presse, de radio, de télévision, des réseaux
sociaux ou par tout autre moyen susceptible d’atteindre le public ;
Article 33. Tous les trois ans à compter de l'entrée en vigueur de la présente loi,
l’Assemblée et le Sénat procèdent à l'évaluation de l'application et de l'effectivité de
cette loi.
Cette évaluation a lieu, après audition de l’Organisme spécialisé, sur base du rapport
tri-annuel présenté à l’Assemblée nationale et au Sénat. L’audition est publique et se
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déroule lors d’une plénière.
Article 35. Les règles relatives à l’application de la discrimination positive sont celles
prévues dans les législations particulières régissant les secteurs concernés.
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