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Le partenaire-symptôme pourrait viser par exemple ce qui serait

à soustraire au besoin sa satisfaction


Jacques-Alain Miller légitime ; et qui se justifie d’une révolte
dirigée contre ceux qui s’approprient
indûment les objets de la satisfaction.
Neuvième séance du Cours Il y a là un champ d’expérience qui a
(mercredi 28 janvier 1998) sa légitimité, sa présence dans
l’histoire, on peut même au présent
voire en effet des revendications
s’exprimer au nom du besoin et exiger
comme légitime la satisfaction qui le
comble, l’exiger du corps social, voire
Donc l’autre satisfaction, voilà le de l’humanité, qui prendrait en charge
terme emprunté au chapitre V du de réaliser, d’accomplir ce schéma
séminaire Encore que nous essayons élémentaire. Faut-il dire que nous ne
de cerner et qui nous a renvoyé, la nous prononçons pas là-dessus, à
dernière fois, au chapitre VII de partir de l’expérience analytique, sinon
l’Interprétation des rêves. Ce terme de que cette phrase comporte qu’il n’y a
l’autre satisfaction figure dans la pas seulement en cause la satisfaction
première phrase de ce chapitre V, que du besoin.
je vais vous relire : « tous les besoins Mais, deuxièmement, qu’entre le
de l’être parlant sont contaminés par le besoin et sa satisfaction, il s’interpose
fait d’être impliqués dans une autre une autre satisfaction. Avec la
satisfaction - Lacan indique que une question qui suit de savoir à quoi est-
autre satisfaction est à souligner - à ce qu’elle peut bien satisfaire si ce
quoi ils peuvent faire défaut ». n’est pas le besoin. Quel est l’autre
Nous nous sommes déjà arrêtés à terme à quoi viendrait s’accoler cette
cette phrase, arrêtons-nous un peu autre satisfaction, et on peut, premier
plus longtemps pour examiner ce commentaire, ajouter, troisième
qu’elle suppose, ce qu’elle emporte remarque qui, elle, s’ensuit de ce
comme conséquences. Ça veut dire, chapitre, que nous avons relu, que
ça signale, premièrement, qu’il n’y a cette satisfaction, autre, serait celle qui
pas seulement la satisfaction du donnerait son lieu à l’inconscient. Et
besoin, que le schéma élémentaire, c’est ce qui, à simplement lire, est
qui comporte simplement la relation du proposé par Lacan comme une
besoin à sa satisfaction, n’est pas définition supposée éclaircir la nature
suffisant, en tout cas qu’il n’est pas de l’autre satisfaction, qu’elle désigne
suffisant pour situer ce qui se ce qui se satisfait au niveau de
manifeste par l’expérience analytique ; l’inconscient, et qu’en tant que telle
c’est-à-dire que cette expérience n’est elle se supporte du langage. Et c’est
pas seulement de la frustration de déjà nous amener l’inconscient comme
cette satisfaction. le lieu d’une satisfaction, non pas
seulement l’inconscient comme ce qui
Besoin satisfaction s’interprète, mais bien ce qui est le lieu
d’une satisfaction.
Évidemment, la frustration de cette Et donc cette phrase initiale de ce
satisfaction peut donner lieu à chapitre implique dans la relation
nombres d’expériences, peut par élémentaire du besoin et de la
exemple mettre en cause ce qui serait satisfaction une autre satisfaction, ce
à soustraire au besoin sa satisfaction, qui veut dire que le rapport du besoin à

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sa satisfaction est compliqué par cette de l’obtention de l’objet du besoin et


implication et qu’autre chose y c’est ça qui déjà justifie qu’il y ait en
interfère. Si sommaire que soit ce cause un appareil psychique. S’il n’y
rappel, je le souligne, parce qu’il fait le avait que satisfaction et besoin, on
joint avec l’inspiration la plus constante peut dire qu’on se passerait aussi bien
de Freud, et que cette implication, de l’appareil psychique. Il y a
avec sa conséquence de complication, précisément une autre satisfaction
est ce qui fonde à nos yeux qu’on peut dire d’ordre psychique,
l’expérience même de la psychanalyse, distinguée de la satisfaction due à
et nous l’avons épelé la dernière fois l’objet réel.
en suivant une page de l’Interprétation Alors vous vous souvenez de
des rêves : cette autre satisfaction comment Freud justifie cette instance
c’est une clef, à lire Freud comme à de la satisfaction hallucinatoire. Ce
lire Lacan. Et lorsqu’on l’adopte, on la dont il essaye de rendre compte, c’est
retrouve à tous les coins de leurs comment le rêve est possible et à quoi
élaborations, parfois nommée ou pas. le rêve peut-il bien satisfaire. Quand il
Chez Freud, c’est nommé, puisque la amène là le terme d’hallucinatoire,
référence qu’il prend concernant sa c’est évidemment en relation avec le
fiction de l’appareil psychique, c’est phénomène du rêve qui a lieu, à quoi
l’expérience de la satisfaction, c’est-à- s’adonne l’appareil psychique, et il faut
dire le binaire besoin-satisfaction. bien supposer qu’il s’en satisfait en
J’ai dit que c’est une référence, dehors de ce qu’il peut obtenir du
parce que, pour lui, c’est conçu et monde extérieur. Alors comment est-
présenté comme le premier niveau, ce qu’il essaye de justifier le
élémentaire, de l’appareil psychique : phénomène ? Je vous le rappelle :
la satisfaction directe du besoin par c’est par le biais d’une inscription. Il
l’objet qui le comble et c’est pour dire : suppose, dans sa construction, que
c’est plus compliqué que ça, d’emblée. l’expérience de satisfaction du besoin
Et après le commentaire que j’ai reste inscrite. Et avec cette inscription
donné la dernière fois, il me semble il amène, déjà, il fait interférer dans la
qu’il n’est pas excessif de résumer satisfaction directe la fonction de la
cette construction de Freud en disant mémoire sous la forme, que j’ai
qu’il essaye de nous manifester que rappelée la dernière fois, de ce qu’il
l’expérience élémentaire de la appelle l’image mnésique ou la trace
satisfaction donne naissance à une mémorielle, quelque chose s’inscrit de
autre satisfaction, je prétends que déjà l’expérience directe et revient.
dans l’Interprétation des rêves, cette Ça n’est pas une mémoire qui est un
référence prise au besoin et à sa simple dépôt, c’est, en quelque sorte,
satisfaction est faite pour manifester une mémoire active. C’est par ce biais
qu’elle est hantée par une autre même qu’il introduit l’inconscient,
satisfaction, et on peut lui donner son comme une mémoire active qui pourra
nom, que Freud lui donne, une délivrer une satisfaction hallucinatoire,
satisfaction qu’il appelle hallucinatoire. c’est-à-dire en quelque sorte interne à
La satisfaction du besoin est l’appareil psychique.
contaminée par une satisfaction Si je devais choisir une phrase
hallucinatoire, c’est-à-dire une essentielle pour ce chapitre VII et
satisfaction, le mot d’hallucinatoire n’a peut-être pour toute l’Interprétation des
sans doute pas sa pertinence rêves, ne mégotons pas, ce serait la
psychiatrique quand Freud l’emploie, suivante, que je vous cite : « dès que
c’est une satisfaction qui ne dérive pas le besoin se représentera - et là donc
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 137

c’est déjà en quelque sorte la que chez l’être humain, la jouissance


deuxième fois, au minimum c’est la est conditionnée, sensible, soumise à
deuxième fois - dès que le besoin se la première fois. C’est très manifeste
représentera - cela suppose, dans les cas de perversion et chaque
antérieurement, qu’il s’est présenté et fois même que l’on a un témoignage
qu’il a été satisfait - dès que le besoin sur un trait de perversion chez le
se représentera, il y aura névrosé, c’est chaque fois rapporté à
déclenchement d’une impulsion une expérience inaugurale, et qui se
psychique qui investira à nouveau trouve ensuite déterminer de façon qui
l’image mnésique de la perception - à parait nécessaire la suite de ce qu’il
entendre la perception de l’objet de la tente de retrouver, et ça prend les
satisfaction - dans la mémoire ». C’est aspects du traumatisme, comme d’une
dire, pas par le biais, par sa effraction initiale de jouissance à quoi
construction, qu’il amène, que le se trouve rapporté le déport, la dérive
besoin, avant même de lancer de sa jouissance, avec l’idée qu’il peut
l’individu vers l’objet de la satisfaction, en venir à l’analyste, s’il s’imagine
à chercher, réveille l’inscription et mandataire du principe de réalité, qu’il
charge cette inscription elle-même faudrait maîtriser l’environnement du
d’un investissement, la charge de sujet pour lui éviter ces expériences
libido, pour imager, pour rendre plus néfastes.
concret ce terme d’investissement. De Mais cette construction si abstraite,
telle sorte que, en l’absence même de si gratuite puisse-t-elle paraître de
l’objet réel, la perception sera Freud, est bien enracinée dans le
provoquée à nouveau sur le mode témoignage de l’expérience où la
hallucinatoire. La deuxième fois, le connexion de la jouissance et de la
besoin suscite l’hallucination de sa première fois est une évidence
satisfaction, et se trouve ainsi constante. Alors c’est, pour Freud, le
reformée, reconstituée, la situation de lieu où il peut énoncer la définition du
ce que Freud appelle la première désir. Qu’est-ce que le désir dans
satisfaction. l’interprétation des rêves à partir du
Cette phrase, j’ai dit qu’elle était chapitre VII ? C’est le leurre du besoin,
essentielle à toute l’interprétation des c’est le leurre de la satisfaction du
rêves, et on peut même la prendre besoin.
comme un fil conducteur à travers Alors si l’on veut et c’est le terme
l’enseignement de Lacan. C’est peut- que Freud emploie, c’est un court-
être seulement le dernier circuit, puisque cette satisfaction
enseignement de Lacan qui donne ses émerge avant que le sujet obtienne
pleines conséquences à cette l’objet qui satisfait effectivement le
construction freudienne. Freud fait de besoin. Il y a en quelque sorte une
ce schéma élémentaire la définition satisfaction antérieure qui interfère et
même du désir, comme le Wunsch, qui est obtenue non pas par le contact,
comme le souhait, et c’est sur ce la perception, l’absorption de l’objet,
schéma que se lit ce qu’il appelle la mais exactement par l’investissement
réalisation de désir, qui est une d’une trace. Et c’est ce que Freud
réalisation hallucinatoire liée à appelle, dans ce chapitre, l’identité de
l’inscription laissée par la première fois. perception, c’est l’investissement d’une
Et nous la rencontrons dans trace qui donne l’équivalent en terme
l’expérience analytique, cette fonction de satisfaction de ce qui serait
de la première fois. Pour le dire en l’obtention de l’objet. Cette identité de
court-circuit, il est saisissant de voir perception, j’ai souligné le caractère
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 138

bizarre de l’expression, mais c’est la anormale du désir autre que le rêve » ;


réalisation du désir. C’est ce que il dit anormale, en référence au
Freud appelle accomplissement ou schéma élémentaire besoin-
réalisation du désir. Et c’est cette satisfaction qui serait la réalisation
interférence hallucinatoire qui rend normale du besoin. Et le rêve, à cet
nécessaire dans la construction égard, figure comme une satisfaction
l’intervention d’un autre système, qui anormale, et il prend le symptôme du
précipite le sujet à chercher sa même tenant. Et c’est ainsi qu’il
satisfaction effective dans le monde propose, en passant, une théorie de
extérieur, qui l’arrache à l’hallucination. tous les symptômes pathologiques qui
C’est le sens du principe de réalité : repose sur une proposition simple :
arracher le sujet à la satisfaction tous les symptômes doivent être
hallucinatoire pour lui ouvrir les voies considérés comme des réalisations
d’une satisfaction effective dans le inconscientes du désir. C’est-à-dire
monde extérieur. Le principe de réalité, tous les symptômes relèvent de l’autre
à cet égard, c’est celui qui inhibe satisfaction. Il faut quand même, pour
l’autre satisfaction. Freud, à le suivre être complet, que je signale la petite
dans cette construction qui est quand note qu’il glisse là et qui introduit dans
même initiale, il est clair que tous les le symptôme une division, puisqu’il
besoins sont contaminés par cette distingue une partie du symptôme
autre satisfaction en tant comme accomplissement, réalisation
qu’hallucinatoire. du désir et une autre partie qui est la
C’est lié à l’analyse elle-même que réaction contre la réalisation du désir.
la satisfaction du besoin est Donc, dans le symptôme, il ajoute
contaminée, par autre chose, et un élément de division dont nous
simplement disons l’autre satisfaction avons quelque chose à faire, mais plus
freudienne c’est la satisfaction tard. Je me contente là, pour mémoire,
hallucinatoire. C’est la satisfaction par de l’indiquer. Donc, si nous adoptons
la trace de mémoire. C’est la cette indication de Lacan de l’autre
satisfaction même, pour Freud, qui satisfaction, nous la retrouvons chez
s’obtient par le rêve. C’est la Freud comme satisfaction du rêve et
signification développée de la formule du symptôme. Comme des
freudienne, le rêve est la réalisation du satisfactions en effet anormales, des
désir. Ça introduit le rêve comme une satisfactions qui ne viennent pas
autre satisfaction, on peut dire que combler le besoin, mais qui viennent
l’autre satisfaction freudienne comme réaliser le désir et qui sont attachées à
hallucinatoire est ce qui se satisfait au la trace de mémoire, c’est-à-dire à une
niveau du rêve. Et donc quand Lacan inscription que Lacan traduit en terme
parle d’une autre satisfaction qui se de signifiant.
satisfait au niveau de l’inconscient, à Cette construction initiale de Freud
ce niveau formel, en quelque sorte, il est déjà, à la suivre à la lettre, à nous
suit Freud. Peut-être que vous verrez présenter la connexion de la
mieux la place essentielle à donner à satisfaction et du signifiant. Et on peut
cette autre satisfaction si je complète dire qu’elle fait même du signifiant un
cette référence freudienne en disant moyen de la satisfaction hallucinatoire
que le symptôme même pour Freud et il faudra beaucoup de temps à
relève de la même catégorie de l’autre Lacan pour se retrouver au niveau de
satisfaction. C’est ce que vous trouvez cette construction freudienne. Dans
dans le chapitre VII où il dit : « il doit y ces termes à lui, il pourra dire - et ça
avoir des formes de réalisation décalque cette construction - le savoir
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 139

est moyen de jouissance. Eh bien la être parlé et évidemment c’est une


base de cette proposition, de cette construction qui est plus probante que
thèse de Lacan, son fondement est celle de Freud parce qu’elle s’appuie
chez Freud et précisément dans le sur la phénoménologie de l’expérience.
chapitre VII de l’Interprétation des Elle traduit ce qui se manifeste, de
rêves. Le savoir moyen de jouissance telle sorte que Lacan, d’emblée, a
c’est la traduction de la phrase que je manifesté que tous les besoins sont
vous ai donnée comme essentielle. contaminés par le langage c’est-à-dire
Et dans le chapitre V, dont nous par la demande, c’est-à-dire par l’Autre
partons, par ce biais, on comprend, majuscule, à qui, au bénéfice de qui,
par cette référence freudienne, que ce besoin est formulé. Et, dans cette
pour Lacan ce qui s’interpose entre le voie, à la satisfaction du besoin se
besoin et sa satisfaction, et qui vient trouve pour nous superposée la
contaminer le besoin, c’est le langage. satisfaction de la demande.
On le comprend dans la mesure où La satisfaction de la demande en
l’inscription que Freud appelle image tant que telle, c’est l’autre satisfaction.
mnésique, Lacan le dégage comme Pour Freud, l’autre satisfaction c’est la
signifiant et par là même le connecte satisfaction hallucinatoire. Pour Lacan,
au champ du langage. Dire c’est le l’autre satisfaction, c’est la satisfaction
langage qui interfère entre besoin et de la demande.
satisfaction, c’est une amplification de Et comme j’ai eu l’occasion
la complication que Freud a introduite dl’improviser un peu, en répondant à
dans la relation directe du besoin et de des questions, il y a quinze jours, la
la satisfaction. satisfaction de la demande est
Alors évidemment cette interférence susceptible de s’étager de façon
- qui est essentielle - a pris chez Lacan multiple, c’est la satisfaction de la
un développement qui a effacé la réponse à la demande, c’est-à-dire
qualité de satisfaction qui s’attache à aussi bien la satisfaction de l’amour, et
cette interférence. Comment est-ce on peut alors construire un binaire
que nous avons été formés, nous, à entre le besoin et l’amour et faire de la
compliquer ce schéma élémentaire ? satisfaction de l’amour précisément
Nous avons été formés à superposer l’autre satisfaction. C’est une forme
la demande au besoin, c’est-à-dire à développée de la satisfaction de la
mettre l’accent sur le fait, la donnée demande, c’est finalement la
élémentaire, que le besoin ne rejoint satisfaction de l’amour, la satisfaction
sa satisfaction que par le biais de la que l’Autre réponde, et c’est une
demande. Et si l’on prend l’exemple de satisfaction qui se supporte du
Freud de l’enfant qui s’agite pour langage.
obtenir sa satisfaction et qui a besoin Simplement, on peut dire que chez
que l’autre se mette en mouvement Lacan, dans tout ce qu’il apporte
pour la lui apporter, cette satisfaction, comme engagement de la demande,
étant donné son état d’insuffisance, compliquant la relation du besoin et de
d’impuissance, de dépendance, ce la satisfaction, le terme de satisfaction
que nous logeons à cette place, avec est en quelque sorte gommé, dans son
Lacan, ça n’est pas directement la enseignement, annulé. Le terme de
mémoire, ça n’est directement satisfaction reste du côté libidinal et
l’inscription mnésique, à cette place tout ce qui relève du symbolique, ne
c’est la demande, c’est-à-dire que pour donne pas lieu à satisfaction,
nous ce qui est une donnée explicitement. Mais c’est comme une
élémentaire, c’est que le besoin doit nouvelle définition de la réalisation du
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 140

désir. Là où Freud dit : la réalisation du satisfaction, il lui faut impliquer


désir est hallucination, Lacan dit : la précisément un au-delà, une autre
réalisation du désir est reconnaissance. satisfaction au-delà. À partir du
Et on ne reconnaît pas, dans ce chapitre VII, on pourrait penser que cet
concept de reconnaissance, la au-delà, c’est le principe de réalité,
satisfaction qui l’habite. Ce que Lacan que l’au-delà du principe de plaisir,
a appelé reconnaissance, c’est la c’est le principe de réalité et comme je
satisfaction qui précisément se l’ai souligné la dernière fois
supporte du langage. Ce qu’il appelait précisément, le principe de réalité
reconnaissance, c’était l’autre n’est pas l’au-delà du principe du
satisfaction, c’était le nom, un des plaisir. Le principe de réalité est une
noms de l’autre satisfaction. version du principe du plaisir, la
L’enseignement de Lacan, dans les continuation du principe du plaisir par
premières années, consiste à d’autres moyens et c’est pourquoi j’ai
démontrer que tous les besoins de pu à la fin parler de plaisir-réalité.
l’être parlant sont contaminés par le Donc qu’est-ce que cet au-delà ? On
désir de reconnaissance, c’est-à-dire peut revenir en deçà même de cette
par une satisfaction qui ne se supporte Éthique de la psychanalyse que je
que du langage. prenais comme référence du chapitre
Si on prend un peu de distance par V du séminaire Encore, à ce que
rapport à ces constructions, dont je Lacan nous donne comme conclusion
montre à la fois la parenté et les de son examen du principe de plaisir
différents termes qui sont là mis en jeu, et du principe de réalité à la fin du
quelle est la forme qui se dégage ? Séminaire II. Parce que dans cette
C’est que premièrement on a conclusion, il donne une identité, une
apparemment besoin d’une référence définition très précise de l’au-delà du
à une connexion directe, besoin- principe de plaisir, l’au-delà du principe
satisfaction, sans intermédiaire, et puis qui consiste à ramener à zéro
que, par un biais ou un autre, on l’excitation. L’au-delà du principe de
introduit un au-delà, et nous ne nous y plaisir, dit-il, en toute parole, c’est
retrouvons, chez Freud et chez Lacan, l’ordre symbolique, à savoir le langage.
qu’à condition de mettre en place une Représentons ainsi l’espace
structure à au-delà, une structure qui conditionné par le principe du plaisir,
comporte un au-delà, la question dans sa fonction de ramener à zéro
étant : comment cerner cet au-delà, l’excitation, séparons par une barre
cette fonction d’une certaine l’au-delà du principe du plaisir, dans
transcendance. Si je dis au-delà, c’est son Séminaire II Lacan assigne cet au-
qu’il figure dans un titre de Freud « Au- delà du principe du plaisir exactement
delà du principe du plaisir » et aussi au symbolique, à l’ordre symbolique
bien que Lacan n’a pas cessé de c’est-à-dire au langage et ça suppose
renvoyer ce terme d’au-delà qui est d’introduire une disjonction radicale
tout présent dans son Séminaire IV. Il entre ce qui relève du libidinal,
ne rend compte des phénomènes conditionné par le principe du plaisir et
cliniques, par exemple de la perversion, d’autre part le symbolique obéissant à
qu’à impliquer toujours un au-delà, à une loi de répétition.
l’occasion l’au-delà de l’amour et Cette disjonction, massive, elle est
précisément pour rendre compte de ce connexe avec le fait de situer sous le
qui, dans la perversion, dans la régime du principe du plaisir le moi, le
satisfaction perverse, ne cadre pas du moi narcissique, le moi imaginaire,
tout avec le schéma besoin- mais aussi bien, vous le trouvez dans
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 141

la dernière page du Séminaire II, les symbolique et la construction que


pulsions. Dans cette disposition, le Lacan a donnée des alpha, bêta,
pulsionnel n’est rien d’autre qu’un gamma, de ces petites lettres, de ces
élément relevant de la catégorie du plus et moins groupés de façons
libidinal, c’est-à-dire concernant la vie diverses et qui tournent comme une
pure et simple. Ce qui anime, en effet, mémoire cybernétique, ce schéma est
cette division, c’est de placer sous le fait pour mettre en valeur la disjonction
règne du principe du plaisir tout ce qui du libidinal et du symbolique. Et c’est
relève de la vie et tout ce qui relève du ce que j’ai enseigné moi-même, bien
corps. C’est dans cette optique qu’on entendu, comme étant le noyau du
peut assigner à l’au-delà du principe lacanisme, à savoir ce que j’ai appelé,
du plaisir, en effet, l’instinct de mort et en suivant la lettre de Lacan,
lier étroitement le symbolique avec la l’autonomie du symbolique, à savoir
mort. Quel est le modèle que Lacan que le symbolique a une logique
propose à cet égard ? Il propose, propre qui s’impose, et qui prête à
relisez ce Séminaire, un modèle déduction, à construction, à
machinique, il propose la machine conséquence.
comme référence du symbolique et Mais qu’est-ce que veut dire, qu’est-
c’est même dans ce cadre que s’inscrit ce que j’aperçois bien maintenant,
sa référence à la cybernétique. Non qu’est-ce que veut dire l’autonomie du
pas le corps mais la machine, et au symbolique, cette proposition
point que Lacan traite ce que Freud lacanienne qui a en effet révolutionné
appelle instinct de mort comme le l’abord de Freud ? L’autonomie du
masque de l’ordre symbolique. Il dit : symbolique veut dire exactement que
Freud a créé un concept en quelque le symbolique est autonome par
sorte contradictoire avec ce terme rapport à la vie, c’est-à-dire qu’il est
d’instinct de mort, mais ce qu’il appelle autonome par rapport à toute
l’instinct de mort c’est la puissance expérience de satisfaction, qu’il est
propre du symbolique et donc ça, ça coupé de toute motivation vitale et
se retrouvera longtemps chez lui, la biologique. L’autonomie du symbolique
notion que l’instinct de mort c’est un ça veut dire : le symbolique est pré-
habillage imaginaire d’une fonction vital et trans-biologique. C’est ça qui
essentiellement symbolique. L’instinct fait l’éclat de cette autonomie du
de mort, c’est le symbolique tant que la symbolique et ce qui prépare, en effet,
reconnaissance n’est pas établie, tant l’accent que Lacan pourra mettre sur
que la satisfaction n’est pas établie. la logique. Mais le secret de cette
Je me réfère à cette conclusion du autonomie du symbolique, il éclate
Séminaire II parce qu’elle a fixé pour dans cette référence prise à la
très longtemps la notion que nous machine, c’est-à-dire excluant le corps,
avons de ce que c’est qu’être lacanien. certes incluant le corps en tant que
Elle a fixé pendant très longtemps divisé, réparti par le symbolique,
parce qu’elle a fixé la notion, la soi- mortifié par le symbolique mais
disant notion lacanienne de la excluant de façon essentielle la
mémoire elle-même, et les Écrits, qui jouissance du corps. L’autonomie du
commencent par « Le Séminaire de la symbolique veut dire que le
« Lettre volée » », et par l’introduction symbolique, le signifiant ne se situe
que Lacan a donné à ce séminaire, les pas au niveau de la jouissance.
Écrits commencent par ce schéma, Et c’est bien pourquoi, en effet, on
par des textes qui relèvent de ce peut dire que le chapitre de l’autre
schématisme opposant le libidinal et le satisfaction constitue une remise en
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 142

cause du fondement même de ce que un déplacement freudien, qui déloge le


nous avons appris de Lacan, puisque symbolique de l’au-delà du principe du
le séminaire Encore est au contraire plaisir.
fait pour dire que le signifiant se situe
au niveau de la jouissance, c’est-à-dire
pour faire sauter cette dichotomie
introduite entre le libidinal et le
symbolique. Et précisément en faisant
se retrouver le libidinal et le
symbolique, c’est-à-dire en pensant le
langage à partir de la jouissance,
Lacan retrouve les chemins de Freud
dans son chapitre VII, où le signifiant
image mnésique est lié précisément à
l’expérience de satisfaction. Ce que
Freud nous présente dans le chapitre
VII, c’est précisément la connexion du
signifiant et de la satisfaction alors que
toute cette dichotomie, au contraire,
est faite pour l’exclure. Ce déplacement consiste, au
Alors, c’est là, c’est dans cet entre- contraire, à ramener le symbolique au
deux, que s’inscrit l’Éthique de la niveau libidinal, c’est ça l’Éthique de la
psychanalyse et ce qu’elle a fixé pour psychanalyse, c’est vraiment de libérer
nous du concept de la jouissance et l’au-delà du principe du plaisir du
dont il faut que nous sachions nous symbolique, c’est le rappel que
défaire. L’Éthique de la psychanalyse, finalement la racine du symbole c’est
en effet, marque une coupure, parce sa liaison à ce qui est libidinal, à ce qui
que l’Éthique de la psychanalyse, déjà, donne du plaisir et donc ça laisse vide,
repose sur un retour à Freud, le retour en effet, l’au-delà du principe du plaisir,
au Freud que j’ai cité, de ce chapitre il n’y a plus, c’est pas le symbolique
VII, qui impose une connexion du qui occupe cette place. Et la
symbolique et du libidinal et qui revient nouveauté qu’a introduit l’Éthique de
à cette donnée première de la trace la psychanalyse, c’est le rapport fait
comme liée à l’expérience de la entre le symbolique et le libidinal, et on
satisfaction. L’élation qu’a pu donner peut même dire l’identification qui est
l’abord lacanien, le premier abord proposée du principe du plaisir avec le
lacanien, était justement dû à ce symbolique. Et ça se recommande de
clivage, à cette extériorité du Freud, marquant que précisément le
symbolique et du libidinal, à la mise en plaisir dans le processus primaire est
valeur du symbolique comme un ordre dû à l’investissement de la trace, que
propre disjoint du corps et comme un le sujet tient beaucoup plus au plaisir
ordre transcendant au corps. que lui donne la trace qu’à l’objet réel.
Là, la nouveauté de l’Éthique de la D’où la conséquence exprimée en
psychanalyse a été, au contraire, de terme benthamien dans l’Éthique de
rappeler cette connexion du la psychanalyse, que le plaisir se
symbolique et du libidinal, mais sous trouve tout entier du côté du fictif, il est
une espèce très précise. du côté des traces, voilà l’accent que
Et, pour l’indiquer de la façon la plus Lacan met sur le texte de Freud, à
simple, il faut dire que l’Éthique de la condition, bien entendu, qu’on
psychanalyse effectue un déplacement, n’entende pas par le fictif simplement
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 143

ce qui est trompeur mais ce qui est à c’est ce qui nous donne la structure
proprement parler le symbolique, d’où profonde de l’Éthique de la
cette connexion étroite du libidinal et psychanalyse. Aussi bien le champ du
du symbolique que Lacan exprime en langage, le principe du plaisir, le plaisir
disant dans le séminaire de l’Éthique réalité, tous ces termes valent comme
de la psychanalyse que le principe du autant de défenses à l’endroit de l’au-
plaisir fait rechercher à l’homme le delà du principe du plaisir défini
retour d’un signe, et lui fait retrouver la comme le réel. Et donc la défense est
trace aux dépens de la piste, il préfère ici conçue comme primaire, existant
une image mnésique à la piste dans le avant même que puisse se formuler le
monde extérieur de l’objet réel. refoulement comme tel, dans la
La conséquence, que je vous mesure où le refoulement est affaire
présente ici d’une façon très formelle, de symbolique. C’est ce déplacement
ce déplacement du symbolique, le du symbolique du côté du libidinal qui
rappel du symbolique à sa racine de dégage la jouissance comme une
jouissance, à sa racine d’Encore, ce sorte de moteur immobile. Du côté du
déplacement laisse en effet avec un symbolique, il y a le refoulement, ses
point d’interrogation ce qui est l’au- déplacements, métaphore et
delà du principe du plaisir et oblige à métonymie, tandis que du côté de l’au-
une double scission. delà du principe du plaisir, se trouve
Là, nous avons de ce côté ci le comme unilatéralisé, en terme
plaisir-réalité Eh bien le déplacement aristotélicien, le moteur immobile de la
du symbolique du côté libidinal, au jouissance. C’est cette architecture qui
fond oblige à doubler plaisir et réalité permet à Lacan d’incarner la
d’un nouveau binaire qui est, dans les jouissance comme la Chose, c’est-à-
termes de Lacan, jouissance-réel et dire comme une substance invariable
c’est ce qui occupe l’au-delà du par rapport aux ombres qui passent
principe du plaisir une fois qu’on l’a dans la chaîne signifiante et qui sont,
nettoyé du symbolique. comme Freud dit lui-même, les
ombres du plaisir, les ombres de la
satisfaction qui a été éprouvée une
première fois.
lité C’est ce déplacement du symbolique
i r - réa -réel PP
is e vers le libidinal, qui isole la jouissance
Pla ssanc Au-delà du
i défense principe de
Jou comme la Chose avec toute ses
plaisir
connotations imaginaires, une
Symbolique substance invariable et qui permet
aussi de parler de la jouissance
comme d’une place qui a son identité
par rapport aux dérives, à la
Libidinal
dynamique qui est du côté du principe
réel
du plaisir et du symbolique. Avec la
Chose, on a à la fois un terme
immobile, qui ne répond pas vraiment
à la dichotomie du plaisir et du
Alors le terme majeur à ce moment déplaisir, tout ça c’est le côté du
là, le terme majeur c’est la défense, le principe du plaisir, là il y a plaisir ou
principe du plaisir gouvernant par le déplaisir, mais avec la jouissance,
symbolique le plaisir-réalité vaut avec la Chose on a un terme isolé de
comme défense par rapport au réel et cette dichotomie, dont on s’épuise à
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 144

rappeler toujours que c’est tout à fait de la jouissance c’est absolu, c’est un
autre chose et c’est à ça que nous tout ou rien.
avons été formés et dont il va falloir se Deuxièmement ce sont des termes
défaire. dont le sujet est toujours amené à se
À partir de cette conception, qui est tenir à une certaine distance, jusqu’à
contradictoire avec la première mais cette distance du respect, comme dit
que, dans notre doxa, nous rattachons Kant. Et troisièmement ce sont des
d’une façon un peu équivoque à la termes qui reviennent toujours à la
première, la jouissance apparaît même place, et on peut dire même
comme dotée d’une place qui a son que la jouissance, comme dit Lacan,
identité, où on peut d’ailleurs loger das Ding, c’est l’essence de la même
l’objet perdu en tant qu’il ne peut être place, par ce que dans le symbolique,
retrouvé par exemple. Avec cette les places précisément sont faites pour
conceptualisation, on a une définition des substitutions et on court après les
de la jouissance qui est toujours en places. C’est emporté dans un jeu
terme de hors, h-o-r-s. C’est ainsi que d’équivalences, alors que précisément
Lacan la propose comme hors signifié, das Ding définit au fond l’absolue
voire hors symbolique, ou qu’il mêmeté de la place, c’est à partir de
représente sa place comme celle das Ding qu’on peut dire la même
d’une vacuole. Il introduit à une place.
formalisation de la jouissance à partir À partir de là s’ouvre une grande
de sa place et de ce fait s’ouvre la série, la série des termes qui peuvent
série des termes qui peuvent venir à nous représenter das Ding avec
cette place et l’Éthique de la toujours la réserve que ça n’est pas
psychanalyse est fait de ça, tout le das Ding même, mais le séminaire de
séminaire, parce que c’est d’emblée Lacan est fait tout entier d’une série de
que Lacan propose ce changement de termes qui ont ces traits de das Ding,
conception qui ramène le symbolique les traits d’absolu, de à distance et de
du côté du libidinal, qui identifie le constance de la place.
principe du plaisir au symbolique. Alors premièrement c’est quoi ? Je
Alors du seul fait de faire ça, de dis premièrement, c’est dans la
l’autre côté il y a la jouissance comme construction que je donne et c’est un
invariable et surtout sa place comme peu ça dans le séminaire aussi.
étant une place bien identifiée. Alors le Premièrement, c’est la loi morale selon
séminaire se passe à énumérer la Emmanuel Kant, c’est le principe de
série des termes pouvant venir à cette l’impératif catégorique, Lacan nous le
place. Alors qu’est-ce que ce doit être présente en effet comme valant das
ces termes ? Eh bien ce sont des Ding. D’une certaine façon, l’impératif
termes qui doivent avoir au moins les catégorique de Kant, c’est le comble
trois caractéristiques suivantes. Ce du symbolique, on ne peut justement
sont des termes qui se distinguent comprendre ça que par la connexion
premièrement par leur caractère du symbolique et du libidinal, c’est le
d’absolu, c’est-à-dire qu’ils sont au- comble du symbolique puisque c’est
delà du jeu du langage. Dans le un principe qui ne formule rien d’autre
langage, il y a toujours des que l’exigence de l’universel, « soumet
équivalences, on peut toujours mettre à l’exigence de l’universel toute action
un terme à la place d’un autre, on de ta part, ce que tu fais, il faut que
calcule, on substitue, on dérive à partir tous puissent le faire sans
d’un terme. Quand il s’agit du champ contradiction », donc c’est la pointe du
symbolique. En effet, c’est un principe
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 145

selon lequel on ne veut rien savoir du topologique de das Ding, où il peut


détail de l’action, ou est-ce que l’objet dire que finalement Mélanie Klein a
dont il s’agit est aimable ou n’est pas mis à la place de das Ding le corps
aimable, tout ça est rayé. Autrement mythique de la mère. Il y a ainsi une
dit, en effet, ce principe a un caractère sorte de déclinaison des objets venant
absolu par rapport à tous les objets du à la place de das Ding. Et donc, bien
principe du plaisir. On ne s’occupe pas sûr, ça oblige, à chaque fois que
de savoir si ça va te faire plaisir ou pas Lacan dit c’est das Ding, c’est la mère,
et même il est probable, comme dit das Ding c’est la loi morale, il faut le
Kant, que l’effet premier d’obéir à cet prendre avec la distance que nous
impératif est un effet de désagrément donne ce schématisme, à savoir c’est
mais cette loi morale a ce caractère autant de termes qui prennent la
d’absolu et précisément ne rien vouloir valeur de das Ding dans cette
savoir du détail empirique ; comme dit topologie.
Lacan c’est un impératif sourd et Quatrièmement, la science, la
aveugle, et précisément par ce science comme telle, la science elle-
caractère d’absolu, Lacan peut dire même répercute l’exigence de das
que cet impératif - je le cite - se Ding. Lacan dit exactement : la
substitue à la réalité muette de das science répond à l’exigence première
Ding. de das Ding, parce qu’elle situe
Donc ce principe, qui est un énoncé, comme réel ce qui revient à la même
qui se formule, mais il a la valeur, il place et c’est par ce biais que Lacan
s’impose de la force même de das nous propose une liaison entre Kant et
Ding, il répercute dans le symbolique Newton. La loi morale de Kant et son
l’instance même de das Ding. Et c’est exigence absolue répercute le réel
pourquoi Lacan peut dire « c’est à la situé par la physique newtonienne.
fois l’envers et l’identique de das Cinquièmement - alors là ça
Ding ». commence à beaucoup se multiplier -
Deuxième terme que Lacan propose il y a les objets de la sublimation et
comme venant à la place de das Ding même ça donne à Lacan l’occasion
- je ne vais pas le commenter en détail d’une définition de la sublimation à
- c’est la valeur qu’il donne au vocable partir de das Ding. Les objets de la
toi. Quand je te désigne par le toi, je te sublimation, c’est quoi ? C’est un
désigne au-delà du principe du plaisir, certain nombre d’objets qui sont
au-delà des caractéristiques, au-delà finalement empruntés au principe du
de tout ce que je peux chanter de toi, plaisir, des objets imaginaires, qu’on
métonymiser, métaphoriser de toi, je te déporte à cette place, dont Lacan dit
désigne dans ton réel et donc il donne qu’ils colonisent le champ de das Ding.
le toi, l’absolu de la désignation toi,
comme venant à la même place de
das Ding, visant das Ding.
Troisièmement, dans la théorie Ce sont, comme les autres termes,
analytique quel est l’objet qui est ainsi, des mirages, imaginaires, qui nous
au-delà, interdit, à l’égard de quoi une donnent le sentiment d’être en rapport
distance doit s’introduire et qui est en avec das Ding. C’est comme ça que
même temps absolu et constant, c’est Lacan définit l’objet d’art. L’objet d’art
la mère, à la situer à partir de la dans son absoluité, est prélevé sur la
prohibition de l’inceste, et donc Lacan champ élaboré par le symbolique
peut dire dans son séminaire « la mère conformément au principe du plaisir,
c’est das Ding » ça vient à la place mais déporté à une place d’absolu.
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 146

Duchamp réalisera cette opération minimale de l’autre chose que plaisir-


dans la dérision, c’est-à-dire montra réalité. Et c’est pourquoi Lacan peut
qu’on peut prendre n’importe quel dire le vase est un objet fait pour
objet même décheté du champ du représenter l’existence du vide, de ce
besoin, un déchet de la consommation vide au centre du réel qui s’appelle la
et que, en le transférant à cette place Chose.
on obtiendra les mêmes effets de Septièmement : la fonction du père,
satisfactions que ceux d’une œuvre en tant que le père, alors ça c’est une
d’art complexe et faite à mesure. autre valeur que la mère kleinienne de
Duchamp, à cet égard, c’est comme la tout à l’heure, la fonction du père en
dérision de ce processus et Lacan, tant que le père est une sublimation
d’ailleurs, propose une dérision de cet motivée par le mythe, et le père est un
ordre en faisant appel à la collection des ces objets, qui est, dans la théorie
de Jacques Prévert, de boites analytique spécialement, mais ça ne
d’allumettes. fait qu’illustrer, que formaliser ce qui a
On voit donc ici une formalisation qui lieu dans la religion, est un objet placé
se prête à une dérision, comme toute dans cette position à la fois exclue et
formalisation. Ça se prête d’un côté à absolue qui est celle de la Chose.
une tragédie, et Lacan s’adonne à ça Huitièmement, là s’inscrit le
dans la fin du Séminaire, à partir paradigme de l’amour courtois, la
d’Antigone, s’avancer dans la dame de l’amour courtois, qui est un
désolation vers le désert de la Chose ; fait de sublimation, c’est-à-dire une
et ça se prête aussi bien à une femme est transférée à la place de la
dérision et c’est conformément à cette Chose, comme un partenaire inhumain,
topologie que Lacan peut dire « la dit Lacan ; on peut dire l’excellence du
sublimation élève un objet à la dignité partenaire-symptôme, un objet affolant.
de la Chose », phrase qui est La structure de l’amour courtois
abondamment citée et qui relève de consiste effectivement à mettre dans
cette topologie que je ne détaille le champ de la Chose une femme
comme ça que parce que je pense distinguée entre toutes et avec laquelle
qu’il faut l’abandonner. les rapports seront marqués par le
Sixièmement, autre figure, autre caractère d’absolu, de constance et en
élément qui vient à cette place c’est la même temps de distance. Ce qui est
représentation minimale de la Chose amusant, c’est que dans le séminaire
par le vide, le vide prit comme objet et de l’Éthique de la psychanalyse,
c’est l’exemple que Lacan donne du Lacan dit c’est une idée absolument
vase. En effet, le vide est incroyable de faire ça avec une femme
spécialement propice à représenter ce (rires), alors que justement dans le
qui, dans la Chose, est tout à fait autre séminaire Encore, où, quand nous
viendrons à ce déplacement, là au
contraire ça parait l’idée la plus
raisonnable, en tout cas la plus
conforme à la structure de il n’y a pas
de rapport sexuel, proposition qui est
réel absente de l’Éthique de la
psychanalyse, ça parait au contraire
une issue, en tout cas dont on ne peut
chose qu’aucun des objets du monde pas dire qu’elle est incroyable, on ne
du plaisir-réalité, et donc le vide est en peut pas dire que c’est la meilleure
quelque sorte la représentation non plus, mais elle est conforme à la
J.-A. MILLER, Le Partenaire-Symptôme - Cours n° 9 28/1/98 page 147

structure que de reconnaître l’absoluité quant à das Ding, l’inconscient, étant


de l’Autre sexe. Et c’est très frappant du côté du principe du plaisir et du
que dans l’Éthique de la psychanalyse symbolique, l’inconscient ne peut que
Lacan dise de l’amour courtois : c’est dire à côté, ne peut que mentir sur
une idée incroyable, alors que dans l’être de la Chose et ça conduira
Encore, dans son séminaire Encore, Lacan, on peut dire et là je peux le
au contraire, il mettra en valeur le faire apercevoir en court-circuit, à
fondé de l’amour courtois. poser que l’inconscient a la structure
Neuvièmement, ce qui vient à cette de la fiction. L’introduction de Bentham
place de das Ding c’est la paradigme dans cette affaire de satisfaction est
sadien, c’est aussi bien le tu aimeras faite pour aboutir à cette proposition
ton prochain comme toi-même que que l’inconscient a la structure d’une
nous avons déjà eu l’occasion de fiction. Et c’est bien pourquoi Lacan
commenter, c’est-à-dire Sade comme n’hésitera pas à présenter l’inconscient
donnant l’exemple d’une transgression, comme un discours, c’est-à-dire
forçant les limites du principe du plaisir comme une armature de fiction. Loin
et de la réalité pour essayer d’entrer que le vecteur de l’enseignement de
dans le champ de la Chose. Alors je Lacan aille dans la direction d’identifier
ne vais pas pouvoir continuer bien l’inconscient et le réel, tout au
longtemps sinon pour dire que cette contraire ça va dans le sens de
configuration, cette disposition, cette distinguer l’inconscient et le réel, et
topique ou cette topologie, elle est d’attribuer à l’inconscient la structure
faite pour mettre en cause le statut de de la fiction.
l’inconscient en tant que structuré Alors j’essayerais d’expliquer la
comme un langage. En tant que prochaine fois pourquoi avec ce
structuré comme un langage, c’est-à- schéma on a tout faux (rires).
dire appartenant au symbolique, régit
par le principe du plaisir, on peut dire Fin du cours de Jacques-Alain Miller
que l’inconscient, et c’est la question du 28 janvier 1998.
qui reste posée par l’Éthique de la (neuvième Cours du Partenaire-
psychanalyse, participe de la défense symptôme)
contre le réel. L’inconscient est de
l’autre côté par rapport au côté de la
Chose. Et c’est ce que Lacan dit
presque en toute lettre, page 89, 90,
du séminaire de l’Éthique de la
psychanalyse : « la défense ne se fait
pas seulement par substitution,
déplacement, métaphore », la défense
ne se fait pas seulement selon le
régime du principe du plaisir et du
symbolique, « elle se fait - on peut dire
plus directement - par le mensonge sur
le mal ». Ce n’est pas clair, mais ça le
devient à la phrase suivante : « Au
niveau de l’inconscient le sujet ment ».
Cette phrase est vraiment douée des
conséquences les plus extrêmes,
apportera les conséquences les plus
extrêmes, c’est dire que quant au réel,

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