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L’art

Art et technique

Le mot « art » est d’abord synonyme de technique (technè en grec), de manière de faire,
d’habilité, de compétence (artisanat, art culinaire, art médical…). Cependant le mot « art »
désigne autre chose que la simple production technique. Il désigne aussi la création artistique.
Mais qu’est-ce qui distingue une production technique d’une création artistique, et un
technicien fort habile d’un artiste proprement dit ? Suffit-il de maîtriser certaines pratiques
techniques pour devenir un artiste ?

Pour les partisans de « l’art pour l’art », celui-ci a ceci de commun avec la technique qu’il
produit des objets mais s’en distingue par la finalité. Toute fonction attribuée à l’art le trahit.
L’art ne devrait être asservi à aucune fonction utilitaire (qui lui est étrangère), car celle-ci le
dénature et l’asservit à un besoin. Pour eux, la technique est intéressée parce qu’elle vise
l’utilité, l’efficacité et la rentabilité alors que l’œuvre d’art est désintéressée parce que la
grandeur de l’art viendrait d’un pur plaisir esthétique de contempler qui, lui-même, répondrait
à la souveraine liberté de l’artiste.

Il n’y a pas d’artiste sans un minimum d’apprentissage dans les écoles d’art ce qui fait que
l’artiste a donc une maîtrise technique qui le distingue des autres et lui permet des prouesses
exceptionnelles. Pourtant, le travail et la technique ne suffisent pas à faire des artistes. L’art
véritable implique une part d’improvisation, d’ingéniosité et de virtuosité qui n’est jamais
réductible à la simple application d’une règle. C’est la définition du génie, qui se caractérise par
son originalité, son unicité, son exemplarité, et son caractère mystérieux et inexplicable. Le
génie ignore lui-même comment et d’où lui viennent les idées de ses créations (Kant).

Art et fonctions

Définissons l’art par ses fonctions qui sont les suivantes :

-L’art a une fonction représentative expressive : Il fait connaître aux autres l’intériorité de
l’artiste. Il extériorise et dévoile ses sentiments, ses idées et ses passions.

-L’art a une fonction extériorisante objectivante : Il pro-jette les passions de l’artiste sur les ob-
jets et les met en face du sujet, en dehors de lui. L’art déconcentre les passions, les étend, les
étale, les disperse et les déroule sur la surface étendue d’une matière (tableau, statue, toile,
étoffe…).

-Grâce à sa fonction objectivante, l’art a une fonction conscientisante : Il rend l’homme


conscient de lui-même et de ses passions. L’art fait accéder l’artiste à ce que Hegel appelle « la
conscience de soi pratique » par laquelle l’homme prend conscience de lui-même, se reconnaît
dans ce qu’il fait et se fait connaître aux autres.

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-L’art a une fonction thérapeutique adoucissante : Il amortit la brutalité et l’intensité des
passions. Au lieu que les passions se déchaînent contre l’artiste et l’asservissent en le
soumettant à leur tyrannie, elles se trouvent adoucies, soulagées et purgées grâce à la
sublimation (catharsis/Aristote). D’où la fonction libératrice désaliénante de l’art.

-Celui-ci libère l’homme de sa soumission à son instinctivité et ôte aux passions leur puissance
et leur barbarie. Au lieu d’être aliéné par les passions, l’artiste aliène ces dernières et les rend
étrangères. De subjectives qu’elles étaient, les passions deviennent objectives. (D’où la
complémentarité entre la fonction objectivante et désaliénante de l’art).

-Il en résulte que l’art a également une fonction critique morale : Il permet à l’artiste de se
mettre en question, de juger les passions et de les gérer (Gestion et contrôle des désirs).

-L’art a une fonction éducative civilisatrice : En fréquentant des œuvres, le spectateur se


cultive, reconnaît ses propres sentiments, acquiert de nouvelles idées et méthodes, élève son
âme.

-L’art a une fonction historicisante immortalisante : Il essaie d’échapper à la fuite du temps et à


la limite que la mort impose à l’homme. L’artiste préserve « un visage ou un paysage dont la
fugitive beauté l’a ému » et peigne l’événement historique ou religieux dont il veut fixer le
spectacle (Huyghe). Arendt distingue les objets d’usages des œuvres d’art : les premiers ont une
durabilité limitée alors que les secondes ont un grand potentiel d’immortalité. Les œuvres d’art
sont supérieures aux produits de consommation et de l’action parce qu’elles sont les plus
durables et les plus mondaines. N’ayant aucune fonction utilitaire dans le processus vital de la
société, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, individuellement, mais pour le monde,
universellement, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels (Arendt).

-L’art a une fonction spiritualisante matérialisante : Il transcrit quelque chose de l’esprit de


l’artiste et de la matière dont il se sert. Il est la synthèse du sujet et de l’objet, de la matière et
de la forme. L’artiste informe la matière et lui imprime la forme qui se trouve dans son esprit,
son cachet personnel. Il spiritualise la matière qui prend dorénavant un sens et une âme
humaine et matérialise l’esprit qui se laisse approcher et connaître dans la matière. L’œuvre
d’art participe de l’homme et du monde.

Art et Nature

Si la philosophie est pensée selon Platon comme recherche de l’être vrai au-delà de l’apparence
sensible, l'objet d'art qui se présente avant tout comme un objet sensible ou une
représentation du monde sensible, s’oppose à l’esprit scientifique et philosophique. Cette
exclusion de l’art prend deux aspects : la constatation du moindre statut ontologique de l'objet
d'art et la dévalorisation de la sensibilité par laquelle il nous apparaît. L’art est une imitation du
monde sensible et toute imitation est une tromperie. Le beau « Idéal » pour Platon devient non

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plus ce qui émerveille la sensibilité mais ce qui se laisse saisir par l'intelligence, ce qui ne peut
s'obtenir que par médiations successives : c'est par la dialectique que nous passons des beaux
corps aux belles âmes, aux belles actions, puis aux belles idées.

Par contre, l’art pour Hegel est une expression de la conscience, une façon que la conscience
humaine a de se manifester, puisqu’il est une forme de réflexivité inhérente à toute conscience
humaine. « L’universalité du besoin d’art ne tient pas à autre chose qu’au fait que l’homme est
un être pensant et doué de conscience…. L’œuvre d’art est un moyen à l’aide duquel l’homme
extériorise ce qu’il est » (Hegel). La sensibilité de l’art n’est pas condamnée, elle est un moment
de la manifestation de l’Esprit. Hegel appelle Esprit toute conscience subjective, toute
manifestation de la liberté et tout ce qui s’oppose au mécanisme et à l’inertie de la nature. En
un mot, l’art est ce par quoi l’esprit s’objective historiquement. L’Idée n’est pas transcendante
(comme chez Platon) mais immanente à l’histoire humaine et se manifeste par l’être qui
introduit la liberté dans son agir, c’est-à-dire par l’homme. Cela explique bien pourquoi Hegel
récuse l’idée que l’art devrait imiter la nature et refuse de le penser comme mimesis
(contrairement à la tradition grecque). Si l’art imitait la nature, l’activité de l’esprit serait
soumise à une norme extérieure qui le transcende, ce ne serait pas une libre création et l’art
n’aurait plus rien de spirituel. Le beau artistique (spirituel) est pour Hegel supérieur au beau
naturel parce que tout ce qui vient de l’idée (médiate discursive) est plus élevé que ce qui vient
de la nature (immédiate et brute). L’imitation assujettit l’art à la nature, c’est-à-dire à ce qui est
déjà donné.

En tant que produit de l’esprit, l’art est un moment de la vérité puisque le vrai est ce que
l’esprit produit. Il tient ce pouvoir de sa nature spirituelle. « Le beau artistique tient sa
supériorité du fait qu’il participe de l’esprit et par conséquent de la vérité…. Le spirituel seul est
vrai ». Hegel récuse l’idée que la beauté artistique s’adresse seulement aux sens, à la sensation,
à l’intuition, à l’imagination… La beauté est l’équilibre parfait du sensible et de l’intelligible : elle
n’est pas une idée purement intelligible comme le pensait Platon, ni une sensation ou quelque
chose de sensible. Ayant un contenu spirituel, l’art ne peut se réduire au sensible. Il est une
étape nécessaire qui permet à l’Esprit d’accéder à sa conscience de soi et de se réaliser. « La
plus haute destination de l’art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie.
Comme celles-ci, il est un mode d’expression du divin, des besoins et des exigences les plus
élevées de l’esprit », écrit Hegel. Même si l’art crée des apparences et vit d’apparences, Hegel
se demande : « Mais, au fond, qu’est-ce que l’apparence ? Quels sont ses rapports avec
l’essence ? N’oublions pas que toute essence, toute vérité, pour ne pas rester abstraction pure,
doit apparaître […] L’apparence elle-même est loin d’être quelque chose d’inessentiel, elle
constitue, au contraire, un moment essentiel de l’essence ».

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