Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
- 49 799 personnes en détention (22% détenus pour l’exécution d’une peine de 6mois ou
moins, 18% pour une peine entre 6mois et 1an, et seulement 1% de la population exerçant
subit une peine à perpétuité)
- Les personnes détenues sont condamnées en majorité pour des vols (21%), pour des
infractions concernant les stupéfiants (18%) mais aussi pour viols et agressions sexuelles
(11%)
En France, l’état des prisons n’est pas satisfaisant. 70 651 personnes détenues pour 61 081 places
opérationnelles. Robert Badinter : « Une société se juge à l’état de ses prisons » => l’état des prisons
d’une société est révélateur de l’état de la société en elle-même. Dans le langage courant on utilise le
terme de « prison » comme un terme générique, mais en réalité grande diversité dans les
établissements pénitentiaires.
A) Les principes
Conditions quant aux personnes détenues => art 717 al 2 CPP. Les maisons d’arrêts doivent accueillir
les prévenus et les accusés mis en examen (personnes en attente de jugement qui sont en détention
provisoire) + les condamnés qui doivent effectuer une peine d’emprisonnement < 2ans et les
condamnés auxquels il reste à subir une peine d’une durée < 1an. L’incarcération d’un condamné
dans une maison d’arrêt doit rester exceptionnel, elle est donc destinée en principe à l’accueil de
personnes qui n’ont pas encore été jugées. Pour les condamnés, l’incarcération en maison d’arrêt
doit être motivée et devrait se faire dans un quartier distinct.
Conditions de détention => art 716 et 717-2 CPP. Le principe qui prévaut est celui de
l’emprisonnement individuel de jour et de nuit (mais ils peuvent quand même bénéficier d’activités
collectives). Pourquoi ? L’emprisonnement en commun est moins cher que l’emprisonnement
individuel et est plus simple à organiser MAIS on n’a pas choisi ce régime car il soulève des
problématiques : promiscuité entre détenus qui favorise la délinquance, effet criminogène de la
prison, chantage et menaces, vie en collectivité difficile à supporter pour certains détenus (en
particulier ceux qui veulent s’amender) etc. A contrario, certains systèmes proposent un isolement
total du condamné et qui seraient bien plus favorables à son amendement et à sa réflexion
personnelle. La France a plutôt optée pour un régime cellulaire : emprisonnement individuel des
détenus de jour comme de nuit même si on autorise parfois des activités collectives. C’est le principe,
toutefois la loi autorise des dérogations à cette règles, pour les détenus prévenus comme pour les
condamnés.
Possibilité de dérogations :
- Si les intéressés en font la demande (détenus qui ne veulent pas rester seuls)
- Si leur personnalité le justifie et ce dans leur intérêt (personnalité qui ne permet pas que le
détenu reste seul en cellule)
- S’ils ont été autorisés à travailler ou suivre une formation professionnelle ou scolaire
Pourtant, en pratique ce n’est pas le cas.
B) La pratique
Concernant les personnes détenues, il n’existe pas pour les maisons d’arrêt de numerus clausus
(contrairement aux établissements pour peine). Peu importe que la maison d’arrêt ait dépassé ses
capacités d’accueil, elle doit quand même recevoir les nouveaux détenus. Conséquence : on trouve
les personnes en Détention Provisoire, les condamnés pour une courte peine mais aussi des
condamnés à des peines plus longues que ce qui est prévu et qui sont en attente d‘une place dans un
établissement pour peine. Ces condamnés doivent obtenir leur transfert dans un établissement pour
peine dans les 9mois s’ils en font la demande, mais le manque de place empêche que l’on respecte
ces principes.
Du fait de l’absence de numerus clausus, le régime de détention s’écarte des principes posés par le
CPP. Surpopulation carcérale des maisons d’arrêt. Certaines maisons d’arrêt atteignent des taux
d’occupation alarmants (taux moyen d’occupation de 138%). On a donc parfois deux ou trois
personnes qui doivent partager une cellule (de 9m2). Environ 1600 détenus doivent dormir sur des
matelas posés à même le sol. La loi a finalement admis cet état de fait car l’ art 716 CPP prévoit une
possibilité d’être placé en cellule collective.
Loi du 15 janvier 2000 a prévu que ce principe serait celui de l’emprisonnement individuel et a posé
la date butoir du 16 juin 2003 => ce texte n’a pas été appliqué faute de moyens suffisants => loi du 12
juin 2003 a reconduit pour 5ans une exception à l’encellulement individuel => loi pénitentiaire de
2009 reconduit l’exception pour 5ans supplémentaires
CE, 2010 : il estime que le droit reconnu par l’art 716 CPP d’être placé sous le régime de
l’emprisonnement individuel n’a pas un caractère absolu et est susceptible d’admettre des
dérogations
Loi du 29 décembre 2014 a renouvelé le dispositif jusqu’en décembre 2019 => loi du 23 mars 2019 a
augmenté le budget du ministère de la justice (objectif de construction de 15 000 nouvelles places +
d’amélioration du parc existant & volonté de réduire les courtes peines d’emprisonnement).
Quel est le critère de répartition entre les différents établissements ? Critère profondément
remanié par la loi du 9 septembre 2002. Historiquement, le CP de 1810 répartissait les détenues en
fonction de la gravité de l’infraction commise. Puis, on a estimé (loi de 1975) qu’il convenait de
répartir les condamnés selon leur dangerosité qui importait plus que l’infraction commise (il fallait
donc se référer à la peine que les condamnés devaient exécuter). Loi du 9 septembre 2002 : on veut
permettre une plus grande souplesse dans la répartition des condamnés. On va se référer à des
critères liés à leur dangerosité, leur personnalité, le contexte social (et plus au quantum de leur
peine). On considère que le critère de la dangerosité ne correspond pas toujours à la durée de la
peine. On va donc élargir le panel d’établissements possibles.
Ce qui compte ce n’est pas tant la peine mais la dangerosité/le profil du condamné.
Certaines centres font parfois l’objet d’un véritable projet d’établissement qui tient compte de ce
projet de réinsertion.
Nombre insuffisant de place dans ces centres et quartiers de semi-liberté => pouvait-on maintenir un
condamné à un régime de semi-liberté en détention ordinaire ? CDC, 2005 : on ne peut ordonner le
maintien d’un condamné à l’établissement de son lieu d’écrou s’il n’existe pas de quartier de semi-
liberté ni quartier pour peine aménagée (ce serait dangereux que seul un détenu puisse sortir et pas
les autres détenus)
Ces centres ont aussi une vocation qui leur est propre : ils peuvent recevoir des condamnés dont le
reliquat de peine est < 2ans. Il est principalement orienté vers la réinsertion sociale et la préparation
à la sortie des condamnés. Mais le condamné ne sera pas systématiquement à l’extérieur pour toute
la journée (travail, formation), donc il y a, au sein de ces centres, des actions de réinsertion qui sont
menées au sein même de l’établissement.
Régime particulier qui diffère du droit commun => il n’y a pas de possibilité de recevoir des visites
pour les détenus au sein de ces centres MAIS permissions de sortie élargies par rapport au régime
traditionnel (elles sont portées de 3 à 5 jours).
Le placement au sein d’un tel centre doit être fait avec l’accord du détenu. C’est un centre à mi-
chemin entre la détention et la sortie donc le condamné doit s’impliquer dans tout ce programme et
qu’il l’accepte.
L’appellation de centre pénitentiaire signifie donc juste que plusieurs régimes de détention différents
cohabitent en un même lieu.
Ordonnance du 2 février 1945, art 20-2 => Il prévoit que l’emprisonnement des condamnés mineurs
est subi dans un quartier spécial d’un établissement pour mineurs ou dans un établissement
pénitentiaire spécialisé pour mineurs. Principe de spécialisation de la réponse qui doit être donnée
alors que c’est un mineur. On veut un régime adapté à la particularité des mineurs.
Seuil = 21ans. Pourquoi ? Car l’idée est de faire une large place à l’éducation, au projet éducatif, à la
formation professionnelle, et cela est encore utile jusqu’à 21ans + idée qu’il faut essayer de séparer
les mineurs des majeurs.
Aujourd’hui on est à mi-chemin, les mineurs sont à la fois détenus dans ces quartiers spécialisés dans
les maisons d’arrêt mais aussi au sein de ces établissements pour mineurs.
En pratique, la réalité est plus nuancée car il n’est pas rare que ces quartiers pour mineur soient
simplement un regroupement de cellules. Pour les femmes, cette règle de séparation entre détenues
majeures et mineures n’est quasiment jamais respectée en pratique.
Il y a quand même une différence importante avec le régime appliqué aux majeurs => pour les
mineurs le principe de l’encellulement individuel est respecté. Permet aux mineurs d’être isolés la
nuit. Il peut y avoir des exceptions lorsque c’est dans l’intérêt du mineur (pour raison médicale ou au
regard de sa personnalité par exemple).
Pour le reste, régime assez identique en pratique. Mêmes difficultés concernant les conditions de
détention (conditions vétustes) + mêmes longs délais d’attente pour bénéficier de la consultation
d’un médecin ou d’un psychiatre.
Pourtant, au regard des textes l’accent doit être mis sur l’éducatif, il s’agit que leur éducation se
poursuive. Il faut donc une intervention éducative continue. L’enseignement et la formation
devraient constituer la part la plus importante de leur emploi du temps. Là aussi la pratique est
décevante, en quartier pour mineurs 25% des jeunes détenus ont moins de 7h de cours par semaine.
70% de ces jeunes ont moins de 12h de cours par semaine.
Régime différent de celui des quartiers pour mineurs => pas les mêmes contraintes architecturales
(tout l’établissement est dédié aux mineurs) et pas les mêmes contraintes de sécurité (car que des
mineurs). Les activités vont s’étendre sur une période plus longue dans la journée. Les mineurs vont
évoluer dans des groupes restreints pour avoir une prise en charge la plus individualisée possible.
En pratique, ce n’est pas si encourageant que ça. L’enseignement est un peu plus important mais ce
n’est pas suffisant : 90% des mineurs bénéficient de plus de 6 heures de cours par semaine mais seul
la moitié d’entre eux bénéficie de plus de 11h par semaine.
Les établissements pour mineurs permettent de respecter bien mieux le principe de séparation mais
il reste des progrès à faire quant aux activités proposées et quant à l’accès à l’enseignement.
On insiste sur les horaires de lever, de coucher, les horaires pour manger… On va ici avoir une activité
scolaire importante avec une grande part de l’emploi du temps consacrée à l’enseignement. On a la
mise à disposition d’un enseignant de l’éducation nationale au sein des centres éducatifs fermés. Il y
a également des animateurs sportifs, des professionnels de santé, des agents issus d’association etc.
Qu’en est-il de ces centres éducatifs fermés ? il en existe une cinquantaine mais le gouvernement
entend en créer vingt de plus. Ces centres éducatifs fermés sont en plein essor, pourtant ils suscitent
le débat car on considère que le Centre éducatif fermé n’est pas un lieu de détention mais un lien de
résidence, or le centre éducatif fermés doit être distingué du foyer classique car le placement en
centres éducatifs fermés est imposé par le juge (ce n’est pas volontaire). Le juge peut placer le
mineur dans un centre éducatif fermé pour 6mois, renouvelable 1x (et 3ans maximum dans le cadre
d’un sursis avec mise à l’épreuve).
On parle de Centre Educatif Fermé car le mineur est obligé d’y rester et de respecter les obligations
au sein de ce centre, s’il ne les respecte pas il pourra être incarcéré. Il y a donc une part importante
du privation de liberté, or on fait comme si ce n’était pas un lieu de détention. On va considérer que
le centre éducatif fermé est la réponse adaptée donc on va placer les mineurs en centres éducatifs
fermés de plus en plus facilement. Le futur code pour mineurs entend faire du centre éducatif fermé
le remplacement, pour le mineur en attente de jugement, de la détention provisoire. Certains acteurs
s’inquiètent que la privation de liberté devienne une réponse quasiment automatique en cas de
criminalité de la part d’un mineur. On pourrait craindre que le CEF remplace des réponses qui étaient
moins privatives de liberté.
Section 2 : Les établissements de soin
Les détenus peuvent recevoir des soins lorsque leur état de santé l’impose. Ils souffrent parfois de
problèmes psychologiques voire psychiatriques. Sur ce problème des troubles mentaux des détenus,
un rapport rappelle que la moitié des personnes détenues ont des antécédents de troubles
psychiatriques.
Depuis la loi de 1994, la prise en charge sanitaire et l’organisation des soins en milieu pénitentiaire
relèvent du ministère chargé de la santé.
En plus, on trouve des services médico-psychologiques régionaux qui sont situés dans des quartiers
ou dans des ailes des établissements pénitentiaires. Ils sont dédiés aux problèmes psychiatriques
intégrés au sein des établissements pénitentiaires.
A côté de ces structures, il se développe de plus en plus de structures au sein des hôpitaux
classiques.
A NOTER :
Le gouvernement a donc pris des mesures inédites. Ces mesures sont issues de l’ordonnance du 25
mars 2020, certaines mesures concernent l’exécution de la peine.