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La loi de programmation de 2019 lutte contre les courtes peines et veut promouvoir les alternatives à
l’emprisonnement. Cette loi a repensé la liberté de choix de la peine par la juridiction de jugement.
Cette loi prend aussi acte de certaines JP du Conseil constitutionnel, par exemple en matière de
motivation des peines prononcées.
Le juge doit dans un premier temps se tourner vers ce que lui permet de prononcer le législateur. Dans
un second temps le juge effectuera alors un choix parmi ces peines encourues et s’efforcera de
personnaliser la peine qu’il a choisi.
Titre I : Le prononcé d’une peine parmi les peines légalement encourues
Peines* sens générique, il est aussi employé comme synonyme de sanctions pénales
Il y a des peines qui privent de la liberté d’aller et venir, des peines qui restreignent la liberté
d’aller et venir, des peines qui affectent le patrimoine du condamné, des peines qui portent
obligation de faire, puis des peines qui sont privatives de droit et d’autres qui portent atteinte à
la réputation.
C’est une peine qui consiste à enfermer le condamné dans un établissement pénitentiaire.
- Réclusion : peine privative de liberté prononcée qu’en matière criminelle pour les crimes
de droit commun. S’il ne s’agit pas d’un criminel de droit commun mais de l’auteur d’un
crime politique par exemple, on parle de détention criminelle.
- Emprisonnement : peine privative de liberté qui vise les auteurs de délits (néanmoins une
peine d’emprisonnement peut également intéresser des criminels condamnés lorsqu’ils sont
condamnés à moins de 10ans de privation de liberté)
Le placement en rétention administrative n’est pas une peine. De même, le placement d’office dans
un établissement psychiatrique. Concernant la détention provisoire, elle est privative de la liberté
d’aller et venir mais il ne s’agit pas d’une peine. Sa durée s’impute toutefois sur la durée de réclusion
ou d’emprisonnement.
§2 La rétention de sureté
A la fin du XIXème siècle, une loi a créé pour les récidivistes présumés « incorrigibles » la relégation
(inspiration positiviste). C’était une mesure obligatoire, perpétuelle et qui était effectuée en Guyane.
Elle était prononcée par le juge pénal et relayait la peine qui avait été pleinement exécutée.
On a constaté depuis quelques années, une multiplication de crimes particulièrement atroces qui font
intervenir en qualité d’auteurs des « pervers sexuels ». Face à ces crimes, l’idée est apparue qu’après
la purge d’une peine, une mesure de sureté pourrait prendre le relai et s’appliquer. La rétention de
sureté est donc née en 2008, en vertu de la loi du 25 février 2008.
Sa fonction est de soigner le criminel + de l’éliminer de la société, c’est la raison pour laquelle
cette mesure s’exécute dans un centre spécialisé (Centre socio-médico judiciaire de sureté) où une
prise en charge médicale, sociale et psychologique est délivrée à l’intéressé. Ce dispositif a été très
critiqué car il a été vu comme une peine après la peine.
Certains ont dénoncé qu’il y avait ici une condamnation ante delictum (car cela était fait pour éviter la
récidive).
Les allemands connaissent une mesure similaire : la détention de sureté. La CEDH n’a pas condamné
l’Etat allemand pour cette détention de sureté donc la rétention de sureté française ne ferait sûrement
pas l’objet d’une sanction de la part de la CEDH à l’encontre de la France. Le Conseil Constitutionnel
aussi a été saisi quant à la qualification juridique à retenir pour la rétention de sureté décision du 21
février 2008, mais il n’a pas vraiment répondu.
La mesure de rétention de sureté est à durée indéterminée car elle dépend de l’évolution de la
personne. Le régime du dispositif est complexe, il y a 3 conditions :
Il faut qu’à l’origine des faits très graves aient été accomplis (assassinat, actes de torture et de
barbarie, viols etc)
Il faut que la personne ait été condamnée au préalable à au moins15ans de réclusion criminelle
La cour d’Assises doit avoir prévu la possible rétention de sureté dans sa décision de
condamnation
Il y a une commission disciplinaire des mesures de sureté, cette commission, 1an avant la date de
libération prévue, doit se pencher sur le cas et recommander une rétention de sureté. Elle rend un avis
donc ce n’est pas contraignant.
Pour qu’il y ait rétention de sureté, il faut qu’une juridiction judiciaire spéciale décide de la prononcer
c’est la juridiction régionale de la rétention de sureté (composée de 2 conseillers de la Cour
d’Appel et d’un président de chambre de la Cour d’Appel). Devant cette juridiction il y a droit à
l’avocat + un recours est possible contre la décision de la juridiction régionale, ce recours est porté
devant la juridiction nationale de la rétention de sureté.
Il existe 4 peines restrictives de liberté d’aller et venir + la détention à domicile sous surveillance
électronique (rentrera en vigueur le 24 mars 2020, créé par la loi du 23 mars 2019).
§1 L’interdiction de séjour
Cette peine vise à interdire au condamné de fréquenter certains lieux, lieux déterminés par le
juge. La raison est d’éviter que le condamné puisse rencontrer la victime, couper les liens avec
certaines fréquentations et tenir le condamné éloigné de certains lieux de tentation (débits de boissons,
casinos etc).
En matière criminelle, la durée est de 10ans ≠ 5ans en matière délictuelle. Sauf exception, la loi
prévoit que cette peine cesse de plein droit lorsque le condamné a atteint l’âge de 65ans.
§2 L’interdiction du territoire français
C’est l’interdiction de demeurer sur le territoire français. Quand une interdiction du territoire
français est prononcée cela entraîne la reconduite à la frontière du condamné (étranger). Cette
reconduite à la frontière peut avoir lieu soit immédiatement après sa condamnation, soit à l’issue de
l’exécution de la peine principale de réclusion ou d’emprisonnement.
Cette peine peut être prononcée à titre temporaire (maximum 10ans) ou à titre définitif. En matière
correctionnelle, une interdiction du territoire français implique que le juge motive spécialement cette
peine au regard de la gravité de l’infraction mais aussi au regard de la situation familiale du condamné
étranger. Cette motivation spéciale ne concerne que certains condamnés étrangers (art 131-30-1 CP) :
- Etranger qui ne vit pas en état de polygamie et qui est père ou mère d’un enfant français
mineur résidant en France
- Etranger marié depuis au moins 3ans avec un conjoint de nationalité française
- Etranger qui justifie habiter habituellement en France depuis plus de 15ans
Le prononcé d’une interdiction du territoire français est exclu à l’encontre de certaines personnes (art
131-30-2 CP) :
- Etranger résidant régulièrement en France depuis plus de 20ans
- Etranger résidant régulièrement en France depuis plus de 10ans et qui est marié à un français
- Etranger résidant régulièrement en France depuis plus de 10ans et qui est père ou mère d’un
enfant français mineur
Cette peine est prévue de façon spécifique pour certains délits particuliers. Elle est prévue en matière
criminelle à propos des actes de torture et de barbarie, de viol, de traite des êtres humains, de trafic de
stupéfiants etc. Elle est limitée à une durée de 5ans max.
Cela emporte l’obligation pour le condamné de porter un émetteur (cheville) qui va permettre
de déterminer à distance sa localisation sur l’ensemble du territoire national, Art 131-36-12 CP.
Cela ne peut pas s’appliquer aux mineurs majeurs condamnés pour une durée supérieure ou égale à
7ans. S’il s’agit d’un récidiviste, cette durée est ramenée à 5ans.
La loi de programmation de 2019 a apporté une modification sur ce placement, elle en étend le
champ d’application au condamné à une peine privative de liberté d’une durée supérieure à 2ans à
raison de violences ou de menaces intrafamiliales punies d’au moins 5ans d’emprisonnement.
Dans toutes ces hypothèses, la dangerosité du condamné doit être constatée par une expertise
médicale. Ce placement apparaît comme indispensable pour prévenir la récidive. La durée d’un tel
placement ne peut excéder une durée de 2ans mais renouvelable une fois en matière délictuelle et deux
fois en matière criminelle.
Pour un tel placement, il faut avoir le consentement du condamné. S’il refuse (ou qu’il déroge aux
obligations inhérentes au placement), il effectuera la peine d’emprisonnement prononcée en
application de l’art 131-36-1 al 3 CP. Cette peine d’emprisonnement ne peut excéder 3ans en cas de
délit ni 7ans en cas de crime.
§5 La nouvelle peine de détention à domicile sous surveillance électronique
Le condamné à cette peine n’est autorisé à s’absenter de son domicile que pour le temps nécessaire à
certaines choses bien définies par la loi : exercer une activité professionnelle, suivre un enseignement,
effectuer un stage, suivre une formation, suivre un traitement médical, rechercher un emploi, pour
participer à la vie de famille et pour participer à un projet d’insertion ou de réinsertion.
§1 L’amende
C’est l’obligation pour un condamné de verser au trésor public une somme d’argent fixée par le
juge dans les limites déterminées par la loi. La peine d’amende peut être une somme fixe ou une
somme proportionnelle (par ex en matière de recel elle peut s’élever jusqu’à la moitié de la valeur des
biens recelés).
En matière contraventionnelle, l’art 131-13 CP détermine les plafonds des amendes encourues ≠ en
matière correctionnelle il n’y a pas de plafonds fixés par la loi (mais minimum de 3750euros). En
matière criminelle, il n’y a pas de dispositions générales prévoyant un minimum ou un maximum.
Le juge fixera le montant de l’amende en considération des ressources et des charges de l’auteur. Le
juge pourra majorer l’amende de 10%, majoration qui est destinée à l’aide aux victimes. Si quelqu’un
condamné à une amende ne la paie pas, et ce de manière volontaire, le Juge d’Application des Peines
va ordonner une contrainte judiciaire (cela ne vaut qu’en matière correctionnelle ou criminelle) cela
consiste en un emprisonnement dont la durée sera fixée par le JAP dans les limites prévues par l’art
750 CPP.
§2 Le jour-amende
Art 131-5 CP, c’est une peine alternative à l’emprisonnement. Un jour-amende ne pourra donc être
prononcé que si l’infraction commise est passible d’un emprisonnement. L’idée c’est que le juge peut
condamner l’intéressé à verser au trésor public une somme dont le montant global résulte de la fixation
par le juge d’une contribution quotidienne pendant un certain nombre de jours. Chaque jour le
condamné doit verser un montant.
Le montant de chaque jour-amende est déterminé par le juge selon les ressources et les charges du
condamné. Le montant maximum par jour : 1000euros & le nombre maximal de jours-amende : 360.
Certaines dispositions du code pénal permettent à un juge de convertir une peine d’emprisonnement
ferme de 6mois au plus en une peine de jour-amende. C’est une alternative à une courte peine
d’emprisonnement. On a une possibilité inverse envisagée par le CPP : l’art 747-1-1 CPP est créé par
la loi de programmation de 2019. L’entrée en vigueur de cet article est reportée au 24 mars 2020.
Le Juge d’application des peines pourra convertir une peine de jours-amende en une peine de travail
d’intérêt général ou en une peine de détention à domicile sous surveillance électronique. Le texte
énonce que cette conversion se fera lorsqu’il y a eu une modification de la situation du condamné
depuis la décision de condamnation.
De façon générale, une peine de jour-amende ne peut pas être prononcée cumulativement avec une
amende.
§3 La confiscation
Art 131-21 CP, c’est une peine qui consiste à attribuer à l’Etat tout ou partie des biens
appartenant au condamné. La confiscation peut être générale si la mainmise de l’Etat porte sur
l’ensemble du patrimoine du condamné, mais elle peut aussi être spéciale lorsqu’elle porte sur un bien
particulier. Elle peut être ordonnée en nature ou en valeur.
La confiscation peut porter sur le moyen ou l’instrument du délit mais aussi sur le corps du délit en
tant que tel, ou enfin sur le produit du délit.
§4 La sanction-réparation
Art 131-8-1 CP, c’est une peine hybride, elle relève des sanctions patrimoniales mais aussi des
sanctions qui portent obligation de faire. Son objet est d’obliger le condamné à procéder à
l’indemnisation du préjudice de la victime dans le délai et selon les modalités fixées par le juge.
Dans un cas la réparation peut s’exécuter en nature : s’il y a un accord entre la victime et le prévenu.
Le condamné devra alors remettre en état le bien endommagé à l’occasion de la commission de
l’infraction.
Cette remise en l’état eut être réalisée par le condamné lui-même ou par un professionnel mais dans ce
cas c’est le condamné qui rémunèrera le professionnel.
Le juge doit déterminer une peine d’emprisonnement maximale (6mois max) et une amende maximale
(pas plus de 15 000euros) dans le cas où le condamné ne s’exécute pas. Dans ce cas, le JAP peut
ordonner la mise à exécution de l’emprisonnement ou de l’amende.
Art 131-8 CP, ici on se situe en matière délictuelle, il faut un délit puni d’une peine
d’emprisonnement. Dans ce cas, la juridiction peut proposer au condamné d’accomplir un
travail d’intérêt général (pas rémunéré ). Il est d’une durée comprise entre 20h et 400h. Ce Travail
d’intérêt général intervient en lieu et place de l’emprisonnement.
Là encore c’est une peine qui nécessite le consentement de l’intéressé, le juge doit l’informer de son
droit à refuser d’accomplir le Travail d’intérêt général. En 2016, le législateur a retenu que le
condamné n’avait plus besoin d’être présent à l’audience pour prononcer un Travail d’intérêt général,
il suffisait qu’il soit représenté par son avocat + que son avocat puisse fournir un accord écrit du
condamné au travail d’intérêt général. La loi de programmation de 2019 franchi un pas supplémentaire
car maintenant il est permis au juge de prononcer un travail d’intérêt général en l’absence du prévenu
et sans son accord écrit.
Cette loi dispose que dans un tel cas, la juridiction va fixer la durée de l’emprisonnement à effectuer
ou le montant de l’amende à honorer en cas de refus opposé par le condamné au JAP au moment de la
mise à exécution du travail d’intérêt général (mécanisme incitatif à accepter le TIG).
Quand le condamné consent, le travail d’intérêt général doit être fixé dans un délai bref (délai max de
18mois). Un TIG peut faire l’objet d’une suspension pour un motif grave (motif d’ordre médical,
familial ou social). Le TIG est suspendu si le condamné va en détention provisoire pour une autre
infraction qu’il aurait commise.
Infractions à la circulation routière => le législateur prévoit que le Travail d’intérêt général doit, de
préférence, être accompli dans un établissement spécialisé dans l’accueil des blessés de la route.
De manière générale, si un condamné viole les obligations résultant de son TIG, il commet un délit
(est pénalisé le non-respect d’une peine et des obligations qu’elle inclut). Cela fait encourir 2ans
d’emprisonnement et 30 000euros d’amende.
§2 Le suivi socio-judiciaire
Art 131-36-1 CP, à l’origine, cette peine a été conçue pour prévenir la récidive des délinquant
sexuels. C’est un suivi qui va permettre pendant une certaine durée une surveillance du
condamné par le JAP. Le condamné n’est donc pas détenu.
Le suivi socio-judiciaire peut être prononcé à l’encontre d’un majeur ou d’un mineur, en matière
criminelle ou en matière délictuelle. C’est la loi qui prévoit pour quels crimes et quels délit un suivi
socio-judiciaire peut être prononcé.
Un tel suivi ne peut excéder 10ans en matière correctionnelle et 20ans en matière criminelle. Certains
textes dérogatoires prévoient une durée plus longue, voire à une durée perpétuelle. Ce suivi comporte
le respect de mesures de surveillance et d’assistance (répondre aux convocations du juge d’application
des peines, recevoir les visites d’un travailleur social, prévenir si changement d’emploi, parfois il faut
suivre une formation, parfois se soumettre à des soins etc). Quand il y a un traitement médical dans le
cadre d’un suivi socio-judiciaire, cela ne peut pas se faire sans le consentement du condamné (mais
s’il refuse il va en taule donc bon).
Si on ne respecte pas les obligations du suivi socio-judiciaire, on risque d’être emprisonné car
lorsqu’un juge condamne à un tel suivi socio-judiciaire, il prévoit dans la condamnation une peine
d’emprisonnement d’une durée maximum encourue par le condamné défaillant (3ans max en matière
correctionnelle et 7ans max en matière criminelle).
§3 La contrainte pénale
C’est une peine créée en 2014, art 131-4-1 CP. Elle oblige le condamné majeur, auteur d’un délit
puni d’une peine d’emprisonnement, à se soumettre pendant une durée allant de 6mois à 5ans à
des mesures de contrôle et à des obligations et interdictions particulières. Quelles sont ces
obligations et ces interdictions ? TIG, obligation de se soumettre à une injonction de soins…
La contrainte pénale, de façon générale, est retenue par le juge lorsque la personnalité et la situation
matérielle et sociale du délinquant justifient un accompagnement socio-éducatif individualisé. Cet
accompagnement s’inscrit dans la contrainte pénale.
La contrainte pénale est affichée comme une alternative à la prison, mais la loi de programmation du
23 mars 2019 fait disparaître la contrainte pénale à compter du 24 mars 2020. Elle va être fondue
dans le nouveau sursis-probatoire, ce qui signifie qu’elle va devenir une modalité d’exécution de la
peine privative de liberté correctionnelle (et plus une alternative).
§4 Le stage de citoyenneté
Cette peine a été instituée en 2004 par la loi Perben II. Il a vocation à rappeler à l’auteur
d’infraction raciste ou antisémite les valeurs républicaines qui fondent la société. Ce stage
s’adresse aussi bien aux délinquants majeurs qu’aux délinquants mineurs. Le coût du stage est aux
frais du condamné, mais il ne peut pas excéder 450euros (= montant de l’amende contraventionnelle
de 3ème classe).
Le juge qui prononce le stage de citoyenneté peut prévoir, dans sa condamnation, la sanction prévue si
le condamné ne respecte pas les obligations du stage.
Le stage de sensibilisation à la sécurité routière : frais à la charge du condamné ≠ pour les autres ils ne
sont aux frais du condamné que si le juge le décide (si c’est le cas, limite de 450euros).
Le stage ne peut pas durer plus de 1mois. 2 stages particuliers :
Stage de responsabilisation pour la prévention et la lutte contre les violences au sein du couple
et sexistes
Stage de lutte contre le sexisme et de sensibilisation à l’égalité entre les femmes et les
hommes (créé par la loi Schiappa du 3 août 2018). A compter du 24 mars 2020, ce stage sera
également applicable en matière correctionnelle.
A partir de mars 2020, on va avoir un régime juridique unique applicable à toutes les peines de stage
(nouvel art 131-5-1 CP). L’idée est que ces stages pourront être prononcés à la place d’un
emprisonnement ou cumulativement à un emprisonnement, et cela vaudra pour toutes les
infractions correctionnelles.
L’inexécution du stage est un délit faisant encourir 2ans d’emprisonnement et 30 000euros d’amende.
Cf infra
Section V : Les peines privatives de droit
On a une très grande diversité de peines privatives de droit. Parmi ces peines il y a toute une série
d’interdiction comme :
- Le port d’arme
- De chasser
- D’émettre des chèques ou d’utiliser des Cartes Bancaires
- L’exclusion des marchés publics
- D’exercer une activité d’entrepreneur en particulier de travail temporaire
- De conduire un véhicule qui ne serait pas équipé d’un dispositif d’anti-démarrage par
éthylotest électronique.
Il y a aussi une peine plus fréquente qui est celle d’exercer une fonction publique. Cette interdiction
peut être soit définitive soit temporaire et lorsqu’elle est temporaire souvent elle est limitée à + de
5ans. Il arrive que le non-respect de cette peine d’interdiction constitue de façon autonome un délit qui
est incriminé à l’art 434-40 du CP.
L’interdiction peut aussi être celle d’exercer une profession commerciale ou industrielle et c’était jadis
une peine accessoire, auj cette interdiction doit être prononcée par le juge de jugement.
Il peut également être prononcée par le juge une peine de fermeture d’établissement, cela emporte
l’interdiction d’exercer l’activité qui avait lieu dans cet établissement et c’est souvent cette activité qui
a permis l’infraction.
Ces peines de privations de droits civiques, civils et de famille sont en dehors du CP parfois prévues
comme peines accessoires.
Enfin, interdiction de détenir un animal est possible à titre définitif ou temporaire qui se situe à l’art
131-21-2 du CP.
= peine d’affichage et/ou diffusion de la condamnation. C’est une peine qui est prévue à l’art 131-35
du CP avec différentes modalités possibles.
Cette distinction des peines selon leur nature résulte des lois, loi du 29 décembre 1972 cette loi
permet au juge de relever le condamné d’une peine accessoire ou complémentaire obligatoire.
Le relèvement permet au juge d’exonérer le condamner de l’exécution d’une peine.
Loi du 11 juillet 1975 bouleverse le concept de peine principale, jusqu’alors une peine principale était
une peine d’emprisonnement ou d’amende. Avec cette loi on permet au juge d’exclure cette peine
principale d’emprisonnement ou d’amende pour mettre à sa place une peine secondaire.
Pour se faire, la loi de 75 érige une liste de peines qui peuvent se substituer à
l’emprisonnement. Ces peines à l’époque on les appelle les peines de substitution.
En ce qui concerne l’actuel CP, il a un inconvénient car il parle des peines mais ne précise pas et l’art
131-3 du CP énumère des peines sans préciser leur nature.
La peine principale c’est la peine que la norme pénale indique aussitôt après la définition de
l’interdit. Les peines sont énoncées en matières criminelle, correctionnelle et contraventionnelle.
Pourquoi est-ce important de connaitre la peine principale encourue pour une infraction ? La nature et
le quantum de la peine principale encourue qui permet de savoir si l’infraction est un crime, un délit
ou une contravention étant entendu qu’en vertu de l’art 111-1 du CP l’infraction est forcément l’une
des 3 classifications.
Finalement la doctrine s’est repliée sur la circulaire du 14 mai 1993 qui énonce que le législateur ne
prend pas parti sur le statut de ces peines sauf en matière contraventionnelle où il distingue les peines
complémentaires des peines principales.
On peut penser que ces peines restrictives ne sont pas des peines complémentaires.
Ces peines alternatives sont les héritières des peines de substitution. Elles peuvent être prononcées à
la place d’une autre peine en l’occurrence à la place de la peine principale de référence. Ces
peines alternatives ne sont prévues que dans la partie générale du CP mais pas dans le texte spécial qui
suit l’incrimination.
Matière correctionnelle, art 131-3 du CP.
Ces peines n’existent pas en matière criminelle, logique car elles concernent les courtes peines
d’emprisonnement.
Personnes physiques
En matière correctionnelle, lorsque l’emprisonnement est prévu pour un délit, on trouve comme
peine alternative à l’emprisonnement des peines privatives ou restrictives de liberté. Ces peines sont
listées à l’art 131-6 du CP :
- Le TIG est une alternative à l’emprisonnement, art 131-8 du CP.
- Le jour-amende, art 131-5 du CP
- Le stage de citoyenneté, 131-5-1 du CP
- La sanction-réparation, art 131-8-1 du CP
- La contrainte pénale qui va disparaitre en mars 2020, art 131-9 al 1 du CP
Personne Morale
En matière correctionnelle, il n’y a qu’une alternative à la peine principale encourue qui est
l’amende ici. La seule alternative est la sanction-réparation, art 131-39 1° du CP.
En matière contraventionnelle, l’amende prévue pour les contraventions de la 5 ème classe peut être
remplacée par des peines privatives ou restrictives de droits prévues à l’art 131-42 du CP.
L’interdiction d’émettre certains chèques, d’utiliser des cartes de paiement, la confiscation de
la chose objet ou produit de l’infraction…
La sanction-réparation également, art 131-44-1 du CP.
§2 Le régime des peines alternatives
Les peines alternatives prononcées à la place de l’emprisonnement sont cumulables entre elles,
qu’elles soient de même nature ou de nature différente. C’est la loi qui le dit à l’art 131-6 du CP et
l’art 131-15 du CP dit la même chose en matière contraventionnelle.
Les peines cumulatives peuvent se cumuler avec la peine principale à laquelle elle ne se substitue pas.
Ex : le TIG est une peine alternative à l’emprisonnement, on ne pourra pas prononcer un TIG avec
de la prison. En revanche si pour un délit est encourue une peine d’emprisonnement et d’amende
alors le juge pourra retenir un TIG en remplacement d’emprisonnement mais aussi la peine
principale d’amende qui était encourue.
En cas d’inexécution, les peines alternatives des arts 131-6 et 131-8 du CP (correctionnelle) ne sont
pas exécutées cela constitue une infraction qui fait encourir des peines prévues aux arts 434-41 et -42
du CP.
En d’autres termes, l’inobservation de certaines peines correctionnelles alternatives est constitutif d’un
délit punissable d’emprisonnement et d’amende.
A cela s’ajoute que le juge pénal peut ab initio prévoir la sanction qui est encourue par le condamné
s’il ne respecte pas précisément la peine alternative.
Cette possibilité de sanction de réserve est prévue pour la peine alternative consistant en une peine de
stage ainsi que pour les peines alternatives prévues aux arts 131-6 et 131-8 du CP sera un
emprisonnement ou une amende mais la peine encourue ne pourra pas excéder la peine encourue à
raison du délit qui justifie la condamnation initiale. Cette sanction de réserve ne pourra pas faire
encourir une peine d’emprisonnement supérieure à 2 ans ni une peine d’amende supérieure à 30.000€.
Si le juge a recours à cette sanction de réserve, cela exclut l’application des dispositions spéciales des
arts 434-41 et -42 du CP.
Une peine complémentaire c’est une peine qui va s’ajouter à la peine principale. Ces peines
existent en matière criminelle, en matière correctionnelle et contraventionnelle.
Art 131-10 du CP pour la matière criminelle et contraventionnelle
Art 131-16 du CP pour la matière contraventionnelle et correctionnelle
Ex : art 222-34 du CP, le législateur prévoit la privation de liberté (peine principale) et l’amende
puis l’interdiction d’exercer certaines professions, de détenir une arme etc à titre de peine
complémentaire.
Le texte est explicite et c’est le seul cas où le législateur s’exprime lorsqu’il qualifie la peine
complémentaire.
Par ailleurs, dans les textes spéciaux on constate que le législateur prévoit le plus souvent tout d’abord
les peines principales que sont l’emprisonnement et l’amende et ensuite il prévoit des peines
complémentaires.
Lorsque la peine complémentaire est facultative, la politique criminelle n’est pas de durcir la
répression mais d’aller dans le sens de plus d’individualisation de la peine c’est pourquoi elle est à la
discrétion du juge.
Cette peine facultative sera prononcée ou pas selon la qualité du délinquant, la particularité de
l’infraction.
Ces peines bien souvent sont des mesures de sureté innommées. Auj les peines complémentaires
facultatives sont complétement dans l’ère du temps car on cherche plus d’individualisation.
Parfois les peines complémentaires sont obligatoires en ce sens que le juge de jugement est obligé de
les prononcer. Cette obligation est précisée dans le texte de loi. Le législateur a eu quelques scrupules
face à ce caractère obligatoire, il énonce que « le juge pourra par une décision spécialement motivée,
décider de ne pas prononcer la peine complémentaire obligatoire en considération des
circonstances de l’infraction et de la personnalité de l’auteur ».
Les peines complémentaires obligatoires ne sont pas très bien perçues, on en trouve de moins en
moins dans le Code Pénal et en dehors car elles contreviennent au principe d’individualisation de la
peine qui est le principe guide.
Une même peine complémentaire peut être obligatoire s’agissant d’une infraction et facultative
s’agissant d’une autre infraction.
En matière correctionnelle, les peines complémentaires sont prévues par l’art 131-10 du CP mais
s’ajoute la sanction-réparation en tant que peine complémentaire.
En matière contraventionnelle, les peines complémentaires sont visées à l’art 131-15-1 à -17 du
CP. Pour que le juge retienne une peine complémentaire, il ne peut pas baser sa décision sur l’art 131-
16 ou -17 il devra aller vérifier dans le texte spécial d’incrimination (règlement ici par hypothèse) que
cette peine complémentaire là y est prévue.
L’art 131-17 du CP est relative à des peines particulières applicables aux contraventions de
5ème classe.
Pour les contraventions de la 5 ème classe, il faut ajouter une autre peine complémentaire qui est celle
d’émettre des chèques.
Une peine encourue à titre complémentaire ne peut pas être prononcée à titre de peine
principale en matière criminelle. En revanche une peine complémentaire peut être prononcée
comme peine principale en matière correctionnelle.
Concernant les peines complémentaires, leur contenu est très proche des peines alternatives mais
contrairement à elle la peine complémentaire doit être expressément et spécialement visée par le texte
d’incrimination.
L’art 131-10 du CP commence par « lorsque la loi le prévoit ».
Concernant la sanction du non-respect d’une peine complémentaire, la personne encourt une peine
d’emprisonnement et d’amende puisque l’inexécution de cette peine est un délit réprimé par l’art 434-
41 du CP.
On les appelle parfois les peines clandestines car elles s’appliquent même si elles n’ont pas été
prononcées.
Techniquement une peine accessoire est une peine rattachée de plein droit à la peine principale, elle va
suivre le sort de la peine principale donc si la peine principale n’est pas prononcée la peine accessoire
ne sera pas subie.
L’art 131-17 du CP dispose que désormais aucune peine ne peut être appliquée si elle n’a pas été
expressément par une juridiction. L’art 132-17 du CP condamne le principe même de la peine
accessoire, on le comprend comme étant le corollaire d’une part du principe de nécessité de la peine et
d’individualisation des peines.
Désormais les peines accessoires ont été supprimées du Code Pénal, mais en dehors du code pénal il y
a plein de peines accessoires.
Ex : art L500-1 du CMF dans cette disposition, la peine d’interdiction de gérer les entreprises
d’investissement est automatique et suit la peine principale.
Les peines qui restent en dehors du CP seraient plus des mesures de suretés qui veulent assainir des
domaines de la vie des affaires ou de la vie publique. Le CC a déclaré non conforme à la Constitution
une peine accessoire qui figurait dans le Code Electoral par exemple.
La doctrine parle du naufrage des peines accessoires (JH Robert) et l’idée est que si le législateur veut
sauver ces peines accessoires hors du CP car elles auraient une vertu d’assainissement, le législateur
doit les transformer en peine complémentaire obligatoire.
Conclusion : en application de la loi du 23 mars 2019, la peine de stage pourra se substituer au
prononcé d’une peine d’emprisonnement et pourra aussi compléter une peine
d’emprisonnement.
Par ailleurs la détention à domicile sous surveillance électronique pourra être prononcée à la
place de l’emprisonnement, art 131-4-1 du CP.
Logiquement tout en haut nous trouvons les peines criminelles, puis les peines correctionnelles et
enfin contraventionnelles.
Au sein même des peines criminelles il y a encore une échelle et également pour les autres.
Art 131-1 du CP les peines principales sont la Détention Criminelle et la Réclusion Criminelle, mais
ces peines se répartissent en 4 catégories distinctes car il y a 4 niveaux de peines de réclusion :
- Réclusion criminelle à perpétuité elle sanctionne les infractions les plus graves telles que
le génocide ou l’assassinat. Mais on peut aller encore au-delà et faire en sorte que cette peine
soit incompressible càd sans période de sureté possible arts 221-3 et 221-4 du CP (période de
sureté = modalité d’exécution de la peine qui empêche que pendant l’exécution de sa peine le
condamné puisse bénéficier d’une mesure telle que la libération conditionnelle ou encore la
semi-liberté. La période de sureté est en principe d’au moins de la moitié de la durée de la
peine s’il s’agit d’une réclusion à temps sinon si perpétuité c’est 18ans). Art 132-23 du CP
concernant la période de sureté.
- Réclusion criminelle de 30 ans au +
- Réclusion criminelle de 20 ans au +
- Réclusion criminelle de 15 ans au +
La durée d’une Réclusion criminelle à temps (pas à perpétuité donc) est de 10 ans au moins. Toute
peine prononcée en matière criminelle pour une durée qui serait inférieure à 10 ans sera
nécessairement une peine d’emprisonnement ce qui entraine un mécanisme de correctionnalisation
judiciaire.
Concernant la perpétuité réelle, la question a été soulevée de savoir si l’on était encore conforme à la
ConvEDH et à l’art 3 de la ConvEDH qui est relative au traitement inhumain la CEDH a été saisie
de la question et l’Etat français n’a pas été condamné donc il n’y a pas de violation, CEDH « Léger c/
France » (2006) et CEDH « Léger c/ France » (2009).
L’art 3 de la Conv doit être interprété comme exigeant qu’elles soient compressibles càd
soumises à un réexamen permettant aux autorités nationales de voir si le détenu a tellement
évolué qu’il n’a plus à être détenu.
Art 720-4 du CPP énonce « lorsque le condamné manifeste des gages sérieux de réadaptation
sociale, le tribunal peut à titre exceptionnel décider qu’il soit mis fin à la période de sureté ».
Pas de condamnation grace à l’alinéa 3
B. S’agissant des personnes morales
Art 131-37 du CP qui est la référence, il s’agit de l’amende qui est la peine principale. L’amende est
égale au quintuple du montant de l’amende prévue pour les personnes physiques par la loi qui réprime
l’infraction.
S’il n’y a pas de peine principale, le législateur énonce que l’amende encourue pour la PM sera d’1
million d’euros
Pour connaitre le montant de l’amende encourue en matière criminelle il faut aller voir le texte spécial.
Il n’y a pas de vraie échelle.
Art 131-3 du CP prévoit que les peines correctionnelles encourues par les personnes physiques sont :
- Emprisonnement
- Contrainte pénale
- Amende
- Jour-amende
- Stage de citoyenneté
- TIG
- Peine privatives ou restrictives de droit
- Peine complémentaire
- Sanction-réparation
Ce texte va être revu par la loi du 23 mars 2019 qui va reconstruire l’échelle des peines
correctionnelles. Son souci est d’être plus cohérente donc il va y avoir une nouvelle version de
l’échelle des peines qui va entrer en vigueur le 24 mars 2020 :
- Emprisonnement
- Détention à domicile sous surveillance électronique
- Le TIG
- L’amende
- Le jour-amende
- Les peines de stage
- Peines privatives ou restrictives de droit
- Sanction-réparation
Toutes ces peines ne sont pas exclusives des peines complémentaires de l’art 131-10 du CP.
Lorsque le législateur fait encourir une peine d’emprisonnement il doit choisir l’un de ces échelons. Si
on a un récidiviste, il encourt 20 ans de prison car la peine est doublée mais on reste sur de
l’emprisonnement et non de la Réclusion Criminelle.
On s’intéresse à l’amende et ici aussi elle est égale au quintuple que celle prévue pour une personne
physique. C’est plus évident car on est en matière correctionnelle.
Pour les Personnes Morales en matière correctionnelle, il y a une peine spécifique qui est l’obligation
pour la personne morale qui est de se soumettre à un programme de mise en conformité . C’est une
peine qui date de 2016 et qui ne vaut que pour certaines infractions prévues par les textes spéciaux.
Il y a une échelle qui donne lieu à différents taux d’amende contraventionnelle. L’art 131-13 du CP
pose cette échelle :
- Pour les contraventions de la 5ème classe : 1500€ d’amende au +
- Pour les contraventions de la 4ème classe : 750€ au +
- Pour les contraventions de la 3ème classe : 450€ au +
- Pour les contraventions de la 2ème classe : 150€ au +
- Pour les contraventions de la 1ère classe : 38€ au +
Lorsque le texte le prévoit, l’amende peut être portée à 3000€ en cas de récidive. Les infractions que la
loi punie d’une amende n’excédant pas 1500€ voire 3000€ sont des contraventions.
On parle d’amende de police, art 131-40 du CP et là on n’a pas d’échelle mais juste un coefficient
multiplicateur car l’amende encourue est le quintuple de l’amende encourue par la personne physique.