Journal des Maladies Vasculaires (Paris)
© Masson, 2003, 28, 4, 200-205
TECHNIQUE ET RÉSULTATS DE L’ÉCHO-DOPPLER
DANS LES COMPLICATIONS NON STÉNOSANTES
DES ABORDS VASCULAIRES
DE L’HÉMODIALYSE CHRONIQUE
Ischémie, vol, hyperdébit, anévrysmes
G. FRANCO
Clinique Arago, 95 boulevard Arago, 75014 Paris.
RÉSUMÉ :
Technique et résultats de l’écho-doppler dans les complications
non sténosantes des abords vasculaires de l’hémodialyse
chronique. schémie, vol, hyperdébit, anévrysmes
L’ancienneté et le siège de la fistule artério-veineuse (FAV) sont
des facteurs d’accroissement du débit sanguin qui peuvent retentir sur
la fonction cardiaque. Les FAV cubitales et les pontages sont les
moins souvent en cause. Le débit moyen normal d’une fistule distale
est de 465 ± 250 ml/mn et celui des fistules proximales de
750 ± 309 ml/mn. La mesure est effectuée en écho-doppler pulsé sur
l’artère humérale ou l’artère axillaire. En cas d’un hyperdébit mal
toléré, le bilan doit pouvoir orienter vers le type d’intervention
correctrice possible : ligature de l’artère radiale proximale limitant
l’apport artériel de la FAV au seul flux rétrograde de l’artère radiale
fournie par l’artère cubitale via les arcades palmaires, prolongation
distale par pontage ou transposition radiale après vérification de l’état
des artères de l’avant-bras. L’ischémie peut être la conséquence du
vol vasculaire qui est d’autant plus important que la fistule est
proximale et le débit élevé, entraînant la décompensation d’une
artérite préexistante. L’étude de la vascularisation distale en doppler
continu et couleur, fistule ouverte et fermée sous compression, est
primordiale dans le diagnostic positif et l’orientation thérapeutique.
Le débit doit être calculé avec précision car les démarches diagnos-
tique et thérapeutique en seront affectées. En cas d’hypodébit associé
à des signes ischémiques, on recherchera une ou des lésions sténo-
santes accessibles à un geste de revascularisation angioplastique,
voire chirurgicale. En cas d’hyperdébit, la réduction peut être effi-
cace. Si le signal doppler distal est normal ou peu perturbé FAV
ouverte, l’origine ischémique des symptômes doit être rediscutée. Si
la compression de la FAV rétablit un signal pulpaire, l’ischémie
pourra en règle être traitée en modifiant l’abord. Si aucun flux n’est
détectable FAV fermée, l’artérite distale domine le tableau et la
FAVdoit être souvent fermée. L’ischémie veineuse est beaucoup plus
rare, faisant rechercher une sténose veineuse en aval de la FAV.
L’ectasie diffuse de la veine fait rechercher un obstacle d’aval,
sténose ou thrombose du drainage ou un hyperdébit. Le faux ané-
vrisme sur ponction transfixiante réalise un hématome pulsatile avec
image d’un ou plusieurs jets en doppler couleur, associée ou non à des
images de thrombus mural. Le pontage prothétique se complique de
faux anévrisme intra-capsulaire par détérioration pariétale au niveau
des points de ponction. (J Mal Vasc 2003 ; 28 : 200-205)
Mots-clés : Hémodialyse. Vol. Hyperdébit. Ischémie. Anévrysme.
Echo-doppler.
Reçu le 5 mai 2003.
Acceptation par le Comité de rédaction le 27 juin 2003.
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ABSTRACT :
Technique and results of duplex-Doppler for non-stenosing com-
plications of vascular access for chronic hemodialysis: ische-
mia, steel, high flow rate, aneurysm
Two factors increasing flow rate in arteriovenous fisulae (AVF)
with the subsequent risk for cardiac function, are the site of the access
and time since its creation. Cubital AVF and bypasses are less often
involved. Mean flow rate in a distal fistula is 465 ± 250 ml/min. For
proximal fistulae, mean flow rate is 750 ± 309 ml/min. Flow rate is
measured by pulsed duplex-Doppler of the humeral artery or the
axillary artery. If high flow rate is poorly tolerated, careful assessment
should provide an orientation concerning appropriate correction:
ligature of the proximal radial artery to limit arterial inflow to the
AVF which is then comes solely from retrograde flow from the radial
artery via the palmar arcades and the cubital artery; distal prolonga-
tion by radial bypass or transposition after checking the state of the
forearm arteries. Vascular steel can lead to ischemia, which is greater
for high flow proximal fistulae, with the risk of aggravating pre-
existing arteritis. Continuous color-Doppler exploration of the distal
vessels, with the fistulae open and closed with compression, is
primordial to establish the positive diagnosis and the appropriate
therapeutic approach. Flow rate must be determined accurately. If low
flow rate is associated with signs of ischemia, angioplastic or surgical
revascularisation may be required for identified and accessible areas
of stenosis. If the flow rate is too high, reduction may be effective. If
the distal Doppler signal is normal or minimally perturbed with the
open AVF, the fistula may be the cause of the ischemia. If no flow can
be detected when the AVF is closed, the distal artery is involved and
may have to be closed. Venous ischemia is much more uncommon and
may be caused by venous stenosis downstream from the fistula.
Diffuse venous ectasia may result from a downstream obstruction due
to stenosis or thrombosis, or to excessive flow. In the event of a false
aneurysm, a pulsitile hematoma is visualized by color Doppler with
one or more spurts, associated or not with images of mural throm-
bosis. Deterioration of the vessel walls at the point of puncture can
lead to intra-capsular false aneurysm. (J Mal Vasc 2003; 28: 200-205)
Key-words : Hemodialysis. Steel. High flow rate. Aneurysm.
Duplex-scan.
Tirés à part : G. FRANCO, à l’adresse ci-dessus.
Communication présentée lors du XXXVIIe congrès du Collège Français
de Pathologie Vasculaire, Paris le 12 mars 2003.
 Tome 28, n° 4, 2003
L’écho-doppler se trouve actuellement de par son inno-
cuité, son faible coût et sa disponibilité l’examen paraclini-
que de choix, permettant de résoudre la majorité des pro-
blèmes de dysfonctionnement d’un abord vasculaire pour
hémodialyse (1). La fistule artério- veineuse (FAV) qui réa-
lise une communication directe entre un système artériel à
haute pression et un système veineux à basse pression,
porte en elle les complications potentielles qui seront
observées. Les conséquences vasculaires hémodynami-
ques et pariétales loco-régionales sont la dilatation, l’allon-
gement, l’hyperplasie intimale et à distance le retentisse-
ment cardiaque et l’ischémie. L’examen ultrasonique (US)
de la FAV comprend plusieurs temps, une analyse hémody-
namique et une analyse morphologique. L’examen de
débrouillage se fait habituellement au doppler continu de 4
à10 Mhz, mais l’absence de résolution spatiale de celui-ci
nécessite de disposer d’un écho-dopper pulsé et couleur
pour investiguer l’ensemble des problèmes. Le recours au
doppler continu avec analyse spectrale est cependant fré-
quent secondairement pour mesurer la vitesse d’une zone
sténosée. Les fréquences des sondes d’imagerie vont de 10
à16 Mhz pour l’étude des vaisseaux les plus superficiels et
de 3 à 7 Mhz pour les vaisseaux les plus profonds. Les
sondes à très hautes fréquences offrent des résolutions
d’image égales ou supérieures à l’angiographie. L’image-
rie de flux par doppler couleur et énergie permet de repérer
très rapidement les zones où l’hémodynamique est pertur-
bée par rapport à l’amont et à l’aval (pourvu que les régla-
ges de fréquence de répétition des impulsions (PRF) soient
correctement ajustés), permettant leur investigation en ana-
lyse spectrale avec recueil des vitesses in situ, en amont et
en aval. Des rapports de vitesses sont ainsi calculés, per-
mettant de quantifier une sténose en accord avec l’équation
de continuité. La détection des flux distaux, très faibles
dans le cadre de l’exploration d’une ischémie, nécessite de
supprimer tous les filtres doppler continu ou couleur.
PROTOCOLE D’EXAMEN
Le patient est examiné en décubitus dorsal ou en position
semi-assise, dévêtu au moins jusqu’à la racine du membre
pour permettre un bilan exhaustif, dans une pièce dont la
température ambiante est suffisante pour ne pas générer de
vasoconstriction périphérique. Les différents temps d’exa-
men peuvent se décomposer comme suit mais leur enchaî-
nement est à adapter en fonction des renseignements clini-
ques et opératoires. La perméabilité de la FAV est vérifiée
au doppler continu, qui permet également une exploration
rapide de la distalité, en utilisant des fréquences élevées de
8 à 10 Mhz. Un balayage en mode B du système artériel et
veineux à la recherche d’anomalie morphologique ou de
variété anatomique est effectué. L’analyse morphologique,
toujours en mode B, permet de suivre depuis l’anastomose
la veine artérialisée et d’en noter les anomalies morpholo-
giques éventuelles, le diamètre, le type de drainage profond
et ses particularités et d’étudier l’épaisseur des parties mol-
les péri-veineuses et leur écho-structure. Un calcul du débit
de FAV est systématique. L’analyse des zones de perturba-
tion hémodynamique décelées en doppler couleur est réali-
sée en doppler pulsé pour quantifier une sténose.
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TECHNIQUE ET RÉSULTATS DE L’ÉCHO-DOPPLER 201
ISCHÉMIE
L’ischémie distale est une complication sévère de
l’abord vasculaire d’hémodialyse. Les mécanismes sont
complexes (2, 3). Une bonne connaissance de ces mécanis-
mes est indispensable pour le bilan diagnostique pré-
thérapeutique et pour guider le choix des traitements. La
radiologie interventionnelle peut être efficace, le plus sou-
vent en réalisant une angioplastie chez les patients avec une
maladie sévère et extensive, mais peut également permettre
de diminuer le vol par occlusion artérielle. Plusieurs méca-
nismes, souvent intriqués, sont à l’origine de ce problème
qui peut revêtir un caractère d’urgence, notamment s’il
survient précocement après la création de la FAV.
Plusieurs tableaux se rencontrent (4, 5) :
– ischémie aiguë avec déficit sensitivo-moteur,
– neuropathie ischémique monomélique avec dysfonc-
tionnement sévère des nerfs sensitifs et moteurs,
– ischémie chronique avec ou sans troubles trophiques,
– syndrome ischémique plus œdème orientant d’emblée
vers une étiologie veineuse.
Le diagnostic positif en dehors du premier cas est parfois
difficile, notamment avec un canal carpien, fréquent sur ce
terrain. Le diagnostic d’ischémie distale repose principale-
ment sur les données cliniques mais les explorations non
invasives par pléthysmographie, écho-doppler et oxymétrie
pulsée sont utiles, permettant de décider d’une angiogra-
phie (6). Les deux premières entités survenant précocement
après création de la FAV, négligées ou méconnues, peuvent
conduire à un syndrome de Volkmann. En dehors de la
période péri-opératoire, devant des manifestations isché-
miques, l’information capitale à recueillir avec le maxi-
mum de soin est le calcul du débit. En effet il est fondamen-
tal de distinguer ischémie avec débit de FAV normal ou bas
où les lésions sténosantes ou oblitérantes dominantes sont
quasi certaines, et les ischémies à débit élevé où le vol
vasculaire décompense habituellement des lésions distales.
Dans le premier cas la fermeture de la FAV ou une revascu-
larisation est à discuter, dans le second cas la réduction du
débit peut être la solution. Il ne faut cependant pas mécon-
naître les causes emboliques de dégradation du lit distal et
penser à rechercher un anévrisme artériel ou un moignon de
FAV occluse avec thrombus, source possible de migration.
SYNDROME DE VOL VASCULAIRE ET LÉSIONS
STÉNOSANTES OU OBLITÉRANTES
L’hémo-détournement est constant en cas de FAV si la
perméabilité normale du système artériel est conservée
(7-9). Il existe alors, si elle siège au poignet, une inversion
du sens du flux dans l’artère en aval de l’anastomose via les
arcades palmaires, avec augmentation de flux dans l’artère
cubitale (fig. 1). Cet hémo-détournement ne peut avoir lieu
si des lésions des arcades palmaires ou de l’artère cubitale
viennent s’y opposer.
Si la FAV siège au coude, il existe un recrutement des
collatérales de l’artère humérale de part et d’autre de
l’anastomose. A la différence du premier cas où le détour-
nement est permanent, dans ce second cas le détournement
dans l’artère humérale d’aval est inconstant et seulement
intermittent, sauf cas très exceptionnels. Le flux peut être
 202 G. FRANCO
FIG. 1. − Hémodétournement sans ischémie distale.
FAV ouverte en haut : flux présents pulsés mais amortis.
FAV fermée en bas : flux restaurés.
Open arteriovenous fistula (upper panel): pulsed flow on continuous backgound. Closed fistula (lower panel): restored flow.
antérograde en diastole et en systole, antérograde en systole
et rétrograde en diastole ou rétrograde si une lésion sténo-
sante sévère voire une occlusion sous-jacente existe. La
compression manuelle de la fistule au niveau de l’anasto-
mose fait immédiatement disparaître l’hémo-
détournement. La bifurcation haute de l’artère humérale est
le seul cas de figure où une FAV au coude donne lieu à une
inversion compète du flux en aval de l’anastomose, avec
existence d’un flux continu au doppler sur les axes de
l’avant-bras.
La séméiologie vélocimétrique est superposable à celle
des différents types d’hémo-détournement vertébro-sous-
clavier que l’on connaît bien. En fait on pourra distinguer
des cas avec vol distal sévère au niveau de la main générant
des phénomènes ischémiques et des cas sans vol distal
sévère ni retentissement ischémique, le niveau du débit
étant un facteur important à prendre en compte. Ceci est
donc superposable à ce que l’on observe dans l’hémo-
détournement vertébro-sous-clavier où le vol basilaire est
inconstant (10).
Le doppler continu et l’imagerie de flux en doppler cou-
leur sont importants dans le diagnostic positif.
Plusieurs cas de figure se rencontrent :
Les flux distaux sont normaux FAV ouverte et l’on peut
éliminer une ischémie distale.
Les flux distaux sont dégradés ou absents, compatibles avec
une ischémie qui peut probablement se majorer lors des
séances de dialyse : soit la compression manuelle de la FAV
les fait réapparaître et l’on peut conclure à une ischémie
avec vol, la perméabilité des axes en aval de la FAV n’étant
pas en cause, il importe dans ce cas de rechercher un hyper-
débit car la correction de celui-ci peut suffire à réduire le vol
et à amender la symptomatologie, soit la compression de la
FAV ne fait pas réapparaître les flux distaux et l’on peut
conclure que l’hémo-détournement s’accompagne de
lésions artérielles significatives. Elles peuvent siéger à tous
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Journal des Maladies Vasculaires
les niveaux en amont mais également en aval de l’anasto-
mose de la FAV. Le siège des lésions doit être recherché
soigneusement afin d’envisager le traitement radiologique
ou chirurgical (11, 12) si les axes atteints sont accessibles à
une angioplastie ou à un pontage (13, 14). Si tel n’est pas le
cas, en dehors du cas pré-cité où existe un hyperdébit asso-
cié qui peut être corrigé, la seule alternative est la fermeture
de la fistule, encore que quelques succès de la sympathec-
tomie thoracique sous vidéoscopie aient été rapportés. S’il
n’existe pas de lésion significative des axes artériels en
amont de la FAV, la fermeture manuelle de celle-ci entraîne
une restauration des flux immédiatement en aval, et si de
façon concomitante les flux distaux restent absents ou très
dégradés on peut conclure à l’existence de lésions d’arté-
riolite digitales dominantes. En revanche, si la fermeture
manuelle de la FAV ne s’accompagne pas d’une restaura-
tion des flux en aval de l’anastomose, il existe des lésions
d’amont dont la recherche et la localisation précise sont
indispensables car pouvant conduire à un traitement satis-
faisant, le plus souvent radiologique.
ISCHÉMIE D’ORIGINE VEINEUSE
La sténose veineuse est la complication la plus fréquente
de l’abord vasculaire d’hémodialyse. Parmi ces sténoses,
rares sont celles qui causent une augmentation de la pres-
sion des veines distales et des capillaires suffisante pour
générer une ischémie distale équivalent au membre supé-
rieur de la phlegmatia caerulae. L’atteinte artérielle asso-
ciée n’est pas exceptionnelle. Ce mécanisme explique aussi
l’œdème presque toujours associé, segmentaire ou global
en fonction du siège de la sténose. La recherche d’un hyper-
débit associé est utile et sa correction doit être envisagée de
façon associée à la cure de la sténose veineuse car il est un
facteur aggravant, risquant même de se majorer après trai-
tement de celle-ci. Il est, ici comme dans d’autres circons-
 Tome 28, n° 4, 2003
tances, fondamental d’avoir une quantification de départ du
débit afin de ne pas entrer dans le cercle vicieux hyperdébit-
sténose fonctionnelle.
L’augmentation de pression veineuse à distance est
retrouvée dans deux différentes sortes de sténoses veineu-
ses : lésions distales situées en aval d’une large collatérale
transmettant l’augmentation de pression à distance où
oedème et ischémie sont limités à la main et aux doigts dans
le territoire de cette veine, lésions veineuses proximales où
l’oedème intéresse la totalité du membre. Le traitement
radiologique de ce type d’ischémie sans hyperdébit est très
simple par angioplastie endoglobulaire percutanée de la
lésion veineuse responsable de l’augmentation de la pres-
sion veineuse.
HYPERDÉBIT
Le calcul du débit est un temps capital du bilan d’une
FAV. Ce calcul doit se faire sur le versant artériel et non sur
le versant veineux de l’abord. Il est le produit de la vitesse
moyenne par la surface de section du vaisseau (Q en ml/mn
= Vm × S × 60) (15). Le résultat exprimé est le fruit de
nombreuses mesures moyennées, trois au minimum cohé-
rentes, en se méfiant des nombreux pièges dus aux erreurs
de calcul du diamètre, au mauvais positionnement du
volume d’échantillonnage et aux erreurs de correction
d’angle d’incidence notamment.
L’exploration menée en duplex est réalisée sur l’artère
humérale si celle-ci est plus développée que l’artère axil-
laire, ce qui est une éventualité assez fréquente sur les
abords anciens ou sur l’artère axillaire si elle est plus volu-
mineuse. En effet l’erreur relative de mesure de calibre sera
d’autant moins grande que le calibre du vaisseau mesuré est
important. Le choix du site de mesure est impérativement
l’artère axillaire en cas de bifurcation haute de l’artère
humérale. Le site de recueil des données vélocimétriques
doit être éloigné d’une bifurcation afin de ne pas parasiter le
volume d’échantillonnage par des turbulences de voisi-
nage, et le doppler couleur avec analyse de variance aide au
choix du site. Le segment artériel échantillonné doit être à
bords parallèles, en se méfiant des dolicho-méga-artères.
Le calcul du diamètre artériel est réalisé en échographie
mode B en coupe longitudinale et en doppler énergie qui
donne une définition correcte de la lumière vasculaire. La
vérification de celui-ci bénéficie du mode y, notamment
lorsqu’existe une hypercompliance artérielle avec de gran-
des variations systolo-diastoliques. Le calcul de la vitesse
moyenne est réalisé en doppler pulsé avec correction de
l’angle d’incidence. Le volume d’échantillonnage doit cou-
vrir la totalité de la section du vaisseau. Les filtres doivent
être ajustés pour éliminer les artefacts de paroi et la fré-
quence de répétition des impulsions du doppler pulsé suffi-
samment haute pour éliminer tout aliasing. Les logiciels
actuels sont capables de calculer de façon fiable la moyenne
temporelle des vitesses moyennes, ce qui a permis un pro-
grès notable dans la précision des mesures, éliminant les
surestimations aberrantes de débit précédemment consta-
tées. Certains logiciels permettent actuellement de suivre le
débit instantané en temps réel, ce qui donne rapidement une
fourchette de débit.
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TECHNIQUE ET RÉSULTATS DE L’ÉCHO-DOPPLER 203
Le débit basal normal d’un membre supérieur est de
l’ordre de 120 ml/mn. Le débit du rein artificiel lors des
séances d’hémodialyse est de l’ordre de 300 ml/mn. Le
débit pourra être exprimé en terme d’index c’est-à-dire de
rapport entre le débit de fistule et la surface corporelle, ceci
étant intéressant chez l’enfant. Le débit de fistule normal est
habituellement compris entre 600 et 1 200 ml/mn, les FAV
les plus proximales ayant les débits les plus élevés. L’index
débimétrique devrait être inférieur à 850 ml/mn/m2.
L’hyperdébit est une éventualité fréquente qui doit res-
ter présente à l’esprit lors de l’exploration d’une FAV car
pouvant s’associer à de nombreuses autres situations patho-
logiques (16, 17). Lorsqu’un hyperdébit est mis en évi-
dence, en dehors de son influence sur le fonctionnement et
le développement pathologique de la FAV elle-même, le
retentissement cardiaque doit être évalué (18). Le bilan doit
évaluer les possibilités de réduction par les différents pro-
cédés habituels, non pas tant le banding (19) dont il est
difficile de prévoir l’efficacité que les techniques de réduc-
tion que sont essentiellement la ligature de l’artère radiale
proximale en cas de fistule au poignet, la prolongation dis-
tale par pontage ou la bascule artérielle en cas de FAV au
coude. L’évaluation du vol doit être faite de façon conco-
mitante comme décrite précédemment.
L’hyperdébit associé aux sténoses veineuses est un pro-
blème fréquent qui doit être soigneusement évalué. L’aug-
mentation des pressions veineuses et l’œdème sont des
motifs fréquents de demande d’exploration, orientant
d’emblée vers la recherche d’une sténose veineuse que l’on
va le plus souvent mettre en évidence. La quantification de
celle-ci est à re-situer en fonction du débit car l’existence
d’un hyperdébit est un facteur d’aggravation du caractère
fonctionnel d’une sténose. Si le débit est trop élevé il faut
envisager de le réduire car la cure de la sténose ne fera que
favoriser encore l’augmentation de débit. Parfois
d’ailleurs, la baisse du débit suffit à diminuer le caractère
significatif d’une sténose veineuse.
ANÉVRISME VRAI
Dilatation de la zone anastomotique de la fistule artério-
veineuse et dilatation des zones de ponction sont la rançon
fréquente d’une FAV fonctionnelle (fig. 2). Une sur-
veillance régulière du débit et son éventuelle réduction
pourraient éviter que ces dilatations ne deviennent mons-
trueuses (20). D’autre part, bien que relativement peu fré-
quentes, les sténoses post-anévrismales, l’obstruction
d’une voie de drainage et la thrombose sacculaire devraient
être éliminées, ce qui est aisé en écho-doppler. La loi de
Laplace qui donne la tension pariétale (T = PxD/H) où P est
la pression artérielle, D le diamètre du vaisseau et H l’épais-
seur pariétale, nous explique aisément pourquoi toute dila-
tation apparaît plus tendue que le vaisseau adjacent non
dilaté et cela en dehors de toute sténose d’aval qui, si elle
existe, n’est qu’un facteur aggravant. Le seul facteur d’atté-
nuation est la thrombose du sac anévrismal qui augmente
de facto l’épaisseur pariétale. Le risque hémorragique est
majeur lorsque l’épaisseur de la peau se réduit, avec un clou
hémostatique post-ponction fragile pouvant sauter au
moindre traumatisme. Cet aspect souvent évident clinique-
 204 G. FRANCO
FIG. 2. − Anévrisme veineux.
Venous aneurysm.
ment peut être précisé aisément en échographie à haute
fréquence, de même que l’appréciation du clou hémostati-
que secondaire aux ponctions.
En dehors des anévrismes veineux les plus évidents il ne
faut pas méconnaître les anévrismes artériels favorisés par
le débit élevé, l’hypertension artérielle, l’ancienneté de la
FAV, voire l’étiologie initiale de la néphropathie, et dont le
thrombus mural peut être une cause d’embolie périphérique
grave. En dehors des anévrismes axillaires et huméraux,
l’anévrisme de l’artère cubitale doit être soigneusement
recherché.
FAUX ANÉVRISME
Le faux anévrisme réalise une formation pulsatile,
conséquence d’une ponction transfixiante, avec hématome
circulant à l’écho-doppler qui visualise le jet, de situation
habituellement excentrée par rapport à l’axe de la FAV. Le
faux anévrisme sur point de ponction avec nécrose cutanée
est redoutable par les risques hémorragiques encourus,
majorés par l’hyperdébit et une sténose d’aval. Les faux
anévrismes sur prothèse peuvent se développer dans la cap-
sule externe de la prothèse dont l’échostructure pariétale
disparaît parfois sur des segments plus ou moins longs,
aboutissant parfois à une destruction étendue. Ces faux
anévrismes sont parfois septiques d’emblée ou se surinfec-
tent secondairement et dans ce cas la néo-paroi qui les
contient habituellement et qui a une définition échographi-
que a tendance à s’estomper, avec apparition de zones péri-
phériques floconneuses et fluctuantes. Le faux anévrisme
thrombosé est parfois difficile à différencier du sérome ou
de la lymphocèle.
SÉROME
Le sérome est fréquemment observé sur les FAV en
PTFE (poly-tétra-fluoro-éthylène), conséquence d’une fil-
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tration de sérum à travers la prothèse qui est poreuse (utili-
sation de Bétadinetper-op) souvent retrouvée. Le diagnos-
tic est facile par les ultrasons qui retrouve une collection
péri-prothétique liquidienne hypo ou anéchogène à renfor-
cement postérieur, non circulante en doppler couleur et
respectant les zones anastomotiques, à la différence des
sepsis.
HÉMATOME
Souvent observé après une séance de dialyse, le diagnos-
tic clinique est plus facile à l’avant- bras qu’au bras, où le
développement dans la gouttière bicipitale peut être clini-
quement trompeur mais facilement exploré par les ultra-
sons. Il réalise une collection hétérogène plus ou moins
bien limitée par les structures adjacentes et sans circulation
visible en doppler couleur. Devant une symptomatologie
neurologique, il est important de localiser et de quantifier le
volume de l’hématome qui devra parfois être évacué rapi-
dement.
CONCLUSION
Les principales complications et dysfonctionnements
des abords vasculaires pour hémodialyse sont abordables
par l’exploration ultrasonographique. Les sténoses repré-
sentent un problème majeur qui mérite à lui seul un chapitre
à part. Un bilan simple et peu onéreux peut donc être extrê-
mement rentable à tous niveaux pourvu qu’il s’inscrive
dans une démarche cohérente impliquant néphrologue, chi-
rurgien, angéiologue, mais également infirmière de dialyse.
Le recours à des investigations plus lourdes et coûteuses ne
devrait se voir, dans la grande majorité des cas, qu’après un
bilan ultrasonographique d’orientation.
 Tome 28, n° 4, 2003
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