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Raison présente

Les pieux mensonges de Platon


Alain Lercher

Citer ce document / Cite this document :

Lercher Alain. Les pieux mensonges de Platon. In: Raison présente, n°38, Avril – Mai – Juin 1976. Mythologies et politique. pp.
45-69;

doi : https://doi.org/10.3406/raipr.1976.1801

https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1976_num_38_1_1801

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Les pieux mens

de P

Ala

Quiconque a lu ne fût-ce qu'un petit nombre des dialogues pl


quelle place la politique tient dans toute l'œuvre en général, et
tous les dialogues particuliers qui la composent. Il n'entre dans ce
aucun élément d'interprétation : la place centrale qu'occupe dan
politique est explicitement reconnue par Platon ; au reste, la quant
impressionnantes
convaincre. des développements qu'il lui consacre suffiraie

Nous nous proposons d'analyser sont exprimés, quelle


quelques textes de Platon, articulés forme, qui ne peuvent êt
autour des premiers livres de la Ré¬ analyse autre que poli
publique. Précisons deux choses : l'une, pas d'analyse apolitiqu
un peu formelle, est que nous n'enten¬ texte politique, sauf à
dons aucunement, en quelques pages, chose, ce qui est encor
présenter une synthèse de la pensée po¬ litique (1) et l'on aurait
litique de Platon; il s'agira d'une ana¬ que l'ancienneté d'un
lyse extrêmement partielle, centrée sur forcément son sens poli
la notion de justice. L'autre : ces tex¬ nements récents, bien
tes de Platon, pour philosophiques tains, nous le confirment
qu'ils soient, n'en ont pas moins une qui pourrait affirmer qu
ETUDE

mante (République , 358a-361, 362d- vernants au lieu de les servir. « Dè


lors, très sage Thrasymaque, n'en fau
367e)
Contre
(3). ces trois interlocuteurs, So- il pas tirer cette conclusion qu'il e
crate va tenter de nous convaincre juste de faire le contraire de ce qu
qu'il est préférable de subir l'injustice tu dis ? » (339e). Les gouvernants, d
tenteurs de la force, sont aussi les l
que
vue de
contradictoires
la commettre.s'affrontent,
Deux points So-
de
gislateurs : il est juste d'obéir aux loi
crate contre X, Y ou Z, et le dialogue un point c'est tout. Un cas particulie
a pour but d'amener les adversaires à erreur politique possible des gouver
nants, ne change rien à l'affaire. Ce
vement
s'accorder,
les encontradictions.
supprimant progressi¬
C'est du
se passe de démonstration, mais préc
moins la représentation la plus cou¬ sons : les nombreux exemples de par
rante du dialogue socratique, 'noué lements suspendus, lorsqu'ils devien
aurons l'occasion d'y revenir. Mais il nent gênants, par le même exécut
faut d'abord, c'est moins inutile qu'il qui les avait autorisés quelques anné
y paraît, rappeler toujours le metteur ou quelques mois auparavant nous
en scène, Platon. Il n'y a pas lieu de prouvent assez (remplacement des Par
chercher, du moins dans les dialogues lements par Maupéou en 1771, le s
dont nous nous occupons, la vraisem¬ botage par le gouvernement russe d
blance historique des propos attribués la Douma promise par le manifes
à tel ou tel partenaire : on sait que si d'octobre de Nicolas II). Ou encore
Calliclès
Thrasymaque
est une
est invention
un personnage
de Platon.
réel, la révision de
l'attentat des Fieschi
lois sur la
contre
presseLou
apr

Nous ne pouvons nous attacher qu'à Philippe, les « lois scélérates » pre
la vraisemblance historique générale nant prétexte de la vague d'attenta
de ces propos, indépendamment des anarchistes, etc. On pourrait mult
personnages qui les portent, mais en plier les exemples. Tous sont chois
ne perdant pas de vue que c'est Platon dans l'histoire moderne, qui par
mieux à nos mémoires, mais nous n
qui formule
entend
évident. combattre
Or si
lui-même
Platon
: l'avantage
les
nousthèses
ditparaît
qu'il
bien doutons pas de pouvoir en trouver au
tant dans l'histoire ancienne. Qu'im
quelles sont ces thèses, il ne nous dit porte d'ailleurs, le problème du pou
voir est envisagé sous le même angle
pas toujours
combattre ; oupourquoi
du moinsil ce
entend
qu'il les
en
que des gouvernements soient oblig
dit ne nous convainct guère. d'accepter ou de concéder sous la pres
Soit la thèse de Thrasymaque : la sion de leur opposition ou du mouve
justice c'est la loi du plus fort. Cet ar¬ ment populaire (4) certaines réform
gument paraît bien irréfutable, et — sur lesquelles ils ne manquent pa
tout l'art de Socrate se réduit à jouer de revenir dès que l'occasion leur e
sur les mots. La justice c'est d'obéir
est soit
ce offerte
à la
— nature
cela change-t-il
de classe quoi
de leu
qu
aux gouvernants; or ces gouvernants
peuvent se tromper et promulguer des pouvoir et de leur justice ? (5) Nou
lois qui les desservent ; en obéissant à ne commettrons pas l'erreur de pren
ces lois, les gouvernés nuiront aux gou- dre Platon pour un imbécile politiqu
46
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

Comment croire à sa réfutation ? Y couvert de rigueur : « A


croit-il lui-même ? (6) maque, dis-je, reprenon
Peut-être s'agit-il non de l'intérêt La question du pouvoir
réel des gouvernants, mais de ce qu'ils côté, et l'on s'interroge
croient être leur intérêt ? (340c). Beau respecter ou non la justi
joueur, Platon, mais les jeux sont faits, Glaucon et Adimante
le discours est truqué. Thrasymaque prendre le relais : la tr
accepte d'entrer dans la machine so¬ surée, selon les normes
cratique (7) : « Penses-tu que j'appelle sique, et le changement
le plus fort celui qui se trompe au dissimule efficacement
moment
nous aurons
où ildroit
se trompe
à une belle
? » (340c)
disserta¬
Et du discours (10). On e
donc les deux frères, pa
tion sur « le médecin en tant que mé¬ évite de commettre
decin » (342d), le pilote en tant que
crainte d'être
châtiments sur puni.
terre Ré
ou
pilote (341c) (8) pour aboutir à : « au¬
cun chef, en tant que chef, ne se pro¬ Est-ce un mauvais syst
pose et n'ordonne ce qui est utile à il suppose une ubiquité
lui-même, mais ce qui est utile à ce¬ législateur ou du polici
lui qu'il commande et pour qui il exer¬ peut commettre l'inju
ce son art. » (342e) Dernier soubre¬ ment il n'y a pas de
saut de Thrasymaque : le gardien de priver, ce qu'illustre
troupeau, « en tant que gardien de l'histoire de l'anneau de
troupeau » n'a pas en vue l'intérêt de 360c). Cette conception
ses moutons, mais la qualité de leur attribuée par Glaucon a
viande et de leur laine. (343b) Quel avait été prise en comp
piètre philosophe, ce Thrasymaque.
Sur
sophistes.
la Vérité
Antiphon,
: « Il est
par t
Il n'a rien compris à « l'essence de
l'art pastoral ». « L'art du berger n'a comporter justement, c'
pas, n'est-ce pas ? d'autre but que de formément aux lois, qu
procurer le plus grand bien de l'objet témoins de sa conduite
auquel il s'applique. » (345d) Mon¬ on n'a pas de risque d'
sieur Ford
vriers bien nourris
avait compris
travaillaient
que des
mieux
ou¬ il n'yretrouve
On a pas besoin
le même
d'êtr

et plus vite. Monsieur Ford, patron, Sysiphe, pièce de Critias


« en tant que patron », n'avait en Platon — dont il nous
vue que l'intérêt de ses ouvriers. La
l'apparition
fragments. deCritias
l'idée exp
de
réfutation ne va pas plus loin. Admi¬
rable rigueur (9) : on n'a rien réfuté dieu toujours actif et vi
du tout. L'argument-choc de Thrasy¬ tant et voyant en espri
maque disparaît dans les méandres font et disent les homm
langagiers
futer, il fallait
; à défaut
l'évacuer.
de pouvoir
C'est fait.
le ré¬ ventif qui aurait de l'eff
qu'on méditerait ou qu'o
Il n'y a plus qu'à déplacer habile¬ des actes secrets. » (12)
ment l'enjeu du débat, toujours sous Il est sans doute trop
ETUDE

pratique de fonder une société sur le crocosme ou macrocosme (368d). Mais


voyons d'abord la dernière controver¬
quadrillageMais
manente. policier
Dieuou? laContrairement
délation per¬
se, la plus célèbre peut-être, Socrate
à son oncle, Platon répond d'avance : contre Calliclès. « Dis-moi, Chéréphon,
peu sûr. A supposer qu'on y croit, trop Socrate est-il sérieux ou plaisante-t-
d'hypothèses sont permises : peut-être il ? » ( Gorgias , 480b). Voilà un début
les dieux n'existent-ils pas, ou peut-être prometteur. Platon, décidément est
D'ailleurs
ne se mêlent-ils
nous n'en
pasavons
de nos
connaissan¬
affaires. beau joueur. Qui mieux que lui a cri¬
tiqué
clès démonte
son propre
avec
discours
une remarquable
? Car Calli¬
ce que par les généalogies des poètes.
(365d-e) Il est vrai que les religions perspicacité le discours socratique :
modernes parlent de révélation et non tout repose sur « la fausse honte » de
de poésie, mais rien n'empêche une l'interlocuteur. Dans un premier mou¬
vement, Socrate série les questions,
foi laxiste.
fait devant Dieu,
Aucund'où
homme
la tentation
n'est par¬
de
jusqu'à parvenir au point où l'interlo¬
se créer des systèmes de compensa¬ cuteur devra assumer publiquement
tions : pour tel péché, tel sacrifice. On l'immoralité de son propos. Le plus
peut pourtant s'étonner de voir Pla¬ souvent il se dérobe et répond en se
ton passer si vite sur ce recours divin conformant à l'usage ou à la morale
à ce niveau de la République alors courante. Ainsi Polos, qui « recon¬
qu'il y fera appel en dernière instance naît » qu'il est plus laid de commettre
dans Gorgias (523a-527e). Mais il ne l'injustice
Socrate remonte
que de lala chaîne
subir. et
A entortille
ce point,
passe ici que pour mieux y revenir,
beaucoup plus tard, à la fin de l'œu¬ l'interlocuteur dans sa contradiction :
vre (614a sqq.) après que la justice il doit « recevoir le mors, faute d'avoir
aura été envisagée à sa véritable di¬ osé dire ce qu'il pensait. » On ne sau¬
mension, principe général d'organisa¬ rait reprocher à Socrate de mettre à
tion sociale qui n'a besoin d'autre jus¬ nu l'implicite du discours adverse ;
quant à se servir, comme d'une valeur
tification
mes, Bien,qu'elle-même,
Harmonie, Dieu.
ou ses Glaucon
synony¬
universelle de la morale la plus conven¬
et Adimante, au contraire, mettent tionnelle, en escomptant la pusillani¬
Dieu ou les dieux sur le même misé¬ mité de son interlocuteur, c'est très
rable plan que les magistratures et rusé mais peu rigoureux : « il est im¬
les mariages avantageux. La concep¬ possible, si l'on craint par fausse honte
tion qu'ils développent nous prouve de dire dans
tomber ce qu'on
la contradiction.
pense, de neTu pas
as
que la justice n'est pas respectée pour
elle-même, ni l'injustice repoussée à découvert ce secret et tu t'en sers pour
cause d'elle-même. Voilà ce qui de¬ discuter avec mauvaise foi » {Gor¬
vrait être, ce pourquoi Glaucon et gias, 482c-483a). On nous avait appris
Adimante font appel à Socrate (368c). que le dialogue avait pour but d'arri¬
Autrement dit, si l'on n'oublie pas le ver à un accord des deux protago¬
dramaturge, ce que Platon se fixe pour nistes par résolution commune des
tâche théorique. contradictions : « Chaque fois que
C'est le passage bien connu du mi- nous serons d'accord sur un point, ce
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

point sera considéré comme suffisam¬ Mais pourquoi, dans le


ment éprouvé de part et d'autre. » de Platon, des critiques au
tes, qui rendent C'alliclès
à(Grésoudre
org., 487e)
les contradictions
Socrate ne cherche
entre son
pas
faiblesse évidente de ses
point de vue et celui de son adversaire, rieurs, tellement plus con
Socrate. Platon veut-il, e
mais au contraire
contradictions dans
à faire
le discours
apparaître
de son
les
sa propre critique, la rend
adversaire par tous les moyens de la Mais comment ? Calliclès
sophistique. presse dans la tradition
— avec Gorgias et Polos : « si l'on te que : sorte de braillard
parle de loi, tu interroges sur la nature, plaisirs, l'homme aux to
et si l'on te parle de nature, tu inter¬ cés (493b-494a), outre q
roges sur la loi » (483a); les philosophes de les foue
— avec Thrasymaque : qui parle de Sur la foi de cette traditi
gouvernant, de médecin ou de pilote, on voir ici une grande h
Socrate, feignant de préciser, le gou¬ maturgique de Platon, qu
vernant en tant que gouvernant, le mé¬ un personnage aussi outré
decin en tant que médecin, etc., répond aussi pertinentes, un peu
en parlant d'autre chose. lière fait se casser la figu
A sophiste, sophiste et demi : tout relle au moment où il pro
l'art de Socrate consiste à passer d'un en Dieu ? On démolit les
type de discours à un autre. Il sait que démolissant celui qui les p
son adversaire et lui ne parlent pas le depuis Nietzsche, au moin
même langage, mais loin de le faire de Calliclès est meilleur :
remarquer, il le dissimule et en joue. laisser passer ses critiques.
Gorgias, Polos, Thrasymaque, finis¬ mentateurs continuent de
sant par prendre les vessies de So¬ propos de Calliclès, leur fo
crate pour leurs lanternes, tombent né¬ pas de les impressionner.
cessairement dans la contradiction. nations se donnent libre
L'adversaire n'est en contradiction justifier cette ambiguïté.
qu'avec Socrate, mais Socrate le per¬ prendre un exemple assez
suade qu'il est en contradiction avec
dividualisme
Luccioni (14) de
déclare
Calliclès
d'abo
e
lui-même. Alors, « entortillé par les
comme
sophismes
contradictions
de tribune de», son
il reconnaît
discours jouisseur, (...) il constitue
la tyrannie, c'est-à-dire de
ce qui l'oppose à Socrate : l'accord injustice en politique. Mais
cessaire d'ajouter en note :
tation
peut apparaître,
des thèses de
c'est-à-dire
Socrate. l'accep¬
Socrate
cependant, parfois, que C
ne dialogue pas, il soliloque; l'accord semble à ce qu'aurait pu
c'est la soumission à son point de s'il n'avait pas eu l'âme
vue, par la soumission à une identité Platon a mis comme un
postulée du discours théorique, a Cette sonnel dans cette éloquen
dialectique, dit Nietzsche, c'est la dé¬ fougue qu'il prête à son pe
chéance du dialogue. » (13) Les précautions sont mult
ETUDE

semble,... parfois,... comme un ac¬ s'en servait pour


cent », outre le renvoi en note, mais de la justice (358e
la comparaison n'est pas sans portée : lois (359c).
Platon lui-même. La similitude d
Hasardons, à notre tour une hypo¬ trois discours que
thèse qui tiendrait compte, non d'une miner est frappan
quelconque force de conviction pure¬ pourrait voir dans
ment formelle attribuée aux paroles clès une synthèse
de Calliclès, mais de la teneur même par Thrasymaque
Adimante :
de ces paroles. En un sens, Socrate
plaisante bel et bien, ou plutôt tente
— la justice c'est
de nous mystifier. Les critiques de Cal¬
établi (Rép.,
liclès, leur précision dans l'analyse lo¬
483b) ;
gique, que nul ne nous interdit de réap¬
pliquer à d'autres dialogues, sont au¬ — l'aspiration à
tive, défensive
tant d'indices en creux qui permet¬
tent à Platon d'affirmer, pour qui plutôt que sou
pourra l'entendre qu'il n'est pas dupe mettre {Rép.,
des mystifications qu'il met en œuvre. Gorgias, 483c)
Platon beau joueur donc, pourquoi ne — conclusion log
pas dire : la duplicité de Platon ? Mais qui précède :
beau joueur vraiment, quelques si¬ tice ne tient p
ou devant la
gnes
nous dire
échappés
: à bon
çà entendeur,
et là, comme
salut.pour
(Rép., 344a-b
Or que dit le perspicace Calliclès 484a).
de la justice ? « La loi est faite par
A quoi Socrat
les faibles et par le grand nombre »
point :
pour se n'aura
Socrate protéger aucun
des forts
mal (483b-c).
à lui
— le gouvernant
faire reconnaître que ces « faibles » des gouvernés
qui constituent le grand nombre sont — il vaut mieux
en réalité les forts, ou du moins la la commettre
force qui gouverne (488d). Nous som¬ — l'homme juste
mes donc dans les mêmes conditions
juste malheure
que dans le discours de Thrasymaque : gias, 509b).
« C'est par rapport à eux-mêmes et
en vue de leur intérêt personnel qu'ils Ainsi résumés,
font la loi et qu'ils décident de l'éloge constituent ce qu
et du blâme » (483c). La différence philosophie polit
est que Calliclès fait reposer son ana¬ tout au moins te
lyse sur la célèbre référence sophiste, représente et se p
l'opposition entre la loi et la nature. tre. Glaucon, « d
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

référence à l'opposition entre loi et na¬ cratie, à Athènes, res


ture, propriété culturelle des Sophis¬ miné les vicissitude
tes. Tandis que Thrasymaque, qui semble avoir pris rac
n'utilise pas ce genre de référence, est toyens
tionnement,
peuvent
sans
partic
dis
lui, curieux imbroglio, un Sophiste
notoire. Nommément désignés, les So¬
térielle
cises font
(19).
de Ces
la sociét
raiso
phistes, voilà l'ennemi.
J. Luccioni (16) démontre longue¬ milieu ultra-politisé
ment que toute la réflexion philoso- leurs, les transform
phico-politique de Platon, loin de profondes opérées en
s'être élaborée dans le vide, dans le que l'afflux d'étran
pur ciel des Idées, s'est développée en après lesentamé
sement guerres les
médv
référence permanente aux réalités po¬
litiques de son temps ou du passé qu'il nelles de la cité attiq
pouvait connaître. Or, que sont les So¬ saient de s'adapter à
phistes aud'histoire
éléments iv* s. ensont
Grèce
ici nécessaires.
? Quelques structures politiques
tation venue de l'ext
Platon serait né vers 428-427 av. J.-C., sont ces étrangers ? U
Gorgias date d'environ 399-390, et la d'abord, qui vient en
République de 375, date moyenne se¬ la guerre a dévasté la
lon s.,
v* Diès
c'est-à-dire
(17), soit entre
l'immédiat
380 et 370.
arrière-
Le Car la guerre du Pélop
qué une crise économ
plan historique et politique pour Pla¬ générale du monde gr
évolution
ton, a étéà une
Athènes
période
et endeGrèce
profonde
: par
sans,dévastation,
mais aussi misèr
ralen

production et des éch


— 560-559 mort de Solon et établis¬
sement de la tyrannie des Pisis- dissensions contenues
habilement entre pau
tratides
par le jeu redistribu
— 510-507 chute de la tyrannie et ré¬ notamment — s'accus
forme de Clisthènes
menaçante. Platon n
— 500-479 les guerres médiques, ar-
chontat de Thémistocles tensions sociales
l'expression « luttes
: il
d

— la démocratie se complète puis il en parle. « C'est u


fonctionne harmonieusement sous tensif, repris-je, qu'il
Périclès (460-430) quoique de ma¬ autres Etats (que l'E
nière bizarrement monarchique (18) chacun d'eux n'est pa
— 431-404 guerre du Péloponèse ; ca¬ qu'il
sieurs,soit
comme
en effet,
on dit
il
pitulation d'Athènes, oligarchie des
Trentes pendant un an, puis Etats ennemis l'un de
— 403 rétablissement de la démocra¬ pauvres et celui des
tie par Thrasybule. 422e; voir aussi 55 ld).
Il y a également des
Au début du iv* s. donc, la démo¬ autre espèce, mieux
ETUDE

Athènes pour d'autres raisons : des tions sont peut-êt


intellectuels, des savants sérieux, que aux gouvernants
le prestige et la puissance d'Athènes ceux qui les inst
s'y soumettent, il
ou,
après
vers
lesla guerres
fin du siècle,
médiques
des rhéteurs,
attirent, sacralisation de
moins respectables et aux intentions cette voie les sop
moins louables, qui voient dans la dé¬ premiers (28). Et
mocratie et la pratique de la parole à l'intérieur de la
qu'elle met en jeu un moyen de s'en¬ mes politiques
richir. Amalgamés, tous confondus, les couramment à l
Sophistes (23). Leur premier défaut exemples chez T

est peut-être
d'être l'extérieur
de :venir
« vagabondant
de l'extérieur,
de mination
niens justifient
sur les s

ville en ville et n'ayant jamais eu nulle ne sommes pas


comporter de la
part
la
vent-ils
cité,
de d'«un
domicile
comprendre
monde
propre
aux
auquel
»,affaires
que
ils peu¬
sont
de vu le plus fort

ment
sous sa
encore
coupe.
: « »V
étrangers
tant ils separ
mêlent
l'éducation
de ces» affaires.
(24). Pour¬
Ils
que nous que, dan
disent — ou, pour nous en tenir à la mes, les argumen
rigueur, Platon leur fait dire : poids que dans l
versaires en pr
— « L'homme est la mesure de toutes
moyens de contr
choses, pour celles qui sont, me¬
que, si tel n'est
sure de leur être; pour celles qui
forts tirent tout
ne sont pas, mesure de leur non-
leur puissance, ta
être. » (25).
bles n'ont qu'à
destruction des v
— des dieux : « moi, j'écarte de mes
discours et de mes écrits toute af¬ pas le fait des S
firmation sur leur existence ou leur qu'en rendre com
non-existence » (26). sans doute, l'acc
— des lois : « Donc, en politique pour que la cité
aussi, beau et laid, juste et injuste, tre ces intrus. La
celle des traditio
pie et impie, tout ce que chaque
cité croit tel et décrète légalement tophane, mais a
tel pour soi, tout cela est tel en qui n'entend pas
vérité pour chacune (...) ce qui ceux-ci (31). A t
tre, Socrate — e
semble
le moment
au groupe
où il semble
devient vrai
et aussi
dès le piquant de l'h
longtemps qu'il semble. » (27) tiquement assimi
condamné comm
Les lois sont donc de pures conven¬ d'entre eux, pou
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

Platon, c'est-à-dire l'élaboration de sa pos de Platon, mais q


pensée politique, dépassera largement de nous révéler,
l'obéissance. Qu'avon
c
les limites
lui ont donné
historiques
naissance.
déterminées
Tensions qui
so¬
« gouvernant en ta
ciales, les riches contre les pauvres, nant », qui n'agirait
on cesse de croire à la justice. Toute l'intérêt des gouverné
la vie sociale est en question ; Platon est en jeu : si les gou
le sait, le dit : « Si c'est le propre de dent que la justice e
l'injustice de faire naître la haine par¬ fort, leur obéissance
tout où elle se trouve, quand elle se temps de leur faibles
produira chez des hommes libres ou seau explique clair
des esclaves, ne fera-t-elle pas naître qu'on peut désobéir
aussi parmi eux la haine, la discorde le peut légitimement
et l'impuissance de rien entreprendre plus fort a toujours r
en commun ? » (Rép., 35 ld). La jus¬ que de faire en sorte
tice est clairement perçue comme une fort. » (34) Quelle
nécessité politique, le seul remède pos¬ « Le plus fort n'est
sible à « l'impuissance de rien entre¬
transforme
pour être toujours
sa force en
l
prendre en commun ». Mais il faut
une justice à laquelle on puisse croire, sance en devoir (...)
puissance physique,
que
comme
l'on un
puisse
état accepter
de fait ou
et non
de force.
subir
quelle moralité peut
Or des Etats qu'il connaît Platon dit : effets (...) Convenon
« Ce ne sont nullement des organisa¬ force ne fait pas dro
tions sociales, mais (...) bien plutôt, obligé d'obéir qu'aux
(...), des désorganisations factieuses : times. » (35) Il s'ag
[Aucun d'eux] ne comporte une auto¬ pouvoir légitime, un
rité exercée de bon gré sur des gens d'une adhésion mor
qui l'acceptent de bon gré, mais une crédible qui n'aura
autorité qui, non sans quelque recours compenses ni de châ
à la force dans tous les cas, s'exerce à surance de l'impunité
son gré sur des gens qui la subissent défaut. Légitimité, dr
de mauvais gré. » (33) Or, qu'est-ce concepts clés de la
que le bon gré, sinon la garantie de occidentale, si clairem
l'obéissance des citoyens ? A en juger Rousseau, trouvent l
par ces lignes, Platon pense peut-être Platon. Une thèse p
que la thèse de Thrasymaque corres¬ ment partagée, loue
pond à la réalité. Pourtant il lui fallait moralisé la politique
se débarrasser au plus vite de cette si c'est la morale qui
thèse, à défaut de pouvoir la réfuter,
politique,
de la morale.
ou Le
la polit
cour
comme il faut se débarrasser au plus
vite, et à tout jamais si possible, de la pensée politique, j
l'idée que la justice a quelque chose pour les penseurs de t
à voir avec la force. Le véritable pro¬ jours pour les idéolog
ETUDE

grandeur, a voulu croire ou faire croi¬ moyenne. Emblème de la nécessité, les


re que la morale commandait à la poli¬
lois protègent
sans courroux ;sans
leuramour
voix menace
et punissent
et ne
tique, qu'il y avait un droit, une légi¬
timité, dont la force n'était qu'un ins¬ conseille jamais; elles effrayent les
trument parmi d'autres, mais non la passions et ne les gouvernent pas (37);
cause. Quelques marginaux, Montai¬ elles ne peuvent rien contre les vices,
gne, Pascal, Machiavel, Nietzsche ont et l'hypocrisie se joue de leur sévérité.
maintenu, sous des formes diverses et Mais la morale élève un tribunal plus
pour des raisons différentes la thèse haut et plus redoutable que celui des
de Thrasymaque — sans compter cer¬ lois. Elle veut non seulement que nous
tains acteurs de l'histoire, qui avaient évitions le mal, mais que nous fassions
de bonnes raisons de ne pas se leur¬ le bien; non seulement que nous pa¬
rer; témoin cet échange célèbre entre raissions vertueux, mais que nous le
Hugues Capet et l'un de ses barons : soyons ; car elle ne se fonde pas sur
— « Qui t'a fait duc ?» — « Qui t'a fait l'estime publique, qu'on peut surpren¬
roi ? » Ces temps étaient rudes. Citation dre, mais sur notre propre estime ; et
de notre histoire de France, mais qu'on comme la raison a ses sophismes et
ses perplexités, elle en appelle à sa
n'apprend
mieux fairepeu
admirer
dans les
l'honneur
écoles. sauf
Il vaut
de
conscience, et en reçoit le sentiment
François Ier, ou le panache blanc de exquis et prompt qui la dirige. » (38)
la légitimité royale. La loi est la lettre, Texte étrange, qui dit ce qu'il ne vou¬
il s'agit pour Platon de créer l'esprit : drait pas dire, car si les lois étaient
« Ainsi donc, mieux vaut pour l'âme une partie de la morale, l'adéquation
le châtiment que l'intempérance » serait parfaite et il n'y aurait pas lieu
(Gorg., 505b), « si l'injustice est le plus de se méfier des « sophismes » et des
grand des maux pour son auteur, et si « perplexités » de la raison. Le rap¬
c'est un mal pire encore, s'il est pos¬ port est inverse, et Rivarol le sent
sible, de ne pas expier sa faute quand obscurément, sans pouvoir — ou vou¬
on est coupable... » {Gorg., 509b) Ne loir ? — l'exprimer. La morale est ce
pourrait-on mettre cette phrase en sentiment — sentiment, précisément,
exergue de Crime et Châtiment ? Mais
àet obéir
non aux
choixloisrationnel
sans contrainte
— qui etpousse
sans
qu'on ne s'y trompe pas, le Dieu chré¬
tien n'est pas indispensable; il s'agit réflexion. La morale est une partie de
simplement de culpabiliser, avec ou la la
de loi,loi.plus exactement, l'instrument
sans Dieu, sans si possible. En langage
moderne, il vaut mieux mettre un po¬ Plus que toute autre chose, dans la
licier dans chaque tête, qu'un policier société en crise que connaît Platon, il
dans chaque rue (36). Ce que Rivarol faut préserver le respect des lois, quel
exprime en termes euphémiques : qu'en soit le contenu ; c'est une tâche
« Les lois sont cette partie de la mo¬ pratique immédiate. Que Platon s'y
rale qui est écrite et qui, veillant, par emploie démontre assez que son pro¬
la crainte des supplices, à la sûreté
jet est En
moral. d'abord
réaction
politique,
contre l'idée
avant de
d'être
re¬
plus qu'à l'honnêteté publique, ne peut
donner aux hommes qu'une probité lativité des lois, propagée par les So-
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

phistes, se développe, chez les pen¬ « souffrir même pais


seurs politiques du ive s., Platon, mais veut qu'on souffre...
aussi Isocrate ou Aristote par exem¬
lence
sition est
à une
justeviolenc
(to d
ple, une sorte d'idolâtrie des lois. Le
citoyen : « quant à
de
respect
distinction
de la des
loi bonnes
est érigéet en
descritère
mau¬
elle pas impie... et
vaises constitutions (39) : la démocra¬ envers la patrie. » A
tie athénienne est condamnée car les
Platon avait
menace, entrecertain
la r
lois y sont perpétuellement violées (40)
tandis que Sparte est citée en exemple loi et le droit du plu
impossible de dissi
parceauqu'elle
tout moins —a su
rester
— fidèle
apparemment
aux lois
nisation sociale, la
de Lycurgue (41). Mais d'abord, sou¬ violentent les citoy
mission totale du citoyen aux lois de pensent que la loi es
sa cité, jusqu'à la mort, inclusivement, seront enleur
d'Etat droitviolen
d'opp
et quelles que soient ces lois. L'ensem¬
ble des textes platoniciens relatifs à d'Etat ne prévaud
la mort de Socrate dénoncent l'igno¬ temps qu'elle sera l
rance satisfaite des citoyens et des à-dire la plus viole
magistrats qui assassinent le philoso¬ sion durable à la loi
voir supprimer ou
phe,les
re, mais
loisjamais
disent les
à Socrate
lois. Au: contrai¬
« Ah !
lence, ne pourra re
ta sagesse te permet-elle donc de mé¬ distinction entre une
connaître qu'il faut honorer sa patrie une violence injuste.
plus encore qu'une mère, plus qu'un traque est juste, le j
père, plus que tous les ancêtres, qu'elle Sachant que « le plu
est plus respectable, plus sacrée, qu'el¬ assez fort pour être
(...) et qu'on n'est obl
le
destient
dieux
un et
plus
deshaut
hommes
rang au
sensés
jugement
; oui,
puissances légitimes
(...) il faut, ou la faire changer d'idée, trouver à la violen
ou exécuter ce qu'elle ordonne, souf¬ quelque chose au n
frir même paisiblement ce qu'elle
inimitable
puisse dire,Rousseau
comme
veut qu'on souffre, se laisser, s'il le
faut, frapper, enchaîner, ou mener au à être libre » (44).
que dans la trop c
combat pour
mourir; tout cela
y être
il blessé
faut le ou
faire,
pourcar
y
est
des une
lois, excroissanc
ce n'est pa
c'est ce qui est juste; (...) Quant à la
violence, n'est-elle pas impie envers puisqu'elle assassine
une mère, envers un père, et bien plus innocent, mais la m
encore envers la patrie ? » (42) Une ment de la politique
belle leçon d'éducation civique. Il faut un châtiment que
se soumettre aux lois de son pays, juste. Commentaire, n
« car c'est ce qui est juste ». La loi de Pascal : « Ne po
ETUDE

ainsi on appelle juste ce qu'il est force que les métaphores ne manquent pas,
ekhei.
d'observer. » (45) : to dikaion houtôs passons comme chez l'opticien, des
petits caractères, difficilement percep¬
Mais Platon est plus ambitieux. La tibles, aux plus gros (48).
prosopopée des lois de Criton relève
l'individu,
« Si nousnous
admettons
en admettons
une justice
une pour
aus¬
de la morale provisoire, de l'urgence
politique; Platon écrit (aussi) pour ses si pour l'Etat tout entier. » Puisque
contemporains. Socrate, par sa mort l'Etat est plus grand, la justice y sera

'
exemplaire — c'est-à-dire montrée en
exemple — répand le sens de l'ordre ration
(Rép
plus grande
physique
368e). — —
au donc
sens d'une
mieuxmensu¬
lisible
et condamne la démocratie injuste et
impuissante, qui ne peut l'assassiner
microcosme
Le tour estet habile,
du macrocosme
l'équivalence
pourra
du ji
que parce qu'il veut bien se laisser
faire. Double profit, mais il faut voir
plus loin. Dans la prosopopée des lois,
peut
entrer
de l'harmonie.
justice
parler
dansende
une
dehors
En
justice
théorie
réalité
desans
plus
l'Etat,
il parler
n'y
générale
on
a pas
ne
de fji
la loi se réfère à la justice et la justice

i
renvoie à la loi : s'il ne s'agit que de
mots interchangeables juste/légal, in¬
juste/illégal, c'est l'impasse. « Or les
lois ne se maintiennent en crédit, non locuteurs
gouvernants,
penses
politique.
et jusqu'à
Qu'ont
châtiments,
Ordroit
quelle
fait
présent
du plus
d'autre
lois, :l'origine
est fort,
c'est
intérêt
lesrécom-
inter-
dedes
de
la j!?
parce qu'elles sont justes, mais parce
qu'elles sont lois. C'est le fondement
mystique de leur autorité; elles n'en
ont point d'autre » (46) dit Montaigne. l'Etatsa? naissance
doit
l'individu« se
selon
trouve
moi,
àdel'impuissance
repris-je
se suffire
?, àl'Etat
lui-
où j
Déjà une brèche est ouverte dans cette
tautologie, puisque s'il est juste que même et au besoin qu'il éprouve de
Socrate subisse son châtiment, ce châ¬

j
timent est injuste : appel est fait à une
autre évaluation du juste et de l'in¬
juste. A court terme, dans l'immédiat mille
de
plutôt
ble
aàet
« la
chacun
différencié
la
l'Etat
entre
nature
multiplicité
choses
le ce
lameilleur
lesn'a
sont
multiplicité
les
»mêmes
pas
(369b).
nos
de appariement
caractères
précisément
nos
besoins
dispositions,
Le
de
aptitudes.
nos
etfondement
(369c),
fait
besoins
donné
possi-
l'un
Car
elle
ou j
politique troublé, il est juste d'obéir ;j
aux lois, quelles qu'elles soient ; à plus
long terme, il faut trouver aux lois un
autre « fondement mystique », que les
lois elles-mêmes puissent être dites pour une chose, l'autre pour une au-
i

justes : autre tautologie, si l'on veut, tre ». D'où l'on déduit qu'il vaut mieux
remplacement de la substitution par faire un seul métier que plusieurs :
l'attribution. Puisque la qualité « jus¬ (...) « on fait mieux et plus aisément, }
te » peut être attribuée à la loi sans se lorsque chacun ne fait qu'une chose,
i

confondre mystiquement avec elle, il celle à laquelle il est propre, dans le


reste à définir la justice. Jusqu'à pré¬ temps voulu, sans s'occuper des au- î
sent, « il est vrai que le régal a été très » (370b-c). j
maigre » (47). Attablons-nous donc
devant le plat de résistance. Ou, puis- tudes.
Multiplicité
Si nousdes
nous
besoins
répartissions
et des apti-
les |j

56
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

tâches ? Voilà la division du travail à plus fermement, dans


l'origine de l'Etat. Elle est justifiée (473d) et dans la Lettr
naturellement — les aptitudes varient en termes à peu près id
d'un individu à l'autre, tandis que cha¬ assez pour qu'on le croit,
que individu éprouve les mêmes be¬ rique de la République
soins — et techniquement — c'est plus firme. Or, il n'est pas né
efficace pour la production : « on fait lu Marx pour compren
mieux et plus aisément... » « Ces vues cessité des philosophes-
si nettes sur la différence des aptitudes sion du travail, c'est
et sur la division du travail » (49) vau¬ la même chose. De la p
dront à Platon les louanges de la pos¬ que, Protagoras disait,
térité. Un exemple entre mille : « Pla¬ clusion de son mythe
ton a toujours préconisé une stricte {Protagoras, 320c-322d)
division
a donnéesdurestent
travail;
éternellement
les raisons valables
qu'il en crate, comment et pour
niens aussi bien que t
et constituent un des plus beaux titres
peuples,enlorsqu'il
mérite architecture
s'agit o
morceau
en faveurde
de bravoure
sa perspicacité.
a été écrit
» (50)vers
Ce
tre métier, n'accorden
1920 : modernité de Platon. Mais ras¬ d'hommes le droit d'exp
surons-nous, il ne s'agit que de phi¬ et ne supportent, dis-tu,
losophie. A qui profite la division du de la part de ceux qui n
travail ? qui en pâtit ? Ce n'est pas la pas à ce petit nombre
question : la division du travail est raison je l'affirme; au
éternellement valable. Pourquoi, dira- qu'il s'agit de prendre c
t-on, s'attarder à des commentaires un question de vertu politiq
peu vieillis ? Or cet âge, précisément, roule tout entier sur la
très relatif, les rend intéressants. Ces la pudeur, il est naturel
commentateurs ont l'avantage d'être parler le premier ven
assez proches de nous, sinon contem¬ qu'ils sont que tous doi
porains, appartiennent en tout cas à à cette vertu, pour qu'i
une époque qui n'est pas fondamenta¬ des cités. » (Prot., 322d
lement différente de la nôtre, politi¬ on le sait, pense tout le c
quement parlant — une démocratie qu'il s'agit de construc
Athéniens sont sages,
bourgeoise
— mais d'être
dans aussi
un pays
assez
industrialisé
lointains
d'écouter quiconque n'e
pour être plus naïfs : il n'avaient pas liste. « S'il s'agit au contr
généraux de la cité, on
lu Division
Nizan, peut-être.
du travail à la base. Nous
indifféremment pour pre
serions tentés de dire : on connaît la architectes, forgerons, c
suite. Mais voyons. Une des idées les gociants et marins, rich
plus courantes sur la pensée politique nobles et gens du com
de Platon, est que la nécessité des sonne ne leur jette à l
philosophes-rois en constitue la clé de dans le cas précédent,
ETUDE

jamais eu de maîtres, se mêler de don¬ division entre les divers travaux, mais
ner des conseils. » (Prot ., 319b-d) La aussi, surtout (53) division entre gou¬
politique est affaire de savoir, c'est vernés et gouvernants ; c'est-à-dire,
une science, « la plus difficile, peut- puisque les gouvernés sont les artisans
on dire, et la plus grande qu'il soit et les guerriers, et que les gouvernants
possible d'acquérir » {Politique, 292d). seuls ont
vision entre
subitravail
la longue
manuel
éducation,
et travail
di¬
Qu'est-ce que les cordonniers, les for¬
gerons, les architectes viennent faire intellectuel. Ecoutons P. Lachièze-Rey:
ici ? Périclès pensait que « ceux qui « Or, si cette division se justifie quand
participent au gouvernement de la cité il s'agit des techniques inférieures,
peuvent s'occuper aussi de leurs affai¬ combien se justifie-t-elle encore da¬
res privées et ceux que leurs occupa¬ vantage quand il s'agit de la technique
supérieure de l'âme et de la destinée
vent
tions seprofessionnelles
tenir fort bien absorbent,
au courant peu¬
des
humaine. » (54) Pensez ! si nous étions
affaires publiques. Nous sommes en ef¬ gouvernés par des cordonniers et des
fet les seuls à penser qu'un homme ne forgerons
sion du travail
! Où irions-nous
est valable? éternelle¬
La divi¬
se mêlant pas de politique mérite de
passer, non pour un citoyen paisible, ment, puisqu'elle est justice. Reste à
mais pour un citoyen inutile. » (51) trouver à cette justice, qui ne nous est
Quelle criminelle naïveté chez ces dé¬ apparue pour l'instant que comme une
mocrates. Ne mélangeons pas les tor¬ certaine pratique sociale nécessaire po¬
chons avec les serviettes : le devoir
litiquement
au bon fonctionnement
— c'est-à-dire
de nécessaire
l'Etat —
des cordonniers, forgerons, architectes
c'est de travailler, chacun dans son un caractère d'éternité. Comment
domaine, sans s'occuper du reste ; leur faire ? A ce point il est peut-être utile
production n'en sera que meilleure d'avoir lu Marx pour comprendre que
(52). Ne sutor ultra crepidam. Car c'est déjà fait. « Ainsi se développe la
c'est bien de crime et de justice qu'il division du travail qui n'était primi¬
s'agit : « Chaque individu ne doit exer¬ tivement pas autre chose que la divi¬
cer qu'un seul emploi dans la société, sion du travail dans l'acte sexuel, puis
celui pour lequel la nature lui a donné devint la division du travail qui se fait
le plus d'aptitude. (...) la possession d'elle-même ou « par nature » en vertu
de son bien propre et l'accomplisse¬ des dispositions naturelles (vigueur
ment de sa propre tâche constituent la corporelle par exemple), des besoins,
justice. (...) L'empiétement sur les fonc¬ des hasards,
vail ne devient
etc.effectivement
La division division
du tra¬
tions des autres et le mélange des trois
classes causeraient à l'Etat le plus du travail qu'à partir du moment où
grand dommage, et l'on n'aurait pas s'opère une division du travail maté¬
tort d'y voir un véritable crime. (...) riel et intellectuel. A partir de ce mo¬
Or le plus grand crime envers l'Etat, ment la conscience peut vraiment
ne l'appelleras-tu pas injustice ? s'imaginer qu'elle est autre chose que
Il n'y a pas d'autre nom à lui don¬ la conscience de la pratique existante,
tice
ner. c'est
» (Rép
donc
., 433a/434a/434c)
la division du La
travail,
jus¬ qu'elle représente réellement quelque
chose sans représenter quelque chose
58
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

de réel. A partir de ce moment la dépit qu'il en ait, une ce


conscience est en état de s'émanciper existe, dans laquelle il v
du monde et de passer à la formation
quelle dans
nacée il pense.
sa cohésion,
Cette so
de la théorie « pure », théologie, philo¬
sophie, morale, etc. » (55) prise platonicienne, mai
L'accaparement de la politique par voir être menacée, il faut
le philosophe platonicien n'est pas un cohésion existe. Platon es
élément d'une division générale du premier à avoir donné
travail, il est ce qui fonde la division du travail un statut théo
du travail proprement dite. On peut ne l'a pas et
instaurée inventée,
fonctionnant
il l'a
concevoir que toute société suppose
une relative division du travail, fondée lité pratique. Dans ce co
sur les aptitudes
division entre travail
et les
manuel
goûts,etmais
travail
la riquement déterminé, qu
précisément de penser idé
intellectuel — le gouvernement étant ton n'est pas en mesure
instaurer
un travailune
intellectuel
structure sociale
— peut contrai¬
seule une société qui ne serai
sur la division du trav
gnante, dans laquelle chaque individu contre, il voit très bien q
est obligé de s'insérer à une place dé¬ du travail est le fondem
terminée et exclusive (56), sous peine des sociétés qu'il connaît
concevoir : « Or selon m
de mort
cera à être
— libre
peut-être
»? — : « ou,
on dans
les for¬
les
l'Etat doit sa naissance...
sociétés plus libérales, des marginali¬ tègre donc à sa théorie d
sation (57). D'autre part, la division vision du travail, qui es
fait réel. Mais puisque
du travail
tion du monde
porte » en
réel,
ellela «libération
l'émancipa¬
du
se veut autre chose que
tombeau du corps et du bourbier sen¬ de la pratique existante
sible. Autrement dit, la division du entreprend de donner à c
travail n'est pas la conséquence théo¬
statut théorique,
lement valables ».desLa« di
ra
rique d'une conception générale du
monde idéaliste, mais la condition po¬ vail sera justifiée naturel
litique pratique de l'idéalisme : « A rence des aptitudes), t
partir de ce moment la conscience (efficacité de la producti
peut vraiment s'imaginer qu'elle est lement (« l'accomplisseme
autre chose que la conscience de la pre tâche constitue la ju
pratique existante », mais nous savons Mais on ne peut s'arr
que « la conscience est d'emblée un moralité du travail, qui
produit social et le demeure aussi long¬ bin, ce n'est jamais qu'u
temps qu'il y a des hommes » (58). D toujours la loi rebaptisée
n'est sans doute pas inutile de remet¬ juste parce que c'est co
tre aussi Platon sur ses pieds. Ce n'est ça se passe. Si le bouvie
pas Dieu le Père, il ne crée pas ex nier, le forgeron ne sont p
nihilo. Il peut bien prétendre faire ta¬ S'ils prétendent que la di
ble rase pour retisser sa toile (59), en vail se fait à leurs dépen
ETUDE

des intellectuels par exemple, ou des beau ou laid, bien ou mal, juste ou in¬
gouvernants, que leur dirons-nous ? Il juste, ne jugeant de tout cela que d'après
faut pouvoir leur répondre que la jus¬ les opinions du gros animal... » (65)
tice est autre chose que la loi ou l'or¬ (Rép., 493b-c) Ainsi, il ne suffit pas,
ganisation sociale de fait, que la loi comme le pensaient Périclès et Pro¬
et l'organisation sociale sont dites jus¬ tagoras, de vivre dans une polis pour
tes parce qu'elles se modèlent sur la posséder la science politique. « Nous
justice aussi parfaitement que possible dirons doncdesde belles
multitude ceux qui
choses
regardent
mais ne
la
dans les limites de la pratique (63).
Or quiconque ne connaît rien du juste voient pas la beauté en soi, et sont
et de l'injuste ne saurait émettre un incapables de suivre ceux qui vou¬
avis sensé sur les affaires politiques draient les amener jusqu'à elle, qui re¬
(64). Bon, dit le bouvier au gouver¬ gardent la multitude des choses justes
nant, mais cette justice sur laquelle se mais ne voient pas la justice en soi,
modèle notre organisation sociale, où et ainsi du reste, nous dirons d'eux
est-elle ? montrez-la-moi. Ce n'est pas qu'ils n'ont sur toutes choses que des
si simple, ô bouvier. La justice ne se opinions, mais que des objets de leur
révèle qu'à celui qui connaît. A par¬ opinion ils n'ont aucune connais¬
tir de là, le travail de Platon va être sance. » (Rép., 479d-e) Posons alors
d'éloigner autant qu'il est possible la la question du pouvoir : « Si les phi¬
connaissance de la prise commune. losophes sont ceux qui sont capables
D'abord il faut affirmer qu'il n'y a pas d'atteindre à ce qui existe toujours
de demi-connaissance; la connaissance d'une manière immuable, et s'il faut
est entière ou elle n'est pas : « Ne di¬ refuser ce titre à ceux qui en sont in¬
rons-nous pas aussi du philosophe capables et qui s'égarent dans ce qui
qu'il désire de la sagesse non pas telle est
deuxmultiple
faut-ilet mettre
changeant,
à la
lesquels
tête des
de
partie à l'exclusion du reste, mais qu'il
la désire toute ? » (Ré p., 475b) En¬ l'Etat ? » (484b) Question bien rhéto¬
suite, et surtout, que la connaissance rique, malgré l'embarras de Glaucon
ayant pour objet l'être, et non les for¬ (66). Puisque la connaissance a pour
mes qu'il revêt (.Rép ., 478a), elle est objet l'être et que les philosophes con¬
naissent l'être de chaque chose eux
indépendante
ble — « les amateurs
de la perception
de sons sensi¬
et de
seuls, à proprement parler, connais¬
spectacle (...), se délectent (...) de tous sent.faire
de Inversement,
admettre « ouy a-t-il
reconnaître
un moyen
au
les ouvrages où se manifeste la beauté;
peuple que c'est le beau en soi qui
mais etleurd'aimer
voir esprit la
et nature
incapable
du d'aperce¬
beau en
existe, mais non la multitude des bel¬
soi. » (Rép., 476b) — elle ne peut les choses, que c'est chaque chose en
être tirée d'aucune pratique : ainsi d'un soi qui existe mais non la multitude
palefrenier qui « donnerait à son ex¬ des choses particulières ?
— Il n'y en a pas, dit-il.
périence
serait un letraité,
nom etdesescience,
mettraitenà compo¬
l'ensei¬
— Il est donc impossible, dis-je,
gner sans savoir véritablement ce qui queAule cas
peuple
où notre
soit philosophe.
bouvier s'accroche-
» (494a)
dans ces maximes et ces appétits est
60
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

rait, nous aurions encore du jeu : le {Rép., 500d) mais qu'e


problème de la connaissance est d'ail¬ apercevoir ? C'est la
leurs bien plus compliqué que cela. ment pratique du prog
« Or ce qui communique la vérité aux cien : elle ne va pas s
objets connaissables et à l'esprit la fa¬ gouvernants devront
culté de connaître, tiens pour assuré mensonge. Platon est su
que c'est l'idée du bien »; « dis-toi faitement limpide : «
qu'elle est la cause de la science et de même au-dessous du m
la vérité, en tant qu'elles sont con¬ suffire à soigner des gen
besoin de remèdes, m
nues ».deAnalogue
cause la connaissance
au soleil,etledebien
la vé¬
est
bien suivre un régime ;
rité, mais ne se confond pas avec el¬ l'application des remè
les : « car il faut porter plus haut en¬ saire, nous savons qu'e
core la nature du bien » (508c-509a). médecin plus aguerri.
Réponse stupéfaite de Glaucon: a Dieu C'est vrai; mais où
du soleil, quelle merveilleuse trans¬ nir?
cendance. » (67) Mais on peut légiti¬
A ceci, répartis-je :
mement penser que le premier barrage
que les magistrats ser
avait suffi à écarter la piétaille. En pro¬
jetant dans le ciel un principe d'orga¬ recourir dans
fraude souvent
l'intérêt
au me
nisation sociale (la justice, ou plus
donnés, et nous avons d
tard le bien) on fait d'une pierre deux
coups : le pouvoir s'invente un réfèrent que tousutiles
étaient les mensonges
à titre
transcendant qui légitime son action,
(Rép., 459c-d) Il est év
c'est-à-dire qui légitime une certaine
ploi d'un tel médicame
forme d'organisation sociale — réali¬
sation de la justice ou du bien — et servé aux médecins et
nes ne doivent pas y t
par là même, un certain type de dé¬
tention du pouvoir : le pouvoir à ceux « (...) Si donc il apparti
qui connaître
de savent, à ce
ceux
réfèrent
qui sont
transcendant.
capables de mentir, c'est aux gou
cité, pour tromper les
Mais si le bouvier est exclu de la citoyens, quand l'inté
connaissance, pourra-t-il comprendre l'exige; aucun autre n
ce discours ? A voir combien peine toucher à une chose au
l'ami Glaucon, c'est peu probable. un particulier ment au
Comment persuader un ignorant de nous le déclarerons a
son ignorance ? Socrate en a déjà fait plus coupable même qu
vainement l'expérience (68). Il y a un trompe son médecin,
discours théorique, à usage interne : cache à son maître d
l'intellectuel parle aux intellectuels ; ses dispositions physiqu
mais pour les autres ? Comment le telot qui dissimule au
philosophe fera-t-il « passer dans les vaisseau et de l'équipag
mœurs publiques et privées de ses lui-même et ce que fo
des.
ETUDE

(...)Par conséquent, si le gouverneur le gardien de troupeaux, en tant


surprend à mentir un citoyen « de la gardien de troupeaux, etc... Ma
classe des artisans, soit devin, soit réalisation du bien suppose la con
médecin, soit charpentier », (Odyssée , sance, or les gouvernés en sont
XVII, 383-384) il le punira, comme clus. Par ignorance, par « malad
introduisant une pratique propre à ren¬ ne s'opposeront-ils pas au bien q
verser et à perdre le vaisseau de leur propose ? (70) Recourons
l'Etat » 0Rép ., 389b-d). au mensonge. Rien de machiavé
ici, même
doit demeurer
si, par
secret.
nature,
Il est
le au
mens
se
Pour garantir l'efficacité de leurs
mensonges, les gouvernants doivent les du bien. Soit trois termes : bien,
rendre absolument insoupçonnables, rance, mensonge. L'ignorance est
d'où le châtiment rigoureux des men¬ fois axiome et moyen-terme : si
songes privés. Cela tient à la fois de admet que les gouvernés sont
la dénégation et de la projection : rants, la pratique du bien justif
puisque le mensonge est un grand cri¬ mensonge, et le mensonge prouv
me politique — de nature « à renver¬ pratique du bien. D'où la sereine
ser et à perdre le vaisseau de l'Etat » deur de Platon, qui appelle un
— qui pourrait songer que les gou¬ un chat et pseudos un menso
vernants, garants du bon fonctionne¬ Quelle belle âme viendrait s'offus
ment de ce vaisseau de l'Etat, y recou¬ d'un raisonnement aussi rigour
rent jamais ? On dissimule à bon 11 dut s'en trouver, pourtant, car
compte ses crimes en les sanctionnant commente assez peu ce thème du m
d'autant plus férocement chez les au¬ songe, tandis qu'on nous rebat
tres : pratique courante dans les épu¬ oreilles avec les « mythes », que
rations. Mais soulignons surtout ce re¬ ton, dans un louable effort, aurai
cours à la métaphore médicale : le fert à la compréhension des âmes
mensonge est admis par la raison ples. A propos du conte phénicien
d'Etat comme un médicament. Implici¬ livre III de la République, le «
tement : le gouvernant est un médecin, mensonge » (71), un commenta
le corps social est malade. Ce vocabu¬ anglais, Cornford, propose de trad
laire ne nous est pas étranger; c'est ce¬ pseudos par « allegory, or indeed
lui, aujourd'hui, de la droite fasciste ou thing else but falsehood » (72).
fascisante. Qu'on songe à Vichy et son ce que vous voudrez, mais pas m
idéal de grand air, à la haine des maur- songe ! On dirait le discours de la
rassiens pour les « malades », Proust, nique — quelle clarté dans la dén
tion.
Gide, etc. (69). Savant-ignorant, mé¬
decin-malade, une nouvelle logique se Il faudra, Thomson le rappel
met en place, dont nous n'avons pas propos, plusieurs générations a
fini de pâtir. Un peu primaire, Calli- que ce mensonge soit tenu pour
clès, avec ses forts et ses faibles. Tout Comparons ce conte phénicien ave
se tient : les gouvernants veulent non Genèse, qui fut, jusqu'au xvii® s. à
leur bien propre, mais le bien de la près,foisdans
la officielle
les payset chrétiens,
courammentvér
cité, c'est-à-dire celui des gouvernés :
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

mise (75) de l'origine du monde. Il sion du travail par un


n'est pas douteux que le récit de la
il
thique
affirme
de l'identité
l'innéité; com
plu
Genèse a servi, à des fins politiques,
les régimes de droit divin ; rien ne les citoyens — vous ê
permet de penser cependant que ces même terre, 414e — e
fins politiques aient été présentes à tion naturelle et socia
l'esprit de l'auteur — ou des auteurs cette terre a été mêlé,
— de ce récit (76). Cette explication l'or, l'argent ou l'airain,
mythique de l'origine du monde était, n'est pas très éloigné
au(x) moment(s) très lointain(s) de son fasciste à différentes
branches proprementse
élaboration, le seul type d'explication
possible. Le conte phénicien, au con¬ même faisceau; la lutte
traire, n'a d'autre raison d'être que les une théorie fausse, les c
fins politiques qu'il sert. E. Chambry restant distinctes, collab
fait remarquer justement qu'a après nière complémentaire au
avoir discrédité la mythologie cou¬ patrie commune (79).
rante, Platon essaye de la remplacer Donc nous en reveno
par une autre, en harmonie avec ses la division
de constaterdu
combien
travail.PlI
propres principes. » (77) Or ce beau
mensonge devra être gobé par tous les les justifications : à trop
membres de la société future gouver¬ ver... Le conte phénicien
nants compris : « je vais essayer de religieuse de la divisio
persuader d'abord les magistrats eux- est un mensonge, c'est-à
mêmes et les soldats, ensuite les au¬ ton n'y croit pas. Est-i
tres citoyens... » (414d) Faut-il com¬ trapoler et de penser qu'
prendre que Platon s'était persuadé, beaucoup plus à sa jus
bien avant Marx, que les éducateurs taphysico-morale (« l'acc
eux-mêmes ont besoin d'être éduqués de sa propre tâche cons
(78) ? —Platon-Dieu
même. à condition le
de Père
s'excepter
voit lui-
du ce ») ? Autrement dit, q
croit pas à ce qu'il ra
point de vue de Sirius, à la lumière de faire croire ? Thèse be
la connaissance, le modèle juste, mais scandaleuse qu'il peut p
aux hommes qu'il veut convaincre par exemple, encore un
d'appliquer ce modèle, il raconte des chièze-Rey : les constru
mensonges. Que penser d'un système mée a auxquelles se livr
politique fondé sur le mensonge ? A
tiste nous semblent
fantaisistes, et Platon auj
ne
l'intérieur du système politique plato¬
nicien, nous l'avons vu, cette question semblablement aucune
ne se pose pas : l'ignorance y répond leur caractère hypothétiq
comme une tautologie. Mais le conte
lors qu'une
d'hui fantaisiste,
idéenous
noussom
phénicien est troublant, car les ma¬
gistrats sont sensés connaître ; pour¬ de penser que Platon, qu
quoi les berner eux aussi ? Or quel est
d'un
la division
imbécile,dun'y
travail,
croya
le sens de ce conte ? Il justifie la divi¬
ETUDE

éternellement valable, Platon est donc la justice céleste : le ciel renverra l'as
convaincu des justifications qu'il en censeur. Puisqu'il faut avaler la pi
donne. Belle élasticité de l'éternité, qui lule trouvons un excipient qui puiss
la faire passer. En termes modernes
suffirait
n'est à l'abri
à prouver
ni de que
l'histoire
la philosophie
ni de la
cet excipient s'appelle une idéologie
politique. Imitons donc P. Lachièze- Il n'y a pas de morale apolitique, c'es
Rey et disons que, puisque la division là que le bât de l'idéalisme blesse. Pa
du travail n'est pas, de notre point de exemple, on s'étonne souvent de l
vue, éternellement valable (81), nous « moralité » des pays socialistes —
sommes conduits à penser que Platon, « on ne vole plus au Vietnam d
qui ne nous paraît pas non plus un Nord » (83) — et ne voit guère d'autr
imbécile, ne croyait guère plus aux moyen de l'expliquer que le totalita
justifications
constructions qu'il
du Timée.
en donne qu'aux risme. Or, dans le même temps, o
dénonce le règne de la corruption dan
Quel que soit le recours adopté, mo¬ les régimes totalitaires fascistes (84
Une lecture attentive de Platon pou
rale, métaphysique
blème est le même :oula religion,
division du
le pro¬
tra¬
vait nous apprendre que le totalitaris
vail, pour Platon aussi bien que pour me n'explique rien. Ce n'est pas d
nous, est un système injuste et alié¬ moralité qu'il faudrait parler pour qua
nant (82). Vocabulaire trop moderne, lifier la conduite des citoyens socialis
dira-t-on. Qu'à cela ne tienne, ce ne tes, mais d'intérêt politique bien com
sont pas les mots qui manquent ; em¬ pris. Si le citoyen ne vole pas, ce n'es
ployons le vocabulaire de Thrasyma- pas parce que c'est « mal », mais par
que et de Calliclès : exploitation des ce qu'il comprend qu'en volant il met
trait en danger la cohésion sociale
faibles
nementpar
constitué.
les forts, D'où
intérêtladuforce
gouver¬
de
Encore faut-il que cette cohésion so
conviction des propos de Thrasymaque ciale lui importe, c'est-à-dire qu'il res
et de Calliclès, car Platon sait bien
sente que
tionne dans
cette
soncohésion
intérêt etsociale
non àfonc
se
qu'ils disent vrai ; mais il sait aussi
que de semblables propos traduisent dépens (85). Autre manière de dire l
une impasse politique : sans justice, même chose : il ne peut y avoir d'in
« impuissance de rien entreprendre en térêt politique bien compris par l'en
commun ». Toute la pensée politique semble des citoyens, que si la politi
platonicienne bute sur cet obstacle in¬ que est l'affaire de l'ensemble des ci
contournable, la division du travail. toyens. Dans ces conditions on n'a qu
Le problème politique se pose alors faire de morale, de réfèrent transcen
en ces termes : comment construire dant métaphysique ou religieux. Mai
une société sur des bases injustes, sa¬ si au contraire,
division du travail,
par les
la logique
citoyensdesonl
chant que l'injustice ruine d'avance
toute cohésion sociale ? La quadrature écartés du pouvoir et de la politique
du cercle, apparemment, pourtant Pla¬ il n'est pas question de leur demande
ton y a trouvé la solution. Puisqu'on un intérêt politique bien compris. L
ne peut changer les choses, changeons choix est alors entre le gendarme et l
les mots, faisons de l'injustice terrestre morale, le policier dans la rue ou l
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

policier dans la tête; dans le deuxième tocratie terrienne n'expliqu


cas, de loin préférable, il faut s'inven¬ près rien; nous avons essayé
ter des Dieux ou des Soleils. Si l'on y trer par diverses références h
réfléchit un peu, demander à un ex¬ que les jugements platonic

ploité
de vueune
même
conduite
de la morale,
morale du
c'estpoint
un pliquaient
mocratie aussi
bourgeoise,
pertinemmen
par

comble ! (86)
Il est frappant de constater pourtant ci.
qu'àMichel
vent même,
la monarchie
Foucault
mieux àdecelle-là
montre
droit dq

combien
marxisantslesse critiques
trouvent marxistes
démunis de¬
ou
dans son dernier ouvrage (88
vant la pensée politique de Platon. la bourgeoisie montante, pu
Cherchant à expliquer, de manière phante qui a fait prévaloir
très orthodoxe cette pensée politique
systèmesur
âmes pénitentiaire,
le traitement
le trait
d
par les intérêts économiques qu'ils at¬
tribuent à son auteur, ils répètent in¬ Ecoutons un juriste du xviii®
lassablement la même rengaine : Pla¬ à peu près contemporain de
ton est un vieux réactionnaire, tourné chaîne
« Quanddes vous
idées aurez
dans ainsi
la tê
vers le passé, désireux de restaurer
l'ancienne société d'aristocrates ter¬ citoyens, vous pourrez alors
riens, le platonisme est, dans la Grèce ter de les conduire et d'être
du ive s., une régression politique (87). tres. Un despote imbécile
Lorsqu'on sait que ce platonisme pré¬ traindre des esclaves avec d
tendument régressif et réactionnaire a de fer; mais un vrai politiq
fixé les cadres de la pensée politique bien plus fortement par la
occidentale au moins jusqu'à Marx, leurs propres idées; c'est au
c'est un peu léger. Les marxistes ont de la raison qu'il en attache
plutôt tendance à vouer les idéologies bout; lien d'autant plus fort
réactionnaires aux poubelles de l'his¬ en ignorons la texture et qu
toire. Sérieux problème, croyons-nous, croyons notre ouvrage; le
tant pour les historiens que pour les et le temps rongent les liens
philosophes. Si la pensée politique de d'acier, mais il ne peut ri
Platon est une idéologie, de quoi est- l'union habituelle des idées,
elle l'idéologie ? Est-il concevable que que la resserrer davantage;
molles fibres du cerveau est
l'idéologie
tesse dès led'une
ve s. classe
av. J.-C.,
en perte
les aristo¬
de vi¬
base inébranlable des plus fe
crates terriens de l'ancienne Grèce, ait pires. » (89) Qui ne reconn
pu non seulement survivre, mais do¬ Platon dans presque chaqu
miner la pensée politique jusqu'au Car aussi, Platon fasciste si
xixe ou xx* s. apr. J.-C. Le « miracle mais on peut très bien d
grec » a donné naissance à nos cadres Platon de ses éléments préf
logiques, mais aussi à nos cadres po¬ en restera
nos vertueux
plein
démocrates.
de bonnesCe
ch
de
litiques,
Platonetestpour
déterminante.
ce point-ci,
Convenons
l'œuvre
doute pas par hasard que
que la relation de Platon avec l'aris¬ picion de fascisme dans la R
ETUDE

ou dans les Lois éveille dans le petit mensonge. Sans doute la conscience
monde des platoniciens de jolis scan¬ platonicienne peut-elle à la fois recon¬
dales (90). Platon est trop utile, ceux naître la justesse dangereuse des pro¬
qui s'en servent savent le protéger du
discrédit. pos de Thrasymaque et Calliclès, et
croire sincèrement qu'elle peut s'éman¬
Prenons les choses d'un autre côté : ciper du monde réel. Ce qui explique
les mêmes critiques qui parlent à pro¬ assez bien que le conte phénicien doi¬
pos de Platon de réaction ou de ré¬ ve être cru aussi par les magistrats :
gression, voient dans l'auteur de l'Uto¬ quel meilleur mystificateur qu'un édu¬
pie, Th. More, un des grands ancêtres cateur mystifié (92). S'il y a mensonge,
de la pensée socialiste. Or Y Utopie est c'est que Platon s'efforce de démontrer
de part en part un texte absolument le primat de la métaphysique sur la
platonicien (91). Platon vieux réaction¬ politique, alors que dans l'élaboration ?
naire, Th. More grand homme de gau¬ même de sa pensée, le contraire saute
che, ce qui revient à peu près à dire : aux yeux. Car, en dépit qu'on en ait, j
Hitler, Lénine même combat — il fau¬ cette histoire de philosophes-rois est j
drait s'entendre. Le problème est d'im¬
portance, pas seulement pour la criti¬
que platonicienne, et nous n'avons pas
la prétention d'y apporter une réponse
aussitôt. Ce dont nous sommes pour¬
tant convaincu, c'est que le concept
« réactionnaire » ou bien ne s'appli¬
que pas à Platon, ou bien manque,
pour le moins, de précision et de ri¬
gueur.
Il faut pourtant traiter la pensée po¬
litique de Platon comme une idéolo¬
gie, c'est-à-dire un système d'idées
mystificateur, mais aussi partiellement les
voir,
Les
phes
vent
philosophes,
losophie.
lence,
Messieurs,
païdeïa.
la
d'obéir
contraint
signifie
cera
forcément.
sin
un
dans
cousue
des,
mort
Renard
te,
Maispeu,
crâne
philosophes
ils
violence
satirique
braves
on
d'être
cracher
la
dans
ne
une
siils
Platon
n'auront
de
les
autre
tête.
àun
et
n'attrape
le
sont
Ou
par
—La
finiraient
caverne,
la
fil
l'âme,
les
libre
amènerait
On
gens
pouvoir
tournez
tour
:plutôt,
il»dans
«:chose
philosophie
pas
tout
blanc.
nous
volonté
«Raisins',
En
un
ne
connaît
Enfoncez-vous
!au
»complet.
jamais
par
plus
Version
les
quiconque
la
dédaigne
(94).
le
guise
marteau
l'apprend
sinon
fond
et
la
n'a
vos
par
On
soupe
corps
de
dévouement
raisins
générale
au
ça
justification
cet
Au
orde
àforce
que
irait
de
têtes,
qu'on
accepter,
c'est
pouvoir
Ça
s'appelle
idéaliste
les
:atroce
la
sans
stade
pas
clou,
cogne
ce
:leurs
faire
:chercher
se
philoso¬
ils
manger.
refusera
au
bien
la
yAllons
qui
encore
le
crain¬
passe
?com-
pou-
peu¬
(93).
phi¬
sera
des¬
étu-
vio¬
for¬
que
pas
des
sur
du
de
ne
ça
la ]ji
mystifié. Quand nous disons que Pla¬
ton ne croit pas à ce qu'il raconte, le
propos s'entend de manière très rela¬
tive. Les thèses de Thrasymaque et de
Calliclès sont convaincantes parce
qu'elles sont vraies; elles sont étouf¬
fées sous les « sophismes de tribune »
de Socrate mais jamais, à propre¬
ment
les sont
parler,
irréfutables.
réfutées Mais
parceil qu'el¬
serait

abusif de penser que tout le système


politique que construit Platon, contre
les Thrasymaque et Calliclès, n'est à
ses propres yeux qu'un somptueux
66
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

me on voudra, le catéchisme, la décla¬ OU, pourquoi pas


ration des droits de l'homme, les ma¬ « Sois fier, sois droit, e
ximes de la sagesse des nations ou les tout. chansons.
des » (95) En Franc
discours du ministre de l'Intérieur.

dienne ; tandis que Thras

tiennent,
puisqu'il
(11)
Tous
agonistique
472b-c,
Platon,
(15)
plique,
(16)
pp.
de
sait
graisse
(20)
(21)
destruction
plusThucydide.
trines
(12)
(13)
ce
pas
sant
passim,
(14)
(17)
(18)
(19)
dis, qui
5-104.
Cité
Jean
Châtelet
Et
aux
Ibid.
Gardons-nous
Cf.
Op.
Institution
forcément
Selon
que
théorique
les
de
politiques
des
482c-483a,
Paris,
Belles
qu'on
vaut
une
dialogues
chacun
met
A.
foules
remarquer
cit.,
par
Platon
Luccioni,
;le
fainéants.
de
Diès
théorie
:la
Claude
en
pour
chap.
p.
1958,
Lettres,
peut
jugement,
et
op.
miséreuses
aussi
des
leurs
pour
déchéance,
en
jeu
le
cxxxviii.
: ne
487e.
plus
d'étendr
quelqu
I,
cit.,
compar
Introd
lui
Grèce,
p.
mistho
qu'il
du
La
la
Moss
prenn
leur
évide
terr
«p.41.
no
di
re
LpP

la
(3)
comme
(5)
tion
F.
ris,
ler
(10)
(1)
publique
ne
qu'à
(2)
en
pruntées
(4)
l'exemple
tout
Classes
croyait
liers
rienne
cette
avait
10/18,
Thrasymaque
droit
Les
Platon,
(6)
trouve
serré,
Naïveté
rire
sophie
à(7)
(8)
pilote
les
(9)
précision
de
que
complétant
bile,
encore
industriels
fonctionner
notion
justice
de
œuvre
P.
Châtelet
Alain,
La
Toutes
A
M.
Ou,
Il
C'est
se
quoi
parler
:On
discussions
1965,
:idées
aussi
nationaux)
Glaucon
titre
créé
lela
fois
bourgeois
et
du
c'est
s'agit
côté
il
p.
sert
Lachièze-Rey
le
dans
contre
critique
avoir
en
autour
on
Paris,
Chambry
pour
la
de
rigueur
pourrait
ne
gouvernement
suggère
aux

s'agit-il,
90.)
ciel
sans
en
raisonnement
par
par
plus
de
p.
d'autre
d'exemple
France
la
une
nos
limpide.
morales,
conclusion
une
de
(...)
sait,
traite
:des
ainsi
en
philosophe
les
bien
Chine
formé
justice.
éditions
et
95.
bourgeoisie
reprendre
des
«Erreur
les
exemple,
Boivin
les
».
et
la
particulier
armée
doute
tant
réalité
de
populaire
citations
et
politiques
de
lycées.
le
concessions
par
les
Le
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une
qu'on
Platon,
point
dire,
entendu
Idées
sinon
y:description
citoyens
Adimante
chose.
le
piège
ouvriers
Socrate.
lui
Cf.
analyses
que
«depuis
avec
rapprocher
sociales
aun
croit
gouvernement
grossissant
qui
droit
d'une
seconde
A
pour
&
courante
«?une
cet
très
une
:de
prétend
la
Marx,
décida
«bain
d'une
Les
»)
de
côté
socratique
Co.
On
ces
se
fut
coll.
très
apprend
de
l'idéalisme.
politique
d'erreur
pour
du
belle
apparent
dans
l'année
Socrate
qui
prolétarien
rigueur
Or
l'émeute.
intéressante
eux-mêmes.
sous
marxistes
Platon
schématiquement,
armée
Belles
trompa
et
décrivent
ateliers
de
du
Confucius,
réparée
aurait
commode,
médecin
armée
«conduit
soyons
manière
Les
le
de
:que
politiques
expression
pour
sa
la
sang.
Idées
corps
l'exercice
la»discours
dernière.
évidente
(339d)
garde
rassembler
commence
vie
«».
Lettres
Luttes
part
sont
d'ouvriers
provisoire
tort
la
«pression,
souci
(les
(...)
en
»juste
proléta¬
préciser
sur
sérieux,
Socrate
»laà»,en
philo¬
et
habile
quoti¬
social
(Edit.
intui¬
Mais
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in
dans
mise
d'en
mo¬
par¬
em¬
:ate¬
Ré¬
«elle
Pa¬
est
de
du
se
et
».
leil:

vers les métropoles indoc


Phnom-Penh.
(22) Voir Cl. Mossé : op
un
Aristophane,
blée remarquable
des Femmes.
notamment
témoignP

(23) Sur cette distinction en


ciencieux » et « charlatan
voir A. Rivaud : Les gr

pensée
(24-Timée,
(25)
(26) Théétete,
antique,
19e.
152a.
162e.
Paris,Platon
193

(pour
pour nous
son compte)
éminemment
: « C
l
choses, à meilleur droit q

viduelThéétete,
(27)
problématique
tageux dont
de comparer
onidéaliste
172b.
nous Du parle
cette
de p
ETUDE

p. 209).on
d'hui
Debré avait-il
Ecole
parlerait
lu« libre
Platon
plustôt
», ? rappelons-le.
de l'E.N.A. Aujour¬
Miche
gorasRoussel).
(28)
mis
(29)
D.
(30)
Méliens.
àId.,
Voir
Laavec
laguerre
V,
Diké
par
la 89,
2edu
exemple
dans
thèse
réponse
Péloponnèse,
les lesur
Euménides
passage
desFeuerbach.
Athéniens
I, de
76d'Eschyle.
la Thé-
(traduc.
aux
Edit. Marx
(55) Sociales,
et Engels,
p. 60. L'Idéologie Allemande
(56) Id., p. 63.
(57) C'est-à-dire à moyen terme, dans la plu
(31) Il écrit, non sans nostalgie : « ... puisque
l'Etat n'était plus administré de la façon
qu'avaient pratiquée nos pères... » Lettre VII,
325d. Mais la critique platonicienne des So¬
phistes n'a que peu de rapport avec celle
d'Aristophane,
aussi méchamment par àexemple,
Socrate, qui
cf. Les
s'en Nuées.
prend
(32) Anaxagore et Protagoras sont également
passés devant les tribunaux, pour impiété ; ils
s'en
(33) Lois,
sont mieux
VIII, 832b-c.
sortis que Socrate.
(34) Ibid.
(35) Du Contrat Social, L. I, chap. 3.
(36) A cet égard, l'évolution des démocraties
bourgeoises vers un type d'«Etat fort » prou¬
ve amplement la faillite des valeurs morales
que ces démocraties prétendent représenter.
Les opérations « coup de poing » prennent le
relais d'une idéologie défaillante.
(37) Platon entend bien « gouverner les pas¬ jouer
me
nous
autres
Rép.
part
délinquance
(58)
(59)
(60)
cellisation
industrielle,
que,
ficacité
«vail
tionnelles.
pas
susceptibles
du
lectique
finit
comment
travail
accidents,
tations
l'usine
(61)
(62)
(63)
nature
possible
(64)
de
fils
qu'il
dans
qualité
l'injuste
juste
travail.
L'Idéologie
Sans
Cf.
de
«par
les
(au
l'assemblée
des
dans
472c.
se
lui
suffira-t-il
lahommes
Mais
de
pilote
Concluons-en
stupide
de
antitayloristes
des
Clinias,
supra,
et
croyait
pression
République,
conditions
nuire
Rép.,
ne
de
sens
soit
cas,
un
la
doute
du
ce
etc...
laLa
ilAjoutons
qu'il
ou
de
lajustice,
choses
diffère
sipour
Volvo
production
processus
aouvrier
?àtravail
absolument
la
vie

473a.
production
p.
nous
toute
remettre
été
savant
Allemande,

donner
l'efficacité
D'où,
qu'il
Donc
était
ya-t-il
économique,
société
31.
»)l'on
la
en
comprendre
Ceci,
dit
de
ait
exigerons-nous
en
parvenons
autre
sont
qu'au
501a.
que
des
propre
prendra-t-il
parcellisation
s'en
rien
dans
:fallu
aujourd'hui,
et
travail
Suède,
plus
des
de
parle
en
etdit-il,
que
«inversement
absentéisme,
industries
par
se
identique,
forme
artisanale
de
rapproche
spécialisation,
libérale
conseils
lacause
sujet
p.l'ignorance
attendre
de
proposait
leàlacette
clochardisation
aujourd'hui
un
par
qualité
insupportables
à59.
nous
bel
lapart
production
pratiquemen
de
découvrir
du
àretour
laexemple.
que
avancées
aux
» suffira.
révolutio
du
les
justice,
Alcibiade
déviance
cœur
ou
ne
juste
la
propor¬
divisio
que
laissan
du
leerreurs
travai
l'hom¬
d'alle
orien
Athé
mai
bien
par
plu
l'ef
cré
dia¬
traleudel
sions », cf. Rép., 439b sqq.
(38)
Pittoresque,
Ce beau revue
texte mensuelle
est cité par
d'éducation
le Magasinet
d'édification des classes moyennes, année 1865.
(39) Cf.
(40) Voir Rép.,
Cl. Mossé
557e. : op. cit.
(41) Cf. Rép., 549a : l'homme timocratique
est «Criton,
Banquet,
(42) fort209d
soumis
51a-c.
et Lois,
aux magistrats
693e. » ; surtout

(43) Rousseau, ibid.


(44) Pensées,
(45) Contrat social,
81/85 L.
(édit.I, chap.
Lafuma).
7.
(46) Id.,
(47)
(48) Essais,
République,
368d.
III, 13354b.
(Edit. Pléiade, p. 1049).

(50)
(49) P.
E. Chambry,
Lachièze-Rey
La République,
: op. cit., p.p. 2367,; ou
noteen¬1.
niens sur
biade, 113b.
ce qu'il ignorait totalement. » Alci
lecore,210.
division
p. caractère
Robin
du travail
essentiellement
loue Platon
», La d'avoir
pensée
moral hellénique,
«(.) compris
de la
(65) La séparation entre la théorie et la pra
tique est donc absolue : le passage de l
(51) Thucydide, II, 40. théorie à la pratique ne peut se concevoir qu
sur le mode de la déchéance et de l'imperfec
(52) général
bon
du Comme
prétextedechacun
à Gaulle
la paresse.
sait,
en la
maiRappel
politique
1968 à: ilest
l'ordre
faut
un tion (473a) ; quant au passage de la pratiqu
à la théorie,
vable. Aux deuxil est
bouts
toutdesimplement
la chaîne seinconce
trouv
que les étudiants étudient, que les enseignants
enseignent
(53) Cf. Rép.,
et que
434a-b.
les travailleurs travaillent. affirmé que la conscience n'est pas un pro
duit social et que les idées ne viennent pas d
(54) Op. cit., ibid. Apparions encore ses pro¬
pos avec ceux de son compère Robin : pour Cie,
la
quipratique
aurait
ce n'estunsociale.
pas
propos
telleN'en
ou
et une
telle
déplaise
valeur
partie àde
politiques
Akin
l'œuvre
avoir pour
ciale établi les
« lafuturs
nécessité
hommesd'uned'Etat
cultureet spé¬
les
mais
fondements
tout l'idéalisme
mêmes. platonicien dans ce
Platon administrateurs
futurs serait un précurseur
de ladechose
notrepublique
Ecole des
»,
(66) 484c-d.
Sciences Politiques. (La Pensée Hellénique, (67) 503c. E. Chambry signale que « le bien
68
LES PIEUX MENSONGES DE PLATON

individu n'a besoin d'être part


bon.
(87) « As a member of the old n
de
d'Henri
thème.
pourPlaton
(68)
(69)
logie.
trouvera
d'abondantes
Cf.
Henri
désigner
Guillemin,
la
sans
»Massis,
tournée
était
etpeine,
quelque
savoureuses
Nationalistes
dans
pour
des
danschose
l'antiquité
artisans
rendre
le citations
dernier
d'obscur.
et
à dans
César...
Nationaux,
un ouvrage
sur
Ydicton
Apo¬
On
ce
was
and
see bitterly
that no
re-establish
hadhope
been
opposed
forthe
done
society
torule
by
democracy,
except
of
the the
mer
tl

tocracy : in other words to restor


(70) « Si des enfants ou des hommes aussi dé¬ insuch
it was aand
waysuffer
that itnowill
further
remain
chang
he
raisonnables que des enfants avaient à juger, philosophy express the reactionary
entre le médecin et le cuisinier, lequel connaît
le mieux la qualité bonne ou mauvaise des a selfishbasis
vileges
nomic at oligarchy
a was
timecrumbling
when
clinging
their
away.
blindly
socia»
aliments,
faim. » Gorgias,
le médecin
464e.n'aurait qu'à mourir de
(71) Rép., 414b-c. Ce conte est un mensonge, son,
La op.
mêmecit.,thèse
p. 328.
est soutenue par
mais aussi un « mythe ». Kovalev, Histoire de l'Antiquité, E
(75) Jusqu'aux travaux d'exégèse critique de Moscou, 1974.
Richard Simon, Spinoza, Bayle, etc. (88) Surveiller et punir; naissance
(76) Plus exactement, nous ignorons trop les son, Paris, 1975.
conditions
pour en parler
de rédaction
avec rigueur.
des Sitextes
l'on bibliques
en croit (89) Cité par Foucault : op. cit., p
Freud, Moïse n'était pas exempt d'intentions (90) La and
Society thèseits Ennemies
de K.R. Popper
(1952) lui:
politiques (voir aussi H. Lefebvre : La vie
287).
quotidienne dans le monde moderne, pp. 286- ques réponses indignées de G.J. d
Antisthenes redivivus. Popper's
(77) République, livre III, p. 136. Plato, Aalders : Totalitaire tenden
(78) Cf. 5e thèse sur Feuerbach. oud Hellas, A. Patri : La Politiq
(79) Version mussolinienne du fascisme. cienne, etc. Voir aussi : J. Luccioni
(80) Op. cit., p. 56. pp. 170-171.
(81) Mais il nous faudrait une bonne dose (91) La parenté entre l'Utopie et
d'humour noir pour la prétendre fantaisiste. munisme
que ne se». limite pas, et de loin,
(82) Nécessaire, peut-être, dans la mesure où
Platon ne peut pas concevoir une autre orga¬ (92) Jules Ferry l'avais compris :
nisation du travail, mais cela ne rend que et élèves communiant dans le mê
scolaire.
plus difficile le problème de son injustice.
(93) République, 519-c-520-e. On
(83) Cf.
porte avecparironie
exemple,
de semblables
Jean Sainteny,
proposqui: Face
rap¬ que le Maréchal Pétain avait « f
(sa) personne à la France ».
à HoLaChi
(84)
exemple Grèce
incontesté.
Minh,
des Paris,
colonels,
1970,pour
p. 147.
prendre un (94) Contrat Social, livre I, chap.
Just avait le courage d'appeler les
(85) C'est-à-dire, du point de vue matériel, que leurlanom
de liberté.
: « »Pas— de« la
liberté
véritépour
est
naire » disait Lénine.
l'idée
cette Brecht
besoins
(86) société
reçue,
des dit
citoyens.
dans
assure
à un
peulaEtat
près
satisfaction
communiste,
qu'à l'envers
égaleaucun
des
de (95) Refrain d'un récent succès
François.

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