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GÉCSEG ZSUZSANNA

HAND-OUT

FRANCIA SZINTAXIS ÉS
SZEMANTIKA

TANTÁRGYHOZ

II. ÉVFOLYAM
II. FÉLÉV
Syntaxe et sémantique du français contemporain
IIe semestre
Gécseg Zsuzsanna
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VII. LES CONSTRUCTIONS PASSIVES

1. Définition formelle du passif


A une forme active :
SN1 [V SN2]
Des coups ébranlent la porte.
est associée une forme passive :
SN2 [est Vpp [Prép SN1]]
La porte est ébranlée par des coups.
On peut observer un lien grammatical entre une phrase active et sa correspondante passive. Les
correspondances se manifestent sur deux plans :
- correspondance formelle - elles ont le même verbe avec des différences
morphologiques, et deux SN qui se trouvent permutés, avec l'adjonction de la préposition
par ; le complément d'objet de la construction active est le sujet du verbe passif, tandis
que le sujet du verbe actif est le complément d'agent du verbe passif.
- correspondance sémantique – dans la plupart des cas, une phrases active et sa
correspondante passive sont synonymes
2. Conditions particulières et restrictions sur la passivation
A) La plupart des linguistes posent comme condition fondamentale de la passivation le trait
[+transitif] du verbe, p.e. aimer, regarder, critiquer, écrire etc.
Contre-exemples de cette condition :
a) Il existe des transitifs indirects comme obéir, désobéir à q, pardonner à q (il est obéi de ses
enfants) qui sont susceptibles d'être mis au passif (forme légèrement archaïque)
b) Dans une construction impersonnelle, certains verbes transitifs indirects ou intransitifs
peuvent être mis au passif (sans complément d'agent) :
Il a été beaucoup parlé de toi.
Il a été dormi dans ce lit.
c) Un certain nombre de verbes transitifs directs ne peuvent jamais être mis au passif, comme
avoir, pouvoir, posséder, comporter, coûter etc. D'autres ne le peuvent que dans l'un de leurs
sens, et jamais dans l'autre : courir, peser, valoir, vivre, mesurer etc.
*Un kilomètre a été couru par Pierre.
Des risques inutiles ont été courus par ces jeunes gens.

*Trente kilos sont pesés par cet enfant.


Un kilo de pommes sont pesées par le marchand.

*Cinquante ans ont été vécus par Pierre à la campagne.


De bons moments ont été vécus par sa femme près de lui.
En fait, les phrases marquées par un * ne répondent pas à la question Qu'est-ce que?, mais à la
question Combien?. Certains linguistes prétendent donc que le complément de ces verbes n'est
pas un complément d'objet direct dans ces cas-là, mais un élément adverbial (substituable par
beaucoup ou longtemps).
d) Les expressions figées comme boire un coup, faire un tour en ville etc. sont traitées par les
locuteurs comme des unités non-décomposables qui ne sont pas susceptibles d'être mises au
passif :
*Un tour en ville a été fait par mes amis.
Il existe cependant des expressions figées qui se prêtent à la tournure passive :
Justice a été rendue aux personnes inculpées.
Tort a été donné au directeur.
Mais :
*Haleine a été reprise par Pierre.
B) Le passif est plus fréquent lorsque SN2 est un animé, car la tendance de la phrase française
est d'aller de l'animé à l'inanimé (prévalence du sujet animé) :
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Le passant a été renversé par une voiture.
?Une voiture a renversé le passant.
C) Le complément d'agent est introduit le plus souvent par la préposition par, parfois de ou une
préposition de lieu :
Le vin est contenu dans la carafe.
De est utilisé avec des verbes statifs ( une sous-classe de ceux-ci : les verbes psychologiques) :
Il est passionné de théâtre.
La maison est entourée d'un jardin.
Le complément peut généralement être omis, mais l'omission d'un animé est plus fréquente que
celle d'un inanimé et certains compléments, en particulier lorsque le verbe est pris au sens figuré,
sont obligatoires :
Mille arrière-pensées sous-tendent la conversation.
La conversation est sous-tendue par mille arrière-pensées.
*La conversation est sous-tendue.
3. Questions de sens
a) Selon la définition de la grammaire traditionnelle, un verbe actif exprime une action faite
par le sujet, alors qu'un verbe passif exprime une action subie par le sujet. Or, la forme
active n'exprime pas nécessairement une action faite par le sujet :
Il existe.
Il souffre.
Il reçoit une lettre.
De même, le passif n'exprime pas nécessairement une action subie par le sujet :
Des coups lui furent donnés.
b) La phrase active et sa correspondante passive sont considérées comme synonymes. Or, l'effet
essentiel du passif est la modification du thème de la phrase (conséquence du changement de
l'ordre respectif des deux SN)
Pierre a battu Jean.
Jean a été battu par Pierre.
Le locuteur natif considère comme synonyme de la phrase passive la phrase clivée qui focalise la
nouvelle information :
C'est Pierre qui a battu Jean.
En réalité, la question du rapport thème-rhème n'est pas un problème strictement sémantique,
mais un phénomène discursif qui suppose des contextes différents pour la phrase active et sa
correspondante passive.
c) Les phrases qui contiennent des déterminants quantitatifs accompagnés ou non d'adverbes
de négation subissent un changement radical de sens lors de la passivation :
Tous les étudiants ont vu un des films de Godard.
Un des films de Godard a été vu par tous les étudiants.

Une seule flèche n'a pas atteint la cible.


La cible n'a pas été atteinte par une seule flèche.
d) Le changement de l'ordre respectif des SN exerce une influence sur les relations de
coréférence aussi :
Jean1 a appris son1,2 rôle.
Son2 rôle a été appris par Jean1.
Dans la phrase active, le possessif peut être (mais pas obligatoirement) coréférentiel du SN Jean,
tandis que dans la phrase passive cette coréférence est interdite.
Ceci explique l'agrammaticalité des phrases passives dont le sujet désigne une partie du corps :
Pierre a levé la main.
*La main a été levée par Pierre.

Marie a ouvert la bouche.


*La bouche a été ouverte par Marie.
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4. Passif et état
Quand le complément d'agent du verbe passif est supprimé, le passif peut être confondu avec un
état, surtout dans le cas des verbes perfectifs (= non-duratifs).
Quand un perfectif n'est pas suivi d'un complément, il exprime l'état faisant suite à un procès
achevé. La forme passive ne peut alors être rapportée à une forme active :
Le magasin est fermé le dimanche.
Elle correspond plutôt à une forme être + Adj :
Le magasin est bruyant en semaine.
Par contre, pour les perfectifs suivis d'un complément et pour les imperfectifs, la forme passive
exprime un procès ayant un correspondant actif :
La porte est fermée par le gardien.
soit actuellement, soit habituellement :
Le gardien ferme la porte.
C'est le gardien qui ferme la porte.
5. Les constructions qui ressemblent au passif
a) Constructions en se faire à sens non causatif :
Il a été piqué par un frelon. →
Il s'est fait piquer par un frelon.
b) Les verbes réversibles (symétriques) :
La cuisinière cuit le gâteau. →
Le gâteau est cuit par la cuisinière. →
Le gâteau cuit.
c) Les constructions pronominales :
On vend bien ce produit. →
Ce produit est bien vendu. →
Ce produit se vend bien.
Ce sport se pratique en plein air.
Les enfants, ça s'élève à la trique.
6. Le rôle du passif dans le discours
a) Le complément d'agent est souvent supprimé dans le langage écrit, soit parce qu'il est
indéterminé, soit parce qu'il est impliqué par le contexte :
M. X. a été élu [par les électeurs].
Le nouvel ambassadeur a été reçu à l'Elysée [par le Président de la République].
Avec certains verbes, l'usage du passif inachevé correspond à une volonté consciente ou
inconsciente d'euphémisme :
Un raid qui "a constitué un succès complet" a détruit deux véhicules dont les occupants
ont été tués.
b) On trouve fréquemment le passif quand un même syntagme nominal a sous sa dépendance
plusieurs verbes :
Mme Golda Meir a prononcé un discours lundi à Jérusalem. Les Américains l'ont
considéré comme une réponse nettement négative.
Le discours prononcé par Mme Golda Meir, lundi à Jérusalem a été considéré à
Washington comme une réponse nettement négative.
On trouve des constructions pareilles dans les phrases complexes comportant une subordination :
la décision, (qui a été) prise (par X) ..., a été accueillie ...
ou une coordination :
un discours qui dépassait largement les propos de circonstances et peut être considéré
comme ...
ou dans de véritables paragraphes :
Le parti X, qui vient de subir ... risque d'être éliminé de ... Si ..., il serait donc abandonné
par la plupart de ses partisans...
Sorti du cadre de la phrase et considéré dans des unités plus larges, le passif apparaît comme ce
qu'il est vraiment: un "procédé d'écriture".
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VIII.L'IMPERSONNEL

l. Verbes impersonnels et constructions impersonnelles


On appelle phrases impersonnelles les phrases dont le verbe, à une forme conjuguée,
s'accorde en nombre et (le cas échéant) en genre, avec un pronom de 3 e personne du
singulier il qui n’a pas de contenu sémantique.
Les phrases impersonnelles peuvent être réparties en deux sous-classes :
a) Phrases à verbes impersonnels
Il a plu très violemment hier.
Il est cinq heures.
Il faut que tu partes maintenant.
Il s'en est fallu de peu que Jean ne rate son train.
Les verbes de ces phrases ont pour propriété intrinsèque d'avoir un sujet impersonnel. C'est une
propriété sémantique : le français, dans l'organisation de son lexique, n'attribue pas d'agent aux
verbes qui désignent des phénomènes météorologiques ni à des prédicats qui expriment la
nécessité ou l'existence.
Présence du il impersonnel en position de sujet dans ces phrases : phénomène syntaxique - les
formes conjuguées du verbe ne peuvent pas se présenter sans sujet syntaxiquement exprimé.
b) Constructions impersonnelles
Chaque année, il meurt plusieurs milliers de personnes sur la route.
Il est arrivé une catastrophe.
Dans ces phrases, la position du sujet est susceptible d'être occupée par un constituant déplacé à
partir de sa position postverbale. Ces constructions ont un caractère paradoxal :
- le il impersonnel et un constituant postverbal sont nécessairement co-présents (ils sont
dans une relation de solidarité)
- ce pronom il et le constituant postverbal ne sont pas coréférentiels
- le constituant postverbal est interprété comme sujet
Il y a donc une disjonction entre la position (postverbale) et l'interprétation (sujet).
Selon les conceptions traditionnelles, ces phrases comportent deux types de sujets : l'un s'appelle
sujet apparent ou sujet grammatical, l'autre s'appelle sujet réel ou sujet logique.
2. Les contraintes des constructions impersonnelles
Il y a deux types de constructions impersonnelles :
- les construction impersonnelles actives
- les constructions impersonnelles passives
A quelles conditions un verbe peut-il apparaître dans une construction impersonnelle?
a) Constructions impersonnelles actives : le verbe doit avoir le trait [-transitif]
*Il a acheté deux personnes cette maison.
*Il a acheté cette maison deux personnes.
Explication de cette contrainte: en français, un verbe ne peut être suivi de deux SN construits
directement avec lui (*V + SN + SN)
Problème : il existe des verbes qui ont le trait [-transitif] et qui ne peuvent pourtant pas
apparaître dans une construction impersonnelle :
*Il a parlé deux personnes à ce meeting.
*Il a téléphoné quelqu'un pour l'appartement ce matin.
?Il dîne dans cette salle deux enfants chaque jour.
??Il a pleuré bien des femmes contre mon épaule.
Il existe des verbes transitifs qui acceptent la construction impersonnelle :
Il mange deux personnes dans cette salle.
Selon certains linguistes, ces verbes obéissent à un critère sémantique - ils doivent « véhiculer
une idée d'apparition, d'existence ou d'inexistence ».
Or, comment appliquer ce critère à la phrase suivante?
Il dormait un chat dans le couloir.
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Un critère certain : le SN postverbal doit être non défini. Ceci explique l'agrammaticalité des
phrases suivantes :
*Il est arrivé la catastrophe.
*Il est arrivé ces deux personnes.
Possibilité d'explication de cette contrainte : le déterminant défini indique dans une interprétation
naturelle un objet déjà connu pour les interlocuteurs, il doit donc occuper une position de thème.
Le même phénomène peut être observé dans le cas des noms propres :
*Il est arrivé Pierre.
b) Constructions impersonnelles passives
Récapitulation des caractéristiques des phrases passives :
- morphologie particulière du verbe : présence du verbe être et du participe passé
- l'agent n'occupe pas la position de sujet syntaxique, mais, facultativement, celle d'un
complément prépositionnel introduit par la préposition par ou de
- l'objet (ou le patient) occupe la position de sujet syntaxique
Dans les phrases impersonnelles passives, ces trois phénomènes syntaxiques ne sont pas
nécessairement cooccurrents, car le groupe complément du verbe n'a pas changé de place.
Il a été perdu une montre et une écharpe.
Ce SN doit également être non-défini, comme dans le cas des constructions impersonnelles
actives :
*Il a été perdu ton écharpe et ma montre.
*Il a été vendu ces trois maisons la semaine dernière.
Contraintes concernant le verbe : moins nombreuses que dans le cas de l'impersonnel actif ; il
peut être soit intransitif
Il a été dormi dans mon lit.
soit transitif direct
Il a été vendu deux mille disques cette semaine.
soit transitif indirect
Il a été procédé à l'établissement du bail.
c) La différence entre constructions disloquées et constructions impersonnelles
Constructions impersonnelles : elles comportent un pronom impersonnel il qui s'accorde en
nombre et en genre avec le verbe et qui ne reçoit pas ses marques de genre et de nombre d'un
SN, une seule courbe intonatoire et respiratoire et un SN postverbal indéfini :
Il est arrivé deux personnes.
Constructions disloquées : elles comportent un pronom anaphorique, soumis aux règles d'accord
en genre et en nombre avec son antécédent, une pause, notée par la virgule, et un SN disloqué
défini :
Elles sont arrivées hier, ces deux personnes.
3. Points problématiques
a) La négation : dans certains cas, la phrase négative est acceptable, tandis que sa
correspondante affirmative est agrammaticale
Il ne clignote aucun feu dans la ville.
*Il clignote un feu dans la ville.
b) La coordination : pourquoi une phrase coordonnée est agrammaticale, alors que les
propositions qui la constituent sont grammaticales, prises isolément?
Il arrive un train chaque minute.
Il repart un train chaque minute.
*Il arrive et repart un train chaque minute.
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IX. LA SUBORDINATION (L'ENCHASSEMENT)

1. La phrase complexe
On appelle phrase complexe une phrase qui se compose de plusieurs phrases (propositions).
Il y a deux modes d'enchaînement de propositions :
a) La parataxe
- la juxtaposition - les propositions sont posées côte à côte, séparées par une pause
(virgule à l'écrit)
Il pleut, je ne sortirai pas.
- la coordination - les propositions sont mises en relation par des conjonctions de
coordination
Il pleut, donc je ne sortirai pas.
b) la subordination (ou hypotaxe) - une proposition se présente comme un constituant
d'une autre proposition
Pierre dit qu'il ne sortira pas.
La parataxe peut s'établir non seulement entre propositions, mais entre mots et syntagmes aussi :
Il travaille lundi, mardi, mercredi.
Il travaille lundi, mardi et mercredi.
« Subordination », « enchâssement » - une opération durant laquelle une phrase simple vient se
greffer, s'enchâsser sur une autre phrase. La phrase sur laquelle se fait l'enchâssement
s'appelle phrase matrice (phrase principale ou proposition principale), la phrase enchâssée
s'appelle phrase constituante (proposition subordonnée). La subordonnée est incluse et non
ajoutée!
La même phrase peut être à la fois proposition principale et proposition subordonnée :
Je sais que tu veux que je vienne.

2. Classification des propositions subordonnées


a) Les subordonnées complétives : ce sont les phrases qui s'enchâssent à la place d'un
syntagme nominal.
L’élève croit cette histoire.
L'élève croit que son maître dit la vérité.
b) Les subordonnées relatives : ce sont les phrases qui s'enchâssent à la place de l'élément
adjectival du syntagme nominal.
vêtu d'un anorak
L'enfant est mon fils.
qui porte un anorak
c) Les subordonnées circonstancielles : ce sont les phrases qui s’insèrent à la place d’un
syntagme prépositionnel de la phrase principale.
La vie est agréable à bord depuis le début de l’été.
La vie est agréable à bord depuis que le soleil brille.
L’élément qui introduit une phrase subordonnée s’appelle marqueur de subordination. Ses
propriétés dépendent du type de la subordonnée :

Type de Marqueur de subordination


subordination Catégorie Fonction Sens
complétive conjonction - -
relative pronom + transparent
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3. L'analyse des complétives


Les structures syntaxiques dans lesquelles se rencontrent les complétives sont les suivantes :
- position d'objet direct
Pierre pense que Marie viendra.
Pierre veut que Marie vienne.
- après la préposition à ou de (complément d'objet indirect ou complément d'adjectif)
Pierre s'attend à ce que Marie vienne.
Pierre est hostile à ce que Marie vienne.
Pierre doute de ce que Marie réussisse.
Pierre est inquiet de ce qu'il n'ait pas eu le poste.
- position sujet
Que Pierre parte amuse Marie.
Que Pierre parte est catastrophique pour Marie.
- position d'attribut
L'essentiel est que vous gardiez toujours votre sang-froid.
- position de complément du nom
L'idée qu'il parte me surprend.
Ces exemples soutiennent l'idée que les complétives sont d'un type analogue à celui des
syntagmes nominaux. Il existe plusieurs tests pour démontrer ce fait :
a) test distributionnel
que Marie viendra
Pierre croit
cette histoire
b) test de la pronominalisation
Pierre mange le gâteau → Pierre le mange
Pierre veut que Marie vienne → Pierre le veut
Pierre croit que Marie viendra → Pierre le croit
c) test de l'interrogation
« Qu'est-ce qu'il a dit? » « Qu'il ne veut plus te revoir. »
d) test du passif
Pierre a exigé de Paul qu'il vienne.
?Qu'il vienne a été exigé de Paul (par Pierre).

4. La subordination relative
Elle se caractérise par l'incomplétude d'un élément, le pronom relatif, qui reçoit de son
antécédent ce qui lui manque. Ce pronom cumule trois rôles :
- délimitation - il signale la frontière d'une phrase enchâssée
- représentation – en « reprenant l'antécédent » et comme tout pronom anaphorique, il
représente un SN antérieur
- fonction grammaticale - c'est sa forme qui signale la fonction du SN repris (qui a la fonction
de sujet, que a la fonction de complément d'objet direct etc.)
C'est un système lourd et complexe qui laisse comprendre la persistance des formes non standard
et la fréquence des « fautes ». En français non standard, que, forme unique quelle que soit sa
fonction, n'assure plus qu'un rôle de délimitation:
l'homme que j'en parle
l'homme que je parle de lui
l'homme que je parle de sa femme
l'homme que je parle (relative défective)
Que n'est plus un pronom relatif, mais peut être comparé à la conjonction de subordination d'une
complétive.
Tu as un corps que si tu le travailles pas dans le dos, tu perds la force du ventre.
Voilà une idée qu'elle est belle.
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Son Jules était enfermé dans l'ascenseur qu'y avait eu un court-circuit.

5. Relatives déterminatives et relatives appositives


Les enfants qui dormaient n'ont rien entendu.
Les enfants, qui dormaient, n'ont rien entendu.
La première phrase signifie « ceux des enfants qui dormaient n'ont rien entendu » - c'est une
relative déterminative (ou restrictive). La deuxième phrase signifie "la totalité des enfants, ayant
dormi, n'ont rien entendu" - c'est une relative appositive (ou explicative).
Différences entre une relative déterminative et une relative appositive :
a) Différence d'extension : l'appositive laisse l'extension de l'antécédent inchangée, alors que la
déterminative restreint l'extension.
b) Différence de sens : seule l'appositive peut être supprimée sans modification de la valeur de
vérité de la phrase. Les déterminatives sont indispensables au sens, si on les supprime, la valeur
de vérité de la phrase modifie.
c) Différence d'intonation et de ponctuation : l'appositive est précédée et suivie de pauses
intonatives ou, à l'écrit, de virgules.
d) Seul le qui de l'appositive peut être remplacé par lequel, ce critère ne s'appliquant qu'au
sujet :
qui
Le fils de Julie, sort de prison, est malade.
lequel
e) Différence dans la nature de l'antécédent : la plupart des SN permettent les deux
interprétations, mais il existe des restrictions, p.e. la relative qui suit un nom propre ne peut être
en principe qu'appositive.
Paris, qui est la capitale de la France ...
*Paris qui se met en colère ...
f) Seule l'appositive peut être remplacée par une coordination et seule l'appositive peut
paraphraser les différentes valeurs circonstancielles d'implication, de cause, de but, de
concession etc.
qui
et ils
Les enfants, parce qu'ils dormaient, n'ont rien entendu.
puisqu'ils
comme ils
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X. LA PROPOSITION INFINITIVE

Dans la plupart des cas, une phrase comportant un verbe à l’infinitif doit être interprétée comme
la forme réduite d’une subordination complétive. Cette réduction a lieu quand le sujet de la
subordonnée complétive est coréférentiel du sujet du verbe principal, ou coréférentiel d'un des
compléments de celui-ci.
1. La notion de contrôle
A la base de ces différentes possibilités de coréférence, la grammaire moderne distingue trois
types de verbes ayant pour complément un verbe à l'infinitif :
- les verbes contrôleurs du sujet (vouloir, refuser de, se décider à, croire, promettre etc.)
Pierre veut partir ('Pierre veut que Pierre parte')
- les verbes contrôleurs de l'objet direct (pousser, solliciter etc.)
Jean a poussé Pierre à commettre un acte odieux ('Jean a poussé Pierre à ce que Pierre
commette un acte odieux')
- les verbes contrôleurs de l'objet indirect (permettre, demander etc.)
Jean a permis à Pierre de partir ('Jean a permis à Pierre que Pierre parte')
2. Les conditions de réalisation de la réduction d’une complétive
On peut envisager quatre cas dont chacun est déterminé par les propriétés lexicales du verbe qui
régit la proposition infinitive :
a) Réduction facultative, s'il y a coréférence
Tu crois que tu partiras demain → Tu crois partir demain.
Je te promets que je t'aiderai. → Je te promets de t’aider
b) Réduction obligatoire en cas de coréférence
*Tu es heureux que tu partes → Tu es heureux de partir.
*? Pierre t'autorise à ce que tu partes → Pierre t'autorise à partir.
c) Réduction interdite
Nous annonçons que nous partirons la semaine prochaine → *Nous annonçons partir la
semaine prochaine.
d) Verbes qui sont obligatoirement suivis d'un infinitif, sans qu'il y ait de complétives
entières attestées
Pierre commence à écrire.
Pierre ose partir.
Pierre court acheter un journal.
Pierre doit penser à son livre.
Pierre vient d'arriver.
Pierre peut prendre l’avion.
Pierre va tomber malade.
Dans le cas de ces verbes, il est impossible de trouver une complétive qui servirait comme base
d'une transformation de réduction, il faut donc les considérer comme des auxiliaires modaux ou
aspectuels suivis d'un verbe principal à l'infinitif ou comme des verbes de mouvement régissant
un verbe à l’infinitif.
Le fait que ces infinitifs ne commutent pas avec des syntagmes nominaux montre déjà qu'ils
n'ont aucun rapport avec une complétive :
acheter un journal.
Pierre court *l'achat d'un journal.
*qu'il achète un journal.

3. Approche contrastive de la proposition infinitive


Verbes opérateurs : « C'est une famille de verbes qui peuvent avoir pour complément un
prédicat (SV) à l'infinitif, ou bien une proposition entière introduite par la conjonction de
subordination que » (M. Gross)
Les possibilités de réduction sont fort nombreuses en français et très limitées en hongrois :
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a) Cas des auxiliaires modaux ou aspectuels et des verbes de mouvement - alors que pour les
auxiliaires français l'infinitif est obligatoire et la proposition complétive est douteuse (sinon
agrammaticale), les équivalents hongrois se rangent dans deux groupes:
- soit l'infinitif est obligatoire
Jean mène Pierre se promener - János elviszi Pétert sétálni.
- soit il y a une subordonnée avec la conjonction « hogy »:
Je cours lui écrire - Szaladok, hogy írjak neki.
Dans le hongrois, il y a parfois une possibilité d'effacement de l'auxiliaire en français :
Jean est resté deux heures à travailler sur ce problème.
János két órát dolgozott ezen a problémán.
b) Cas des verbes opérateurs - d'un point de vue contrastif, il convient d'analyser le contenu
sémantique du verbe opérateur :
a) verbes de volonté, d'intention (vouloir, désirer, souhaiter, aimer mieux, préférer,
entendre)
Pour certains verbes, la complétive est douteuse en cas de coréférence :
*J'accepte que je revienne - J'accepte de revenir
?Beleegyezem, hogy visszajöjjek - Hajlandó vagyok visszajönni.
Dans les deux langues les contraintes de temps sont nombreuses pour les verbes
opérateurs :
?*Il décide qu'il part.
Il décide qu'il partira.
?Beleegyezem, hogy visszajöjjek.
Beleegyeztem, hogy visszajöjjek.
b) verbes de sentiment (aimer, adorer, détester, haïr, etc.)
Dans le français, le subjonctif est généralement obligatoire dans la complétive. Mais en
hongrois le mot subordonnant est plus souvent ha, éventuellement hogy + indicatif
impliquant d'ailleurs des différences sémantiques.
J'aime me promener.
J'aime que tu te promènes - Szeretem, hogy sétálsz.
Szeretem, ha sétálsz.
c) verbes déclaratifs (dire, raconter, déclarer, affirmer, prétendre, avouer, reconnaître,
nier, etc.)
Après ces verbes l'infinitif est généralement au passé. En hongrois, la complétive avec
hogy est obligatoire :
J'avoue avoir commis cette faute.
Elismerem, hogy elkövettem ezt a hibát.
d) verbes de connaissance, de croyance, d'opinion (savoir, deviner, découvrir, oublier,
se rappeler, croire, penser, s'imaginer, espérer, compter)
En hongrois, la complétive avec hogy est obligatoire, elle s'appuie souvent sur le pronom
démonstratif azt
Jean oublie d'y aller.
Jean oublie y être allé.

Je crois le voir demain.


Je crois l'avoir vu hier.
- verbes directifs (prier, persuader, convaincre, proposer)
Ici, la complétive française est douteuse - l'infinitif peut être considéré comme
obligatoire :
?Je prie Jean qu'il parte - Je prie Jean de partir.
Kérem Jánost, hogy menjen el - ?Kérem Jánost elmenni.
Il subsiste cependant quelques cas d'ambiguïté référentielle à l'infinitif :
Il propose à Jean de partir.
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XI.L'INTERROGATION

1. Classification des phrases interrogatives


L'interrogative se définit à la fois par la structure de la phrase qui constitue la demande et par la
structure de la phrase qui constitue la réponse.
Deux types de classification :
A) Soit :
a) interrogation totale (interrogation oui/non) – absence de morphème interrogatif
Pierre viendra-t-il?
b) interrogation partielle (interrogation que) – présence d’un mot interrogatif
Qui est venu?
L'intonation est généralement montante dans la totale, et souvent descendante dans la partielle.
B) Soit :
a) interrogation directe
Pourquoi n'est-il pas content?
b) interrogation indirecte - elles sont enchâssées dans des phrases de base comportant un
verbe du type demander
Je demande
pourquoi il n'est pas content.
Je voudrais savoir
2. Classification des interrogatives directes
Elles peuvent se former par trois moyens :
a) par inversion, qui est dite "simple" si le sujet est pronominal mais parfois aussi quand le sujet
est nominal:
Vient-il?
Pourquoi part-il?
Quand partiront les enfants?
et "complexe" uniquement si le sujet est nominal :
Bernard vient-il?
b) par est-ce que (une structure à inversion simple du clitique ce)
Est-ce qu'il vient?
Quand est-ce qu'il part?
c) par intonation (en français parlé), qui maintient l'ordre des mots de la phrase assertive
(canonique) :
Il vient?
Il part quand?
Quand il part?
3) L'inversion du sujet
Le français est une langue où l'ordre des mots est utilisé pour exprimer des rapports syntaxiques -
on peut définir la fonction des éléments à partir de la position qu'ils occupent dans la séquence
linéaire. Dans les énoncés réalisés, le terme à fonction de sujet peut occuper d'autres
positions que la position préverbale - c'est le phénomène de l'inversion du sujet. On rencontre
ce phénomène non seulement dans les phrases interrogatives, mais aussi dans d'autres types de
phrases:
a) Phrases interrogatives :
L'inversion du sujet pronominal n'est possible que dans l'interrogation directe :
Viendra-t-il demain?
*On se demande si viendront ils.
Où vas-tu?
*Je ne sais pas où va-t-il.
L’inversion (simple) du sujet nominal n’est possible que dans l'interrogation partielle :
Où sont tes amis?
J’aimerais savoir où sont mes amis.
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IIe semestre
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*Viendra Pierre demain?
Pierre viendra-t-il demain?
*Je ne sais pas si viendront les enfants.
Ces faits nous montrent que la notion syntaxico-sémantique d'interrogative n'est pas pertinente
dans la définition des conditions de l'inversion du sujet - l'ensemble des phrases interrogatives est
scindé en deux groupes, selon deux oppositions différente s:
- l'opposition des phrases enchâssées et non-enchâssées, qui est pertinente pour rendre
compte du comportement des pronoms
- l'opposition des phrases pourvues d'un mot qu- en position initiale et de celles qui en
sont dépourvues, qui est pertinente pour décrire les cas d'inversion du sujet nominal
b) Phrases relatives
Les photos que fait Pierre sont superbes.
Ici, seule l'inversion du sujet nominal est possible :
*Les photos que fais tu sont superbes.
de façon facultative :
Les photos que Pierre fait sont superbes.
Les deux contextes qui autorisent l'inversion du sujet nominal ont une propriété commune :
interrogatives partielles et relatives sont des structures où un mot qu- occupe la position initiale.
c) Phrases hypothétiques, ici seul le sujet pronominal peut être inversé :
Pierre vient-il, et tout s'arrange.
*Vient Pierre, et tout s’arrange.
d) Phrases incises :
Dans le cas de ces phrases, sujets nominaux et pronominaux ont le même comportement:
"Détruire", dit-elle.
C'est ainsi, se dit Marie, qu'il faut agir.
d) Phrases non-enchâssées, non interrogatives :
- phrases exclamatives
Est-il beau!
*Est cet enfant beau!
- celles qui présentent un adverbe de modalité en position initiale - l'inversion du
pronom est obligatoire (dans le style soutenu) :
Peut-être ira-t-elle te voir.
*Peut-être ira Marie te voir.
- celles qui présentent un complément circonstanciel ou un adverbe circonstanciel en
position initiale - soit le sujet nominal, soit le sujet pronominal est inversé :
Dans la forêt vivait un vieil ermite.
*Dans la forêt vivait-il.
*Ici mourut un brave.
Ici mourut-il.
- celles qui contiennent des adjectifs attributs, certains compléments de verbes en
position initiale :
Triste était mon âme.
Rares sont les amis discrets.
A Jean incombe la tâche de fermer la maison pour l'hiver.
Quant aux positions du sujet pronominal ou nominal inversé, il faut noter que :
• le pronom inversé se trouve immédiatement à droite du verbe conjugué :
Quand veut-il partir?
*Quand veut partir il?
Que vient-il de dire?
*Que vient de dire il?
• la position du sujet nominal inversé se définit par rapport à l'ensemble des formes verbales
de la séquence. Il peut être séparé de l'ensemble des formes verbales par un adverbe, mais
non par un autre SN :
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Quand reviendra donc le temps du lilas?
*Quand prend ses cachets Pierre?
*A qui parle de ses soucis Pierre?
Une des contraintes qui entrent en jeu ici est celle qui exclut les séquences *[V + SN + SN].
La position du sujet nominal inversé semble soumise à d'autres restrictions aussi : lorsque le SV
a une certaine longueur, la postposition du SN tout à la fin de la phrase donne des résultats peu
acceptables et le schéma utilisé est alors celui de l'inversion complexe :
*Quand change de robe Marie?
Quand Marie change-t-elle de robe?
4. Qui et que, interrogatifs et relatifs
Les mêmes formes qui et que appartiennent aux deux ensembles que forment les pronoms relatifs
et pronoms interrogatifs. Ils présentent non seulement une identité de forme, mais aussi des
ressemblances d'ordre syntaxique - ils peuvent occuper la même position dans la phrase et
remplir les mêmes rôles fonctionnels :
a) Position: les relatifs n'apparaissent qu'en position initiale de la phrase (subordonnée) :
La personne qui a peint ce tableau est habile.
Le tableau que Pierre a acheté est ancien.
Les interrogatifs occupent cette même position initiale, de façon obligatoire dans une
interrogative indirecte et de façon facultative dans une interrogation directe.
Je me demande qui a peint ce tableau.
Qui a-t-il vu à la télé?
Il a vu qui à la télé?
b) Rôles fonctionnels : les relatifs sont susceptibles de jouer les rôles fonctionnels des SN. Il y a
une disjonction entre la position initiale et la position canonique correspondant à la fonction
qu'ils remplissent.
L'alternance des formes de relatifs correspond à la différence de fonction qu'ils remplisssent: qui
est toujours sujet, que est soit objet, soit attribut. L'opposition des formes est insensible à la
nature sémantique des antécédents.
L'opposition des formes interrogatives qui? et que? ne correspond pas à une différence de
fonction.
Qui a cassé le vase? (sujet)
Qui a-t-il vu à la télé? (objet)
Qui est cet homme? (attribut)
Que fais-tu? (objet)
Que deviens-tu? (attribut)
Que vous importe? (sujet - rare)
*Que remue dans le jardin? (sujet)
L'alternance des formes qui? et que? a une valeur sémantique: l'interprétation de qui? comporte
le trait [+humain], tandis que celle de que? comporte le trait [-animé]. Il y a donc une
opposition dissymétrique des traits [+ humain] et [- animé]. Aucune de ces formes ne semble
disponible pour formuler une interrogation correspondant à un terme qui aurait les traits
[+animé, - humain] (pour désigner des animaux) :
Qui a cassé le vase? - Personne, c'est le chien.
- *C'est le chien.
Les formes qui et que de relatifs et d'interrogatifs sont également invariables en genre et en
nombre. Mais les relatifs sont porteurs de traits de genre et de nombre que leur transmettent leurs
antécédents:
La personne que Pierre a rencontrée au cinéma est étrange.
Les gens qui sont venus hier soir étaient étranges.
Les mots interrogatifs ne peuvent emprunter ces traits, puisqu'ils n'ont pas d'antécédents, et ils ne
les possèdent pas de façon inhérente. Cette neutralité prend la forme du masculin et du singulier :
*Qui sont venu(e)s hier soir?
Qui est venu hier soir?
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c) Anomalies de distribution des formes d'interrogatifs :
- la forme que? ne remplit pas la fonction de sujet, sauf quelques cas très rares:
Que vous importe?
Que vous en semble?
L'interrogation sur la position sujet se réalise par la forme complexe qu'est-ce qui dans le cas des
êtres non-animés.
- la forme que? n'apparaît qu'en position préverbale, en position immédiatement contiguë au
verbe. En fonction canonique, on utilise la forme quoi? qui ne peut elle-même apparaître en
position préverbale. On constate donc que, face à l'unique forme qui?, il y a deux formes que? et
quoi?, en distribution complémentaire.
Qui a-t-il vu? - Il a vu qui? - Qui il a vu?
Que fais-tu? - *Tu fais que? - *Que tu fais?
*Quoi fais-tu? - Tu fais quoi? -*Quoi tu fais?
- que? n'introduit pas d'interrogative indirecte
Je me demande qui a cassé le vase.
*Je me demande que remue dans le jardin.
*Je me demande que tu fais.
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XII. L'EMPHASE

1. La notion d’emphase
En linguistique, le terme « emphase » signifie un accent porté sur un constituant de la phrase.
Il peut être exprimé par trois moyens fondamentaux :
a) la répétition ou la redondance (Il est très, très riche)
b) des moyens suprasegmentaux (accent ou intonation particuliers frappant un mot de la
phrase)
c) des constructions syntaxiques (la dislocation ou la construction clivée c'est qui/que)
2. La dislocation
La dislocation, procédé très fréquent en français parlé, consiste à déplacer un ou plusieurs
constituant(s) syntagmatique(s) en tête ou à la fin de la phrase et à le(s) séparer du reste de
la phrase au moyen d'une virgule (de virgules). Si le constituant déplacé est un constituant
obligatoire de la phrase, sa fonction est marquée par un pronom personnel :
Ma mère, elle se met souvent en colère.
Et toi, qu'est-ce qui t'arrive?
Ils sont fous, ces Romains.
Fonction de la dislocation: dans une langue qui, comme le français, possède un ordre des mots
très fixe dans la phrase, un moyen de thématiser un constituant qui n'occupe pas de position
initiale dans la phrase canonique est la dislocation qui déplace en tête de la phrase n'importe quel
constituant de la phrase.
On peut thématiser un SN ou un SPrép ou un SAdj qui peuvent avoir la fonction suivante :
a) complément d'objet (direct ou indirect):
J'ai garé la voiture devant la maison → La voiture, je l'ai garée devant la maison.
(A) Pierre, je lui ai donné du chocolat.
Le pronoms l' et lui sont des mots outils ayant la fonction de marquer le complément d'objet de
la phrase. On peut disloquer un pronom aussi :
Lui, je l'ai aperçu dans la rue.
b) sujet (son rôle de thème est dans ce cas-là encore souligné) :
Pierre, il est toujours en retard.
Cette opération peut être aussi « redoublé », au moyen d'un pronom tonique :
Pierre, lui, il est toujours en retard.
Pierre, lui, est toujours en retard.
Cette "duplication" peut être appliquée à l'objet également :
Pierre, lui, je l'ai vu hier.
L'élément disloqué à fonction de sujet peut être une proposition infinitive ou une complétive à
temps fini :
Partir, c'est mourir un peu.
C'est dommage, qu'il soit parti.
La dislocation peut se réaliser à droite du verbe aussi : dans ce cas-là, on parle de reprise de
thème.
Alors, ça t'a plu, le film?
Je le regrette, qu'il soit parti.
c) attribut :
Ridicule, il l'est bien.
Des étudiants, nous le sommes.
d) complément de phrase : on le place au début de la phrase, face à sa position finale
dans la phrase canonique:
Le train arrive tout de suite → Tout de suite, le train arrive
Ici, il n'y a pas de pronom qui marque la position « de base » de ce constituant, étant donné qu'il
n'est pas un constituant obligatoire de la construction.
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3. Les blocages pour la dislocation
a) On ne peut pas disloquer un SN ou un SPrép qui fait partie d'un SN ou d'un Sprép :
J’ai vu les enfants de mon voisin hier matin →
*Les enfants, je les ai vus de mon voisin hier matin.
Les enfants de mon voisin, je les ai vus hier matin.
Je n’aime pas la soupe aux haricots →
* Aux haricots, je n'aime pas la soupe.
La soupe aux haricots, je ne l'aime pas.
b) On ne peut pas disloquer un constituant indéfini, c'est-à-dire un pronom indéfini ou qui
comporte un des déterminants suivants :
- article indéfini non-générique
*Un homme, il a pris la main de l'enfant.
Si on substitue le pronom de reprise par le pronom ça (en français parlé), on obtient une
assertion générale qui est acceptable:
Un homme, ça travaille pour nourrir sa famille.
- cardinal indéfini non-générique
*Cinq soldats, ils tombèrent dans une embuscade.
Mais: Cinq soldats, ça ne peut disparaître si vite.
- déterminant quantifieur indéfini
*Quelques hommes, ils lui viennent en aide.
*Tout homme, il aime travailler.
*Aucun homme, il n'aime travailler.

4. Les constructions clivées c'est ... qui/que


Décrites d'une manière très exhaustive par la grammaire traditionnelle, elles remplissent une
fonction tout à fait différente de celle de la thématisation. Elles servent à focaliser un
constituant syntagmatique de la phrase, et les différentes réalisations de cette focalisation ont
pour conséquence de mettre en évidence différentes présuppositions de la phrase.
Présupposition : le contenu d'une phrase donnée dont la valeur de vérité reste inchangée même
si on nie cette phrase; p.e.
P : C'est Pierre que j'ai vu hier.
négation de P : Ce n'est pas Pierre que j'ai vu hier.
présupposition commune : J'ai vu quelqu'un hier.
Chaque fois qu'on modifie la focalisation, le contenu présuppositionnel modifie aussi.
P : C'est hier que j'ai vu Pierre.
négation de P : Ce n'est pas hier que j'ai vu Pierre.
Présupposition : J'ai vu Pierre.
Les différentes réalisations de focalisation impliquent une mise en contraste chaque fois
différente :
C'est Pierre que j'ai vu hier, et non pas Paul, Jean, etc.
C'est hier que j'ai vu Pierre, et non pas aujourd'hui etc.
Par contre, la dislocation n’implique pas de contraste :
*Pierre, je l'ai vu hier, et non pas Paul, Jean, etc.
*Hier, j'ai vu Pierre, et non pas aujourd'hui, etc.
On peut emphatiser de cette manière tout SN et SPrép qui ne sont pas les constituants d'un SN ou
d'un Sprép :
C'est Pierre qui m'a téléphoné.
C'est dans un restaurant que j'ai dîné hier.
C'est une carte postale que je t'ai envoyée.
Quand la construction clivée porte sur un Sprép, la préposition reste normalement devant le mot
qui est encadré par la construction (construction clivée ≠ subordination relative!) :
C'est à toi que je voulais parler.
*C'est toi à qui je voulais parler.
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XIII. LA NÉGATION

La négation est avant tout une catégorie logique qui peut être exprimée par un moyen
linguistique : OUI/NON. Elle concerne en principe le contenu de l'énoncé, impliquant un choix
de l'énonciateur entre la vérité d'un état de choses et sa fausseté.
1. La négation du point de vue de la sémantique
Elle peut être examinée au niveau du lexique et au niveau de la phrase. Au niveau du lexique,
elle se manifeste dans l'existence des antonymes. Cette antonymie du signifié peut être
- naturelle (résultant de notre connaissance des traits ontologiques existant dans l'objet
même)
fort ↔ faible, lourd ↔ léger, connu ↔ inconnu
- conventionnelle (d'après des critères appropriés)
fort ↔ léger (café), mûr ↔ vert (fruit)
Les paires antonymiques se composent d'un élément négatif (non marqué) qui répond à l'idée
d'absence, de privation et d'un élément positif (non-marqué) qui exprime le plus souvent ce qui
est favorable ou normal. L'antonyme positif a une extension supérieure puisqu'il peut, dans des
contextes neutres, couvrir la totalité de la dimension représentée par l'antonymie en question :
1 m de profondeur, de hauteur,de largeur
1 m de *basseur, *d'étroiteur etc.
Autre type de classification des antonymes : du point de vue du rapport existant entre les
membres d'un couple d'antonymes.
- relation d'exclusion (contradiction) - c'est une relation binaire qui implique un choix
obligatoire p.e. mortel↔immortel, donc immortel = non-mortel
- relation de contraste (rapport contraire ou négation conceptuelle) - c'est une
opposition graduelle, il y a encore un grand nombre de possibilités entre les deux
extrémités, p.e. grand ↔ petit. Le « non-grand » et le « non-petit » sont des termes qui
ne s'excluent pas mutuellement.
La distinction entre relation contraire et relation contradictoire peut être observée au niveau de la
phrase aussi, par la présence des morphèmes de négation ne...pas.
J'aime la musique moderne ↔ Je n'aime pas la musique moderne ( rapport contraire)
Je suis allé en France l'été dernier ↔ Je ne suis pas allé en France l'été dernier (relation
contradictoire)
2. La négation du point de vue de la syntaxe
La négation de phrase repose sur la combinaison d'un élément clitique ne placé entre le sujet et
les clitiques compléments du verbe
Je ne le lui donne pas.
avec un élément appelé forclusif qui peut avoir un statut nominal (personne, rien...), un statut de
déterminant (aucun...), un statut adverbial (jamais...). C'est pas qui est employé dans la très
grande majorité des cas.
A l'oral le ne est le plus souvent élidé :
J'veux pas le voir.
Négation explétive (sans valeur négative) : après à moins que, avant que, sans que, de peur que,
de crainte que, après certains verbes exprimant un rejet (redouter, prendre garde, empêcher),
mais aussi dans les comparatives d'inégalité :
Il partira avant que je ne parte.
Je reste, de peur qu'il ne change d'avis.
Je redoute qu'il ne fasse une bêtise.
Il est moins/plus bête qu'il ne le dit.
La négation peut porter
a) sur l'ensemble de la phrase : c'est la négation totale (négation de phrase)
Il ne pleut pas.
b) ou sur un de ses constituants : c'est la négation partielle (négation de constituant)
Je n'ai pas vu Elise, mais Charlotte.
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A la base de la distinction syntaxe - sémantique, une phrase peut être niée de deux manières : soit
par les éléments ne et pas (négation syntaxique), soit par une autre phrase qui a le sens contraire
de la phrase en question (négation sémantique). P.e.
Il vient toujours avant huit heures.
nég. syntaxique: Il ne vient pas toujours avant huit heures.
nég. sémantique: Il ne vient jamais avant huit heures.
Il arrive parfois que la même négation sémantique correspond à deux phrases affirmatives :
Quelque chose me dérange
↔ Rien ne me dérange
Tout me dérange
Certaines phrases ne peuvent pas avoir de négation syntaxique :
?Quelqu'un ne t'a pas téléphoné.
*Je n'ai pas entendu raconter quelque chose.
3. Approche contrastive de la négation
Point commun des systèmes de négation hongrois et français : l'expression obligatoire de la
négation de phrase si la négation de constituant est exprimée par des (pro)noms - adjectifs –
circonstants négatifs
*elmondtam senkinek - *je l'ai raconté à personne
Différences:
a) La négation en français est une notion plus vaste qu'en hongrois : elle englobe, outre le
rapport d'exclusion totale, l'exclusion partielle et le rapport de restriction. Tous les procédés
qui s'inscrivent en français dans le cadre de la négation ne seront pas rendus obligatoirement par
des procédés négatifs en hongrois :
je ne le vois guère - alig látom (exclusion partielle)
il ne parle que le français - csak franciául beszél (restriction)
b) Dans le hongrois, ce qui est nouveau par rapport au français, c'est le cas de négation de
constituant avec prédicat « à la forme affirmative » du type :
Nem a fényképeket mutatom meg nektek.
Les correspondants en français seront rendus par le schéma ce n'est pas ... qui/que :
Ce ne sont pas les photos que je vous montrerai.
En hongrois, il est possible de placer le mot négatif nem devant un SN ou SAdv de l'énoncé si la
négation porte sur cet élément, d'où concordance entre incidence sémantique et incidence
syntaxique. En français, il y a maintien de l'incidence syntaxique verbale de la négation :
Il n'a pas appris la nouvelle avec plaisir.
Nem (nagy) örömmel fogadta a hírt.
Il ne prend pas ses renseignements à bonne source.
Nem jó forrásból veszi értesüléseit.
Tout le monde n'a pas compris la question.
Nem mindenki értette a kérdést.

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