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DES BESOINS CÉRÉBRAUX 37
instinctifs, des imparfaites sensations qu'il cornmencc h
éprouver. II sent et ne raisonlie pas. A peine perçoibil quel-
ques rapports &l6mentaires, puis il les oublie. Sa uibmoire
est si courte qu'elle lui cst presque inutile, car la sensatioii
nieurt aussitnt produite, ne laissant après elle qu'une trace
fugitive. L'intelligence naît ; c'est peiue celle de I'aiiiiual.
La conscience est un crible et I'étre est complétemeiit itica-
pable de se replier sur lui-même pour coinparer sciernmeut
les sensations. les id6es les plus simples. 1,'eiifant est athée,
mais ailiée inconscient. Cependant peu A peu toutes les pro-
priétés ct facultés céiéhrales germent et s'accentuent. IA'iii-
telligence grandit et en mêuie temps la parole qui est sa
main.
Cet 6tre, riergc encore de pr6jligés, d'idbes plus grandes
que luiet imposées par des parents, des maîtres, iiiterio-
geons-le, étudions-le aussi sans l'interroger. Déja il est oriié
d'un bon nuinbre de ces instiiicis que la sociétd stigniatisc
cornme damnables et pervers. II est gourmand, ~iolent,iras-
cible ou, pour parler plus g6néralenieiit, il a des besoins uu-
iritifs et sensitirs auxquels il n'a pas même I'idee de résister.
Sa conrte vue n'embrasse qii'uii horizon bien étroit ; corn-
nient ne serait-il pas le centre d'un espace qu'il remplit 7
Aussi est-il naiveineiit et profonclément égoïste. Plus tard il
saura ce que c'est que la coinpassioii, la charité chrétienne
ou païenne ; actuel;eineiit il rit en contemplant des douleurs
qu'il n'a jaiuais ressenties et ne coiriprend pas. C'est avec une
candeur et uue iniiocence iminaculées qu'il étouffe son oiscau
et torture son chien. II portera joyeusement au mendiant une
pièce de nionnaie que vous lui donnerez et dont il ne soup-
çonne pas la valeur, mais ne lui demandez pas ses joujoux.
Pour lui, le bien, c'est ce qu'il désire, le mal ce qui le blesse.
Un peu plus tard il adniettra sans rhflexion, avec cette crédu-
lité que rien n'ktonne, toutes les distinctions morales qu'il
TOUS plaira de lui iinposer ; mais il n'y attache pas d'impor-
tance, et c'est pour ne pas vous contrarier.
II ment sans scrupule et tout iiaturellement jusqu'au mo-
ment où l'éducation fui a inocul6 les idées du vrai et du juste,
LETOCRXEAC. 3
guère sOr que deux et deux fassent quatre avant d'avoir
comptti.
Ne cherchez pas plus chez l'enfant I'idbe du juste que celle
de la bonté, que celle de l'infini, etc. ConsidCrez ces petites
sociktés temporaires que forment les enfants, c'est l'image
des premiers temps de I'humanitB, le règne de la force bru-
tale. Par la plus légére lueur de l'idée du droit.
Que le lecteur se reporte maintenant par !a pende aux
années de l'adolescence, de la pnberté. Jusqu'alors on avait
docilement accepté les idées religieuses inoculées par I'éduca-
tion, les dogmes les plus inintelligibles. On ne songeait gube
à contester, au sujet de choses si peu imporianles et affirmees
par des maîtres, des parents, des prêtres. Tout A coup se fait
la floraison morale et intelleciuelle. Notro pensée commence
à s'arrêter avec intérêt sur la croyance que I'oii nous preche.
Nous ne doutons pas encore ; loin de IB, nous croyons avec
ferveur, avec passion, car tout ce cort6ge de merveilleux, de
surnaturel, de terrible nous frappe vivement ; et puis tout
semble tellement Btrange, telleinent inexplicable à notre jeune
intelligence daiis le monde qui nous englobe, que nous ac-
cueillons avidement des explications toutes faites et dont le
cûtC poéiique séduit notre imagination. Mais comment nous
figurons-nous le dieu ou plutôt les dieux du catholicisme?
Nous les voyons. Ils ont un corps semblable aux nôtres ; ce
sont les statues, les imagcs pieuses vivifiées; iious les aimoiis,
nous les craiguons, nous les invoquoiis avec terreur. Les dé-
mons, sous les formes les plus fantastiques, peuplent nos
r&es ;les âmes des morts incarnées aussi et drapces daiis
leurs suaires, hantent pour nous la nuit et la solitude. A ilos
jeux fout est vivant, mais nuus n'avons pas i'idée d'une
asence immatérielle. Nous sommes polythéistes, et nos dieux,
conime ceux de la Grèce, sont anthroponiorphes; seuleirient
les formes vulgaires ou horribles sous lesquelles, dans notre
pays, le catholicisme symbolise ses êtres divins, sont celles
que nous voyons dans nos prieres et dans nos terreurs.
Mais ce n'est encore Ih qu'une Btape où nous ne &jour-
nous pas longtemps. Peu t~peu notre organisation cérkbrale
40 DE LA VIE B T DES IIESOINS.
et par suite intellectuelle se dfiveloppe, activée par le fouet
de l'éducation, et je ii'eiitends pas seulement l'éducation sco-
laire, mais les inile seiisations, impressions que gravent en
nous le milieu social, nos lectures, nos passions naissantes.
Bientôt et avec 1111 seiitiinent de crainte, parfois de terreur,
nous sentons cléfaillir en nous la fui crédule. Des doutes sans
cesse renaissanis, toujours plus forts viennent solliciter notre
eiitentiement. Que faire? Que croire? Le monde enchanté
qui jusque-Il iious avait ou charrnés ou terrifiés va s'évanouir.
Idesdieux ne peuvent Ctre coîporels ; ils lie peuvent être
muliiples. Heureusement les dogmes de la philosophie spiri-
tualiste sont là devant nous comme uii refuge. Un moment
tout paraît devoir s'accorder. Oui, nous crie de sa graride
voix imposante la théologie officielle ; oui, il n'y a qu'un
Dieu ; c'est lui, le Jéhovah biblique. II est incorporel, il est
infus dans l'iinivers sans linlites qu'il a créé d'une parole, ct
cependant il en est distinct, et toutes les perfections, toutes
lei adorables beautés morales que nous pouvons concevoir,
aimer, adorer, ne sont que des reflets de son infinie gran-
deur, de sa divine perfection.
Beaucoup s'arrêtent là; quelques-uns vont plus loin. Iiivo-
lontairerneiit, spoiitanéineiit, ils tendent tous les ressorts de
leur intelligence pour tâcher de comprendre cet être qu'on
leur dit incoinpréheiisible. Comiiient concevoir une entité
incorporelle, uii dieu distinct du monde et cependant reni-
plissant le inonde? Coaiment coinpreiidre la création ex
nihilo, un inoiide iiialériel soriaiit du iiéant ? Impossible. Et
bientôt, le plus souvent h regret, par insensibles degrés,
I'liornme arrive à brûler ses chEres idoles el sa croyance se
formule ainsi ! Le inonde matériel dont on ne peut concevoir
ni la naissance, ni l'anéantissement, est éternel, il est, suivant
le vers orphique :
Père, mère, nourrice, soutien de tout cc qui est. -
iïcrvrov p n ou xarnp, pn+, rpoyc: i8: rrbnvog ...
(Hyiane X.) I
CHAPITRE III
DE L'$MOTION.
!
de perfection de l'organe de l'ouïe. Tel pianiste Bmérite e t
fort savant dans son art peut jouer inexorablemeiit les inélo- .
dies les plus passioniiées avec une absence parfaite d'expres
sion (1), tout en observant scrupuleusement les lois phy-
siques de l'harmonie. II ii'éuieut point, c'est qu'il n'est poiiit , .
ému. Au contraire, un homme dont l'oreille est peii musi 1
cale, qui chante faux et n'a jamais étudié la musique, peut y
é v e extrêmement sensihie ; il lui sufit d'êire sous I'itiflueiice
1
d'uue passiou ou tr&s-apte à se passionner, c'est-à-dire ini-
pressionnable.
.
m'eût ordoiiné de me jeter dans les flammes, je crois qu'à
I'iiistanl j'aurais obéi.
Quelques années plus tard, il décrit aiusi les premieres
atteintes de l'amour sexuel sans objet : J'étais inquiet, dis-
trait, rêveur; je pleurais, je soupirais, je désirais un bon-
heur dont je n'avais pas I'idbe et dont je sentais pourtant la
privation. .... C'est une plénilude de vie, à la fois iourmeii-
tante et délicieuse, qui dans l'ivresse d u désir donne un
auont-gozit de la jouissance. hlon sang allumé remplissait in-
cessamment mon cerveau de filles, de femmes. D
Cependant ce fut à l'âge dc quarantecinq ans seulement
que Jean-Jacques éprouva sa première et sa seule passion
amoureuse. Jusqu'alors il n'a aimé que la femme en général,
il va maintenant en aimer une et il nous décrit longuement
les circonstances qui préparèrent l'éclosion. Il s'est retiré chez
madame dlfipinay, l'ermitage de hlontniorency. I l songe à son
âge, a la sensibilité de son cœur qui n'a jamais eu d'alimeiiis
véritables. II craint de mourir sans avoir vhcu. C'est dans la
solitude, dans un pays charmant, sous de beaux ombrages,
qu'il fait ces reflexions sentimentales; au mois de juin, en
écoutant le chant du rossignol, le gazouilleinent du ruisseau.
Les gracieuses images de toutes les femmes qui ont occupé
son imagination de jeune hoinrue surgissent devant lui.
(1 Bientôt, dit-il, je vis rassemblés auiour de moi tous les
Trois modes :
I q a passion diminue et s'éteint.
2" La @on se transforme en une autre passion.
3" La pasaion abeulit B l'extase ou à la,folie.
CHAPITRE PREMIER
MORT NATURELLE DE LA PASSION.